+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Saint Pierre a-t-il un successeur ?

Dossier sur la Papauté : ici

Nous avons précédemment prouvé que le Christ avait fondé son Eglise sur Pierre (Matthieu XVI, 18), qu’il en avait fait son premier ministre en tant que Roi des Cieux (Matthieu XVI, 19), qu’il lui avait promis que se foi ne défaillirait pas, ce que nous appelons l’infaillibilité (Luc XXII, 32) et enfin qu’il lui confia la charge de paître ses brebis et ses agneaux, c’est-à-dire de gouverner toute son Eglise (Jean XXI, 15-17). Mais pour exposer bibliquement la doctrine de la Papauté, cela ne suffit pas. En effet, il faut aussi démontrer que Pierre a un successeur dans ces promesses et prérogatives ; et montrer qui est ce successeur.

Voici le plan de notre étude : 

I) La pierre de fondement de l’Eglise doit exister jusqu’à la fin des temps

A) Une nécessité logique

B) L’enseignement des Pères de l’Eglise

C) Le IIIè concile de Constantinople : une preuve définitive pour les Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tous ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes

II) La fonction de premier ministre de Pierre est par nature transmissible

III) L’Eglise aura toujours besoin d’un chef pour la gouverner

IV) Pour demeurer stable, l’Église a besoin d’un chef

V) Qui est le successeur de saint Pierre ?

A) L’Ecriture Sainte nous indique que l’Eglise attirera tout à elle là où saint Pierre sera crucifié

B) Les Pères de l’Eglise sont unanimes à dire que c’est l’évêque de Rome qui est le successuer de saint Pierre

I) La pierre de fondement de l’Eglise doit exister jusqu’à la fin des temps

A) Une nécessité logique

La première raison biblique est que Pierre étant la pierre sur laquelle est fondée l’Eglise, cette pierre doit toujours demeurer à la fondation de l’édifice qu’est l’Eglise, sinon l’édifice s’écroule. En effet, comme l’écrit Dom Prosper GUÉRANGER, OSB, Abbé de Solesmes:

« Un fondement posé par Dieu lui-même ne saurait manquer. Si l’édifice qu’il porte doit durer, c’est au fondement inébranlable qu’il le devra. Jésus donne donc à Simon une qualité qu’il n’avait pas auparavant. Jusque-là il était simple apôtre comme les autres ; désormais il est mis à part. Son nom est changé ; il s’appellera la Pierre. Or, la Pierre est un des noms prophétiques du Christ lui-même. Le Messie est annoncé comme devant être la Pierre choisie, angulaire, fondamentale [Isaïe XXVIII, 16, rappelé par saint Pierre lui-même en I Pierre II, 4, voir aussi I Corinthiens III, 11]. C’est donc son propre nom que Jésus donne à Simon, comme s’il lui disait : « Je suis la Pierre inviolable, la Pierre angulaire, qui réunis en un deux choses ; je suis le fondement auquel nul n’en peut substituer un autre ; mais toi aussi, tu es Pierre ; car ma force devient le principe de ta solidité, en sorte que ce qui m’était propre et personnel à ma puissance, te devient commun avec moi par participation. » [Pape saint Léon le Grand, In  Assumptionis suae. Serm. IV]

Pierre est donc, avec Jésus-Christ et en Jésus-Christ, le fondement de l’Église, et l’Église ne saurait exister en dehors de ce fondement inébranlable. Qui dit Pierre, dit toute la suite de ses successeurs, parce que Pierre ne peut mourir ; autrement, l’Église n’ayant plus de fondement ne subsisterait pas. Les prérogatives de Pierre sont personnelles en lui et en toute la succession des Pontifes romains, que la tradition tout entière a reconnu ne former avec lui qu’une seule personne, quant aux droits du Pontificat.

Le fondement est unique, super hanc Petram, parce qu’il n’y a qu’un seul Christ ; il est unique, parce qu’il n’y a qu’une seule Église. Tout doit reposer sur ce fondement, et les apôtres et les disciples ; et les évêques et les prêtres et le peuple fidèle, en un mot l’Église tout entière : super hanc Petram ædificabo Ecclesiam meam.

