+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Qui de saint Pierre ou de saint Jacques avait la primauté au concile de Jérusalem ?

Toutes les preuves de la Papauté : ici

imageLe chapitre XV des Actes des Apôtres rapporte le concile de Jérusalem qui se tint en l’an 49 ou 50. Ce concile fut réuni pour régler une question sur le persistance de l’Ancienne Loi. Il fallait en effet décider si les nouveaux chrétiens venant du paganisme devaient être circoncis ou non. Le concile réunit à Jérusalem, les Apôtres ainsi que saint Paul, saint Barnabé et les Anciens (Actes XV, 1-5). Cette assemblée avait pour but de trancher la question de l’observance de le Loi Mosaïque exprimée dans le Lévitique.

Les non-catholiques affirment que cet épisode est la preuve que saint Pierre n’était pas le chef des Apôtres car, disent-il, ce n’est pas lui mais saint Jacques qui eut le dernier mot. Nous démontrerons ici que si Pierre n’a pas le dernier mot, il n’en était pas moins le chef et nous montrerons pourquoi Jacques a parlé  en dernier.

Voici le plan de notre étude :

I) Les manifestations de Pierre comme chef

A) Pierre se lève

B) Pierre impose le silence

C) L’attitude de l’assemblée prouve qu’elle croyait en l’infaillibilité de saint Pierre

II) Qu’en est-il de l’intervention de Jacques ?

A) Pierre pose le principe dogmatique, Jacques introduit une exception pastorale

B) La décision de Pierre demeure tandis ce que celle de Jacques est déjà souplement appliquée par saint Paul

1) Saint Paul autorise dans certains cas à manger de la viande sacrifiée aux idoles

2) L’erreur des Témoins de Jéhovah sur la consommation de sang : la non-distinction entre les Dix Commandements et la Loi de Moïse

III) L’humilité de Pierre : motif de son silence au début des débats

A) Son habitus d’humilité

B) Un pouvoir pourtant incontestable

IV) Le pouvoir de l’Eglise

V) Le jugement des Pères de l’Eglise

A) Le très savant saint Jérôme et saint Augustin

B) Théodoret de Cyr

C) La position de saint Jean Chrysostome

I) Les manifestations de Pierre comme chef

Nous savons que le concile a décidé qu’il n’était pas nécessaire aux païens convertis de passer par les rites juifs, aussi, cette décision fut impulsée par Pierre. En effet, nous lisons en Actes XV, 7 qu’une « grande discussion s’était engagée », puis que Pierre intervient. Aussi cette intervention manifeste son rôle de chef de deux manières.

A) Pierre se lève

Premièrement, il est écrit : « Pierre se leva » (Actes XV, 7). Cela signifie que toute l’assemblée étant assise, il pouvait, lui, se permettre de prendre un posture de domination pour imposer son jugement.

Nous voyons la même chose se passer dans l’Ancien Testament. En effet :

« David rassembla à Jérusalem tous les princes d’Israël: les princes des tribus, les chefs des divisions qui servaient le roi, les chefs de milliers et les chefs de centaines, les intendants de tous les biens et troupeaux du roi et de ses fils, ainsi que les intendants et les vaillants,- tous les vaillants soldats. » (I Chroniques XXVIII, 1)

Ce grand rassemblement de chefs est d’ailleurs à mettre en parallèle avec le grand rassemblement des chefs de l’Eglise : « Les apôtres et les Anciens » (Actes XV, 6). Or, au verset suivant, David, que tout le monde reconnaîtra comme le chef de l’assemblée, se leva pour imposer une direction à ceux qui était rassemblés :

« Le roi David se leva sur ses pieds et dit: « Écoutez-moi, mes frères et mon peuple. […] » (I Chroniques XXVIII, 2)

B) Pierre impose le silence

Deuxièmement, il est écrit que qu’après son intervention dans laquelle il disait que hautement que les païens ne doivent pas être circoncis pour devenir chrétiens (Actes XV, 7-11), « Toute l’assemblée se tut » (Actes XV, 12). C’est significatif car avant que Pierre ne prenne la parole, « une grande discussion s’était engagée » (Actes XV, 7) et après qu’il eut fini de parler, c’est le silence ! Que comprendre par-là sinon une soumission à la parole du chef ?!

Les débats se sont donc organisés en trois temps. Premièrement « une grande discussion s’était engagée » (Actes XV, 7). Deuxièmement Pierre se lève et rend son jugement (Actes XV, 7-11), ce qui impose le silence à toute l’assemblée (Actes XV, 12). Puis, d’autres interventions eurent lieu, mais nullement comme avant que Pierre ne parle pour faire valoir leur avis contre celui des autres qui s’exprimaient, mais bel et bien pour faire des déclarations dans la dépendance de celle de Pierre et en rapport avec celle-ci. C’est d’abord Paul et Barnabé qui parlèrent pour raconter les miracles et les prodiges que Dieu avait fait par eux au milieu des Gentils (Actes XV, 12) : les deux compagnons ne faisaient pas passer les païens convertis par la circoncision, c’est donc un témoignage à l’appui de Pierre ! Ils ne cherchaient plus à argumenter contre les partisans de la circoncision, car ceux-ci s’étaient tus, ils ne faisaient que confirmer par l’exemple que la décision de Pierre était vraie. Puis c’est saint Jacques qui prend la parole, mais non pas pour opposer sa décision à celle de Pierre, mais pour lui apporter un tempérament pastoral, comme nous allons le voir à la section suivante.

C) L’attitude de l’assemblée prouve qu’elle croyait en l’infaillibilité de saint Pierre

Certains seraient tentés de rétorquer que si c’est la décision de Pierre qui fut retenue ce n’est pas parce qu’il était le chef, mais parce que c’est tout simplement l’Esprit Saint qui a décidé de parler par lui. Et bien en réalité c’est effectivement l’Esprit Saint qui a parlé par lui, cependant non seulement cela ne réfute pas son autorité mais au contraire la confirme ! En effet, les lecteurs modernes de la Bible savent que les paroles de saint Pierre viennent de l’Esprit Saint parce que la Bible leur atteste, et ils peuvent ne pas réaliser la manière dont s’est déroulé la scène. Pensons à ceux qui ont vécu la scène en direct : quel motif avaient-ils de croire que l’Esprit Saint s’exprimait plus par la bouche de saint Pierre que par celle de n’importe quel autres parmi « les apôtres et les Anciens » qui s’étaient assemblés (Actes XV, 6) et qui s’étaient déjà exprimé lors de « la grande discussion qui s’était engagée » ? C’est tout simplement parce qu’ils avaient conscience de l’autorité dont saint Pierre était investi, et ils savaient pour conséquence qu’au sein des apôtres, c’était par lui que l’Esprit Saint s’exprimait de manière définitive et infaillible !

Voyons maintenant ce qu’il en est de la fameuse intervention de saint Jacques.

II) Qu’en est-il de l’intervention de Jacques ?

A) Pierre pose le principe dogmatique, Jacques introduit une exception pastorale

« Et si Jacques parle après lui, ce n’est pas pour discuter son opinion, mais uniquement, parce que, préposé à l’Église de Jérusalem, il juge qu’il y a lieu d’imposer aux Gentils quelques prescriptions de la loi juive dont l’infraction pourrait scandaliser les chrétiens d’origine juive qui forment la masse de son Église.

