+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Le célibat des prêtres vient des apôtres !

La réfutation de toutes erreurs doctrinales des protestants et apparentés : ici

La vérité sur tous les mensonges historiques dont l’Eglise est victime : ici

Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692), entre autres sur le célibat des prêtres, prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ : ici

Dossier sur l’église orthodoxe : ici

De nombreux auteurs protestants, catholiques libéraux, médiatiques etc, affirment que le célibat des prêtres ne date que de 1079 à l’occasion de la Réforme Grégorienne, du Ier concile du Latran en 1123 ou du IIème concile du Latran en 1139… Nous pouvons déjà souligner que la diversité des affirmations fait perdre de la crédibilité à la chose ! Mais nous écrivons cet article pour remettre les pendules à l’heure.

La réalité est la suivante : la discipline apostolique est la continence du clergé, c’est-à-dire l’abstinence de toute relation sexuelle des prêtres avec les femmes qu’ils ont pu épouser avant de devenir prêtres. Les apôtres ainsi que beaucoup de prêtres et évêques des premiers temps étaient choisis parmi les hommes mariés, car dans de nouvelle chrétienté qui n’avaient pas encore eu le temps de produire des individus à la foi suffisamment instruits de la religion et suffisamment jeunes pour être célibataires, il fallait choisir des hommes mariés. Mais ceux-ci devaient renoncer à toute vie conjugale, comme en attestent de très nombreux Pères de l’Eglise.

Au fil du temps, cette discipline fut assouplie en certains lieux, surtout en Orient, pour condescendre à la faiblesse humaine. La discipline orientale actuelle, prévoyant la possibilité pour tous les prêtres mariés de continuer leur vie conjugale ordinaire avec leurs épouses, ne devint ce qu’elle est qu’à l’occasion du concile « in Trullo » en 691-692, au prix d’une trahison de la vraie tradition orientale, exprimée par de nombreux saints et conciles locaux de l’Orient, et d’un mensonge éhonté quant à sa source, comme nous le verrons. Nous précisons d’ailleurs immédiatement que ce concile, par ses tromperies, prouve que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ. Nous en exposons toutes les preuves dans notre article :

Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692) prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ

En Occident, il est vrai que la discipline fut durcie par la Réforme Grégorienne et les deux conciles précités, mais ils ne firent que transformer la loi disciplinaire de la continence, ce qui peut passer par le célibat mais pas forcément, en loi du célibat obligatoire. La Réforme Grégorienne n’autorisant plus que des hommes célibataires à devenir prêtres, les conciles suivants ont posé une cause d’invalidité de droit ecclésiastique aux mariages contractés par des prêtres après leur ordination. Auparavant ces mariages étaient valides bien qu’ils furent des péchés. Cet interdit étant de droit ecclésiastique et non de droit divin, l’Eglise rend aux prêtres « réduits à l’état laïc » le droit de se marier validement, et peut exceptionnellement donner le droit à un prêtre de se marier.

On entend souvent dire, pour relativiser l’importance du célibat des prêtres, d’une part que les prêtres des communautés catholiques orientales peuvent continuer à vivre avec leurs épouses, et d’autre part que l’Eglise catholique elle-même considère le célibat des prêtres comme une discipline et non comme un dogme. Nous répondons à la première objection que l’Eglise catholique romaine a toléré, pour éviter des schismes, ou pour ramener des schismatiques à la vraie Eglise, qu’il puisse exister des prêtres mariés dans son clergé oriental, car effectivement, il s’agit d’une discipline qui dans l’absolu n’est pas nécessaire. Mais il ne faut jamais oublier qu’il ne s’agit là que d’une tolérance, et non d’une discipline comme une autre, ayant sa place dans le coeur de l’Eglise. Pour comprendre cette dernière affirmation, il faut répondre à la seconde objection. A la seconde objection, nous répondons que certes, le célibat ou la continence des prêtres n’est pas un dogme, mais qu’il est néanmoins une « discipline hautement doctrinale », car elle touche immédiatement au don total que le prêtre fait de lui au service de Dieu et des âmes. Saint Paul dit lui-même que le célibat ou la continence facilite la prière et l’union à Dieu (I Corinthiens VII, 1-9 ; 26-28 ; 32-35 ; 38-40). Aussi, l’Eglise catholique tolère la vie conjugale de ses prêtres orientaux pour éviter un plus grand mal, celui du schisme, mais en aucun cas pour en faire un exemple normal. C’est d’ailleurs pour cela que l’église orthodoxe est ici dans l’erreur doctrinale, car elle considère la possibilité pour les prêtres d’avoir une vie conjugale comme fondé dans la doctrine de le sainteté, en opposition totale avec les Pères de l’Eglise, y compris orientaux. Nous verrons cela en son lieu, lorsque nous traiterons du concile « in Trullo ».

Nous précisons, avant de passer à l’administration de toutes les preuves de ce que nous venons de dire, que l’idée selon laquelle le célibat des prêtres aurait été instauré pour que l’Eglise soit héritière des biens des prêtres décédés, relève de la pure malveillance de ceux qui veulent discréditer le célibat des prêtres. En effet, strictement aucun document historique ne permet d’appuyer cette thèse, et il est facilement démontrable que les prêtres ont toujours dû observer le célibat ou la continence, dès le temps des persécutions antiques, et que l’Eglise n’est pas et n’a jamais été l’héritière des prêtres.

Voici le plan de notre étude :

I) Quelques études de spécialistes

A) Le célibat des prêtres dans l’Ecriture Sainte et chez les Pères de l’Eglise

B) L’absence totale de rapport entre le célibat des prêtres et la pédophilie

II) Les racines de la continence sacerdotale dans l’Ancien Testament

A) Les prêtres de l’Ancienne Alliance n’étaient mariés que pour assurer la succession sacerdotale

B) Ils devaient garder la continence pendant leur service au Temple

C) Application a fortiori aux prêtres de la Nouvelle Alliance

III) Le célibat dans le Nouveau Testament

A) Les mots de Jésus-Christ

B) La doctrine de saint Paul : encouragements au célibat pour vaquer à la prière et pour une plus grande perfection

C) Les apôtres mariés ont cessé d’user du mariage après leur vocation à l’apostolat

D) Réponses aux objections

1) L’hypocrisie des célibataires volontaires ?

2) Saint Paul ne dit-il pas que l’évêque doit être « mari d’une seule femme » ?

a) Indices bibliques sur la réelle signification de ces versets

b) Confirmation de cette lecture par les Pères de l’Eglise

c) Une remarque pour les orthodoxes qui voudraient utiliser cet argument pour justifier que leurs prêtres puissent être mariés

3) Les ministres de l’Eglise « n’ont-ils pas le droit d’emmener avec eux une femme chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » (I Corinthiens IX, 5) ?

a) Impossibilité biblique que ces « femmes » soient des épouses car saint Paul déclare ne pas en avoir

b) Cet argument est-il contredit du fait que saint Paul déclare ne pas user personnellement de ce droit ?

c) Il s’agissait de femmes pieuses dévouées au service matériel des apôtres

d) Un autre indice : saint Paul ne parle que de tâches matérielles et pas du tout de l’engendrement

e) Confirmation par les Pères de l’Eglise

f) Une preuve indirecte de l’apostolicité du célibat des prêtres

g) Une remarque pour les orthodoxes qui voudraient utiliser cet argument pour justifier que leurs prêtres puissent être mariés

4) Saint Pierre n’était-il pas marié ?

IV) Le célibat sacerdotal dans l’histoire de l’Eglise

A) Des indices dans les temps premiers temps de l’Eglise

B) Les premiers témoins : Tertullien (vers 155-vers 230) en Occident,  Clément d’Alexandrie (vers 150-vers 215) et Origène (vers 185-vers 254) en Orient

C) Le Concile d’Elvire (305/306)

1) Texte des canons sur le célibat sacerdotal

2) Ancienne thèse de l’invention du célibat sacerdotal

3) Travaux modernes prouvant que ce concile ne fait que codifier une loi déjà enracinée

D) Du Concile d’Elvire au Concile de Nicée

1) Les conciles d’Arles et Néocésarée et Eusèbe de Césarée

2) Le concile d’Ancyre, un contre-exemple ?

a) Texte du canon

b) Un canon rejeté par le concile in Trullo et les canonistes orthodoxes eux-mêmes

c) Un canon qui prouve paradoxalement l’ancienneté de la loi du célibat-continence des clercs

d) Un canon trop laxiste censuré par Justinien en accord avec l’Eglise

E) Le Concile de Nicée (325)

1) Le 3è canon de Nicée

a) Texte du canon

b) Analyse du canon

c) Saint Basile le Grand interprète ce canon dans le sens de la discipline catholique

2) Démystification de l’histoire de saint Paphnuce

F) Du Concile de Nicée au IIIème Concile de Carthage (16 juin 390)

G) L’important témoignage du IIIème Concile de Carthage (16 juin 390)

1) Texte du canon

2) Exégèse du canon

3) La portée probante du canon

4) L’influence du canon

H) Du IIIè concile de Carthage au  IIIè concile de Constantinople (680-681)

I) Le IIIè concile de Constantinople : une preuve définitive pour les Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tous ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes

J) Le concile de Quintisexte (691 et 692), dit in Trullo : dérogeance de l’Orient à la loi du célibat sacerdotal, via une falsification

K) Du concile « in Trullo » à la Réforme Grégorienne

L) Dernières touches à la discipline occidentale à partir de la Réforme Grégorienne

I) Quelques études de spécialistes

Nous invitons d’abord les lecteurs de cet article à consulter ces liens qui nous ont en partie servi de source (de larges parties de ce qui suit viennent des trois articles du site « clerus.org », site la Congrégation pour le clergé) :

A) Le célibat des prêtres dans l’Ecriture Sainte et chez les Pères de l’Eglise

Le célibat sacerdotal dans la tradition primitive de l’Église (clerus.org)

« Ce que les Apôtres ont enseigné [sur le célibat] » (clerus.org)

Le célibat ecclésiastique dans la doctrine et l’histoire de l’Église (clerus.org)

Cardinal Alfons Maria STICKLER, Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998

Père Christian COCHINI, SJ, Les origines apostoliques du célibat sacerdotal

Roman CHOLIJ, Clerical Celibacy in East and West, Fowler Wright Books, Leominster 1988 (cliquer ici ou ici)

Le célibat (cathobiblique)

B) L’absence totale de rapport entre le célibat des prêtres et la pédophilie

La pédophilie n’a rien à voir avec le célibat (Yesus Kristus azu)

Pédophilie et célibat sacerdotal : aucun rapport !

Nous leur proposons maintenant une chronologie du célibat des prêtres :

II) Les racines de la continence sacerdotale dans l’Ancien Testament

A) Les prêtres de l’Ancienne Alliance n’étaient mariés que pour assurer la succession sacerdotale

Le prêtre hébreu no pouvait pas épouser une femme répudiée et le grand-prêtre ne pouvait pas même épouser une veuve. Le Talmud ajoute qu’il ne pouvait épouser deux femmes, quoique la polygamie fût permise au reste de la nation, et tous devaient être purs pour entrer dans le sanctuaire. Ainsi le grand-prêtre devait vivre dans la continence tout le temps de son ministère ; et les lévites, s’ils offraient le sacrifice le jour où ils avaient usé du mariage, étaient condamnés à mort. En dehors du ministère, si le mariage leur était permis, c’était uniquement pour assurer la succession sacerdotale : Exode, XIX, 15 ; Lévitique, XXI, 7-9, 13 ; XXII, 2 et 3 ; Ezéchiel, 44 22 ; Isaïe, 52, 2. On se rappelle l’interrogation du prêtre, lorsque David voulut, avec les siens, manger les pains de proposition.

B) Ils devaient garder la continence pendant leur service au Temple

Sous l’Ancienne Loi, Moïse commanda au nom de Dieu à Aaron et à ses fils de ne pas sortir du Tabernacle et donc d’observer la continence pendant les sept jours durant lesquels se faisait leur consécration :

« Pendant sept jours vous ne sortirez point de l’entrée de la tente de réunion, jusqu’à ce que soient accomplis les jours de votre installation ; car votre installation durera sept jours. Ce qui s’est fait aujourd’hui, Yahweh a ordonné de le faire durant sept jours afin de faire l’expiation pour vous. Vous resterez sept jours, jour et nuit, à l’entrée de la tente de réunion, et vous observerez les ordres de Yahweh, afin que vous ne mouriez pas ; car c’est là ce qui m’a été ordonné. » (Lévitique VIII, 33-35)

Dans l’Ancien Testament, Dieu choisit la tribu de Levi comme tribu sacerdotale. S’ils se mariaient pour assurer la pérennité de la tribu, ils devaient garder la continence parfaite avant d’exercer au temple et durant tout le temps de leur service :

« David se rendit à Nobé, auprès du grand prêtre Achimélech; et Achimélech accourut effrayé au-devant de David, et lui dit : « Pourquoi es-tu seul et n’y a-t-il personne avec toi ? » David répondit au prêtre Achimélech : « Le roi m’a donné un ordre et m’a dit : Que personne ne sache rien de l’affaire pour laquelle je t’envoie et je t’ai donné un ordre. J’ai assigné à mes gens tel lieu de rendez-vous. Et maintenant qu’as-tu sous la main? Donne-moi cinq pains dans la main, ou ce qui se trouvera. » Le prêtre répondit à David et dit : « Je n’ai pas sous la main de pain ordinaire, mais il y a du pain consacré ; pourvu que tes gens se soient abstenus de femmes. » David répondit au prêtre et lui dit : « Nous nous sommes abstenus de femmes depuis trois jours que je suis parti, et les vases de mes gens sont chose sainte; et si le voyage est profane, pourtant il est sanctifié quant au vase ?«  » (I Samuel XXI, 2-6)

C) Application a fortiori aux prêtres de la Nouvelle Alliance

C’était une préfiguration de la continence parfaite demandée aux prêtres de la Nouvelle Alliance. Les prêtres de l’Ancienne Alliance vivaient sous le régime de « l’ombre des choses à venir » (Romains X, 4 ; Colossiens II, 16-17 ; Hébreux X, 1-10). Aussi pouvaient-ils n’observer la continence que pendant leur temps de service au temple, celui-ci n’étant que la préfiguration de l’unique sacrifice du Christ. Mais les prêtres de la Nouvelle Alliance offrant le seul et vrai sacrifice du Christ sont eux tenus à la continence absolue !

III) Le célibat dans le Nouveau Testament

A) Les mots de Jésus-Christ

« Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Car il y a des hommes qui ne peuvent pas se marier dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. » (Matthieu XIX, 11-12)

Cela signifie qu’il peut être utile pour aller au Ciel de choisir le célibat; et cela signifie aussi que le célibat est supérieur au mariage, sinon cette phrase du Christ n’aurait aucun intérêt.

B) La doctrine de saint Paul : encouragements au célibat pour vaquer à la prière et pour une plus grande perfection

« Quant aux points sur lesquels vous m’avez écrit, je vous dirai qu’il est bon pour l’homme de ne pas toucher de femme. Toutefois, pour éviter toute impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n’a pas puissance sur son propre corps, mais le mari ; pareillement le mari n’a pas puissance sur son propre corps, mais la femme. Ne vous soustrayez pas l’un à l’autre, si ce n’est d’un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis remettez-vous ensemble, de peur que Satan ne vous tente par suite de votre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n’en fais pas un ordre. Je voudrais, au contraire, que tous les hommes fussent comme moi [célibataire]; mais chacun reçoit de Dieu son don particulier, l’un d’une manière, l’autre d’une autre. A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il leur est bon de rester comme moi-même. Mais s’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient; car il vaut mieux se marier que de brûler. […] Je pense donc à cause des difficultés présentes, qu’il est bon à un homme d’être ainsi. — Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien ; n’es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas de femme. Si pourtant tu t’es marié, tu n’as pas péché ; et si la vierge s’est mariée, elle n’a pas péché ; mais ces personnes auront des afflictions dans la chair, et moi je voudrais vous les épargner. […] Je voudrais vous voir exempts de soucis. L’homme qui n’est pas marié à souci des affaires du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur. Celui qui s’est marié a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à sa femme ; et le voilà partagé. De même la femme sans mari, comme la jeune fille, a souci des affaires du Seigneur ; elle cherche à être sainte de corps et d’esprit. Celle qui s’est mariée a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à son mari.  Je dis cela dans votre propre intérêt, non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est digne et qui attache sans partage au Seigneur […] celui qui se marie avec sa fiancée fait bien, mais celui qui ne se marie pas fait mieux encore. La femme est liée aussi longtemps que vit son mari ; si le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier à qui elle voudra ; seulement que ce soit dans le Seigneur. Elle est plus heureuse, néanmoins, si elle demeure comme elle est [célibataire] : c’est mon avis ; et je crois avoir, moi aussi, l’Esprit de Dieu. » (I Corinthiens VII, 1-9 ; 26-28 ; 32-35 ; 38-40)

Par ces mots, l’Apôtre Paul énonce clairement la supériorité du célibat sur le mariage.

C) Les apôtres mariés ont cessé d’user du mariage après leur vocation à l’apostolat

On dit souvent que les apôtres et les premiers Pères étaient mariés ; c’est vrai mais il était chose normale au tout premiers temps de l’Eglise d’appeler aux ordres sacrés des hommes mariés, des pères de famille. Il y eut dans l’antiquité chrétienne une multitude de diacres et prêtres mariés. L’apôtre Saint Pierre, premier Pape de l’Eglise était un homme marié. Mais est-ce pour autant que l’on peut en tirer quelque induction contre le célibat des prêtres ? Non. Les Pères de l’Eglise TertullienSaint Jérôme et Saint Isidore de Péluse (parfois nommé à tort « Isidore de Damiette ») enseignent que quand :

« ils se seraient mariés avant d’appartenir à l’Evangile, ils ont cessé d’user du mariage, lorsqu’ils ont été élevés à l’apostolat » (Saint Jérôme, Contre Jovinien, livre I, chapitre 26, PL, XXIII, 258-259)

Une fois ordonnés, ces nouveaux ecclésiastiques ont vécu dans la chasteté parfaite :

Q. Pourquoi les adversaires du célibat ecclésiastique répètent-ils si souvent et avec tant de complaisance, que dans la primitive Eglise il y avait des prêtres mariés ? 

R. C’est que par cette assertion captieuse ils espèrent faire croire que la loi du célibat n’est ni ancienne, ni d’une grande autorité dans l’Eglise. Aussi ont-ils bien soin de taire que ces prêtres ne se sont pas mariés depuis leur ordination, et que dès-lors ils se sont conduit avec leurs femmes comme avec leurs propres sœurs. » (Mgr Claude Le COZCatéchisme sur le célibat ecclésiastique, 1808)

En veut-on une confirmation de la bouche des Pères de l’Eglise ? La voici !

Nous avons d’abord le témoignage de saint Jérôme de Stridon (vers 347-420) :

« Ayant encore cité ce passage de l’épître de saint Paul aux Galates : « Nul homme ne sera justifié par les œuvres de la loi, » voici comment je l’ai expliqué: «Le mariage est aussi une ouvre de la loi : de là vient que la loi donnait sa malédiction aux femmes stériles. Que si la loi évangélique permet de se marier, ce n’est pas qu’elle regarde le mariage comme une perfection et qu’elle promette des récompenses à ceux qui se marient, mais c’est qu’elle les traite avec indulgence et qu’elle compatit à leurs faiblesses.» Je dis clairement dans cet endroit que la loi évangélique permet de se marier, mais néanmoins que ceux qui se marient et qui remplissent les devoirs du mariage ne peuvent prétendre au mérite et à la gloire de la chasteté. Que si ce sentiment révolte les gens mariés, ce n’est point à moi qu’ils en viennent à s’en prendre, mais à l’Écriture sainte, aux évêques, aux prêtres, aux diacres et à tout l’ordre ecclésiastique, qui sont bien persuadés qu’il ne leur est pas permis d’offrir des sacrifices au Seigneur et de s’acquitter en même temps des devoirs du mariage. » (Lettre 48 [alias 50] au sénateur à Pammaque, faisant l’apologie de son œuvre Contre Jovinien, X)

 

« Jésus-Christ et Marie, ayant donc toujours été vierges, ont consacré la virginité dans l’un et dans l’autre sexe. Les apôtres étaient vierges, ou du moins gardèrent la continence après leur mariage ; les évêques, les prêtres et les diacres doivent être ou vierges ou veufs avant d’être ordonnés, ou du moins vivre toujours en continence après leur ordination.» (Lettre 48 [alias 50] au sénateur à Pammaque, faisant l’apologie de son œuvre Contre Jovinien, XXI)

Il y a aussi le témoignage déjà donné de saint Isidore de Péluse (mort vers 450) :

« Si des femmes accompagnaient les apôtres, ce n’était pas pour vivre conjugalement avec eux et engendrer des enfants, mais pour les assister de leurs biens et nourrir les prédicateurs de la pauvreté. Quant à accompagner celui-ci, elles n’y étaient pas autorisées et elles n’en étaient pas capables, car ses courses le conduisaient, comme je l’ai dit, jusqu’aux extrémités de la terre. Quoi d’étonnant à ce que la race des femmes fût laissée en arrière, quand Barnabé lui-même, le compagnon d’attelage de Paul, renâclant devant cette course et cette fatigue immenses, a abandonné à Paul la première place ? [Actes XV, 36-40]. Alors qu’il faisait équipe avec lui, Paul écrivait ceci : « N’avons-nous  pas le droit de prendre avec nous une femme comme sœur, de la même  façon que les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » [I Corinthiens IX, 5]. Il ne faut pas s’imaginer que ceux qui exhortaient à la virginité, qui prêchaient la chasteté, qui dirigeaient des troupes de vierges, ne s’abstinssent pas de tout commerce avec les femmes. Auraient-ils eu bonne grâce de prêcher aux autres lu virginité, s’ils avaient vécu eux-mêmes dans les plaisirs de la chair ? Ce n’est donc  pas cela qu’il veut dire. Car il aurait certainement dit alors : « Une femme comme épouse« , tout comme ceux qui rédigent les contrats de mariage écrivent : « … Nourrir et vêtir, de la façon qui convient à une femme prise comme épouse, selon mes moyens » ; ils le mot « femme » pour signifier la nature, et le mot « épouse » signifier la vie commune. Mais à propos des femmes qui accompagnaient les maîtres de la pauvreté, en pourvoyant à leur subsistance,  aux dépens de leurs propres biens, il a dit « sœur » pour mettre en évidence leur chasteté, et femme pour montrer quelle était leur nature. Car la vierge elle-même est appelée femme, quand bien même elle est intacte ; « femme » en raison de son apparence physique, quand bien elle est inviolée ; « femme » en raison de sa nature, quand bien elle ignore tout de la rencontre avec l’homme. » (Lettres, Livre III, Lettre 176, PG 78, 865D-868D)

Saint Isidore ne dit pas explicitement ici que les apôtres mariés ont cessé toute vie conjugale, mais c’est implicite. En effet, comment aurait-il pu dire d’apôtres mariés qu’ils « s’abstenaient pas de tout commerce avec les femmes » et qu’ils ne vivaient pas « dans les plaisirs de la chair« , sinon en sous-entendant qu’ils avaient quitté leurs épouses ? On répondra peut-être qu’il pensait que les apôtres n’ont jamais été mariés ? Nous répondons à notre tour que d’une part nous savons que saint Pierre le fut, comme l’Ecriture Sainte l’affirme (nous le verrons plus bas), ce qu’Isidore pouvait difficilement ignorer, et d’autre part que même s’il avait pensé qu’aucun apôtre n’avait jamais été marié, alors cela prouve d’autant plus que le célibat des prêtres est une discipline apostolique, même en Orient, autrement pour quelle raison Isidore aurait-il tenu ce genre de discours ? Quel intérêt de dire cela si l’état d’apôtre ou de prêtre, puisque les prêtres aussi doivent « prêcher la chasteté« , était indifférent à l’état matrimonial ?

En réponse aux montanistes qui discréditaient le mariage, saint Epiphane de Salamine (vers 315-403) dit que rien n’est plus contraire à l’intention du Seigneur, en effet, qui a choisi ses apôtres non seulement parmi les vierges, mais aussi parmi les monogames. Toutefois, ajoute Epiphane, ces apôtres mariés pratiquèrent ensuite la continence parfaite, et suivant la ligne de conduite que Jésus, la règle de la vérité, leur avait ainsi tracée, fixèrent à leur tour la norme ecclésiastique du sacerdoce :

« Le Dieu Verbe honore la monogamie et il prétend répandre les charismes du sacerdoce, comme en un parfait exemplaire, dans ceux qui après le mariage ont ont observé la continence ou dans ceux qui ont toujours gardé leur virginité. Et ses apôtres ont sagement et saintement formulé cette règle ecclésiastique tique du sacerdoce. » (Panarion, pharmacie contre toutes les hérésies, 48, 9. PG, 41, 868 ; GCS 31 ; 219-241)

Notons d’ailleurs que si les apôtres, pourtant affermis et remplis d’une capacité exceptionnelle pour la prédication à la Pentecôte, avaient ce besoin pour le ministère de ne pas mener de vie conjugale, alors qu’en sera-t-il des prêtres bien inférieurs en grâce dans la suite des siècles ?!

D) Réponses aux objections

1) L’hypocrisie des célibataires volontaires ?

Les ennemis du célibat ecclésiastique invoquent souvent ces mots de saint Paul :

« Mais l’Esprit dit formellement que dans les derniers temps certains abandonneront la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des doctrines (inspirées par) des démons,(enseignées) par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur propre conscience, qui proscrivent le mariage (et prescrivent) l’abstinence d’aliments créés par Dieu pour que les croyants, ceux qui ont reconnu la vérité, en usent avec actions de grâces. » (I Timothée IV, 1-3)

Mais en réalité, il faut comprendre ce passage à la lumière de ce qu’il dit en I Corinthiens VII, que nous venons de citer. I Timothée IV 1-3 nous fait comprendre que les encouragements au célibat de I Corinthiens VII ne s’applique pas à tout le monde mais seulement à ceux qui ne sont pas capables de garder la continence ; ceux qui en étant incapables veulent quand même garder le célibat sont effectivement des « hypocrites » et l’Eglise Catholique n’a jamais dit le contraire.

De plus, cet extrait de I Corinthiens VII nous montre évidemment que saint Paul ne prohibe pas le célibat de manière totale, sinon il se contredirait en I Timothée IV 1-3. En effet, en opposant célibat et mariage, il n’entend pas opposer un bien à un mal mais un bien à un mieux. C’est ainsi que dans les verstes suivants, il réaffirme encore plus la supériorité du célibat sur le mariage, tout en rappelant que ce dernier est bon :

« celui qui se marie avec sa fiancée fait bien, mais celui qui ne se marie pas fait mieux encore. La femme est liée aussi longtemps que vit son mari ; si le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier à qui elle voudra ; seulement que ce soit dans le Seigneur. Elle est plus heureuse, néanmoins, si elle demeure comme elle est [célibataire] : c’est mon avis ; et je crois avoir, moi aussi, l’Esprit de Dieu. » (I Corinthiens VII, 38-40)

Il affirme ailleurs que le mariage doit être « honoré de tous » :

« Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu condamnera les impudiques et les adultères. » (Hébreux XIII, 4)

Il est donc à la fois indubitable que saint Paul enseigne la supériorité du célibat sur le mariage, et indubitable qu’il enseigne la sainteté du mariage. Qu’il traite d’hypocrite ceux qui veulent garder le célibat sans y être appelé ne porte atteinte ni à l’un ni à l’autre.

2) Saint Paul ne dit-il pas que l’évêque doit être « mari d’une seule femme » ?

Certains objecterons que des versets bibliques permettent ouvertement la mariage pour les clercs. Il s’agit des versets suivants:

« Aussi faut-il que l’évêque soit irréprochable, marié une seule fois, sobre, circonspect, honnête, hospitalier, apte à l’enseignement » (I Timothée III, 2)

 

« Que les diacres n’aient été mariés qu’une fois ; qu’ils gouvernent bien leurs enfants et leur propre maison. » (I Timothée III, 12)

 

« Que le sujet soit d’une réputation intacte, mari d’une seule femme, dont les enfants soient fidèles, et ne passent point pour être débauchés ou insoumis. Car il faut que l’évêque soit irréprochable » (Tite I, 6-7)

a) Indices bibliques sur la réelle signification de ces versets

À la réalité, ces versets ne signifient pas que les clercs peuvent se marier ou mener une vie conjugale, mais seulement que des hommes mariés peuvent avoir accès à la cléricature s’ils renoncent à leurs épouses. C’est exactement ce qui était pratiqué dans les premiers siècles (comme nous le verrons) et ce qui se passe aujourd’hui dans l’Église (un homme marié et séparé de corps peut devenir clerc). Cette règle de n’avoir été marié qu’une fois (ce qu’on appelle l’unius uxoris vir, en latin) est une manière de s’assurer de la fiabilité, de la stabilité et de la valeur morale de l’individu. D’ailleurs si l’état matrimonial était si indifférent à la cléricature, pourquoi faudrait-il s’assurer que l’évêque n’ait eu qu’une femme ? En effet, cette formulation signifie qu’il s’agit régulièrement de veuf (car pour choisir les évêques, il fallait des hommes sages et d’expérience, donc souvent des hommes relativement âgés), et quel peut bien être l’intérêt de s’assurer qu’un veuf ne s’est pas remarié, sinon de vérifier qu’il est capable de garder la continence ? Voici deux passages qui prouvent qu’il est licite de quitter son épouse pour le Christ :

« Alors, prenant la parole, Pierre lui dit : « Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit « […] quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle. » (Matthieu XIX, 27-29)

 

« Nul n’aura laissé maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qui ne reçoive bien davantage en ce temps-ci, et dans le monde à venir la vie éternelle. » (Luc XVIII, 29-30)

b) Confirmation de cette lecture par les Pères de l’Eglise

La discipline prohibant le mariage après l’ordination, et la discipline de la continence parfaite, imposant aux clercs mariés avant leur ordination l’abstention des rapports conjugaux, sont donc, comme nous allons le voir, largement attestées dès le IVème siècle par les meilleurs représentants de l’époque patristique. Plusieurs documents affirment l’origine apostolique de l’une comme de l’autre. Certains en termes explicites, comme Eusèbe de Césarée, saint Epiphane, saint Ambroise, l’Ambrosiaster, saint Innocent Ier, saint Sirice, saint Jean Chrysostome ou saint Jérôme pour les quatre premiers siècles ainsi que par saint Isidore de Séville à la fin du VIème et au début du VIIème siècle (Des offices ecclésiastiques, II, 5, 8 ; PL 83, 783, 790) affirment que les mots de saint Paul sur l’évêque qui ne doit avoir qu’une seule femme signifient qu’ils pouvaient devenir membres du clergé en ayant été marié une seule fois, mais que si leurs épouses étaient en vie, ils devaient renoncer à vivre conjugalement. Et surtout nous n’avons pas non pas un seul témoignage patristique qui aille en sens contraire. C’est pourquoi il est tout à fait légitime, et conforme aux principes d’une bonne méthode historique, de prendre en compte la revendication d’une origine de la loi remontant aux apôtres, telle qu’elle s’exprime au IVème siècle.

On trouvera les témoignages patristiques dans ce sens dans notre article :

Que signifie « que l’évêque soit le mari d’une seule femme » ? Réponse de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise

c) Une remarque pour les orthodoxes qui voudraient utiliser cet argument pour justifier que leurs prêtres puissent être mariés

Nous précisons que cet argument est employé par les orthodoxes pour justifier que leurs prêtres puissent être mariés. Nous répondons dès ici que si les protestants pourraient éventuellement trouver dans les versets cités un argument contre le célibat des prêtres (ce qui est faux bien sûr, comme nous l’avons démontré), ce n’est pas le cas des orthodoxes ! En effet, dans les versets cités, saint Paul parle des Evêques. Or, les orthodoxes considèrent le concile « In Trullo » (691-692) comme infaillible, or celui-ci enseigne que les Evêques doivent être célibataire, ou vivre sans leurs épouses, et ce de droit divin :

« 12.- Qu’aucun évêque ne doit cohabiter avec son ex-épouse.
Il est venu de même à notre connaissance qu’en Afrique et en Libye et en d’autres lieux les pasteurs aimés de Dieu de ces territoires ne laissent pas que de cohabiter avec leurs épouses, même après que le sacre leur fut conféré, offrant ainsi aux peuples une pierre d’achoppement et un scandale. Ayant donc le grand souci que tout se fasse pour l’édification des peuples que nous avons à régir, nous avons décidé qu’une telle manière d’agir n’ait plus lieu. Nous ne disons pas cela pour enfreindre ou renverser les ordonnances apostoliques, mais pour procurer le salut des peuples et leur progrès dans la vertu, et pour n’offrir aucune occasion de blâme contre la discipline ecclésiastique ; en effet, le divin apôtre dit :  « Faites tout pour la gloire de Dieu, ne donnez de scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Eglise de Dieu c’est ainsi que moi-même je m’efforce de complaire à tous en toutes choses, en cherchant non mon propre avantage, mais celui du grand nombre, afin que beaucoup d’hommes soient sauvés : soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ « . Si quelqu’un est pris faisant cela, qu’il soit déposé. » (Concile « in Trullo », Canon 12)

Les orthodoxes auraient-ils alors raison de dire que ces ne donnent pas l’autorisation aux Evêques d’avoir une vie conjugale, mais qu’ils les donnent aux simple prêtres ? Encore une fois, cette hypothèse leur est interdite par un argument d’autorité : tous les Pères de l’Eglise donnant une exégèse de ces versets affirment qu’ils ne sauraient fonder un droit à mener une vie conjugale ni pour les Evêques ni pour les prêtres, nous le voyons dans notre article :

Que signifie « que l’évêque soit le mari d’une seule femme » ? Réponse de l’Ecriture Sainte et des Pères de l’Eglise

Or pour les orthodoxes l’unanimité des Pères de l’Eglise est un enseignement infaillible.

3) Les ministres de l’Eglise « n’ont-ils pas le droit d’emmener avec eux une femme chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » (I Corinthiens IX, 5) ?

Les adversaires du célibat ecclésiastiques allèguent ce verset dont il déduisent que les ministres de l’Eglise ont le droit d’être mariés, à l’image de ce qu’ils pensent lire des apôtres dans ce verset :

« N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » (I Corinthiens IX, 5)

a) Impossibilité biblique que ces « femmes » soient des épouses car saint Paul déclare ne pas en avoir

La vérité est tout simplement que ces femmes ne sont pas et ne peuvent pas  être des épouses ! Nous pouvons déjà péremptoirement réfuter l’objection en rappelant que c’est saint Paul qui prononce cette phrase en revendiquant ce droit pour lui, or comme nous l’avons vu juste au dessus, il revendique être célibataire et que cela le rend plus dévoué à Dieu (I Corinthiens VII) : ces « femmes chrétiennes » ne peuvent donc pas ici être des épouses. De plus le terme « femmes chrétiennes » est parfois traduit par « soeurs », ce qui ne signifie pas « épouses », mais seulement « soeurs dans la foi » (comme en Romains XVI, 1), de même que « frère » signifie « frère dans la foi » (comme en Actes V, 1-4 et Actes XV, 7).

b) Cet argument est-il contredit du fait que saint Paul déclare ne pas user personnellement de ce droit ?

Certains observateurs non-catholiques font remarquer que saint Paul déclare ne pas user du droit de mener avec lui une de ces « soeurs » :

« Pour moi, je n’ai fait valoir aucun de ces droits, et ce n’est pas afin de les réclamer en ma faveur que j’écris ceci : il me vaudrait mieux mourir que de me laisser enlever ce titre de gloire. […] Pour moi, je n’ai fait valoir aucun de ces droits, et ce n’est pas afin de les réclamer en ma faveur que j’écris ceci : il me vaudrait mieux mourir que de me laisser enlever ce titre de gloire. » (I Corinthiens IX, 12 et 15)

Ils disent alors que si saint Paul a renoncé à titre personnel de mener avec lui une de ces « soeurs », alors le fait qu’il soit célibataire n’empêche pas que pour ceux qui en mène une avec eux, elles soient des épouses.

La réponse à cette objection se comprend à la lumière de l’explication de ce qu’étaient réellement ces « soeurs », mise en rapport avec d’autres passages du Nouveau Testament. En effet, ces femmes étaient des servantes, de même que le droit des apôtres à recourir au service des laïcs est déclaré au moins trois fois dans le Nouveau Testament, à l’image de Jésus. Aussi saint Paul affirme à un autre endroit pouvoir profiter des services temporels des chrétiens mais y renoncer. Nous allons exposer tout cela immédiatement.

c) Il s’agissait de femmes pieuses dévouées au service matériel des apôtres

Il y avait en ce temps-là des femmes pieuses dévouées au service des ministres de l’Eglise, pour les libérer un maximum au profit de leurs travaux apostoliques, selon l’usage de la nation juive. Les mots de l’original grec ne laissent aucun doute, αδελφην γυναικα : il s’agit de femmes dévouées au service et d’un certain âge. Nous en avons d’ailleurs un autre exemple de cela avec la diaconesse Phœbé. Il est question d’une sororité dans la foi entre saint Paul à la diaconesse Phœbé (Romains XVI, 1), qui, comme dit saint Paul : « a elle aussi a donné aide à plusieurs et à moi-même » (Romains XVI, 2). Il s’agit donc d’une « sœur » de saint Paul, elle n’est pas sa femme car il est célibataire (I Corinthiens VII) et elle lui a « donné aide », justement ! Diaconesse (διάκονον) signifiant d’ailleurs « servante » en grec.

Saint Paul déclare en un autre lieu ce droit que les apôtres ont d’exiger le soutien matériel des chrétiens, mais qu’il déclare aussi y renoncer :

« Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais nous avons été nuit et jour à l’œuvre, dans la fatigue et la peine, pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en eussions le droit ; mais nous voulions vous donner en nous-mêmes un exemple à imiter. » (II Thessaloniciens III, 8-9)

Et de fait, le contexte de cette phrase de saint Paul indique qu’il s’agit de femmes dévouées au service des besoins temporels des apôtres, de la même manière que les femmes qui suivaient le Christ, et non des épouses. En effet, au verset immédiatement précédent il est écrit :

« N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? » (I Corinthiens IX, 4)

Et aux versets suivants :

« Ou bien sommes-nous les seuls, Barnabé et moi, qui n’ayons pas le droit de ne point travailler ? Qui jamais a porté les armes à ses propres frais ? Qui est-ce qui plante une vigne pour n’en pas manger le fruit ? Qui est-ce qui fait paître un troupeau, sans se nourrir de son lait ? Est-ce selon l’homme que je dis ces choses, et la Loi ne les dit-elle pas aussi ? Car il est écrit dans la loi de Moïse : « Tu ne muselleras pas la bouche du bœuf qui foule le grain. » Dieu se met-il en peine des bœufs ? N’est-ce pas absolument à cause de nous qu’il parle ainsi ? Oui, c’est à cause de nous que cela a été écrit ; celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain doit le fouler dans l’espérance d’y avoir part. Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une si grosse affaire que nous moissonnions de vos biens matériels ? […] Ne savez-vous pas que ceux qui remplissent les fonctions sacrées vivent du temple, et que ceux qui servent à l’autel ont part à l’autel ? De même aussi le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Evangile de vivre de l’Evangile. » (I Corinthiens IX, 6-11 ; 13-14)

Que saint Paul proclame pour les apôtres « le droit de ne point travailler » est lourd de signification ! En effet, en une autre épître il écrit :

« Aussi bien, lorsque nous étions chez vous, nous vous déclarions que si quelqu’un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus. Cependant nous apprenons qu’il y a parmi vous des gens déréglés, qui ne travaillent pas, mais qui ne s’occupent que de choses vaines. Nous les invitons et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, de travailler paisiblement pour manger un pain qui leur appartienne. » (II Thessaloniciens III, 10-12)

Et c’est de cette obligation-même de travailler qu’il dit avoir le droit de s’exempter, tout en précisant qu’il ne le fait pas, comme nous l’avons dit :

« Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais nous avons été nuit et jour à l’œuvre, dans la fatigue et la peine, pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en eussions le droit ; mais nous voulions vous donner en nous-mêmes un exemple à imiter. » (II Thessaloniciens III, 8-9)

La même affirmation que les chrétiens peuvent être appelés à accomplir des tâches pour que les apôtres puissent pleinement se dévouer au ministère est affirmé en un autre endroit du Nouveau Testament :

« En ces jours-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes élevèrent des plaintes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans le service de chaque jour. Mais les Douze, ayant convoqué l’assemblée des disciples, dirent : « Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez donc parmi vous, frères, sept hommes de bon renom, remplis d’Esprit et de sagesse, que nous établirons dans cet office. Quant à nous, nous serons assidus à la prière et au ministère de la parole.«  » (Actes V, 1-4)

Les apôtres suivaient en cela l’exemple de Jésus-Christ qui permettait à des femmes pieuses de le suivre pour le servir, et ce n’était bien entendu pas des épouses :

« Il y avait là aussi plusieurs femmes qui regardaient de loin ; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour le servir. » (Matthieu XXVII, 55)

 

« Ensuite Jésus cheminait par les villes et par les villages, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits malins et de maladies : Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons ; Jeanne, femme de Chusa, intendant d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens. » (Luc VIII, 1-3)

d) Un autre indice : saint Paul ne parle que de tâches matérielles et pas du tout de l’engendrement

Saint Paul est Juif. Pour les juifs le mariage et sa conséquence qu’est la procréation sont fondamentaux. C’est un fait que nous voyons tout au long de l’Ecriture Sainte. Aussi si les « soeurs » dont parlent saint Paul était des épouses, ou bien il dirait lapidairement : « N’avons-nous pas le droit de nous marier/d’avoir une épouse ? », sans autre précision, ou bien il ne s’attarderait pas sur le seul aspect du service matériel des apôtres (qui est ce pourquoi ces femmes sont désignées pour être là), mais alors soit il aborderait plus d’aspects du mariage dont la procréation, soit, s’il n’avait dû en aborder qu’un seul, cela aurait été à coup sûr celui de la procréation, et aurait alors dit quelque chose comme : « N’avons-nous pas le droit d’avoir une descendance ?« .

e) Confirmation par les Pères de l’Eglise

C’est le sens qui ressort clairement du texte, ainsi que celui que lui ont toujours donné les Pères de l’Eglise. On soulignera qu’ils disent tous que ces femmes qui les suivaient n’étaient pas et ne pouvaient pas être leurs épouses. Or, s’ils pouvaient être suivis par des femmes qui n’étaient pas leurs épouses, à combien plus fortes raison auraient-ils pu l’être également par des femmes qui l’était ?

Clément d’Alexandrie (vers 150-vers 215) :

« Paul lui-même ne craint pas, dans une de ses épitres, d’adresser la parole à sa femme, qu’il ne conduisait pas partout avec lui, à cause de la promptitude et de la liberté que réclamait son ministère. Aussi dit-il, dans une de ses épitres :

« N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme qui soit notre sœur en Jésus-Christ, comme font les autres apôtres ? »

Ceux-ci, en effet, attachés aux devoirs de la prédication, conformément à leur ministère, et ne devant pas en être distraits, menaient partout avec eux des femmes, non pas en qualité d‘épouses, mais avec le titre de sœurs, pour leur servir d’interprètes auprès des femmes que leurs devoirs retenaient à la maison, et afin que, par ces intermédiaires, la doctrine du Seigneur pénétrât dans les gynécées, sans que la malveillance pût les blâmer ou élever d’injustes soupçons. » (Stromates, III, 6)

Tertullien (vers 155-vers 230) :

« Voilà quels témoins rencontre l’Enfant-Dieu; il n’en aura pas d’autres dans un âge plus avancé. Pierre lui seul sera marié ; sa belle-mère me l’indique ; qu’il ait été monogame, je le conjecture par l’Eglise qui, fondée sur lui, devait composer de monogames l’ordre hiérarchique de ses rangs. Quant aux autres, dès que je ne trouve pas qu’ils aient été mariés, il faut nécessairement que je les suppose vierges et continents. En effet, de ce que chez les Grecs l’entraînement de la coutume désigne, par un nom générique la femme et l’épouse, quoiqu’ils aient un terme particulier pour cette dernière, ce n’est pas une raison pour conclure des paroles de Paul que les apôtres aient eu des épouses. Si, en effet, il eût traité la question du mariage comme il le fait dans ce qui suit, où l’Apôtre aurait pu citer quelque exemple plus approprié, ce serait à bon droit qu’il paraîtrait dire :

« N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous des épouses, comme font les autres apôtres et Céphas ? »

Mais puisqu’il ajoute aussitôt des choses qui prouvent son désintéressement dans les aliments qu’il pouvait exiger des fidèles : «N’avons-nous pas le droit d’être nourris à vos dépens?» c’était démontrer que les apôtres ne menaient point partout avec eux des épouses, —- ceux qui n’en ont pas ne laissent pas d’avoir le droit d’être nourris, —- mais simplement des femmes qui les servaient, au même titre que celles qui accompagnaient le Seigneur.

