+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Le célibat des prêtres n’est pas un dogme, mais…

Notre dossier sur le célibat des prêtre depuis les apôtres : ici

On entend souvent dire, pour relativiser l’importance du célibat des prêtres, d’une part que les prêtres des communautés catholiques orientales peuvent continuer à vivre avec leurs épouses, et d’autre part que l’Eglise catholique elle-même considère le célibat des prêtres comme une discipline et non comme un dogme. Nous répondons à la première objection que l’Eglise catholique romaine a toléré, pour éviter des schismes, ou pour ramener des schismatiques à la vraie Eglise, qu’il puisse exister des prêtres mariés dans son clergé oriental, car effectivement, il s’agit d’une discipline qui dans l’absolu n’est pas nécessaire. Mais il ne faut jamais oublier qu’il ne s’agit là que d’une tolérance, et non d’une discipline comme une autre, ayant sa place dans le coeur de l’Eglise. Pour comprendre cette dernière affirmation, il faut répondre à la seconde objection. A la seconde objection, nous répondons que certes, le célibat ou la continence des prêtres n’est pas un dogme, mais qu’il est néanmoins une « discipline hautement doctrinale », car elle touche immédiatement au don total que le prêtre fait de lui au service de Dieu et des âmes. Saint Paul dit lui-même que le célibat ou la continence facilite la prière et l’union à Dieu (I Corinthiens VII, 1-9 ; 26-28 ; 32-35 ; 38-40). Aussi, l’Eglise catholique tolère la vie conjugale de ses prêtres orientaux pour éviter un plus grand mal, celui du schisme, mais en aucun cas pour en faire un exemple normal.

Il est donc possible qu’un jour l’Église juge que les circonstances du temps rendent nécessaire une tolérance nouvelle et même universelle à l’existence d’un clergé marié, mais jamais l’Église ne pourra déclarer que la discipline du célibat est indifférente ou que le célibat n’est pas en soi plus conforme au sacerdoce. Nous allons ci-dessous le prouver par l’enseignement des Papes.

La décrétale Dominus inter en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules, rédigée par saint Damase (vers 305-384) ou son successeur saint Sirice (vers 320-399)

La décrétale Dominus inter (PL 13, 1181a-1194c), en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules enseigne le célibat des prêtres. La critique est hésitante quant au fait d’attribuer cette dernière à saint Sirice ou à son prédécesseur, saint Damase, ou peut-être même à leur successeur saint Innocent premier (mort en 417). Le Pape annonce d’abord qu’il va reprendre dans l’ordre les questions posées « en faisant connaître les traditions » (singulis itaque propositionibus suo ordine reddendae sunt traditiones), et en vient dans ce contexte à parler des évêques, des prêtres et des diacres, au sujet desquels, dit-il expressément, « les divines Ecritures, et pas seulement nous-même, font une obligation d’être très chastes ». Voici le texte (II, 5-6 ; PL 13, 1185-1186) :

« Voici ce qui a été décidé au sujet des évêques en premier lieu, mais aussi au sujet des presbytres et des diacres, qui doivent prendre part au divin sacrifice, et dont les mains confèrent la grâce du baptême et rendent présent le corps du Christ. Ce n’est pas nous seulement, mais aussi la divine Écriture, qui les contraint à être parfaitement chastes ; et les Pères également, leur ont prescrit de garder la continence corporelle. C’est pourquoi, loin de nous taire, nous en dirons aussi la raison. Avec quel sentiment de honte l’évêque ou le presbytre oserait-il prêcher la veuve ou à la vierge l’intégrité ou la continence, ou bien recommander à quelqu’un de garder chaste sa couche si lui-même s’attache engendrer des enfants pour le monde, plutôt que pour Dieu ? Adam, qui n’a pas observé le commandement, a été chassé du paradis et s’est vu priver du Royaume, et tu crois qu’un prévaricateur pourrait entrer dans le Royaume des cieux ? pourquoi Paul dit-il : « Vous n’êtes plus dans la chair, mais dans l’esprit » [Romains VIII, 9]. Et de même : « que ceux qui ont des femmes soient comme ne possédant pas. » [I Corinthiens VII, 29] Serait-ce le peuple qu’il exhorte, et, faisant preuve de complaisance l’endroit des lévites et des prêtres, leur permettrait-il de faire l’œuvre de la chair, alors qu’il dit lui-même : « ne vous préoccupez pas de la chair pour satisfaire ses désirs. » [Romains XIII, 14] Et ailleurs : « je voudrais que vous fussiez tous comme moi ». [I Corinthiens VII, 7] Celui qui au service du Christ, celui qui est assis dans la chaire du maître, celui-là pourrait ne pas observer la règle du service ? A propos de ces trois degrés que nous trouvons mentionnés dans les Écritures, il est prescrit que la pureté soit gardée par les ministres de Dieu, qui peuvent, à tout moment trouver dans l’obligation, soit de conférer le baptême, soit d’offrir le sacrifice. Quelqu’un qui est impur, osera-t-il souiller ce qui est saint, alors que les choses saintes sont pour les saints ? Du reste, ceux qui offraient les sacrifices dans le temple, demeuraient toute l’année [l’auteur pensait à tort que sous l’Ancienne Alliance, les différentes classes sacerdotales officiaient dans le Temple année par année, alors qu’ils le faisaient semaine par semaine] dans l’enceinte du temple, pour être purs, conformément la règle, et ils ignoraient complètement leurs maisons. Il est certain que les idolâtres, pour célébrer leur culte impie et immoler aux démons, s’imposent la continence à l’égard de la femme et s’abstiennent également de certains aliments, afin de rester purs. Et tu me demandes si le prêtre du Dieu véritable, qui doit offrir des sacrifices spirituels, doit demeurer perpétuellement en état de pureté, ou si, tout entier dans la chair, il doit  faire ce dont se soucie la chair [cf. Romains XIII, 14]. Si le commerce charnel est une souillure, il va de soi que le prêtre doit se tenir prêt en vue de sa fonction céleste, afin de ne pas être trouvé lui-même indigne, alors qu’il doit supplier pour les fautes d’autrui. Car s’il est dit aux laïcs : abstenez-vous « pour un temps, afin de vaquer la prière » [I Corinthiens VII, 5] et que ceux-là se mettent au service de la créature en faisant l’œuvre de la génération, ils peuvent bien porter le nom de prêtre, mais ils n’en peuvent avoir la dignité. S’il en va ainsi, et que cette impudence persiste, il faut [ici le texte est manquant]. C’est pourquoi, mes très chers, le mystère de Dieu ne doit pas être confié à des hommes de cette sorte, « souillés et infidèles » [Tite I, 15] chez qui la sainteté du corps apparaît polluée par l’impureté et l’incontinence. Je vous en avertis, poussé par le respect dû à la religion ; en effet, la saine raison également les exclut. Ils entendent, sans aucun doute, que « la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et la corruption ne possédera pas non plus l’incorruptibilité » [I Corinthiens XV, 50]. » (Décrétale Dominus inter en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules, II, 5-6 ; PL 13, 1185-1186)

Saint Sirice (vers 320-399)

Ce Pape est connu pour avoir, durant son souverain pontificat, écrit plusieurs décrétales imposant le célibat aux prêtres. Ces trois documents ont été publiés par le Pape Sirice au début de son règne en différentes circonstances. Le premier rappelle à l’ordre le clergé espagnol. Le second rend compte des décisions prises lors d’un synode romain et le troisième répond aux questions d’évêques gaulois. Ce sont des textes d’une première importance pour l’Histoire du célibat sacerdotal car, d’une part ils supposent naturelle et bien établie la discipline de la continence parfaite, et d’autre part la principale argumentation qu’ils présentent pour condamner ceux qui ne se soumettent pas à cette dernière est la contradiction avec la tradition reçue des Apôtres. Ces décrétales possèdent aussi un intérêt exégétique, à cause de l’interprétation de l’ « unius uxor vir » des épîtres de Saint Paul ainsi qu’un intérêt théologique en donnant des motifs du célibat des clercs. En voici des extraits :

« Chapitre VII

§8. De l’incontinence des clercs

Venons-en maintenant aux très saints ordres des clercs. Comme nous l’apprend ta Charité, nous voyons que dans vos provinces ils sont foulés aux pieds et plongés dans la confusion, au grand détriment de l’honneur dû à la religion. C’en est à un tel point qu’il nous faut dire avec Jérémie : « Qui changera ma tête en fontaine, ou mes yeux en source de larmes, que je pleure ce peuple jour et nuit ? » (Jérémie IX, 1) […] Nous avons appris en effet que beaucoup de prêtres du Christ et de lévites, longtemps après leur consécration, ont procréé une descendance aussi bien de leur propre mariage que d’un commerce honteux, et qu’ils défendent leur méfait en prétextant qu’on lit dans l’Ancien Testament que la permission d’engendrer est accordée aux prêtres et aux ministres.