[note de bas de page: ] Jacques demande que les Gentils aient à s’abstenir de quatre pratiques : « des souillures des idoles » (c’est-à-dire des viandes offertes aux idoles), « de l’impureté » que les païens ne regardaient pas comme un désordre grave, « des viandes étouffées et du sang » dont l’usage était interdit aux Juifs (Actes XV, 20). A ses yeux, outre que ces prescriptions éviteront le scandale des faibles, elles seront de nature à aplanir les diffi­cultés de rapports entre les chrétiens de différente origine. » (Abbé Augustin BOULENGER, Manuel d’apologétique, 1920, 3ème patrie, section 1, chapitre 1, Article 2, § 3)

En effet, comme nous l’apprend le témoignage unanime de toute l’antiquité chrétienne, c’est Jacques qui était devenu l’évêque de l’Église locale de Jérusalem, laquelle était composée en très grande majorité de juifs convertis. Et ces juifs auraient très mal vécu, se seraient scandalisés, qu’on « envoie balader » du jour au lendemain toutes les coutumes de l’Ancienne Loi. Son intervention n’a donc pas pour but de contredire Pierre mais d’obtenir une concession pratique afin de ne pas scandaliser les chrétiens venus du Judaïsme

On doit aussi souligner qu’au début de son intervention, Jacques fait référence à celle de Pierre et place donc la sienne dans la dépendance de celle de Pierre :

« Lorsqu’ils se furent tus, Jacques prit la parole et dit : « Frères, écoutez-moi. Simon a raconté comment tout d’abord Dieu a visité les Gentils pour y prendre un peuple qui fût sien.«  » (Actes XV, 13-14).

Ainsi, l’arrêt de la circoncision, imposée par Pierre devient la règle générale, et sa continuation n’est qu’une exception pratique pour les anciens juifs qui ont le droit pour leur part de ne pas l’arrêter tandis ce que les anciens païens en sont dispensés. Et d’autres dispositions « indolores » de l’Ancienne Loi (exposées en Actes XV, 20), seront quant à elles imposées aux anciens Gentils de Jérusalem pour ne pas créer de trouble. La finalité de l’intervention de Jacques n’était rien d’autre que d’assurer la bonne coexistence entre les chrétiens de différentes origines, pas de contester saint Pierre ! D’ailleurs, aujourd’hui encore, chez tous les chrétiens, y compris les non-catholiques, la décision de Pierre demeure, mais celle de Jacques a disparu !

B) La décision de Pierre demeure tandis ce que celle de Jacques est déjà souplement appliquée par saint Paul

1) Saint Paul autorise dans certains cas à manger de la viande sacrifiée aux idoles

Nous lisons dans les Epîtres de saint Paul que les chrétiens issus du paganisme peuvent manger de la viande offerte aux idoles, à conditions qu’ils n’attachent aucune importance à leur origine, et qu’ils s’assurent que leur conduite ne scandalisera pas les âmes les plus faibles (I Corinthiens VIII, 1-10 ; X, 25-29). En effet, les idoles n’étant rien, il n’y a pas de mal en soi à manger de la viande leur étant sacrifiée. Toutefois, il fallait éviter de scandaliser des chrétiens issus du judaïsme.

Pourquoi cette différence ? Parce que la décision de Pierre était un prononcement doctrinal définitif et infaillible, tandis ce que celle de Jacques avait pour seule finalité d’assurer la paix durant la période transitoire qu’il vivait sur l’instant.

En résumé : c’est Pierre qui a prit la décision principale, c’est lui qui édicte la règle, le principe, la loi de l’Église, Paul lui reprochera même d’en mettre l’application en péril lors de l’incident d’Antioche. Et Jacques n’a fait que demander une dérogation locale. Donc bien loin de réfuter la primauté de Pierre, la Concile de Jérusalem la prouve plutôt !

Les églises chrétiennes non-catholiques offrent un hommage involontaire à cette présidence de saint Pierre au concile de Jérusalem. En effet, toutes les églises chrétiennes actuelles observent religieusement la décision de saint Pierre, tandis ce que, comme nous le voyons, saint Paul appliquait déjà souplement celle de saint Jacques ! Et lesdites églises n’appliquent elles-mêmes plus du tout la décision de saint Jacques. De fait, quelle église chrétienne interdit à ses membres issus des  peuples anciennement païens de manger de la viande étouffée ou de consommer du sang (comme du boudin par exemple) ?

2) L’erreur des Témoins de Jéhovah sur la consommation de sang : la non-distinction entre les Dix Commandements et la Loi de Moïse

Il y a bien les témoins de jéhovah qui interdisent à leurs adeptes de consommer du sang (ce qui chez eux va jusqu’à interdire les transfusions sanguines), mais c’est une erreur. Nous revoyons d’une part au document Ils étaient « Témoins de Jéhovah ». Quatre témoignages, à la section intitulée « Exemple de discussion sur la transfusion de sang », ainsi qu’à ce qui suit :

Rappelons les mots de saint Jacques :

« C’est pourquoi je suis d’avis qu’on n’inquiète pas ceux d’entre les Gentils qui se convertissent à Dieu, mais qu’on leur mande de s’abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des viandes étouffées et du sang. » (Actes XV, 19-20)

Il est hors de doute que l’interdiction de la fornication n’est sujette à aucune exception, puisqu’elle fait partie des Dix Commandements :

« Tu ne commettras point d’adultère. » (Exode XX, 14 ; Deutéronome V, 17)

Mais il était tout de même bon de le rappeler car les païens se livraient généralement, et jusque dans leur culte, à toute sortes de turpitudes, étant donnée que la prostitution faisait partie du culte des idoles où elle était considérée comme permise et même sainte. Même après leur conversion au christianisme, il était à craindre qu’ils ne fussent portés par un certain relâchement en ce qui concernait la chasteté. Saint Paul insiste également là-dessus ; cf. I Corinthiens V, 1 ; VI,12-20.

Nous avons vu ce qu’il en était de la consommation de la viande sacrifiée aux idoles : nous lisons dans les Epîtres de saint Paul que les chrétiens issus du paganisme peuvent manger de la viande offerte aux idoles, à conditions qu’ils n’attachent aucune importance à leur origine, et qu’ils s’assurent que leur conduite ne scandalisera pas les âmes les plus faibles (I Corinthiens VIII, 1-10 ; X, 25-29). En effet, les idoles n’étant rien, il n’y a pas de mal en soi à manger de la viande leur étant sacrifiée. Toutefois, il fallait éviter de scandaliser des chrétiens issus du judaïsme.

Mais les deux autres prescriptions de ne pas manger de viande étouffée ou de sang ne sont que des prescriptions légales de Moïse. Rien dans la Loi de Moïse ne parle de l’interdiction de manger de la viande étouffée, mais c’était le corollaire des prescriptions qui interdisaient de consommer du sang : Lévitique III, 17 ; VII, 26 ; XVII, 10 etc, or le sang restait à l’intérieur des animaux étouffées. Certains répondront que l’interdiction de consommer du sang était de droit divin, puisqu’il fut dit avant la Loi de Moïse :

« Seulement vous ne mangerez point de chair avec son âme, c’est-à-dire avec son sang. » (Genèse IX, 4)

Mais la vérité est que le sang avait été rendu impur par le péché, mais le sacrifice du Christ a détruit l’empire du péché et fait disparaître cette impureté. En effet, la distinction entre animaux purs et animaux impurs aussi existait avant la Loi de Moïse :

« De tous les animaux purs, tu en prendras avec toi sept paires, des mâles et leurs femelles, et de tous les animaux qui ne sont pas purs, tu en prendras deux, un mâle et sa femelle » (Genèse VII, 2)

La réalité est la suivante : rien de ce qui est créé n’est intrinsèquement impur, mais Die a posé des impuretés légales, dès avant Moïse, pour inspirer la haine du péché aux hommes. Cette prescription qui tenait tout la fois à inspirer l’homme de l’horreur pour la cruauté et l’effusion du sang, et à conserver sa santé.