D’ailleurs, si Jésus-Christ «reproche aux Scribes et aux Pharisiens de s’asseoir dans la chaire de Moïse, sans pratiquer ce qu’ils enseignaient,» comment supposer qu’il établissait dans sa propre chaire des hommes qui ne savaient pas prescrire, encore moins pratiquer la sainteté de la chair qu’il leur avait appris de toute manière à enseigner et à. pratiquer, d’abord par son exemple, ensuite par le raisonnement? » (De la monogamie, VIII)

Saint Jérôme (347-420) :

« En arrivant à l’Evangile, il [Jovinien] nous présente Zacharie et Elisabeth, Pierre et sa belle-mère, et, avec une impudeur à laquelle nous nous sommes maintenant habitués, il ne comprend pas qu’ils auraient dû eux aussi être comptés parmi ceux qui ont servi la Loi. Car l’Évangile n’avait pas d’existence avant la crucifixion du Christ – il a été consacré par sa passion et par son sang. Conformément à cette règle, Pierre et les autres apôtres […] avaient bien des femmes, mais ils se seraient mariés avant d’appartenir à l’Evangile, ils ont cessé d’user du mariage, lorsqu’ils ont été élevés à l’apostolat. Car lorsque Pierre, représentant les Apôtres, dit au Seigneur « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre » [Matthieu XIX, 27], le Seigneur lui répondit : « Je vous le dis, en vérité, nul n’aura quitté sa maison, ou ses parents, ou ses frères, ou son épouse, ou ses enfants, à cause du royaume de Dieu, sans qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et dans le siècle à venir la vie éternelle. » [Luc XVIII, 29-30]. Mais si, pour montrer que tous les apôtres avaient des femmes, il argumente avec les mots : « N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme [ou une épouse car γυνή en grec a les deux sens] chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » [I Corinthiens IX, 5], qu’il ajoute ce qui se trouve dans les copies grecques : qu’il ajoute ce que l’on trouve dans les copies grecques : « N’avons-nous pas le droit de parler de femmes qui sont sœurs ou épouses ? » [I Corinthiens IX, 5]. Cela montre clairement que l’auteur a fait référence à d’autres femmes saintes qui, conformément à la coutume juive, s’occupaient de leurs maîtres de leur substance, comme nous l’avons lu, c’était la pratique avec notre Seigneur lui-même. Lorsqu’il est question de manger et de boire, et de dépenser de l’argent, et qu’il est ensuite fait mention de femmes qui sont sœurs, il est tout à fait clair, comme nous l’avons dit, que nous devons comprendre non pas les épouses, mais les femmes qui exercent le ministère de leur subsistance. Et nous avons lu le même récit dans l’Ancien Testament du Shunamite qui avait l’habitude d’accueillir Elisée et de lui mettre une table, du pain, un chandelier et le reste. En tout cas, si nous considérons que γυναίκας signifie « épouses » et non « femmes », l’ajout du mot « sœurs » détruit l’effet du mot « épouses » et montre qu’elles étaient liées par l’esprit et non par le mariage. Néanmoins, à l’exception de l’apôtre Pierre, il n’est pas ouvertement déclaré que les apôtres avaient des femmes ; et puisque la déclaration est faite pour l’une d’entre elles alors que rien n’est dit sur le reste, nous devons comprendre que ceux dont l’Écriture ne donne pas cette description n’avaient pas de femmes. » (Contre Jovinien, livre I, chapitre 26, PL, XXIII, 258-259)

Saint Augustin (354-430) :

« Je donnerais à ce long texte un développement plus soigné et plus approfondi, si je n’avais à citer d’autres endroits de ses Epîtres bien plus claires encore ; en les collationnant, ma première citation gagnera en évidence ; et ce premier texte fût-il anéanti, les nouveaux témoignages suffiraient à la preuve. Voici, en effet, ce qu’il dit sur le même sujet, écrivant aux Corinthiens :

« Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je Apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus-Christ, notre Seigneur? N’êtes-vous pas vous-mêmes mon ouvrage en notre Seigneur ? Quand je ne serais pas apôtre à l’égard des autres, je le suis au moins à votre égard; car vous êtes le sceau de mon apostolat en notre Seigneur. Voici ma défense contre ceux qui me reprennent : N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N’avons-nous pas le pouvoir de conduire partout avec nous une femme d’entre nos soeurs, comme font les autres Apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? »(I Corinthiens IX, 1-7)

Remarquez comme il montre d’abord son droit, et son droit à titre d’Apôtre ; c’est de là qu’il part en effet : « Ne suis-je pas libre? Ne suis-je pas Apôtre ? » Et il prouve son titre d’Apôtre en ajoutant : « N’ai-je pas vu Notre-Seigneur Jésus-Christ? N’êtes-vous pas vous« mêmes mon ouvrage en notre Seigneur ? »

Ce point prouvé , il montre qu’il a droit, autant que les autres Apôtres, de ne pas travailler de ses mains, mais de vivre de l’Evangile, comme le Seigneur l’a réglé, et il continue à en donner la preuve très-évidente. En effet, si des femmes fidèles et bien pourvues d’ailleurs des biens de la terre, accompagnaient les Apôtres, si elles les aidaient de leur fortune, c’était pour leur procurer les choses nécessaires à la vie. Saint Paul démontre qu’il a le droit de suivre en ceci l’exemple de tous les Apôtres, mais il rappelle aussitôt qu’il n’a point voulu user de ce pouvoir. Quelques-uns, dans ce texte : « N’avons-nous pas le droit de conduire partout avec nous une femme-soeur », ont traduit non pas une femme notre soeur, mais une épouse. L’erreur vient du sens double du mot grec, parce que dans cette langue le même mot signifie épouse et femme. Et cependant l’Apôtre l’a employé de manière a rendre cette erreur impossible, disant non pas simplement une femme, mais une femme-soeur ; et parlant non pas de l’épouser, mais de s’en faire suivre partout. Mais cette équivoque n’a point trompé les autres interprètes, qui tous ont traduit « une femme » , et non pas « une épouse ». » (Du travail des moines, IV, 5)

Saint Isidore de Péluse (mort vers 450) :

« Si des femmes accompagnaient les apôtres, ce n’était pas pour vivre conjugalement avec eux et engendrer des enfants, mais pour les assister de leurs biens et nourrir les prédicateurs de la pauvreté. Quant à accompagner celui-ci, elles n’y étaient pas autorisées et elles n’en étaient pas capables, car ses courses le conduisaient, comme je l’ai dit, jusqu’aux extrémités de la terre. Quoi d’étonnant à ce que la race des femmes fût laissée en arrière, quand Barnabé lui-même, le compagnon d’attelage de Paul, renâclant devant cette course et cette fatigue immenses, a abandonné à Paul la première place ? [Actes XV, 36-40]. Alors qu’il faisait équipe avec lui, Paul écrivait ceci : « N’avons-nous  pas le droit de prendre avec nous une femme comme sœur, de la même  façon que les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » [I Corinthiens IX, 5]. Il ne faut pas s’imaginer que ceux qui exhortaient à la virginité, qui prêchaient la chasteté, qui dirigeaient des troupes de vierges, ne s’abstinssent pas de tout commerce avec les femmes. Auraient-ils eu bonne grâce de prêcher aux autres lu virginité, s’ils avaient vécu eux-mêmes dans les plaisirs de la chair ? Ce n’est donc  pas cela qu’il veut dire. Car il aurait certainement dit alors : « Une femme comme épouse« , tout comme ceux qui rédigent les contrats de mariage écrivent : « … Nourrir et vêtir, de la façon qui convient à une femme prise comme épouse, selon mes moyens » ; ils le mot « femme » pour signifier la nature, et le mot « épouse » signifier la vie commune. Mais à propos des femmes qui accompagnaient les maîtres de la pauvreté, en pourvoyant à leur subsistance,  aux dépens de leurs propres biens, il a dit « sœur » pour mettre en évidence leur chasteté, et femme pour montrer quelle était leur nature. Car la vierge elle-même est appelée femme, quand bien même elle est intacte ; « femme » en raison de son apparence physique, quand bien elle est inviolée ; « femme » en raison de sa nature, quand bien elle ignore tout de la rencontre avec l’homme. » (Lettres, Livre III, Lettre 176, PG 78, 865D-868D)

Théodoret de Cyr (393-458) :

«Certains ont interprété l’expression « Emmener une femme comme sœur » de la façon suivante : de même que des femmes croyantes s’attachaient aux pas du Seigneur et pourvoyaient aux besoins de ses disciples, de même certains des apôtres étaient accompagnés de femmes qui faisaient montre d’une foi plus ardente ; elles s’attachaient à leur enseignement et elles collaboraient à l’œuvre divine de la prédication. » (Commentaire de la Première aux Corinthiens, sur I Corinthiens IX, 5, PG 82, 293 B)

Nous trouvons une exégèse identique chez l’Ambrosiaster (IVè siècle), Sédulius (Vè siècle), et même Théophylacte d’Ohrid (1030-1108) dont le témoignage est d’autant plus significatif qu’il est fait par un évêque de l’église orthodoxe, postérieurement au schisme, et considéré comme un saint par l’église orthodoxe, qui accepte d’ordonner des hommes mariés sans que ceux-ci n’aient à renoncer à leur vie conjugale.

f) Une preuve indirecte de l’apostolicité du célibat des prêtres

Tout cela constitue une preuve indirecte de l’apostolicité du célibat des prêtres. En effet, qui y aurait-il eu de mieux placé que les épouses des apôtres concernés pour remplir cet office auprès de leurs maris ? Répondra-t-on qu’ils risquaient de ne pas résister au désir d’avoir des rapports conjugaux ? Si tel est le cas, quel preuve plus éclatante qu’ils étaient tenus à la loi de la continence ? Notons d’ailleurs, comme plus haut lorsque nous avons prouvé que les apôtres mariés ont cessé leur vie conjugale lors de leur appel à l’apostolat, que si les apôtres, pourtant affermis et remplis d’une capacité exceptionnelle pour la prédication à la Pentecôte, avaient ce besoin pour le ministère de ne pas mener de vie conjugale, alors qu’en sera-t-il des prêtres bien inférieurs en grâce dans la suite des siècles ?!

g) Une remarque pour les orthodoxes qui voudraient utiliser cet argument pour justifier que leurs prêtres puissent être mariés

Nous précisons que cet argument est employé, comme celui des versets de saint Paul parlant des Evêques « mariés une seule fois », par les orthodoxes pour justifier que leurs prêtres puissent être mariés. Nous répondons dès ici, comme pour cet argument, que si les protestants pourraient éventuellement trouver dans les versets cités un argument contre le célibat des prêtres (ce qui est faux bien sûr, comme nous l’avons démontré), ce n’est pas le cas des orthodoxes ! En effet, dans les versets cités, saint Paul parle des Evêques. Or, les orthodoxes considèrent le concile « In Trullo » (691-692) comme infaillible, or celui-ci enseigne que les Evêques doivent être célibataire, ou vivre sans leurs épouses, et ce de droit divin :

« 12.- Qu’aucun évêque ne doit cohabiter avec son ex-épouse.
Il est venu de même à notre connaissance qu’en Afrique et en Libye et en d’autres lieux les pasteurs aimés de Dieu de ces territoires ne laissent pas que de cohabiter avec leurs épouses, même après que le sacre leur fut conféré, offrant ainsi aux peuples une pierre d’achoppement et un scandale. Ayant donc le grand souci que tout se fasse pour l’édification des peuples que nous avons à régir, nous avons décidé qu’une telle manière d’agir n’ait plus lieu. Nous ne disons pas cela pour enfreindre ou renverser les ordonnances apostoliques, mais pour procurer le salut des peuples et leur progrès dans la vertu, et pour n’offrir aucune occasion de blâme contre la discipline ecclésiastique ; en effet, le divin apôtre dit :  « Faites tout pour la gloire de Dieu, ne donnez de scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Eglise de Dieu c’est ainsi que moi-même je m’efforce de complaire à tous en toutes choses, en cherchant non mon propre avantage, mais celui du grand nombre, afin que beaucoup d’hommes soient sauvés : soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ « . Si quelqu’un est pris faisant cela, qu’il soit déposé. » (Concile « in Trullo », Canon 12)

Aussi les  orthodoxes ne peuvent-ils pas non plus tirer argument de ce passage, puisque les apôtres étaient Evêques et avaient même une mission bien supérieure à celle des Evêques !

En conséquence ils ne peuvent pas affirmer que les apôtres supérieurs aux Evêques aient eu ce droit, alors que dans le même temps ils affirment que les Evêques n’y ont pas droit, tandis ce que les simples l’ont. Cela signifie que, dans leur logique, plus on monte dans la hiérarchie, plus notre état de vie est incompatible avec le mariage. Nous montrons par le concile « in Trullo », qu’ils reconnaissent comme infaillible, leur doctrine sur l’état matrimonial des Evêques (Canon 12) et des diacres et prêtres (Canon 13), ainsi que les contradictions entre les deux dans notre article :

Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692) prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ

Il faut aussi souligner que, comme pour versets de saint Paul parlant des Evêques « mariés une seule fois », tous les Pères de l’Eglise qui donnent une exégèse de ce verset affirment qu’il ne saurait fonder un droit à mener une vie conjugale ni pour les apôtres et autres prédicateurs de l’Evangile, comme nous venons de le voir. Or pour les orthodoxes l’unanimité des Pères de l’Eglise est un enseignement infaillible.

4) Saint Pierre n’était-il pas marié ?

Une question se pose alors : l’apôtre saint Pierre n’était-il pas marié ? N’avait-il pas une belle-mère (Matthieu VIII, 14 ; Marc I, 30 ; Luc IV, 38) ? La réponse à cette question, nous l’avons déjà donné. D’une part dans notre section intitulée « C) Les apôtres mariés ont cessé d’user du mariage après leur vocation à l’apostolat » dont le titre parle de lui-même et produit les témoignages des Pères de l’Eglise sur le sujet. Et d’autre part en citant l’Ecriture Sainte que nous re-citons ici :

« Alors, prenant la parole, Pierre lui dit : « Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit « […] quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle. » (Matthieu XIX, 27-29)

Ainsi, non seulement saint Pierre nous apprend que lui et les autres disciples qui étaient mariés avaient cessé toute vie conjugale !

C’est aussi l’enseignement de tous les Pères de l’Eglise traitant de la question : les ministres de l’Evangile (donc saint Pierre) ont toujours du cesser leur vie conjugale lors de leur vocation.

Nous soulignons ces témoignages concernant saint Pierre en particulier, de Saint Jérôme (347-420) :

« Vous me direz peut-être qu’il n’appartient qu’aux apôtres et à ceux qui aspirent à la perfection, de vivre dans un si grand détachement des choses de la terre. Mais pourquoi ne voudriez-vous pas être parfait ? Pourquoi refuseriez-vous de tenir le premier rang dans la famille de Jésus-Christ, comme vous le tenez dans le monde ? Est-ce parce que vous avez été marié ? Saint Pierre l’était aussi, et cependant il quitta sa femme , sa barque et ses filets. Au reste le Seigneur, qui désire le salut de tous les hommes et qui aime mieux la conversion du pécheur que sa mort , vous a ôté ce prétexte spécieux, en vous enlevant votre femme qui, bien loin de vous retenir sur la terre, vous invite maintenant à la suivre dans le ciel. » (Lettre à Julianus, écrite en 407)

 

« En arrivant à l’Evangile, il [Jovinien] nous présente Zacharie et Elisabeth, Pierre et sa belle-mère, et, avec une impudeur à laquelle nous nous sommes maintenant habitués, il ne comprend pas qu’ils auraient dû eux aussi être comptés parmi ceux qui ont servi la Loi. Car l’Évangile n’avait pas d’existence avant la crucifixion du Christ – il a été consacré par sa passion et par son sang. Conformément à cette règle, Pierre et les autres apôtres […] avaient bien des femmes, mais ils se seraient mariés avant d’appartenir à l’Evangile, ils ont cessé d’user du mariage, lorsqu’ils ont été élevés à l’apostolat. Car lorsque Pierre, représentant les Apôtres, dit au Seigneur « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre » [Matthieu XIX, 27], le Seigneur lui répondit : « Je vous le dis, en vérité, nul n’aura quitté sa maison, ou ses parents, ou ses frères, ou son épouse, ou ses enfants, à cause du royaume de Dieu, sans qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et dans le siècle à venir la vie éternelle. » [Luc XVIII, 29-30]. Mais si, pour montrer que tous les apôtres avaient des femmes, il argumente avec les mots : « N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme [ou une épouse car γυνή en grec a les deux sens] chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » [I Corinthiens IX, 5], qu’il ajoute ce qui se trouve dans les copies grecques : qu’il ajoute ce que l’on trouve dans les copies grecques : « N’avons-nous pas le droit de parler de femmes qui sont sœurs ou épouses ? » [I Corinthiens IX, 5]. Cela montre clairement que l’auteur a fait référence à d’autres femmes saintes qui, conformément à la coutume juive, s’occupaient de leurs maîtres de leur substance, comme nous l’avons lu, c’était la pratique avec notre Seigneur lui-même. Lorsqu’il est question de manger et de boire, et de dépenser de l’argent, et qu’il est ensuite fait mention de femmes qui sont sœurs, il est tout à fait clair, comme nous l’avons dit, que nous devons comprendre non pas les épouses, mais les femmes qui exercent le ministère de leur subsistance. Et nous avons lu le même récit dans l’Ancien Testament du Shunamite qui avait l’habitude d’accueillir Elisée et de lui mettre une table, du pain, un chandelier et le reste. En tout cas, si nous considérons que γυναίκας signifie « épouses » et non « femmes », l’ajout du mot « sœurs » détruit l’effet du mot « épouses » et montre qu’elles étaient liées par l’esprit et non par le mariage. Néanmoins, à l’exception de l’apôtre Pierre, il n’est pas ouvertement déclaré que les apôtres avaient des femmes ; et puisque la déclaration est faite pour l’une d’entre elles alors que rien n’est dit sur le reste, nous devons comprendre que ceux dont l’Écriture ne donne pas cette description n’avaient pas de femmes. » (Contre Jovinien, livre I, chapitre 26, PL, XXIII, 258-259)

IV) Le célibat sacerdotal dans l’histoire de l’Eglise

A) Des indices dans les temps premiers temps de l’Eglise

1er indice :

La liste des des ecclésiastiques mariés des trois premiers siècles ne compte que quelques dizaines de noms; ce qui indique en soit que c’était un phénomène rare. De plus, rien ne permet de dire qu’ils aient continué à avoir une vie conjugale après avoir avoir été élevés aux ordres sacrés.

L’abbé COCHINI dira à ce sujet :

« La liste nous montre qu‘il n’existe aucun exemple de clerc marié dont on puisse affirmer qu’il a vécu maritalement avec son épouse après l’ordination en conformité avec une coutume reconnue ou une discipline officielle. Bien plus, les récits nous prouvent que certains vécurent dans la continence parfaite par soumission à une discipline bien établie, comme dans les Gaules ou en Italie. Dans d’autres cas, comme pour l’Arménie en communion avec Rome, on peut le supposer avec raison. »

Pour consulter la liste de ces clercs : cliquer ici.

2ème indice :

Plusieurs témoignages antique font état de la supériorité du célibat sur le mariage, pour le service du Christ.

Saint Clément de Rome (Ier siècle) :

« Que le fort prenne souci du faible, que le faible respecte le fort. Que le riche secoure le pauvre, que le pauvre rende grâces à Dieu de lui avoir donné quelqu’un qui subvienne à ses besoins. Que le sage manifeste sa sagesse non par des paroles, mais par de bonnes oeuvres. Que l’humble ne se rende pas témoignage à lui-même, mais qu’il laisse ce soin à d’autres. Que celui qui est chaste dans sa chair ne s’en glorifie pas, sachant que c’est à un autre qu’il doit sa continence. » (Lettre aux Corinthiens, XXXVIII, 2)

Rappelons que saint Clément n’est pas n’importe qui ! Il est le disciple de trois apôtres, l’un des collaborateurs les plus importants de saint Paul, entre autres, certainement pour la rédaction de l’Epître aux Hébreux, et qu’en tant que quatrième pape, il eut à régler un conflit survenu dans l’Eglise de Corinthe, et ce alors même que l’apôtre saint Jean ainsi que le disciple saint Timothée, pourtant le disciple principal de l’évangélisation de Corinthe, étaient toujours en vie ! Pour connaître tous les détails, se référer à notre article sur le sujet (cliquer ici).

Saint Ignace d’Antioche (vers 35-vers 112), disciple des saint apôtres Pierre et Jean :

« Si quelqu’un peut demeurer dans la chasteté en l’honneur de la chair du Seigneur, qu’il demeure dans l’humilité. » (Lettre à Polycarpe, V, 2)

Saint Justin Martyr (vers 100-165) :

« [après avoir rappelé les versets vus plus haut: Matthieu V, 28-29; XVIII, 9, cf. Marc IX, 47;  Or, beaucoup d’homme et de femmes, instruits dès leur enfance dans le loi du Christ, sont restés purs jusqu’à soixante et soixante-dix ans: je me flatte de vous en citer des exemples dans toutes les classes. » (Premières apologie, XV)

Polycrate d’Éphèse dans la lettre qu’il adressa au pape Victor vers 190, parla de  Saint Méliton, évêque de Sardes en Asie Mineure dans la deuxième moitié du IIème siècle comme de « l’eunuque Mélition » (cité par Eusèbe de Césarée, in Histoire ecclésiastique, V, 24) Le terme d’« eunuque » certainement à comprendre dans le sens de Matth XIX, 11-12, d’autant plus qu’il ajoute juste après: « [Méliton] qui a vécu entièrement clans le saint Esprit », ce qui fait certainement écho à une vie toute dévouée à Dieu sans partage avec l’amour pour une femme. Mais les trois exemples suivants sont les plus importants car les plus explicités. Son témoignage est précieux car il affirmé tenir la Tradition de saint Jean, saint Philippe et ses filles, saint Polycarpe, saint Méliton de Sardes et des sept membres de sa familles évêques avant lui (Histoire ecclésiastique, XXIV, 2-6)

Clément d’Alexandire (vers 150-vers 220) :

« Paul lui-même ne craint pas, dans une de ses épitres, d’adresser la parole à sa femme, qu’il ne conduisait pas partout avec lui, à cause de la promptitude et de la liberté que réclamait son ministère. Aussi dit-il, dans une de ses épitres :

« N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme qui soit notre sœur en Jésus-Christ, comme font les autres apôtres ? »

Ceux-ci, en effet, attachés aux devoirs de la prédication, conformément à leur ministère, et ne devant pas en être distraits, menaient partout avec eux des femmes, non pas en qualité d‘épouses, mais avec le titre de sœurs, pour leur servir d’interprètes auprès des femmes que leurs devoirs retenaient à la maison, et afin que, par ces intermédiaires, la doctrine du Seigneur pénétrât dans les gynécées, sans que la malveillance pût les blâmer ou élever d’injustes soupçons. » (Stromates, III, 6)

Tertullien (vers 155-vers 230) :

« Que de saints personnages, que de vierges dans les ordres ecclésiastiques qui sont voués à la continence, qui ont préféré épouser Dieu seul, qui ont réhabilité l’honneur de leur chair, et qui se sont montres d’avance les fils du siècle à venir, en retranchant au fond d’eux-mêmes la convoitise de la passion et tout ce qui ne peut entrer dans le paradis! Il faut conclure de là que tous ceux qui veulent entrer dans le paradis doivent enfin s’abstenir de tout ce qui n’y entre pas. » (Exhortation à la chasteté, XIII)

3ème indice :

Nous pourrons constater avec certitude dès le IVè siècle que cette discipline du célibat est gardée par toutes les Églises apostoliques. Celles-ci sont les Églises qui ont été personnellement fondées par les Apôtres (Rome, Alexandrie, Antioche…) ou qui en dérivent directement (l’Église d’Afrique, des Gaules, d’Espagne…). Si ces Églises connaissent une diversité d’usages et de coutumes, notamment en liturgie, elles s’accordent sur les points de doctrine et de discipline tant qu’elles demeurent en communion avec l’Église de Rome. Le témoignage de cette dernière est de première importance :

« Car c’est à cette Église de Rome, à cause de sa primauté [ou « de son origine plus excellente », selon certaines traductions], que doivent se rattacher toutes les autres Églises et tous les fidèles répandus sur la terre, la considérant comme le principal dépôt de la tradition transmise par les apôtres. » (Saint Irénée, Contre les hérésies, III, 3, 2)

Or les décrétales du pape saint Sirice (qui seront évoquées plus loin) répondant à des contestations isolées, attestent de la fermeté de l’obéissance des Églises occidentales à la tradition de la continence des clercs explicitement reconnue comme apostolique. De plus, un grand nombre d’hommes jouissant d’une grande autorité morale et intellectuelle, les Pères de l’Église, s’accordent pour promouvoir la continence parfaite après l’ordination en la présentant comme une tradition apostolique. Aucune contradiction ne se fait entendre à ce sujet de manière stable et influente. Chez les Pères de l’Eglise : la continence parfaite est largement attestée chez les auteurs influents du IVe siècle souvent de manière plus indirecte, il est vrai, que dans les actes des Papes et des conciles, mais non moins certaine :

« C’est pourquoi, selon Ch. Cochini, il est tout à fait légitime, et conforme aux principes d’une bonne méthode historique, de prendre en compte la revendication d’une origine de la loi remontant aux Apôtres, telle qu’elle s’exprime au quatrième siècle. »

4ème indice :

Comme nous le reverrons plus bas, les législateurs ecclésiastiques des IVème et Vème siècles prendront des dispositions sur le célibat des clercs en affirmant que ces décisions était fondées sur l’héritage apostolique, et ce, sans qu’aucune voix ne s’élève pour contester le fait. Ces propos furent même tenus par les évêques des villes où nous trouvions des clercs mariés dans les trois premiers siècles (voir le 2ème indice), toujours sans aucune contestation: c’est une preuve indirecte que ces clercs mariés des trois premiers siècles devaient observer la continence parfaite avec leurs épouse après leur élévation aux ordres sacrés, sinon, on aurait pu leur opposés ces exemples avec raison, ce qui ne fut pas fait.

5ème indice :

Vers 194, un nommé Demetrius devint évêque d’Alexandrie (il fut alors l’évêque de Clément d’Alexandrie et d’Origène) et son l’élection ne fut acceptée par la communauté chrétienne d’Alexandrie que lorsqu’on apprit qu’il avait toujours gardé la continence avec son épouse. Il est dit que l’histoire a pu être enjolivée; si tel est le cas, elle prouve de toute façon que déjà à l’époque, sacerdoce et célibat étaient liés; si elle ne l’est pas, cela prouve que l’obligation du célibat pour les ecclésiastiques existait déjà dans sa forme actuelle dans la deuxième moitié du IIème siècle.

6ème indice :

Saint Lucius Ier (pape de 253 à 254) combattit la cohabitation entre les prêtres et des femmes ayant plus de trois degrés de parenté avec eux (c’est a dire le seuil requis pour se marier…), ainsi qu’entre les clercs et les diaconesses.

7ème indice :

Saint Gabin de Rome (mort vers 296), martyr, frère du Pape saint Caïus se fit ordonner prêtre seulement après être devenu veuf.

8ème indice :

Urbice (mort en 312), qui devint évêque de Clermont-Ferrand à la fin du IIIème ou au tout début du IVème siècle a du regarder sa femme comme sa soeur depuis son élévation à l’épiscopat.

B) Les premiers témoins : Tertullien (vers 155-vers 230) en Occident,  Clément d’Alexandrie (vers 150-vers 215) et Origène (vers 185-vers 254) en Orient

Nous avons vu plus haut que Tertullien (vers 155-vers 230) enseigne :

« Que de saints personnages, que de vierges dans les ordres ecclésiastiques qui sont voués à la continence, qui ont préféré épouser Dieu seul, qui ont réhabilité l’honneur de leur chair, et qui se sont montres d’avance les fils du siècle à venir, en retranchant au fond d’eux-mêmes la convoitise de la passion et tout ce qui ne peut entrer dans le paradis! Il faut conclure de là que tous ceux qui veulent entrer dans le paradis doivent enfin s’abstenir de tout ce qui n’y entre pas. » (Exhortation à la chasteté, XIII)

 

« Voilà quels témoins rencontre l’Enfant-Dieu; il n’en aura pas d’autres dans un âge plus avancé. Pierre lui seul sera marié ; sa belle-mère me l’indique ; qu’il ait été monogame, je le conjecture par l’Eglise qui, fondée sur lui, devait composer de monogames l’ordre hiérarchique de ses rangs. Quant aux autres, dès que je ne trouve pas qu’ils aient été mariés, il faut nécessairement que je les suppose vierges et continents. En effet, de ce que chez les Grecs l’entraînement de la coutume désigne, par un nom générique la femme et l’épouse, quoiqu’ils aient un terme particulier pour cette dernière, ce n’est pas une raison pour conclure des paroles de Paul que les apôtres aient eu des épouses. Si, en effet, il eût traité la question du mariage comme il le fait dans ce qui suit, où l’Apôtre aurait pu citer quelque exemple plus approprié, ce serait à bon droit qu’il paraîtrait dire :

« N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous des épouses, comme font les autres apôtres et Céphas ? »

Mais puisqu’il ajoute aussitôt des choses qui prouvent son désintéressement dans les aliments qu’il pouvait exiger des fidèles : «N’avons-nous pas le droit d’être nourris à vos dépens?» c’était démontrer que les apôtres ne menaient point partout avec eux des épouses, —- ceux qui n’en ont pas ne laissent pas d’avoir le droit d’être nourris, —- mais simplement des femmes qui les servaient, au même titre que celles qui accompagnaient le Seigneur.

D’ailleurs, si Jésus-Christ «reproche aux Scribes et aux Pharisiens de s’asseoir dans la chaire de Moïse, sans pratiquer ce qu’ils enseignaient,» comment supposer qu’il établissait dans sa propre chaire des hommes qui ne savaient pas prescrire, encore moins pratiquer la sainteté de la chair qu’il leur avait appris de toute manière à enseigner et à. pratiquer, d’abord par son exemple, ensuite par le raisonnement? » (De la monogamie, VIII)

Quant à Clément d’Alexandrie (vers 150-vers 215) :

« Paul lui-même ne craint pas, dans une de ses épitres, d’adresser la parole à sa femme, qu’il ne conduisait pas partout avec lui, à cause de la promptitude et de la liberté que réclamait son ministère. Aussi dit-il, dans une de ses épitres :

« N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme qui soit notre sœur en Jésus-Christ, comme font les autres apôtres ? »

Ceux-ci, en effet, attachés aux devoirs de la prédication, conformément à leur ministère, et ne devant pas en être distraits, menaient partout avec eux des femmes, non pas en qualité d‘épouses, mais avec le titre de sœurs, pour leur servir d’interprètes auprès des femmes que leurs devoirs retenaient à la maison, et afin que, par ces intermédiaires, la doctrine du Seigneur pénétrât dans les gynécées, sans que la malveillance pût les blâmer ou élever d’injustes soupçons. » (Stromates, III, 6)

Origène (vers 185-vers 254) dit explicitement :

« Si la prière du juste est pour Dieu un encens qu’il accepte volontiers, si l’élévation de ses mains est comme le sacrifice du soir (Ps. CXL, 2) ; si, d’un autre côté, l’Apôtre dit aux personnes engagées dans le mariage : Ne vous refusez point l’un à l’autre le devoir conjugal, si ce n’est d’un mutuel consentement et pour un temps, afin de vous exercer à l’oraison, et ensuite revenez à vivre ensemble comme auparavant (I Cor., VII, 5) ; il est certain que le sacrifice perpétuel est impossible à ceux qui s’embarrassent dans les nécessités du mariage. De là il me semble s’ensuivre comme une conséquence nécessaire, qu’il n’appartient d’offrir le sacrifice perpétuel [c’est-à-dire la messe, il parle donc des prêtres], qu’à celui qui se dévoue lui-même à une chasteté perpétuelle. » (Homélie XXIII sur les Nombres)

Origène développe également une exégèse des descriptions bibliques des vêtements des prêtres dans l’Ancienne Alliance comme signifiant le devoir de continence des prêtres de la Nouvelle Alliance. Cette exégèse est peut-être fausse en elle-même, peut-être que ces passages de l’Ancien Testament n’ont pas pour vocation de signifier ce qu’explique Origène, mais il n’en demeure pas moins que si Origène a développé cette exégèse, cela ne pouvait être que parce que celle-ci était plausible au vu d’un usage déjà antique à son époque de continence du clergé. Origène a remarqué que, dans l’Exode, la description du costume du grand-prêtre comprend huit vêtements, tandis que, dans le Lévitique, on en trouve seulement sept. Il se demande quelle est la signification de cette particularité. Le vêtement qui manque, dans le Lévitique, est le caleçon. Comme ce vêtement est un symbole de la chasteté, Origène propose de voir là une allusion au fait que, dans l’Ancien Testament, il était permis aux prêtres, à certains moments, d’avoir des relations avec leurs épouses afin de s’assurer une descendance. Mais il ne voudrait pas entendre cette manière de comprendre aux prêtres de l’Église. Ceux-ci peuvent également aspirer à la paternité, mais à une paternité spirituelle, à l’instas de saint Paul. Que tantôt ils portent des caleçons, et tantôt non, signifie  dans leur cas, qu’ils s’abstiendront de répandre la semence de la Parole lorsqu’ils se trouvent en face d’auditeurs mal disposés. Origène répugne donc à l’idée que les prêtres de l’Église puissent avoir des enfants selon la chair :

« Nous ne devons pas non plus passer sous silence le détail suivant  qui pourrait être relevé par un lecteur attentif, et à propos duquel je suis souvent demeuré moi-même en arrêt. Quand je lis, dans l’Exode les prescriptions qui concernent le costume sacerdotal, je constate qu’il y a huit vêtements destinés au grand-prêtre [Exode XXVIII]; ici, on en compte seulement sept [Lévitique VIII, 7-9]. Je recherche donc ce qui a été omis, Le vêtement qui figure en huitième place, là-bas, est la culotte, ou bien, comme nous lisons ailleurs, les « caleçons de lin » 6, qu’il a passés sous silence, ici, parmi les autres vêtements. Que dirons-nous donc ? Allons-nous supposer un oubli, dans les paroles du Saint-Esprit ? Alors qu’il a répété tout le reste une seconde fois, ce seul vêtement dont question plus haut, lui aurait échappé ? Je n’ose pas penser cela des saintes paroles ! Mais nous avons dit, dans ce qui précède, que cette sorte de vêtement, qui enve oppe es cuisses ou qui enserre les reins et les organes génitaux, paraît être un symbole de la chasteté [Homélies sur le Lévitique, IV, 6, GCS, 29, 324, 8-10]. Nous pouvons donc nous demander s’il ne veut pas dire que, chez les prêtres de ce temps-là, ces parties du corps n’étaient pas toujours tenues enserrées. De temps en temps, en effet, il leur est permis de perpétuer leur race et de se donner une descendance, pour leur succéder. Mais pour ma part, je n’étendrais pas cette façon de comprendre aux prêtres de l’Église. Car je vois autre chose, qui s’accorde avec le mystère. Dans l’Église également, en effet, les prêtres et les docteurs peuvent engendrer des enfants, tout comme celui qui disait : « Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » [Galates IV, 19]. Et il dit encore ailleurs : « Auriez-vous des milliers de pédagogues dans le Christ, que vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui, par l’Évangile, vous ai engendrés dans le Christ Jésus » [I Corinthiens IV, 15]. Ces docteurs de l’Église, lorsqu’il s’agit d’appeler à la vie ce genre de progéniture, portent parfois des caleçons serrés et s’abstiennent d’engendrer, quand ils ont trouvé en face d’eux des auditeurs chez lesquels ils savent qu’ils ne pourront pas récolter de fruit. On raconte ainsi, dans les Actes des apôtres, à propos de certains, qu’« ils n’ont pas pu dit le texte, « annoncer la parole de Dieu en Asie » [Actes XVI, 6 : Paul, Silas et Timothée], c’est-à-dire qu’ils ont gardé sur eux leurs caleçons et qu’ils se sont contenus, pour ne pas engendrer d’enfants, car les auditeurs étaient tels que chez eux, la semence se perdrait, et il ne se trouverait pas de descendance. De la même façon, quand les prêtres de l’Église voient des oreilles bouchées ou quand ils remarquent des auditeurs fourbes et hypocrites, qu’ils mettent une culotte, qu’ils portent des caleçons, pour que la semence de la parole de Dieu [Luc VIII, 11] ne se perde pas ; car le Seigneur prescrit, lui aussi, la même chose, et déclare : Ne jetez pas ce qui est saint aux chiens, ni vos perles devant les porcs : ils pourraient bien les piétiner, puis se retourner contre vous pour vous déchirer » [Matthieu VII, 6]. » (Homélies sur le Lévitique, VI, 6 ; GCS, 29, 368, 14-369, 16)

Aussi, Origène oppose à l’immoralité des païens, dont l’idolâtrie va souvent de pair avec la débauche la rectitude morale des chrétiens, dont beaucoup sont à ce point éloignés de la perversité de leurs adversaires, qu’ils vont jusqu’à s’abstenir de toute relation sexuelle, même légitime. Il compare ces chrétiens aux « sacrificateurs parfaits » :

« Mais ceux dont ils méprisent si fort la simplicité, qu’ils les traitent de fous et de misérables, ceux-là ne se sont pas plutôt remis entre les mains de Dieu en recevant la doctrine de Jésus, que, bien loin de se souiller dans les impuretés et dans les ordures, et dans toutes les voluptés déshonnêtes de l’amour, on en voit plusieurs qui, comme des sacrificateurs parfaits, pour qui tous les plaisirs de cette nature n’ont aucune amorce, se conservent entièrement purs en eux-mêmes, non contents de s’abstenir de l’acte. Les Athéniens ont leur Hiérophante qui, n’osant se fier à lui-même, ni se promettre de pouvoir si bien modérer l’ardeur de ses désirs, qu’il en soit toujours le maître, les amortit jusque dans leur source par l’usage de la ciguë [à laquelle les anciens attribuaient des vertus aphrodisiaques] ; et qui, dans cet état, est estimé assez pur pour faire le service public de la religion établie par les lois d’Athènes. Mais il s’en voit, parmi les chrétiens, et il ne s’y en voit pas pour un, qui n’ont pas besoin de ciguë pour servir Dieu, purement, et à qui il ne faut point d’autre remède que sa parole, pour bannir de leur cœur toutes les mauvaises pensées, afin qu’ils puissent présenter leurs voeux à la Divinité. » (Contre Celse, VII, 8 ; , GCS, 3, 199, 12-25)

Les « sacrificateurs parfaits » sont donc ceux qui s’abstiennent de toute relation sexuelle, parce qu’il y a, dans celles-ci, quelque chose d’inconvenant, d’impur, de « honteux ». Certes, Origène défend, contre les encratites, la légitimité des relations conjugales : celles-ci ne sont pas mauvaises en soi. Mais il n’en reste pas moins que « ceux qui usent des plaisirs de l’amour sont en quelque façon dans la souillure et dans une certaine impureté » (Commentaire sur saint Matthieu, XVII, 35 ; GCS, 40, 699, 10-12). Cette souillure n’est pas d’ordre moral ; elle se distingue de la souillure du péché. Cependant, elle entraîne une inaptitude temporaire aux actes religieux. Il faut donc suspendre les relations conjugales avant de s’adonner à la prière et de recevoir l’Eucharistie. C’est une référence à saint Paul qui disait : « Ne vous soustrayez pas l’un à l’autre, si ce n’est d’un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière » (I Corinthiens VII, 5), or si l’abstinence favorise la prière et qu’elle est donc conseillé aux laïcs, à combien plus forte raison est-elle conseillée aux prêtres qui ont d’autant plus besoin de prier ?

Quelques années plus tard, en 268, le grand Concile d’Antioche, dit que l’évêque, par prudence, et même pour sa réputation, ne doit admettre aucune femme chez lui, car « lui qui a déjà renvoyé sa femme » ne peut plus en introduire d’autres. Il est clair que cette précision vise la femme légitime, avec laquelle les clercs des ordres majeurs devaient rompre avant leur ordination (cf. Père Christian COCHINI, SJ, Origines apostoliques du célibat sacerdotal, Le Sycomore, série. «horizon » 7, Lethielleux et Culture et Vérité, Paris-Namur, 1981, pp. 211-218).

C) Le Concile d’Elvire (305/306)

1) Texte des canons sur le célibat sacerdotal

« Un évêque, ainsi que tout autre clerc, n’aura avec lui que sa sœur ou sa fille si elle est consacrée à Dieu ; il a été décidé qu’en aucune manière il n’aura avec lui une étrangère. » (Canon 27, DS 118)

 

« Concernant les évêques et ministres (de l’autel), pour qu’ils s’abstiennent de commercer avec leurs épouses.

Il a été décidé d’imposer l’interdiction absolue suivante aux évêques, aux presbytres et aux diacres, ainsi qu’aux clercs qui assurent le ministère: ils s’abstiendront de leur épouse et n’engendreront pas d’enfants; quiconque le fera sera chassé du rang des clercs. » (Canon 33, DS 119)

2) Ancienne thèse de l’invention du célibat sacerdotal

Cette loi du concile d’Elvire étant le premier document canonique sur la continence des clercs que nous connaissions, plusieurs en ont conclu qu’elle inaugurait une discipline nouvelle. François-Xavier FUNK :

« Le synode d’Elvire de l’an 300 marque un tournant. Le canon 33 de ce synode impose en effet aux clercs supérieurs… une continence absolue, tandis qu’il avait été jusqu’alors permis de poursuivre la vie matrimoniale même après l’ordination si le mariage avait été contracté avant cette dernière. » (Revue Theologische Quartalschrift, article Der Cölibat keine apostolische Anordnung, 1879)

3) Travaux modernes prouvant que ce concile ne fait que codifier une loi déjà enracinée

À sa suite, nombreux sont ceux qui ont pensé de même. Or, l’examen attentif du document et du contexte historique est loin de corroborer ce jugement.

Il faut d’abord rappeler que les archives des églises ont été souvent détruites au cours des persécutions, et que par là s’explique en grande partie la rareté des documents pour les premiers siècles de l’Eglise. En 303, l’édit de Dioclétien ordonna de « raser au sol les églises et de jeter au feu les Livres sacrés ». A Rome, le dépôt déjà considérable des archives et de la bibliothèque pontificales disparut dans les flammes. Des scènes analogues se produisirent dans toutes les provinces de l’empire, et l’Espagne ne fut pas épargnée. Dans ces conditions, on peut seulement se contenter de dire que le canon d’Elvire sur le célibat-continence est le premier de ce genre « qui nous ait été conservé ». Il n’est pas exclu, et il est même fort possible qu’un ou d’autres canons semblables se trouvaient dans les archives incendiées durant les persécutions.

La supposition est d’autant moins gratuite que les Pères du concile d’Elvire ne donnent nullement l’impression d’innover. Rien n’est dit de la liberté d’user du mariage qu’auraient eu jusqu’alors les clercs mariés, alors qu’une mesure de cette importance eût nécessité qu’on s’y réfère, pour expliquer pourquoi on y mettait fin. Quand on réfléchit à la nature des exigences posées, le silence des législateurs sur ce point se comprend plus facilement dans le cas où ils réitèrent et confirment une pratique déjà en vigueur, que dans le cas contraire. On n’impose pas brusquement à des époux la rude ascèse de la continence parfaite, sans dire pourquoi ce qui était jusqu’alors permis devient tout à coup défendu. Surtout, si comme c’est le cas, on prévoit des peines canoniques sévères pour les contrevenants. En revanche, il s’agissait de remédier à des infractions à une règle déjà ancienne. On voit mieux que les évêques espagnols n’aient pas éprouvé le besoin de justifier une mesure aussi exigeante. En supposant même que même le décret d’Elvire soit le premier, chronologiquement parlant, cela ne signifie pas que la pratique antérieure ce l’Eglise ait été différente. Un assez grand nombre de points touchant à la doctrine et à la discipline n’ont pas fait à l’origine l’objet d’une exploitation. Ce n’est qu’avec le temps, et sous la pression de circonstances inédites, que ces vérités de foi d’abord admises par tous firent l’objet de définitions dogmatiques et que des traditions observées depuis les origines de l’Eglise revêtirent une forme canonique. Ce principe bien connu de méthodologie générale sur la formation des normes juridiques de l’Eglise peut éclairer de façon juste la préhistoire du concile d’Elvire.

Il est d’autre part remarquable que personne, à l’époque, ne semble avoir accusé le concile de nouveauté. Or, s’il s’était agi d’une nouveauté, la lourde obligation de la continence parfaite aurait paru odieuse à plus d’un, et les Pères d’Elvire n’auraient pu l’introduire sans soulever un tollé de protestations et s’attirer des démentis au nom de la tradition authentique. C’est sans heurt que le 33eme canon d’Elvire fait son entrée dans l’histoire, et ceci confirme encore l’impression que, loin d’être un « tournant » à partir duquel on aurait commencé à imposer aux clercs la continence parfaite, le concile d’Elvire est au contraire un témoin privilégie de la fidélité de l’Eglise d’Espagne à une antique tradition.

Le Père Christian COCHINI commente :

« La discipline du célibat sacerdotal date donc au moins du Concile d’Elvire (305 ou 306). Ce qui ne signifie pas que la règle n’existait pas auparavant (existence de règles apostoliques coutumières). »

Mais cette règle est bien plus ancienne :

« Nous pensons que l’unanimité des témoignages des Pères sur le genre de vie menée par les apôtres au lendemain de leur vocation a été l’un des supports qui servirent à transmettre la discipline du célibat-continence comme une tradition d’origine apostolique […]  Le principe augustinien voulant que :

« ce qui est gardé par toute l’Eglise et a toujours été maintenu, sans avoir été établi par les conciles, (soit) regardé à juste titre comme n’ayant pu être transmis que par l’autorité apostolique » nous paraît donc trouver dans la discipline du célibat-continence des membres supérieurs du clergé que connaissaient les premiers siècles une application adéquate et justifiée. L’examen des documents et des faits historiques auquel nous nous sommes livrés le démontre, croyons-nous, avec assez de certitude. Concluons que l’obligation faite aux diacres, aux prêtres et aux évêques mariés de garder la continence parfaite avec leur épouse n’est pas dans l’Eglise le fruit d’une élaboration tardive, mais est au contraire, dans toute l’acception du terme, une tradition non-écrite d’origine apostolique qui, à notre connaissance, trouva sa première expression canonique au IVe siècle. » (Père Christian COCHINI, Les Origines apostoliques du célibat sacerdotal, p. 474-475).