§9. Il est vain d’invoquer l’autorité de l’Ancien Testament

[…] Qu’on me le dise à présent : pourquoi (le Seigneur) avertit-il en ces termes ceux à qui étaient confiées les choses saintes entre toutes : Soyez saints, parce que je suis saint, moi le Seigneur votre Dieu (Lv 20, 7) ? [Contre cet argument le pontife romain objecte :] Pourquoi a-t-il même été enjoint aux prêtres d’habiter loin de leur maison, au temple, l’année de leur tour de service ? Pour la raison qu’ils ne devaient avoir de commerce charnel pas même avec leurs femmes, de manière à briller par la pureté de leur conscience et à offrir ainsi un sacrifice agréable à Dieu. A ces hommes, une fois accompli le temps de leur service, l’usage des rapports conjugaux avait été concédé dans l’unique but de s’assurer une descendance, étant donné que personne ne pouvait être admis au ministère divin en dehors (des membres) de la tribu de Lévi.

§10. La loi indissoluble de la continence des prêtres et des diacres

C’est pourquoi après nous avoir illuminé par sa venue, le Seigneur Jésus atteste à son tour dans l’Évangile qu’il est venu accomplir la Loi et non l’abolir (Matthieu V, 17). Et pour cette raison il a voulu que la forme de l’Église dont il est l’Époux, brille de la splendeur de la chasteté, de manière qu’il puisse la trouver… « sans tache ni ride » (Ep 5,27) au jour du jugement, lorsqu’il viendra à nouveau. Par la loi indissoluble de ces dispositions nous sommes tous liés, prêtres et lévites, pour que du jour de notre ordination nous consacrions nos cœurs et nos corps à la sobriété et à la chasteté, de sorte que nous plaisions au Seigneur notre Dieu dans les sacrifices que nous offrons quotidiennement. » (Lettre décrétale I Directa ad decessorem à l’évêque Himère de Tarragone, 10 février 385, Chapitre VII, §8 à 10, PL 13, 1138-1139)

Cette décrétales citée par Gratien, distinction 82, contient aussi les mots suivants :

« Or, ceux qui vivent selon la chair ne peuvent, comme nous l’enseigne ce vase d’élection, être agréables à Dieu (Rom., VIII, 8). Mais vous, vous ne vivez plus selon la chair, mais selon l’esprit, si toutefois l’Esprit de Dieu habite en vous (I Cor., III, 16). Et où l’Esprit de Dieu pourra-t-il habiter, sinon dans des corps qui soient saints, comme nous le disions tout-à-l’heure ? Toutefois, comme quelques-uns de ceux dont nous parlons gémissent ainsi que vous nous le rapportez, de ce que leur ignorance a été la cause de leur chute, notre sentiment est qu’il faut user à leur égard de quelque indulgence, à condition que, sans espérance de pouvoir s’élever plus haut, ils resteront toute leur vie au rang où ils étaient quand ils sont tombés et avec promesse de leur part de garder désormais la continence. Quant à ceux qui allèguent pour leur excuse un privilège abusif, et qui soutiennent que cela leur était permis par l’ancienne discipline, qu’ils sachent qu’en vertu de notre autorité ils seront privés dorénavant de toute charge ecclésiastique, puisqu’ils en ont si mal usé jusqu’ici, et qu’ils ne pourront plus à l’avenir célébrer les saints mystères, dont ils se sont eux-mêmes exclus en cherchant à satisfaire d’impures passions. Et comme les exemples que nous avons sous les yeux sont pour nous un avertissement de nous précautionner pour l’avenir, si désormais ce qu’à Dieu ne plaise, un évêque, un prêtre ou un diacre se trouve dans un cas semblable, qu’il sache que tout accès lui sera interdit à notre indulgence ; car il est indispensable de retrancher avec le fer des chairs corrompues qu’aucun médicament ne peut guérir. »

Un an plus tard, en janvier 386, un concile de 80 évêques tenu à Rome prit un ensemble de décisions que Sirice communiqua à divers épiscopats en insistant sur la fidélité aux traditions venues des apôtres, car :

« il ne s’agit pas d’ordonner des préceptes nouveaux, mais de faire observer ceux qui, par suite de l’apathie ou de la paresse de certains, ont été négligés. Ces préceptes ont été établis par une constitution apostolique et par une constitution des Pères, comme il est écrit : ‘Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les instructions que vous avez reçues, soit par notre parole, soit par notre lettre’ [II Thessaloniciens II, 14]. En fait, il y en a beaucoup qui, ignorant les statuts de nos ancêtres, ont violé la chasteté de l’Église par leur arrogance et ont suivi la volonté du peuple, sans être effrayé du jugement de Dieu. » (Lettre V Cum in unum, Chapitre I, §1, PL 13, 1155)

Il écrit plus loin :

« En outre, comme il est digne, chaste et honnête de le faire, nous conseillons ceci : que les prêtres et les lévites n’aient pas de relation avec leur épouse, étant donné qu’ils sont absorbés par les devoirs quotidiens de leur ministère. Car saint Paul écrivait aux Corinthiens : Abstenez-vous d’user du mariage pour pouvoir vaquer à la prière [I Corinthiens VII, 8]. Si donc la continence est ordonné aux laïques pour qu’ils puissent être exaucé dans leurs prières, à combien plus forte raison un prêtre ne doit-il pas être préparé à tout moment par une parfaite pureté au saint sacrifice, ou au sacrement de baptême qu’il peut être appelé à administrer tous les jours ? S’il se voyait en pareille occasion souillé de quelque impureté charnelle, que pourrait-il faire ? S’excuserait-il de répondre à la demande qu’on lui ferait ? ou, s’il y répondait dans quelles dispositions le ferait-il ? Comment pourrait-il se croire en état d’être exaucé, tandis qu’il est écrit : Tout est pur pour ceux qui sont purs ; rien au contraire n’est pur pour les impurs et les infidèles [Tite I, 15] ? C’est pourquoi j’exhorte, j’avertis, je supplie : qu’on fasse disparaître cet opprobre, dont même le paganisme peut à bon droit nous faire un reproche. Peut-être croit-on que cela (est permis) parce qu’il est écrit : ”le mari d’une seule femme ? » Mais Paul n’a pas parlé d’un homme qui persisterait sans le désir d’engendrer ; il a parlé en vue de la continence qu’il lui faudrait pratiquer (propter continentiam futuram). Car il ne pouvait pas repousser du sacerdoce ceux qui seraient purs de tout commerce charnel, celui qui avait dit : Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi [I Corinthiens VII, 7], et ailleurs en termes encore plus significatifs : Ceux qui vivent selon la chair ne sauraient être agréables à Dieu [Romains VIII, 8]. Pour vous, vous ne vivez plus selon la chair, mais selon l’esprit. » (Lettre V Cum in unum, Chapitre VII, §3, PL 13, 1156 et 1160)