Parmi toutes les prescriptions divines antérieures à Moïse, il est facile de distinguer celles qui sont immuables de celles qui ne le sont pas : celles qui sont immuables ont trouvé leur consécration dans les Dix Commandements, et celles qui ne le sont pas n’ont trouvé la leur que dans la Loi Mosaïque. Or l’interdiction de consommer du sang ainsi que la distinction entre animaux purs et impurs appartiennent à la seconde catégorie.

Pour preuve, la distinction entre animaux purs et impurs a été détruite par le sacrifice du Christ :

« Pierre monta sur la terrasse vers la sixième heure, pour prier. Or, il se trouva avoir faim et il voulut manger. Pendant qu’on préparait (son repas), il lui survint une extase : il voit le ciel ouvert, et quelque chose (en) descendre comme une grande nappe, tenu par quatre bouts, et s’abaissant vers la terre ; au dedans se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre, et les oiseaux du ciel. Et il vint une voix vers lui : « Debout, Pierre ! tue et mange. » Mais Pierre dit : « Oh ! non, Seigneur, car jamais je n’ai rien mangé de souillé ni d’impur. » Et une voix de nouveau, pour la seconde fois, (vint) vers lui : « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne l’appelle pas souillé.«  » (Actes XV, 9-15)

De même, toutes les prescriptions légales, y compris l’interdiction de consommer du sang ont été abrogées par le sacrifice du Christ. En effet :

« La Loi va-t-elle donc contre les promesses de Dieu ? Loin de là ! S’il eût été donné une loi capable de procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. Mais l’Ecriture a tout enfermé sous le péché, afin que, par la foi en Jésus-Christ, ce qui avait été promis fût donné à ceux qui croient. Avant que vînt la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, en vue de la foi qui devait être révélée. Ainsi la Loi a été notre pédagogue pour nous conduire au Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. Mais la foi étant venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus. Vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus. Et si vous êtes au Christ, vous êtes donc  » descendance  » d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates III, 21-29)

« Car c’est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un : il a renversé le mur de séparation, l’inimitié, ayant abrogé par l’immolation de sa chair la loi des ordonnances avec ses rigoureuses prescriptions, afin de fondre en lui-même les deux dans un seul homme nouveau, en faisant la paix, et de les réconcilier, l’un et l’autre unis en un seul corps avec Dieu par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. » (Ephésiens II, 14-16)

Et de fait, saint Paul, pourtant Juif, sait ne plus être liée par la Loi, bien qu’il s’y plient lorsque les circonstances de l’apostolat l’imposent :

« Car, quoique libre à l’égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous, afin d’en gagner un plus grand nombre. Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la Loi, comme si j’étais sous la Loi (quoique je ne sois pas assujetti à la Loi), afin de gagner ceux qui sont sous la Loi ; avec ceux qui sont sans la loi, comme si j’étais sans la loi, (quoique je ne sois pas sans la loi de Dieu, étant sous la loi du Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi. » (I Corinthiens IX, 19-21)

Certains répondront que la Loi de Moïse n’a pas été abrogée car le Christ a déclaré :

« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » (Matthieu V, 17)

A cela il faut répondre qu’Il s’opposaient aux pharisiens qui faisaient de la Loi un absolu, alors qu’elle n’était qu’une préparation à la venue du Christ (c’était le « pédagogue » sous lequel les juifs ne sont plus : Galates III, 21-29), ainsi qu’au libéralisme des saducéens qui voulaient voire la Loi de Moïse rayée en tant que telle de la religion. La réalité est que le Christ a accompli ce pourquoi la Loi était faite : préparer sa venue, et que dès lors, elle avait perdu son objet. C’est ainsi que saint Paul nous enseigne que la Loi de Moïse n’était que « l’ombre des choses à venir » :

« C’est qu’en effet le fin de la Loi c’est le Christ, pour la justification de tout homme qui croit. » (Romains X, 4)

« Que personne donc ne vous condamne sur le manger et le boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune ou d’un sabbat : ce n’est là que l’ombre des choses à venir, mais la réalité se trouve dans le Christ. » (Colossiens II, 16-17)

« La Loi, en effet, n’ayant qu’une ombre des biens à venir, et non l’image même des choses, ne peut jamais, par ces mêmes sacrifices que l’on offre sans interruption chaque année, sanctifier parfaitement ceux qui s’en approchent. Autrement n’aurait-on pas cessé de les offrir ; car ceux qui rendent ce culte, une foi purifiés, n’auraient plus eu aucune conscience de leurs péchés. Tandis que, par ces sacrifices, on rappelle chaque année le souvenir des péchés ; parce qu’il est impossible que le sang des taureaux et des boucs enlève les péchés. C’est pourquoi le Christ dit ceci entrant dans le monde : « Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m’avez formé un corps ; vous n’avez agréé ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché. Alors j’ai dit : Me voici (car il est question de moi dans le rouleau du livre), je viens ô Dieu, pour faire votre volonté. » Après avoir commencé par dire : « Vous n’avez voulu et vous n’avez agréé ni ablations, ni holocaustes, ni sacrifices pour le péché« , – toutes choses qu’on offre selon la Loi, il ajoute ensuite : « Voici que je viens pour faire votre volonté. » Il abolit ainsi le premier point, pour établir le second. C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’oblation que Jésus-Christ a faite, une fois pour toutes, de son propre corps. » (Hébreux X, 1-10)

Notons subsidiairement que la prescription interdisant de manger de la viande offerte aux idoles, qui est plus importante que celle interdisant de consommer du sang, puisque le sang est naturelle et créé par Dieu, tandis que la viande sacrifiée aux idoles a nécessairement un rapport avec un culte démoniaque (Psaume 95/96, 5 ; I Corinthiens X, 20-21).

Tout cela prouve d’ailleurs que les témoins de jéhovah ne sont pas la véritable Eglise de Jésus-Christ.

III) L’humilité de Pierre : motif de son silence au début des débats

A) Son habitus d’humilité

Le silence de Pierre au début des discussions et la permission qu’il fit à Jacques de parler après lui s’expliquent par son attitude générale d’humilité. Nous avons plusieurs exemples de cette grande humilité de Pierre.

Après qu’en Actes XI, 1-3 des chrétiens judaïsants aient fait des reproches à Pierre sur sa conduite lorsqu’il mangea avec le centurion Corneille, Pierre qui aurait pu répondre par son seul pouvoir d’imposer l’obéissance de la foi, préfère répondre charitablement en expliquant en Actes XI, 4-17 sa vision de Actes X. C’est une preuve de son attitude générale d’humilité.

En I Pierre V, 1, il parle de lui comme d’un « ancien », alors qu’il est évident qu’il est bien plus qu’un simple « ancien ».