En posant ce fondement, Jésus-Christ devait le rendre inébranlable, le garantir de la chute ; autrement, le fondement entraînerait avec lui l’édifice, ou l’édifice devrait désormais reposer sur un autre fondement. Or, d’un côté, l’Église ne peut périr ; de l’autre, elle n’est l’Église que parce qu’elle est établie sur la Pierre. » (De la Monarchie Pontificale, 2è édition, 1870, pp. 140-142)

De plus, il convient de noter que Jésus dit « sur cette pierre je bâtirai mon Eglise », plutôt que par ‘sur toi’, en se référant à Pierre. C’est parce que tandis que Pierre est par définition ‘la pierre’ / le rocher, la fonction qu’Il établit en Pierre (la Papauté) durera à travers les âges bien après que Pierre soit mort. Cette fonction est instituée avec Pierre, mais ne sera pas limité à Pierre… car il aura des successeurs ! En effet, le fondement d’un édifice doit durer aussi longtemps que l’édifice lui-même, sinon ce dernier s’effondre… Rappelons nous que le Christ promet à ses apôtres et donc à son Eglise d’être avec eux « tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu XXVIII, 20)

B) L’enseignement des Pères de l’Eglise

Il faut qu’il y ait toujours quelqu’un qui soit dépositaire des promesses du Christ et des prérogatives de Pierre, sinon les éléments essentiels de l’indéfectibilité que le Christ promet à son Eglise cessent d’exister. C’est pourquoi Pierre doit nécessairement avoir un successeur. C’est ce qu’a reconnu l’antiquité chrétienne. Nous précisions que nous produisons des témoignages ne mentionnant pas explicitement saint Pierre, mais qui appellent le siège de Rome « siège apostolique« , ce qui revient au même car cela veut dire qu’un apôtre fut l’Evêque de Rome. Et cet apôtre ne peut être que saint Pierre, non seulement parce que toutes les autres preuves, y compris une foule de Pères de l’Eglise explicites, indique ce denier comme premier Evêque de Rome, mais aussi parce que s’il y a plusieurs sièges apostoliques, avec le temps, les Pères de l’Eglise se sont mit à désigner Rome comme le siège apostolique, puisque saint Pierre était le chef des apôtres, ainsi son siège est le seul à conserver un rôle apostolique autre que le simple épiscopat, contrairement aux autres sièges apostoliques.

Tertullien (vers 155-vers 230)

« Maintenant, je prends acte de ta déclaration, pour te demander à quel titre tu usurpes le droit de l’Eglise. Si de ce que le Seigneur a dit à Pierre : « Je bâtirai mon Eglise sur cette pierre; Je t’ai donné les clefs du royaume des Cieux » (Matthieu XVI, 1819), ou bien : « Tout ce que lu lieras ou délieras sur la terre, sera lié ou délié dans les cieux » (Matthieu XVI, 19) ; tu t’imagines orgueilleusement que la puissance de lier et de délier est descendue jusqu’à toi, c’est-à-dire à toute l’Eglise, qui est en communion avec Pierre, quelle est ton audace de pervertir et de ruiner la volonté manifeste du Seigneur, qui ne conférait ce privilège qu’à la personne de Pierre ? « C’est sur toi que je bâtirai mon Eglise » (Matthieu XVI, 18), lui dit-il ; « c’est à toi que je donnerai les clefs », et non à l’Eglise. « Tout ce que tu lieras ou que tu délieras etc. » (Matthieu XVI, 19) ; mais non pas tout ce qu’ils lieront ou délieront. » (De la pudicité, XXI, 4)

On remarque d’ailleurs que c’est saint Pierre seul qui est désigné comme ayant reçu les clefs du Royaume des Cieux, non pas que Tertullien ait nié que les autres apôtres l’aient aussi reçu, mais il témoignait que c’est principalement saint Pierre qui les reçut comme chef des autres. Et il témoigne de la foi de l’Eglise de son temps que les Evêques de Rome héritent de cette prérogative. Voir notre article :

Comment Tertullien (vers 155-vers 230) témoigna, après en être sorti, que la véritable Eglise obéissait à l’Evêque de Rome

Saint Cyprien de Carthage (vers 200-258)

« Après tout cela, ils se sont encore fait sacrer un pseudo-évêque par des hérétiques, et c’est dans ces conditions qu’ils osent passer la mer, pour venir au siège de Pierre et l’Église principale, d’où l’unité épiscopale est sortie, et y apporter des lettres de schismatiques et de profanes. Ils ne réfléchissent donc pas que ce sont là les mêmes Romains dont l’Apôtre a loue la foi et auprès de qui la perfidie ne saurait avoir accès. » (Lettre 59 [55] au pape Corneille, chapitre 14)