Ce que nous disent ces trois décrétales (les deux qui sont avec certitude de saint Sirice et celle sont on ne sait pas si elle est de saint Sirice ou de saint Damase) est d’une importance primordiale pour l’histoire de la loi du célibat-continence. Elles présupposent d’abord, comme une chose normale et légitime, de nombreuses situations matrimoniales dans les rangs au clergé. C’est en tout bien tout honneur que des hommes, mariés avant l’ordination, exerçaient alors les fonctions sacerdotales, et accédaient même à l’épiscopat. Une fois ordonnés, ces époux devaient vivre dans la continence parfaite, une obligation qui concerne a la fois les évêques, les prêtres et les diacres. Les infractions à cette discipline étaient fréquentes en cette fin au 4ème siècle, tant en Espagne que dans les Gaules. En outre, plusieurs la contestent ouvertement en essayant de se justifier par des arguments scripturaires, notamment par l’exemple des prêtres de l’Ancien Testament, et par la consigne paulinienne recommandant à Timothée de choisir pour l’épiscopat et le diaconat « le mari d’une seule femme ». La réponse de Sirice et des évêques romains est que la discipline contestée n’est pas une innovation, mais se rattache à la tradition apostolique. Elle trouve aussi son fondement dans l’Ecriture, en particulier dans les textes mêmes que certains veulent utiliser pour la combattre : les lévites de l’Ancienne Alliance pouvaient avoir des enfants, mais ils étaient tenus à la continence temporaire lors de leur service au Temple ; à plus forte raison, les prêtres de la Nouvelle Alliance sont-ils tenus à la continence perpétuelle. Quant à la consigne paulinienne de l’unius uxoris virum, elle a été édictée propter continentiam futuram ; si saint Paul a fait de la monogamie une condition d’accès aux ordres, c’est parce que la fidélité à une seule femme est à ses yeux une garantie prouvant que le candidat sera capable de pratiquer la continence parfaite après son ordination. S’ils doivent être les hommes d’une seule femme, c’est que l’expérience de fidélité à une même épouse est une garantie de chasteté pour le futur. Cette lecture de I Timothée III, 2-12 et Tite I, 6 a été peu remarquée par les exégètes modernes ; elle est cependant une pierre d’angle de l’argumentation chez Sirice, et chez nombre d’écrivains patristiques, pour asseoir la discipline du « célibat-continence » sur des fondements scripturaires.

Est-il besoin de souligner l’autorité de ces textes ? Tous trois émanent au pontife romain : la réponse à Himère de Tarragone est du pape Sirice ; la décrétale Cum in unum, qui promulgue les décisions d’un concile de 80 évêques, est entièrement assumée par Sirice ; quant à la décrétale Directa, elle est aussi l’œuvre d’un synode romain, que le pape prend à son compte. Nous sommes par conséquent en présence de prises de position de celui qui, successeur de Pierre sur le siège de Rome, est non seulement l’héritier des fonctions de l’Apôtre, mais la voix par qui Pierre lui-même continue de diriger l’Eglise : « Nous portons les fardeaux de tous ceux qui sont chargés, écrit Sirice, ou, bien plutôt, il les porte en nous le bienheureux apôtre Pierre… » Comme le dira plus tard le pape Sixte III dans une formule précise : « Le bienheureux apôtre Pierre reçoit, dans ses successeurs, ce qu’il a lui-même transmis » : « Beatus Petrus apostolus in successoribus suis quod tradidit hoc accepi » (Lettre VI à Jean d’Antioche).

Saint Innocent Ier (mort en 417)

Image illustrative de l’article Innocent Ier

Ce Pape écrivit plusieurs célèbres Lettres traitant du sujet : la Lettre II Etsi tibi en 404 à saint Victrice, évêque de Rouen (PL 20, 469-477), la Lettre VI Consulenti tibi en 405 à saint Exupère, évêque de Toulouse (PL 20, 495-498), dans ces deux Lettres il confirma la continence les prêtres et les diacres selon la règle édictée par Sirice dans la lettre à Himère en le reprenant presque mot pour mot, la Lettre XXXVIII aux évêques Maxime et Sévère de Calabre, dont la date est incertaine (PL 20, 605), ainsi que la lettre Dominus inter, attribuée d’abord à saint Damase, puis à saint Sirice, mais cependant très probablement de saint Innocent.

Voici un extrait de la Lettre à saint Victrice de Rouen :

« Il ne s’agit pas d’imposer des obligations nouvelles et arbitraires à votre clergé, mais de lui rappeler celle que la tradition des Apôtres et des Pères nous a transmises, et qui pourraient être négligées par ignorance et par faiblesse. Un clerc ne peut être admis à contracter mariage : ceux qui veulent consacrer leur vie au ministère sacerdotal ne doivent pas s’engager dans les embarras d’une famille. Le laïc, marié avant ou après son baptême, ne peut être admis à la cléricature tant que vit son épouse. Les prêtres et les lévites [diacres] qui auraient été admis aux ordres du vivant de leur femme doivent, à partir du jour de leur ordination, cesser tout rapport conjugal avec elle. Il est écrit : « Car Je suis le Seigneur votre Dieu ; soyez saints parce que Je suis saint » [Lévitique XI, 44]. Sous l’ancienne loi, les prêtres ne quittaient pas le temps durant la période de leurs fonctions sacerdotales : nous en avons un célèbre exemple dans la personne de Zacharie. Bien que l’usage du mariage leur eût été octroyé pour la perpétuité de leurs familles, qui devaient toutes des cendres d’Aaron, il n’en est pas moins certain qu’ils étaient obligés au célibat durant le temps fixé pour leur ministère actif à l’autel du Seigneur. Combien plus les prêtres et les lévites de la Loi nouvelle ne sont-ils pas astreints à cette loi de pureté, eux dont le ministère n’est pas intermittent, mais quotidien et dont les fonctions ne sont jamais suspendues ! A dater de leur ordination, ils doivent donc observer le célibat. Les moines qui sont promus au sacerdoce n’en sont pas pour autant relevés de leurs voeux antérieurs. Leur promotion, dans la hiérarchie ne saurait être pour eux un moyen de déchoir de leur sainteté première. Telle est la règle antique. Il faut la maintenir. » (Lettre II Etsi tibi à saint Victrice, évêque de Rouen, 404 ; PL 20, 469-477)

Voici un extrait de la Lettre à saint Exupère de Toulouse :

« Si ce statut concernant la vie que doivent mener les ecclésiastiques envoyés par l’évêque Sirice aux diverses provinces, n’était pas parvenu dans quelques-unes, l’ignorance de ces provinces sur ce point serait excusée, pourvu qu’à l’avenir elles se missent en devoir de s’y conformer. Quant à ceux qui se trouveraient (par suite de cette ignorance antérieure) dans le cas de la défense portée par le statut, ils seront maintenus dans les fonctions de leur ordre, mais sans espérance d’être promus à un ordre supérieur. Ils devront même regarder comme une grâce d’être maintenus dans une place qu’ils auraient mérité de perdre. Mais si d’autres sont convaincus d’avoir connu le règlement de Sirice, et de n’en avoir pas moins continué de s’abandonner à leurs désirs sensuels, il faudra les déposer sans miséricorde, en punition de ce qu’ils auront mieux aimé suivre leur convoitise, que d’obéir à une injonction qu’ils ne pouvaient ignorer. » (Lettre VI Consulenti tibi, à saint Exupère, évêque de Toulouse, année 405 ; PL 20, 498 ; cité par le Concile d’Agde de 509, Canon 9 ; Cf. LABBE, Conc., t. IV, col. 1384-1385)

Chez Gratien, distinction 82, chapitre 1, on trouve citées ces paroles du Pape saint Innocent Ier à Exupère :