Autre signe de son humilité : juste après cette description de lui-même comme « ancien », il exhorte les anciens en leur disant :

« paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré ; non dans un intérêt sordide, mais par dévouement ; non en dominateurs des Eglises, mais en devenant les modèles du troupeau. » (I Pierre V, 2-3)

Tout en demandant aux chrétiens d’être soumis :

« De même, vous qui êtes plus jeunes, soyez soumis aux anciens ; tous, les uns à l’égard des autres, revêtez-vous d’humilité, car « Dieu résiste aux orgueilleux et donne sa grâce aux humbles. » » (I Pierre V, 5)

B) Un pouvoir pourtant incontestable

Or ceux qui nient que Pierre fut Pape reconnaissent qu’il était apôtre à l’égal de Paul. Et saint Paul n’affirme-t-il pas qu’il a le pouvoir d’imposer l’obéissance de la foi (Romains I, 5 ; XVI, 26) ?

Saint Paul, et donc saint Pierre, avaient aussi droit d’exiger l’obéissance dans le gouvernement (I Thessaloniciens II, 7 ; Philémon, 8-9) ?

« alors que nous aurions pu, comme apôtres du Christ, prétendre à quelque autorité, nous avons été au contraire plein de condescendance au milieu de vous. Comme une nourrice entoure de tendres soins ses enfants » (I Thessaloniciens II, 7)

« Voilà pourquoi, bien que j’ai dans le Christ toute liberté de te prescrire ce qu’il convient de faire, j’aime mieux, au nom de cette charité, t’en supplier. Tel que je suis, moi, Paul, vieux, et de plus actuellement prisonnier pour Jésus-Christ, » (Philémon 8-9)

Bien plus, saint Paul montre clairement son pouvoir supérieur de juridiction sur toute la Crète lorsqu’il en nomme saint Tite pour Archevêque en lui donnant consigne d’ « achever de tout organiser » et d’ « établir des Anciens dans chaque ville » (Tite I, 5) : saint Paul est donc supérieur à saint Tite qui est lui-même supérieur à tous les futurs « anciens » de l’île de Crète. Au début de cette phrase, saint Paul dit à saint Tite : « Je t’ai laissé en Crète », cela signifie que lorsqu’il dit cela, c’est qu’il octroie une juridiction à un Evêque sur un territoire donné. C’est donc en tant qu’Evêque qu’il laissa saint Timothée à Ephèse : « Je te rappelle l’exhortation que je te fis en partant pour la Macédoine, de rester à Ephèse, afin d’enjoindre à certaines gens de ne pas enseigner d’autres doctrines » (I Timothée I, 3) : il lui donne le pouvoir d’enseigner. Or si Paul est supérieur à celui qui a pouvoir de nommer les anciens, s’il est capable de donner juridiction à des Evêques, Pierre l’est mécaniquement aussi. S’il ne se désigne que comme « ancien » ce n’est que par humilité, et personne ne peut soutenir qu’il n’était que, ou qu’il ne se considérait pas que comme, un simple ancien égal aux autres. S’il est contesté par des partisans de la circoncisions qui se permettent de s’en prendre à un apôtre, cela ne remet nullement en cause sa qualité d’apôtre et par là l’autorité qui lui est due.

Aussi cela ne signifie pas en soi que saint Pierre était chef eu concile de Jérusalem (cela, nous l’avons prouvé dans les sections précédentes), mais la mise en lumière de cette attitude d’humilité même dans les situations ou personne ne niera qu’il avait autorité, prouve que son silence au début des débats ne signifie en rien qu’il n’était pas le chef.

IV) Le pouvoir de l’Eglise

La promulgation de la décision, prise au concile de Jérusalem, montre la puissance de l’Église et des conciles.

Considérez que dans Actes XV, les Apôtres, conduits par St Pierre et par leur propre autorité reçue du Christ, sont parvenus à une décision après que Jésus ait quitté la terre. Ce procédé continua au cours de l’histoire de la vraie Eglise de Jésus-Christ : l’Eglise Catholique. Puisque l’Eglise est le pilier et le fondement de la vérité – comme nous le lisons dans I Timothée III, 5 – ses commandements, ses préceptes, et ses décisions, sont obligatoires s’ils sont conférés par l’autorité de l’évêque suprême : le Pape. Celui-ci a en effet, le pouvoir de lier et de délier qu’il tient du Christ ; c’est pourquoi, après le Concile de Jérusalem, Paul prêcha que les gens devaient suivre ces préceptes :

Actes XVI, 4 dit :

« En passant par les villes, ils enseignaient aux fidèles à observer les décisions des Apôtres et des prêtres de Jérusalem. »

C’est-a-dire à garder la décision de saint Pierre !

Saint Ignace d’Antioche écrit vers 107 :

« Hormis l’évêque, que personne ne fasse quoi que ce soit qui se rapporte à l’Eglise. La seule et vraie Eucharistie, est celle réalisée par l’évêque ou par celui qui l’a nommé à cette fonction. Où que soit l’évêque, il doit y avoir la congrégation, tout comme ‘Là où est Jésus-Christ, là est l’Eglise Catholique ». (Lettre aux Smyrniotes, VIII)

V) Le jugement des Pères de l’Eglise

A) Le très savant saint Jérôme et saint Augustin

Saint Jérôme de Stridon (347-420) qui eut accès à deux immenses bibliothèques aujourd’hui disparues, qui contenaient un très grand nombre d’écrits anciens, la Bibliothèque d’Alexandrie et la Bibliothèque de Constantinople, affirme dans une lettre à saint Augustin (354-430) que saint Pierre rendit sa décision, et que « l’apôtre saint Jacques et tous les autres prêtres s’en tinrent à son opinion » :

« Certains prédicateurs venus de la Judée disaient au peuple : « Si vous n’êtes circoncis selon la pratique de la loi de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Une violente sédition s’étant élevée contre Paul et Barnabé, il l’ut résolu que les accusés et que les accusateurs iraient à Jérusalem vers les apôtres et les prêtres pour les consulter sur cette affaire. Lorsqu’ils y furent arrivés, certains Pharisiens qui s’étaient convertis à la foi se récrièrent, disant : Il faut qu’ils soient circoncis ; il faut qu’ils soient tenus d’observer la loi de Moïse. » Une grande contestation s’étant élevée à ce sujet, Pierre, avec la franchise qui le caractérisait, se leva : « Frères, dit-il, vous savez depuis combien de temps Dieu m’a choisi d’entre nous, pour faire entendre aux Gentils les paroles de l’Évangile et les amener à la foi ; et Dieu qui tonnait les coeurs a approuvé leur bonne volonté en leur accordant comme à nous les grâces du Saint-Esprit, et il n’a point établi de distinction entre eux et nous, puisqu’il a purifié leurs coeurs par la foi. Pourquoi donc voulez-vous imposer à nos disciples un joug que ni nous ni nos pères n’avons jamais pu porter ? Mais nous croyons que c’est par la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ que nous serons sauvés, eux ainsi que nous. Alors toute la multitude garda le silence » ; et l’apôtre saint Jacques et tous les autres prêtres s’en tinrent à son opinion. » (Lettre 112 à saint Augustin, n°7 ; Cette lettre est trouvable dans la correspondance de saint Jérôme en latin dans le Patrologie latine (PL), tome 22, colonne 920 et en français dans Lettres – Correspondances II, Correspondance 402-405, Les Oeuvres complètes de saint Jérôme de Stridon, publiées en 1838 par M. Benoît MATOUGUES, sous la direction de M. L. Aimé-Martin, ainsi que dans la correspondance de saint Augustin, Lettre 75, n°7)

Cette lettre de saint Jérôme à saint Augustin s’inscrit dans une controverse entre les deux saints au sujet de la fin de la Loi mosaïque dans laquelle saint Jérôme défendait la conduite privée (et non l’enseignement public) de saint Pierre lors de l’incident d’Antioche tandis ce que saint Augustin la déclarait indéfendable. Aussi dans ce contexte la sentence de saint Pierre lors du concile de Jérusalem au sujet de la fin de la Loi est capitale. Or nous pouvons constater que dans la réponse que saint Augustin fit à saint Jérôme l’année suivante en 405 (Lettre 82), il le conteste sur un grand nombre d’affirmations, mais pas sur celle de la présidence de saint Pierre au concile de Jérusalem, c’est donc une approbation implicite.