Et le Père Ignace de La POTTERIE, SJ, ajoute :

« Les chercheurs s’accordent généralement pour dire que l’obligation du célibat ou du moins de la continence est devenu une loi canonique depuis le IV siècle […]. Mais il est important d’observer que les législateurs des IV° et V° siècles affirmaient que cette disposition canonique était fondée sur une tradition apostolique. Le Concile de Carthage (en 390) disait par exemple : « Il faut que ceux qui sont au service des mystères divins soient parfaitement continents (continentes esse in omnibus) afin que ce qu’ont enseigné les apôtres et a maintenu l’antiquité elle-même, nous l’observions nous aussi » » (Père Ignace de La POTTERIE, SJ, Le fondement biblique du célibat sacerdotal, dans Riflessioni sul celibato sacerdotale, Cinisello BALSAMO, 1993, pp. 14-15)

Le Cardinal Alfons Maria STICKLER commente :

« A la lumière des fins poursuivies par le concile d’Elvire, du droit et de l’histoire du droit dans la culture juridique romaine qui dominait alors aussi en Espagne, il est impossible que le canon 33 (de même quele canon 27) comme étant une loi nouvelle. Il se révèle bien plutôt être à l’évidence une disposition édictée contre une inobservation de largement répandue de l’engagement pris et bien connu auquel on a désormais associé la sanction radicale suivante : ou bien observer l’engagement pris ou bien renoncer à l’état clérical. S’il s’était agi d’un réelle nouveauté avec, par rapport à des droits déjà acquis, des effets rétroactifs décrétés de façon aussi générale, elle aurait certainement suscité une tempête d’indignation contre une rupture du droit aussi évidente [ndlr : et aux conséquences aussi énormes touchant à autant à l’intime et à ce dont il est très dur de se défaire]. Pie XI l’a déjà clairement reconnu lorsqu’il a constaté dans son encyclique sur les prêtres que cette cette loi écrite supposait l’existance d’une pratique antérieure (Acta Apostolicae Sedis (AAS) 28, Roma 1936, 25). » (Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998, pp. 21-22)

Voici ce que disait Pie XI dans cette fameuse encyclique :

« Mais au sacerdoce chrétien, si supérieur à l’ancien, convenait une pureté beaucoup plus grande. De fait, la loi du célibat ecclésiastique, dont la première trace écrite, qui suppose évidemment une coutume plus ancienne, se rencontre dans un canon du Concile d’Elvire [28] au début du IVe siècle, alors que la persécution sévissait encore, ne fait que rendre obligatoire une certaine exigence morale, pourrions-nous dire, qui ressort de l’Évangile et la prédication apostolique. Constater la haute estime dont le divin Maître avait fait montre pour la chasteté en l’exaltant comme une chose qui dépasse les forces ordinaires (cf. Mt 19, 11) ; savoir qu’il était « fleur d’une mère vierge » [29], et depuis l’enfance élevé dans la famille virginale de Marie et de Joseph ; voir sa prédilection pour les âmes pures, comme les deux Jean, le Baptiste et l’Évangéliste ; entendre le grand Apôtre Paul, fidèle interprète de la loi évangélique et des pensées du Christ, prêcher le prix inestimable de la virginité, spécialement dans le but d’un service de Dieu plus assidu : celui qui est sans épouse se préoccupe des choses du Seigneur ; il cherche comment plaire à Dieu (1 Co 7, 32) ; tout cela devrait pour ainsi dire nécessairement faire sentir aux prêtres de la Nouvelle Alliance l’attrait céleste de cette vertu choisie, leur faire désirer d’être du nombre de ceux à qui il a été donné de comprendre cette parole (cf. Mt 19, 11), et leur faire adopter spontanément cette observance, sanctionnée très tôt par une loi très grave dans toute l’Église latine, « afin que ce que les Apôtres ont enseigné — comme l’affirme à la fin du IVe siècle le IIIe Concile de Carthage — et ce que nos prédécesseurs ont observé, nous aussi, nous y soyons fidèles » [30]. » (Encyclique Ad catholici Sacerdotii, 20 décembre 1935 – Sur le sacerdoce, n°30)

D) Du Concile d’Elvire au Concile de Nicée

1) Les conciles d’Arles et Néocésarée et Eusèbe de Césarée

Concile d’Arles (1er août 314)

Le concile d’Arles édicta 22 canons dont l’authenticité est incontestée. Toutefois, MANSI (Condi, ampliss. coll., t. II, col. 474), rapporte un manuscrit de Lucques qui divise ces vingt-deux canons en vingt-trois, et en rapporte 6 autres, dont il se pourraient qu’ils soient d’un autre concile d’Arles. Toujours est-il que le 6è de ces canons supplémentaires (donc le 29è) lance une condamnation ferme des clercs qui gardent des relations avec des femmes :

« De plus, (préoccupés par) ce qui est digne, pur et honnête, nous exhortons nos frères (dans l’épiscopat) à s’assurer que les prêtres et les diacres n’aient pas de relations (sexuelles) avec leurs épouses, puisqu’ils servent le ministère chaque jour. Quiconque agira contre cette décision, sera déchu de l’honneur du clergé.. »

Concile de Néocésarée (314/315)

« Si un prêtre se marie, il sera exclu des rangs du clergé : s’il commet une fornication ou un adultère, il sera de plus excommunié et soumis à la pénitence » (1er canon ; Labbe, tome 1, colonne 1484)

Certains répondrons peut-être qu’il ne fut jamais question dans la bonne discipline de marier des hommes déjà prêtres. C’est parfaitement exact, mais nous mentionnons quand même ce canon à l’attention de ceux de nos lecteurs qui souhaiteraient que les prêtres puissent se marier en croyant fonder cette volonté en imaginant une origine ancienne.

Eusèbe de Césarée (vers 260-vers 339), premier historien de l’Eglise dont les œuvres nous soient parvenues

« S’il est vrai, comme nous l’avançons, que la foi évangélique ramène le culte suivi par les patriarches qui ont devancé Moïse et que nous n’ayons qu’une même croyance et qu’une même connaissance de Dieu, on pourra nous demander pourquoi ceux-ci désiraient si fortement le mariage et la multiplication de leur famille, tandis que nous négligeons entièrement ce soin. » (Démonstration évangélique, I, 9)

Cela témoigne du célibat du clergé à son époque, et spécialement dans sa région de Palestine. Après avoir posé cette interrogation, il donne la réponse dans les paragraphes qui suivent, je vous invite à la lire en cliquant ici. Et à l’issu du dit chapitre, il nous délivre le premier témoignage connu de l’interprétation de l’ unius uxoris vir telle que nous l’avons présentée en introduction :

« Il faut, dit l’Écriture, qu’un évêque n’ait épousé qu’une seule femme (I Tim., III, 2). Ceux qui sont consacrés à Dieu, et qui se livrent à l’exercice du sacré ministère, doivent s’abstenir désormais de tout commerce avec leur épouse. »

On lira par la suite qu’il fut loin d’être le seul Père à s’exprimer ainsi, mais il fait aussi noter qu’aucune autre interprétation n’eut cours dans l’antiquité chrétienne !

Par ailleurs Eusèbe fait remarquer qu’au temps des patriarches un très petit nombre de justes, qui vivaient à l’écart du restant de l’humanité, plongé dans le péché. Afin que la piété et la crainte de Dieu, dont ils demeuraient les seuls représentants au cœur d’un monde corrompu, ne disparussent pas de la surface de la terre en même temps qu’eux, il leur fallait engendrer des enfants, dont ils pourraient se faire les maîtres et les guides, de manière à laisser aux générations à venir des héritiers de leur vertu. Mais cette raison ne vaut plus de nos jours, observe Eusèbe :

« Nous ajouterons une troisième raison de l’ardeur qu’eurent les anciens fidèles de voir multiplier leur race, tandis que les autres hommes se plongeaient dans le mal, que leurs mœurs devenaient cruelles, inhumaines et sauvages, que leur culte dégénérait en impies superstitions, ces hommes de foi, peu nombreux et faciles à compter, s’écartèrent de la vie commune et des usages du reste du monde. Séparés donc des autres nations et vivant loin d’elles, ils instituèrent des usages contraires, une vie conforme à la sagesse et à la vraie religion et sans aucun commerce avec les autres hommes. Afin donc de conserver à ceux qui viendraient après, comme une étincelle sacrée qui ranimât le culte qu’ils suivaient, et pour qu’à leur mort ne périt pas la sainte piété, ils durent former le dessein d’avoir des enfants et de les élever pour être les maîtres et les précepteurs de leur postérité, persuadés de l’obligation de laisser des héritiers de leur piété et de leur religion à ceux qui viendraient dans la suite des temps. C’est d’eux que descendent les nombreux prophètes, les justes, le Sauveur lui-même, ses disciples et ses apôtres. Si quelques-uns de leurs descendants ont été pervers, ainsi que la paille naît avec le bon grain, il ne faut pas accuser ceux qui furent leurs pères et leurs maîtres ; ne savons-nous pas que quelques disciples du Sauveur s’égarèrent par un écart de leur volonté.

Telle est la cause du dessein que formèrent les patriarches pour la multiplication de leur race, cause qui n’existe plus pour nous ; car aujourd’hui, dans les contrées, dans les villes, dans les campagnes, nous voyons de nos yeux une multitude de nations, des peuples innombrables entraînés par la grâce de Dieu à la lumière de l’Évangile, et animés du même esprit, s’empresser d’acquérir la connaissance de Dieu par les lumières de l’Évangile ; de sorte que les docteurs et les prédicateurs de la parole de vie peuvent à peine suffire, quoique dégagés de tout lien de la vie et de toute sollicitude. Or, l’affranchissement du lien du mariage les oblige à se livrer à des biens plus élevés, parce qu’ils préparent une naissance spirituelle et divine,et qu’ils sont chargés non pas de deux ou de trois enfants, mais d’une multitude innombrable, de leur éducation dans l’ordre de Dieu, et du soin, de diriger le reste de leur vie. » (Démonstration évangélique, I, 9, 14-15, GCS, 23, 42, 1-12)

2) Le concile d’Ancyre, un contre-exemple ?

a) Texte du canon

Les détracteurs du célibat sacerdotal utilisent souvent ce concile tenu en 314, affirmant qu’il aurait permis le mariage des diacres. Mais à la réalité ce concile ne fait que renforcer la position catholique. Voyons d’abord le texte du concile :

« Des diacres qui à leur ordination attestent qu’ils veulent se marier.

Ceux qui sont promus diacres, si au moment de leur promotion, ils déclarent et protestent qu’il leur faut se marier, ne pouvant pas vivre ainsi, et se marient dans la suite, ceux-là pourront continuer leurs fonctions, parce que l’évêque le leur avait permis. Mais, si au moment de leur ordination ils se sont tus et ont accepté de rester ainsi, et plus tard se marient, ils seront démis des fonctions du diaconat. » (Canon 10)

b) Un canon rejeté par le concile in Trullo et les canonistes orthodoxes eux-mêmes

Notons avant toute chose que les orthodoxes qui voudraient se servir de ce canon pour justifier leur discipline, qu’ils ne le peuvent pas :

« Quant au concile d’Ancyre, le canon par lequel il permet le mariage aux diacres qui protesteraient dans leur ordination qu’ils ne veulent pas rester célibataires, a été universellement rejeté, comme l’observe Benoît XIV, d’après Balsamon, Zonare et Aristène. Nous disons le canon de ce concile, et non le concile même, forcé que nous sommes de contredire en ce point M. Jager (pag. 72 de sa brochure [Célibat ecclés. dans ses rapp. relig. et politiques, 2eéd.]). Le canon dont il s’agit a été depuis rejeté par l’Église orientale elle-même, comme contraire à celui du concile in Trullo ; mais cette amélioration opérée dans la discipline n’ôte rien de l’autorité intrinsèque dont le concile d’Ancyre a toujours joui quant à ses décisions en général, et nous ne sachions pas que Benoît XIV l’ait révoquée en doute. » (Chanoine Adolphe-Charles PELTIER, Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847, tome 2, colonne 78, note de bas de page, publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul MIGNE, tomes 14)

c) Un canon qui prouve paradoxalement l’ancienneté de la loi du célibat-continence des clercs

Nous constatons ensuite deux choses.

La première est qu’il s’agit d’une mesure de condescendance envers les diacres qui pensent ne pas pouvoir garder le célibat. En effet, une telle règle aurait-elle été édictée si l’état normal du clerc n’était pas le célibat ? Aurait-on demandé aux diacres s’ils pensaient ne pas pouvoir garder le célibat si un clerc n’était pas normalement censé le gardé ? Lui aurait-on interdit de se marier après son ordination s’il n’y avait pas d’une certaine manière incompatibilité entre la cléricature et le mariage ? Ce canon est à l’évidence une exception à une règle, fondée non sur la liberté évangélique mais sur la faiblesse humaine.

La seconde est que ce canon concerne exclusivement les diacres. En effet, la fin du canon dispose : « si au moment de leur ordination ils se sont tus et ont accepté de rester ainsi, et plus tard se marient, ils seront démis des fonctions du diaconat. » Il est question de la démission des fonctions du diaconat et non du sacerdoce ou de la cléricature d’une manière générale. Cela signifie que pour ce canon, l’exception à la règle du célibat ne concerne que les diacres. Il en découle que ce canon pris dans son intégralité confirme la loi du célibat pour le prêtres. En effet, si un diacre s’étant marié après son ordination diaconale pouvait peut-être garder une vie conjugale après son accès au sacerdoce (à condition que son mariage ne l’empêche pas d’y accéder, du moins en gardant une vie conjugale, ce qui reste à prouver et qui semble être contredit par la pratique universelle de l’Eglise et par ce qui suit), il est en revanche au moins implicite que la mariage est incompatible avec le sacerdoce car il est fait mention de la démission des fonctions du diaconat, et non du sacerdoce, preuve qu’il était quoi qu’il en soit hors de question qu’un mariage puisse être contracté après une ordination sacerdotale.

En lisant cela, un partisan partisan un peu instruit répondra, comme pour le 1er canon du concile de Néocésarée qu’il ne fut jamais question dans la discipline de marier des hommes déjà prêtres. C’est parfaitement exact, mais premièrement, comme lorsque nous mentionnions ce précédent canon, nous le faisions à l’attention de ceux de nos lecteurs qui souhaiteraient (et il y en a) que les prêtres puissent se marier en croyant fonder cette volonté en imaginant une origine ancienne. Et deuxièmement parce que cela manifeste bien l’antique doctrine de l’incompatibilité entre le sacerdoce et l’état matrimonial qui fut bafouée lors du concile « in Trullo » (691-692) (reconnu comme un concile infaillible par l’église orthodoxe), dont nous reparlerons plus bas, et que le présent concile d’Ancyre présente comme une tolérance et non comme une chose normale.

Ainsi, Mgr Justin FÈVRE aura pu dire en peu de mots :

« La première partie de ce canon prouve que les diacres étaient obligés à la continence perpétuelle. Car, s’il n’y avaient été astreints par aucune loi, pourquoi quelques-uns de ceux à qui l’évêque voulait conférer le diaconat auraient-ils déclaré qu’ils avaient besoin de se marier et qu’ils voulaient le faire. La seconde partie ne le prouve pas moins clairement, car, s’il n’y eût aucune loi qui astreignit les diacres à la continence, ils n’y auraient pas été obligés par cela seul qu’ils auraient reçu le diaconat sans rien dire. » (Histoire apologétique de la Papauté, tome 5, page 247)

Cette conclusion sera confirmé plus bas par le cas du concile Grangres ou Gangra (vers 355).

d) Un canon trop laxiste censuré par Justinien en accord avec l’Eglise

Ce canon autorise ceux à qui l’évêque à conféré le diaconat, quoiqu’ils eussent déclaré ne pouvoir garder la continence, à se marier, et en cela il n’est point contraire à la discipline de l’Eglise ; mais il les autorise de plus, au cas qu’ils viennent à se marier, à continuer d’exercer leurs fonctions, parce que l’évêque, en les ordonnant malgré leurs protestations, est censé les avoir dispensés de la loi qui a attaché au diaconat l’obligation de vivre dans la continence, et en cela il est contraire à l’ancienne discipline de l’Eglise. Cette sainte Epouse de Jésus-Christ, toujours conduite par l’esprit de Sagesse, veut et que personne ne soit forcé de renoncer au mariage, et que personne n’allie l’exercice du saint ministère avec l’usage du mariage. Elle a toujours défendu aux évêques, et d’ordonner diacres ceux qui déclarent ne pouvoir garder la continence et vouloir se marier, et de souffrir que les diacres qui, après s’être engagés librement et volontairement à la continence dans leur ordination, viennent à se marier, restent dans le ministère. C’est pour se conformer à l’esprit et à la lettre des saints canons que l’empereur Justinien a proscrit dans le chapitre XIV de sa novelle 123è le relâchement introduit par le concile d’Ancyre ; dans ce chapitre, Justinien s’exprime ainsi :

« Le diaconat ne doit être confère qu’a celui qui aura déclaré qu’il se croit en état de pouvoir vivre dans la continence ; l’évêque ne pouvait permettre à un diacre ou à un sous-diacre de se marier après l’ordination. » (Novelles, 123, 14)

Il ne faudrait pas croire que Justinien imposa cette décision à l’Eglise. Au contraire, en matière religieuse Justinien était soumis en tout à l’Eglise, comme en témoigna sa protestation d’obéissance au Pape.

En effet, l’Empereur Justinien envoya une Profession de foi au Pape Jean II. Celui-ci lui répondit dans une lettre qu’il l’approuvait entièrement. Ces deux documents témoignent abondamment de la foi de l’Eglise universelle en la Papauté. Dans le Code Justinien (Livre I, titre premier, point n°8), la Profession de foi de l’Empereur qui est antérieure à l’approbation du Pape, ne se trouve qu’au travers de la réponse du Pape Jean II qui l’approuve. En effet, Jean II commence par une introduction et une approbation de cette Profession de foi, puis la cite dans son intégralité, et reprend parole pour conclure. En revanche Patrologie latine, la Profession de foi de l’Empereur est entièrement extraite de la lettre de Jean II et placée avant elle, et la reproduction de la lettre du Pape renvoie au texte précédent à l’endroit où Jean II citait l’Empereur. Aussi bien l’introduction, que la Profession de foi copiée, que la conclusion, témoignent de la Papauté. En voici les textes concernant cette doctrine :

Introduction de la lettre du Pape Jean II (470-533)

« Jean, Évêque de Rome, à notre très-illustre et très-clément fils Auguste Justinien.

Outre les éloges mérités qu’on peut donner à votre sagesse et à votre douceur, le plus chrétien des princes, vous êtes distingué encore comme un astre radieux, par l’amour de la foi et de la charité ; et instruit, sur ce qui concerne la discipline ecclésiastique, vous avez conservé la doctrine de la prééminence du siège de Rome ; vous lui avez soumis toutes choses, et vous avez ramené l’unité dans l’Eglise. Le Seigneur a dit au premier de nos prédécesseurs, qui est aussi le premier des apôtres : « Gardez mes brebis » [Jean XXI, 15-17] ; siège que les institutions dès princes, les maximes des pères, et le témoignage de votre piété , déclarent le chef de toutes les églises. […] Nous avons reçu avec le respect accoutumé les lettres de votre majesté, par nos frères et collègues, les très-saints évêques Hipatius et Démétrius ; nous avons appris d’eux que vous avez publié un édit adressé à vos fidèles peuples, dicté par l’amour de la foi, et tendant à détruire les hérétiques ; lequel est selon la doctrine apostolique, et a été confirmé par nos collègues et nos frères les évêques ; nous le confirmons de notre autorité, parce qu’il est conforme à la doctrine apostolique. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 17-18Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Puis prend place la Profession de foi de l’Empereur.

Profession de foi de l’Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

« Justinien, victorieux, pieux, heureux, illustre, triomphant, toujours auguste ; à Jean, Patriarche et très-saint Archevêque de la ville de Rome.

Honorant le siège apostolique et votre sainteté, pour laquelle nous n’avons jamais cessé de faire des vœux, que nous regardons comme notre père, nous nous sommes hâtés de lui donner connaissance de toutes les affaires qui concernent l’état ecclésiastique. Comme nous nous sommes toujours efforcés de maintenir l’unité de votre siège apostolique, et de maintenir les saintes églises de Dieu dans l’état où elles sont aujourd’hui, c’est-à-dire , dans la paix , et exemptes de toutes contrariétés , nous avons engagé tous les prêtres de l’Orient à s’unir et se soumettre à votre sainteté : mais à présent que de nouveaux doutes se sont élevés, quoique sur des choses claires et certaines, et conformes à la doctrine de votre siège apostolique, fermement gardée et professée par tous les prêtres, nous avons cependant cru nécessaire d’en instruire votre sainteté ; car nous ne souffrons pas que les affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses, soient agitées sans que votre sainteté en soit instruite, elle qui est le chef de l’église, car nous nous efforcerons toujours, comme nous avons dit, d’accroître l’honneur et l’autorité de votre siège. […]

§. 2. Tous les prêtres de la sainte église catholique et apostolique et les révérends abbés des saints monastères avant reconnu votre sainteté, approuvant l’état et l’unité des saintes églises qui dérivent de votre siège apostolique […]

§. 3. Nous admettons, ainsi que votre siège apostolique l’enseigne et prêche, quatre saints conciles; 1°. celui des 318 saints pères qui s’assemblèrent dans la ville de Nicée ; 2°. celui tenu dans cette ville par les saints pères, au nombre de 150 ; 3°. celui tenu à Ephèse ; 4°. et enfin , celui de Chalcédoine. Tous les prêtres qui suivent la doctrine de votre siège apostolique croient, confessent et prêchent ces choses. […]

§. 5. Nous demandons donc votre affection paternelle, afin que vous nous fassiez connaître par vos lettres, ainsi qu’aux évêques de cette ville et au patriarche votre frère (qui a écrit lui-même à votre sainteté, par les mêmes députés, qu’il suivait en toutes choses le siège apostolique de votre béatitude), que votre sainteté approuve tous ceux qui croient à ce que nous avons exposé ci-dessus, et qu’elle condamne la perfidie de ceux qui ont osé judaïquement nier la foi légitime. Ainsi l’autorité de votre siège et l’amour de tous pour vous augmenteront ; l’unité et la tranquillité des saintes églises seront assurées, quand les évêques apprendront des députés qui vous ont été envoyés, quelle est la vraie doctrine de votre sainteté. Nous demandons de votre sainteté qu’elle prie Dieu pour nous, et qu’elle nous obtienne sa bienveillance.

La souscription était ainsi : Que la divinité, ô saint et très-religieux père, vous donne une longue vie ! » (Lettre de l’empereur Justinien au Pape Jean II ; PL, tome 66, colonnes 14-17 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Aussi Justinien n’osait rien décider sans en référer au Pape, pas même au sujet de « choses claires et certaines » ou d’ « affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses« , et ce alors même qu’il avait le Patriarche de Constantinople à sa proximité immédiate. C’est une manifestation de la foi orientale en la Papauté.

Conclusion de la réponse de Jean II

« Les seuls qui soient opposés à votre profession de foi sont ceux dont l’Ecriture dit : « Ils ont mis leur espérance dans le mensonge, et ils ont espéré dans le mensonge » [citation libre de Isaïe XXVIII, 15-17] ; ou ceux qui, d’après le prophète, ont dit au Seigneur : « Eloigne-toi de nous, nous ne voulons pas suivre tes voies » [Job XXI, 14] ; ceux dont parle Salomon : « Ils ont erré dans leurs propres voies y et ils amassent avec leurs mains des choses infructueuses » [Proverbes IV]. C’est donc là votre vraie foi et votre vraie religion, que tous les pères, d’heureuse mémoire, comme nous avons dit, ainsi que tous les chefs de l’Eglise romaine, que nous suivons en toutes choses, ont décidé ; ce que le Siège apostolique a jusqu’à présent prêché et gardé fermement ; et s’il existe quelqu’un qui soit opposé à cette confession et à cette Foi du chrétien, il les jugera lui-même hors de la sainte communion et de l’Eglise catholique. […] Observant ce que S. Pierre a établi à ce sujet, nous ne les recevons point dans notre communion, et nous ordonnons qu’ils soient exclus de toute église catholique, à moins que, condamnant leur erreur, ils ne suivent notre doctrine, et déclarent en faire profession ; car il est juste que ceux qui ne s’y soumettent point, soient déclarés exclus des églises. Mais comme l’église ne ferme jamais son sein à ceux qui veulent retourner à elle, c’est pourquoi, s’ils abandonnaient leurs erreurs et leurs mauvaises intentions, je supplie votre clémence, afin que vous les receviez dans votre communion, que vous oubliiez les injures qui ont excité votre indignation, et que, par notre intercession, vous leur pardonniez et leur accordiez votre bienveillance. Nous prions Dieu qu’il daigne vous conserver longtemps dans la vraie religion, l’unité du siège apostolique et le respect que vous avez pour lui, et qu’il vous conserve le commandement, en toutes choses, de l’empire le plus chrétien et le plus pieux. […]

Fait à Rome, le 8 des calendes d’avril, sous le consulat de l’empereur Justinien, consul pour la quatrième fois, et de Paulinus. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 19-20 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

E) Le Concile de Nicée (325)

1) Le 3è canon de Nicée

a) Texte du canon

« Des femmes qui cohabitent avec des clercs » « Le grand concile a défendu absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, et en un mot à tous les membres du clergé d’avoir avec eux une femme « co-introduite », à moins que ce ne fût une mère, une sœur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon. » (3è canon)

b) Analyse du canon

La question principale soulevée par ce canon est celle de savoir quel sens les Pères du premier concile œcuménique ont voulu donner au membre de phrase : « les seules personnes qui échappent à tout soupçon ». Cette expression englobait-elle les épouses des clercs mariés ? Et si oui, pourquoi ne pas le dire clairement ? Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de trancher la question sans examiner comment la décision de Nicée a été interprétée par la suite. Il faut se rappeler, en effet, que :

« les canons du premier synode général ont été la règle fondamentale qui servit de modèle aux conciles locaux et œcuméniques ultérieurs dans les dispositions qu’ils prirent » (Ignacio ORTIZ de URBINA, Nicée et Constantinople, Paris, 1963, p. 117)

Et que, en Occident comme en Orient, « les canons de Nicée se trouvent être une des sources du droit postérieur et de la discipline ecclésiastique ». Par la suite constamment interprété par les Papes et les conciles particuliers dans le même sens : mettre les évêques, les prêtres et les diacres, tenus à la continence parfaite, à l’abri des tentations féminines et garantir leur réputation. Quand ils évoquent le cas de l’épouse, c’est généralement pour l’autoriser à vivre avec son mari ordonné, mais à la condition expresse qu’elle ait fait elle aussi profession de continence. Elle entrait par là dans la catégorie des femmes « qui échappent à tout soupçon ». En effet, un tour d’horizon aussi complet que possible de la législation issue de Nicée, que je me contenterai ici de résumer faute de temps, fait apparaître l’existence d’une interprétation constante, selon laquelle le 3ème canon nicéen avait eu pour but de mettre les membres du clergé tenus à la continence parfaite à l’abri des tentations féminines et de leur assurer une réputation conforme à leur état de vie de « célibataires ». On peut affirmer, avec assez de certitude, que la paraphrase « les seules personnes qui échappent à tout soupçon » englobait entre autres, dans l’esprit des Pères de Nicée, l’épouse traitée comme une sœur.

La réalité est que le plus souvent, les femmes d’homme ordonnés étaient prises en charge par l’Église, qu’elles entrent soit dans un couvent de religieuses, soit dans une communauté de femmes créée à cet effet par l’Église.

« Par le troisième canon, il est défendu généralement à tous les ecclésiastiques d’avoir aucune femme sous-introduite, excepté leur mère, leur sœur, leur tante, ou quelque autre qui ne puisse causer aucun soupçon (Suivant l’excellente observation de M. Jager (Célibat ecclés. dans ses rapp. relig. et politiques, p. 74, 2eéd.), « le concile, en défendant aux ministres des autels d’avoir des femmes étrangères, et en désignant, sans aucune mention d’épouse, les personnes avec lesquelles ils peuvent demeurer, suppose évidemment le célibat dans toutes les Églises, et même la séparation des clercs avec leurs femmes ; car autrement il ne serait pas question de femmes introduites, et parmi les personnes qui peuvent habiter le presbytère figurerait au premier rang l’épouse légitime. ») : ce que Rufin (l. I Hist., c. 6) entend des plus proches parentes.

On avait déjà essayé de réformer cet abus dans le concile d’Elvire : et dans celui d’Antioche tenu longtemps auparavant, il fut reproché à Paul de Samosate, d’avoir non seulement entretenu chez lui des femmes qui ne lui étaient point parentes, mais d’avoir encore toléré ce désordre dans ses prêtres et dans ses diacres. Les pères de Nicée donnent à ces femmes le nom de sous-introduites, et c’est ainsi qu’on les nommait surtout à Antioche. D’autres les qualifiaient sœurs ou compagnes, chacun selon les divers prétextes qu’il avait d’en tenir chez soi : les uns sous prétexte de charité et d’amitié spirituelle ; les autres pour qu’elles eussent soin de leurs affaires domestiques et de leur ménage, ou enfin pour être soulagés par elles dans leurs maladies. » (Chanoine Adolphe-Charles PELTIER, Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847, tome 2, colonnes 77 et 78, publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul MIGNE, tomes 14)

c) Saint Basile le Grand interprète ce canon dans le sens de la discipline catholique

« Saint Basile (Ep. 55) se servit de l’autorité de ce canon pour obliger un prêtre nommé Parégoire à quitter une femme qu’il avait chez lui pour le servir, quoique ce prêtre fût âgé de soixante-dix ans, et qu’il n’y eût aucun danger pour lui. Il paraît qu’il l’avait même suspendu des fonctions de son ministère, jusqu’à ce qu’il eût obéi. Il le menaçait d’anathème en cas qu’il refusât de le faire, et soumettait à la même peine ceux qui communiqueraient avec lui. » (Chanoine Adolphe-Charles PELTIER, Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847, tome 2, colonnes 77 et 78, publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul MIGNE, tomes 14)

Ce prêtre Parégoire était âgé, et saint Basile le Grand lui rend justice pour ses mérites, ses vertus et ses talents. Parégoire a pris une servante pour pallier aux infirmités de son âge. La triple considération de l’âge, des qualités et des besoins matériels de ce prêtre n’empêche pas saint Basile de lui demander quand même de se séparer de cette femme, de le suspendre jusqu’à exécution de ses ordres, et de le menacer de l’excommunier. Cela doit nous faire voir qu’il ne s’agit pas simplement de prudence pastorale, mais bel et bien d’une considération doctrinale. Lorsque Parégoire écrit à saint Basile pour se plaindre de sa rigueur, voici la réponse de saint Basile :

« C’est-à-tort, que vous vous plaignez de la conduite que j’ai tenue à votre égard […] Lisez le Concile de Nicée, vous verrez que j’ai pour garants les 318 Pères qui y assistèrent. Sachez que la gloire et le mérite du célibat consiste dans une séparation entière des femmes. Vouloir demeurer avec elles, c’est faire connaître qu’on n’a pas cette pureté délicate nécessaire aux ministres d’un Dieu fils d’une Vierge.  Je sais que votre âge vous met à couvert des plus grandes faiblesses. Mais plus votre âge et vos services vous font respecter, plus vous devez l’exemple de soumission aux lois établies. Croyez-vous donc que l’Eglise n’a eu en vue que de prévenir le dernier crime et les scandales éclatants ? Elle a eu certainement des motifs plus nobles, plus dignes d’elle et de l’estime qu’elle fait de ses ministres. Son intention a été d’aller au-devant des moindres scandales. C’est pourquoi, chassez au plutôt cette fille de votre maison. Faites-vous servir par des hommes. Vous m’écririez des milliers de Lettres, que vous n’obtiendriez rien. Jamais je ne lèverai la suspense que j’ai prononcée contre vous, que vous n’ayez obéi. Sans cela vous passerez tout le reste de vos jours sans occuper aucune fonction, et vous rendrez compte à Dieu de l’inutilité de vos talents, que vous n’aviez reçus de lui que pour l’utilité de son peuple. Si malgré ma défense vous faites le moindre usage de vos pouvoirs, je vous excommunierai sans miséricorde, vous et tous ceux qui communiqueront avec vous. » (Lettre 55 ; PG XXXII, 402-403)

Nous ne savons pas si c’est à tort ou à raison que saint Basile dit cela, mais toujours est-il qu’il le dit. Cela signifie que la chose n’est pas aberrante aux yeux de l’Asie mineure du milieu du IVè siècle.

2) Démystification de l’histoire de saint Paphnuce

Les opposants au célibat ecclésiastique allèguent que les Pères du concile de Nicée auraient voulu interdire aux évêques, prêtres et diacres d’avoir des relations avec leur épouse ; sur quoi, un Père du nom de Paphnuce, évêque de la Haute-Thébaïde, serait intervenu avec chaleur pour dissuader l’assemblée de voter une pareille loi, nouvelle assurait-il, et qui ferait tort à l’Eglise. Le concile aurait donc abandonné le projet et laissé chacun libre d’agir comme il le voudrait. Nous démontrons que cette histoire n’est qu’un mythe dans notre article L’intervention de Paphnuce au concile de Nicée, mythe ou réalité ?

F) Du Concile de Nicée au IIIème Concile de Carthage (16 juin 390)

Saint Cyrille de Jérusalem (315-386)

« Il était de l’ordre et de la décence que le plus pur docteur de la pureté sortît de la couche la plus pure. Car si celui qui remplit dignement les fonctions sacerdotale de Jésus-Christ s’abstient de tout commerce avec la femme, comme Jésus-Christ lui-même aurait-il pu sortir du commerce d’un homme et d’une femme ? Parce que c’est vous, dit le Psalmiste, qui m’avez tiré du sein de ma Mère (Psaume XXI, 10). Faites attention à ces mots : Vous m’avez tiré du sein de ma Mère ; ils vous prédisent clairement que l’humanité serait aussi étrangère à la naissance du Sauveur qu’à sa conception, bien différente de la nôtre, qui a pour principe la couche nuptiale. » (Catéchèses, XII, 25, PG, XXXIII, 757)

Saint Epiphane de Salamine (vers 315-403)

L’évêque Epiphane de Salamine (pluis tard Constantia, dans l’île de Chypre) est une témoin important. On le sait connaisseur et défenseur de la foi et de tradition de l’Eglise dont il avait sans doute pu acquérir une bonne connaissance durant une vie de 88 ans qui couvrit presqu’entièrement le IVè siècle. Il connaissait nombre de langue, voyageait beaucoup à travers le Proche-Orient déchiré par quantité d’opinions diverses, et pourtant il témoigne du devoir de continence des clercs comme la norme générale de l’Eglise universelle. Son témoignage sur les faits et circonstances de son époque, surtout pour ce qui est de la discipline de l’Eglise, ne peut facilement être mis en doute.

En réponse aux montanistes qui discréditaient le mariage, saint Epiphane de Salamine (vers 315-403) dit que rien n’est plus contraire à l’intention du Seigneur, en effet, qui a choisi ses apôtres non seulement parmi les vierges, mais aussi parmi les monogames. Toutefois, ajoute Epiphane, ces apôtres mariés pratiquèrent ensuite la continence parfaite, et suivant la ligne de conduite que Jésus, la règle de la vérité, leur avait ainsi tracée, fixèrent à leur tour la norme ecclésiastique du sacerdoce :

« Le Dieu Verbe honore la monogamie et il prétend répandre les charismes du sacerdoce, comme en un parfait exemplaire, dans ceux qui après le mariage ont ont observé la continence ou dans ceux qui ont toujours gardé leur virginité. Et ses apôtres ont sagement et saintement formulé cette règle ecclésiastique tique du sacerdoce. » (Panarion, pharmacie contre toutes les hérésies, 48, 9. PG, 41, 868 ; GCS 31, 231, 5-21)

Parlant de l’hérésie des « cathares », qui condamnaient les secondes noces, il nous livre la même interprétation de l’unius uxor vir :

« Ces hérétiques étendent à tous les fidèles ce qui n’est propre, qu’au sacerdoce, à cause de l’excellence singulière de ce ministère. Ils ont appris de saint Paul que l’évêque doit être irrépréhensible, n’avoir épousé qu’une femme et être continent ; il en est de même des diacres et des prêtres. Et il est vrai que, depuis la venue de Jésus-Christ sur la terre, la très-sainte discipline de Dieu rejette du sacerdoce ceux qui, après la mort de leur première femme, en ont épousé une seconde ; et cela parce que l’honneur et la dignité du sacerdoce est au-dessus de toute expression et de toute pensée.  Et c’est là une règle que l’Eglise de Dieu observe exactement. Elle n’admet pas même en qualité d’évêque, de prêtre, de diacre ou de sous-diacre celui qui n’est marié qu’en première noces et qui a sa femme vivante avec des enfants, à moins qu’il ne professe la continence ou qu’il ne passe à l’état de veuvage : du moins est-ce là ce qui se fait quand les canons sont observés à la rigueur. » (Panarion, pharmacie contre toutes les hérésies, 39 [al. 59], 4, 1-7 ; PG 41, 1024 ; GCS 31, 367, 7-328, 12)

Puis, il reconnaît que, dans certaines régions, il y a des clercs qui continuent à avoir des enfants, mais que cela ne se fait pas conformément aux véritables canons ecclésiastiques, il répète à cette occasion la même interprétation de l’unius uxor vir :

« Vous direz peut-être qu’il y a des pays où les prêtres, les diacres et les sous-diacres continuent de fréquenter leurs femmes. J’en conviens ; mais cela est contraire à la règle, et n’est l’effet que du relâchement qui s’est introduit, ou bien du trop petit nombre de ministres qui s’offraient pour gouverner un trop grand nombre de fidèles. Car l’Eglise, que dirige l’Esprit-Saint, voyant en toutes choses ce qu’il y a de plus convenable, a voulu que le ministère du culte divin pût s’exercer sans distraction et s’employer avec une liberté entière au salut des âmes. Or, je dis qu’il est convenable qu’à raison des besoins journaliers et souvent imprévus du peuple fidèle, il y ait des prêtres et des diacres aussi bien que des évêques tout entiers consacrés à Dieu. Car si l’Apôtre recommande aux simples fidèles eux-mêmes de vivre dans la continence pour pouvoir vaquer à la prière au moins quelque temps, a combien plus forte raison ne le recommanderait-il pas aux ministres sacrés, pour qu’ils puissent sans distraction vaquer à leur ministère dans l’affaire si importante du salut des âmes ? » (Panarion, pharmacie contre toutes les hérésies, 39 [al. 59], 4, 1-7 ; PG 41, 1024 ; GCS 31, 367, 7-328, 12)

Dans la postface du même Panarion, on peut encore lire une allusion très claire à la discipline générale de l’époque :

« L’ordre le plus élevé est le sacerdoce, pour lequel on ne choisit d’ordinaire que des hommes qui aient conservé leur virginité, ou du moins que des hommes qui mènent la vie solitaire. Que s’il ne s’en trouve pas en nombre suffisant, on choisit alors parmi ceux qui pratiquent la continence même à l’égard de leurs propres épouses, ou parmi ceux qui sont veufs et qui n’ont été mariés qu’une fois. Car, quant à ceux qui auraient contracté un second mariage, il n’est pas permis dans l’Eglise catholique de les admettre au sacerdoce, quoique cependant celui qui serait resté veuf après avoir gardé la continence dès le commencement, puisse être admis en qualité d’évêque, de prêtre, de diacre ou de sous-diacre. »

Il expose la même doctrine dans son Abrégé de la foi catholique, plus connu sous son titre latin Expositio fidei :

« En premier lieu, le fondement et, pour ainsi dire, la base sur laquelle est édifiée l’Église, est la virginité, qui est pratiquée et observée grand nombre, et qui est entourée d’honneurs. Après la virginité vient la vie solitaire, qu’on trouve chez la plupart des moines et des moniales. Après elle, il y a la continence, qui s’élance dans la même carrière. Puis, c’est le veuvage, dans lequel on se garde avec la plus grande attention de toute relation mauvaise. A ces fait suite le chaste mariage, qui mérite grande considération, surtout celui qui demeure unique, et dans lequel on observe les commandements. Toutefois, si quelqu’un, après la mort de sa femme, ou si une femme, après la mort de son mari, y aspirent, il leur est permis de s’unir à une seconde femme ou à un second mari, après la mort du premier ou de la première. Mais la couronne de tous ces ordres et, si l’on peut dire, la mère qui les engendre tous, c’est le saint sacerdoce. Les prêtres sont choisis tout d’abord parmi les hommes vierges, ou sinon parmi les moines ; mais si parmi les moines on ne trouve pas de personnes aptes à remplir ce service, on a coutume de choisir les prêtres parmi ceux qui vivent dans la continence avec leur épouse ou qui, après un seul mariage, sont devenus veufs. Car il n’est pas permis, dans l’Église, d’admettre au sacerdoce un homme remarié, fût-il continent ou redevenu veuf ; pareil homme ne peut accéder au rang d’évêque, de presbytre, de diacre ou de sous-diacre. L’ordre des lecteurs, qui vient après cette hiérarchie sacerdotale, se recrute parmi tous les ordres : vierges, moines, continents, veufs, et ceux qui continuent à vivre dans un chaste mariage. En cas de nécessité, on peut même les choisir parmi ceux qui, après la mort de leur première femme, en ont épousé une seconde. Car le lecteur n’est pas prêtre ; il est plutôt comme un « scribe » du Verbe [Saint Épiphane voit entre la fonction du prêtre et celle du lecteur la même différence que, dans l’Ancien Testament, entre celle des prêtres et celle des scribes. Peut-être songe-t-il également au « grammatéous » qui est, dans le monde grec, le greffer public chargé d’enregistrer les documents, de les conserver et d’en donner lecture devant les assemblées et devant les tribunaux]. Il y a aussi des diaconesses, qui sont établies uniquement pour le ministère auprès des femmes, afin que la décence soit sauvegardée, quand c’est nécessaire, pour le baptême ou l’inspection corporelle. Elles aussi doivent avoir renoncé à l’usage du mariage ou être veuves, après un unique mariage, ou bien être toujours restées vierges. A la suite de ceux-là, encore, il y a les exorcistes et les interprètes, qui traduisent d’une langue dans une autre, soit au moment des lectures, soit au moment des sermons. Enfin viennent les fossoyeurs, qui ensevelissent les corps des défunts, et les portiers, et l’ensemble du clergé. » (Abrégé de la foi catholique ou Expositio fidei, XXI, 31 ; PG 42, 824 ; GCS 37, 521, 32-522, 25)

Concile de Gangres ou Gangra (vers 355)

Un argument des ennemis du célibat sacerdotal est le canon suivant du concile de Gangres :

« 4. De ceux qui se font un cas de conscience de communier de la main d’un prêtre marié.

Si quelqu’un juge qu’il ne doit pas prendre part à la communion pendant la Liturgie célébrée par un prêtre marié, qu’il soit anathème. »

Mais la réalité est que, paradoxalement, ce canon renforce l’idée que la discipline du célibat est apostolique ! En effet, ce canon qui interdit de refuser de « prendre part à la communion pendant la Liturgie célébrée par un prêtre marié » (ce qui est d’ailleurs parfaitement justifié d’un point de vue catholique : il n’y a aucun motif de refuser d’assister à la messe d’un prêtre marié dont le mariage est régulier), n’a de sens que si des chrétiens de l’époque refusaient d’y assister. Et si des chrétiens le refusaient, n’est-ce pas que la discipline apostolique était le célibat sacerdotal ? Le concile dut donc prendre des mesures pour éviter que cet excès injustifié de zèle, ne remette en cause le 10è canon du concile d’Ancyre, dont la juridiction s’étendait sur la région de Gangres. Et comment est-on sûr que ce n’est pas l’inverse ? Que la discipline apostolique n’est pas celle de prêtres mariés, contestée en un endroit et en une époque donnés ? Tout simplement en mettant ce canon en relief avec tous les autres témoignages, de tous les siècles de l’Antiquité et de toutes les régions du monde, que nous avons déjà produit et que nous allons produire par la suite. D’ailleurs le canon de Gangres lui-même n’invoque pas l’autorité apostolique qui aurait réglé la question.

Saint Basile le Grand (329-379)

Nous répétons ce que vous avons dit plus haut au sujet du 3è canon du concile de Nicée (325) :

« Saint Basile (Ep. 55) se servit de l’autorité de ce canon pour obliger un prêtre nommé Parégoire à quitter une femme qu’il avait chez lui pour le servir, quoique ce prêtre fût âgé de soixante-dix ans, et qu’il n’y eût aucun danger pour lui. Il paraît qu’il l’avait même suspendu des fonctions de son ministère, jusqu’à ce qu’il eût obéi. Il le menaçait d’anathème en cas qu’il refusât de le faire, et soumettait à la même peine ceux qui communiqueraient avec lui. » (Chanoine Adolphe-Charles PELTIER, Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847, tome 2, colonne 78, publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul MIGNE, tomes 14)

Ce prêtre Parégoire était âgé, et saint Basile le Grand lui rend justice pour ses mérites, ses vertus et ses talents. Parégoire a pris une servante pour pallier aux infirmités de son âge. La triple considération de l’âge, des qualités et des besoins matériels de ce prêtre n’empêche pas saint Basile de lui demander quand même de se séparer de cette femme, de le suspendre jusqu’à exécution de ses ordres, et de le menacer de l’excommunier. Cela doit nous faire voir qu’il ne s’agit pas simplement de prudence pastorale, mais bel et bien d’une considération doctrinale. Lorsque Parégoire écrit à saint Basile pour se plaindre de sa rigueur, voici la réponse de saint Basile :

« C’est-à-tort, que vous vous plaignez de la conduite que j’ai tenue à votre égard […] Lisez le Concile de Nicée, vous verrez que j’ai pour garants les 318 Pères qui y assistèrent. Sachez que la gloire et le mérite du célibat consiste dans une séparation entière des femmes. Vouloir demeurer avec elles, c’est faire connaître qu’on n’a pas cette pureté délicate nécessaire aux ministres d’un Dieu fils d’une Vierge.  Je sais que votre âge vous met à couvert des plus grandes faiblesses. Mais plus votre âge et vos services vous font respecter, plus vous devez l’exemple de soumission aux lois établies. Croyez-vous donc que l’Eglise n’a eu en vue que de prévenir le dernier crime et les scandales éclatants ? Elle a eu certainement des motifs plus nobles, plus dignes d’elle et de l’estime qu’elle fait de ses ministres. Son intention a été d’aller au-devant des moindres scandales. C’est pourquoi, chassez au plutôt cette fille de votre maison. Faites-vous servir par des hommes. Vous m’écririez des milliers de Lettres, que vous n’obtiendriez rien. Jamais je ne lèverai la suspense que j’ai prononcée contre vous, que vous n’ayez obéi. Sans cela vous passerez tout le reste de vos jours sans occuper aucune fonction, et vous rendrez compte à Dieu de l’inutilité de vos talents, que vous n’aviez reçus de lui que pour l’utilité de son peuple. Si malgré ma défense vous faites le moindre usage de vos pouvoirs, je vous excommunierai sans miséricorde, vous et tous ceux qui communiqueront avec vous. » (Lettre 55 ; PG XXXII, 402-403)

Nous ne savons pas si c’est à tort ou à raison que saint Basile dit cela, mais toujours est-il qu’il le dit. Cela signifie que la chose n’est pas aberrante aux yeux de l’Asie mineure du milieu du IVè siècle.