Saint Firmilien de Césarée (mort en 256)

Le cas de saint Firmilien, ensemble avec celui de saint Cyprien sont souvent pris en exemple par les adversaires de la Papauté au motif de l’opposition au Pape qui fut la leur, et particulièrement les injures de saint Firmilien contre le Pape saint Étienne. Mais en réalité cet épisode n’est pas utilisable par les négateurs de la Papauté, comme nous le démontrons dans l’annexe de notre article Saint Cyprien témoigne de la Papauté dans l’affaire des lapsi dans lequel nous prouvons d’ailleurs, comme son titre l’indique, que l’attitude de saint Cyprien prouve au contraire que ses contemporains et lui croyaient en la Papauté. Mais au delà de cela, la lettre dans laquelle saint Firmilien injurie le Pape, laisse transpirer malgré elle la foi de l’Église en la Papauté. Laissons-lui la parole :

« Et ici une juste indignation s’empare de moi devant l’évidente et manifeste folie d’Étienne. Ne le voit-on pas, lui, si fier du rang de son siège épiscopal, lui qui revendique l’honneur d’être le successeur de Pierre, sur qui ont été établis les fondements de l’Église, introduire beaucoup d’autres pierres, et beaucoup de nouvelles Églises, en prêtant au baptême qui se donne chez les hérétiques l’appui de son autorité ? Ce sont les baptisés, incontestablement qui remplissent les cadres de l’Église. Celui donc qui approuve leur baptême, admet aussi qu’il y a là une Église composée de ces baptisés. Et il ne s’aperçoit pas qu’on obscurcit, qu’on anéantit en quelque sorte la vérité de la pierre chrétienne, en trahissant ainsi et en abandonnant l’unité. Les Juifs, bien qu’aveuglés, et chargés du plus grand des forfaits, ont cependant, au témoignage de l’apôtre, le zèle de la gloire de Dieu. Étienne, qui se vante de succéder à Pierre et d’occuper sa chaire, n’est animé d’aucun zèle contre les hérétiques, puisqu’il leur accorde au point de vue de la grâce, non un petit, mais un grand pouvoir. Il dit en effet, il soutient que, par le sacrement de baptême, ils effacent les souillures du vieil homme, relèvent des anciens péchés et de la mort, donnent par une nouvelle et divine régénération des enfants à Dieu, et par la sanctification du bain céleste rendent apte à la vie éternelle. » (Lettre à Cyprien, conservée par saint Cyprien : Lettre 75 (74), 16)

Ce document est intéressant car il prouve que saint Firmilien croit  non seulement que l’Église est fondée sur Pierre et que l’évêque de Rome est son successeur, mais encore que cette succession implique un privilège particulier pour ce qui est de la foi. En effet, il parle de :

« l’évidente et manifeste folie d’Étienne […] lui, si fier du rang de son siège épiscopal, lui qui revendique l’honneur d’être le successeur de Pierre, sur qui ont été établis les fondements de l’Église, introduire beaucoup d’autres pierres, et beaucoup de nouvelles Églises, en prêtant au baptême qui se donne chez les hérétiques l’appui de son autorité ? […] Étienne, qui se vante de succéder à Pierre et d’occuper sa chaire, n’est animé d’aucun zèle contre les hérétiques, puisqu’il leur accorde au point de vue de la grâce, non un petit, mais un grand pouvoir. »

Si l’évêque de Rome occupe la « chaire de Pierre », il ne s’agit pas sa chaire physique, mais de sa fonction. Aussi, Firmilien témoigne qu’Étienne occupe la chaire de Pierre  « sur qui ont été établis les fondements de l’Église« , ce que Firmilien ne conteste pas, et que, selon lui à tort, il « appui de son autorité » les baptêmes des hérétiques et ainsi d’accorder à ceux-ci un « au point de vue de la grâce, non un petit, mais un grand pouvoir ». Qu’est-ce que tout cela pourrait-il bien faire si l’évêque de Rome n’avait pas de prérogative sur l’Église universelle en matière de foi ? De quelle autorité pourrait-il bien couvrir quoi que ce soit ? Et quel motif pousserait à mentionner qu’il succède à saint Pierre ? Il est d’ailleurs stupéfiant de constater que malgré son grave désaccord avec le Pape, il ne remet pas la Papauté en cause, indice que cette dernière était un article de foi indiscutable :