B) Théodoret de Cyr

Théodoret de Cyr, condamné comme plusieurs évêques catholiques par le conciliabule ou brigandage d’Ephèse (449) sous la conduite de Dioscore d’Alexandrie sans avoir été appelé ni jugé, l’illustre évêque de Cyr s’empressa d’en appeler au Pape. Il commence par affirmer la supériorité de saint Pierre sur saint Paul, alors même qu’il était « le héraut de la vérité, la trompette de l’Esprit Saint« , dut recourir à lui pour certaines questions, malgré son assistance divine. Puis il fait un parallèle a fortiori avec l’obligation des évêques de recourir au successeur de Pierre pour juger les affaires ecclésiastiques  :

« Si Paul, le héraut de la vérité, la trompette de l’Esprit Saint, recourut à Pierre pour répondre aux doutes des chrétiens d’Antioche sur les observances légales, c’est à bien plus juste titre que nous, les humbles et les petits, nous recourons à votre trône apostolique pour recevoir de vous le remède aux blessures des Eglises. C’est à vous, en effet, qu’il convient d’avoir la primauté en tout. Votre siège est orné de nombreuses supériorités. Les autres villes se glorifient de leur grandeur, de leur beauté, du nombre de leurs habitants ; d’autres villes, privées de ces avantages, sont ornées de certains privilèges spirituels. La vôtre a reçu de Dieu l’affluence des biens : c’est la plus grande et la plus illustre, elle préside à l’univers, elle regorge d’habitants. Mais ce qui l’orne bien plus, c’est sa foi que le divin Apôtre atteste dignement quand il s’écrie : Votre foi est annoncée dans tout le monde. Si, aussitôt après avoir reçu les semences de la prédication salutaire, elle produisit de si merveilleux fruits, quel discours pourrait célébrer comme il convient la piété qui y règne aujourd’hui ? Elle possède aussi les tombeaux des pères et maîtres communs de la vérité, Pierre et Paul, qui éclairent les âmes des fidèles. Ce couple divin et trois fois bienheureux s’est levé en Orient et a projeté partout ses rayons; mais c’est l’Occident qu’il a choisi pour le couchant de sa vie, et de là maintenant il illumine l’univers. Maintenant, de la région du coucher du soleil, où ils ont volontiers accueilli le décor de cette vie, ils illuminent le monde. Ils ont rendu votre siège très glorieux ; c’est le couronnement et l’achèvement de vos biens ; mais en ces jours, leur Dieu a orné leur trône en y plaçant votre sainteté, qui émet, comme vous, les rayons de l’orthodoxie. Je pourrais en donner de nombreuses preuves, mais il suffit de mentionner le zèle dont votre sainteté a fait preuve dernièrement contre les mal famés Manichéens, prouvant ainsi que votre piété s’attache sincèrement aux choses divines. Vos écrits récents, eux aussi, suffisent à indiquer votre caractère apostolique. En effet, nous avons pris connaissance de ce que votre sainteté a écrit sur l’incarnation de notre Dieu et Sauveur, et nous avons été émerveillés par la justesse de vos expressions. […]

Nous avons admiré votre sagesse spirituelle, loué la grâce du Saint-Esprit exprimée par votre intermédiaire, et nous invoquons, supplions et implorons votre Altesse de protéger les églises de Dieu qui sont maintenant assaillies par la tempête. […]

Mais en ce qui me concerne, j’attends la décision de votre siège apostolique, priant et attestant Votre Sainteté de me venir en aide, et faisant appel à votre tribunal pour obtenir une sentence droite et juste.  » (Lettre 113 au Pape saint Léon le Grand dans PG, 83/1311-1315)

Théodoret parle ensuite des événements d’Ephèse, de l’injustice dont il a été victime, des travaux de son apostolat :

« Il y a vingt-six ans que je suis évêque sans avoir reçu aucun reproche J’ai ramené à l’Eglise plus de mille marcionites et quantité d’ariens et d’eunoméens. Il ne reste pas un hérétique dans les huit cents paroisses que je gouverne. Dieu sait combien j’ai reçu de coups de pierres, et quels combats j’ai soutenus dans plusieurs villes d’Orient contre les païens, les Juifs et toutes sortes d’hérétiques. Et après tant de sueurs et de fatigues, j’ai été condamné sans avoir été jugé. Mais j’attends la sentence de ‘votre Siège apostolique ; je prie, je conjure Votre Sainteté, au juste tribunal de qui j’en appelle, de me prêter secours, de m’ordonner d’aller lui rendre compte de ma doctrine et de montrer qu’elle est conforme à celle des apôtres. » (Lettre 113 au Pape saint Léon le Grand dans PG, 83/1316)

Il énumère ses ouvrages qu’il soumit à l’examen du Saint-Siège, et, un peu plus loin, il en appelle en ces termes au pape saint Léon de la condamnation qu’il juge injuste qu’il avait subie de la part de Dioscore d’Alexandrie, en précisant que si le Pape lui demandait de se soumettre à ce jugement, il le ferait :

« Je demande avant tout à recevoir votre instruction, pour savoir si je dois ou non m’incliner devant cette injuste déposition. J’attends votre jugement. Si vous me demandez de m’en tenir à ce qui a déjà été jugé, j’en resterai là et loin de m’en prendre jamais à quiconque, j’attendrai de notre Dieu et Sauveur un jugement juste. » (Lettre 113 au Pape saint Léon le Grand dans PG, 83/1318)

Plus tard Théodoret écrivit aussi au prêtre René (Renatus), l’un des légats de saint Léon au conciliabule ou brigandage d’Ephèse (449). Il ignorait qu’il fût mort avant d’atteindre les côtes d’Asie. Il se recommandait à ses bons offices :

« Je prie Votre Sainteté de décider le très saint archevêque d’user de sa puissance apostolique pour m’ordonner d’accourir à son synode, car ce siège très saint a la direction (ήγεμονίαν) des Églises qui sont par tout l’univers pour plusieurs raisons dont la principale est qu’il n’a jamais été infecté d’aucune hérésie. Il n’a jamais été occupé par un ennemi de la vraie foi, mais a conservé intacte la grâce apostolique. Quoi que vous décidiez, nous y acquiescerons, convaincus de votre équité. Nous demandons à être jugés d’après nos écrits, car nous avons composé plus de trente livres. » (Lettre 116, à Renatus (René) ; PG, t. 83, col. 1324)

C) La position de saint Jean Chrysostome

Certains objectent que saint Jean Chrysostome (vers 344-407) écrivit que saint Jacques « présidait l’assemblée » et qu’il avait « le droit de décider ».

A cela nous répondons plusieurs choses :

Premièrement, cette exégèse est contraire à la vérité biblique, comme nous l’avons démontré tout au long de cet article.