« Vous demandez quelle conduite il faut garder à l’égard des diacres ou des prêtres dont des femmes devenues mères ont trahi l’incontinence. Sur ce point les prescriptions divines sont assez connues, ainsi que les instructions données par l’évêque Sirice, de bienheureuse mémoire, portant que les prêtres et les diacres incontinents devaient être privés de toute fonction ecclésiastique, et que tout accès devait leur être interdit à un ministère que la continence seule peut remplir convenablement. Car c’était un point de l’ancienne loi, et qui a été observé dès le commencement, que les prêtres demeureraient dans le temple pendant tout le cours de l’année où ils seraient en fonctions, afin qu’étant occupé à offrir des sacrifices, ils passent se conserver purs et sans tache, et qu’on n’admettrait à remplir ce saint ministère personne qui aurait eu commerce avec sa propre femme, attendu qu’il est écrit : Soyez saints, parce que je suis saint, moi qui suis le Seigneur votre Dieu. Il est vrai qu’on leur permettait pourtant d’user de leurs femmes à cause de la nécessité qu’il y avait pour eux de se donner une postérité, le sacerdoce étant exclusivement réservé aux hommes de la tribu de Lévi. Combien donc la continence ne doit-elle pas être gardée davantage, à partir du jour de leur ordination, par des prêtres ou des lévites dont le sacerdoce ou le ministère n’a point à se perpétuer dans une même famille, et pour qui il ne se passe pas un seul jour où ils ne puissent être appelés, soit à célébrer les saints mystères, soit à conférer le sacrement de Baptême ? Car si l’apôtre saint Paul écrivait aux Corinthiens de s’abstenir de l’usage du mariage pour qu’ils pussent vaquer à la prière, c’est à des laïques qu’il faisait cette injonction, à combien plus forte raison des prêtres devront-ils user de cette retenue, eux dont les prières et les sacrifices doivent être continuels ! Que s’ils sont souillés de quelque impureté charnelle, de quel front oseront-ils offrir des sacrifices ? Comment pourront-ils se croire en état d’être exaucés, tandis qu’il est écrit : Tout est pur pour ceux qui sont purs ; rien au contraire n’est pur pour les impurs et les infidèles. Mais peut-être s’autoriseront-ils de ce que l’Apôtre compte parmi les qualités d’un évêque, qu’il n’ait qu’une femme. Mais l’Apôtre ne dit pas que l’évêque doive pour cela continuer à engendrer des enfants ; il veut plutôt indiquer les règles de continence que l’évêque devra garder par la suite. Car il ne pouvait pas repousser du sacerdoce ceux qui seraient purs de tout commerce charnel, celui qui avait dit : Je voudrais que tout le monde fût comme moi ; et encore plus expressément : Ceux qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu. Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’esprit. L’Apôtre ne dit pas non plus que l’évêque doit engendrer des enfants, mais seulement qu’il peut en avoir ; ce qui est bien différent. S’il est prouvé que quelques-uns n’auront pas pu avoir connaissance du règlement donné pour toutes les provinces par l’évêque Sirice, on leur pardonnera leur ignorance, à condition que dorénavant ils s’abstiendront de l’usage du mariage ; et on pourra les maintenir dans le rang qu’ils occupent, mais sans qu’ils puissent être élevés à un degré supérieur. Ils devront même regarder comme une grâce d’être maintenus dans une place qu’ils auraient mérité de perdre. Mais si d’autres sont convaincus d’avoir connu le règlement de Sirice, et de n’en avoir pas moins continué de s’abandonner à leurs désirs sensuels, il faudra les déposer sans miséricorde, en punition de ce qu’ils auront mieux aimé suivre leur convoitise, que d’obéir à une injonction qu’ils ne pouvaient ignorer. »

Concernant la Lettre Dominus inter, cette lettre fait suite à la demande des évêques de Gaule, on discuta, lors d’un synode romain, d’une série de questions pratiques. La troisième des 16 question concernait la « chasteté et la pureté des prêtres ». Le Pape annonce d’abord qu’il va reprendre dans l’ordre les questions posées « en faisant connaître les traditions » (singulis itaque propositionibus suo ordine reddendae sunt traditiones), et en vient dans ce contexte à parler des évêques, des prêtres et des diacres, au sujet desquels, dit-il expressément, « les divines Écritures, et pas seulement nous-même, font une obligation d’être très chastes ». Dans l’introduction, le Pape prend acte de ce que :

« Beaucoup d’évêques s’étaient hâtés, dans plusieurs Eglises locales, de modifier les traditions des Pères avec une outrecuidance toute humaine, et étaient de ce fait entrés dans l’obscurité de l’hérésie, préférant ainsi être honorés des hommes plutôt que de Dieu. »

Comme (lit-on plus loin) celui qui a posé la question cherche à apprendre de l’autorité du Siège apostolique à connaître ou bien les lois, ou bien les traditions, non pas par curiosité mais pour assurer sa foi, on lui fera connaître en un langage simple, mais au contenu sûr, ce qu’il doit savoir pour corriger toutes les divergences nées de l’outrecuidance des hommes. Puis, à propos du troisième point en question, on lit :

« Voici ce qui a été décidé au sujet des évêques en premier lieu, mais aussi au sujet des presbytres et des diacres, qui doivent prendre part au divin sacrifice, et dont les mains confèrent la grâce du baptême et rendent présent le corps du Christ. Ce n’est pas nous seulement, mais aussi la divine Écriture, qui les contraint à être parfaitement chastes ; et les Pères également, leur ont prescrit de garder la continence corporelle. C’est pourquoi, loin de nous taire, nous en dirons aussi la raison. Avec quel sentiment de honte l’évêque ou le presbytre oserait-il prêcher la veuve ou à la vierge l’intégrité ou la continence, ou bien recommander à quelqu’un de garder chaste sa couche si lui-même s’attache engendrer des enfants pour le monde, plutôt que pour Dieu ? Adam, qui n’a pas observé le commandement, a été chassé du paradis et s’est vu priver du Royaume, et tu crois qu’un prévaricateur pourrait entrer dans le Royaume des cieux ? pourquoi Paul dit-il : « Vous n’êtes plus dans la chair, mais dans l’esprit » [Romains VIII, 9]. Et de même : « que ceux qui ont des femmes soient comme ne possédant pas. » [I Corinthiens VII, 29] Serait-ce le peuple qu’il exhorte, et, faisant preuve de complaisance l’endroit des lévites et des prêtres, leur permettrait-il de faire l’œuvre de la chair, alors qu’il dit lui-même : « ne vous préoccupez pas de la chair pour satisfaire ses désirs. » [Romains XIII, 14] Et ailleurs : « je voudrais que vous fussiez tous comme moi ». [I Corinthiens VII, 7] Celui qui au service du Christ, celui qui est assis dans la chaire du maître, celui-là pourrait ne pas observer la règle du service ? A propos de ces trois degrés que nous trouvons mentionnés dans les Écritures, il est prescrit que la pureté soit gardée par les ministres de Dieu, qui peuvent, à tout moment trouver dans l’obligation, soit de conférer le baptême, soit d’offrir le sacrifice. Quelqu’un qui est impur, osera-t-il souiller ce qui est saint, alors que les choses saintes sont pour les saints ? Du reste, ceux qui offraient les sacrifices dans le temple, demeuraient toute l’année [l’auteur pensait à tort que sous l’Ancienne Alliance, les différentes classes sacerdotales officiaient dans le Temple année par année, alors qu’ils le faisaient semaine par semaine] dans l’enceinte du temple, pour être purs, conformément la règle, et ils ignoraient complètement leurs maisons. Il est certain que les idolâtres, pour célébrer leur culte impie et immoler aux démons, s’imposent la continence à l’égard de la femme et s’abstiennent également de certains aliments, afin de rester purs. Et tu me demandes si le prêtre du Dieu véritable, qui doit offrir des sacrifices spirituels, doit demeurer perpétuellement en état de pureté, ou si, tout entier dans la chair, il doit  faire ce dont se soucie la chair [cf. Romains XIII, 14]. Si le commerce charnel est une souillure, il va de soi que le prêtre doit se tenir prêt en vue de sa fonction céleste, afin de ne pas être trouvé lui-même indigne, alors qu’il doit supplier pour les fautes d’autrui. Car s’il est dit aux laïcs : abstenez-vous « pour un temps, afin de vaquer la prière » [I Corinthiens VII, 5] et que ceux-là se mettent au service de la créature en faisant l’œuvre de la génération, ils peuvent bien porter le nom de prêtre, mais ils n’en peuvent avoir la dignité. S’il en va ainsi, et que cette impudence persiste, il faut [ici le texte est manquant]. C’est pourquoi, mes très chers, le mystère de Dieu ne doit pas être confié à des hommes de cette sorte, « souillés et infidèles » [Tite I, 15] chez qui la sainteté du corps apparaît polluée par l’impureté et l’incontinence. Je vous en avertis, poussé par le respect dû à la religion ; en effet, la saine raison également les exclut. Ils entendent, sans aucun doute, que « la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et la corruption ne possédera pas non plus l’incorruptibilité » [I Corinthiens XV, 50]. » (Décrétale Dominus inter en réponse à des questions posées pas des évêques des Gaules, II, 5-6 ; PL 13, 1185-1186)