« Il fallait qu’il fût bien impossible de nier le double fait du séjour de saint Pierre à Rome et de la transmission de son autorité aux évêques de cette ville, pour que Firmilien, si irrité, ne le niât pas, et qu’il raillât seulement Étienne de ses soins à faire valoir un titre qu’il ne soutenait guère, disait-il, par son enseignement. L’Église a justifié Étienne de sa folie et pardonné à Firmilien les emportements de son zèle en les rangeant tous deux au nombre des saints. La papauté n’a pas été rancunière » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome 4, page 160-161)

Cette lettre prend place dans le contexte de la querelle des rebaptisants qui vu s’affronter les saints. Il s’agissait de savoir si les baptêmes administrés par des hérétiques pouvaient être valides. La réponse est oui. Mais ce fut alors un conflit atroce qui vit entre autres le Pape saint Étienne soutenir la validité de ces baptêmes et saint Cyprien ainsi que saint Firmilien la nier.

« Saint Denys d’Alexandrie, dans une lettre au pape Étienne. ibid. [Eusèbe, Histoire ecclésiatique]., VII, nomme Firmilien au premier rang des évêques d’Asie Mineure qui réprouvaient le novatianisme. Mais la part active que Firmilien a prise à querelle baptismale du siècle forme le côté le plus saillant et le plus important de son épiscopat. Entre 230 et 235, on voit l’évêque de Césarée siéger dans les conciles d’Iconium et de Synuada, tenus l’un et l’autre en Phrygie, qui rejettent tout baptême administré hors de l’Église, établissant ainsi dans l’Asie Mineure la même règle que le concile de Carthage, vers 220, avait formulée en Afrique. De là, vers la fin de 253, la mésintelligence du pape Étienne et de Firmilien, soutenu par tes évêques de Cappadoce, de Cilicie et des provinces voisines. Peu s’en fallut que le pape, Eusèbe, H. E., VII, 5, P. G., t. XX, col. 645, ne fulminât l’excommunication contre tous ces évêques, qui persistaient à renouveler, contrairement à l’usage de Rome, le baptême conféré par hérétiques. Seule l’intervention de saint Denys d’Alexandrie, ibid., VII, 3, P. XX, col. 641, détourna le coup de leur tête. Mais le conflit s’envenima, lorsque le pape Étienne, dans le courant 256, enjoignit aux évêques d’Afrique comme à ceux d’Orient de se conformer sur la question du baptême, à l’usage de Rome et les menaça de rompre au besoin rapport avec eux. Un peu avant ou aussitôt après le concile de Carthage du 1er septembre, saint Cyprien envoya la diacre Rogatien à l’évêque de Césarée, pour nouer des relations avec lui et s’encourager à la résistance par son exemple. La lettre de saint Cyprien est perdue ; mais nous avons encore la longue lettre dans laquelle Firmilien approuve sans réserve les principes et l’attitude de son collègue, et qui, traduite du grec en latin par saint Cyprien lui-même, selon toute apparence, forme le n. 75 du recueil des lettres de ce dernier, P. L., t. III, col. 1101 Sq. Lettre virulente et irrévérencieuse envers le pape Étienne, à ce point que l’authenticité en a été autrefois contestée. Molkenbuhr, Binae dissertationes de S. Firmiliano, Münster, 1790, P.L., t. III, col. 1357-1418. Elle ne l’est plus aujourd’hui : locutions et manuscrits, tout attesté la main de l’évêque de Césarée. Acta sanctorum, Bruxelles, 1867, t. XII, octobris, p. 480-493. » (P. GODET, Dictionnaire de théologie catholique, article « FIRMILIEN »)

Saint Sirice (vers 320-399)

« Nous ne refusons pas à ta demande la réponse qui convient, puisque eu égard à Notre charge, Nous n’avons pas la liberté de pouvoir dissimuler ou taire quelque chose, puisque plus qu’à tous Nous incombe le zèle pour la religion chrétienne. Nous portons les charges de tous ceux qui peinent, et plus encore : les porte en Nous le bienheureux apôtre Pierre dont Nous croyons avec confiance qu’il Nous protège et Nous garde en toutes choses comme l’héritier de son ministère… » (Lettre Directa ad decessorem, 10 février 385, à l’évêque Himère de Tarragone, Introduction, §1)

 