La Décrétale Dominus inter en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules, rédigée par saint Damase (vers 305-384) ou son successeur saint Sirice (vers 320-399)

La décrétale Dominus inter (PL 13, 1181a-1194c), en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules enseigne le célibat des prêtres. La critique est hésitante quant au fait d’attribuer cette dernière à saint Sirice ou à son prédécesseur, saint Damase, ou peut-être même à leur successeur saint Innocent premier (mort en 417). Le Pape annonce d’abord qu’il va reprendre dans l’ordre les questions posées « en faisant connaître les traditions » (singulis itaque propositionibus suo ordine reddendae sunt traditiones), et en vient dans ce contexte à parler des évêques, des prêtres et des diacres, au sujet desquels, dit-il expressément, « les divines Ecritures, et pas seulement nous-même, font une obligation d’être très chastes ». Voici le texte (II, 5-6 ; PL 13, 1185-1186) :

« Voici ce qui a été décidé au sujet des évêques en premier lieu, mais aussi au sujet des presbytres et des diacres, qui doivent prendre part au divin sacrifice, et dont les mains confèrent la grâce du baptême et rendent présent le corps du Christ. Ce n’est pas nous seulement, mais aussi la divine Écriture, qui les contraint à être parfaitement chastes ; et les Pères également, leur ont prescrit de garder la continence corporelle. C’est pourquoi, loin de nous taire, nous en dirons aussi la raison. Avec quel sentiment de honte l’évêque ou le presbytre oserait-il prêcher la veuve ou à la vierge l’intégrité ou la continence, ou bien recommander à quelqu’un de garder chaste sa couche si lui-même s’attache engendrer des enfants pour le monde, plutôt que pour Dieu ? Adam, qui n’a pas observé le commandement, a été chassé du paradis et s’est vu priver du Royaume, et tu crois qu’un prévaricateur pourrait entrer dans le Royaume des cieux ? pourquoi Paul dit-il : « Vous n’êtes plus dans la chair, mais dans l’esprit » [Romains VIII, 9]. Et de même : « que ceux qui ont des femmes soient comme ne possédant pas. » [I Corinthiens VII, 29] Serait-ce le peuple qu’il exhorte, et, faisant preuve de complaisance l’endroit des lévites et des prêtres, leur permettrait-il de faire l’œuvre de la chair, alors qu’il dit lui-même : « ne vous préoccupez pas de la chair pour satisfaire ses désirs. » [Romains XIII, 14] Et ailleurs : « je voudrais que vous fussiez tous comme moi ». [I Corinthiens VII, 7] Celui qui au service du Christ, celui qui est assis dans la chaire du maître, celui-là pourrait ne pas observer la règle du service ? A propos de ces trois degrés que nous trouvons mentionnés dans les Écritures, il est prescrit que la pureté soit gardée par les ministres de Dieu, qui peuvent, à tout moment trouver dans l’obligation, soit de conférer le baptême, soit d’offrir le sacrifice. Quelqu’un qui est impur, osera-t-il souiller ce qui est saint, alors que les choses saintes sont pour les saints ? Du reste, ceux qui offraient les sacrifices dans le temple, demeuraient toute l’année [l’auteur pensait à tort que sous l’Ancienne Alliance, les différentes classes sacerdotales officiaient dans le Temple année par année, alors qu’ils le faisaient semaine par semaine] dans l’enceinte du temple, pour être purs, conformément la règle, et ils ignoraient complètement leurs maisons. Il est certain que les idolâtres, pour célébrer leur culte impie et immoler aux démons, s’imposent la continence à l’égard de la femme et s’abstiennent également de certains aliments, afin de rester purs. Et tu me demandes si le prêtre du Dieu véritable, qui doit offrir des sacrifices spirituels, doit demeurer perpétuellement en état de pureté, ou si, tout entier dans la chair, il doit  faire ce dont se soucie la chair [cf. Romains XIII, 14]. Si le commerce charnel est une souillure, il va de soi que le prêtre doit se tenir prêt en vue de sa fonction céleste, afin de ne pas être trouvé lui-même indigne, alors qu’il doit supplier pour les fautes d’autrui. Car s’il est dit aux laïcs : abstenez-vous « pour un temps, afin de vaquer la prière » [I Corinthiens VII, 5] et que ceux-là se mettent au service de la créature en faisant l’œuvre de la génération, ils peuvent bien porter le nom de prêtre, mais ils n’en peuvent avoir la dignité. S’il en va ainsi, et que cette impudence persiste, il faut [ici le texte est manquant]. C’est pourquoi, mes très chers, le mystère de Dieu ne doit pas être confié à des hommes de cette sorte, « souillés et infidèles » [Tite I, 15] chez qui la sainteté du corps apparaît polluée par l’impureté et l’incontinence. Je vous en avertis, poussé par le respect dû à la religion ; en effet, la saine raison également les exclut. Ils entendent, sans aucun doute, que « la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et la corruption ne possédera pas non plus l’incorruptibilité » [I Corinthiens XV, 50]. » (Décrétale Dominus inter en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules, II, 5-6 ; PL 13, 1185-1186)

Saint Sirice (vers 320-399)

Ce Pape est connu pour avoir, durant son souverain pontificat, écrit plusieurs décrétales imposant le célibat aux prêtres. Ces trois documents ont été publiés par le Pape Sirice au début de son règne en différentes circonstances. Le premier rappelle à l’ordre le clergé espagnol. Le second rend compte des décisions prises lors d’un synode romain et le troisième répond aux questions d’évêques gaulois. Ce sont des textes d’une première importance pour l’Histoire du célibat sacerdotal car, d’une part ils supposent naturelle et bien établie la discipline de la continence parfaite, et d’autre part la principale argumentation qu’ils présentent pour condamner ceux qui ne se soumettent pas à cette dernière est la contradiction avec la tradition reçue des Apôtres. Ces décrétales possèdent aussi un intérêt exégétique, à cause de l’interprétation de l’ « unius uxor vir » des épîtres de Saint Paul ainsi qu’un intérêt théologique en donnant des motifs du célibat des clercs. En voici des extraits :

« Chapitre VII

§8. De l’incontinence des clercs

Venons-en maintenant aux très saints ordres des clercs. Comme nous l’apprend ta Charité, nous voyons que dans vos provinces ils sont foulés aux pieds et plongés dans la confusion, au grand détriment de l’honneur dû à la religion. C’en est à un tel point qu’il nous faut dire avec Jérémie : « Qui changera ma tête en fontaine, ou mes yeux en source de larmes, que je pleure ce peuple jour et nuit ? » (Jérémie IX, 1) […] Nous avons appris en effet que beaucoup de prêtres du Christ et de lévites, longtemps après leur consécration, ont procréé une descendance aussi bien de leur propre mariage que d’un commerce honteux, et qu’ils défendent leur méfait en prétextant qu’on lit dans l’Ancien Testament que la permission d’engendrer est accordée aux prêtres et aux ministres.

§9. Il est vain d’invoquer l’autorité de l’Ancien Testament

[…] Qu’on me le dise à présent : pourquoi (le Seigneur) avertit-il en ces termes ceux à qui étaient confiées les choses saintes entre toutes : Soyez saints, parce que je suis saint, moi le Seigneur votre Dieu (Lv 20, 7) ? [Contre cet argument le pontife romain objecte :] Pourquoi a-t-il même été enjoint aux prêtres d’habiter loin de leur maison, au temple, l’année de leur tour de service ? Pour la raison qu’ils ne devaient avoir de commerce charnel pas même avec leurs femmes, de manière à briller par la pureté de leur conscience et à offrir ainsi un sacrifice agréable à Dieu. A ces hommes, une fois accompli le temps de leur service, l’usage des rapports conjugaux avait été concédé dans l’unique but de s’assurer une descendance, étant donné que personne ne pouvait être admis au ministère divin en dehors (des membres) de la tribu de Lévi.

§10. La loi indissoluble de la continence des prêtres et des diacres

C’est pourquoi après nous avoir illuminé par sa venue, le Seigneur Jésus atteste à son tour dans l’Évangile qu’il est venu accomplir la Loi et non l’abolir (Matthieu V, 17). Et pour cette raison il a voulu que la forme de l’Église dont il est l’Époux, brille de la splendeur de la chasteté, de manière qu’il puisse la trouver… « sans tache ni ride » (Ep 5,27) au jour du jugement, lorsqu’il viendra à nouveau. Par la loi indissoluble de ces dispositions nous sommes tous liés, prêtres et lévites, pour que du jour de notre ordination nous consacrions nos cœurs et nos corps à la sobriété et à la chasteté, de sorte que nous plaisions au Seigneur notre Dieu dans les sacrifices que nous offrons quotidiennement. » (Lettre décrétale I Directa ad decessorem à l’évêque Himère de Tarragone, 10 février 385, Chapitre VII, §8 à 10, PL 13, 1138-1139)

Cette décrétales citée par Gratien, distinction 82, contient aussi les mots suivants :

« Or, ceux qui vivent selon la chair ne peuvent, comme nous l’enseigne ce vase d’élection, être agréables à Dieu (Rom., VIII, 8). Mais vous, vous ne vivez plus selon la chair, mais selon l’esprit, si toutefois l’Esprit de Dieu habite en vous (I Cor., III, 16). Et où l’Esprit de Dieu pourra-t-il habiter, sinon dans des corps qui soient saints, comme nous le disions tout-à-l’heure ? Toutefois, comme quelques-uns de ceux dont nous parlons gémissent ainsi que vous nous le rapportez, de ce que leur ignorance a été la cause de leur chute, notre sentiment est qu’il faut user à leur égard de quelque indulgence, à condition que, sans espérance de pouvoir s’élever plus haut, ils resteront toute leur vie au rang où ils étaient quand ils sont tombés et avec promesse de leur part de garder désormais la continence. Quant à ceux qui allèguent pour leur excuse un privilège abusif, et qui soutiennent que cela leur était permis par l’ancienne discipline, qu’ils sachent qu’en vertu de notre autorité ils seront privés dorénavant de toute charge ecclésiastique, puisqu’ils en ont si mal usé jusqu’ici, et qu’ils ne pourront plus à l’avenir célébrer les saints mystères, dont ils se sont eux-mêmes exclus en cherchant à satisfaire d’impures passions. Et comme les exemples que nous avons sous les yeux sont pour nous un avertissement de nous précautionner pour l’avenir, si désormais ce qu’à Dieu ne plaise, un évêque, un prêtre ou un diacre se trouve dans un cas semblable, qu’il sache que tout accès lui sera interdit à notre indulgence ; car il est indispensable de retrancher avec le fer des chairs corrompues qu’aucun médicament ne peut guérir. »

Un an plus tard, en janvier 386, un concile de 80 évêques tenu à Rome prit un ensemble de décisions que Sirice communiqua à divers épiscopats en insistant sur la fidélité aux traditions venues des apôtres, car :

« il ne s’agit pas d’ordonner des préceptes nouveaux, mais de faire observer ceux qui, par suite de l’apathie ou de la paresse de certains, ont été négligés. Ces préceptes ont été établis par une constitution apostolique et par une constitution des Pères, comme il est écrit : ‘Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les instructions que vous avez reçues, soit par notre parole, soit par notre lettre’ [II Thessaloniciens II, 14]. En fait, il y en a beaucoup qui, ignorant les statuts de nos ancêtres, ont violé la chasteté de l’Église par leur arrogance et ont suivi la volonté du peuple, sans être effrayé du jugement de Dieu. » (Lettre V Cum in unum, Chapitre I, §1, PL 13, 1155)

Il écrit plus loin :

« En outre, comme il est digne, chaste et honnête de le faire, nous conseillons ceci : que les prêtres et les lévites n’aient pas de relation avec leur épouse, étant donné qu’ils sont absorbés par les devoirs quotidiens de leur ministère. Car saint Paul écrivait aux Corinthiens : Abstenez-vous d’user du mariage pour pouvoir vaquer à la prière [I Corinthiens VII, 8]. Si donc la continence est ordonné aux laïques pour qu’ils puissent être exaucé dans leurs prières, à combien plus forte raison un prêtre ne doit-il pas être préparé à tout moment par une parfaite pureté au saint sacrifice, ou au sacrement de baptême qu’il peut être appelé à administrer tous les jours ? S’il se voyait en pareille occasion souillé de quelque impureté charnelle, que pourrait-il faire ? S’excuserait-il de répondre à la demande qu’on lui ferait ? ou, s’il y répondait dans quelles dispositions le ferait-il ? Comment pourrait-il se croire en état d’être exaucé, tandis qu’il est écrit : Tout est pur pour ceux qui sont purs ; rien au contraire n’est pur pour les impurs et les infidèles [Tite I, 15] ? C’est pourquoi j’exhorte, j’avertis, je supplie : qu’on fasse disparaître cet opprobre, dont même le paganisme peut à bon droit nous faire un reproche. Peut-être croit-on que cela (est permis) parce qu’il est écrit : ”le mari d’une seule femme ? » Mais Paul n’a pas parlé d’un homme qui persisterait sans le désir d’engendrer ; il a parlé en vue de la continence qu’il lui faudrait pratiquer (propter continentiam futuram). Car il ne pouvait pas repousser du sacerdoce ceux qui seraient purs de tout commerce charnel, celui qui avait dit : Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi [I Corinthiens VII, 7], et ailleurs en termes encore plus significatifs : Ceux qui vivent selon la chair ne sauraient être agréables à Dieu [Romains VIII, 8]. Pour vous, vous ne vivez plus selon la chair, mais selon l’esprit. » (Lettre V Cum in unum, Chapitre VII, §3, PL 13, 1156 et 1160)

Ce que nous disent ces trois décrétales (les deux qui sont avec certitude de saint Sirice et celle sont on ne sait pas si elle est de saint Sirice ou de saint Damase) est d’une importance primordiale pour l’histoire de la loi du célibat-continence. Elles présupposent d’abord, comme une chose normale et légitime, de nombreuses situations matrimoniales dans les rangs au clergé. C’est en tout bien tout honneur que des hommes, mariés avant l’ordination, exerçaient alors les fonctions sacerdotales, et accédaient même à l’épiscopat. Une fois ordonnés, ces époux devaient vivre dans la continence parfaite, une obligation qui concerne a la fois les évêques, les prêtres et les diacres. Les infractions à cette discipline étaient fréquentes en cette fin au 4ème siècle, tant en Espagne que dans les Gaules. En outre, plusieurs la contestent ouvertement en essayant de se justifier par des arguments scripturaires, notamment par l’exemple des prêtres de l’Ancien Testament, et par la consigne paulinienne recommandant à Timothée de choisir pour l’épiscopat et le diaconat « le mari d’une seule femme ». La réponse de Sirice et des évêques romains est que la discipline contestée n’est pas une innovation, mais se rattache à la tradition apostolique. Elle trouve aussi son fondement dans l’Ecriture, en particulier dans les textes mêmes que certains veulent utiliser pour la combattre : les lévites de l’Ancienne Alliance pouvaient avoir des enfants, mais ils étaient tenus à la continence temporaire lors de leur service au Temple ; à plus forte raison, les prêtres de la Nouvelle Alliance sont-ils tenus à la continence perpétuelle. Quant à la consigne paulinienne de l’unius uxoris virum, elle a été édictée propter continentiam futuram ; si saint Paul a fait de la monogamie une condition d’accès aux ordres, c’est parce que la fidélité à une seule femme est à ses yeux une garantie prouvant que le candidat sera capable de pratiquer la continence parfaite après son ordination. S’ils doivent être les hommes d’une seule femme, c’est que l’expérience de fidélité à une même épouse est une garantie de chasteté pour le futur. Cette lecture de I Timothée III, 2-12 et Tite I, 6 a été peu remarquée par les exégètes modernes ; elle est cependant une pierre d’angle de l’argumentation chez Sirice, et chez nombre d’écrivains patristiques, pour asseoir la discipline du « célibat-continence » sur des fondements scripturaires.

Est-il besoin de souligner l’autorité de ces textes ? Tous trois émanent au pontife romain : la réponse à Himère de Tarragone est du pape Sirice ; la décrétale Cum in unum, qui promulgue les décisions d’un concile de 80 évêques, est entièrement assumée par Sirice ; quant à la décrétale Directa, elle est aussi l’œuvre d’un synode romain, que le pape prend à son compte. Nous sommes par conséquent en présence de prises de position de celui qui, successeur de Pierre sur le siège de Rome, est non seulement l’héritier des fonctions de l’Apôtre, mais la voix par qui Pierre lui-même continue de diriger l’Eglise : « Nous portons les fardeaux de tous ceux qui sont chargés, écrit Sirice, ou, bien plutôt, il les porte en nous le bienheureux apôtre Pierre… » Comme le dira plus tard le pape Sixte III dans une formule précise : « Le bienheureux apôtre Pierre reçoit, dans ses successeurs, ce qu’il a lui-même transmis » : « Beatus Petrus apostolus in successoribus suis quod tradidit hoc accepi » (Lettre VI à Jean d’Antioche).

Saint Ambroise de Milan (340-397)

Saint Ambroise dit que la continence des ministres du Temple de Jérusalem était une préfiguration du célibat des prêtres :

« Mais quelqu’un dira : « Mais on voit qu’Elie n’a rien à voir avec les étreintes de l’amour corporel. » C’est pourquoi il a été porté au ciel sur un char, c’est pourquoi il est apparu glorifié avec le Seigneur, [Matthieu XVII, 3], et c’est pourquoi il doit venir comme précurseur de l’avènement du Seigneur [Malachie IV, 5]. Miriam, prenant le tambourin, dirigeait les danses avec une modestie de jeune fille [Exode XV, 20]. Mais considérez qui elle représentait alors. N’était-elle pas un type de l’Église, qui, en tant que vierge à l’esprit pur, se joint aux rassemblements religieux du peuple pour chanter des chants divins ? Car nous lisons qu’il y avait aussi des vierges au Temple de Jérusalem. Mais que, dit l’Apôtre ? « Toutes ces choses leurs sont arrivées en figure » [1 Cor. X, 11] pour présager les temps futurs. En effet, si la figure se manifeste en peu de personnes, la vie existe en beaucoup d’autres. » (De virginibus, Livre I, Chapitre 3, n°12 ; PL tome XVI, colonne 192)

Il commente lui aussi l’Unius uxoris vir de saint Paul de la même manière que Sirice :

« L’Apôtre prescrit à l’évêque de n’avoir qu’une femme, non qu’il exclue de l’épiscopat celui qui n’en a pas du tout, cela étant au-dessus de la loi et du précepte, mais pour faire entendre qu’il doit, en gardant la chasteté conjugale, conserver la grâce de son baptême. Ce n’est pas non plus pour l’obliger par son autorité apostolique à se donner des enfants dans le sacerdoce ; car il dit : qui ait des enfants, et non pas : qui fasse des enfants ; et il lui défend de plus de contracter de nouveaux mariages. Je n’ai pas voulu omettre cette explication, parce que plusieurs entendent ces paroles comme si saint Paul avait voulu dire, que l’évêque n’ait qu’une femme qu’il ait épousée depuis son baptême, et que le baptême eût, en le purifiant, levé l’obstacle qui l’aurait empêché auparavant de contracter ce nouveau lien. Je conviens que ce sacrement efface généralement tous les péchés et que, si un homme s’est souillé avec plusieurs femmes auxquelles il n’était point uni par les liens du mariage, tous ces crimes lui sont remis par la grâce qu’il reçoit ; mais le baptême ne dissout pas le mariage, lorsqu’on l’a contracté une seconde fois. Il purifie du péché, mais il ne dispense pas de la loi. On ne commet aucune faute en se remariant ; mais c’est au contraire une loi à laquelle on se soumet de nouveau. Le baptême n’affranchit donc pas de cet engagement comme si c’était un péché ; mais il le laisse subsister comme une loi. C’est cette loi que reconnaît l’Apôtre en disant : Que l’évêque soit sans crime, et qu’il n’ait épousé qu’une femme. Celui donc qui est sans crime et qui n’a épousé qu’une femme, est dans les conditions exigées pour entrer dans l’épiscopat. Pour celui qui a épousé deux femmes, quoiqu’il n’ait commis en cela aucun péché qui le souille, il n’en est pas moins exclu de la dignité du sacerdoce. J’ai exposé ce que prescrit la loi ; disons aussi ce que dicte la raison. Mais auparavant, reconnaissons que non-seulement saint Paul a fait cette ordonnance pour les évêques et pour les prêtres, mais que les Père du concile de Nicée y ont ajouté que quiconque serait bigame ne serait point admis à la cléricature Et en effet, comment un bigame pourrait-il consoler une veuve, l’honorer, l’exhorter à rester dans le veuvage, à ne pas violer la foi qu’elle a promise à son mari, si lui-même ne l’a pas gardé à sa première épouse ? Quelle différence y aurait-il entre le peuple et le prêtre s’il n’y avait que les mêmes lois pour l’un comme pour l’autre ? Un évêque ou un un prêtre doit exceller par son genre de vie, autant que par la dignité de sa profession. » (Lettre 82 (al.63), 62-63, à l’Eglise de Verceil ; Cf. Les Lettres de saint Ambroise, etc., trad. par le P. Duranti de Bonrecueil, de l’Oratoire, t. III, p. 180-182 ; PL tome XVI, colonne 1257a)

Il répond par ailleurs à l’objection tirée des lévites de l’Ancien Testament, en justifiant par un a fortiori, comme ses contemporains, la continence parfaite requise des prêtres de la Nouvelle Alliance :

« D’autre part vous connaissez l’obligation d’offrir un ministère sans reproche et sans tache, et de ne le profaner par aucune relation conjugale, vous qui avez reçu la grâce du ministère sacré, vierges de corps, la pudeur intacte, étrangers aussi à l’union conjugale elle-même. Et je n’ai pas omis ce point pour la raison que dans un bon nombre d’endroits assez retirés, en exerçant le ministère ou même le sacerdoce, on eut des enfants ; et l’on justifie cela, comme en vertu de l’usage ancien, lorsque l’on offrait le sacrifice avec des intervalles de plusieurs jours ; et cependant, même le peuple pratiquait la continence pendant deux ou trois jours afin de s’approcher avec pureté pour le sacrifice, comme nous le lisons dans l’Ancien Testament : « et il lave ses vêtements ». Si au temps de la figure, si grande était l’observance, combien plus doit-elle l’être au temps de la réalité ! Apprends, prêtre et aussi lévite, ce que signifie laver tes vêtements : offrir un corps pur pour la célébration des mystères. S’il était interdit au peuple, sans la puri-fication de ses vêtements, de s’approcher pour son offrande, toi, sans t’être lavé en ton âme comme en ton corps, tu oses adresser des supplications pour d’autres, tu oses apporter à d’autres ton ministère ? » (Des devoirs des ministres sacrés, I, 50 ; PL tome XVI, colonnes 104-105)

L’Ambrosiaster (vers 366-384)

Il traite à deux reprises de la continence des clercs. Il développe une argumentation semblable à celle que le pape saint Sirice plus tard, et que nous retrouverons chez saint Ambroise et saint Jérôme : en demandant que le futur diacre, ou le futur évêque, soit unius uxoris vir, l’Apôtre ne leur a pas pour autant reconnu la liberté du commerce conjugal ; au contraire :

« qu’ils sachent bien qu’ils pourront obtenir ce qu’ils demandent, si par ailleurs il s’abstiennent désormais de l’usage du mariage » (Commentaire de la 1ère épître à Timothee, (27. PL 17, 497))

La même idée est exposée dans les Quaestiones veteris et novi Testamenti. Il faut citer, dans ce second texte, un passage qui montre bien quelle était la pensée théologique de l’auteur, et des Pères dans leur ensemble, sur la hiérarchie de valeurs entre la continence parfaite des ministres du Christ et le mariage chrétien :

 « On dira peut-être : s’il est permis et bon de se marier, pourquoi n’est-il pas permis aux prêtres de prendre femme ? Autrement dit, pourquoi les hommes ordonnés ne peuvent-ils plus s’unir (à une épouse) ? C’est qu’en effet il y a des choses qui ne sont permises à personne, sans aucune exception ; il en est, d’autre part, qui sont permises aux uns, mais non aux autres, et il en est qui sont permises à certains moments, mais non à d’autres… C’est pour cela que le prêtre de Dieu doit être plus pur que les autres ; en effet, il passe pour son représentant personnel, et il est effectivement son vicaire ; en sorte que ce qui est permis pour les autres ne l’est pas pour lui… Il doit être d’autant plus pur qu’elles sont saintes, les choses de son ministère. En effet, comparées à la lumière des lampes, les ténèbres sont non seulement obscures, mais sordides ; comparée aux étoiles, la lumière d’une lampe n’est que brouillard, tandis que, comparées au soleil, les étoiles sont obscures, et que, comparé à la clarté de Dieu, le soleil n’est qu’une nuit. Ainsi, les choses qui, par rapport à nous, sont licites et pures, sont comme illicites et impures par rapport à la dignité de Dieu ; en effet, toutes bonnes qu’elles soient, elles ne conviennent cependant pas à la personne de Dieu. C’est pourquoi les prêtres de Dieu doivent être plus purs que les autres, étant donné qu’ils tiennent la place du Christ… » (CSEL 50, 414-415)

Ce texte témoigne d’une saine vision de la sexualité ennoblie par le Créateur, contraste avec le pessimisme manichéen ou la méfiance encratiste de « l’œuvre de chair ». Les exigences requises du sacerdoce sont exceptionnelles, parce que fondées sur le caractère exceptionnel de ses fonctions. Ministre du Christ, dont « il tient chaque jour la place », il est voué à « la cause de Dieu », et doit pouvoir « vaquer à la prière » et à son ministère de façon constante. L’anthropologie sous-jacente, d’inspiration paulinienne, est une anthropologie que l’on peut légitimement qualifier d’intégrale, tout entière dominée par un sens aigu de la transcendance de Dieu.

G) L’important témoignage du IIIème Concile de Carthage (16 juin 390)

Tenu par l’évêque Genesius, déclare que le célibat est une loi apostolique remontant à l’origine de l’Eglise ; la loi qui impose la continence à l’évêque, au prêtre et au diacre, est renouvelée. Ce concile montre d’une façon surprenante l’importance que l’on attachait à l’obligation de la continence des membres du clergé à une tradition apostolique.

1) Texte du canon

« Afin que la chasteté soit gardée par les lévites et les prêtres.

Epigone, évêque de Bulle la Royale, dit : Dans un concile antérieur, on discuta, de la règle de la continence et de chasteté. Qu’on instruise donc (maintenant) avec plus de force les trois degrés qui, en vertu de leur consécration, sont tenus par la même obligation de chasteté,  je veux dire l’évêque, le prêtre et le diacre, et qu’on leur enseigne à garder la pureté.

L’évêque Geneclius dit : Comme on l’a dit précédemment, il convient que les saints évêques et les prêtres de Dieu, ainsi que les lévites, c’est-à-dire ceux qui sont au service des sacrements divins, observent une continence parfaite, afin de pouvoir obtenir en toute simplicité ce qu’ils demandent à Dieu ; ce qu’enseignèrent les apôtres, et ce que l’antiquité elle-même a observé, faisons en sorte, nous aussi, de le garder (ut quod apostoIi docuerunt, et ipsa servavit antiquitas, nos quoque custodiamus).

À l’unanimité, les évêques déclarèrent : Il nous plaît à tous que l’évêque, le prêtre et le diacre, gardiens de la pureté, s’abstiennent (du commerce conjugal) avec leur épouse, afin qu’ils gardent une chasteté parfaite ceux qui sont au service de l’autel. » (2ème canon ; LABBE, II, 1159)

Nous faisons remarquer que ce canon fut plus tard falsifié par le concile in Trullo à la fin du VIIè siècle. Lire à ce sujet notre article :

Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692) prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ

2) Exégèse du canon

Ce canon confirme indirectement, à son tour, l’existence de nombreux hommes mariés dans les rangs du clergé. Les sujets de la loi sont les diacres, les prêtres et les évêques, c’est-à-dire les membres des trois degrés supérieurs de la cléricature auxquels on accède par des consecrationes. Celles-ci mettent l’homme à part, pour l’accomplissement de fonctions qui touchent au divin. Le service de l’Eucharistie est ici le fondement spécifique de la continence demandée aux ministres. A cela s’ajoute un second motif qui souligne la finalité de l’obligation : « afin qu’ils puissent obtenir en toute simplicité ce qu’ils demandent à Dieu » (quo possint simpliciter quod a Deo postulant impetrare). Celui qui est au service des mystères chrétiens est un médiateur entre Dieu et les hommes, et à ce titre doit s’assurer les conditions requises pour une prière d’intercession efficace. Sans la chasteté, le ministre manquerait d’une pureté essentielle quand il présente à Dieu les requêtes de ses frères humains et se priverait en quelque sorte de la liberté de parole. Avec elle, en revanche, il entre avec le Seigneur dans des rapports très « simples » qui sont une garantie d’exaucement. Il n’y a peut-être pas de meilleur commentaire a ce canon de Carthage que celui au grand canoniste byzantin du XIIè siècle, Jean Zonaras :

« Ceux-ci sont en effet intercesseurs entre Dieu et les hommes, qui, établissant un lien entre la divinité et le reste ces fidèles, demandent pour le monde entier le salut et la paix. S’ils s’exercent donc, comme le dit le canon, à la pratique de toutes les vertus et dialoguent ainsi en toute confiance avec Dieu, ils obtiendront tout de go ce qu’ils auront demandé. Mais si ces mêmes hommes se privent par leur faute de la liberté de parole, de quelle manière pourront-ils s’acquitter de leur tâche d’intercesseurs au profit d’autrui ? »

3) La portée probante du canon

Le Père Ignace de La POTTERIE, SJ, commente :

« Les chercheurs s’accordent généralement pour dire que l’obligation du célibat ou du moins de la continence est devenu une loi canonique depuis le IV siècle […]. Mais il est important d’observer queles législateurs des IV° et V° siècles affirmaient que cette disposition canonique était fondée sur une tradition apostolique. Le Concile de Carthage (en 390) disait par exemple :  « Il faut que ceux qui sont au service des mystères divins soient parfaitement continents (continentes esse in omnibus) afin que ce qu’ont enseigné les apôtres et a maintenu l’antiquité elle-même, nous l’observions nous aussi » (Père Ignace de La POTTERIE, SJ, Le fondement biblique du célibat sacerdotal, dans Riflessioni sul celibato sacerdotale, Cinisello BALSAMO, 1993, pp. 14-15)

Le Cardinal Alfons Maria STICKLER commente :

« Ces témoignages de l’Église d’Afrique de la fin du IVè et du début du Vè siècle, sont à citer en détail à cause de leur importance fondamentale. Il s’agit ici d’une conscience tout à fait claire de la tradition, qui s’appuie non seulement sur une conviction générale que personne ne met en doute, mais aussi sur des documents bien conservés. Il y avait alors dans les archives de l’Église africaine les actes originaux apportés par les Pères du concile de Nicée. Des descriptions contraires concernant le célibat des prêtres auraient sauté aux yeux des Africains, de la même manière que l’erreur de l’Église romaine attribuant les canons de Sardique à Nicée, et ils l’auraient également fait valoir auprès de l’Église de Rome.

On voit par là quelle conscience de la tradition avait l’Église dans son ensemble, dont les parties étaient en relation vivante les unes avec les autres : Rome et l’Italie, l’Espagne, l’Afrique Alexandrine, Antioche, Constantinople. Précisément, ce qui était si expressément dit et répété par l’Église africaine de l’origine apostolique et l’observance transmise de la continence des clercs – et ce, y compris les sanctions visant les contrevenants – n’aurait sûrement pas été accepté sans contestation et de façon aussi générale si cela n’avait pas correspondu à un fait connu de tous. » (Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998, pp. 27-28)

Compte tenu du fait que les décrétales ce Sirice sont antérieures de quelques années à ce concile, on se demandera peut-être si les évêques de Carthage ne se sont pas contentés de répéter de confiance ce qu’avait dit le pontife romain, sans autre forme ce vérification. Mais c’est mal connaître l’Eglise d’Afrique, très attachée à la Tradition, au point qu’il lui ait déjà arrivé de s’adresser au Pape pour lui faire valoir qu’il se trompait en invoquant un document, lorsqu’il attribuait à tort un contenu à un document plutôt qu’à un autre. Un exemple est le cas, en 419, d’Aplarius de Sicca, un prêtre de la province proconsulaire qui avait été excommunié par son évêque, et que le pape Zosime, auprès de qui il avait fait appel, avait réhabilité. Zosime ayant fait valoir des canons de Nicée sur le droit d’appel a Rome, les africains firent une enquête car ils ne trouvaient pas ces canons dans l’exemplaire grec des actes du premier concile œcuménique conservé à Carthage. Ils n’eurent de cesse que toute la lumière soit faite, et demandèrent aux évêques des principaux sièges d’Orient de leur envoyer les verissima exemplaria du concile de Nicée, ce que firent Cyrille d’Alexandrie et Atticus de Constantinople. Les canons litigieux invoqués par Rome ne s’y trouvaient pas ! Il s’avéra finalement qu’il s’agissait de deux canons du concile de Sardique, et le pape Boniface, successeur de Zosime, dut donner raison aux Africains.

Il est à noter que cette confusion des Papes étaient courante dans l’antiquité chrétienne. Lire à ce sujet notre page :

La confusion antique entre les Conciles de Nicée (235) et de Sardique (343)

Toute cette affaire prouve à quel point l’Eglise d’Afrique se voulait fidèle à la Tradition, dont le concile de Nicée était une expression privilégiée.

Nous pouvons par conséquent affirmer deux choses :

1- Quand ils déclarent vouloir garder « ce qu’enseignèrent les apôtres, et ce que l’antiquité elle-même a observé », les Pères de Carthage ne répètent pas passivement les décrétales de Sirice ; ils se portent eux-mêmes garants, au nom de l’Eglise d’Afrique, d’un « enseignement » des apôtres sur le célibat-continence des évêques, prêtres et diacres. Leur témoignage, indépendant de celui de l’évêque de Rome, en est une confirmation supplémentaire.

2- Les Africains n’auraient jamais prononcé une telle affirmation si elle avait été contraire à ce qu’on pouvait lire dans les actes authentiques du concile de Nicée conservés à Carthage, en particulier l’histoire de Paphnuce. Ceci implique que, de leur point de vue, la loi du célibat-continence était en harmonie avec le 3ème canon de Nicée, et que rien, dans les actes du premier concile œcuménique, ne témoignait d’une incompatibilité quelconque de cette loi avec la tradition venue des apôtres.

A l’instar de l’Espagne, et de façon plus explicite, l’Eglise d’Afrique reste pour l’histoire un témoin de première importance sur l’origine apostolique du célibat sacerdotal. C’est ce que les Orientaux eux-mêmes ont toujours reconnu, puisque le concile byzantin Quinisexte de 691, dont nous allons parler, s’y réfère comme à un jalon sûr vers les origines.

4) L’influence du canon

Le décret carthaginois servit de relais à plusieurs reprises, au cours de l’histoire, pour vérifier, ou consolider, le lien traditionnel de la discipline du célibat avec « l’enseignement des apôtres ». Les premiers à y recourir officiellement furent les Pères byzantins du concile Quinisexte in Trullo, de 692, dont nous aurons à reparler. Au XIème siècle, les promoteurs de la réforme grégorienne lui emprunteront plus d’une fois un argument historique qu’ils jugent décisif (Cf. Manegold de Lautenbach. Ad Gebehardum liber. XXII : MGH, libelli de lite, I, 351 ; Bernold de Constance, De prohibenda sacerdotum incontinentia : MGH, o.c.,II, 7F). Saint Raymond de Penafort, l’auteur des Décrétales de Grégoire IX, au XIIIème siècle, se dit également convaincu de l’origine apostolique du célibat, notamment par le canon de Carthage (Voir à ce sujet Cardinal Alfons Maria STICKLER, Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993, p. 35-36 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998). Au concile de Trente, les experts de la commission théologique chargée d’étudier les thèses luthériennes sur le mariage des clercs, le connaissent. Pie IV, quant à lui, ne pense pas pouvoir mieux faire que de le citer, pour expliquer aux princes allemands son refus de renoncer à la loi du célibat. Par la suite, bien des théologiens et historiens de la période post-tridentine le mentionnent dans leurs études (Ainsi par exemple : Stanislas HOSIUS, Robert BELLARMIN, César BARONIUS, Louis THOMASSIN. Voir plus loin. p…. la référence à leurs ouvrages). Au « siècle des lumières », le jésuite F.A. ZACCARIA, appuie aussi entre autres sur ce texte une solide enquête aboutissant à l’origine apostolique du célibat des clercs (ZACCARIA F.A., Storia polemica del Celibato sacro da contrapporsi ad alcune detestabili opere uscite a questi tempi, Rome, 1774 ; Nuova giustificazione del celibato sacro dagli inconvenienti oppostogli anche ultimamente in alcuni infamissimi libri dissertazioni quattro. Fuligno, 1785). De même le bollandiste Jean STILTINCK (Acta Sanctorum Septembris, t. III, Venise. 1761, p. 784-787). Augustino de ROSKOVANY et Gustave BICKELL, au 19ème siècle, utiliseront à leur tour le document africain de 390 pour étayer les mêmes conclusions (ROSKOVANY Augustino de, Coelibatus et Brevlarium : duo gravissima clericorum officiam e monumentis omnium seculorum demonstrata. Accessit completa literatura. t. I-IV Pestini 1861 ; t. V-VIII, Nitrae 1877 ; t. IX-X, Nitrae 1881 ; Supplementa ad collectiones monumentorum et literaturae. t. III-IV, Nitrae 1888. BICKELL Gustav, Der Cölibat eine apostolische Anordnung, in Zeitschrift fur katholische Theologie, 1878, p. 26-64. Der Cölibat dennoch eine apostolische Anordnung, 1n Zeitschrift fur katholische Theologie, 1879, p. 792-799.). Tous sont intimement persuadés qu’il est légitime et comme nécessaire de passer par Carthage pour se guider avec sûreté dans la recherche historique des origines de la discipline du célibat sacerdotal.

Cette déclaration ayant force d’obligation sera reprise et citée de nombreuses fois par des conciles africains, par des théologiens occidentaux et même par des Papes dont Pie XI qui en fit une référence autorisée dans son encyclique Ad catholici sacerdotii fastigium du 20 décembre 1935 (AAS 28 (1936), p.26.). Tous s’accordent pour y reconnaître un témoin fiable de la Tradition. Le canon met en œuvre une double argumentation. La première est d’ordre théologique et se fonde sur la nature et la mission des clercs rendus intimement participant à la Médiation du Christ par leur ordination. La seconde repose sur l’autorité d’une Tradition venant directement des Apôtres et toujours conservée dans l’Église. Cet argument a beaucoup de poids dans l’Église d’Afrique et n’est pas utilisé sans un véritable discernement.

H) Du IIIè concile de Carthage au  IIIè concile de Constantinople (680-681)

Concile de Rome (386)

Etablissement de plusieurs règlements touchant le célibat des prêtres et des diacres

Concile de Carthage (386)

Approbation les règlements disciplinaires du concile romain.

Concile de Milan (390)

Ce concile renouvelle la continence imposée à l’évêque, au prêtre et au diacre.

Concile d’Hippo-Regius (Hippone) (393)

« Qu’aucune femme étrangètre n’habite avec un clerc, quel qu’il soit ; mais seulement les mères, les grands-mères, tantes, soeurs, nièces. » (Canon 20)

Le mot « étangères » utilisé signifie « qui n’est pas du même sansg », donc une épouse. C’est le même terme qu’emploie le Concile d’Elvire pour désigner les épouses légitimes par rapport aux femmes de la famille.

 Ier Concile de Tolède (7 septembre 400)

Ce Concile commence par invoquer l’autorité de Nicée « dont il ne faut pas s’écarter », puis il interdit à tout clerc d’avoir chez lui une femme autre que sa propre soeur.

Un autre Concile tenu à Carthage (13 septembre 401)

Confirmation le concile de 390 qui a défendu l’usage du mariage aux évêques, prêtres et diacres sous peine d’être déposés.

Saint Jean Chrysostome (vers 344-407)

« Celui qui désire l’épiscopat de cette manière peut le désirer, car l’épiscopat emprunte son nom à la surveillance sur tous. «Il faut », continue l’apôtre, « que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme ». Il ne dit pas ceci pour imposer une loi, de telle sorte que le mariage fût nécessaire pour être évêque, mais pour réprimer un excès; attendu que, chez les Juifs, il était permis de contracter un second mariage et d’avoir deux femmes en même temps. Car, « le mariage est honorable » (Hébr. XIII, 4). Et quelques-uns affirment que par cette parole, l’apôtre exige que l’évêque n’ait jamais eu qu’une femme. […] Plusieurs affirment qu’il entendait: « N’ayant eu qu’une femme » ; mais quand il en serait – autrement, on peut être marié, comme ne l’étant pas. L’apôtre a eu raison de faire cette concession à l’état de choses existant alors, et l’on pouvait avec la bonne volonté, en tirer un bon parti. En effet, de même que la richesse laisse difficilement entrée au royaume des cieux, et que bien des riches y sont entrés néanmoins, il en est de même du mariage. […] « Il faut que l’évêque ait aussi un bon témoignage de ceux du dehors, afin qu’il ne tombe pas dans l’opprobre et dans le piège du démon (I Timothée III, 7) »; car autrement, il serait outragé par eux. C’est pour un motif semblable qu’il a dit encore: « Mari d’une seule femme », bien qu’il ait dit ailleurs : « Je voudrais que tous vécussent comme moi dans la continence ». (I Cor. VII, 7) » (Commentaire sur la première épître à Timothée, hom. 10 (PG 62, 547-549))

 

« Que de même les femmes », il parle des diaconesses, « soient pudiques, innocentes de calomnie, sobres, fidèles en toutes choses ». Quelques-uns pensent que l’apôtre parle des femmes en général, mais il n’en est point ainsi ; comment, en effet, eût-il inséré dans ce qu’il dit ici des préceptes concernant les femmes? Il parle de celles qui possèdent la dignité de diaconesses. « Que les diacres ne soient maris que d’une seule femme ». Vous le voyez, il demande d’eux aussi cette vertu. Car, s’ils ne sont pas égaux en dignité à l’évêque, ils doivent, comme lui, être irréprochables et purs. « Qu’ils gouvernent bien leurs enfants et leurs maisons. Car les diacres qui auront, bien rempli leur charge, obtiendront un rang honorable et une grande confiance dans la foi en Jésus-Christ ». Partout il parle du gouvernement des enfants, afin d’éviter au peuple le scandale qui résulterait de cet objet. « Car », dit-il, « les diacres qui auront bien rempli leur charge, obtiendront un rang honorable » , c’est-à-dire un rang plus élevé, « et une grande confiance dans la foi ». Ceux qui se seront montrés vigilants dans une charge inférieure arriveront promptement aux plus hautes, dit-il. » (Commentaire sur la première épître à Timothée, hom. 11, 1 (PG 62, 553D))

Palladios de Galatie (début du Vè siècle)

Palladios affirme que saint Jean Chrysostome accepta d’instruire un procès contre Antonin d’Éphèse, à qui son accusateur, Eusèbe de Valentinopolis, reprochait, entre autres :

« qu’après s’être séparé de sa femme, il s’était de nouveau approché d’elle et il avait eu d’elle des enfants. » (Dialogue sur la vie de Jean Chrysostome, XIII, PL, 47, 48A)

Les évêques du synode assemblé autour de Chrysostome, jugent que chacun des crimes reprochés à l’accusé, est grave et absolument interdit par les saintes lois (Dialogue sur la vie de Jean Chrysostome, XIV, PL, 47, 49A). Mais il y a sans doute là quelque exagération rhétorique, et en fait, tout le procès a roulé autour de l’accusation de simonie. Par ailleurs, le libellé très laconique de l’acte d’accusation ne nous apprend pas pour quelles raisons Antonin s’était séparé de sa femme. Toutefois cela témoigne au moins en Italie, pays de Palladios. 

Synésios de Cyrène (vers 370-vers 414)

Une lettre célèbre de Synésios, ce philosophe néoplatonicien devenu malgré lui évêque de Ptolémaïs en 410, montre combien L’idée de la continence épiscopale était entrée avant dans les mœurs, même en Orient. Il eut recours à une défaite pour se soustraire au fardeau de l’épiscopat. Il écrivit une lettre où il disait entre autres choses :

« Je ne puis, dit-il, cacher à mon frère ce que je veux que tout le monde sache… Dieu, la loi et la main sacrée de Théophile (évêque d’Alexandrie) m’ont donné une épouse. Or, je déclare hautement que je n’entends ni me séparer d’elle, ni avoir avec elle des rapports clandestins, à la manière des adultères. La séparation serait impie ; les rapports clandestins seraient contraires à la règle du mariage. Je veux donc avoir d’elle de nombreux enfants et je prierai pour cela. » (Lettre 105, PG, 66, 1485)

Se serait-il jamais avisé d’un pareil artifice, s’il n’avait été notoire que les évêques étaient obligés de garder la continence avec leurs épouses ? On l’ordonna malgré cette protestation, parce qu’on vit bien que ce n’était qu’une défaite ; et il a sans doute observé, du consentement de sa femme, la continence parfaite que lui imposait l’épiscopat. Sa déclaration n’en témoigne pas moins que, de son temps, les évéques mariés, en recevant les saints ordres, avaient coutume de renoncer à leurs droits conjugaux.

Saint Jérôme de Stridon (vers 347-420)

Saint Jérôme connaissait la tradition occidentale aussi bien que la tradition orientale – et pour ce qui est de l’Orient, de par sa propre expérience. Il fut successivement étudiant en droit à Rome, moine en Syrie, ordonné prêtre à Constantinople en 379 et s’était ensuite familiarisé pendant six ans ave les hommes d’Eglise, les communautés monastiques, les enseignements et avec la discipline de l’Orient. Après avoir séjourné trois ans à Rome, il repartit, en passant par l’Egypte, pour la Palestine où il demeura jusqu’à sa mort en 420. Il participa toujours activement à la vie ecclésiale en générale, étant qualifié pour cette tâche d’une manière extraordinaire, du fait de ses relations avec de nombreux contemporains importants, en Orient comme en Occident, et du fait de sa profonde connaissance des langues.