Deuxièmement, cette idée est contraire au témoignage de tout le Nouveau Testament qui nous montre Pierre comme le chef de tous les apôtres, et donc en conséquence chef au concile de Jérusalem ; voir notre article Les manifestations de la primauté de saint Pierre dans le Nouveau Testament.

Troisièmement, cette exégèse contredit l’exégèse de des Pères de l’Eglise qui, en plus de parler explicitement de la présidence de saint Pierre comme saint Jérôme, tacitement approuvé par saint Augustin, parlent aussi tous de la primauté de saint Pierre, ce qui, comme pour le Nouveau Testament, a pour conséquence d’en faire le chef au concile de Jérusalem.

Quatrièmement, cette position de saint Jean Chrysostome au sujet de cet événement est étrange car elle contredit tout ce qu’on peut lire ailleurs sous sa plume au sujet de la primauté de Pierre. En effet, il existe des contestations au sujet de la doctrine de saint Jean Chrysostome. Certains disent qu’ils ne croyait pas à la fondation de l’Église sur la personne de saint Pierre, la réponse est dans cet article et celui-ci ; d’autres disent qu’il ne reconnaissait pas la primauté romaine, la réponse détaillée est dans celui-ciPar exemple, en interprétant Jean XXI, 15-17, il dit clairement que Pierre commande sur tous les autres :

« Et ce Fils lui-même, pourquoi a-t-il versé jusqu’à la dernière goutte de son sang? si ce n’est pour racheter les brebis qu’il a remises aux mains de Pierre et de ses successeurs. Jésus-Christ disait encore : Quel est le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi pour gouverner sa maison? (Matth. XXIV, 45.) Voilà encore des paroles qui ont l’apparence du doute; mais celui qui les prononçait ne doutait pas davantage en les prononçant, que lorsqu’il demandait à Pierre s’il l’aimait, moins pour s’assurer de son amour que pour montrer la grandeur du sien. De même ici quand il demande : Quel est le serviteur fidèle et prudent? Jésus-Christ le connaît assez: seulement il veut nous montrer la rareté de tels serviteurs et la grandeur de leur ministère. Qu’on en juge par la grandeur de la récompense qu’il leur destine : Je vous dis en vérité qu’il l’établira sur tous ses biens. (Matth. XXIV, 47.) Soutiendras-tu maintenant que ce n’est pas pour ton bien que je t’ai trompé ? Toi qui vas être préposé au gouvernement des biens de Dieu, charge qui a valu à saint Pierre sa puissance et sa haute prééminence sur le reste des apôtres, selon cette parole : Pierre, dit le Seigneur, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? pais mes brebis. (Jean XXI, 15.) Il aurait pu dire : si tu m’aimes, jeûne, couche sur la dure, veille sans cesse, protège les opprimés, sois le père des orphelins, le défenseur de la veuve ; mais non: laissant là toutes ces oeuvres, que dit-il? Pais mes brebis. » (Du sacerdoce, II, 1-2PG 48, 631-633)

« Jésus-Christ donc voulait retirer ses apôtres de ces pensées populaires. C’est pour ce sujet qu’il leur dit: « Et vous, qui dites-vous que je suis? » c’est-à-dire, vous qui êtes continuellement avec moi, qui me voyez faire un si grand nombre de miracles, qui en avez fait vous-mêmes en mon nom, « qui dites-vous que je suis? »

Que fait ici saint Pierre qui est comme la bouche de tous les apôtres, le prince et le chef de cette troupe sacrée, et qui témoigne partout tant de zèle pour le Sauveur? Quoique Jésus-Christ leur eût fait cette demande en commun, il répond lui seul. Quand le Fils de Dieu s’informait seulement quelle pensée le peuple avait de lui, ils répondent tous également à cette demande; mais lorsqu’il veut savoir quel était leur sentiment particulier, saint Pierre prévient tous les autres. « Simon Pierre prenant la parole, lui dit: Vous êtes le Christ Fils du Dieu vivant (16). A quoi Jésus-Christ répond: « Vous êtes bienheureux, Simon, fils de Jean, parce que ce n’est point la chair ni le sang qui vous ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans le ciel (17). »Ces paroles du Sauveur nous font voir que si saint Pierre ne l’eût reconnu pour le vrai Fils de Dieu, et né de sa propre substance, cette confession n’eût point été l’effet d’une révélation divine, ni digne de rendre « heureux »celui qui l’avait faite. […]

Après que saint Pierre eut rendu ce témoignage au Sauveur, Jésus-Christ lui dit aussitôt «Vous êtes Simon, fils de Jean, vous serez appelé Pierre. » Comme vous avez nommé mon Père, je nomme aussi le vôtre; et comme vous êtes véritablement « fils de Jean, » je suis de même véritablement Fils de Dieu le Père. Sans ce sens mystérieux on pourrait croire qu’il aurait été superflu de dire: « Vous êtes le fils de Jean. » Mais comme saint Pierre venait de dire, « vous êtes le Fils de Dieu, » Jésus-Christ ajoute aussitôt ces paroles pour nous faire voir qu’il était aussi véritablement le Fils de Dieu, que Simon était « fils de Jean, » c’est-à-dire, qu’il était d’une même substance avec son Père.

« Et moi aussi je vous dis que vous êtes Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle (18). Sur cette pierre, »dit Jésus-Christ; « je bâtirai mon Eglise, »c’est-à-dire, sur cette foi et sur cette confession. Il montre par ces paroles que beaucoup de monde devait croire un jour en lui. Il relève l’esprit et les pensées de cet apôtre, et il l’établit le pasteur de son Eglise : « Et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. » S’il est vrai que ces portes ne vaincront point mon Eglise, combien moins pourront-elles me vaincre et je vous dis ceci, mon apôtre, afin que vous ne soyez point troublé, lorsque vous entendrez dire bientôt que je serai livré pour être crucifié. A cet honneur il en ajoute encore un autre: « Et je vous donnerai les clefs du royaume des cieux; et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (1 9).»

Que veulent dire ces paroles: « Je vous donnerai? » Comme mon Père vous a donné la grâce de me connaître, « je vous donnerai » aussi ces clefs. Il ne dit point : Je prierai mon Père qu’il vous les donne, quoique la grandeur de ce don fût ineffable, et qu’il fallût être Dieu pour le faire; mais il dit: « Je vous donnerai. » Quel est ce don qu’il lui fait:

« Je vous donnerai », dit-il, « les clefs du royaume des cieux; et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que vous délierez sur la terre sera aussi délié dans le ciel. »

Comment pouvons-nous expliquer que celui qui dit: « Je vous donnerai, » témoigne ailleurs que ce « n’est pas à lui de donner à personne le droit de s’asseoir à sa droite ou à sa gauche? » Considérez comment il porte cet apôtre à avoir des sentiments dignes de sa divinité; comment il se découvre à lui, et lui déclare qu’il est le Fils de Dieu par ces deux promesses qu’il lui fait. Car il lui promet deux choses qui ne peuvent être le don que d’un Dieu, l’une de remettre les péchés, et l’autre de rendre son Eglise immobile au milieu des assauts de tant d’orages, et de faire voir dans un simple pêcheur une fermeté plus solide que n’est celle de la « pierre », lorsque tout le monde se soulèverait contre lui, et lui déclarerait une guerre ouverte.