« Maintenant, que tous vos prêtres observent la règle ici donnée, à moins qu’ils ne souhaitent être arrachés à la roche solide et apostolique sur laquelle Christ a construit l’Église universelle. » (Lettre Directa ad decessorem, 10 février 385, à l’évêque Himère de Tarragone, II)

 

« Maintenant Nous encourageons encore et encore le propos de ta fraternité d’observer les canons et de garder les décrets édictés, pour que ce que Nous avons écrit en réponse à ta demande, tu fasses en sorte que cela soit porté à la connaissance de tous nos coévêques, et non pas de ceux-là seulement qui se trouvent dans ta province ; mais ce qui a été déterminé par Nous selon une ordonnance salutaire doit être envoyé aussi, accompagné de ta lettre, à tous les évêques de Carthage, de la Bétie, de Lusitanie et de Galice. Et bien qu’aucun prêtre du Seigneur n’ait la liberté d’ignorer les décisions du Siège apostolique ou les déterminations vénérables des canons, il pourra être néanmoins très utile et — compte tenu de l’ancienneté de ton sacerdoce — très glorieux pour ta Charité, que ce qui t’a été écrit à titre spécial en termes généraux soit porté, par ton souci de l’unanimité, à la connaissance de tous nos frères : afin que qui a été édicté par Nous, non pas de façon inconsidérée mais de façon circonspecte, avec une grande prudence et longue réflexion, demeure inviolé, et qu’à l’avenir soit fermée la voie des excuses, laquelle ne pourra plus être ouverte à personne auprès de Nous. » (Lettre Directa ad decessorem, 10 février 385, à l’évêque Himère de Tarragone, XV, §20)

Saint Damase (304-384)

« Quand votre charité, mes très-chers, et très-honorés fils, rend un profond respect au S. Siège Apostolique, elle agit très avantageusement pour vous-même. Car bien que je sois obligé de tenir le ce gouvernail de l’Eglise, où le saint Apôtre a enseigné la doctrine de l’Evangile, je me tiens tout à fait indigne de cet honneur, et travaille autant que je puis pour arriver à la félicité qu’il possède. Vous saurez donc, s’il vous plaît, que nous avons condamné le profane Timothée Disciple de l’hérétique Apollinaire, avec sa doctrine toute remplie d’impiété, et que nous espérons qu’aucun reste de sa secte ne subsistera à l’avenir. Que si ce vieux serpent revit pour son supplice, bien qu’il ait été frappé une, ou deux fois, et chassé hors de l’Eglise, et qu’il tâche de corrompre par son venin quelques fidèles, ayez soin de l’éviter, et vous souvenant toujours de la foi des Apôtres qui a été écrite, et publiée par les Évêques dans le Concile de Nicée, demeurez y fermes, et immuables  sans  permettre que ni le Clergé, ni le peuple qui sont commis à votre conduite, prêtent l’oreille aux questions vaines qui ont été abolies. Car nous avons déjà établi cette règle, que quiconque fait profession d’être Chrétien, doit observer tout ce qui est contenu dans la tradition des Apôtres, selon ce que dit le bienheureux Paul :

« Si quelqu’un vous prêche un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème. » [Galates I, 9]

Jésus-Christ fils unique de Dieu, notre Seigneur a mérité par ses souffrances. une rédemption parfaite à la nature humaine, et a délivré l’homme entier de tout péché. Quiconque dit qu’il a eu ou une divinité, ou une humanité imparfaite, est rempli de l’esprit du démon, et montre qu’il est un fils de perdition. Qu’est-il donc besoin que vous me demandiez que je dépose Timothée, puisqu’il a déjà été déposé avec Apollinaire son Maître, par le jugement du Siège Apostolique, rendu en présence de Pierre Évêque d’Alexandrie, et qu’il souffrira au jour du Jugement les supplices qu’il mérite ? Que s’il attire à son opinion de faibles esprits, et qu’après avoir renoncé à l’espérance qu’il devait avoir en Jésus-Christ, il mette sa confiance en la multitude des personnes qui le suivent, tous ceux qui voudront s’opposer avec lui aux règles de l’Église, périront aussi avec lui. Je prie Dieu qu’il vous conserve, mes très-chers fils. » (Lettre de Damase Évêque de Rome contre Apollinaire et Timothée, cité in Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, V, 10)

Saint Optat de Milève (mort vers 397)

Saint Augustin cite Optat aux côtés d’hommes disparus depuis longtemps, cet évêque « de vénérable mémoire » apparaît comme l’égal d’Ambroise de Milan.