La discipline prohibant le mariage après l’ordination, et la discipline de la continence parfaite, imposant aux clercs mariés avant leur ordination l’abstention des rapports conjugaux, sont donc, comme nous venons de le voir, largement attestées dès le IVème siècle par les meilleurs représentants de l’époque patristique. Plusieurs documents affirment l’origine apostolique de l’une comme de l’autre. Certains en termes explicites, comme Eusèbe de Césarée, saint Epiphane, saint Ambroise, l’Ambrosiaster, saint Innocent Ier, saint Sirice, saint Jean Chrysostome ou saint Jérôme pour les quatre premiers siècles ainsi que par saint Isidore de Séville à la fin du VIème et au début du VIIème siècle (Des offices ecclésiastiques, II, 5, 8 (PL 83, 783, 790)) affirment que les mots de saint Paul sur l’évêque qui ne doit avoir qu’une seule femme signifient qu’ils pouvaient devenir membres du clergé en ayant été marié une seule fois, mais que si leurs épouses étaient en vie, ils devaient renoncer à vivre conjugalement. Et surtout nous n’avons pas non pas un seul témoignage patristique qui aille en sens contraire. C’est pourquoi il est tout à fait légitime, et conforme aux principes d’une bonne méthode historique, de prendre en compte la revendication d’une origine de la loi remontant aux apôtres, telle qu’elle s’exprime au IVème siècle.

Saint Léon le Grand (390-461)

Saint Léon étend l’interdiction de mener une vie conjugale aux sous-diacres, après leur ordination, ce qui n’était pas le cas jusqu’alors, car on se demandait si ce degré appartenait aux aussi aux degrés supérieurs de l’Ordre :

« En effet, bien que ceux qui ne font pas partie du clergé soient libres de prendre plaisir à la compagnie du mariage et à la procréation d’enfants, les sous-diacres eux-mêmes ne sont pas autorisés à se marier charnellement, afin que « ceux qui ont soient comme s’ils n’avaient pas », et que ceux qui n’ont pas restent célibataires, et ce afin de montrer la pureté d’une continence complète. Mais si, dans cet ordre, qui est le quatrième à partir de la tête, cela mérite d’être observé, à combien plus forte raison faut-il le faire dans le premier, le deuxième ou le troisième, de peur que l’on ne considère comme apte aux fonctions de diacre, à la position honorable de presbytre ou à la prééminence d’évêque, quelqu’un dont on découvrirait qu’il n’a pas encore réfréné ses désirs exorbitants. » (Lettre 14, 4 à l’évêque Anastase de Thessalonique, IV ; PL tome 54, colonnes 672 et 673)

Saint Léon dit encore :

« La loi de continence est la même pour les ministres de l’autel (les diacres) que pour les évêques et les prêtres. Lorsqu’ils étaient encore des laïcs ou des lecteurs, ils pouvaient être autorisés à se marier et à procréer des enfants. Mais dès qu’ils atteignaient les degrés nommés ci-dessus, ce qui autrefois leur était permis cessait désormais de l’être. Pour que du mariage selon la chair naisse ainsi un mariage spirituel, il est nécessaire non pas qu’ils répudient leurs épouses, mais qu’ils les aient comme n’en ayant pas, afin que soit gardé l’amour conjugal mais que cesse en même temps l’usage du mariage. » (Lettre 167, 5 à Rustique, évêque de Narbonne, Réponse à la troisième question ; PL tome 54, colonne 1204)

Saint Léon le Grand n’hésite pas à permettre, lorsque c’est prudent, la cohabitation des époux au nom du lien qui les unit tout en excluant l’union charnelle. Il est ainsi dans la droite ligne du troisième canon du concile de Nicée dans son interprétation traditionnelle. Il affirme par ailleurs l’obligation du célibat pour les sous-diacres.

Grégoire XVI

Encyclique Mirari vos, 15 août 1832 – Condamnation du libéralisme et de l’indifférentisme religieux

« Nous réclamons ici la constance de votre zèle en faveur de la Religion contre les ennemis du célibat ecclésiastique, contre cette ligue impure qui s’agite et s’étend chaque jour, qui se grossit même par le mélange honteux de plusieurs transfuges de l’ordre clérical et des plus impudents philosophes de notre siècle. Oublieux d’eux-mêmes et de leur devoir, jouets de passions séductrices, ces transfuges ont poussé la licence au point d’oser, en plusieurs endroits, présenter aux princes des requêtes, même publiques et réitérées, pour obtenir l’abolition de ce point sacré de discipline. Mais nous rougissons d’arrêter longtemps vos regards sur de si honteuses tentatives, et plein de confiance en votre religion, nous nous reposons sur vous du soin de défendre de toutes vos forces, d’après les règles des saints Canons, une loi de si haute importance, de la conserver dans toute son intégrité, et de repousser les traits dirigés contre elle de tous côtés par des hommes que tourmentent les plus infâmes passions. » (Encyclique Mirari vos, 15 août 1832 – Condamnation du libéralisme et de l’indifférentisme religieux)

Bref Quo graviora, 4 octobre 1833 – Aux Evêques de Rhénanie : Condamnation d’un mouvement de fausse réforme menaçant l’Eglise

« Il semble que cela concerne clairement ces prêtres d’Offenburg. Les doctrines condamnées sont spécialement contenues dans les ajouts insérés dans la réédition du pamphlet de telle façon qu’il n’y ait plus de place pour le doute. Il semble maintenant être une bonne idée de revoir individuellement quelques-unes des erreurs, parmi tant d’autres, que ce pamphlet répand partout. Ici apparaissent pour la première fois les objections des partisans du vil complot contre le célibat clérical. Ils n’osent pas critiquer ouvertement la loi du célibat, comme d’autres le font néanmoins ; néanmoins ils en bavardent avec une audace seulement équivalente à leur erreur ! Ils veulent que les prêtres qui ne souhaitent pas garder la loi du célibat et dont les mœurs sont déjà si désespérément corrompues puissent retourner au statut de laïc afin qu’ils puissent contracter des mariages valides au sein de l’Eglise. Ceci n’est guère conciliable avec l’intention des pères du Concile de Trente, qui fut expliquée dans la session 7, au canon 9 traitant des sacrements en général, tout comme dans la session 23, chapitre 4 et canon 4. Il ne Nous échappe pas, quel que soient les moyens qu’ils utilisent, qu’ils tentent de déformer l’enseignement du Concile de Trente. » (Bref Quo graviora, 4 octobre 1833 – Aux Evêques de Rhénanie : Condamnation d’un mouvement de fausse réforme menaçant l’Eglise)