Jésus-Christ traite ici saint Pierre comme son Père avait traité Jérémie, lorsqu’il lui dit:

« Qu’il le rendrait comme une colonne de fer, et comme un mur d’airain. « (Jér. I, 47.) Il y a cette différence, que l’un n’était exposé qu’aux attaques d’un seul peuple; et que l’autre était destiné à combattre tous les peuples de la terre.

Je demande ici à ceux qui s’efforcent de diminuer la dignité du Fils de Dieu, lequel de ces deux dons est le plus grand; ou celui que le Père fait à saint Pierre, ou celui que lui fait le Fils. Le Père lui fait connaître son Fils, et le Fils lui donne le pouvoir de révéler le Père et le Fils, et d’en donner la connaissance à toute la terre. Lorsqu’il lui donne ces «clefs » célestes, il rend un homme mortel maître de tout ce qui est dans les cieux. Le fait qu’il répand la foi et qu’il étend l’Eglise par tout le monde, avec une fermeté plus immobile et plus inébranlable que n’est le ciel même, « puisque le ciel et la terre passeront, et que les paroles de Jésus-Christ ne passeront pas (Matth. XXIV, 25.) » Comment donc le Fils serait-il inférieur à son Père, puisqu’il fait de si grands dons aux hommes? » (Commentaire de l’Evangile selon saint Matthieu, Homélie 54, al. 55, al. 84, sur Matthieu XVI, 13-24, 1 et 2 – PG, 58 / 534)

« Il y a bien des moyens propres à nous mettre en crédit auprès de Dieu, et à nous rendre illustres et agréables à ses yeux. Mais c’est la sollicitude à l’égard du prochain qui l’emporte sur tout, et qui nous attire le plus sûrement la bienveillance et la protection du Seigneur; c’est là aussi ce que le Christ exige de Pierre, car, après le dîner, « Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jean, m’aimez-vous plus que ne font ceux-ci? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Paissez mes agneaux ». Et pourquoi Jésus-Christ, laissant là les autres apôtres, parle-t-il à Pierre seul de ce soin et de cet amour? Entre les apôtres, Pierre était le plus grand et le plus éminent; il était la langue et le chef du collège : c’est pour cela que Paul le fut voir préférablement aux autres. En même temps, Jésus-Christ voulait rassurer Pierre, et lui montrer que la souillure de son renoncement était effacée : c’est pourquoi il lui confie le gouvernement de ses frères, et il ne lui rappelle, il ne lui reproche point son renoncement, mais il lui dit : Si vous m’aimez , recevez le gouvernement de vos frères : montrez maintenant l’ardent amour que vous avez toujours fait paraître, et dont vous vous glorifiiez; la vie que vous vouliez donner pour moi, donnez-la pour mes brebis. […]

Par ces paroles, saint Jean fait connaître que le Sauveur avait un grand soin de Pierre, et un grand amour pour lui. Que si quelqu’un dit : Pourquoi donc saint Jacques a-t-il été élevé sur la chaire de Jérusalem? Je répondrai que si Pierre ne fut point élevé sur cette chaire, c’est que Jésus-Christ l’établit pour être le docteur de tout le monde. « Pierre s’étant retourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait, qui , pendant la cène, s’était reposé sur son sein (20) », et dit à Jésus : « Et celui-ci, Seigneur, que deviendra-t-il (21)? » […]

Comme donc le Seigneur avait annoncé de grandes choses à Pierre, comme il lui avait confié le gouvernement du monde, lui avait prédit le martyre qu’il devait souffrir, lui avait donné: de plus grands témoignages d’amour qu’à ses autres disciples, Pierre désirant de faire participer Jean à toutes ces grâces, dit : « Et celui-ci, Seigneur, que deviendra-t-il ? » Ne marchera-t-il pas dans la même voie que nous? Et de même que dans le temps qu’il n’osait interroger, il avait engagé Jean à le faire pour lui, ainsi maintenant il lui rend la pareille ; et, pensant bien que ce disciple aurait voulu demander à son Maître ce. qu’il deviendrait et qu’il ne l’osait pas, il le demande lui-même. […]

« Il courut sur cela un bruit parmi les frères » , c’est-à-dire, parmi les disciples, « que celui-ci ne mourrait point. Jésus, néanmoins, n’avait pas dit : Il ne mourra point, mais : si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que vous importe (23) ? » Ne pensez pas, dit le Seigneur, que je veuille disposer de vous tous d’une même manière; il avait en vue, en disant cela, leur attachement mutuel. Comme ils devaient bientôt être chargés du soin de toute la terre, il ne fallait pas qu’ils s’attachassent ainsi les uns aux autres, ce qui aurait été très-préjudiciable au monde. C’est pourquoi le Sauveur dit à Pierre : Je vous ai confié une grande charge, donnez-y tous vos soins, remplissez-en les devoirs, combattez, luttez. Et que vous importe, si je veux que Jean demeure? Pour vous, attachez-vous à ce qui vous regarde, et appliquez-y toute votre attention. Considérez ici, je vous prie , mes frères, combien l’évangéliste est exempt de vanité. Après avoir rapporté l’opinion des disciples, il la corrige, comme s’ils n’avaient point compris les paroles de Jésus-Christ, et dit. « Jésus, néanmoins, n’avait pas dit : Il ne mourra point, mais : si je veux qu’il a demeure ». » (Commentaire sur l’Evangile selon St Jean, 88 (alias 87), 1 ; Saint Jean Chrysostome — Oeuvres complètes ; sous la direction de M. Jeannin , L. Guérin & Ce, Éditeurs 1865, Tome 8, Chapitre 88 , page 553)

En d’autres occasions il écrit :

« Saint Pierre, le coryphée de cette assemblée, […] mis à la tête du monde entier, […] fondement de l’Eglise. » (Homélie sur le passage Hoc scitote [II Timothée III, 1], n°4 ; PG, 56/275)

« Il s’agissait de confier à l’apôtre Pierre les Eglises de l’univers entier, la multitude des peuples, et pour tout dire, les clefs du royaume des cieux. Que lui dit en effet le Seigneur ? Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel. Mais voyez dans quel péché il a permis que tombât ce grand apôtre le chef de tout le collège apostolique, ce fondement inébranlable, cette pierre immobile, capable de résister à tous les assauts, ce prince de l’Eglise, ce port imprenable, cette forte et invincible tour. Pierre, dis-je, cette colonne et ce rempart de l’Eglise, a cédé non pas même à des menaces, mais à un simple mot d’une servante. Un mot d’une simple fille s’est fait entendre, et cette colonne a été ébranlée. Elle a dit, et le rempart a chancelé. Dieu a permis ce péché dans celui qui allait avoir la charge de l’Eglise entière, dans cette colonne de toutes les Eglises du monde, dans ce port où la foi ne pourra faire naufrage, dans ce docteur chargé de l’enseignement de tout le monde, sans doute pour que, lorsqu’il aurait à gouverner les peuples, il ne se montrât pas sévère et inexorable, mais plutôt compatissant pour les fautes de ses frères. » (Homélie sur les saints Pierre Apôtre et le prophète Élie)

Et il dit que la « reine des villes », c’est-à-dire Rome, brille de son éclat :

« Tandis que le pêcheur Pierre, qui n’avait rien fait de tout cela, s’empare de la reine des villes, et brille, même après son trépas, d’une lumière plus vive que celle du soleil, parce qu’il se mit à la recherche de la vertu, ta conduite est ridicule et honteuse. » (Sur le psaume 48, n° 6 ; PG, 55/232)