« tous conservent l’unité dans l’unique chaire de saint Pierre. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, Chapitre 2, PL, 11/947)

 

« Nous prouvons que l’Église catholique est celle qui est répandue dans tout l’univers. Il s’agit maintenant d’énumérer ses privilèges, et de voir où ils se trouvent dans leur nombre de cinq ou de six, comme vous le dites. Le premier de ces privilèges, c’est de posséder une chaire qu’occupe un évêque, qui soit comme l’anneau sans lequel il n’y aurait pas lieu d’y joindre d’autres propriétés ; et il s’agit par conséquent de voir quel est l’évêque qui a siégé le premier, et où il a fixé son siège. Apprenez-le, si vous l’ignorez encore ; rougissez, si vous ne l’ignorez pas. On ne peut supposer que vous l’ignoriez ; il reste donc à dire que vous le savez. Errer avec connaissance de cause, c’est ce qui fait le crime. Car pour ce qui est de l’ignorance, elle est quelquefois excusable. Vous ne sauriez donc nier, sous prétexte d’ignorance, qu’à Rome Pierre ait le premier occupé la chaire épiscopale ; Pierre, le chef de tous les apôtres, et appelé pour cette raison Céphas [Ici saint Optat commet assez visiblement une erreur d’étymologie : le mot Cephas ne vient pas, comme il semble le croire, du mot grec κεφαλη, tête ou chef ; mais c’est un mot syriaque qui signifie la même chose que pierre ou rocher : « Tu vocaberis Cephas, quod interpretatur Petrus » (Jean, I, 42). Au reste, le mot grec κεφαλη peut avoir lui-même pour étymologie le mot syriaque כיפא]. C’est cette chaire qui doit être pour tout le monde le centre de l’unité, et à laquelle les autres apôtres n’ont jamais pu avoir la pensée d’opposer leurs chaires particulières ; en sorte que ce serait commettre ce crime de schisme, que d’élever aujourd’hui une autre chaire en opposition avec celle-là. Donc cette chaire unique, première des propriétés de l’Eglise, a été occupée par Pierre le premier. A Pierre a succédé Lin ; à Lin a succédé Clément ; à Clément Anaclet ; etc. ; à Jules, Libère ; à Libère Damase ; et à Damase, Sirice, qui est aujourd’hui notre collègue, et avec lequel tout l’univers, en même temps que nous-même, est en société de communion par le commerce des lettres formées [On trouvera dans le Protestantisme et la règle de foi du Père Giovanni/Jean PERONNE, tome II, p. 116578 et suivantes (traduction française par le Chanoine Adolphe-Charles PELTIER) ce qu’on doit entendre par lettres formées. Le tome I est disponible à la lecture en ligne ici, et le tome II ici]. Vous, à votre tour, dites quelle est l’origine de votre chaire épiscopale, vous, qui vous attribuez les privilèges de la vraie Eglise. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, Chapitres 2-3 ; PL, 11/946-950)

Juste après avoir donné la liste des évêques de Rome, démontre que les schismatiques sont en dehors de l’Église catholique en donnant pour preuve qu’aucun de leurs évêques n’est en communion avec la chaire de Rome et il conclut ainsi :

« Cette chaire est le premier de tous les dons du Christ, et comme nous l’avons prouvé c’est saint Pierre qui nous l’a communiqué. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, chapitre 6 ; PL, 11/958)

 

« Et cette chaire de saint Pierre qui nous a été donnée est le principe grâce auquel nous parviennent tous les autres dons. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, chapitre 6 ; PL, 11/958)

Dans ce passage, saint Optat entend désigner avec cette prérogative de la chaire la note d’apostolicité, qui se trouve chez tous ceux qui sont en communion avec cette chaire, où réside la source et l’origine du pouvoir apostolique.