C’est avant tout la polémique contre les détracteurs de la chasteté sacerdotale qu’étaient Jovinien et Vigilance, qui nous vaut de sa part des réflexions particulièrement appropriées. Dans Contre Jovinien (393) nous le voyons ainsi commenter à son tour l’unius uxoris vir de la première épître à Timothée dans le même sens que Sirice : Il s’agit d’un homme qui a pu avoir des enfants avant son ordination, non de quelqu’un qui continuerait ensuite à engendrer (PL 23, 257) Il écrit dans la même œuvre : Il dit par ailleurs, sans rapport avec l’unius uxoris vir :

« Mais le choix même d’un évêque fait pour moi. Car il ne dit pas : Qu’on choisisse un évêque qui épouse une seule femme et qui engendre des enfants [I Timothée III, 2-4 ; Tite I, 6] ; mais qui épouse une seule femme, et qui a ses enfants dans la soumission et la discipline. Vous admettez sûrement qu’il n’est pas un évêque qui, pendant son épiscopat, engendre des enfants. Au contraire, s’il est découvert, il ne sera pas lié par les obligations ordinaires d’un mari, mais sera condamné comme adultère. Soit on permet aux prêtres d’accomplir le travail du mariage, ce qui a pour conséquence que la virginité et le mariage sont à égalité : soit, s’il est illégal pour les prêtres de toucher leurs femmes, ils sont tellement saints qu’ils imitent la chasteté vierge. Mais il y a autre chose qui suit. Un laïc, ou tout croyant, ne peut prier que s’il s’abstient de tout rapport sexuel. Or, un prêtre doit toujours offrir des sacrifices pour le peuple : il doit donc toujours prier. Et s’il doit toujours prier, il doit toujours être libéré des devoirs du mariage. Car même sous l’ancienne loi, ceux qui offraient des sacrifices pour le peuple non seulement restaient dans leurs maisons, mais se purifiaient pour l’occasion en se séparant de leurs épouses, et ne buvaient pas de vin ou de boisson forte, qui ont tendance à stimuler la luxure. Que les hommes mariés soient élus au sacerdoce, je ne le nie pas : le nombre de vierges n’est pas aussi grand que celui des prêtres l’exige. S’ensuit-il que parce que tous les hommes les plus forts sont choisis pour l’armée, les hommes plus faibles ne doivent pas être pris aussi bien ? Tous ne peuvent pas être forts. Si une armée n’était constituée que d’hommes forts, et que le nombre n’était pas suffisant, les hommes faibles pourraient être rejetés. En l’état actuel des choses, les hommes de second ou troisième rang sont choisis, afin que l’armée puisse avoir son effectif complet. Comment se fait-il donc, direz-vous, qu’il arrive fréquemment qu’à l’ordination des prêtres, un vierge soit dédaigné et qu’un homme marié soit pris ? Peut-être parce qu’il n’a pas d’autres qualifications en rapport avec la virginité, ou bien parce qu’on le croit vierge et qu’il ne l’est pas, ou bien parce qu’il y a un stigmate sur sa virginité, ou en tout cas parce que la virginité elle-même le rend fier, et que, tandis qu’il se complaît dans la simple chasteté corporelle, il néglige les autres vertus ; il ne chérit pas les pauvres : il aime trop l’argent. » (Contre Jovinien, livre I, chapitre 34, PL, XXIII, 268-269)

Il témoigne que si saint Pierre fut marié, il cessa toute vie conjugale dès qu’il fut appelé à l’apostolat :

« Vous me direz peut-être qu’il n’appartient qu’aux apôtres et à ceux qui aspirent à la perfection, de vivre dans un si grand détachement des choses de la terre. Mais pourquoi ne voudriez-vous pas être parfait ? Pourquoi refuseriez-vous de tenir le premier rang dans la famille de Jésus-Christ, comme vous le tenez dans le monde ? Est-ce parce que vous avez été marié ? Saint Pierre l’était aussi, et cependant il quitta sa femme , sa barque et ses filets. Au reste le Seigneur, qui désire le salut de tous les hommes et qui aime mieux la conversion du pécheur que sa mort , vous a ôté ce prétexte spécieux, en vous enlevant votre femme qui, bien loin de vous retenir sur la terre, vous invite maintenant à la suivre dans le ciel. » (Lettre à Julianus, écrite en 407)

 

« En arrivant à l’Evangile, il [Jovinien] nous présente Zacharie et Elisabeth, Pierre et sa belle-mère, et, avec une impudeur à laquelle nous nous sommes maintenant habitués, il ne comprend pas qu’ils auraient dû eux aussi être comptés parmi ceux qui ont servi la Loi. Car l’Évangile n’avait pas d’existence avant la crucifixion du Christ – il a été consacré par sa passion et par son sang. Conformément à cette règle, Pierre et les autres apôtres […] avaient bien des femmes, mais ils se seraient mariés avant d’appartenir à l’Evangile, ils ont cessé d’user du mariage, lorsqu’ils ont été élevés à l’apostolat. Car lorsque Pierre, représentant les Apôtres, dit au Seigneur « Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre » [Matthieu XIX, 27], le Seigneur lui répondit : « Je vous le dis, en vérité, nul n’aura quitté sa maison, ou ses parents, ou ses frères, ou son épouse, ou ses enfants, à cause du royaume de Dieu, sans qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et dans le siècle à venir la vie éternelle. » [Luc XVIII, 29-30]. Mais si, pour montrer que tous les apôtres avaient des femmes, il argumente avec les mots : « N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une femme [ou une épouse car γυνή en grec a les deux sens] chrétienne, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » [I Corinthiens IX, 5], qu’il ajoute ce qui se trouve dans les copies grecques : qu’il ajoute ce que l’on trouve dans les copies grecques : « N’avons-nous pas le droit de parler de femmes qui sont sœurs ou épouses ? » [I Corinthiens IX, 5]. Cela montre clairement que l’auteur a fait référence à d’autres femmes saintes qui, conformément à la coutume juive, s’occupaient de leurs maîtres de leur substance, comme nous l’avons lu, c’était la pratique avec notre Seigneur lui-même. Lorsqu’il est question de manger et de boire, et de dépenser de l’argent, et qu’il est ensuite fait mention de femmes qui sont sœurs, il est tout à fait clair, comme nous l’avons dit, que nous devons comprendre non pas les épouses, mais les femmes qui exercent le ministère de leur subsistance. Et nous avons lu le même récit dans l’Ancien Testament du Shunamite qui avait l’habitude d’accueillir Elisée et de lui mettre une table, du pain, un chandelier et le reste. En tout cas, si nous considérons que γυναίκας signifie « épouses » et non « femmes », l’ajout du mot « sœurs » détruit l’effet du mot « épouses » et montre qu’elles étaient liées par l’esprit et non par le mariage. Néanmoins, à l’exception de l’apôtre Pierre, il n’est pas ouvertement déclaré que les apôtres avaient des femmes ; et puisque la déclaration est faite pour l’une d’entre elles alors que rien n’est dit sur le reste, nous devons comprendre que ceux dont l’Écriture ne donne pas cette description n’avaient pas de femmes. » (Contre Jovinien, livre I, chapitre 26, PL, XXIII, 258-259)

Voici d’autres témoignages de lui :

« Ayant encore cité ce passage de l’épître de saint Paul aux Galates : « Nul homme ne sera justifié par les œuvres de la loi, » voici comment je l’ai expliqué: «Le mariage est aussi une ouvre de la loi : de là vient que la loi donnait sa malédiction aux femmes stériles. Que si la loi évangélique permet de se marier, ce n’est pas qu’elle regarde le mariage comme une perfection et qu’elle promette des récompenses à ceux qui se marient, mais c’est qu’elle les traite avec indulgence et qu’elle compatit à leurs faiblesses.» Je dis clairement dans cet endroit que la loi évangélique permet de se marier, mais néanmoins que ceux qui se marient et qui remplissent les devoirs du mariage ne peuvent prétendre au mérite et à la gloire de la chasteté. Que si ce sentiment révolte les gens mariés, ce n’est point à moi qu’ils en viennent à s’en prendre, mais à l’Écriture sainte, aux évêques, aux prêtres, aux diacres et à tout l’ordre ecclésiastique, qui sont bien persuadés qu’il ne leur est pas permis d’offrir des sacrifices au Seigneur et de s’acquitter en même temps des devoirs du mariage. » (Lettre 48 [alias 50] au sénateur à Pammaque, faisant l’apologie de son œuvre Contre Jovinien, X)

 

« Jésus-Christ et Marie, ayant donc toujours été vierges, ont consacré la virginité dans l’un et dans l’autre sexe. Les apôtres étaient vierges, ou du moins gardèrent la continence après leur mariage ; les évêques, les prêtres et les diacres doivent être ou vierges ou veufs avant d’être ordonnés, ou du moins vivre toujours en continence après leur ordination. » (Lettre 48 [alias 49 ou 50] au sénateur à Pammaque, faisant l’apologie de son œuvre Contre Jovinien, XXI ; PL XXII, 510)

 

« Malheur étrange ! on dit que des évêques participent à ses crimes, si néanmoins on doit appeler évoques ceux qui ne confèrent le diaconat qu’à un homme marié, qui ne croient pas que la pureté soit compatible avec le célibat; qui indiquent combien ils vivent saintement par les mauvais soupçons qu’ils ont des autres, et qui ne confèrent le sacrement de l’ordre à personne s’ils ne voient sa femme enceinte ou portant des enfants entre ses bras. Que feront les Eglises d’Orient, d’Égypte et celle de Rome, où l’on ne reçoit personne qui ne soit vierge, ou quine quitte sa femme s’il en a une ? » (Contre Vigilance, II ; PL XXIII, 340-341)

Pour lui, ces Églises tiennent ferment la discipline de la continence parfaite pour le clergé. Il n’y a pas de raison de mettre en doute son témoignage, d’autant plus qu’il n’existe aucune Église apostolique reconnaissant, en sens contraire, le droit d’user légitimement du mariage après l’ordination.

Notons que saint Jérôme était particulièrement bien informé de tout ce qui se faisait dans l’Eglise, Orient et Occident, lui qui fut le secrétaire du Pape saint Damase lorsque celui-ci recevait le demandes de confirmations des conciles locaux tenus dans toute l’Eglise :

« Il y a déjà plusieurs années, j’aidais le pape Damase, évêque de Rome à rédiger les documents officiels de l’Église et répondais aux demandes de consultation venues des conciles de l’Occident et de l’Orient. » (Lettre 123 à Ageruchia, n° 10 ; PL, 22/1052)

Il dit encore :

« Si l’on recommande aux laïques de s’abstenir de leurs femmes pour vaquer à la prière, que dirons-nous d’un évêque qui doit offrir tous les jours à Dieu des victimes sans tache pour ses péchés et pour ceux de son peuple ? Ouvrons les livres des Rois, et nous verrons le prêtre Abimélech ne consentir à donner des pains de proposition à David et aux gens de sa suite, qu’après lui avoir demandé si lui et ses gens s’étaient abstenus d’approcher, non pas seulement de femmes étrangères, mais de leurs propres femmes. Et si David ne lui eût répondu qu’ils n’avaient point fréquenté de femmes depuis trois jours, il ne leur aurait jamais cédé de ces pains qu’il leur avait d’abord refusés. Or, il y a entre les pains de proposition et le corps de Jésus-Christ la même différence, qu’entre l’ombre et le corps, entre la figure et la vérité, entre l’image des biens futurs et ces biens eux-mêmes. En même temps donc que les autres vertus, telles que la douceur, la patience, la sobriété, la modération, le désintéressement, l’hospitalité et l’affabilité doivent se faire remarquer dans l’évêque, à plus forte raison que dans les laïques eux-mêmes, il doit de plus offrir dans sa personne l’exemple d’une chasteté, et pour ainsi parler, d’une pudeur sacerdotale qui le porte à s’abstenir non-seulement de toute action impure, mais même d’un regard, d’une pensée qui distrairait un cœur tout occupé, comme il doit l’être de l’honneur de consacrer le corps de Jésus-Christ. » (Commentaire sur le premier chapitre de l’Épître à Tite)

Luther dit d’ailleurs au sujet de saint Jérôme : « Je regarde saint Jérôme comme un hérétique qui n’a écrit que des bêtises sur le jeûne, le célibat. » (Histoire générale de l’Eglise, Abbé Darras, Tome 33, p. 128) et au sujet des Pères de l’Eglise en général: « les Pères sont des imbéciles qui n’ont écrit que des fadaises sur le célibat. » (Ibid.).

Saint Innocent Ier (mort en 417)

Ce Pape écrivit plusieurs célèbres Lettres traitant du sujet : la Lettre II Etsi tibi en 404 à saint Victrice, évêque de Rouen (PL 20, 469-477), la Lettre VI Consulenti tibi en 405 à saint Exupère, évêque de Toulouse (PL 20, 495-498), dans ces deux Lettres il confirma la continence les prêtres et les diacres selon la règle édictée par Sirice dans la lettre à Himère en le reprenant presque mot pour mot, la Lettre XXXVIII aux évêques Maxime et Sévère de Calabre, dont la date est incertaine (PL 20, 605), ainsi que la lettre Dominus inter, attribuée d’abord à saint Damase, puis à saint Sirice, mais cependant très probablement de saint Innocent.

Voici un extrait de la Lettre à saint Victrice de Rouen :

« Il ne s’agit pas d’imposer des obligations nouvelles et arbitraires à votre clergé, mais de lui rappeler celle que la tradition des Apôtres et des Pères nous a transmises, et qui pourraient être négligées par ignorance et par faiblesse. Un clerc ne peut être admis à contracter mariage : ceux qui veulent consacrer leur vie au ministère sacerdotal ne doivent pas s’engager dans les embarras d’une famille. Le laïc, marié avant ou après son baptême, ne peut être admis à la cléricature tant que vit son épouse. Les prêtres et les lévites [diacres] qui auraient été admis aux ordres du vivant de leur femme doivent, à partir du jour de leur ordination, cesser tout rapport conjugal avec elle. Il est écrit : « Car Je suis le Seigneur votre Dieu ; soyez saints parce que Je suis saint » [Lévitique XI, 44]. Sous l’ancienne loi, les prêtres ne quittaient pas le temps durant la période de leurs fonctions sacerdotales : nous en avons un célèbre exemple dans la personne de Zacharie. Bien que l’usage du mariage leur eût été octroyé pour la perpétuité de leurs familles, qui devaient toutes des cendres d’Aaron, il n’en est pas moins certain qu’ils étaient obligés au célibat durant le temps fixé pour leur ministère actif à l’autel du Seigneur. Combien plus les prêtres et les lévites de la Loi nouvelle ne sont-ils pas astreints à cette loi de pureté, eux dont le ministère n’est pas intermittent, mais quotidien et dont les fonctions ne sont jamais suspendues ! A dater de leur ordination, ils doivent donc observer le célibat. Les moines qui sont promus au sacerdoce n’en sont pas pour autant relevés de leurs voeux antérieurs. Leur promotion, dans la hiérarchie ne saurait être pour eux un moyen de déchoir de leur sainteté première. Telle est la règle antique. Il faut la maintenir. » (Lettre II Etsi tibi à saint Victrice, évêque de Rouen, 404 ; PL 20, 469-477)

Voici un extrait de la Lettre à saint Exupère de Toulouse :

« Si ce statut concernant la vie que doivent mener les ecclésiastiques envoyés par l’évêque Sirice aux diverses provinces, n’était pas parvenu dans quelques-unes, l’ignorance de ces provinces sur ce point serait excusée, pourvu qu’à l’avenir elles se missent en devoir de s’y conformer. Quant à ceux qui se trouveraient (par suite de cette ignorance antérieure) dans le cas de la défense portée par le statut, ils seront maintenus dans les fonctions de leur ordre, mais sans espérance d’être promus à un ordre supérieur. Ils devront même regarder comme une grâce d’être maintenus dans une place qu’ils auraient mérité de perdre. Mais si d’autres sont convaincus d’avoir connu le règlement de Sirice, et de n’en avoir pas moins continué de s’abandonner à leurs désirs sensuels, il faudra les déposer sans miséricorde, en punition de ce qu’ils auront mieux aimé suivre leur convoitise, que d’obéir à une injonction qu’ils ne pouvaient ignorer. » (Lettre VI Consulenti tibi, à saint Exupère, évêque de Toulouse, année 405 ; PL 20, 498 ; cité par le Concile d’Agde de 509, Canon 9 ; Cf. LABBE, Conc., t. IV, col. 1384-1385)

Chez Gratien, distinction 82, chapitre 1, on trouve citées ces paroles du Pape saint Innocent Ier à Exupère :

« Vous demandez quelle conduite il faut garder à l’égard des diacres ou des prêtres dont des femmes devenues mères ont trahi l’incontinence. Sur ce point les prescriptions divines sont assez connues, ainsi que les instructions données par l’évêque Sirice, de bienheureuse mémoire, portant que les prêtres et les diacres incontinents devaient être privés de toute fonction ecclésiastique, et que tout accès devait leur être interdit à un ministère que la continence seule peut remplir convenablement. Car c’était un point de l’ancienne loi, et qui a été observé dès le commencement, que les prêtres demeureraient dans le temple pendant tout le cours de l’année où ils seraient en fonctions, afin qu’étant occupé à offrir des sacrifices, ils passent se conserver purs et sans tache, et qu’on n’admettrait à remplir ce saint ministère personne qui aurait eu commerce avec sa propre femme, attendu qu’il est écrit : Soyez saints, parce que je suis saint, moi qui suis le Seigneur votre Dieu. Il est vrai qu’on leur permettait pourtant d’user de leurs femmes à cause de la nécessité qu’il y avait pour eux de se donner une postérité, le sacerdoce étant exclusivement réservé aux hommes de la tribu de Lévi. Combien donc la continence ne doit-elle pas être gardée davantage, à partir du jour de leur ordination, par des prêtres ou des lévites dont le sacerdoce ou le ministère n’a point à se perpétuer dans une même famille, et pour qui il ne se passe pas un seul jour où ils ne puissent être appelés, soit à célébrer les saints mystères, soit à conférer le sacrement de Baptême ? Car si l’apôtre saint Paul écrivait aux Corinthiens de s’abstenir de l’usage du mariage pour qu’ils pussent vaquer à la prière, c’est à des laïques qu’il faisait cette injonction, à combien plus forte raison des prêtres devront-ils user de cette retenue, eux dont les prières et les sacrifices doivent être continuels ! Que s’ils sont souillés de quelque impureté charnelle, de quel front oseront-ils offrir des sacrifices ? Comment pourront-ils se croire en état d’être exaucés, tandis qu’il est écrit : Tout est pur pour ceux qui sont purs ; rien au contraire n’est pur pour les impurs et les infidèles. Mais peut-être s’autoriseront-ils de ce que l’Apôtre compte parmi les qualités d’un évêque, qu’il n’ait qu’une femme. Mais l’Apôtre ne dit pas que l’évêque doive pour cela continuer à engendrer des enfants ; il veut plutôt indiquer les règles de continence que l’évêque devra garder par la suite. Car il ne pouvait pas repousser du sacerdoce ceux qui seraient purs de tout commerce charnel, celui qui avait dit : Je voudrais que tout le monde fût comme moi ; et encore plus expressément : Ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu. Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’esprit. L’Apôtre ne dit pas non plus que l’évêque doit engendrer des enfants, mais seulement qu’il peut en avoir ; ce qui est bien différent. S’il est prouvé que quelques-uns n’auront pas pu avoir connaissance du règlement donné pour toutes les provinces par l’évêque Sirice, on leur pardonnera leur ignorance, à condition que dorénavant ils s’abstiendront de l’usage du mariage ; et on pourra les maintenir dans le rang qu’ils occupent, mais sans qu’ils puissent être élevés à un degré supérieur. Ils devront même regarder comme une grâce d’être maintenus dans une place qu’ils auraient mérité de perdre. Mais si d’autres sont convaincus d’avoir connu le règlement de Sirice, et de n’en avoir pas moins continué de s’abandonner à leurs désirs sensuels, il faudra les déposer sans miséricorde, en punition de ce qu’ils auront mieux aimé suivre leur convoitise, que d’obéir à une injonction qu’ils ne pouvaient ignorer. »

Concernant la Lettre Dominus inter, cette lettre fait suite à la demande des évêques de Gaule, on discuta, lors d’un synode romain, d’une série de questions pratiques. La troisième des 16 question concernait la « chasteté et la pureté des prêtres ». Le Pape annonce d’abord qu’il va reprendre dans l’ordre les questions posées « en faisant connaître les traditions » (singulis itaque propositionibus suo ordine reddendae sunt traditiones), et en vient dans ce contexte à parler des évêques, des prêtres et des diacres, au sujet desquels, dit-il expressément, « les divines Écritures, et pas seulement nous-même, font une obligation d’être très chastes ». Dans l’introduction, le Pape prend acte de ce que :

« Beaucoup d’évêques s’étaient hâtés, dans plusieurs Eglises locales, de modifier les traditions des Pères avec une outrecuidance toute humaine, et étaient de ce fait entrés dans l’obscurité de l’hérésie, préférant ainsi être honorés des hommes plutôt que de Dieu. »

Comme (lit-on plus loin) celui qui a posé la question cherche à apprendre de l’autorité du Siège apostolique à connaître ou bien les lois, ou bien les traditions, non pas par curiosité mais pour assurer sa foi, on lui fera connaître en un langage simple, mais au contenu sûr, ce qu’il doit savoir pour corriger toutes les divergences nées de l’outrecuidance des hommes. Puis, à propos du troisième point en question, on lit :

« Voici ce qui a été décidé au sujet des évêques en premier lieu, mais aussi au sujet des presbytres et des diacres, qui doivent prendre part au divin sacrifice, et dont les mains confèrent la grâce du baptême et rendent présent le corps du Christ. Ce n’est pas nous seulement, mais aussi la divine Écriture, qui les contraint à être parfaitement chastes ; et les Pères également, leur ont prescrit de garder la continence corporelle. C’est pourquoi, loin de nous taire, nous en dirons aussi la raison. Avec quel sentiment de honte l’évêque ou le presbytre oserait-il prêcher la veuve ou à la vierge l’intégrité ou la continence, ou bien recommander à quelqu’un de garder chaste sa couche si lui-même s’attache engendrer des enfants pour le monde, plutôt que pour Dieu ? Adam, qui n’a pas observé le commandement, a été chassé du paradis et s’est vu priver du Royaume, et tu crois qu’un prévaricateur pourrait entrer dans le Royaume des cieux ? pourquoi Paul dit-il : « Vous n’êtes plus dans la chair, mais dans l’esprit » [Romains VIII, 9]. Et de même : « que ceux qui ont des femmes soient comme ne possédant pas. » [I Corinthiens VII, 29] Serait-ce le peuple qu’il exhorte, et, faisant preuve de complaisance l’endroit des lévites et des prêtres, leur permettrait-il de faire l’œuvre de la chair, alors qu’il dit lui-même : « ne vous préoccupez pas de la chair pour satisfaire ses désirs. » [Romains XIII, 14] Et ailleurs : « je voudrais que vous fussiez tous comme moi ». [I Corinthiens VII, 7] Celui qui au service du Christ, celui qui est assis dans la chaire du maître, celui-là pourrait ne pas observer la règle du service ? A propos de ces trois degrés que nous trouvons mentionnés dans les Écritures, il est prescrit que la pureté soit gardée par les ministres de Dieu, qui peuvent, à tout moment trouver dans l’obligation, soit de conférer le baptême, soit d’offrir le sacrifice. Quelqu’un qui est impur, osera-t-il souiller ce qui est saint, alors que les choses saintes sont pour les saints ? Du reste, ceux qui offraient les sacrifices dans le temple, demeuraient toute l’année [l’auteur pensait à tort que sous l’Ancienne Alliance, les différentes classes sacerdotales officiaient dans le Temple année par année, alors qu’ils le faisaient semaine par semaine] dans l’enceinte du temple, pour être purs, conformément la règle, et ils ignoraient complètement leurs maisons. Il est certain que les idolâtres, pour célébrer leur culte impie et immoler aux démons, s’imposent la continence à l’égard de la femme et s’abstiennent également de certains aliments, afin de rester purs. Et tu me demandes si le prêtre du Dieu véritable, qui doit offrir des sacrifices spirituels, doit demeurer perpétuellement en état de pureté, ou si, tout entier dans la chair, il doit  faire ce dont se soucie la chair [cf. Romains XIII, 14]. Si le commerce charnel est une souillure, il va de soi que le prêtre doit se tenir prêt en vue de sa fonction céleste, afin de ne pas être trouvé lui-même indigne, alors qu’il doit supplier pour les fautes d’autrui. Car s’il est dit aux laïcs : abstenez-vous « pour un temps, afin de vaquer la prière » [I Corinthiens VII, 5] et que ceux-là se mettent au service de la créature en faisant l’œuvre de la génération, ils peuvent bien porter le nom de prêtre, mais ils n’en peuvent avoir la dignité. S’il en va ainsi, et que cette impudence persiste, il faut [ici le texte est manquant]. C’est pourquoi, mes très chers, le mystère de Dieu ne doit pas être confié à des hommes de cette sorte, « souillés et infidèles » [Tite I, 15] chez qui la sainteté du corps apparaît polluée par l’impureté et l’incontinence. Je vous en avertis, poussé par le respect dû à la religion ; en effet, la saine raison également les exclut. Ils entendent, sans aucun doute, que « la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et la corruption ne possédera pas non plus l’incorruptibilité » [I Corinthiens XV, 50]. » (Décrétale Dominus inter en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules, II, 5-6 ; PL 13, 1185-1186)

La discipline prohibant le mariage après l’ordination, et la discipline de la continence parfaite, imposant aux clercs mariés avant leur ordination l’abstention des rapports conjugaux, sont donc, comme nous venons de le voir, largement attestées dès le IVème siècle par les meilleurs représentants de l’époque patristique. Plusieurs documents affirment l’origine apostolique de l’une comme de l’autre. Certains en termes explicites, comme Eusèbe de Césarée, saint Epiphane, saint Ambroise, l’Ambrosiaster, saint Innocent Ier, saint Sirice, saint Jean Chrysostome ou saint Jérôme pour les quatre premiers siècles ainsi que par saint Isidore de Séville à la fin du VIème et au début du VIIème siècle (Des offices ecclésiastiques, II, 5, 8 (PL 83, 783, 790)) affirment que les mots de saint Paul sur l’évêque qui ne doit avoir qu’une seule femme signifient qu’ils pouvaient devenir membres du clergé en ayant été marié une seule fois, mais que si leurs épouses étaient en vie, ils devaient renoncer à vivre conjugalement. Et surtout nous n’avons pas non pas un seul témoignage patristique qui aille en sens contraire. C’est pourquoi il est tout à fait légitime, et conforme aux principes d’une bonne méthode historique, de prendre en compte la revendication d’une origine de la loi remontant aux apôtres, telle qu’elle s’exprime au IVème siècle.

Saint Simplice, Évêque d’Autun (vers 375-vers 420)

De famille noble, il avait épousé une femme de sa condition, mais, comme c’était la coutume établie, c’étaient les familles qui avaient décidé le mariage. Lui auraient souhaité, par idéal évangélique, rester célibataire ; on était au début de l’ascétisme en Gaule ; à l’imitation de l’Orient, un certain nombre de laïcs se retiraient à l’écart des villes pour vivre une vie de pénitence, dans le jeûne, la prière et la méditation de l’Écriture Sainte. Les deux jeunes gens acceptèrent le mariage, mais firent voeu de continence le soir de leur noces, et se vouèrent ensemble aux oeuvres pies. La valeur humaine et spirituelle de saint Simplice lui valut d’être élu évêque d’Autun. sa femme décida de rester avec lui, ce qui provoqua une potestation unanime ; mais, par un miracle, l’évêque prouva que son mariage n’avait pas été consommé.

Saint Augustin (354-430)

« Quant à ceux qui ne font consister l’excellence des hommes que dans la liberté de pécher, lorsque nous faisons briller, à leurs yeux les terreurs de l’éternité pour les éloigner des mariages adultères, notre habitude est de leur proposer la continence des clercs dont plusieurs sont soumis malgré eux à porter le même fardeau de la continence et le portent courageusement jusqu’à la fin avec le secours de Dieu. Voici donc ce que nous leur disons Que feriez-vous si les peuples usaient de violence et vous contraignaient à porter ce fardeau ? N’accompliriez-vous pas avec chasteté les fonctions qui vous seraient imposées ? n’auriez-vous pas la pensée de vous tourner vers Dieu pour implorer son secours et des forces auxquelles jusque-là vous n’avez jamais pensé ? Quant aux clercs, répondent-ils, ils trouvent une abondante compensation dans les honneurs dont ils sont comblés. Et la crainte, leur répliquons-nous, ne doit-elle pas être pour vous un frein plus puissant encore? En effet si beaucoup de ministres du Seigneur, appelés soudain à charger leurs épaules du fardeau redoutable, s’y sont soumis dans l’espérance de briller un jour avec plus d’éclat dans le royaume du Seigneur; avec combien plus de raison ne devez-vous pas éviter l’adultère et vivre dans la continence, vous qui êtes pressés par la crainte, non pas de moins briller dans le royaume de Dieu, mais de brûler dans les flammes éternelles ? » (Des unions adultères, livre II, chapitre 20, § 22, PL, 40, 486)

 

« Je donnerais à ce long texte un développement plus soigné et plus approfondi, si je n’avais à citer d’autres endroits de ses Epîtres bien plus claires encore ; en les collationnant, ma première citation gagnera en évidence ; et ce premier texte fût-il anéanti, les nouveaux témoignages suffiraient à la preuve. Voici, en effet, ce qu’il dit sur le même sujet, écrivant aux Corinthiens :

« Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je Apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus-Christ, notre Seigneur? N’êtes-vous pas vous-mêmes mon ouvrage en notre Seigneur ? Quand je ne serais pas apôtre à l’égard des autres, je le suis au moins à votre égard; car vous êtes le sceau de mon apostolat en notre Seigneur. Voici ma défense contre ceux qui me reprennent : N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N’avons-nous pas le pouvoir de conduire partout avec nous une femme d’entre nos soeurs, comme font les autres Apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? »(I Corinthiens IX, 1-7)

Remarquez comme il montre d’abord son droit, et son droit à titre d’Apôtre ; c’est de là qu’il part en effet : « Ne suis-je pas libre? Ne suis-je pas Apôtre ? » Et il prouve son titre d’Apôtre en ajoutant : « N’ai-je pas vu Notre-Seigneur Jésus-Christ? N’êtes-vous pas vous« mêmes mon ouvrage en notre Seigneur ? »

Ce point prouvé , il montre qu’il a droit, autant que les autres Apôtres, de ne pas travailler de ses mains, mais de vivre de l’Evangile, comme le Seigneur l’a réglé, et il continue à en donner la preuve très-évidente. En effet, si des femmes fidèles et bien pourvues d’ailleurs des biens de la terre, accompagnaient les Apôtres, si elles les aidaient de leur fortune, c’était pour leur procurer les choses nécessaires à la vie. Saint Paul démontre qu’il a le droit de suivre en ceci l’exemple de tous les Apôtres, mais il rappelle aussitôt qu’il n’a point voulu user de ce pouvoir. Quelques-uns, dans ce texte : « N’avons-nous pas le droit de conduire partout avec nous une femme-soeur », ont traduit non pas une femme notre soeur, mais une épouse. L’erreur vient du sens double du mot grec, parce que dans cette langue le même mot signifie épouse et femme. Et cependant l’Apôtre l’a employé de manière a rendre cette erreur impossible, disant non pas simplement une femme, mais une femme-soeur ; et parlant non pas de l’épouser, mais de s’en faire suivre partout. Mais cette équivoque n’a point trompé les autres interprètes, qui tous ont traduit « une femme » , et non pas « une épouse ». » (Du travail des moines, IV, 5)

Concile de Thélepte (Concilium Thelense ?) (418)

En 418, le Concile de Thélepte (Concilium Thelense ?) livre un nouveau témoignage identique. Nous précisons que les canons de ce Conciles sont pertinents au même titre que le 2è canon du IIIè Concile de Carthage (390) et ce pour les mêmes raisons. Nous renvoyons à ce que nous avons dit plus haut à ce sujet.

« Rome avait déjà envoyé aux évêques d’Afrique, sous le pape Sirice, une lettre où étaient portées à leur connaissance les décisions du synode romain de 386, où l’on insistait à nouveau sur des prescriptions apostoliques importantes tombées en désuétude. Cette lettre fut lue au concile de Thélepte de 418 (Concilium Thelense ?). Sa dernière partie (c. 9) concerne la continence des clercs [Concilia Africae a. 345-525 (éd. par Charles MUNIER, Corpus Christianorum, Series Latina, Volume 149, Turnhout 1974, 58-60)] » (Cardinal Alfons Maria STICKLER, Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998, pp. 28-29)

Concile général de l’Eglise Africaine (419)

En 419, le Concile Général d’Afrique tenu à Carthage, présidé par l’évêque saint Aurèle de Carthage, et auquel participaient le légat du Pape Faustin de Fermo avec les deux prêtres romains Philippe et Aselluis, ainsi qu’environ 240 évêques africains, parmi lesquels saint Augustin, compila le Codex canonum Ecclesiae africanae, dont les 3è, 4è, 25è et 70è canons confirment la loi du célibat pour les évêques, prêtres et diacres en se fondant explicitement sur le IIIè concile de Carthage de 390. Il promulgua donc de nouveau le deuxième canon du Concile de Carthage qui sera à cette occasion approuvé par Rome par la voix de Faustin, légat du Pape.

Nous précisons que les canons de ce Conciles sont pertinents au même titre que le 2è canon du IIIè Concile de Carthage (390) et que le Concile de Thélepte (Concilium Thelense ?) de 418 et ce pour les mêmes raisons. Nous renvoyons à ce que nous avons dit plus haut à ce sujet. Nous ajoutons que lors de la principale sécance du Concile Général d’Afrique (419), consacrée à la question de la continence du clergé, qui se déroula le 25 mai 419, le président saint Aurèle de Carthage ouvrit les débats par ces mots :

« Nous avons ici les exemplaires des dispositions rapportés par nos Pères du Concile de Nicée ; nous conservons intacte sa forme et nous garderons également les décisions que nous allons parapher. »

Voici les canons du Concile :

« L’évêque Aurèle dit : Dans un concile antérieur, où il était question de normaliser les règles de la continence et de la chasteté, (on s’occupa) des trois Ordres qui, en vertu de leur consécration, sont associés par une sorte de lien de chasteté, J’ai nommé : les évêques, les prêtres et les diacres. On fut d’avis, comme il convient (à leur état), que les très saints pontifes, les prêtres de Dieu, et tout autant les lévites, c’est-à-dire ceux qui sont au service des sacrements divins, observent une continence parfaite, afin de pouvoir obtenir en toute simplicité ce qu’ils demandent à Dieu ; ce qu’enseignèrent les apôtres, et ce que l’antiquité elle-même a observé, faisons en sorte, nous aussi, de nous y tenir. » (Canon 3)

 

« Faustin, évêque de l’église de Potenza, dit : Il nous plaît que les évêques, les prêtres et les diacres, ceux qui, en d’autres termes, touchent aux mystères sacrés, gardiens de la chasteté, s’abstiennent (du commerce conjugal) avec leurs épouses. Tous les évêques déclarèrent : Nous sommes d’accord ; qu’ils gardent une chasteté parfaite, tous ceux qui sont affectés au service de l’autel. » (Canon 4)

[Source : JOANNOU, P.P., Discipline générale antique, vol I, 2 : Les canons des synodes particuliers, Grottaferrata. 1962, p. 216-218]

 

« Aurélius dit : Comme il a été question de certains clercs, surtout des lecteurs, à propos de la continence vis-à-vis de leurs femmes, j’ajouterai, mes très chers frères, ce qui a été confirmé dans maints synodes, que les sous-diacres qui touchent aux mystères sacrés, et les diacres et les prêtres, et les évêques aussi conformément aux ordonnances qui les concernent, s’abstiendront de leurs épouses, « comme s’ils n’en avaient pas » ; que s’ils ne le font pas, ils seront écartés de toute fonction ecclésiastique. Quant aux autres clercs, ils n’y seront obligés qu’à un âge avancé.

A cela le concile tout entier répondit :

Ce que Votre Sainteté a justement exposé et ce qui est sacré et plaît à Dieu, nous le confirmons. » (Canon 25 ; in : PL, tome 67, colonne 191 ; Concilia Africae a. 345-525 (éd. par Charles MUNIER, Corpus Christianorum, Series Latina, Volume 149, Turnhout 1974, 142))

 

« De plus, comme il a été fait mention de la continence de certains clercs à l’égard de leurs propres épouses, il a été décidé que les évêques, prêtres et diacres, conformément aux décisions qui les concernent secundum propria statuta), garderont la continence vis-à-vis de leurs épouses aussi ; s’ils ne le font pas, ils seront destitués de leur rang. Quant aux autres clercs on ne les forcera pas à cela, mais l’usage de chaque église sera observé. » (Canon 70)

Le Père Ignace de La POTTERIE, SJ, commente :

« Les chercheurs s’accordent généralement pour dire que l’obligation du célibat ou du moins de la continence est devenu une loi canonique depuis le IV siècle […]. Mais il est important d’observer queles législateurs des IV° et V° siècles affirmaient que cette disposition canonique était fondée sur une tradition apostolique. Le Concile de Carthage (en 390) disait par exemple :  « Il faut que ceux qui sont au service des mystères divins soient parfaitement continents (continentes esse in omnibus) afin que ce qu’ont enseigné les apôtres et a maintenu l’antiquité elle-même, nous l’observions nous aussi » (Père Ignace de La POTTERIE, SJ, Le fondement biblique du célibat sacerdotal, dans Riflessioni sul celibato sacerdotale, Cinisello BALSAMO, 1993, pp. 14-15)

Le Cardinal Alfons Maria STICKLER commente :

« Ces témoignages de l’Église d’Afrique de la fin du IVè et du début du Vè siècle, sont à citer en détail à cause de leur importance fondamentale. Il s’agit ici d’une conscience tout à fait claire de la tradition, qui s’appuie non seulement sur une conviction générale que personne ne met en doute, mais aussi sur des documents bien conservés. Il y avait alors dans les archives de l’Église africaine les actes originaux apportés par les Pères du concile de Nicée. Des descriptions contraires concernant le célibat des prêtres auraient sauté aux yeux des Africains, de la même manière que l’erreur de l’Église romaine attribuant les canons de Sardique à Nicée, et ils l’auraient également fait valoir auprès de l’Église de Rome.

On voit par là quelle conscience de la tradition avait l’Église dans son ensemble, dont les parties étaient en relation vivante les unes avec les autres : Rome et l’Italie, l’Espagne, l’Afrique Alexandrine, Antioche, Constantinople. Précisément, ce qui était si expressément dit et répété par l’Église africaine de l’origine apostolique et l’observance transmise de la continence des clercs – et ce, y compris les sanctions visant les contrevenants – n’aurait sûrement pas été accepté sans contestation et de façon aussi générale si cela n’avait pas correspondu à un fait connu de tous. » (Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998, pp. 27-28)

Code de Théodose ou Code Théodosien (438)

« Le Codex Theodosianus (438) laisse encore entendre que la continence peut être sauvegardée même si l’on permet à l’ancienne épouse d’habiter chez l’ancien époux après l’ordination de celui-ci, l’amour de la pureté n’autorisant pas à la mettre à la rue, et son comportement avant l’ordination de son mari ayant montré qu’elle était digne de lui [Codex Theodosianus, 16, 2, 44]. » (Cardinal Alfons Maria STICKLER, Der Kleriker zölibat, seine Entwicklungsgeschichte und seine theologischen Grundlagen, Kral Verlag, 1993 ; traduction française par Simone WALLON et Joël POTTIER, La célibat des clercs. Histoire de son évolution et fondements théologiques, PIERRE TÉQUI, éditeur, Paris, 1998, p. 69)

Saint Hilaire d’Arles (401-449)

Cet évêque fit déposer saint Célidoine, évêque de Besançon, lors du Concile de Besançon (444) qu’il organisa, sous le prétexte qu’il aurait épousé une veuve avant son entrée dans l’Église. Cette décision sera finalement annulée par Rome car Hilaire n’avait pas juridiction pour déposer cet évêque qui sera par la même occasion rétablit sur son siège. Nous ne pouvons que supposer que Celidoine était séparé de corps lors de son entrée dans l’Eglise, mais ce doit certainement être la fait que sa femme ait été veuve qui posa problème.

Saint Isidore de Péluse (mort vers 450)

Il y a aussi le témoignage déjà donné de saint Isidore de Péluse (mort vers 450) :

« Si des femmes accompagnaient les apôtres, ce n’était pas pour vivre conjugalement avec eux et engendrer des enfants, mais pour les assister de leurs biens et nourrir les prédicateurs de la pauvreté. Quant à accompagner celui-ci, elles n’y étaient pas autorisées et elles n’en étaient pas capables, car ses courses le conduisaient, comme je l’ai dit, jusqu’aux extrémités de la terre. Quoi d’étonnant à ce que la race des femmes fût laissée en arrière, quand Barnabé lui-même, le compagnon d’attelage de Paul, renâclant devant cette course et cette fatigue immenses, a abandonné à Paul la première place ? [Actes XV, 36-40]. Alors qu’il faisait équipe avec lui, Paul écrivait ceci : « N’avons-nous  pas le droit de prendre avec nous une femme comme sœur, de la même  façon que les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » [I Corinthiens IX, 5]. Il ne faut pas s’imaginer que ceux qui exhortaient à la virginité, qui prêchaient la chasteté, qui dirigeaient des troupes de vierges, ne s’abstinssent pas de tout commerce avec les femmes. Auraient-ils eu bonne grâce de prêcher aux autres lu virginité, s’ils avaient vécu eux-mêmes dans les plaisirs de la chair ? Ce n’est donc  pas cela qu’il veut dire. Car il aurait certainement dit alors : « Une femme comme épouse« , tout comme ceux qui rédigent les contrats de mariage écrivent : « … Nourrir et vêtir, de la façon qui convient à une femme prise comme épouse, selon mes moyens » ; ils le mot « femme » pour signifier la nature, et le mot « épouse » signifier la vie commune. Mais à propos des femmes qui accompagnaient les maîtres de la pauvreté, en pourvoyant à leur subsistance,  aux dépens de leurs propres biens, il a dit « sœur » pour mettre en évidence leur chasteté, et femme pour montrer quelle était leur nature. Car la vierge elle-même est appelée femme, quand bien même elle est intacte ; « femme » en raison de son apparence physique, quand bien elle est inviolée ; « femme » en raison de sa nature, quand bien elle ignore tout de la rencontre avec l’homme. » (Lettres, Livre III, Lettre 176, PG 78, 865D-868D)

Saint Isidore ne dit pas explicitement ici que les apôtres mariés ont cessé toute vie conjugale, mais c’est implicite. En effet, comment aurait-il pu dire d’apôtres mariés qu’ils « s’abstenaient pas de tout commerce avec les femmes » et qu’ils ne vivaient pas « dans les plaisirs de la chair« , sinon en sous-entendant qu’ils avaient quitté leurs épouses ? On répondra peut-être qu’il pensait que les apôtres n’ont jamais été mariés ? Nous répondons à notre tour que d’une part nous savons que saint Pierre le fut, comme l’Ecriture Sainte l’affirme (nous le verrons plus bas), ce qu’Isidore pouvait difficilement ignorer, et d’autre part que même s’il avait pensé qu’aucun apôtre n’avait jamais été marié, alors cela prouve d’autant plus que le célibat des prêtres est une discipline apostolique, même en Orient, autrement pour quelle raison Isidore aurait-il tenu ce genre de discours ? Quel intérêt de dire cela si l’état d’apôtre ou de prêtre, puisque les prêtres aussi doivent « prêcher la chasteté« , était indifférent à l’état matrimonial ?

Concile de Chalcédoine (451)

Le concile de Chalcédoine témoigne implicitement que la discipline universelle de son époque l’interdiction de se marier pour les prêtres. En effet, il dispose :

« Comme dans quelques provinces on a permis aux lecteurs et aux chantres de se marier, le saint concile a décrété qu’aucun d’eux ne doit épouser une femme hérétique ; ceux qui ont eu des enfants après avoir contracté de pareilles mariages, s’ils ont déjà fait baptiser leurs enfants chez les hérétiques, doivent les présenter à la communion de l’Eglise catholique ; si ces enfants ne sont pas encore baptisés, ils ne doivent pas les faire baptiser chez les hérétiques, ni les donner en mariage à un hérétique, à un juif ou à un païen, à moins que la personne qui doit se marier à la partie orthodoxe ne promette d’embrasser la foi orthodoxe. Si quelqu’un va contre cette ordonnance du saint concile, il sera frappé des peines canoniques. » (Canon 14)

Il est question de « quelques provinces » ou « on a permis aux lecteurs et aux chantres de se marier« . Ici lecteur est le deuxième des quatre ordres mineurs, qui sont le niveau inférieur des ordres majeurs, parmi lesquels le sacerdoce. Aussi, s’il est dit qu’il a été permis dans quelques provinces de se marier aux seuls chantres et lecteurs, c’est bien, premièrement que ce n’est pas le cas partout (donc que la règle est que même des fonctions secondaires sont par principes incompatibles avec le mariage), deuxièmement que cette permission n’est qu’une exception faite à la règle, troisièmement que tous les degrés supérieurs sont interdits de mariage. Autrement pourquoi ne mentionner que les lecteurs et lecteurs comme ne devant pas épouser d’hérétiques ? Cette interdiction n’est-elle pas d’autant plus importante que le sujet est haut dans la hiérarchie ? Ne serait-ce donc pas infiniment plus important d’interdire à un prêtre qui monte tous les jours à l’autel d’épouser une hérétique qu’à un chantre ou à un lecteur qui n’ont que des rôles mineurs dans la vie de l’Eglise ?