On peut noter que saint Jean Chrysostome parle à au moins deux reprises des fautes de saint Pierre, invoquées par les antiromains pour « prouver » qu’il n’était pas le chef des apôtres, en même temps qu’il réaffirme qu’il est le fondement de l’Eglise :

« Pierre, le coryphée des apôtres, le premier dans l’Eglise, l’ami du Christ, celui qui a reçu la révélation non pas des hommes, mais de Dieu, selon le témoignage rendu par le Seigneur : Bienheureux es-tu, Simon, fils de Jona, parce que ce n’est ni la chair ni le sang qui t’ont révélé mes mystères; mais c’est mon Père qui est dans les cieux (Matth. XVI, 17); ce Pierre que j’appelle ainsi parce que j’entends désigner le roc indestructible, la base inébranlable, le grand apôtre, le premier d’entre les disciples, le premier appelé et le premier obéissant, ce Pierre a commis une faute, non pas une faute légère, mais la plus grave que possible, en reniant le Seigneur : je le dis, non pas pour incriminer le juste, mais pour donner un modèle de pénitence ; il a renié le Maître même de l’univers, le Protecteur et le Sauveur de toute créature. Mais, pour prendre ce sujet de plus haut, rappelons qu’un jour le Sauveur, voyant quelques disciples abandonner son enseignement, dit à Pierre : Et toi, ne veux-tu pas te retirer aussi ? Mais Pierre lui répondit : Quand même il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas (Matt. XXVI, 35.) Que dis-tu, Pierre ? C’est Dieu qui te dénonce et tu résistes ! Sans doute la bonne volonté de Pierre s’est montrée, mais la faiblesse de la nature s’est trahie et quand cela? Dans la nuit où le Christ fut livré : en ce moment donc, dit l’Evangile, Pierre se tenait auprès du foyer et se chauffait, lorsqu’une jeune fille s’approcha et lui dit : Hier, tu étais, toi aussi, avec cet homme. (Matth. XXV1, 69.) Et il répondit: Je ne connais pas cet homme (Marc, XIV, 68); et ainsi une deuxième, puis une troisième fois; et la dénonciation fut vérifiée. Alors le Christ regarda Pierre, lui parla le langage des yeux : il évita de lui parler des lèvres afin de ne pas accuser en face des Juifs et de ne pas couvrir de honte son propre disciple, mais il lui parla le langage des yeux comme pour lui dire : Pierre, ce que j’ai annoncé est arrivé. Pierre comprit et il se prit à pleurer; il pleura, il versa non pas (les larmes telles quelles, mais des lamies amères, faisant de ces larmes l’eau d’un second baptême; et par ces larmes amères il se purifia de son péché, de telle sorte qu’ensuite il reçut en garde les clefs du ciel. Et si les larmes de Pierre ont effacé un péché si énorme, comment se pourrait-il que vous n’obtinssiez pas remise du vôtre, si vous pleurez de même? Ce ne fut pas une faute légère que de renier le Seigneur, ce fut un crime considérable, terrible : et pourtant les larmes l’ont effacé. » (IIIè Homélie sur la pénitence 3, « De l’aumône et des vierges », n°4)

« Jésus montre lui-même avec quelle ardeur il souhaitait sa passion ; car lorsque le prince des apôtres; le fondement de l’Eglise, le choryphée du chœur des disciples, lui eut dit par ignorance: A Dieu ne plaise, Seigneur, cela né vous arrivera point (Matth. XVI, 22-23), écoute quel nom il lui donna : Retire-toi de moi, Satan, tu m’es un scandale. Par l’exagération de ce reproche il montre avec quelle ardeur il se portait à la mort. De plus il a voulu que sa résurrection s’accomplît loin des regards et dans l’ombre , laissant à l’avenir le soin de la prouver; mais pour la croix, c’est au milieu de la ville, au milieu d’une fête, au milieu du peuple hébreu, c’est en présence des juges de deux tribunaux, du tribunal romain et du tribunal juif, et au moment même où la solennité pascale avait rassemblé toutes les tribus, c’est en plein jour, c’est sur le théâtre où se portait toute la terre qu’il l’a supportée; et, comme ceux-là seuls qui étaient présents, pouvaient voir son supplice, il ordonna au soleil de se couvrir de ténèbres, pour apprendre ainsi à tout l’univers ce qu’il osait endurer. Cependant, je le répète, sa mort a été pour beaucoup une pierre d’achoppement. Mais il faut considérer, non ceux qu’elle a perdus, mais ceux qu’elle a sauvés, ceux qu’elle a relevés. » (Discours contre ceux qui se scandalisent, XVII)

Saint Jean Chrysostome, chassé à deux reprises de son siège de Constantinople par les évêques courtisans, et envoyé en exil, il en appelle au jugement de l’évêque de Rome, Innocent Ier, en lui adressant deux lettres, qui figurent au troisième tome de ses œuvres. Nous suggérons de lire ce qu’en écrit Mgr Justin FÈVRE dans son Histoire apologétique de la Papauté, tome III, pages 183-189.

Dans la première, il dit qu’il faut informer l’évêque de Rome des affaires les plus graves, afin qu’il puisse au plus vite intervenir (n° 1) (PG, 52/530-531) et il ajoute que c’est son rôle d’écrire pour éviter que le jugement injuste garde sa valeur (n° 4) (PG, 52/534). Dans la seconde (PG, 52/535-536), dit-il, la vigilance du pape doit se faire d’autant plus avertie que les flots s’élèvent plus haut, que les récifs cachés dans les vagues sont plus nombreux et que les tempêtes font davantage rage : tel un bon pilote, il se doit se tenir particulièrement éveillé quand il voit la mer se gonfler. Il insiste en disant que le pape Innocent doit combattre pour défendre le monde entier, pour protéger les églises ruinées et abattues, pour réunir les peuples divisés, pour soutenir le clergé persécuté, pour venir en aide aux évêques exilés, pour réagir en faveur de la constitution des pères qui a été violée. Il précise que la charité du pape a été pour lui comme un rempart, une sécurité, un port, un trésor de biens sans nombre, une source de joie et d’allégresse merveilleuse.

Il existe des contestations au sujet de la doctrine de saint Jean Chrysostome. Certains disent qu’ils ne croyait pas à la fondation de l’Église sur la personne de saint Pierre, la réponse est dans cet article et celui-ci ; d’autres disent qu’il ne reconnaissait pas la primauté romaine, la réponse détaillée est dans celui-ci.

10 commentaires sur “Qui de saint Pierre ou de saint Jacques avait la primauté au concile de Jérusalem ?

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  3. Christian GUIE
    25 février 2016

    (Y) cool

  4. Andrea Kouadio
    25 février 2016

    Bonsoir. J’aime vous lire , j’apprends beaucoup à travers vos écrits. Que le Seigneur vous bénisse et continue de vous donnez sa lumière. J’ai une demande , qui est la suivante : est ce que vous pouvez parler du baptême des Bébés dans l’église catholique , j’entends souvent dit que le baptême c’est pour ceux qui sont grand et consciencieux , et aussi parler du baptême par aspersion, je vue une évangélique écrire comme quoi le baptême catholique était pas reconnu Parce qu’il n’est pas fait pas immersion. Donc voilà j’ai un peu fouillé pour voir si vous avez écrit sur le baptême mais j’ai rien vue. Merci et bonne soirée.

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