Pie IX

« Personne d’entre vous n’ignore, Vénérables Frères, dans notre époque déplorable, cette guerre si terrible et si acharnée qu’à machinée contre l’édifice de la foi catholique cette race d’hommes qui unis entre eux par une criminelle association, ne pouvant supporter la saine doctrine, fermant l’oreille à la vérité, ne craignent pas d’exhumer du sein des ténèbres, où elles étaient ensevelies, les opinions les plus monstrueuses, qu’ils entassent d’abord de toutes leurs forces, qu’ils étalent ensuite et répandent dans tous les esprits à la faveur de la plus funeste publicité. Notre âme est saisie d’horreur, et Notre cœur succombe de douleur, lorsque Nous nous rappelons seulement à la pensée toutes ces monstruosités d’erreurs, toute la variété de ces innombrables moyens de procurer le mal ; toutes ces embûches et ces machinations par lesquelles ces esprits ennemis de la lumière se montrent artistes si habiles à étouffer dans toutes les âmes le saint amour de la piété, de la justice et de l’honnêteté ; comment ils parviennent si promptement à corrompre les mœurs, à confondre ou à effacer les droits divins et humains, à saper les bases de la société civile, à les ébranler, et, s’ils pouvaient arriver jusque là, à les détruire de fond en comble. […]

Mais Vous connaissez encore aussi bien, Vénérables Frères, les autres monstruosités de fraudes et d’erreurs par lesquelles les enfants de ce siècle s’efforcent chaque jour de combattre avec acharnement la religion catholique et la divine autorité de l’Église, ses lois non moins vénérables ; comment ils voudraient fouler également aux pieds les droits de la puissance sacrée et de l’autorité civile. C’est à ce but que tendent ces criminels complots, contre cette Église romaine, siège du bienheureux Pierre, et dans laquelle Jésus Christ a placé l’indestructible fondement de toute son Église. […]

C’est à ce même but encore que tend cette honteuse conjuration qui s’est formée nouvellement contre le célibat sacré des membres du clergé, conspiration qui compte, ô douleur ! parmi ses fauteurs quelques membres de l’ordre ecclésiastique, lesquels, oubliant misérablement leur propre dignité, se laissent vaincre et séduire par les honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté ; C’est là que tend ce mode pervers d’enseignement, spécialement celui qui traite des sciences philosophiques, et par lequel, d’une manière si déplorable, on trompe et l’on corrompt une imprévoyante jeunesse, lui versant le fiel du dragon dans la coupe de Babylone. » (Encyclique Qui pluribus, 9 novembre 1846 – Sur les principales erreurs du temps)

Saint Pie X

Quel grave langage tient l’Eglise à ceux qui vont être promus au sous-diaconat ! « Vous devez considérer attentivement et à plusieurs reprises quelle charge vous assumez librement aujourd’hui… ; si vous recevez cet ordre, il ne vous sera plus permis de revenir sur votre dessein, mais il vous faudra rester pour toujours au service de Dieu et garder, avec son aide, la chasteté » [4]. Et enfin : « Si jusqu’à présent vous avez été négligents en ce qui concerne l’Eglise, désormais vous devez être assidus ; si jusqu’à présent vous avez été somnolents, vous devez désormais être vigilants ; si jusqu’à présent vous avez été déshonnêtes, désormais vous devez être chastes… Songez au ministère qui vous est confié ! » [5]

Pour ceux qui vont recevoir le diaconat, l’Eglise adresse à Dieu cette prière par la bouche de l’évêque : « Qu’il y ait en eux abondance de toute sorte de vertus, une autorité modeste, une pudeur constante, la pureté de l’innocence et la fidélité à la discipline spirituelle. Que vos préceptes, Seigneur, resplendissent dans leurs mœurs, et que leur chasteté exemplaire porte le peuple à les imiter saintement » [6]. […]

Qu’en vous donc resplendisse d’un éclat inaltérable la chasteté, le plus bel ornement de notre ordre sacerdotal car par la beauté de cette vertu, le prêtre devient semblable aux anges, apparaît plus digne de la vénération du peuple chrétien et produit en plus grande abondance des fruits de salut. Que le respect et l’obéissance, promis solennellement par lui à ceux que le Saint-Esprit a établis pour gouverner l’Eglise, se fortifient et s’accroissent continuellement ; surtout que les esprits et les cœurs resserrent chaque jour davantage les liens de la fidélité et de la soumission qui sont ducs à si bon droit au Siège Apostolique. » (Exhortation apostolique Haerent animo, 4 août 1908 – Exhortation du clergé catholique à la sainteté à l’occasion du cinquantième anniversaire de sacerdoce du Souverain Pontife)

Benoît XV

Lettre Cum in catholicae du 29 janvier 1920, à Mgr François KORDAC, Archevêque de Prague, sur la récente assemblée des évêques de Bohême

« Jamais, est-il nécessaire de le répéter, le Saint-Siège ne consentira ni à l’introduction d’innovations démocratiques dans l’Église ni à l’abolition ou môme à l’adoucissement de la loi du célibat, gloire insigne dont l’Église latine est justement fière. » (Lettre Cum in catholicae du 29 janvier 1920, à Mgr François KORDAC, Archevêque de Prague, sur la récente assemblée des évêques de Bohême ; in : Actes de Benoît XV, Maison de la Bonne Presse, Tome 2,  page 123)

Allocution consistoriale du 16 décembre 1920

« Certains osèrent assurer que le Siège apostolique était disposé à adoucir la rigueur de la loi du célibat des clercs, en relevant de cette obligation ceux qui avaient abandonné l’état ecclésiastique. Il n’est point nécessaire de nous attarder à montrer jusqu’à quel point cette assertion est fausse. C’est un fait avéré : l’Église latine doit sa florissante vitalité en même temps qu’un des meilleurs éléments de sa force et de sa gloire au célibat ecclésiastique, et à ce titre il importe souverainement d’en sauvegarder l’intégrité.

Cette nécessité, du reste, ne s’est jamais peut-être autant fait sentir qu’à notre triste époque où, grâce à la diffusion si générale des puissantes séductions du vice, la bride est partout lâchée à la frénésie indomptée des passions ; où les hommes ne semblent plus avoir d’autre idéal que de se permettre toutes les audaces et d’épuiser les jouissances fugitives de cette vie. Le prêtre catholique, appelé à servir de modèle aux autres dans la répression des mouvements déréglés du cœur, veillera donc à éviter le moindre faux pas dans l’accomplissement d’un si grave devoir ; il continuera à donner sans cesse à tous l’encouragement de son exemple et n’oubliera jamais le conseil du pape saint Sirice : « dès le jour de notre ordination, vouons à la tempérance et à la pureté et notre cœur et notre corps ».

C’est pourquoi nous renouvelons ici solennellement et formellement la déclaration que nous avons déjà faite : loin d’abroger la loi sacrée et très salutaire du célibat ecclésiastique, jamais le Saint-siège n’en tempérera la rigueur par une pareille atténuation. » (Allocution consistoriale du 16 décembre 1920 ; in : Actes de Benoît XV, Maison de la Bonne Presse, Tome 3,  pages 41 et 42)

Pie XI

Enyclique Ad Catholici Sacerdotii, 20 décembre 1935 – Sur le sacerdoce

« 29. Intimement unie à la piété dont elle doit recevoir éclat et fermeté, l’autre perle brillante du sacerdoce catholique est la chasteté les clercs de l’Église latine qui ont reçu les Ordres majeurs sont tenus à l’observer totalement, et cela sous une obligation si grave, que s’ils la transgressaient, ils se rendraient coupables jusqu’au sacrilège [26].