« Pour le bien de l’unité, le béni Pierre, pour qui il aura suffi que, après son reniement, il n’eût obtenu que le pardon, pour mériter d’être préféré à tous les Apôtres, et seul il a reçu les clefs du Royaume des Cieux pour les communiquer aux autres. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre VII, Chapitre 3 ; PG 11/1087)

Saint Ambroise (vers 340-397)

Saint Ambroise montre que l’on doit identifier les véritables catholiques en se basant sur un seul indice, celui qui nous est donné avec le siège de saint Pierre, c’est-à-dire avec la communion de l’Église de Rome. Voici en effet ce qu’il écrit au sujet de son frère Satyre, qui échappa à un naufrage alors qu’il était encore catéchumène et voulut recevoir sans tarder le baptême, mais uniquement d’un évêque catholique. Il donne en exemple et examine comment son frère a fait preuve de prudence et de sagesse lorsqu’il demandait dans les diverses régions de l’étranger s’il y avait un évêque catholique, c’est-à-dire un évêque qui fît partie de l’Église de Rome :

« Il fit venir à lui l’évêque de l’endroit, ne croyant pas qu’il y eût de véritable grâce en dehors de celle de la vraie foi. Il lui demanda s’il était en communion avec les évêques catholiques c’est-à-dire avec l’Église de Rome, et peut-être le schisme avait-il alors ses adhérents dans cette contrée : car c’était le temps où Lucifer s’était séparé de notre Eglise. » (Sur la mort de son frère Satyre, Livre 1, n° 47 dans PL, 16/1306)

Et pourquoi parlait-il de l’Église de Rome, et non de celle de Jérusalem, d’Antioche ou de Constantinople, sinon parce que c’est l’Église de Rome qui se retrouve sans aucun doute comme leur tête dans toutes les églises catholiques ? Parce qu’il s’agit du « Siège de Pierre »:

« ceux qui n’ont pas au milieu d’eux le siège de Pierre, qui le déchirent par un schisme impie, n’ont pas de part à l’héritage de Pierre » (De la pénitence, Livre I, Chapitre 7, n°33)

Saint Jérôme de Stridon (347-420)

On trouvera toutes les preuves que saint Jérôme reconnaissait en l’Evêque de Rome le successeur de Pierre dans notre article :

Saint Jérôme (347-420) sur « la Chaire de Pierre sur laquelle l’Eglise est bâtie »

Saint Augustin (354-430)

On trouvera tous les témoignages de saint Augustin à ce sujet dans notre article :

Un Papiste nommé saint Augustin

Saint Pélage Ier affirma, comme une évidence, à des évêques de Toscane que telle était la doctrine de saint Augustin :

« Avez-vous pu oublier les prérogatives du Siège Apostolique au point de me croire capable d’autoriser moi-même un schisme dans l’Eglise ? A Dieu ne plaise que la Siège de Pierre, établi pour garder le dépôt de la Foi, se laisse entraîner par le mouvement populaire selon les caprices de l’opinion ! […] Le très bienheureux Augustin d’illustre mémoire, s’appuyant sur les paroles de Notre-Seigneur, place le fondement de l’Eglise dans le Siège Apostolique. Il déclare schismatiques ceux qui repoussent l’autorité ou se séparent de la communion du Pontife Romain. Il ne connaît d’autre Eglise que celle qui a ses racines dans la pierre fondamentale. Comment donc pouvez-vous croire que vous n’être pas séparés de la communion d’avec le monde entier sans faire mémoire de mon nom dans la célébration des Saints Mystères, alors que quoiqu’indigne, c’est en mon humble personne que s’est transmise l’hérédité du Siège Apostolique par la succession de l’épiscopat et que se concentre à l’heure actuelle son immutabilité.

Cessez donc, vous et les fidèles confiés à votre direction, de soupçonner la foi que je professe. […] S’il vous reste sur ce point quelques difficultés à éclaircir, venez sans crainte me les exposer ; car, suivant la parole de l’Apôtre, nous sommes toujours prêt à rendre compte de notre Foi [I Pierre III, 16]. » (Lettre V [alias VI] aux Evêques de Tuscie ; PL 69, colonnes 397 à 399)

Les conciles de Carthage (juin 416) et de Milève (septembre 416)

Saint Augustin présida également les conciles de Carthage et de Milève. Les Pères de ces deux conciles et lui-même, demandèrent a l’évêque de Rome, saint Innocent Ier de confirmer leur décisions. Voici la lettre du concile de Carthage :

« Nous avons cru, vénérable frère, devoir porter cet acte à la connaissance de votre charité, afin que vous confirmiez par l’autorité du siège apostolique les décisions de notre médiocrité pour mettre à couvert le salut d’un grand nombre, et corriger au besoin la perversité de quelques-uns.  […] Quand même donc Pélage paraîtrait à votre sainteté avoir été justement absous par certains actes qu’on dit être des évêques d’orient, son erreur et son impiété, qui compte en divers pays tant de partisans, n’en devrait pas moins être anathématisée par l’autorité du siège apostolique. » (Lettre 90 (175) au pontife romain Innocent, Opera S. Augustini, t. II, col. 923 et 925, édit. de Gaume ; col. 617 et 619, édit. de Montfaucon)