Et de fait, le conciliabule illégitime in Trullo sur lequel nous reviendrons plus bas, qui trahit la discipline antique du célibat-continence des prêtres, témoigne lui-même de cette interdiction de se marier pour tous les clercs de rang supérieur à celui de lecteur :

« Comme il est dit dans les Canons apostoliques, que seuls parmi les célibataires promus dans les rangs du clergé, les lecteurs et les préchantres peuvent se marier, nous aussi, observant cette prescription, nous ordonnons qu’à partir de maintenant aucun sous-diacre ni diacre ni prêtre n’a point le droit, une fois l’ordination reçue, de contracter mariage ; s’il ose le faire, qu’il soit déposé. Si quelqu’un de ceux qui s’engagent dans le clergé veut s’unir à une femme par les liens d’un mariage légitime, qu’il le fasse avant son ordination au sous-diaconat ou au diaconat ou à la prêtrise. » (6è canon)

Saint Léon le Grand (390-461)

Saint Léon étend l’interdiction de mener une vie conjugale aux sous-diacres, après leur ordination, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors, car on se demandait si ce degré appartenait aux aussi aux degrés supérieurs de l’Ordre :

« En effet, bien que ceux qui ne font pas partie du clergé soient libres de prendre plaisir à la compagnie du mariage et à la procréation d’enfants, les sous-diacres eux-mêmes ne sont pas autorisés à se marier charnellement, afin que « ceux qui ont soient comme s’ils n’avaient pas », et que ceux qui n’ont pas restent célibataires, et ce afin de montrer la pureté d’une continence complète. Mais si, dans cet ordre, qui est le quatrième à partir de la tête, cela mérite d’être observé, à combien plus forte raison faut-il le faire dans le premier, le deuxième ou le troisième, de peur que l’on ne considère comme apte aux fonctions de diacre, à la position honorable de presbytre ou à la prééminence d’évêque, quelqu’un dont on découvrirait qu’il n’a pas encore réfréné ses désirs exorbitants. » (Lettre 14, 4 à l’évêque Anastase de Thessalonique, IV ; PL tome 54, colonnes 672 et 673)

Saint Léon dit encore :

« La loi de continence est la même pour les ministres de l’autel (les diacres) que pour les évêques et les prêtres. Lorsqu’ils étaient encore des laïcs ou des lecteurs, ils pouvaient être autorisés à se marier et à procréer des enfants. Mais dès qu’ils atteignaient les degrés nommés ci-dessus, ce qui autrefois leur était permis cessait désormais de l’être. Pour que du mariage selon la chair naisse ainsi un mariage spirituel, il est nécessaire non pas qu’ils répudient leurs épouses, mais qu’ils les aient comme n’en ayant pas, afin que soit gardé l’amour conjugal mais que cesse en même temps l’usage du mariage. » (Lettre 167, 5 à Rustique, évêque de Narbonne, Réponse à la troisième question ; PL tome 54, colonne 1204)

Saint Léon le Grand n’hésite pas à permettre, lorsque c’est prudent, la cohabitation des époux au nom du lien qui les unit tout en excluant l’union charnelle. Il est ainsi dans la droite ligne du troisième canon du concile de Nicée dans son interprétation traditionnelle. Il affirme par ailleurs l’obligation du célibat pour les sous-diacres.

Troisième (ou plutôt second *) concile d’Arles (453)

« On ne doit pas admettre au sacerdoce quelqu’un qui se trouve engagé dans les liens du mariage, à moins qu’il ne se soit préalablement converti (nisi præmissa, al. promissa, fuerit conversio), c’est-à-dire, qu’il n’ait promis ou fait profession de garder la continence. » (Canon 2)

Cela signifie qu’il devait avoir observé une certaine période de continence avant l’ordination.

Gratien cite encore cet autre canon du même concile :

« Le concile a décrété de plus, qu’on n’ordonnerait plus à l’avenir de diacres qui fussent mariés, à moins qu’ils n’eussent pris la résolution de se convertir en faisant profession de chasteté. » (Ce canon ne se trouve dans les actes d’aucun des trois premiers conciles concile d’Arles ; *Cf. LABBE, Conc., t. IV, col. 1011)

Concile de Tours (461)

Ce Concile juge à propos d’adoucir les pénalités édictées contre les violateurs du célibat ecclésiastique .Jusque-là les coupables étaient non seulement déposés, mais encore privés de la communion ; désormais ils cesseront simplement d’exercer leurs fonctions, mais ils seront admis à la communion (Canon 2. MANSI, t. VII, col. 945).

Cette décision, de même que celle du Concile précédent furent favorablement accueillies par tout l’épiscopat des Gaules (Cf. Epist. Lupi et Euphronii ad Talasium Andegavensem, PL 58, 66).

Concile de Vannes (465)

« que les ecclésiastiques, à qui le mariage est interdit, se trouvent aux noces des autres, ni dans tous les endroits où leurs oreilles et leurs yeux, destinés aux sacrés mystères, pourraient être souillés par des spectacles ou des paroles déshonnêtes. » (3è canon)

Concile d’Agde (506)

Présidé par saint Césaire d’Arles, recommande en son 9è canon dans les termes suivants l’observation des décrets des Papes Sirice et Innocent :

« Le concile a décrété en outre que, si des prêtres ou des diacres mariés veulent cohabiter de nouveau avec leurs épouses, on observera à leur égard le statut du pape Innocent ou du pape Sirice, inséré à la suite de ces canons. » (canon 9).

Le concile rapporte ensuite des extraits de la lettre d’Innocent Ier à Exupère de Toulouse, où ce pape fait mention du statut de son prédécesseur en ajoutant que :

« si ce statut concernant la vie que doivent mener les ecclésiastiques envoyés par l’évêque Sirice aux diverses provinces, n’était pas parvenu dans quelques-unes, l’ignorance de ces provinces sur ce point serait excusée, pourvu qu’à l’avenir elles se missent en devoir de s’y conformer. Quant à ceux qui se trouveraient (par suite de cette ignorance antérieure) dans le cas de la défense portée par le statut, ils seront maintenus dans les fonctions de leur ordre, mais sans espérance d’être promus à un ordre supérieur. Ils devront même regarder comme une grâce d’être maintenus dans une place qu’ils auraient mérité de perdre. Mais si d’autres sont convaincus d’avoir connu le règlement de Sirice, et de n’en avoir pas moins continué de s’abandonner à leurs désirs sensuels, il faudra les déposer sans miséricorde, en punition de ce qu’ils auront mieux aimé suivre leur convoitise, que d’obéir à une injonction qu’ils ne pouvaient ignorer. » (Cf. LABBE, Conc., t. IV, col. 1384-1385)

Arthur MALNORY commente :

« Le soin particulier avec lequel a été composé le canon 9è montre combien l’auteur était pénétré de ce qu’il faisait. Il n’hesite pas a deroger a la brièveté ordinaire des canons, afin de porter a la connaissance de tous, par le texte même du concile, les autorités qui fixaient le droit, selon lui, dans la question envisagée. Ces autorités, c’étaient trois décretales des pontifes romains qui étaient alors conservées dans les archives de toutes les églises bien ordonnées. L’une etait cette décrétale d’Innocent a Exupère de Toulouse, qui avait été destinée au pays même. Césaire l’omet et se contente de faire insérer des extraits des deux autres qu’on était censé connaître moins ; l’une, du même pape à l‘évêque de Rouen Victrice ; l’autre de son predecesseur Sirice a l’évêque espagnol Himère. Toutes ces pièces avaient, bien qu’adressées a des Eglises particulières, un caractère d’universalité que les papes avaient soin de marquer eux-memes, en recommandant aux destinataires de leur donner la plus grande publicité qu’ils pourraient. Leur insertion dans le texte du concile equivaut, de la part des Pères, a la reconnaissance de leur autorité, ce qui n’est pas le trait le moins remarquable a relever dans l’histoire de ce concile. » (Saint Césaire, évêque d’Arles : 503-543, page 78)

En son 10è canon, le Concile dispose qu’un clerc ne doit pas visiter de femme, et ne peut en avoir chez lui ; il ne peut vivre qu’avec sa mère, sa scaur, sa fille, ou sa nièce. A noter que dans les Statuta, saint Césaire rappelait sommairement aux clercs le précepte qui leur interdisait d’avoir sous leur toit des femmes etrangères. Le concile d’Agde apporte plus de précision sur ce point. La tante n’est pas nominée, mais elle paraît comprise implicitement dans, cette liste. S’il n’est même pas fait mention de la femme, c’est que la chose allait de soi. Cependant a Arles on exigeait une promesse de continence tant de l’homme que de la femme et, avec le temps, il fallut se montrer plus sévère. Les conciles posterieurs montreront le progrès des restrictions, ce sera la separation du lit, puis de la chambre, enfin du toit.

Le 16è canon dispose que nul ne doit être ordonné diacre s’il n’est êgé de vingt-cinq ans. Lorsqu’un homme jeune et marié veut se faire ordonner, on doit lui demander si sa femme y consent et si elle a fait voeu de se séparer de son mari et de chasteté.

Enfin le 39è canon dispose que les prêtres, diacres et sous-diacres, « et en général ceux qui ne doivent pas se marier », ne doivent pas assister aux repas de noces et doivent éviter les sociétés ou l’on chante des chansons d’amour et déshonnêtes (Cf. Concile de Vannes, can. 11).

Concile d’Orléans (10 juillet 511)

Saint Mélaine (Melanius), évêque de Rennes (de 505 à 530+), participe à la rédaction du droit canon et s’évertue, ensuite, à le faire respecter notamment en ce qui concerne les règles liturgiques et le célibat des prêtres. Par la suite, ce même Mélaine, rappelle à deux prêtres la loi sur le célibat.

Concile de Gérone (517)

« Si des hommes anciennement mariés ont été  ordonnés, ils ne doivent plus habiter avec l’ancienne épouse devenue leur soeur. » (Canon 6 ; in : Hermann Theodor BRUNS, Canones Apostolorum et Conciliorum saeculorum IV. V. VI. VII., II, Berlin, 1839, 19)

IIè Concile d’Orléans (533)

La défense de contracter mariage après la réception des ordres majeurs ne paraît pas avoir été violée pendant la période mérovingienne. Le concile d’Orléans de 533, suppose cependant le cas où un diacre, réduit en captivité, aurait pris femme : il n’annule pas ce mariage illicite, mais suspend le coupable de son office (Canon 8 ; Friedrich MAASSEN, Concilia aevi Merovingici, p. 62)

Concile de Clermont ou « IIè Concile d’Auvergne » (535)

« Si un prêtre et diacre a été ordonné en vue d uservice divin, d’époux il devient aussitôt frère de son ancienne femme. » (Canon 13 (éd. par Charles MUNIER, Corpus Christianorum, Series Latina, Volume 148 A, Turnhout 1974, 108))

IIIè Concile d’Orléans (558)

Réitération de l’exigence du célibat tant aux sous-diacres qu’aux prêtres et aux diacres.

Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

Dans ses Compilations, Justinien formalisa ainsi la législation ecclésiastique à propos du célibat sacerdotal :

« Les saints canons défendent aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres de contracter mariage après leur ordination. Ils n’accordent cette liberté qu’aux lecteurs et aux chantres. Cependant quelques-uns des clercs supérieurs sont devenus pères, par leur union à des femmes qu’ils ont épousées, au mépris des saints canons et contre la défense de l’Eglise. » (Code justinien, Livre I, Des évêques et des clercs, t. III, lig. 44)

Comme il n’appartient qu’à la puissance civile d’infliger des peines temporelles, la seule peine qu’encourussent les clercs qui se souillaient par de tels mariages était la déposition. Justinien ayant remarqué que cette peine spirituelle ne faisait pas assez d’impression sur certains clercs corrompus et ne les empêchait pas de déshonorer ce sacerdoce par des conjonctions sacrilèges, y ajouta des peines temporelles et déclara les enfants issus de tels mariages incapables de succéder à leur père (Code justinien, Livre I, Des évêques et des clercs, t. III, lig. 44).

« Le diaconat ne doit être confère qu’a celui qui aura déclaré qu’il se croit en état de pouvoir vivre dans la continence ; l’évêque ne pouvait permettre à un diacre ou à un sous-diacre de se marier après l’ordination. » (Novelles, 123, 14)

Il ne faudrait pas croire que Justinien imposa cette décision à l’Eglise. Au contraire, en matière religieuse Justinien était soumis en tout à l’Eglise, comme en témoigna sa protestation d’obéissance au Pape.

En effet, l’Empereur Justinien envoya une Profession de foi au Pape Jean II. Celui-ci lui répondit dans une lettre qu’il l’approuvait entièrement. Ces deux documents témoignent abondamment de la foi de l’Eglise universelle en la Papauté. Dans le Code Justinien (Livre I, titre premier, point n°8), la Profession de foi de l’Empereur qui est antérieure à l’approbation du Pape, ne se trouve qu’au travers de la réponse du Pape Jean II qui l’approuve. En effet, Jean II commence par une introduction et une approbation de cette Profession de foi, puis la cite dans son intégralité, et reprend parole pour conclure. En revanche Patrologie latine, la Profession de foi de l’Empereur est entièrement extraite de la lettre de Jean II et placée avant elle, et la reproduction de la lettre du Pape renvoie au texte précédent à l’endroit où Jean II citait l’Empereur. Aussi bien l’introduction, que la Profession de foi copiée, que la conclusion, témoignent de la Papauté. En voici les textes concernant cette doctrine :

Introduction de la lettre du Pape Jean II (470-533)

« Jean, Évêque de Rome, à notre très-illustre et très-clément fils Auguste Justinien.

Outre les éloges mérités qu’on peut donner à votre sagesse et à votre douceur, le plus chrétien des princes, vous êtes distingué encore comme un astre radieux, par l’amour de la foi et de la charité ; et instruit, sur ce qui concerne la discipline ecclésiastique, vous avez conservé la doctrine de la prééminence du siège de Rome ; vous lui avez soumis toutes choses, et vous avez ramené l’unité dans l’Eglise. Le Seigneur a dit au premier de nos prédécesseurs, qui est aussi le premier des apôtres : « Gardez mes brebis » [Jean XXI, 15-17] ; siège que les institutions dès princes, les maximes des pères, et le témoignage de votre piété , déclarent le chef de toutes les églises. […] Nous avons reçu avec le respect accoutumé les lettres de votre majesté, par nos frères et collègues, les très-saints évêques Hipatius et Démétrius ; nous avons appris d’eux que vous avez publié un édit adressé à vos fidèles peuples, dicté par l’amour de la foi, et tendant à détruire les hérétiques ; lequel est selon la doctrine apostolique, et a été confirmé par nos collègues et nos frères les évêques ; nous le confirmons de notre autorité, parce qu’il est conforme à la doctrine apostolique. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 17-18Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Puis prend place la Profession de foi de l’Empereur.

Profession de foi de l’Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

« Justinien, victorieux, pieux, heureux, illustre, triomphant, toujours auguste ; à Jean, Patriarche et très-saint Archevêque de la ville de Rome.

Honorant le siège apostolique et votre sainteté, pour laquelle nous n’avons jamais cessé de faire des vœux, que nous regardons comme notre père, nous nous sommes hâtés de lui donner connaissance de toutes les affaires qui concernent l’état ecclésiastique. Comme nous nous sommes toujours efforcés de maintenir l’unité de votre siège apostolique, et de maintenir les saintes églises de Dieu dans l’état où elles sont aujourd’hui, c’est-à-dire , dans la paix , et exemptes de toutes contrariétés , nous avons engagé tous les prêtres de l’Orient à s’unir et se soumettre à votre sainteté : mais à présent que de nouveaux doutes se sont élevés, quoique sur des choses claires et certaines, et conformes à la doctrine de votre siège apostolique, fermement gardée et professée par tous les prêtres, nous avons cependant cru nécessaire d’en instruire votre sainteté ; car nous ne souffrons pas que les affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses, soient agitées sans que votre sainteté en soit instruite, elle qui est le chef de l’église, car nous nous efforcerons toujours, comme nous avons dit, d’accroître l’honneur et l’autorité de votre siège. […]

§. 2. Tous les prêtres de la sainte église catholique et apostolique et les révérends abbés des saints monastères avant reconnu votre sainteté, approuvant l’état et l’unité des saintes églises qui dérivent de votre siège apostolique […]

§. 3. Nous admettons, ainsi que votre siège apostolique l’enseigne et prêche, quatre saints conciles; 1°. celui des 318 saints pères qui s’assemblèrent dans la ville de Nicée ; 2°. celui tenu dans cette ville par les saints pères, au nombre de 150 ; 3°. celui tenu à Ephèse ; 4°. et enfin , celui de Chalcédoine. Tous les prêtres qui suivent la doctrine de votre siège apostolique croient, confessent et prêchent ces choses. […]

§. 5. Nous demandons donc votre affection paternelle, afin que vous nous fassiez connaître par vos lettres, ainsi qu’aux évêques de cette ville et au patriarche votre frère (qui a écrit lui-même à votre sainteté, par les mêmes députés, qu’il suivait en toutes choses le siège apostolique de votre béatitude), que votre sainteté approuve tous ceux qui croient à ce que nous avons exposé ci-dessus, et qu’elle condamne la perfidie de ceux qui ont osé judaïquement nier la foi légitime. Ainsi l’autorité de votre siège et l’amour de tous pour vous augmenteront ; l’unité et la tranquillité des saintes églises seront assurées, quand les évêques apprendront des députés qui vous ont été envoyés, quelle est la vraie doctrine de votre sainteté. Nous demandons de votre sainteté qu’elle prie Dieu pour nous, et qu’elle nous obtienne sa bienveillance.

La souscription était ainsi : Que la divinité, ô saint et très-religieux père, vous donne une longue vie ! » (Lettre de l’empereur Justinien au Pape Jean II ; PL, tome 66, colonnes 14-17 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Aussi Justinien n’osait rien décider sans en référer au Pape, pas même au sujet de « choses claires et certaines » ou d’ « affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses« , et ce alors même qu’il avait le Patriarche de Constantinople à sa proximité immédiate. C’est une manifestation de la foi orientale en la Papauté.

Conclusion de la réponse de Jean II

« Les seuls qui soient opposés à votre profession de foi sont ceux dont l’Ecriture dit : « Ils ont mis leur espérance dans le mensonge, et ils ont espéré dans le mensonge » [citation libre de Isaïe XXVIII, 15-17] ; ou ceux qui, d’après le prophète, ont dit au Seigneur : « Eloigne-toi de nous, nous ne voulons pas suivre tes voies » [Job XXI, 14] ; ceux dont parle Salomon : « Ils ont erré dans leurs propres voies y et ils amassent avec leurs mains des choses infructueuses » [Proverbes IV]. C’est donc là votre vraie foi et votre vraie religion, que tous les pères, d’heureuse mémoire, comme nous avons dit, ainsi que tous les chefs de l’Eglise romaine, que nous suivons en toutes choses, ont décidé ; ce que le Siège apostolique a jusqu’à présent prêché et gardé fermement ; et s’il existe quelqu’un qui soit opposé à cette confession et à cette Foi du chrétien, il les jugera lui-même hors de la sainte communion et de l’Eglise catholique. […] Observant ce que S. Pierre a établi à ce sujet, nous ne les recevons point dans notre communion, et nous ordonnons qu’ils soient exclus de toute église catholique, à moins que, condamnant leur erreur, ils ne suivent notre doctrine, et déclarent en faire profession ; car il est juste que ceux qui ne s’y soumettent point, soient déclarés exclus des églises. Mais comme l’église ne ferme jamais son sein à ceux qui veulent retourner à elle, c’est pourquoi, s’ils abandonnaient leurs erreurs et leurs mauvaises intentions, je supplie votre clémence, afin que vous les receviez dans votre communion, que vous oubliiez les injures qui ont excité votre indignation, et que, par notre intercession, vous leur pardonniez et leur accordiez votre bienveillance. Nous prions Dieu qu’il daigne vous conserver longtemps dans la vraie religion, l’unité du siège apostolique et le respect que vous avez pour lui, et qu’il vous conserve le commandement, en toutes choses, de l’empire le plus chrétien et le plus pieux. […]

Fait à Rome, le 8 des calendes d’avril, sous le consulat de l’empereur Justinien, consul pour la quatrième fois, et de Paulinus. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 19-20 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

IIè concile de Tours (17 novembre 567)

Les hommes mariés pouvaient devenir prêtres, mais une fois dans les ordres majeurs, il leur fallait renoncer à tout commerce conjugal : leurs épouses devenaient pour eux des sœurs; ils pouvaient les garder près d’eux, habiter dans la même maison ; la chambre et le lit seuls devaient être séparés :

« Tout ecclésiastique trouvé dans son lit avec sa femme sera excommunié pendant un an et réduit à l’état laïc. » (Canon 19 [alias 20] ; Friedrich MAASSEN, Concilia aevi Merovingici, p. 127-128)

Saint Grégoire le Grand (vers 540-604)

Ce Pape atteste indirectement dans ses lettres que, pour l’essentiel, la continence cléricale était observée dans l’Église. Il décréta que l’ordination au sous-diaconat était définitive et entraînait pour tous le devoir de continence :

« Il nous est revenu de plusieurs côtés que c’était depuis longtemps la coutume établie parmi vous de permettre aux sous-diacres de contracter mariage. Pour que cet abus ne se renouvelle plus à l’avenir, le diacre de ce siège apostolique, agissant en vertu de l’autorité de notre prédécesseur, mit à choix ceux de ces sous-diacres qui étaient mariés, ou de n’avoir plus de commerce avec leurs femmes, ou de se retirer du ministère sacré. . . Que votre fraternité soit donc vigilante sur ce point, et qu’elle prenne garde ce que ceux qu’elle élèvera à cet office renoncent, s’ils sont mariés, à user de leurs femmes ; qu’elle les oblige en un mot par des ordres sévères à se conduire en tout conformément aux décrets du siège apostolique. » (Monumenta Germaniae Historica, Registre des lettres, IV, 36 à Léon, évêque de Catanensem, PL, 77, 710)

 

« Que les évêques n’ordonnent sous-diacres que ceux qui ont commencé par leur promettre de vivre dans la chasteté, parce qu’on ne doit employer au service de l’autel que ceux dont la chasteté a d’abord été éprouvée. » (Lettre au sous-diacre Pierre : Registre des lettres, livre I, lettre 44, PL 77, 505-506)

 

« Le prêtre, après son ordination, aimera sa prêtresse [son ancienne épouse] comme une soeur. » (Dialogues, livre IV, chapitre 11, PL 77, 336)

De plus, il s’employa à plusieurs reprises à interdire en toutes circonstances la cohabitation des clercs majeurs avec des femmes non autorisées à le faire, cette cohabitation devant donc être empêchée. Comme les anciennes épouses n’appartenaient pas, normalement, aux femmes autorisées, on a ici une interprétation remarquable du 3ème canon correspondant de Nicée.

Sur de nombreux textes de saint Grégoire le Grand, cf. Père Christian COCHINI, SJ, Origines apostoliques du célibat sacerdotal, Le Sycomore, série. «horizon » 7, Lethielleux et Culture et Vérité, Paris-Namur, 1981, pp. 404-416.

Luther calomnia Saint Grégoire en disant de lui : « S. Grégoire a enseigné des maximes détestables, c’est lui qui a inventé le purgatoire, les messes des morts [réfutation : ici], l’abstinence, le célibat, le capuchon, toutes les momeries : le diable le possédait, je ne donnerais pas un pfennig de tous ses écrits. » (Histoire générale de l’Eglise, Abbé Darras, Tome 33, p. 127/128).

Saint Isidore de Séville (entre 560 et 570-636)

Ce Père espagnol enseigne la même doctrine au sujet de « l’unius uxoris vir » que nous avons vu plus haut chez Eusèbe de Césarée, saint Epiphane, saint Ambroise, l’Ambrosiaster, saint Innocent Ier, saint Sirice, saint Jean Chrysostome ou saint Jérôme (Des offices ecclésiastiques, II, 5, 8 (PL 83, 783, 790))

A l’époque se saint Isidore, chez lui en Espagne, les Conciles de Saragosse II (592) et de Tolède III (596) contiennent des normes explicites à ce sujet, relatives aux clercs venant de l’arianisme.

Un Concile mérovingien de lieu inconnu (peu après 614)

Un concile mérovingien de lieu et date inconnus (peu après 614) limite cette interdiction de se marier aux prêtres et aux diacres (Canon 12 ; Friedrich MAASSEN, Concilia aevi Merovingici, p. 195)

Le cinquième (ou plutôt le 4e *) concile de Tolède (633)

« Lorsque des prêtres ou des diacres sont placés dans des paroisses, ils doivent promettre à leur évêque de vivre chastement et dans la crainte de Dieu, afin que cet engagement qu’ils prendront les oblige de vivre selon la sainteté de leur état. » (Canon 26)

* Cf. LABBE, Conc., t. V, col. 1713-1714

Saint Eugène Ier (mort en 657)

Ce Pape prescrit la chasteté aux prêtres.

I) Le IIIè concile de Constantinople : une preuve définitive pour les Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tous ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes

A l’occasion du IIIè concile de Constantinople (680-681), le Pape saint Agathon envoya deux lettres aux empereurs. Nous lisons, entre autres, dans la première lettre :

« Que Votre Clémence considère donc cet avertissement de Notre-Seigneur et Sauveur, l’auteur de notre foi : en promettant à saint Pierre que sa foi ne défaillirait pas, il l’engagea à confirmer ses frères. Tout le monde sait bien que les pontifes du siège apostolique, ceux qui ont précédé mon humble personne, ont réalisé cette tache sans douter de cette parole. […] Aucun autre motif plus approprié ne saurait recommander à la divine majesté votre force absolument invincible : combattez ceux qui se sont écartés de la règle de la vérité, faites connaître et proclamez partout l’intégrité de notre foi évangélique et apostolique. » (Lettre I Consideranti mihi aux empereurs, 27 mars 680, PL, 87/1168-1169 et 1212 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 635 et 636 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 234 et suivantes)

Puis :

« Saint Pierre a reçu du Rédempteur lui-même par une triple recommandation qui lui en a été faite, la charge de paître les brebis spirituelles qui composent son Eglise ; et c’est grâce à l’appui qu’il continue de lui prêter, que cette Eglise apostolique n’a jamais déviée par une erreur quelconque de la voie de la vérité ; aussi, de tout temps, toute l’Eglise catholique et les conciles généraux ont-ils fidèlement adhéré à son autorité comme à celle du prince de tous les apôtres, s’attachant à la suivre en tout, et tous les saints Père en ont embrassé et soutenu avec zèle la doctrine comme venant des apôtres […] Que votre auguste clémence veuille donc bien considérer que le maître et le Sauveur de tous, qui est l’auteur de la foi, et qui a promis que la foi de Pierre ne défaillira jamais, l’a averti d’affermir ses frères : charge dont se sont acquittés en toute circonstance avec courage, comme tout le monde le sait, les pontifes apostoliques mes glorieux prédécesseurs ; et quoique bien inférieur à leurs mérites je veux, puisque la grâce divine m’a appelé à leur succéder, m’acquitter à leur exemple de ce même ministère. » (Lettre I Consideranti mihi aux empereurs, 27 mars 680, PL, 87/1168-1169 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 635 et 636 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 234 et suivants)

Et dans la seconde, signée des cent-vingt-cinq Évêques d’un concile tenu à Rome :

« Nous croyons que Dieu fera à votre trône, qu’il a élevé lui-même, la faveur si rare, et qui est le privilège du très-petit nombre, d’être le moyen dont il se servira pour faire briller aux yeux de tous la lumière de la foi catholique et apostolique, qui, ayant pour principe la source même de la vraie lumière dont elle est comme le rayon, nous a été transmise par le ministère des princes des apôtres saint Pierre et saint Paul, et par les hommes apostoliques leurs disciples et leurs successeurs, et est parvenue ainsi intacte, grâce au secours divin, jusqu’à notre médiocrité, sans que les ténèbres des hérésies aient pu l’obscurcir, sans qu’aucune erreur ait pu l’altérer, et Dieu veuille bénir les efforts que fait votre autorité providentielle pour la conserver toujours inaltérable ! Tel a été aussi l’objet constant de la sollicitude du siège apostolique, et de tant de pontifes auxquels nous succédons malgré notre indignité. » (Lettre III Omnium bonorum spes aux empereurs, PL, 87, 1217 et 1220 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 679-682)

Le pape évoque « les pontifes apostoliques mes glorieux prédécesseurs » comme s’étant « acquittés en toute circonstance avec courage, comme tout le monde le sait » à affermir leurs frères selon les paroles du Sauveur. Il est enfin question de la saine doctrine « parvenue ainsi intacte, grâce au secours divin, jusqu’à [saint Agathon], sans que les ténèbres des hérésies aient pu l’obscurcir, sans qu’aucune erreur ait pu l’altérer ». Aussi si tous se sont acquittés de cette tache, cela signifie qu’aucun n’a failli.

Aussi, cela signifie que les propos de saint Damase, saint Sirice, saint Innocent Ier, saint Léon le Grand et saint Grégoire le Grand sur le célibat sacerdotal, que nous avons cité, se trouvent ainsi « validés » en tant que tels par ces lettres.

Par la suite, le 15 novembre 680, lors de la 4è session du IIIè concile de Constantinople (680-681) réunissant surtout des évêques Orientaux, une lecture fut donnée de la première lettre (PL, 87/1168-1169 et MANSI, 11/239-254). Puis, lors de la 18è session, le 16 septembre 681, ce fut au tour de la seconde lettre lue en public et les Pères du concile l’approuvèrent et l’insérèrent dans les actes du concile. Leur discours prosphonétique aux empereurs est riche en informations. Ils y témoignent de l’autorité du Pape saint Sylvestre sur le Concile de Nicée :

« Arius veut diviser et séparer les personnes adorables de la sainte Trinité ; et aussitôt l’empereur Constantin et l’honorable Sylvestre s’empressent de convoquer le grand et célèbre Concile de Nicée. » (MANSI, XI, colonnes 661 A ; LABBE, VI, 1049-1050)

Ainsi que de la place de premier plan que le Pape saint Damase occupa dans la lutte contre l’hérésie de Macédonius :

« Lorsque Macédonius répandit ses erreurs sur le Saint-Esprit, Théodose et Damase se dressèrent aussitôt contre lui, et Grégoire et Nectaire [ndlr : saint Nectaire de Constantinople fut le successeur de saint Grégoire de Nazianze comme évêque de cette ville] rassemblèrent un synode dans cette ville royale. » (MANSI, XI, colonnes 661 B ; LABBE, VI, 1049-1050)

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce passage ne signifie pas qu’il présida le Ier Concile de Constantinople via ses légats, ni même qu’il y prit part via une représentation. Nous développons cela dans cet article : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2018/04/16/la-papaute-au-ier-concile-de-constantinople-381/

Un peu plus tard ils affirment la vérité de la doctrine contenue dans les lettres de Rome :

« Tous unis sous l’inspiration du Saint Esprit, tous d’accord et tous du même avis, acquiesçant tous aux lettres que Notre Très Saint Père et Souverain pontife le pape Agathon a envoyées à Votre Puissance [ndlr : les empereurs], reconnaissant la sainte décision du concile qui dépend de lui et qui rassemble cent-vingt-cinq prélats. […] C’est le souverain prince des apôtres qui a agi de concert avec nous. Nous avons eu, pour nous aider, le pape dont la conduite est conforme à la sienne et qui lui succède sur son siège, le pape qui dans ses lettres déclare le mystère de la vérité divine et sacrée. Rome, cette ville antique, nous a transmis la profession de foi que Dieu avait dictée à saint Pierre. La feuille sur laquelle fut inscrit le dogme a honoré la fin de ce jour ; sur cette feuille on voyait de l’encre, mais c’est réalité c’est saint Pierre qui parlait au travers de l’écriture du pape Agathon. » (MANSI, XI, 663-666 ; LABBE, VI, 1051-1054)

Et dans la lettre qu’ils adressèrent au Pape saint Agathon, mais qui fut reçu par le Pape saint Léon II en raison du décès de ce premier :

« Ainsi que tu le sais, bienheureux Père, aux grandes maladies il faut de grands secours ! Aussi le Christ, notre vrai Dieu, qui est puissance créatrice de toutes choses et qui les gouverne toutes, nous a donné un sage médecin dans la personne honorée par Dieu de Ta Sainteté. A la contagion de la peste hérétique, elle a opposé, avec force, les remèdes de l’orthodoxie, et elle a rendu la vigueur de la santé aux membres de l’Eglise. Aussi, après avoir lu avec joie les lettres de vraie confession que ta paternelle Béatitude a envoyés au très-pieux Empereur, nous te laissons à faire ce qui reste, à toi, évêque du premier siège de l’Eglise universelle, que nous nous abandonnons pour savoir ce que nous devons faire, puisque tu es établi sur le ferme rocher de la foi. Nous reconnaissons que tes lettres ont été divinement écrites par le grand Prince des Apôtres : c’est par elles que nous avons vaincu la secte hérétique, aux erreurs multiples, qui avait surgi dernièrement. […] Nous renvoyons à ta Béatitude ce qui a été traité sur chaque affaire et qui est relaté dans les notes et les présents écrits. […] C’est ainsi qu’illuminés par le Saint-Esprit et instruits par ta doctrine, nous avons détruit les dogmes funestes de l’impiété et aplani la voie très-droite de l’orthodoxie. Notre très-pieux et sérénissime empereur Constantin nous a sagement et divinement assistés et protégés. Ensuite l’un de nous, l’Evêque de cette ville de Constantinople, a été des premiers à donner son adhésion à l’écrit d’orthodoxie que tu as envoyé au très-pieux Empereur. […] Avec toi, nous avons enseigné clairement la splendide lumière de la foi orthodoxe. Nous prions ta paternelle Sainteté de la confirmer de nouveau par tes honorables rescrits. » (MANSI, XI, 683-688 ; LABBE, VI, 1073-1076)

Le déroulé des événements est décrit dans cet article.

Le concile donc, fait non seulement sienne la doctrine de l’infaillibilité Papale de droit et de la perfection de fait de l’enseignement des Papes précédents, ce qui implique l’approbation de ce que nous avons cité des Papes, mais en plus, dans son approbation, le concile identifie lui-même la promesse faite par le Christ a saint Pierre d’être le rocher de l’Église, à l’exercice de l’épiscopat romain : « C’est à toi, évêque du premier siège de l’Eglise universelle, que nous nous abandonnons pour savoir ce que nous devons faire, puisque tu es établi sur le ferme rocher de la foi ».

Nous pouvons et devons souligner à l’attention des Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tos ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes, qui liraient notre article, que cette décision conciliaire confirmant la doctrine de la Papauté est non seulement un témoignage parmi les autres de la Tradition, mais encore une sentence infaillible selon les normes théologiques de leurs propres églises. Aussi, après avoir lu cela, ils sont obligés, en conscience, d’accepter la doctrine de la Papauté exprimée dans ces lettres et approuvées par le concile, ainsi que l’intégralité de ce qu’ont enseigné les Papes sur la Papauté (aussi bien son existence en tant que dogme apostolique que la réponse à l’argument que les anti-romains pensent pouvoir tirer de ce même concile contre la Papauté, à travers le cas d’Honorius), le Filioque et le baptême des hérétiques, puisque ces lettres affirment aussi la perfection de la doctrine de tous les Papes antérieurs.

C’est le Pape saint Léon II qui ratifia les décret du IIIè concile de Constantinople et qui lui donna sa forme de concile général, lui donnant force obligatoire pour l’Eglise universelle. Il y proclame encore l’infaillibilité du Pape, ratifiant définitivement les sentences précédentes. Voici ses mots :

« Nous avons donc parcouru d’abord avec un extrême empressement les lettres synodiques, dont le langage plein d’élévation nous a frappés. Puis, avec une minutieuse attention, examinant chacune des pièces écrites, les conférant avec les récits des légats apostoliques, nous avons reconnu que le saint, grand et œcuménique concile sixième, réuni avec la grâce de Dieu par décret impérial à Constantinople, s’est conformé dans sa profession de foi dogmatique aux décisions rendues dans le synode œcuménique précédemment tenu à Rome [le concile romain de 680], sous la présidence directe du trône apostolique sur lequel nous sommes maintenant assis. [Saint Léon II expose ensuite en détail la doctrine apostolique proclamée par le concile sur les deux volontés du Christ]. Telle fut en effet la règle de la tradition apostolique et vraie, tracée dans son concile par mon prédécesseur Agathon, d’apostolique mémoire. Cette règle, il la fixa dans la lettre que ses légats remirent de sa part à votre piété, en l’appuyant par les témoignages conformes des Pères et des Docteurs de l’Eglise ; cette règle, le concile général de Constantinople l’a reçue comme un oracle émané du bienheureux Pierre, prince des apôtres ; il y a reconnu la doctrine pure et les marques d’une foi immaculée. Ainsi ce grand, saint et œcuménique concile que votre clémence a réuni, et auquel, pour le service de Dieu, elle a voulu présider, ayant embrassé en tout la doctrine des apôtres et des Pères, ayant reçu avec révérence la définition dogmatique promulguée par le Siège du bienheureux apôtre Pierre, dont, malgré notre indignité, nous tenons la place, à notre tour, nous et par notre ministère le vénérable Siège apostolique lui-même, nous approuvons le décret du concile ; par l’autorité du bienheureux Pierre nous le confirmons comme sur la solidité immuable de la pierre posée par Jésus-Christ pour fondement à l’Eglise. La vénération qui s’attache aux précédents conciles généraux de Nicée, Constantinople, Ephèse, Chalcédoine et Constantinople (deuxième), nous voulons qu’elle soit rendue à cette récente assemblée œcuménique, où le Saint-Esprit vient encore de se manifester pour le salut des âmes et dont toute la gloire dans le Seigneur sera jusqu’à la fin des siècles attribuée à votre piété impériale. » (Lettre III Regi regum, à l’empereur Constantin IV, vers août 682 ; MANSI, XI, 730 et suivants ; PL 96, 404 et 405 ; Mgr Justin FEVRE dans Histoire apologétique de la Papauté, tome 3, page 487, cite ce passage de saint Léon II mais se trompe dans la référence : il indique la colonne 464 au lieu de 404)

Nous avons ici plusieurs éléments. Le premier est que c’est en vertu de l’autorité de l’apôtre Pierre qu’il confirme le concile. Preuve qu’il était clair non seulement pour lui mais aussi pour ses destinataires qu’il était le chef visible et infaillible de droit divin de l’Eglise de Jésus-Christ, et que rien ne pouvait avoir cours sans son approbation expresse ou tacite. Le deuxième est qu’il appelle « oeucuménique » le concile de Rome de 680, réunissant 125 Evêques autour du Pape saint Agathon qui, comme nous l’avons vu, affirme l’infaillibilité des Papes (Saint Agathon, Lettre III Omnium bonorum spes aux empereurs, PL, 87, 1217 et 1220 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 679-682), et en conséquence, d’une part qu’il y croit aussi et ne saurait donc pas condamner Honorius comme hérétique au sens strict, et d’autre part que la confirmation du concile de Constantinople que porte la lettre ne saurait faire de même. Le troisième est le constat que le IIIè concile de Constantinople « pense de même » que ce concile de Rome qui affirme l’infaillibilité des Papes, et qu’il a reçu « comme un oracle émané de la bouche même de Pierre, prince des apôtres », la règle de foi promulguée par saint Agathon, et l’approuve par ce seul motif qu’il a reçu avec révérence cette règle, ce type de la vraie foi, de la tradition apostolique. Pour mieux accentuer encore sa pensée, saint Léon II déclare œcuménique le synode romain tenu par saint Agathon comme nous l’avons dit. Enfin le quatrième, prenant le contrepied du décret conciliaire qui avait mêlé à la définition de la foi les anathématismes, le Pontife donne à la définition de la foi son approbation absolue, quant aux anathématismes, il en détache soigneusement Honorius en spécifiant bien un motif de blâme différent et grandement inférieur à celui des autres, interprétant ainsi de manière authentique l’intention de l’assemblée conciliaire, conformément à ce que ses légats n’auront pas manqué de lui rapporter. Nous démontrons cela dans notre article précité :

L’Infaillibilité du Pape proclamée en 681 ?

J) Le concile de Quintisexte (691 et 692), dit in Trullo : dérogeance de l’Orient à la loi du célibat sacerdotal, via une falsification

Le concile « in Trullo » (691-692) se réunit à l’initiative de l’empereur Justinien II pour mettre fin à la décadence des mœurs qui affligeait, selon lui, l’Empire et l’Église, en réformant le droit canonique. Ce synode qui se réunit sans l’approbation de Rome, ne rassembla que 220 Evêques dont 183 issus du patriarcat de Constantinople et 10 issus d’Occident. Il doit son nom à la pièce du palais impérial de Constantinople nommée αίθουσα Τρούλου (« salle de Troullos ») où il se tint. Il eut la prétention de compléter l’oeuvre des Vè et VIè conciles généraux (oeucuméniques), que sont les IIè (553) et IIIè concile de Constantinople (680-681), d’où son nom de de Quintisexte.

Ce concile assouplit la discipline oriental sur le célibat du clergé, et explique la discipline de l’actuelle église orthodoxe, identique à celle que l’Eglise romaine du concéder aux communautés orientales, revenues à l’unité catholique postérieurement au schisme de 1054.

Aussi, dans son 13è canon, c’est via une falsification du 2è canon du IIIè Concile de Carthage (390) en lui ajoutant du texte pour lui faire dire exactement le contraire de ce qu’il dit vraiment. Nous démontrons cette falsification et nous répondons aux objections contre cette accusation dans notre article :

Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692) prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ

K) Du concile « in Trullo » à la Réforme Grégorienne

Saint Bède le Vénérable (672/673-735)

« Personne ne peut recevoir le sacerdoce ou être consacré pour le service de l’autel, s’il n’a cette sorte de chasteté qui réprime tout désir du mariage, c’est-à-dire, s’il n’est demeuré vierge, ou du moins s’il n’est libre de tout engagement matrimonial. Ce genre de vertu n’est commandé à personne par une loi expresse de Dieu, mais doit être un sacrifice volontaire qui lui soit offert, puisqu’il a dit lui-même : Tous ne sont pas capables de cette résolution (MATTH., XIX, 11). Et cependant il invite pathétiquement à la prendre tous ceux qui en sont capables, par ces autres paroles : Que celui qui peut comprendre ce que je dis, le comprenne. Et un peu plus bas, il promet à ceux qui quitteront pour l’amour de lui leur femme, leur famille ou les embarras de ce siècle le centuple pour le temps présent, et la vie éternelle pour le siècle à venir. Aussi n’est-ce pas sans dessein que Moïse reçoit l’ordre de vêtir Aaron et ses fils d’une manière différente du reste du peuple, et que Dieu lui dit en particulier : Vous leur ferez des caleçons de lin pour couvrir ce qui n’est pas honnête dans le corps (Exod., XXVIII, 42) ; comme s’il disait : Qu’ils aient soin de couvrir les parties déshonnêtes de leur corps ; et vous, faites faire des caleçons au pontife et à ses fils, tracez-leur la règle de la chasteté, intimez à ceux qui doivent exercer le sacerdoce l’obligation de s’abstenir de leurs femmes. Toutefois vous n’imposerez par contrainte à personne le joug de la continence ; mais ceux du moins qui voudront exercer le sacerdoce, et servir au ministère de l’autel, cesseront de leur plein gré de donner pouvoir sur eux à leurs femmes. Une fois ce sacrifice accompli, et leur dessein arrêté de se dévouer aux fonctions du sanctuaire et de l’autel, il ne leur restera plus qu’à observer cette loi divine qui règlera jusque dans ses derniers détails la vie dont ils devront donner l’exemple, et l’enseignement qu’ils auront à donner au peuple, et, donnant sa sanction à leur résolution généreuse, relèvera dignement leur sacerdoce par l’éclat de toutes les vertus, telles en particulier que la sagesse, la patience, la douceur, la miséricorde, le zèle du salut des âmes, l’humilité et la crainte de Dieu. Sans ce cortège qui doit les accompagner, ils seront tenus pour prévaricateur et condamnés à mourir. Car c’est donner très-certainement la mort à son âme, que de prétendre au sacerdoce tout en menant une vie voluptueuse. » (Du Tabenacle, III, 9)

 

« Cela appuie ce que je viens de dire, que les pontifes, tant que duraient leurs fonctions, devaient non-seulement ne pas fréquenter leurs épouses, mais n’approcher pas même de leurs maisons. Et par là l’exemple se trouve donné aux prêtres du temps actuel de garder une chasteté perpétuelle, puisqu’ils doivent servir l’autel sans interruption. Comme il fallait alors que tous les prêtres fussent pris dans la famille d’Aaron pour se succéder les uns aux autres, il était indispensable de leur accorder un temps qu’ils pussent employer à se susciter des descendants en même temps que des successeurs. Mais aujourd’hui qu’il ne s’agit plus dans le sacerdoce de succession charnelle, mais uniquement d’une succession de vertus, les prêtres, pour pouvoir constamment servir à l’autel, doivent s’abstenir constamment aussi du commerce des femmes, et garder conséquemment une perpétuelle chasteté. » (Commentaire sur Luc, I)

Saint Zacharie (679-752)

Les évêques de la Gaule mérovingienne éprouvèrent à certaines heures quelque hésitation à imposer aux sous-diacres les mêmes obligations qu’aux clercs des ordres majeurs. Ce sentiment se trouve traduit dans le questionnaire que Pépin le Bref adressa en 747 au Pape saint Zacharie. Le souverain pontife y répondit par un texte d’un concile africain :

« Que les évéques, les prêtres, les diacres (mariés) s’abstiennent d’user de leurs droits conjugaux : quant aux autres clercs, qu’on ne les force pas a la continence, mais que chaque église suive à cet égard ses usages propres. » (Jaffé, Regesta, n°2277, PL 89, 934)

Concile de Soissons (7 mars 744)

Ce synode de vingt-trois évêques de Neustrie, présidé de façon probable mais non certaine par saint Boniface de Mayence, dispose en son 8ème canon que les clercs ne peuvent pas avoir de femmes dans leurs maisons, si ce n’est leur mère, leur sœur ou leur nièce.