Si une même loi ne lie pas dans toute sa rigueur les clercs de l’Église orientale, chez eux aussi pourtant le célibat catholique est en honneur ; et dans certains cas, spécialement pour les plus hauts degrés de la hiérarchie, c’est une condition nécessaire et obligatoire.

La seule lumière de la raison fait percevoir un lien indubitable entre cette vertu et le ministère sacerdotal puisque Dieu est esprit (Jn 4, 24), il convient que celui qui se voue et se consacre à son service « se dépouille de son corps » en quelque manière. Déjà les anciens Romains avaient entrevu cette convenance. Une de leurs lois, qui se formulait ainsi « qu’on s’approche chastement des dieux », est citée par leur plus grand orateur avec ce commentaire : « La loi ordonne de s’approcher chastement des dieux, c’est-à-dire avec une âme chaste, puisque c’est en elle que tout réside, et cela ne dispense pas de la pureté du corps ; celle-ci est supposée, puisque l’âme l’emporte de beaucoup sur le corps. Remarquez d’ailleurs que, pour s’approcher avec un corps pur, il faut que la pureté soit gardée bien mieux encore par l’âme » [27]. Sous l’Ancienne Loi, Moïse commanda au nom de Dieu à Aaron et à ses fils de ne pas sortir du Tabernacle et donc d’observer la continence pendant les sept jours durant lesquels se faisait leur consécration (cf. Lv 8, 33–35).

30. Mais au sacerdoce chrétien, si supérieur à l’ancien, convenait une pureté beaucoup plus grande. De fait, la loi du célibat ecclésiastique, dont la première trace écrite, qui suppose évidemment une coutume plus ancienne, se rencontre dans un canon du Concile d’Elvire [28] au début du IVe siècle, alors que la persécution sévissait encore, ne fait que rendre obligatoire une certaine exigence morale, pourrions-nous dire, qui ressort de l’Évangile et la prédication apostolique. Constater la haute estime dont le divin Maître avait fait montre pour la chasteté en l’exaltant comme une chose qui dépasse les forces ordinaires (cf. Mt 19, 11) ; savoir qu’il était « fleur d’une mère vierge » [29], et depuis l’enfance élevé dans la famille virginale de Marie et de Joseph ; voir sa prédilection pour les âmes pures, comme les deux Jean, le Baptiste et l’Évangéliste ; entendre le grand Apôtre Paul, fidèle interprète de la loi évangélique et des pensées du Christ, prêcher le prix inestimable de la virginité, spécialement dans le but d’un service de Dieu plus assidu : celui qui est sans épouse se préoccupe des choses du Seigneur ; il cherche comment plaire à Dieu (1 Co 7, 32) ; tout cela devrait pour ainsi dire nécessairement faire sentir aux prêtres de la Nouvelle Alliance l’attrait céleste de cette vertu choisie, leur faire désirer d’être du nombre de ceux à qui il a été donné de comprendre cette parole (cf. Mt 19, 11), et leur faire adopter spontanément cette observance, sanctionnée très tôt par une loi très grave dans toute l’Église latine, « afin que ce que les Apôtres ont enseigné — comme l’affirme à la fin du IVe siècle le IIIe Concile de Carthage — et ce que nos prédécesseurs ont observé, nous aussi, nous y soyons fidèles » [30].

31. Il ne manque pas de témoignages d’illustres Pères orientaux qui exaltent la beauté et l’excellence du célibat ecclésiastique et montrent qu’à cette époque il y avait accord et conformité entre l’Église latine et l’Église orientale. Saint Épiphane, à la fin du IVe siècle, atteste que la loi du célibat s’étendait déjà aux sous-diacres. « (L’Église) n’admet cependant pas au diaconat, à la prêtrise, à l’épiscopat, au sous-diaconat, celui qui est encore dans les liens du mariage, mais seulement celui qui a renoncé à la vie conjugale ou est veuf ; ce qui se fait surtout là où on observe avec soin les canons de l’Église » [31]. Mais le plus éloquent en cette matière c’est le saint diacre d’Édesse, le Docteur de l’Église universelle, Ephrem le Syrien, « appelé à juste titre la cithare de l’Esprit Saint » [32]. Il s’adresse dans un de ses chants à son ami l’évêque Abraham : « Tu es digne de ton nom, Abraham, lui dit-il, parce que tu es devenu le père de nombreux enfants. Mais parce que tu n’as pas d’épouse, comme Abraham avait pour femme Sarah, ton épouse à toi, c’est ton troupeau. Élève tes fils dans la vérité, qu’ils deviennent pour toi fils de l’esprit et fils de la promesse, afin qu’ils deviennent héritiers dans le Paradis. Ô beau fruit de la chasteté, en qui le sacerdoce s’est complu…, l’huile sainte a coulé, et il t’a oint, t’a imposé les mains et il t’a choisi ; l’Église t’a discerné et t’aime » [33]. Et ailleurs : « Il ne suffit pas au prêtre et à sa dignité de se purifier l’âme, de se purifier la langue, les mains et tout le corps, quand il offre le corps vivant (du Christ), mais c’est en tout temps qu’il doit être pur, parce qu’il est établi comme médiateur entre Dieu et le genre humain. Louange à celui qui a voulu une telle pureté chez ses ministres » [34]. Et saint Jean Chrysostome affirme que « pour cette raison, celui qui exerce le sacerdoce doit être pur comme s’il se trouvait dans les cieux au milieu des Puissances » [35].

32. Du reste, la sublimité même, ou pour employer l’expression de saint Épiphane « l’honneur et la dignité incroyables » [36] du sacerdoce chrétien, que Nous avons déjà brièvement exposés, démontrent la convenance suprême du célibat ecclésiastique et de la loi qui l’impose aux ministres de l’autel : celui qui remplit un office qui dépasse d’une certaine manière celui de purs esprits qui se tiennent devant le Seigneur (cf. Ph 3, 20), n’est-il pas juste qu’il soit obligé de vivre autant qu’il est possible comme un pur esprit ? Celui qui doit être tout entier aux affaires du Seigneur (Lc 2, 49 ; 1 Co 7, 32), n’est-il pas juste qu’il soit entièrement détaché des choses terrestres et que sa vie soit toujours dans les cieux ? (cf. Tb 12, 15) Celui qui doit être sans cesse préoccupé du salut éternel des âmes et continuer vis-à-vis d’elles l’œuvre du Rédempteur, n’est-il pas juste qu’il se libère des préoccupations d’une famille propre qui absorberaient une grande partie de son activité ?

33. Et en vérité, c’est un spectacle qui mérite une admiration émue, quelque fréquent qu’il soit dans l’Église catholique, que de voir de jeunes lévites qui, avant de recevoir l’ordre sacré du sous-diaconat, c’est-à-dire avant de se consacrer entièrement au service et au culte de Dieu, renoncent librement aux joies et aux satisfactions qu’ils pourraient légitimement se permettre dans un autre genre de vie ! Nous disons « librement » parce que si, après l’ordination, ils ne seront plus libres de contracter un mariage terrestre, à l’ordination même, ils se présentent sans y être contraints par aucune loi ni par aucune personne, mais spontanément et de leur propre mouvement [37].

Tout ce que Nous avons dit pour recommander le célibat ecclésiastique, Notre intention n’est pas qu’on l’interprète comme un blâme et une remontrance à l’égard de la discipline différente, légitimement admise dans l’Église orientale. Nous le disons uniquement pour exalter dans le Seigneur cette vérité que nous considérons comme une des gloires les plus pures du sacerdoce catholique et qui Nous paraît répondre mieux aux désirs du Cœur de Jésus et à ses desseins sur les âmes sacerdotales. » (Enyclique Ad Catholici Sacerdotii, 20 décembre 1935 – Sur le sacerdoce)

Pie XII

Exhortation apostolique Menti Nostrae, 23 septembre 1950 – Sur le prêtre, sa sainteté, ses règles de vie

« Le prêtre a comme champ d’activité propre tout ce qui se rapporte à la vie surnaturelle, puisqu’il pourvoit à l’accroissement de cette même vie et qu’il en assure l’échange dans le Corps mystique du Christ. C’est pourquoi il doit renoncer à tout ce qui est du monde pour vaquer seulement à ce qui est du Seigneur (1 Cor 7, 32 ; 33). Et c’est précisément parce qu’il doit être libre de tous soucis profanes et se consacrer totalement au service de Dieu, que l’Eglise a établi la loi du célibat, afin qu’il soit toujours plus manifeste à tous que le prêtre est ministre de Dieu et père des âmes.

Par cette obligation du célibat, bien loin de perdre entièrement le privilège de la paternité, le prêtre l’accroît à l’infini, car la postérité qu’il ne suscite pas à cette vie terrestre et passagère, il l’engendre à la vie céleste et éternelle.

Plus resplendit la chasteté du prêtre, plus celui-ci devient, par son union avec le Christ, « hostie pure, hostie sainte, hostie immaculée » [8].

Pour garder dans toute son intégrité comme un trésor inestimable la pureté sacerdotale, il est nécessaire d’observer religieusement l’exhortation du Prince des Apôtres que nous récitons chaque jour à l’office divin : Soyez sobres et veillez (1 P 5, 8).

Oui, veillez, chers Fils, puisque votre chasteté est exposée à de nombreux dangers, tant à cause de la corruption des mœurs que des sollicitations du vice si fréquentes de nos jours, et de cette excessive liberté qui s’introduit toujours plus dans les rapports entre les deux sexes et qui essaie parfois d’envahir l’exercice même du saint ministère. Veillez et priez (Mc 14, 38), en vous souvenant que vos mains touchent les choses les plus saintes, que vous êtes consacrés à Dieu et que vous devez le servir lui seul. L’habit même que vous portez vous avertit que vous ne devez pas vivre pour le monde, mais pour Dieu. Efforcez-vous donc avec générosité, confiants dans la protection de la Vierge Mère de Dieu, de rester chaque jour « sans souillure et sans tache, purs et chastes, comme il convient aux ministres du Christ et aux dispensateurs des mystères de Dieu » [9].

A ce propos, Nous croyons bon de vous engager spécialement à vous conduire comme il sied à des prêtres dans la direction des associations et des confréries féminines ; évitez toute familiarité ; chaque fois que votre concours nécessaire y est exigé, apportez-le au seul titre de ministres sacrés. Et dans la direction de ces associations, que votre participation se limite à ce qui est requis par votre ministère sacerdotal. » (Exhortation apostolique Menti Nostrae, 23 septembre 1950 – Sur le prêtre, sa sainteté, ses règles de vie, n°137-139)

Encyclique Sacra virginitatis,  25 mars 1954 – Sur le mariage et la virginité

« Il faut de plus observer que les ministre sacrés s’abstiennent complètement du mariage, non seulement pour qu’ils s’acquittent de leur charge apostolique, mais également parce qu’ils servent à l’autel. Car, si déjà, dans l’Ancien Testament les prêtres s’abstenaient de l’usage du mariage lorsqu’ils s’acquittaient du service du Temple pour ne pas contracter l’impureté légale comme les autres hommes [42], combien plus il convient que les ministres de Jésus-Christ, qui offrent chaque jour le Sacrifice eucharistique, se distinguent par une chasteté perpétuelle ? Pour ce qui regarde cette continence parfaite des prêtres, saint Pierre Damien observe sous une forme interrogative ; « Si donc notre Rédempteur a tant aimé cette fleur de la chasteté parfaite, au point non seulement de naître du sein d’une Vierge, mais encore de recevoir les soins d’un nourricier vierge, et cela alors que tout enfant il vagissait dans la crèche, à qui, dites-moi, veut-il confier son corps maintenant qu’il règne immense dans les cieux ? » [43] […]

Que dirions-Nous pour louer en tout point les hérauts de la parole de Dieu, qui, loin de leur patrie supportent les plus accablants labeurs pour convertir des multitudes d’infidèles à la foi chrétienne ? Que dire des épouses sacrées du Christ qui leur donnent le secours de leur collaboration très précieuse ? Pour chacun et pour tous, Nous répétons ces mots que Nous écrivions dans Notre Exhortation apostolique Menti Nostræ : « … Par cette obligation du célibat, bien loin de perdre entièrement le privilège de la paternité, le prêtre l’accroît à l’infini, car la postérité qu’il ne suscite pas à cette vie terrestre, il l’engendre à la vie céleste et éternelle » [51]. […]

C’est pour cette raison que l’Église estime avec sagesse devoir maintenir le célibat des prêtres parce qu’elle sait qu’il est et doit être une source de grâces qui les unit plus intimement à Dieu. […]

Mais ceux qui cherchent à détourner les adolescents d’entrer au Séminaire ou dans les Ordres et Congrégations religieuses et de prononcer les saints vœux en les persuadant qu’ils peuvent en se mariant faire davantage de bien spirituel par la profession publique et visible de leur vie chrétienne en tant que père ou mère de famille, tous ceux-là, comme la conscience de Notre charge Nous en fait un devoir. Nous ne pouvons que les condamner absolument. ils feraient beaucoup mieux d’exhorter avec le plus de zèle possible ceux qui, nombreux, vivent dans le mariage à coopérer avec empressement aux œuvres d’apostolat laïque, plutôt que de chercher à détourner de l’état de virginité les jeunes aujourd’hui malheureusement peu nombreux, qui veulent se consacrer au service de Dieu. Saint Ambroise écrit opportunément, à ce propos : « Il a toujours appartenu à la grâce sacerdotale de répandre la semence de la chasteté et de susciter l’amour de la virginité » [65]. […]

Saint Athanase fait remarquer que c’est par elle qu’est née la virginité [111] et Saint Augustin enseigne clairement : « C’est avec la Mère de Dieu qu’a commencé la dignité virginale » [112]. A la suite de saint Athanase [113], saint Ambroise propose en exemple aux vierges la vie de la Vierge Marie : « Filles, imitez-la… [114]. Que la vie de Marie soit pour vous comme un tableau de la virginité, qui, ainsi qu’un miroir, reflète l’éclat de la chasteté et la beauté de la vertu. Prenez des exemples pour votre vie, là où se trouve pour vous comme un modèle qui vous montre ce que vous devez corriger, imiter et garder… Elle est l’image de la virginité. Telle, en effet fut Marie, que sa seule vie soit un enseignement pour tous… [115]. Que Marie donc, soit la règle de votre vie » [116]. « Si grande fut sa grâce qu’elle n’a pas gardé pour elle seule le don de la virginité, mais qu’elle a donné la parure de l’intégrité aussi à ceux sur lesquels elle veillait » [117]. Combien est vraie cette phrase du même saint Ambroise : « O richesse de la virginité de Marie ! » [118] C’est à cause de ces richesses qu’il est si profitable aux religieuses, aux religieux et aux prêtres d’aujourd’hui de contempler la virginité de Marie, pour pratiquer plus fidèlement et plus parfaitement la chasteté de leur état. […]

Que les parents pensent au grand honneur qui rejaillit sur eux avec un fils qui reçoit la prêtrise ou un fille qui consacre sa virginité au divin Époux. Parlant des vierges sacrées, le même évêque de Milan disait : « Parents, vous avez entendu… la vierge est un don de Dieu, une oblation de son père, le sacerdoce de la chasteté. La vierge est l’hostie de sa mère, dont le sacrifice quotidien apaise la colère de Dieu » [122]. » (Encyclique Sacra virginitatis,  25 mars 1954 – Sur le mariage et la chasteté parfaite)

Réagir à l'article

Information

Cette entrée a été publiée le 1 février 2024 par dans Foi Catholique.