Concile de Worms (868)

Après une période de décadence de la discipline ecclésiastiques à l’époque de Charles Martel, sous le règne des Carolingiens, la discipline s’améliore sensiblement. Dans ses Capitulaires, Charlemagne associe son autorité à celle de l’Église pour taire observer les règles traditionnelles. Les conciles rappellent que les prêtres, les diacres et les sous-diacres mariés doivent s’abstenir de tout commerce conjugal, sous peine de déposition. (Concile de Worms de 868, canon, 9, MANSI, t. XV, col. 871). On ne voit pas que la règle qui leur interdisait de contracter mariage après leur ordination ait été violée. On cite cependant, à Vienne, en Gaule, le cas d’un diacre qui avait pris femme en s’autorisant d’une dispense obtenue du Pape saint Nicolas Ier (856-867). Le souverain pontife averti s’empressa de démentir cette fausse et scandaleuse allégation (MANSI, t. XV, col. 449).

Le premier exemple de prêtre s’étant marié (fin du IXè siècle)

À la fin du IXème siècle, nous trouvons le premier cas historique connu de prêtre s’étant marié (après être devenu prêtre, comme nous l’avons vu plus haut, il arrivaient que des hommes mariés deviennent prêtres mais gardaient alors la continence parfaite, s’ils ne gardaient pas cette continence, c’était une faute): un nommé Angelric, prêtre du diocèse de Châlons. Ses paroissiens s’opposèrent aussitôt à cette entreprise et l’évêque excommunia ce prêtre.

Léon VII (mort en 939)

Ce Pape réaffirme l’obligation du célibat pour les prêtres.

Concile d’Augsbourg (août 952)

Défense est faite aux prêtres, sous peine de déposition, de se marier ou de vivre en concubinage.

Le concile de Cantorbéry en Angleterre (969)

Ordre est fait aux chanoines, aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres de garder la continence ou quitter leurs églises.

Oswald de Worcester (fin du IXè siècle)

Cet évêque de Worcester et d’York (entre 972 et 992), considéré comme un saint, remplace autant que faire ce peut le clergé marié par des moines.

Concile d’Anse (octobre 994)

Présidé par saint Thibauld, évêque de Vienne (la ville de Vienne dans le Dauphiné en France, pas la ville de Vienne en Autriche), défend aux prêtres de se marier et sévit contre les clercs mariés.

Concile de Pavie (1er août 1022),

Le Pape Benoît VIII fait interdire le mariage et le concubinage des clercs ; les prêtres refusant la règle du célibat sont appelés nicolaïtes du nom du diacre Nicolas qui eut au 1er siècle des pratiques contraires à la morale et des opinions théologiques proches du gnosticisme.

Synode de Sutri (du 20 au 23 décembre 1046)

Convoqué par le pape Grégoire VI à la demande de l’Empereur germanique Henri III (qui veut mettre un terme à l’anarchie papale) et conclu à Rome les 24 et 25 décembre, demande au nouveau pape Clément II de purifier l’Eglise de tout mariage de prêtre.

Concile de Mayence (1047)

Condamnation du mariage des prêtres.

Saint Léon IX (1002-1054)

Ce Pape s’attaque aux deux grands fléaux de l’époque, la simonie (commerce des charges ecclésiastiques) et l’incontinence du clergé. En effet, même dans les siècles les plus douloureux de l’histoire du sacerdoce, aqaquand de nombreux clercs réguliers étaient concubinaires, l’Eglise ne prétexta jamais de l’indignité des hommes pour abaisser l’institution, ne de l’infidélité pour en faire une loi, ni des malheurs du présent pour hypothèqué l’avenir? En 1049, au milieu du XIè siècle où le fléau sévissait dans toute l’Eglise, le Pape saint Léon IX convoqua un concile de réforme. Nous n’en avons plus les actes, mais il nous en reste les échos grâce à saint Pierre Damien et à Bonito de Sutri qui écrit :

« L’autorité de saint Pierre promulgua un décret pour rappeler à tous les ministres de l’Eglise, évêques, prêtres, diacres, sous-diacres, la loi du célibat ecclésiastique et la défense absolue de cohabiter avec des femmes. Le Pape et le Concile en publièrent aussitôt un second, qui défendait à tous les fidèles, clercs ou laïcs, sous peine d’anathème, de rester dans la communion des prêtres scandaleux… Les prêtres et les diacres indignes furent écartés partout du service des autels. »

Le Pape tint à ne pas peser seulement sur la volonté des hommes, mais sur l’intrigue des femmes. Il décida – « aux applaudissements du concile » dit saint Pierre Damien – de transformer l’un des bâtiments du palais du Latran en maison de repenties : privées de ressources par la suppression des prébendes, gagnées à la contrition par des prédicateurs, elles y entrèrent en foule.

Evidemment, il se trouvait alors des clercs pour réclamer la légalisation de cet état, sous prétexte que la chair était faible. Saint Pierre Damien dit à leur sujet en s’écriant :

« Il ne leur suffit pas de commettre le crime, ils veulent que le crime devienne loi. nul n’ignore que tous les Pères de l’Eglise catholique, d’âge en âge et unanimement, ont imposé la règle inviolable de la chasteté aux clercs engagés dans les ordres majeurs : évêques, prêtres, diacres et sous-diacres, avec défense absolue de contracter des unions qui n’auraient jamais le caractère d’un mariage légitime. »

Bienheureux Victor II (1018-1057)

Ce Pape lutte contre la simonie et le nicolaïsme (prêtres refusant la règle du célibat).

Concile de Toulouse (13 septembre 1056)

Convoqué pour la réforme des moeurs des ecclésiastiques qui vivent dans l’incontinence, édicte des canons contre la simonie et le nicolaïsme.

Étienne IX (vers 1020-1058)

Ce Pape combat l’incontinence des clercs.

Nicolas II (990/995-1061)

Ce Pape combat le nicolaïsme en interdisant aux croyants d’assister à une messe célébrée par un prêtre marié. Il le fit entre autre lors de trois conciles: le premier tenu à Rome le 13 avril 1059, le deuxième tenu à Vienne le 31 janvier 1060 (présidé par Étienne, son légat) qui vote dix canons contre la simonie, l’incontinence des clercs, les mariages incestueux et les moines apostats, et le troisième tenu à Tours, le 1er mars de la même année, qui approuve les dix canons du précédents.

L) Dernières touches à la discipline occidentale à partir de la Réforme Grégorienne

Saint Grégoire VII (1015/1020-1085)

Les ennemis du célibat ecclésiastique allèguent souvent que ce Pape en est l’inventeur. La réalité est très différente. Comme nous l’avons vu, il est bien antérieur, mais comme nous l’avons également vu, l’antique discipline voulait que les hommes déjà mariés puissent devenir prêtres, tout en renonçant à toute vie conjugale. Cet état disciplinaire fut employé par plusieurs prêtres pour « tricher » et continuer à vivre maritalement. C’est pour remédier à cela que ce Pape décida que l’Eglise Latine n’accepterait plus aux Ordres que des hommes célibataires. Ce sera l’un des éléments de ce que l’on appellera la Réforme Grégorienne. Il le dit notamment en 1074 en déclarant que quiconque doit être ordonné doit faire d’abord vœu de célibat, et que les prêtres [doivent] tout d’abord s’échapper des griffes de leurs femmes ; il interdit aux fidèles d’assister aux célébrations liturgiques des prêtres mariés. Et en février 1075 lors d’un concile tenu à Rome, il fit disposer: « toute fonction ecclésiastique sera interdite aux clercs incontinents, qu’aucun prêtre ne pourra épouser une femme, et que s’il en a une, qu’il la renvoie, sous peine de déposition. »

Concile de Plaisance (mars 1095) et Bienheureux Urbain II

Réitération de la condamnation du le mariage des clercs.

Les deux premiers conciles du Latran (XIIè siècle)

C’est encre plus souvent qu’à saint Grégoire VII, à l’un ou l’autre d’entre qu’est attribué « l’invention » du célibat des prêtres. Comme nous l’avons vu, c’est complètement faux. Cependant, ce sont aux qui apporté la « dernière touche » à la discipline catholique sur le sujet.

Le Ier concile du Latran (1123) dispose :

« Nous interdisons absolument aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres d’avoir sous leur toit des concubines ou des épouses et de cohabiter avec d’autres femmes, à l’exception de celles dont le concile de Nicée a permis qu’elles habitent avec eux en raison seulement des nécessités, à savoir la mère, la sœur, la tante paternelle ou maternelle ou d’autres femmes semblables, ne pouvant donner lieu à aucun soupçon justifié. » (Canon 3, Denzinger 711)

Et déclare bâtards interdits d’héritage les enfants de prêtre ; les mariages avec des clercs sont invalides ; il interdit d’ordonner prêtres des hommes mariés. Ce concile ne fait donc que poser une règle de droit ecclésiastique de l’invalidité des mariages contractés par des prêtres ordonnés, avant cela, les mariages de prêtres étaient des péchés graves, mais néanmoins valides.

Le IIème concile du Latran (1139) dispose en son 7ème canon qu’il est interdit d’entendre les messes des prêtres mariés ou concubinaires; il déclare nuls de manière absolue les mariages des prêtres, des chanoines réguliers, des moines (et interdit qu’on donne à ces unions le nom de « mariages ») et ordonne qu’on mette en pénitence ceux qui les auront contractés. Et aux termes du 11è canon, les clercs constitués dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des femmes notées d’incontinence, les chasseront et vivront chastement, sous peine de privation de leur bénéfice ecclésiastique et de leur office ; même peine pour le clerc qui, sans une cause manifeste et nécessaire, fréquentera les monastères des filles, après la défense de l’évêque ; un laïque coupable d’un crime contre nature sera excommunié et chassé de l’assemblée des fidèles, si c’est un clerc, il sera ou chassé du clergé ou enfermé dans un monastère pour y faire pénitence.

Nous devons donc conclure qu’en prescrivant le célibat à ses prêtres, l’Église catholique est la seule Église à respecter les enseignements bibliques et apostoliques.

Pour finir, écoutons ce que nous dit le très anticatholique Michelet qui disait à l’époque du saint Curé d’Ars : « Jamais une Eglise à prêtres mariés n’aurait enfanté des Saint Bernard, des Saint Thomas, des Saint Vincent de Paul. A de tels hommes, il faut le recueillement solitaire… ou le monde pour famille. »

111 commentaires sur “Le célibat des prêtres vient des apôtres !

  1. David Vincent
    23 février 2014

    Notons que le célibat ecclésiastique ne concerne que le rite latin. Les prêtres catholiques orientaux (et je parle bien des catholiques orientaux et non des orthodoxes) peuvent se marier.

    Un prêtre catholique romain peut donc parfaitement être marié et avoir des enfants.

    • L'Apôtre des protestants
      25 février 2014

      Oui et non, les prêtres catholiques orientaux peuvent être mariés, mais c’est par un indult, c’est une dérogation à la règle normale.

      • David Vincent
        25 février 2014

        Bonjour Nicolas,

        Non, pour leur rite, ce n’est pas une dérogation.
        Les Eglises catholiques orientales sont régies par un droit canon spécifique et en vertu de ce droit canon,
        l’ordination d’hommes mariés est une disposition normale dans ces Eglises, et non une simple dérogation.

        En revanche, il peut exister des dérogations dans l’Eglise latine. Un prêtre de rite latin, peut par dérogation être marié. C’est notamment le cas des pasteurs qui se convertissent au catholicisme. En général, les papes leur accordent une dispense spéciale.

      • L'Apôtre des protestants
        25 février 2014

        Eh bien oui, c’est exactement ça que j’ai dis: le célibat est la norme, le mariage est l’exception.

        Quant à leur rite oriental qui est un rite catholique dès le départ (et reprit par les orthodoxes), saint et vénérable, je n’ai pas dis que c’était une dérogation.

  2. David Vincent
    23 février 2014

    Au passage, il ne faut jamais dire fontaine je ne boirais pas de ton eau.
    Il y a beaucoup de choses qui ne pouvaient pas être remises en question, et qui finalement l’ont été.
    Il suffit de comparer les encycliques des papes Pie IX et Pie X, et les déclarations des papes actuels pour s’en rendre compte.

    Ce qui était condamné hier, est approuvé aujourd’hui : oecuménisme, théorie de l’évolution, liberté religieuse, etc.

    • +++Yesus Kristus azu+++
      24 février 2014

      Je me permets de réagir à cet article de Nicolas.

      Il est évident que la Foi catholique veut tellement se rapprocher du Protestantisme, qu’elle est en train d’adhérrer aux abbérations de l’idologie protestante, le point culminant étant bien sûr ce qu’ils nomment la liberté. Ce qui conduit, dans le Catholicisme mais aussi chez tous les chrétiens en général, à constater que chacun se fait son propre credo. Ainsi, plus de chrétiens sont partisans de la réincarnation que de la résurrection… Certains soutiendront encore qu’il n’y a pas de mal dans l’homosexualité – au nom de l’Amour ! ou encore que Jésus se erait marié et aurait eu des enfants avec Marie Madeleine : tout cela au nom de la liberté… C’est une liberté purement individuelle, qui ne dépend que du Sujet pensant : c’est une abbération patente – sous laquelle ploie le Protestantisme. Et le Catholicisme se retrouve plongé dans cela : raison pour laquelle le Catholicisme est en ‘perte de vitesse’, alors que les personnes préfèrent les groupements qui prônent la liberté. Car, évidemment, la vraie Liberté est bien plus difficile à concevoir.

      Mais à mon avis, le catholique qui n’est pas INTEGRISTE dans la foi catholique et qui prône cette liberté dont je parlais précédemment, n’est tout simplement pas catholique ! Car, évidemment, il y a de vrais, mais il y a également de faux catholiques. Mais, plus de faux que de vrais : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2014/01/19/vrais-et-faux-catholiques-vrai-et-faux-catholicisme/

    • L'Apôtre des protestants
      25 février 2014

      David,

      Il est déjà flagrant que tu ne fais pas la différence entre le magistère pastoral sur lequel on peut revenir et le magistère doctrinal qui est immuable.

      Concernant l’oeucumenisme, l’Eglise de Vatican II fait n’importe quoi, mais ne l’impose pas doctrinalement à ses fidèles, idem pour la liberté religieuse, toutefois, cela créer des difficultés monstrueuses, la situations est très compliquée. Le libéralisme fait des dégâts…

      Pour la théorie de l’évolution, l’Eglise, même après Vatican II ne l’a jamais acceptée.

      • David Vincent
        25 février 2014

        Bonjour Nicolas,

        Le magistère doctrinal peut très bien changer. Le meilleur exemple est le gouvernement de l’Eglise.
        Le concile de Constance, reconnu par l’Eglise comme concile oecuménique, proclame la doctrine conciliariste … doctrine condamnée par les conciles suivants, reconnus eux aussi comme conciles oecuméniques.

        Autre exemple : la question du Salut et le fameux « Hors de l’Eglise, point de salut ».

        Au Moyen Age, l’Eglise affirmait très clairement que seuls les catholiques romains étaient membres de l’Eglise et pouvaient être sauvés (cf la Bulle Unam Sanctam de Boniface VIII), tandis qu’aujourd’hui le magistère est beaucoup plus large.

        Pour ce qui est de la théorie sur l’évolution je t’invite à jeter un coup d’oeil dans le Youcat, le catéchisme pour les jeunes, préfacé et approuvé par Benoit XVI, qui affirme explicitement que la théorie de l’évolution est vraie.

        Par ailleurs Jean-Paul II l’avait déjà reconnue dans une intervention devant l’Académie Pontificale des Sciences.

      • L'Apôtre des protestants
        25 février 2014

        Il faut faire la différence entre une « doctrine » qui est une « simple » proposition et le « magistère doctrinal » qui est ce que l’Eglise enseigne de manière définitive, et cette déclaration du concile de Constance ne revêtait pas les quatre notes de l’infaillibilité donc ça n’est pas contradictoire. D’autant plus qu’il y a toute chance que le décret dont vous parlez soit inauthentique, surtout lorsqu’on sait que le concile de Constance enseigne par ailleurs de nombreuses affirmations incompatibles avec le conciliarisme : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2016/02/09/le-concile-de-florence-a-t-il-nie-linfaillibilite-du-pape/

        L’Eglise n’a jamais cessé de dire « Hors de l’Eglise point de Salut! », mais il est vrai que l’Eglise de Vatican II fait n’importe quoi à ce sujet: il y d’abord les fidèles qui ne connaissent plus rien à rien, et ensuite le clergé (i.e. les prêtres, les évêques, les cardinaux et le pape lorsque celui-ci agit sans les quatre notes de l’infaillibilité) qui est largement libéral qui agit gravement au contraire de la foi catholique, mais par là, ils n’engagent qu’eux mêmes, pas l’Eglise elle-même. Il est vrai que les papes se sont montrés très ambigües sur le sujet, mais jamais dans leur infaillibilité (ni même en dehors il me semble) ils n’ont relis en cause cette affirmation, d’ailleurs, plusieurs déclarations du Saint Siège disent qu’ils n’y a pas de salut https de l’Eglise: la doctrine officielle de l’Eglise reste (et restera toujours) qu’il est indispensable d’être catholique romain de manière explicite si on en a la possibilité ou de manière implicite si on a pas la possibilité de l’être explicitement (baptême de désir et baptême de sang, ignorance invincible, bonne foi etc…).

        Lire à ce sujet:

        http://bibliothequedecombat.wordpress.com/2013/05/11/hors-de-leglise-point-de-salut/

        http://bibliothequedecombat.wordpress.com/2013/10/26/retour-sur-la-doctrine-hors-de-leglise-point-de-salut/

        Quant à la théorie de l’évolution, il est vrai que les papes post-Vatican II ont tenus des propos ambigües dessus mais jamais avec les quatre marques de l’infaillibilité.

  3. +++Yesus Kristus azu+++
    25 février 2014

    David,

    Soutenir que l’affirmation ‘Hors de l’Eglise, point de Salut !’ est caduque, est incomplète – et même erroné. ‘Au Moyen Age, dis-tu, l’Eglise affirmait très clairement que seuls les catholiques romains étaient membres de l’Eglise et pouvaient être sauvés (cf la Bulle Unam Sanctam de Boniface VIII), tandis qu’aujourd’hui le magistère est beaucoup plus large. » ==> Eh bien, à partir de cela, soutenir que cette affirmation de l’Eglise change et donc n’est pas immuable, est entiché d’une erreur technique.

    Parce que, je vais peut-être te surprendre, l’affirmation selon laquelle : « Hors de l’Eglise, point de Salut ! » est TOUJOURS VALIDE, et le DEMEURERA ! Seulement, alors qu’à l’époque, l’affirmation semblait être catégorique, elle est, de nos jours mieux comprise et plus développée. Il faut rappeler d’abord que l’Eglise refuse tout forme de raisonnement ‘a priori’, et, encore moins l’innéisme ! Si l’Eglise acceptait l’innéisme, il y aurait effectivement un problème : car, le fait d’avoir soutenu une telle thèse, sans y apporter les précisions nécessaires à l’époque, et que, des années plus tard, ladite précision apparaît, il y aurait imposture. Car, si on est partisan de l’innéisme, ou encore, dans un certain sens, du kantisme, le fait d’énoncer une proposition impliquerait que celle-ci ne peut plus se développer ; ou bien, à elle, rien ne pourrait être ajouté.

    Or, ce n’est pas la démarche de l’Eglise ! Un doctrine officielle de l’Eglise catholique est IMMUABLE, et le RESTE ad vitam aeternam. Puisqu’elle est vraie, une Vérité ne peut être changeante… Elle EST. Point final. Tout comme ‘Celui-qui Est’. Cependant, les deux dimensions de l’Eglise, humaine et spirituelle, font que l’Eglise prononce UNE Vérité – immuable ; ce qui fait que, cette Eglise, en vertu des prérogatives humaines, ne se trouve pas dans la SAISIE TOTALE, ABSOLUE de cette Vérité, mais il n’en demeure pas moins que c’est Une Vérité. Une Vérité Existe, mais, elle peut prendre un certain temps pour être explicitée : Immaculée conception par exemple. De fait, le but enfin de compte, à l’exemple du chemin de Sanctification auquel est appelé tout chrétien, la CONNAISSANCE de l’Eglise, s’accroît ; les choses s’affinent de plus en plus, et de mieux en mieux !

    Proverbes 4, 18 : « Le sentier des justes est comme la lumière de l’aube, dont l’éclat grandit jusqu’au plein jour ».

    Le proverbes ici exprime très bien cela. La connaissance croit. Attention tout de même. Ceci ne veut en aucun cas dire que, si par exemple une communauté s’était trouvée dans la fausseté précedemment, et qu’elle a CHANGE RADICALEMENT sa doctrine (c’est-à-dire qu’elle enseigne sur un même sujet, deux ‘vérités’ opposées, par exemple les Témoins de Jéhovah qui affirment d’abord que le Christ est Dieu, mais qui des années plus tard affirment qu’il n’est Dieu, on est clairement ICI dans la FAUSSETE !) En effet, dans LA VERITE : one ne peut aller du FAUX au vrai ! mais SEULEMENT du VRAI au PLUS VRAI ! De sorte que la Vérité a toujours été présente, mais qu’elle s’affine…

    Ainsi, pour revenir à ‘hors de l’Eglise, point de Salut !’, cette proposition RESTE VALABLE, elle est immuable et INCHANGEABLE ! Seulement, il faut faire intervenir ICI deux choses : la mauvaise foi et la bonne foi ! Celui qui, reconnaissant intérieurement qu’il est dans l’erreur, mais refuse la Vérité par orgueil par exemple, celui-là n’aura pas de Salut (à cause de la mauvaise foi). En effet, disait s. Augustin, ‘Etre dans l’erreur, et être dans l’hérésie, ce n’est pas la même chose’ (à peu près ce qu’il disait). Celui qui, de bonne Volonté, refuse l’Eglise, pensant être dans le Vrai, celui là, même s’il ne le sait pas, FAIT PARTIE de l’Eglise. Il ne fait pas partie DU CORPS de l’Eglise (ce qui est visible) certes (c’est à dire du Pape, des Evêques et des fidèles), mais fait partie de L’ÂME de l’Eglise. L’âme étant, pour reprendre Aristote, la forme du Corps. C’est elle qui fait au corps d’être ce quil est. Et l’âme de l’Eglise, ce n’est rien d’autre que le SEIGNEUR JESUS-CHRIST ! Ainsi, celui-là, qui est dans l’erreur, sans le savoir, et usant d’un exercice de BONNE volonté, celui fait partie (au moins) – inconscemment de l’âme de l’Eglise. Mais, un protestant qui, à moult reprises, a eu la réfutation du présupposé du ‘sola scriptura’, un mensonge qui se casse la figure de toutes les façons imaginables ; car, même si on pose que le ‘sola scriptura’ est un a priori catégorique, il y aurait encore une formation de paralogisme informel, une pétition de principe…; Un protestant qui, après avoir vu ce principe s’écrouler qui soutient encore cela, et qui SAIT pertinemment que reconnaître la Tradition catholique reviendrait à donner une certane Autorité à cette Eglise, alors celui-là est dans la mauvaise foi : et là, la formule ‘hors de l’Eglise, pas de Salut !’ le dévore tout cru – simplement à cause de la mauvaise foi.

    Somme toute, cette formule EST toujours valable et ne changera point ! Si l’Eglise adoptait un certain idéalisme, ou un innéisme; ou si elle était dans une certaine mesure kantienne, alors, il y aurait effectivement un problème. Car cela monrerait que la Doctrine change. Mais, ce n’est pas le cas, SOUTENIR que cette proposition A ‘CHANGE’, qu’elle change, après tout ce que je viens de dire ci dessus, est tout simplement et techniquement incorrect.

  4. David Vincent
    25 février 2014

    Mais je suis entièrement d’accord avec toi.
    C’est bien ce que je disais : la formule reste, mais l’interprétation change. Or au final c’est bien l’interprétation qui prime, qu’est-ce que la doctrine ? La formule ou l’interprétation ?

    Les protestants sont les premiers à déclamer l’autorité de la Bible, et pourtant il y a des dizaines de dénominations. Pourquoi ? C’est bien parce que l’interprétation des textes varie.

    Pour en revenir à l’immuabilité, il y a bien eu un changement radical que j’ai évoqué dans mon message précédent : l’autorité suprême.

    Dans l’Eglise Catholique, qui possède cette autorité suprême ? Le pape ou le concile ?

    Le concile de Constance a répondu le concile, les conciles ultérieurs diront le pape.

    • L'Apôtre des protestants
      25 février 2014

      La doctrine c’est la formulation et sa seule vraie interprétation: les explicitations de ‘Hors de l’Eglise pas de Salut’ ne changent rien et ne font qu’éclairer le sens réel: les définitions dogmatiques de l’Eglise sont de nouvelles fenêtres ouvertes sur la vérité.

      Celui qui a l’autorité est le pape, celui qui dit le contraire est un hérétique. Le concile de Constance fut à ce point de vue ce qu’on appelle « hérétique matériel » et non « formel » et donc ce n’est pas grave. Toutefois je voudrai bien avoir le texte exact du concile de Constance ( je ne dis pas que tu mens rassure-toi mais c’est juste que je ne savais pas).

      • David Vincent
        25 février 2014

        Oui sauf que le pape de l’époque a précisément approuvé le concile.

        L’autorité du pape, est donc venu confirmer celle du concile.

        Pour ce qui est de la teneur exacte, j’irai recopier le texte en question.

      • L'Apôtre des protestants
        25 février 2014

        Oui, il l’a confirmé, mais y avait-il les quatre notes de l’infaillibilité?

        Les sept premier conciles ont tous reconnu l’autorité de l’évêque de Rome…

      • David Vincent
        26 février 2014

        As-tu entendu parler du 28eme canon du concile de Chalcedoine ?

      • Ressources Catholiques
        30 Mai 2018

        Bonjour David,

        Je ne sais pas si ce présent commentaire te sera automatiquement communiquer par courriel. Et tout cas je le poste pour l’information des éventuels lecteurs des commentaires.

        En me replongeant dans d’anciens commentaires pour en retrouver un, je suis retomber sur ceux-ci de toi. Voici les réponses précises que je suis maintenant capables d’apporter grâce à des articles rédigés ad hoc pour répondre à ces objections fréquentes :

        – sur le concile de Chalcédoine et son fameux 28è canon : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2018/03/02/le-28e-canon-du-concile-de-chalcedoine-451/

        – sur le décret du concile de Constance : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2016/02/09/le-concile-de-florence-a-t-il-nie-linfaillibilite-du-pape/

        In Christo Rege,

        Ressources Catholiques

    • +++Yesus Kristus azu+++
      26 février 2014

      David,

      La Doctrine, c’est ce qui est ! Elle est immuable ! La formule ou l’Interprétation ? La formule d’abord – et dans celle-ci est comprise l’interprétation ! Mais, celle-ci peut ne pas être obvie au moment de la formulation. Je l’ai déjà souligné : l’Eglise rejette toute forme de Kantisme, tout système qui se rapprocherait de celui de Leibniz, et encore plus l’innéisme.

      Il y a une Vérité qui existe et est immuable, et son interprétation avec. Cependant, l’interprétation peut rester – pour l’Eglise (qui est aussi humaine) en PUISSANCE ! Et, cette interprétation peut, en vertu du chemin de Perfection (et de l’accroissement de la connaissance de Dieu), ainsi qu’au fil de l’Histoire ; elle peut passer de la simple puissance à L’ACTE. C’est-à-dire, que l’interprétation qui est JUSTE existe déjà (avec cette Vérité), peut nécessiter un certain temps avant sa pleine majorité, sa pleine compréhension…

      La Doctrine englobe donc les deux niveaux : la formulation et l’interprétation inhérrente à celle-ci ; l’interprétation vraie !

      Le cas du Protestatisme est délicat. Du simple fait qu’on est dans une foi purement personnelle. Car, la foi est aussi communautaire. C’est la liberté du Sujet pensant qui décide : ce qui ouvre, évidemment, un champ d’erreurs inombrables. Au nom du ‘sola scriptura’, un seul passage biblique peut regorger, chez les Protestants, mille et une interprétation (alors que, techniquement, il n’y a en a qu’une et une seule (qui peut, au niveau humain, se développer).

  5. David Vincent
    25 février 2014

    « Quant à la théorie de l’évolution, il est vrai que les papes post-Vatican II ont tenus des propos ambigües dessus mais jamais avec les quatre marques de l’infaillibilité »

    En même temps, dans toute l’histoire du catholicisme, l’infaillibilité pontificale n’a été utilisée qu’à une seule reprise …

    Par ailleurs l’infaillibilité pontificale ne peut concerner que la foi ou les moeurs. Or la théorie de l’évolution ne peut concerner aucun de ces deux domaines. Donc par définition, un pape ne pourra jamais utiliser son infaillibilité pour soutenir cette théorie.

    Mais en dehors du magistère extraordinaire, il ne faut pas oublier que le magistère ordinaire est quand même sensé faire autorité pour un catholique romain. Or le magistère ordinaire actuel enseigne la théorie de l’évolution.

    • L'Apôtre des protestants
      25 février 2014

      L’infaillibilité n’a été utilisée qu’une fois dans l’histoire??!! Première nouvelle??!!

      La théorie de l’évolution (ou plutôt sa négation) est de foi, donc susceptible d’infaillibilité.

      Le pape est infaillible soit avec le magistère extraordinaire (avec les quatre notes de l’infaillibilité) ou dans le magistère ordinaire et universel (lorsqu’il reprend toute la tradition de l’Eglise), la théorie de l’évolution n’entrant dans aucune des deux catégories, ce n’est pas infaillible.

      Il est vrai que le magistère ordinaire non-infaillible jouit d’une certaine autorité, et c’est pour cela que le pape doit faire constamment attention, mais les papes post-Vatican II ne sont plus à une maladresse près… 😥

      • David Vincent
        25 février 2014

        Oui l’l’infaillibilité n’a été utilisée qu’une seule fois, en 1950 pour proclamer l’Assomption de la Vierge.

      • L'Apôtre des protestants
        25 février 2014

        Rectification: elle n’a été utilisée dans la forme du magistère extraordinaire qu’une seule fois DEPUIS LA DÉFINITION DU DOGME DE L’INFAILLIBILITÉ. Elle a été appliquée à de très nombreuses reprises dans l’histoire précédente, mais on ne savais pas exactement comment reconnaître l’infaillibilité. Sinon, après Vatican (I), l’infaillibilité fut utilisée à de très nombreuse reprise dans le magistère ordinaire et universel et pour les canonisations.

      • David Vincent
        26 février 2014

        Peux-tu me donner des exemples historiques de cela ? Puisque cette infaillibilité a été utilisée à de « très nombreuses reprises » , cela ne devrait pas poser de problèmes.

      • L'Apôtre des protestants
        27 février 2014

        Le dogme de l’Assomption a été la seule utilisation du magistère extraordinaire depuis le définition de l’infaillibilité pontificale, mais depuis cette dernière date, elle fut aussi utilisée de nombreuses fois par le magistère ordinaire et universel (lorsque le pape reprend toute la tradition de l’Eglise) ou pour les canonisations.

        Aussi, le magistère extraordinaire se fait « rare » et je ne peut pas te donner des centaines d’exemple, mais je peux quand même te citer la définition du dogme de l’Immaculee Conception, du dogme du Salut et de toutes les définitions dogmatiques de l’histoire…

  6. David Vincent
    25 février 2014

    Bonsoir Nicolas :

    « je n’ai pas dis que c’était une dérogation. »

    Alors soit je ne sais plus lire, soit je n’ai rien compris, mais n’avez-vous pas écrit dans votre premier message ?

    « Oui et non, les prêtres catholiques orientaux peuvent être mariés, mais c’est par un indult, c’est une DEROGATION à la règle normale »

    • L'Apôtre des protestants
      25 février 2014

      Tu n’as pas compris:

      – pour le rite oriental (liturgique), ce n’est pas une dérogation.

      – pour le non-célibat, c’en est une.

      • David Vincent
        25 février 2014

        Mais le non-célibat est inclut dans la discipline orientale.
        Au passage le concile de Nicée qui a statué sur cette question, avait refusé le célibat ecclésiastique;

      • L'Apôtre des protestants
        25 février 2014

        Oui, le non-célibat est inclu dans le canon oriental, mais ce canon est une dérogation au canon ‘normal’.

        Quand au concile de Nicée, il a précisément prôné le célibat ecclésiastique comme je le montre dans cet article:

        – 325: le concile de Nicée dit en son Canon 3 : « Des femmes qui cohabitent avec des clercs » « Le grand concile a défendu absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, et en un mot à tous les membres du clergé d’avoir avec eux une femme « co-introduite », à moins que ce ne fût une mère, une sœur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon. » Ce canon ne mentionne pas les épouses, qui par conséquent ne peuvent plus cohabiter avec leurs maris après leur ordination. Celles-ci étaient prises en charge par l’Église, qu’elles entrent soit dans un couvent de religieuses, soit dans une communauté de femmes créée à cet effet par l’Église. L’objectif de cette mesure est clairement de protéger la continence des clercs et leur réputation. Cette interprétation traditionnelle est d’autant plus plausible que sont nommés les évêques qui ont toujours, en Occident et en Orient, été soumis à cette discipline, sans aucune exception. Quant à la prétendue intervention de Paphnuce, qui aurait dissuadé les Pères du concile d’interdire aux clercs d’avoir des relations conjugales avec leurs épouses, les études historiques récentes ont prouvé avec certitude qu’elle n’était qu’une fable.

  7. +++Yesus Kristus azu+++
    26 février 2014

    David,

    Concernant le Concile de Constance, je pense qu’il serait nécessaire de prendre en considération le contexte historique également.

    Le problème, à l’époque du Concile de Constance, c’était justement cette bicéphalie, voire même tricephalie… Et le fait est que, le pape qui convoqua le Concile de Constance était Jean XXIII – considéré comme antipape par l’Eglise. Quand je parle de Jean XXIII, je parle évidemment de Baldassarre Cossa… Le simple fait qu’il est considéré comme antipape est manifeste dans l’Histoire de la papauté. Car, l’Eglise se conduit comme si COSSA n’avait jamais exercé ; et par conséquent, et techniquement, il y a deux Papes Jean XXIII. En effet, c’est le Cardinal Roncalli (1881-1963, élu au pontificat en 1958 si je ne me trompe pas) qui a repris le nom de Jean XXIII. On voit donc que celui que le Jean XXIII du Concile de Constance, est considéré par l’Eglise comme ne pas avoir exercé. Un autre problème, l’autre pape de la même période, Pierre de Lune- Benoît XIII, est aussi vu comme un antipape…

    Alors, si le Concile de Constance a répondu que l’Autorité c’était le Concile, cela ne devait s’adresser QU’A ce PAPE là ! Et ne devait pas être une déclaration absolue au niveau de l’Eglise – sauf si je me trompe. Néanmoins, je suis curieux de lire le texte de ce Concile. Quand tu l’auras recopié. merci de partager, ou alors, je pourrai le trouver dans une bibliothèque…

    De plus, le Pastor AEternus a affirmé que le Concile n’est pas au dessus du Pape !

    Sinon, je pense que l’Infallibilité existait déjà AVANT 1950. Même si c’est la date qu’on retient souvent. Sauf que sa formulation a pris du temps : cela, encore une fois, ne pose pas de réel problème.

    • David Vincent
      27 février 2014

      Bonjour Henry,

      « Alors, si le Concile de Constance a répondu que l’Autorité c’était le Concile, cela ne devait s’adresser QU’A ce PAPE là ! Et ne devait pas être une déclaration absolue au niveau de l’Eglise – sauf si je me trompe. Néanmoins, je suis curieux de lire le texte de ce Concile. Quand tu l’auras recopié. merci de partager, ou alors, je pourrai le trouver dans une bibliothèque… »

      Oui, il vaut mieux discuter à partir de textes précis. J’ai prévu de mettre en ligne un certain nombre de documents historiques sur mon deuxième blog, on pourra en rediscuter à ce moment là.

  8. Béréenne attitude
    26 février 2014

    Bonsoir,

    Oui, la CHASTETE des MOINES est venue assez tot parmi les premiers chrétiens. Par contre le CELIBAT des prêtres date des années 1215. Les enfants des prêtres (curés, etc) héritaient du patrimoine de l’institution catholique et petit à petit celui-ci était ‘dispersé’. C’est pourquoi, les prêtres ont soudain renvoyés épouses et enfants et ont pris des concubines et ont fait des enfants qui ne pouvaient pas hériter.

    La chasteté par contre est arrivée ‘en force’ assez au début de l’église pour contré la prostitution sacrée des temples païens. Lorsque les empereurs romains ont imposés à tous la religion chrétienne, les moines étaient un peu les ‘leader’ de l’enseignement chrétien.

    La chasteté a soudain été sacralisée par effet de balancier contre la prostitution sacrée.

    Les apotres eux ne font aucune différence entre une personne mariée ou chaste. La chasteté n’ajoutant rien à la ‘sanctification’ du chrétien.

    Jésus sanctifie les chrétiens, qu’ils soit chaste, marié et même ‘dans la débauche’. Par sa mort à la Croix, le père nous voit saint, consacré, irréprochable, intenable selon Paul aux Colossiens (1:22).

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      Vos allégations sont fausses, comme je viens de le démontrer, le célibat des prêtres se laisse deviner dans la Bible, les éléments historiques que nous pouvons avoir des trois premiers siècles ne nous permette pas d’informer le dit sacerdoce et on en trouve une trace attestée et certaine dès l’an 305, il est donc up un mensonge historique de dire que le célibat des prêtres ne vient que des années 1215.

      Ensuite, la Bible et toute la philosophie chrétienne des premiers temps à nos jours ont toujours mît la virginité au dessus du mariage comme le dit saint Paul: « celui qui n’a pas de famille est tout à Dieu ».

      Le Christ sanctifie les mariés, mais les célibataires encore plus (sous réserves que ces célibataires soient effectivement appelés au célibat: tout le monde ne l’est pas).

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        Bonjour,

        En titre vous parlez de célibat mais vous prenez des versets de la Bible sur la chasteté. Ce sont deux choses très différentes.

        Dans la Bible, les apôtres étaient tous mariés (enfin, le mariage n’existait pas encore) mais les apôtres avaient tous une femme.

        Paul n’en avait pas et Barnabas. Je n’ai pas connaissance d’autres protagonistes de la Bible qui auraient été sans femme.

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        En prenant l’ensemble du chapitre 7 des Corinthiens on voit que Paul a deux préoccupations première :

        1) Eviter que les chrétiens ne couchent avec les prostituées des temples païens
        – que chaque homme ait sa femme et que chaque femme ait son homme
        – aux couples mariés : ne vous privez pas l’un de l’autre et rendez à chacun l’affection qu’il lui doit
        – aux veuves et aux hommes seules (aux aner agamoï et aux chéra) c’est à dire aux solobataires hommes et aux femmes qui n’ont pas de conjoint : qu’il vaut mieux se trouver un conjoint que de brûler

        2) Travailler pour l’évangile. Et afin de ne pas perdre de temps
        – ne pas perdre de temps à changer de condition
        – que celui qui possède ou qui est marié soit comme ne possédant rien, comme n’étant pas marié
        – que celui qui est triste et affligé ne perdre pas de temps à pleurer

        Pour les femmes, Paul essaye de les protéger en disant qu’elles auront moins de tribulations si elles ne se marient pas.

        Afin que plus de personnes entendent la bonne nouvelle de l’évangile, Paul dira : j’aimerais que tous fussent comme moi (sans femme) et que le père qui ne marie pas sa fille fait mieux.

        Mais on ne peut pas sortir un verset d’un contexte pour le mettre en avant. Ce chapitre 7 des corinthiens fait lui même partie d’une lettre entière qui elle même fait partie de la Bible entière.

        Alors, oui que des moines souhaitent être chaste, non pas pour être saint mais pour ne pas perdre de temps avec une famille, oui.

        Mais se faire moine dans le but de devenir saint n’a aucune base biblique. On ne peut pas se sanctifié, on ne peut pas se rendre saint ou ‘plus saint’ que d’autres. Jésus nous rend tous irréprochables et saints et consacrés par sa mort à la Croix. Le fait de ne pas faire l’amour ne rend personne plus saint qu’une personne mariée.

        Quand au clergé (aux prêtres), ils n’ont jamais été chastes, mais uniquement célibataires depuis les années 1215 environ …

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      Oui: les apôtres avaient des femmes avant de devenues des évêques de Dieu, mais après leur consécration épiscopale, ils ont gardée la chasteté.

      La virginité est supérieur au mariage, mais le mariage n’est pas mauvais, il est même saint, de plus tous ne sont pas appelés à la virginité et beaucoup sont appelés à se marier.

      Et enfin, lorsque vous dite que le célibat des prêtres ne date que de 1215, d’un point de vue historique, c’est juste un mensonge.

      L’Eglise a toujours condamnée la fornication, c’est à dire que l’Eglise n’a pas pu autoriser ses prêtres à avoir des rapports sexuels sans être mariés…

      Avant de redire la même chose « ça date de 1215 », lisez mon article et méditer dessus avant de répondre…

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        Bonsoir,

        Paul écrivait et pas au début de son ministère en 1Cor9 :
        – N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une soeur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas (Pierre-Simon) ?

        La chasteté est venue avec les moines. Et les moines sont venus bien après les apotres.

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        Pour votre phrase ici : La virginité est supérieur au mariage, mais le mariage n’est pas mauvais, il est même saint, de plus tous ne sont pas appelés à la virginité et beaucoup sont appelés à se marier.

        En quoi la virginité est-elle supérieure au mariage ?

        Supérieure ?

        Une des ‘qualités’ du chrétien est l’humilité. Les disciples avaient demandé à Jésus qui serait le plus grand et Jésus … je pense que vous connaissez ^vous aussi par coeur les 2 ou 3 passages sur ‘les derniers et les premiers’ être le serviteur de tous, etc.

        Sinon, tous les chrétiens sont saints par la mort de Jésus à la croix. Ils sont même consacrés.

        Il n’y pas plusieurs niveaux de ‘sainteté’ (de sacralisation), soit nous avons été entièrement justifié, puritié, sanctifié, par la mort de Jésus à la Croix, soit pas.

        Mainteant, pour avoir plus de temps, car le temps est court, alors oui, ne pas chercher à changer la condition dans laquelle nous nous trouvons (1 Cor 7). Ne pas perdre de temps à chercher à plaire à une femme (un homme) etc.

      • L'Apôtre des protestants
        27 février 2014

        Les moines s’abstiennent de toutes relations sexuelles mais 1) la règle du célibat existât avant les moines et les premiers moines sont probablement du Ier siècle.

        La virginité est supérieur car on contrôle sa chair pour un sévi e supérieur, c’est un contrôle de soi qui permet de n’être qu’à Dieu.

        Tous les chrétiens ne sont pas des saints et beaucoup vont en enfer… Certains ont au Ciel une gloire plus grande que les autres en fonction de leur mérites.

  9. Béréenne attitude
    26 février 2014

    Tout autre chose. Le fait qu’une chose ait été pratiquée dès les débuts de l’église ne rend pas la chose crédible, juste, bonne, pour autant.

    Dans pratiquement toutes les lettres des apotres, nous pouvons lire qu’il y avait déjà dans les tout début de l’église, des faux-frères, des faux-prophètes, etc et même de fausses lettres des apotres.

    Dès le premier jour de l’église après la pentecôte ou presque, il y avait déjà des enseignements ‘douteux’ : les Galates, la lettre aux hébreux, et d’autres lettres en parlent déjà.

    La date d’instauration d’une « coutume » ne peut en tout cas pas rendre la dite pratique chrétienne.

    Tout comme 100000000000000000000 personnes convaincues d’une chose fausse, ne rende pas leur conviction réelle et juste.

    Et à l’inverse, si 10 ou même 2 ou même 1 personne pensent ou pratiquent quelque chose de juste, le fait qu’il soit très peu ne va pas rendre cette pratique fausse.

    Au pieds de la Croix combien étaient-ils ?
    Si La Croix devrait être justifiée par le nombre de disciple aux pieds de Jésus ce jour là ……………….

    C’est la même chose pour l’instauration des pratiques chrétiennes. Jésus a instauré l’église en donnant à tous la possibilité de lier et de délier, Jésus a instauré l’église en disant à tous : si 2 ou 3 sont assemblé en mon nom (en mon pouvoir), je suis au milieu d’eux …. depuis, tant de choses ont été ‘inventées’ … (Beaucoup pour des questions de pouvoir bien plus que dans le but d’aimer et dans le but du salut du plus grand nombre)

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      Vous avez raison quant à la nature de la vérités, le nom de re ne compte pas.

      Il est vrai que l’élément historique ne fait pas tout mais le fait que le virginité soit d’une dignité supérieure au mariage est présent 1) dans la Bible, 2) dans la raison humaine et 3) dans toutes les philosophies chrétiennes ou pas et de tous les temps (sauf récents).

    • +++Yesus Kristus azu+++
      27 février 2014

      Concernant les imposteurs dont parle déjà la Bible, il est assez aisée, bibliquement, de voir de qui il s’agit !

      Le fait que dix personnes croient une chose, et que 1000 croient une autre, ne veut en effet pas dire que ce sont les mille personnes qui ont raison. Cependant, la Tradition, les discussions, et même les écrits canoniques permettent CLAIREMENT de voir qui sont les imposteurs. La Bible elle même, n’a de sens véritable qu’à la Lumière d’une Tradition – car, l’Eglise EXISTE avant ! Et rien, dès le départ ne devait être mis par écrit (et par conséquent tout ne se trouve pas forcément dans la Bible). Jésus avait simplement dit : « Celui qui vous écoute, m’écoute ! » ; « Allez de toutes les nations, les baptisant au NOM du Père, du Fils et du SAINT-Esprit »… Il y a donc eu un enseignement ORAL – qui n’a donc pas été mis par écrit.

      L’histoire des premiers siècles peut être un indice indéniable

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        Bonjour,

        Oui, et la tradition, l’instruction (un seul et même mot grecque) est la tradition des APOTRES et non pas celle de l’église.

        Je vous invite à lire le 3ème livre d’Irénée de Lyon et de ses coauteurs, ainsi que la lettre qu’il a écrit seul à son ami Marcien. (écrits datant des années 180 environ).

        Vous pourrez y lire en long et en large que la tradition est celle des apotres. Irénée parle encore, et encore de garder toute la tradition des apotres.

        Irénée reprend les dires de Paul :
        N’écoutez personne qui ne se conforme pas à la tradition des apotres et qui ne se comporte pas de façon chrétienne. (De mémoire, cela doit être Philippiens 2. Je vous trouve la référence exacte, si vous le souhaitez).

        Si Paul disait que l’église était la colonne de la vérité, Irénée dira que maintenant que les évangiles ont été écrites, l’évangile est maintenant la colonne de la vérité.

        Mais là encore, j’ai déjà vu des personnes prendre ‘une phrase ou deux’ dans les écrits d’Irénée et de ses coauteurs pour leur faire dire ce qu’ils n’ont jamais dit.

        Avoir une idée et trouver dans la Bible ou ailleurs, la phrase qui correspond à NOTRE idée, est très, très différent que d’étudier un texte et de faire ressortir du texte ce que ses auteurs ont réellement souhaité dire …

        Beaucoup le font, que ce soit avec La Bible, ou encore les lettres des premiers chrétiens. Même Irénée est souvent cité comme étant l’unique auteur des lettres sur les hérétiques ….

  10. David Vincent
    27 février 2014

    Bonjour Nicolas,

    Peux-tu me citer les critères qui selon toi permettent de reconnaitre l’utilisation de l’infaillibilité en dehors de son utilisation extraordinaire ?

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      L’infaillibilité s’exerce dans deux cas:

      1) le magistère extraordinaire: lorsque le pape s’exprime:

      – en tant que pape (pas en tant que docteur privé).

      – sur la foi ou la morale.

      – de manière définitive (qu’il définisse, explicite ou condamne une proposition sans qu’il soit plus jamais possible de revenir dessus; d’où la nécessité qu’il le précise d’une l’entière ou d’une autre, soit en le disant clairement, soit en usant de certaines formules).

      – avec l’intention d’obliger toute l’Église.

      2) le magistère ordinaire et universel: lorsque le pape ne fait que reprendre toute la Tradition de l’Eglise.

  11. David Vincent
    27 février 2014

    Bonjour Nicolas,

    Ce qui est intéressant avec le 28e concile de Chalcédoine n’est pas tant l’élévation de Constantinople que sa justification.

    La vraie différence entre Orientaux et Occidentaux n’est pas la primauté de Rome, mais les raisons de cette primauté. Pour les Occidentaux, il y a une raison théologique : l’évêque de Rome est le successeur de Pierre, etc…

    Or ce que montre ce canon, c’est que les Orientaux n’ont jamais adhéré à cette doctrine, et que pour eux, l’évêque de Rome a une primauté, parce que Rome est la capitale de l’Empire. Ce qui est complètement différent.

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      C’est faux, et pour s’en convaincre, je t’invite à lire ces deux articles que j’ai écris: à l’origine, ils sont destinés aux protestants violemment anticatholiques mais ils conviennent aussi à démontrer que l’évêque de Rome a toujours eu le primauté depuis toujours, en Orient comme en Occident:

      De quand date l’Eglise catholique ?

      De quand date la Papauté ?

      De plus, il n’y a « qu’une seule Église et un seul pasteur »: c’est à dire une seule Église universelle et pas deux Église, une occidentale, une autre orientale…

  12. David Vincent
    27 février 2014

    Et désolé pour ce troisième message, mais je me perds un peu dans mes réponses.

    Si tu es sur Paris et qu’un jour tu veux me rencontrer Nicolas, n’hésite pas à me contacter :

    Me contacter

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      Je n’y manquerai pas 😉

  13. Béréenne attitude
    27 février 2014

    (Les références)
    Cet Évangile, ils l’ont d’abord prêché ; ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans des Écritures, pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi.

    Irénée et ses coauteurs 3ème livre :

    Le Seigneur de toutes choses a en effet donné à ses apôtres le pouvoir d’annoncer l’Evangile (Mt 28, 18-19 ; Mc 16, 15), et c’est par eux que nous avons connu la vérité, c’est-à-dire l’enseignement du Fils de Dieu. C’est aussi à eux que le Seigneur a dit : « Qui vous écoute m’écoute, et qui vous méprise me méprise et méprise Celui qui m’a envoyé » (Lc 10, 16). [1, 1] Car ce n’est pas par d’autres que nous avons connu l’« économie » de notre salut, mais bien par ceux par qui l’Évangile nous est parvenu. Cet Évangile, ils l’ont d’abord prêché ; ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans des Écritures, pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi.
    (…)
    Ainsi, grâce à l’antique Tradition des apôtres, rejettent-ils jusqu’à la pensée de l’une quelconque des inventions mensongères des hérétiques (…)

    Telle étant donc la manière dont
    la Tradition issue des apôtres
    se présente dans l’Église
    et subsiste parmi nous
    revenons à la preuve tirée des Écritures
    de ceux d’entre les apôtres
    qui ont mis par écrit l’Évangile
    Écritures dans lesquelles
    ils ont consigné leur pensée sur Dieu
    (…)
    tu dois comprendre que des preuves contenues dans les Écritures
    ne peuvent être produites qu’en citant ces Écritures mêmes

    Lettre de Paul, Silvain et Timothée, à l’Église des Thessaloniciens :
    3 : 6 Or nous vous prescrivons, frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, de vous tenir à distance de tout frère
    – qui mène une vie désordonnée
    – qui ne se conforme pas à la tradition que vous avez reçue de nous. (à l’instruction que vous avez reçue de nous)

    En passant, une phrase d’Augustin écrite vers les années 410 que j’aime beaucoup : Augustin nous parle ainsi de l’église et des écritures dans les années 410 :

    Chercher l’Eglise dans les saintes Ecritures où le Christ, son Rédempteur, se révèle à nous !

    • +++Yesus Kristus azu+++
      27 février 2014

      Merci, J’ai pris note. Je vous réponds dès ce soir, dès que j’ai le temps.
      Mais, ce que je vois, c’est une fausse lecture du Texte d’Irénée, que vous avez tronqué, et que vous avez mal compris (ou rien compris). Car, ayant déjà lu ce texte, ce n’est pas en effet, l’interprétation que vous en avez faite – qui en ressort, si mes souvenirs sont bons…

      • Béréenne attitude
        2 mars 2014

        Bonjour,

        Je viens de voir que mon adresse mail apparait dans votre site. Si vous pouviez la supprimer, ce serait sympa ! 🙂 (J’ai déjà suffisamment de spam ! 🙂 )

      • C’est fait 😉

        Et surtout, je ne comprends pourquoi certains de vos commentaires apparaissent deux fois exactement les mêmes… Mais, j’en supprime souvent un.

    • +++Yesus Kristus azu+++
      27 février 2014

      Bonsoir,
      Votre commentaire, bien qu’avec de bonnes intentions, reste néanmoins assez intrigant, et contient une compréhension erronée du texte de S. Irénée de Lyon. J’y relève deux points. D’après la lecture que vous avez faite du texte d’Irénée de Lyon, Adversus hæreses, au troisième Livre, vous affirmez
      1° que la Tradition est celle des Apôtres et non pas celle de l’Eglise. Vous martelez que, de « long en large » le Père de l’Eglise soutient que la Tradition est celle des Apôtres, et pas celle de l’Eglise. Eh bien, c’est ce que nous allons voir.
      2° vous dites : « … j’ai déjà vu des personnes prendre ‘une phrase ou deux’ dans les écrits d’Irénée et de ses coauteurs pour leur faire dire ce qu’ils n’ont jamais dit » ; vous continuez en disant : « Avoir une idée et trouver dans la Bible ou ailleurs, la phrase qui correspond à NOTRE idée, est très, très différent que d’étudier un texte et de faire ressortir du texte ce que ses auteurs ont réellement souhaité dire … »

      Malheureusement, Dans Adversus hæreses, s. Irénée de Lyon ne dit NULLE PART que la Tradition est celle des Apôtres. En tout cas, pas exactement. C’est vous qui avez tronqué ses dires. Il n’est nullement stipulé que la Tradition est celle des Apôtres et non celle de l’Eglise : c’est totalement faux ! Au contraire, la Tradition a trois ordres. Reprenons le texte voulez-vous ? Vous n’avez pas compris que la Tradition a trois ordres, le premier ordre c’est La Personne de Jésus-Christ ! Le cœur de la Tradition, c’est la Personne même de Jésus-Christ, son enseignement. C’est ainsi le préliminaire du texte commence ainsi : « Le Seigneur de toutes choses a en effet donné à ses apôtres le pouvoir d’annoncer l’Évangile et c’est par eux que nous avons connu la vérité, c’est-à-dire l’enseignement du Fils de Dieu ». On voit ici qu’il y a TRANSMISSION ! de quoi ? de l’enseignement du Fils de Dieu. Donc, la source première de la Tradition, c’est le Fils de Dieu lui-même ; une Tradition que ce Fils donne à ces apôtres.
      Le second ordre, c’est le plus vaste -englobant d’aures traditions (grecques par exemple, platoniciennes, aristotéliciennes), est celui de la transmission par les Apôtres (de la Tradition première – le Christ). Ils vont transmettre, d’abord par ORAL ! Mais, c’est un travail de recherches avant toute chose. Les Apôtres ont dû travailler les textes qu’ils ont écrit, après avoir compris ; car il est évident qu’ils étaient encore dans le flou. Ainsi, lorsqu’il écrit : « Cet Evangile, ils l’ont d’abord prêché ; ensuite, par la volonté de Dieu, ils nous l’ont transmis dans des Ecritures, pour qu’il soit le fondement et la colonne de notre foi. », colonne de notre Foi, car notre foi c’est Le Fils de Dieu lui-même : c’est ce qui est dans le premier ordre. Et vous n’avez pas compris cela. Soit. De surcroît, on a plutôt l’impression que vous n’avez vraiment pas compris ce qu’est la Tradition. Qu’appelez-vous « Tradition des Apôtres » ? N’est-ce pas évident que, l’évangile selon s. Marc, s. Jean, s. Matthieu, et s. Luc, sont eux-mêmes des traditions ? en ce sens où ils sont nés dans un contexte bien précis ! Sans faire fi de ce qu’on appelle le Sitz im leben – que vous ignorez complètement. Que dit Irénée ? Il dit que l’évangile selon s. Marc, est un évangile de Tradition de s. Pierre : « Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Evangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Eglise. Après la mort de ces derniers, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l’Évangile, tandis qu’il séjournait à Éphèse, en Asie. »

      De fait, lorsque vous dites que s. Irénée parle de Tradition des Apôtres, et non pas celle de l’Eglise, vous vous abusez violemment. Car, cette thèse est complètement démentie dans le texte. Le Père de l’Eglise n’opère, en aucun moment, un clivage entre Tradition des Apôtres, et Tradition de l’Eglise. Ce que vous avez fait, ce n’est qu’une lecture tronquée du texte. Ce que nous lisons, c’est ceci : « Mais lorsqu’à notre tour nous en appelons à la Tradition qui vient des apôtres et qui, grâce aux successions des presbytres, se garde dans les Eglises, ils s’opposent à cette Tradition : plus sages que les presbytres et même que les apôtres, ils ont, assurent-ils, trouvé la vérité pure, car les apôtres ont mêlé des prescriptions de la Loi aux paroles du Sauveur ; et non seulement les apôtres, mais le Seigneur lui-même a prononcé des paroles venant tantôt du Démiurge, tantôt de l’Intermédiaire, tantôt de la Suprême Puissance (…) » On voit donc ici, contrairement à vos présomptions, que la Tradition des Apôtres, EST EXCATEMENT LA MÊME QUE CELLE DES Eglises. Tradition gardée GRÂCE à la succession des presbytres… Vous n’avez donc pas compris. Le texte est limpide. Il n’y a pas lieu d’opposer les deux traditions ; car, elles ne sont pas deux, mais c’est exactement la même.

      Etonnement, fatalement (?), s. Irénée va dire que cette VRAIE Tradition du Fils de Dieu, la Tradition des Apôtres, qui est la même parvenue jusqu’à Lui, cette Tradition, c’est celle de l’Eglise Catholique Romaine ! Si, si, c’est écrit. Nous lisons :

      « Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d’énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l’une d’entre elles, l’Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions d’évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes : car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres. Donc, après avoir fondé et édifié l’Eglise, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l’épiscopat ; c’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l’épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition était encore devant ses yeux. Il n’était d’ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres. Sous ce Clément, donc, un grave dissentiment se produisit chez les frères de Corinthe ; l’Eglise de Rome adressa alors aux Corinthiens une très importante lettre pour les réconcilier dans la paix, renouveler leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait naguère reçue des apôtres, à savoir : un seul Dieu tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, qui a modelé l’homme, fait venir le déluge, appelé Abraham, fait sortir son peuple de la terre d’Egypte, conversé avec Moïse, donné la Loi, envoyé les prophètes, préparé un feu pour le diable et ses anges. Que ce Dieu-là même soit annoncé par les Eglises comme étant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, tous ceux qui le veulent peuvent l’apprendre par cet écrit, tout comme ils peuvent connaître par lui la Tradition apostolique de l’Église, puisque cette lettre est plus ancienne que les actuels fauteurs d’erreur qui imaginent faussement un autre Dieu au-dessus du Créateur et de l’Auteur de tout ce qui existe. A ce Clément succède Évariste ; à Évariste, Alexandre ; puis, le sixième à partir des apôtres, Xyste est établi; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement témoignage ; ensuite Hygin ; ensuite Pie ; après lui, Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Eglise à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous. Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église, depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la vérité »

      Irénée affirme ici que la Tradition a été conservée par l’Eglise Romaine FONDEE par s. Paul et s. Pierre ! qui ont transmis la Tradition des Apôtres. Il y a donc UNE SEULE Tradition, c’est celle des Apôtres – qui est la même que celle de l’Eglise de ROME (la plus Ancienne, ayant pour fondateurs Pierre et Paul). Vous n’avez donc pas été capable de lire CORRECTEMENT le texte d’Irénée de Lyon. Mais Irénée continue :

      « Mais on peut nommer également Polycarpe. Non seulement il fut disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur, mais c’est encore par des apôtres qu’il fut établi, pour l’Asie, comme évêque dans l’Église de Smyrne. Nous-même l’avons vu dans notre prime jeunesse — car il vécut longtemps et c’est dans une vieillesse avancée que, après avoir rendu un glorieux et très éclatant témoignage, il sortit de cette vie —. Or il enseigna toujours la doctrine qu’il avait apprise des apôtres, doctrine qui est aussi celle que l’Église transmet et qui est la seule vraie. C’est ce dont témoignent toutes les Églises d’Asie et ceux qui jusqu’à ce jour ont succédé à Polycarpe, qui était un témoin de la vérité (…) »

      Ce qu’il affirme c’est que l’Eglise la plus EXCELLENTE c’est celle de Rome ! car, elle a pour fondateur Paul et Pierre, et toutes les autres Eglises lui sont en quelque sorte subordonnées ! Mais IL INSISTE en martelant qu’il s’agit de la même et UNIQUE Tradition, nonobstant ce que vous vouliez faire croire.La Tradition des Apôtres est celle de l’Eglise. Et elle est VIVANTE ! Ce n’est pas une Tradition différente. Voici ce qui est dit explicitement :
      « Telle étant donc la manière dont la Tradition issue des apôtres se présente dans l’Église et subsiste parmi nous, revenons à la preuve tirée des Écritures de ceux d’entre les apôtres qui ont mis par écrit l’Évangile, Écritures dans lesquelles ils ont consigné leur pensée sur Dieu, non sans montrer que notre Seigneur Jésus-Christ était la Vérité et qu’il n’y avait pas de mensonge en lui. Ce que David, prophétisant sa naissance d’une Vierge et sa résurrection d’entre les morts, avait dit en ces termes : « La Vérité s’est levée de la terre. » Les apôtres aussi, dès lors, étant les disciples de la Vérité, sont en dehors de tout mensonge, car il n’y a pas de communion entre le mensonge et la vérité, non plus qu’entre les ténèbres et la lumière : la présence de l’un exclut l’autre (…) »

      Encore une fois. Votre allégation est fausse par rapport au texte du Père de l’Eglise. Sinon, je trouve quand même que, Irénée, qui parle de Tradition des Apotres (Trdition ipso facto celle de l’Eglise de Rome) considère la Vierge Marie comme NOUVELLE EVE ! vers la fin de son texte ! A savoir, ce que l’Eglise Catholique romaine, véritable Eglise, de nos jours, enseigne ! Il parle d’elle comme Vierge d’ailleurs (toujours !) Eh eh ! 🙂

      Ainsi, lorsque vous écrivez : « « … j’ai déjà vu des personnes prendre ‘une phrase ou deux’ dans les écrits d’Irénée et de ses coauteurs pour leur faire dire ce qu’ils n’ont jamais dit » ; vous continuez en disant : « Avoir une idée et trouver dans la Bible ou ailleurs, la phrase qui correspond à NOTRE idée, est très, très différent que d’étudier un texte et de faire ressortir du texte ce que ses auteurs ont réellement souhaité dire … »

      Hmmm… Vous devrez faire attention aux mots que faites sortir de votre bouche ! Pensez, réfléchissez bien avant de parler, ou d’écrire. Car, ce que vous reprochez aux autres ici, c’est exactement ce que vous avez fait ! Vous avez fait une lecture superficielle du texte d’Irénée de Lyon, et avez tiré des conclusions qui n’étaient pas présentes ! Vous avez bien tronqué le texte pour lui faire dire ce qu’il ne disait pas ! C’est le serpent qui se mord la queue 😉 Car, le Texte en aucun moment, n’oppose la Tradition des Apôtres à celle de l’Eglise, au contraire, elle maintient que c’est EXATEMENT LA MÊME. Mais, vous, vous soutenez que ce texte parle de Tradition des Apôtres et non pas de l’église. C’est une erreur, qui vient d’être vue par les textes que je viens de citer.

      Surtout vous n’avez pas compris la Tradition elle-même. Puisque, dans les textes de s. Paul par exemple, il y a de la tradition Juive, mais aussi, de la tradition de la philosophie grecque et platonicienne et aristotélicienne (Oui, oui ; vous en doutez ?). Donc, la Tradition, est une Tradition de la Personne du Christ ; remis aux intermédiares (les Apôtres qui, pour l’expliciter, se sot aussi servi d’autres traditions gracques par exemple, platonicienne, aristotélicienne…); sans faire fi du Sitz im Leben; C’est EXACTEMENT la même Tradition VIVANTE dans l’Eglise ! Votre affirmation vient du smple fait que vous n’avez pas été capable de lire un texte – ou alors, superficiellement, vou l’avez fait

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        Bonsoir,

        Oui, tout à fait. Car il existe de nombreuses traditions, Irénée seul ou avec ses coauteurs précise à chaque fois que la tradition est celle des apotres.

        Particulièrement dans l’introduction et la conclusion de la lettre à son ami Martien.

        En prenant une version numérique des livres en question, il est facile de vérifier en quelques minutes si réellement le terme ‘tradition’ est constamment associé au terme ‘apôtre’ (ou apostolique) ou non.

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        Dans le livre III, le contexte de tous les mots ‘tradition’.

        Extrait du livre III et de ces coauteurs (ce sont les phrases exactes, des copiers-collers, je n’ai modifié aucun mot)

        – en montrant que la Tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous

        – elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.

        – Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition était encore devant ses yeux

        – une très importante lettre pour les réconcilier dans la paix, renouveler leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait naguère reçue des apôtres, à savoir : un seul Dieu tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, qui a modelé …

        – tous ceux qui le veulent peuvent l’apprendre par cet écrit, tout comme ils peuvent connaître par lui la Tradition apostolique de l’Église, puisque cette lettre est plus ancienne que les actuels fauteurs d’erreur ….

        – Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Eglise à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous. Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église, depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est CONSERVEE et transmise dans la vérité.

        – Ajoutons enfin que l’Eglise d’Ephèse, fondée par Paul et où Jean demeura jusqu’à l’époque de Trajan, est aussi un témoin véridique de la Tradition des apôtres.

        -les apôtres, comme en un riche cellier, ont amassé en elle, de la façon la plus plénière, tout ce qui a trait à la vérité, afin que quiconque le désire y puise le breuvage de la vie. C’est elle, en effet, qui est la voie d’accès à la vie ; « tous » les autres « sont des voleurs et des brigands». C’est pourquoi il faut les rejeter, mais aimer par contre avec un zèle extrême ce qui est de l’Eglise et saisir la Tradition de la vérité.

        – Et à supposer même que les apôtres ne nous eussent pas laissé d’Ecritures, ne faudrait-il pas alors suivre l’ordre de la Tradition qu’ils ont transmise à ceux à qui ils confiaient ces Eglises ?

        – ils possèdent le salut, écrit sans papier ni encre par l’Esprit dans leurs cœurs, et ils gardent scrupuleusement l’antique Tradition, croyant en un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre et de tout ce qu’ils renferment, et au Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui, à cause de son surabondant amour pour l’ouvrage par lui modelé, a consenti à être engendré de la Vierge pour unir lui-même par lui-même l’homme à Dieu, qui a souffert sous Ponce Pilate, est ressuscité et a été enlevé dans la gloire, qui viendra dans la gloire comme Sauveur de ceux qui seront sauvés et Juge de ceux qui seront jugés et enverra au feu éternel ceux qui défigurent la vérité et qui méprisent son Père et sa propre venue. Ceux qui sans lettres ont embrassé cette foi sont, pour ce qui est du langage, des barbares ; mais, pour ce qui est des pensées, des usages, de la manière de vivre, ils sont, grâce à leur foi, suprêmement sages et ils plaisent à Dieu, vivant en toute justice, pureté et sagesse. Et s’il arrivait que quelqu’un leur annonçât les inventions des hérétiques en s’adressant à eux dans leur propre langue, aussitôt ils se boucheraient les oreilles et s’enfuiraient au plus loin, sans même consentir à entendre ces discours blasphématoires. Ainsi, grâce à l’antique Tradition des apôtres, rejettent-ils jusqu’à ….

        – Ainsi donc, la Tradition des apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c’est en toute Église qu’elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité

        – Mais lorsqu’à notre tour nous en appelons à la Tradition qui vient des apôtres et qui, grâce aux successions des presbytres, se garde dans les Eglises, ils s’opposent à cette Tradition

        – Solide, en revanche, non controuvée et seule vraie est notre foi — elle qui reçoit une preuve manifeste de ces Ecritures traduites de la manière que nous venons de dire —, et la prédication de l’Église est pure de toute altération. Car les apôtres, qui sont plus anciens que tous ces gens-là, sont en accord avec la version susdite, et cette version est en accord avec la tradition des apôtres

        – En effet, lorsqu’ils se voient convaincus à partir des Écritures, ils se mettent à accuser les Écritures elles-mêmes : elles ne sont ni correctes ni propres à faire autorité, leur langage est équivoque, et l’on ne peut trouver la vérité à partir d’elles si l’on ignore la Tradition. Car, disent-ils, ce n’est pas par des écrits que cette vérité a été transmise, mais de vive voix, ce qui a fait dire à Paul : « Nous « parlons » sagesse parmi les parfaits, mais sagesse qui n’est pas celle de ce siècle »

        etc, etc, etc ….

        (je m’étais trompée d’endroit pour vous répondre)

      • +++Yesus Kristus azu+++
        27 février 2014

        Oui,

        C’est la raison pour laquelle, dans mon commentaire précédent, si vous l’avez lu (j’en doute), j’ai argumenté en affirmant que vous vous êtes trompé. Et que vous n’avez pas compris le texte de s. Irénée. C’est flagrant. Relisez mon commentaire ci-haut.

        P.-S : j’ai supprimé l’autre commentaire, vu que c’était le même que celui-ci 😉

      • Béréenne attitude
        27 février 2014

        L’important n’est pas ce que je dis moi, mais ce qu’on dit les apotres. (et éventuellement Irénée et ses coauteurs qui, comme nous pouvons le lire en introduction se considèrent comme faisant que répéter l’enseignement des apotres et n’ayant pas eu reçu ‘le ministère’ réservé aux apotres, ministère tout particulier, qui ne se reproduit plus après eux.

        Dans les 5 livres, Irénée et ses coauteurs martèlent que la tradition des apotres est transmise par les églises et qu’il faut conserver cette vérité immuable. Ils loueront les églises qui sont restées au plus près de la vérité apostolique, Il indiquera qu’il reste à Rome des chrétiens qui ont connus les apotres en personne et qu’eux ont encore à leur oreilles la tradition des apotres.

        Tous n’avaient pas encore accès aux évangiles écrits, aux lettres de Paul, etc. C’est pourquoi, la tradition des apotres se transmettaient encore de bouche à oreille. Dès qu’il y eu des écrits, la tradition apostolique devenait accessible par les écrits.

        Il est parfois difficile pour nous qui pouvons acheter 10 Bibles, ou même une infinité’ d’imaginer qu’au tout début de l’église, les évangiles se transmettaient de bouche à oreille. (Et les autres écrits des apotres).

      • +++Yesus Kristus azu+++
        27 février 2014

        Ben si ! Vous dites d’abord que Irénée parle de Tradition des Apôtres, et non pas celle de l’Eglise ; ce qui est foncièrement faux ! Puisqu’il dit EXPLICITEMENT qu’il s’agit de la Même Tradition : conservée. Et au nom de cette Tradition, il donne même les noms des successeurs….

        Et il dit clairement que cette Tradition des Apôtres est VIVANTE. Qu’ils la vivent. Ce n’est pas parce que n’est pas ce que vous dites qui est important, que vous devez dire des choses fausses.

        Et la seule Eglise légitime, reste l’Eglise catholique Romaine. Qui a continué à faire cette Tradition transmis au fil du temps par les Apôtres (même et seule Tradition ! C’est la même ! en vertu de laquelle Irénée proclame déjà Marie, vierge et nouvelle Eve, en analogie avec Jésus nouvel Adam).

        Oui. Ce qui est important c’est ce qu’ont écrit et dit les Apôtres. Car, leurs écrits ne se limitent pas à une pensée purement chrétienne, elle prend également racine dans des traditions grecques (Philosophie platonicienne et aristotélicienne ; je pense aux écrits de s. Paul ; d’où un intérêt vif des Pères du premier siècle à emprunter des éléments à la philosophie).

      • Béréenne attitude
        28 février 2014

        La tradition des apotres, la vérité est immuable. Les auteurs de ces livres relèvent les villes qui ont conserver la tradition des apotres.

        Ils disent que toutes les églises ont de très nombreux successeurs mais qu’il ne donne que la liste des successeurs de Paul et Pierre.

        Ainsi donc, la Tradition des apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c’est en toute Église qu’elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité.
        Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent établis par les apôtres dans les Églises, et leurs successeurs jusqu’à nous. (…)
        Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d’énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l’une d’entre elles, l’Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions d’évêques (…)
        Donc, après avoir fondé et édifié l’Eglise, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l’épiscopat ; c’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l’épiscopat échoit à Clément.(…) A ce Clément succède Évariste ; à Évariste, Alexandre ; puis, le sixième à partir des apôtres, Xyste est établi; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement témoignage ; ensuite Hygin ; ensuite Pie ; après lui, Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Eglise à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous.

        (…) on peut nommer également Polycarpe. Non seulement il fut disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur, mais c’est encore par des apôtres qu’il fut établi, pour l’Asie, comme évêque dans l’Église de Smyrne.
        (…)
        Ajoutons enfin que l’Eglise d’Ephèse, fondée par Paul et où Jean demeura jusqu’à l’époque de Trajan, est aussi un témoin véridique de la Tradition des apôtres.
        (…)
        Et à supposer même que les apôtres ne nous eussent pas laissé d’Ecritures, ne faudrait-il pas alors suivre l’ordre de la Tradition qu’ils ont transmise àceux à qui ils confiaient ces Eglises

        Avez-vous déjà lu, le 3ème livre d’Irénée et de ses coauteurs, ainsi que la prédication des apotres en entier ?

        Car en vous lisant, il me semble que vous faites dires à ces livres ce qu’ils n’ont jamais dit.

      • +++Yesus Kristus azu+++
        28 février 2014

        C’est une blague ?

        Oui. J’ai lu. Mais, ce que je constate, cest que vous copiez untexte que vous ne comprenez pas. Et que, vous n’avez pas compris c’est flagrant. De grâce, je veux éviter de perdre du temps. C’est inutile ! Vous êtes incapables de lire correctemnt un texte. C’est à peine si vous lisez mes réponses. Car, le texte que vous venez de mettre maintenant, je l’ai déjà utilisé plus haut, our montrer que vous n’aviez pas compris Irénée de Lyon. Car, vous avez soutenu que la Tradition dont parle Iréenée, c’est la Tradition des Apôtres, et non celle de l’Eglise. Affirmation fausse ! Car, s. Irénée dit que la Traiditon des Apôtres, c’est la MÊME. N’essaez pas de renerser la tendance en affirmant que nousessayins de faire dire à un texte ce qu’il ne dit – vu que ‘est vous qui le faites. Je vais ré-expliquer, mais ensuite j’arrête de perdre du temps.

        Il y a Tradition DES Eglises ! Mais, C’EST LA MÊME Tradition des Apôtres qui est la Tradition de l’Eglise. Mais, vous n’avez pas dit cela. Vous avez dit que la Traditoon c’est celle des Apotres, et non celle de l’Eglise : affirmation FAUSSE ! car, ce n’est pas ce que dit Irénée. C’est donc vous qu faites dire aux textes ce qu’ils ne dit pas. Il ya l’Eglise de Rome – la plus excellente ! comme dit Irénée. Mais, il y a également les Eglises (cependant, celles-ci sont subordonnées à l’Eglise de Rome : c’est ce que dit le texte !). Je ne vais tout de même pas vous apprendre à lire non ? Avez vous lu mes précédents commentaires, ou alors ; vous avez commenté juste pour commenter ? Car, il est patent de voir que vous ne les lisez pas vraiment – car, le texte que vous citez, je l’ai déjà fait plus haut !

        De fait, lorsque vous dites que s. Irénée parle de Tradition des Apôtres, et non pas celle de l’Eglise, vous vous abusez violemment. Car, cette thèse est complètement démentie dans le texte. Le Père de l’Eglise n’opère, en aucun moment, un clivage entre Tradition des Apôtres, et Tradition de l’Eglise. Ce que vous avez fait, ce n’est qu’une lecture tronquée du texte. Ce que nous lisons, c’est ceci :

        « Mais lorsqu’à notre tour nous en appelons à la Tradition qui vient des apôtres et qui, grâce aux successions des presbytres, se garde dans les Eglises, ils s’opposent à cette Tradition : plus sages que les presbytres et même que les apôtres, ils ont, assurent-ils, trouvé la vérité pure, car les apôtres ont mêlé des prescriptions de la Loi aux paroles du Sauveur ; et non seulement les apôtres, mais le Seigneur lui-même a prononcé des paroles venant tantôt du Démiurge, tantôt de l’Intermédiaire, tantôt de la Suprême Puissance (…) »

        On voit donc ici, contrairement à vos présomptions, que la Tradition des Apôtres, EST EXCATEMENT LA MÊME QUE CELLE DES Eglises. Tradition gardée GRÂCE à la succession des presbytres… Vous n’avez donc pas compris. Le texte est limpide. Il n’y a pas lieu d’opposer les deux traditions ; car, elles ne sont pas deux, mais c’est exactement la même. Plus loin, Irénée dit :

        « Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d’énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l’une d’entre elles, l’Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions d’évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes : car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres. Donc, après avoir fondé et édifié l’Eglise, les bienheureux apôtres remirent à Lin la charge de l’épiscopat ; c’est de ce Lin que Paul fait mention dans les épîtres à Timothée. Anaclet lui succède. Après lui, en troisième lieu à partir des apôtres, l’épiscopat échoit à Clément. Il avait vu les apôtres eux-mêmes et avait été en relations avec eux : leur prédication résonnait encore à ses oreilles et leur Tradition était encore devant ses yeux. Il n’était d’ailleurs pas le seul, car il restait encore à cette époque beaucoup de gens qui avaient été instruits par les apôtres. Sous ce Clément, donc, un grave dissentiment se produisit chez les frères de Corinthe ; l’Eglise de Rome adressa alors aux Corinthiens une très importante lettre pour les réconcilier dans la paix, renouveler leur foi et leur annoncer la Tradition qu’elle avait naguère reçue des apôtres, à savoir : un seul Dieu tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre, qui a modelé l’homme, fait venir le déluge, appelé Abraham, fait sortir son peuple de la terre d’Egypte, conversé avec Moïse, donné la Loi, envoyé les prophètes, préparé un feu pour le diable et ses anges. Que ce Dieu-là même soit annoncé par les Eglises comme étant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, tous ceux qui le veulent peuvent l’apprendre par cet écrit, tout comme ils peuvent connaître par lui la Tradition apostolique de l’Église, puisque cette lettre est plus ancienne que les actuels fauteurs d’erreur qui imaginent faussement un autre Dieu au-dessus du Créateur et de l’Auteur de tout ce qui existe. A ce Clément succède Évariste ; à Évariste, Alexandre ; puis, le sixième à partir des apôtres, Xyste est établi; après lui, Télesphore, qui rendit glorieusement témoignage ; ensuite Hygin ; ensuite Pie ; après lui, Anicet ; Soter ayant succédé à Anicet, c’est maintenant Eleuthère qui, en douzième lieu à partir des apôtres, détient la fonction de l’épiscopat. Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l’Eglise à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu’à nous. Et c’est là une preuve très complète qu’elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l’Église, depuis les apôtres jusqu’à maintenant, s’est conservée et transmise dans la vérité »

        On voit donc ici – je vais encore répéter, décidément ! On observe qu’il y a les Eglises ! Mais qu’l y aégalement l’EGLISE (Cest cellede Rome, fondée par Pierre et Paul). Et, de surcroît, toutes les autres Eglises doivent être conformes à L’EGLISE (celle de ROME ! Difficile ?) : C’est ce qui est dit ici :

        (…) car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres (…)

        Vous avez bien lu cette fois-ci ? Avec l’EGLISE DE ROME, toute Eglise doit DOIT S’ACCORDER ! C’est ce que dit le texte ! Autrment dit, toute Eglise qui ne s’accorderait pas avec celle de Rome est une église apostate ! Parce que premièrement, Rome EST PLUS EXCELLENTE. Toutes les autres Eglises gravitent AUTOUR de l’Eglise de Rome ! Etes vous vraiment capables de lire un texte ? ou alors, vous ne faites que copier sans comprendre ?

        or, voici comment vous citez les texte : **Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d’énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l’une d’entre elles, l’Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu’elle tient des apôtres et la foi qu’elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu’à nous par des successions d’évêques (…)**

        On voit très bien le caractère insidieux ici ! Car, vous tronquez le texte EXCATEMENT à l’endroit où il ne fallait pas ! Car, juste après les parenthèses que vous avez mises (volontairement, ou simplement par incapacité de comprendre une texte ?), viennent les mots suivants, la partie précise que vous avez coupée :

        ** (…) nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes : car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s’accorder toute Église, c’est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.***

        La partie que vous avez coupée dit spécifiquement que TOUTE EGLISE (car, il y a les Eglises) DOIT NECESSAIREMENT S’ACCORDER avec celle de ROME !!!!!!!! Vous comprenez bien le sens de ‘s’accorder’ ? Vos comprenez le langage musical ? Vous savez alors que deux musiciens qui ne s’accordent pas, c’est un désastre !! De même, ici le noyau de l’accord C’EST l’Eglise de Rome (c’est ce qui est dit dan le texte !), et toute Eglise doit s’accorder à ce noyau là. En d’autres termes, s’il y a une Eglise qui n’est PAS EN ACCORD avec celle de Rome, alors cette Eglise est une imposture. C’est ce que dit le Texte…

        Et vous écrivez : Avez-vous déjà lu, le 3ème livre d’Irénée et de ses coauteurs, ainsi que la prédication des apotres en entier ? Car en vous lisant, il me semble que vous faites dires à ces livres ce qu’ils n’ont jamais dit. ===> On croit rêver ! Nous disons ce que le texte ne dit pas ? Je suis en train de rêver, surement…, ou alors, ce doit être une blague de votre part.

        Je vous rappelle tout de même que vous avez écrit ceci : **Oui, et la tradition, l’instruction (un seul et même mot grecque) est la tradition des APOTRES et non pas celle de l’église.**

        C’est une blague, certainement ! Alors que le texte d’Irénée dit que la Tradition des Apôtres EST la Tradition de l’Eglise. Et donc, la même. Mais qui VIT dans l’Eglise ! Vous n’avez rien compris au texte d’Irénée. Ou alors, soyons vilain (!), vous lui faites dire ce qu’il n’a pas dit. Car le Père, contraiement vos allégations dit ceci :

        (…) Or il enseigna toujours la doctrine qu’il avait apprise des apôtres, doctrine qui est aussi celle que l’Église transmet et qui est la seule vraie. C’est ce dont témoignent toutes les Églises d’Asie et ceux qui jusqu’à ce jour ont succédé à Polycarpe, qui était un témoin de la vérité (…) »

        Mais encore, dit le Père :

        « Telle étant donc la manière dont la Tradition issue des apôtres se présente dans l’Église et subsiste parmi nous, (…)

        La TRADITION SUBSISTE ! Ca signifie quoi subsister, si ce n’est vivre par, à travers ? Non, je dois être en train de rêver comme j’ai dit. S’il y a donc une personne qui n’a pas compris le texte d’Irénée, c’est bien vous, pas nous. Je me demande si votre lecture de la Bible est la même que cele que vous faites d’un simple texte (car, le texte d’Irénée est assez simple ! Devant une réflexion vraiment théologique, philosophique – je n’ose pas imaginer comment vous vous en sortez)

        Bref, de grâce, évitez de me faire perdre du temps – à vous répondre. Cela commence à prendre des allures de futilités. Car, si vous n’êtes pas capables de lire un simple texte et de le comprendre CORRECTEMENT, à quoi bon ?… En espérant que, cette fois, vous avez bien compris. Sinon, je me ferais du souci.

  14. Béréenne attitude
    27 février 2014

    @ L’Apôtre des protestants

    Les colonnes sont de plus en plus étroites sur l’écran de mon ordinateur. Aussi, je me permet de continuer ici.

    Pour répondre à cette phrase :

    Et enfin, lorsque vous dite que le célibat des prêtres ne date que de 1215, d’un point de vue historique, c’est juste un mensonge.

    La chasteté des moines dates des premiers siècles, oui.

    La chasteté n’est pas le célibat. Et les moines ne sont pas automatiquement des prêtres (ou évêques, etc)

    Les papes, prêtres, évêques, etc qui n’étaient pas dans les ordres monastiques, ne faisaient pas voeux de chasteté bien longtemps après la sacralisation de la chasteté dans le but de contrebalancer la sacralisation de la sexualité dans les temples païens. (porneïa en grec, ce que vous appelez ‘fornication’)

    J’ai parlé d’environ 1215 pour le CELIBAT des prêtres et non pas pour leur chasteté. Je ne connais pas par coeur la date exacte mais c’est dans ces années là, que l’ensemble du clergé a renvoyé femmes et enfants pour des questions d’héritages.

    Si vous êtes intéressez, je peux vous trouver l’ordre chronologique précis, (si il y a eu progression dans les événements en question) et le lieu et l’année du concile.

    • L'Apôtre des protestants
      27 février 2014

      C’est faux: la chasteté est une doctrine de Dieu qui est présente dès l’Ancien Testament.

      La chasteté n’est pas le célibat en effet: les relations sexuelles dans le mariage sont chastes.

      Avant de rabâcher que le célibat des prêtres vient du XIIIème siècle, c’est faux, lisez mon article et vous verrez que c’est faux!

      L’Eglise condamne les relations sexuelles en dehors du mariage, il n’est donc pas possible que l’Eglise ait autorisés ses prêtres a en avoir sans être mariés.

  15. L'Apôtre des protestants
    27 février 2014

    La liste des prêtres ayant euent des enfants n’a fait rien: il les ont eu soit:

    1) avant de devenir prêtre et après l’être devenu, ils ont cessé d’avoir des relations sexuelles avec leurs épouses (sauf fautes de leur part).

    2) pour les autres: ils ont conçus ces enfants en fornication et donc dans le péché: l’Eglise condamne de tels comportements et considère ces prêtres comme coupables de l’avoir fait. L’Eglise ne dit pas que tous ces papes sont des saints, ils est même probable que beaucoup d’entre eux soient en enfer (l’infaillibilité du pape ne le prêtée pas du péché).

    • Béréenne attitude
      27 février 2014

      Quelles sont vos sources ?
      Car il y a de très nombreuses sources sur passablement de pape qui disent au contraire qu’ils ne se comportaient pas vraiment ‘en chrétiens’ !

      Vous me semblez très naïf, je peux vous demander votre age ?

    • L'Apôtre des protestants
      1 mars 2014

      Mes sources sont les actes des conciles, les écrits des Pères de l’Eglise et autres écrits qui sont matériellement des preuves historiques irréfutables (lisez l’article bon sang ! ).

      Il est vrai qu’un grand nombre de pape ne se sont pas comportés en chrétien, il est d’ailleurs de l’avis commun des auteurs religieux que la majorité des prêtres vont en enfer, à Rome, il y a même une fresque représentant (entre autre) des papes en enfer. Mais ce ne remet rien en cause de leur charge pastorale.

      Bien naïf! Mais pourquoi? N’est pas moi qui l’appui sur des sources solides et vous sur des allégations fantaisistes (ou au moins pas très réfléchies)?

      J’ai 19 ans. Mais ça n’a aucune importance: la grâce divine et la vérité n’attendent pas le nombre des années.

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  25. Louis
    23 février 2017

    Le mot de la fin est donné par la Sainte Vierge Marie dans ce texte :

    Révélations Célestes de Sainte Brigitte de Suède

    Les Apparitions, extases et locutions sont approuvées par trois papes et par le concile de Bâles

    Chapitre 10
    Défense que les prêtres soient mariés.

     » Réjouissez-vous éternellement, ô précieux corps de Dieu, en un honneur perpétuel, en continuelle victoire, en éternelle puissance, avec votre Père et le Saint-Esprit, avec la Vierge Marie, votre très-digne Mère, et avec toute la cour céleste ! Louange vous soit, ô Dieu éternel, et actions de grâces infinies, parce qu’il vous a plu de vous faire homme, et avez voulu que le pain fût transubstantié en votre corps, par vos saintes paroles, et l’avez donné en viande comme par un excès d’amour pour le salut de nos âmes !
    Il arriva une fois à une personne qui était profondément plongée en l’oraison, qu’elle ouït une voix qui lui disait : O vous à qui sont faites les faveurs d’ouïr et de voir les choses spirituelles, écoutez maintenant ce que je vous veux manifester de cet archevêque qui a dit que, s’il était pape, il donnerait licence à tous les prêtres de se marier, croyant et pensant que cela serait plus agréable à Dieu que de voir les prêtres vivre avec tant de dissolution; il disait encore que, par ce mariage, s’éviteraient tant de péchés charnels; et bien qu’en cela il n’entendît pas la volonté de Dieu, néanmoins il était ami de Dieu. Or, maintenant, je vous déclarerai la volonté de Dieu sur cela, car j’ai engendré le Dieu même, et vous signifierez cela à cet archevêque, lui parlant en ces termes : A Abraham fut donnée la circoncision longtemps avant que la loi fût donnée à Moïse, et au temps d’Abraham, les hommes étaient gouvernés selon qu’ils entendaient et selon qu’ils voulaient, et néanmoins plusieurs étaient lors amis de Dieu.
    Mais après que la loi fut donnée à Moïse, lors il plut plus à Dieu que les hommes vécussent selon la loi que selon leur volonté. Il en fut de même du précieux corps de mon Fils, car quand il eut institué le saint Sacrement de l’autel, qu’il fut monté au ciel, lors cette loi ancienne était encore gardée, savoir, les prêtres de Jésus-Christ vivaient en un mariage charnel, et néanmoins plusieurs d’iceux étaient amis de Dieu, d’autant qu’ils croyaient en simplicité que cela était agréable à Dieu, comme il lui fut agréable au temps des Juifs, et cela fut observé plusieurs années par les apôtres chrétiens. Mais cette coutume et observance était abominable et odieuse à toute la cour céleste, et à moi, qui ai engendré le corps de mon Fils, de voir que des mariés touchassent de leurs mains le corps précieux de mon Fils au saint Sacrement, car les Juifs, en leur ancienne loi, n’avaient que l’ombre et la figure de ce sacrement ; mais les chrétiens ont maintenant la vérité même, savoir, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme en ce sacrement sacro-saint.
    Mais après quelque temps que les prêtres anciens observaient cela, Dieu, par l’infusion de son Esprit, le versa au cœur du pape, pour qu’il ordonnât que désormais les prêtres qui consacreraient le corps précieux de Jésus-Christ ne seraient point mariés ni ne jouiraient des délices infâmes de la chair. Et partant, par l’ordonnance divine et par son juste jugement, il a été justement ordonné que les prêtres vivraient en la chasteté et continence de la chair, autrement qu’ils seraient maudits et excommuniés devant Dieu, et dignes d’être privés de l’office de prêtres, néanmoins que ceux qui s’amenderaient véritablement avec résolution de ne plus pécher, obtiendraient miséricorde de Dieu.
    Sachez aussi que si quelque pape donne aux prêtres licence de se marier charnellement, lui-même sera damné de Dieu par la même sentence, comme celui qui aurait grandement péché, à qui on devrait, selon le droit, arracher les yeux couper les lèvres, le nez et les oreilles, les pieds et les mains, et le corps duquel devrait être tout ensanglanté et congelé de froid; et d’ailleurs qu’on devrait donner ce corps mort aux oiseaux et aux bêtes sauvages : il en arriverait de même à ce pape qui voudrait donner licence aux prêtres de se marier, contre la susdite ordonnance divine, car ce pape serait soudain privé de la vue et ouïe spirituelle, de la parole, des œuvres spirituelles, et toute sa sapience spirituelle défaudrait spirituellement ; et d’ailleurs, son âme descendrait en enfer pour y être éternellement tourmentée et être la proie des démons. Voire si saint Grégoire le pape eût établi cette loi, il n’eût jamais obtenu miséricorde de Dieu, s’il n’eût révoqué une telle sentence. »

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Cette entrée a été publiée le 23 février 2014 par dans Athéisme, Foi Catholique.