Et la lettre que les Pères du concile de Milève et lui adressèrent au même Pape :

« Puisque le Seigneur, par un bienfait signalé de sa grâce, vous a élevé sur le siège apostolique, et vous a placé dans un poste tel, qu’il y aurait négligence de notre part à ne pas déférer à votre révérence ce que les besoins de l’Eglise demandent de nous, sans que nous puissions avoir à craindre que notre démarche soit, ou dédaigneusement repoussée, ou froidement accueillie de vous ; nous vous prions d’apporter votre soin pastoral à la guérison de membres infirmes. Car une hérésie nouvelle et excessivement pernicieuse cherche à s’élever pour anéantir la grâce du Christ. » (Lettre 92 alias 176, Cf. Opera S. Augustini, t. II, col. 927, édit. de Gaume ; col. 620, édit. de Montfaucon)

Saint Innocent Ier (mort en 417)

Ce pape adressa ses réponses à ces deux conciles dans deux lettres datées du même jour, le 27 janvier 417.

Il fit d’abord la réponse suivante aux Pères du concile de Carthage, dans laquelle il assimila l’Église de la ville de Rome à une source pure de toute souillure hérétique, qui vivifiait les églises locales :

« Voilà ce que vous avez estimé dans la vigilance de votre office sacerdotal, à savoir qu’on ne doit pas fouler aux pieds les ordonnances des Pères; car ceux-ci, dans une pensée plus divine qu’humaine, avaient décrété que n’importe quelle affaire à traiter, fût-ce des provinces les plus éloignées et les plus retirées, ne serait pas considérée comme finie avant d’avoir été portée à la connaissance de ce Siège, pour qu’il confirmât de toute son autorité les justes sentences et que les autres églises – comme les eaux qui jaillissent de leur source originelle et qui s’écoulent dans toutes les régions du monde par de purs ruisseaux venus de la source non corrompue – reçoivent de lui ce qu’elles prescriront et sachent qui elles doivent purifier et qui, souillé d’une fange ineffaçable, ne recevra pas l’eau digne des corps purs » (Lettre In requirendis du 27 janvier 417 aux évêques du concile de Carthage, chapitre I (Dz. 217) ; citée dans la lettre 181 (alias 191) de SAINT AUGUSTIN – PL, 33 / 780).

Ainsi que cette réponse à ceux du concile de Milève :

« Je loue la diligence que vous avez apportée à rendre hommage au siège apostolique, je veux dire au siège de celui qui, sans compter les embarras qui peuvent lui survenir d’ailleurs, est chargé du soin de toutes les Eglises, en nous consultant sur le parti que vous pouvez avoir à prendre dans vos doutes, vous conformant ainsi à l’antique règle que vous savez aussi bien que moi avoir toujours été observée par tout l’univers. Mais je me tais là-dessus, persuadé que vous en êtes d’avance parfaitement instruits, puisque vous l’avez reconnu par votre conduite même, sachant bien que le siège apostolique ne manque jamais de répondre aux consultations qui lui viennent de toutes les parties de l’univers. Mais surtout s’il s’agit de ce qui intéresse la foi, tous nos frères ou nos collègues dans l’épiscopat se font, comme je n’en doute pas, un devoir d’en référer à Pierre, ou à celui de qui il tient son nom et son privilège, ainsi que vous l’avez fait vous-mêmes pour obtenir une décision qui puisse, dans le monde entier, servir en commun à toutes les Eglises. Elles doivent en effet devenir plus prudentes, lorsqu’elles voient que, selon la relation du double synode, les inventeurs du mal sont séparés de la communion de par les déterminations de notre jugement. » (Lettre aux Pères du concile de Milève, Inter epistolas du 27 janvier 417, chapitre II (Dz 218), citée par saint Augustin, lettre 182 (alias 193), PL, 33 / 784 ; S. Augustini, Opera S. Augustini, t. II, col. 934, édit. de Gaume ; col. 638, édit. de Montfaucon)

Et nous ne pouvons que constater que saint Augustin fait entièrement siennes ces deux sentences papales ! En effet, lorsque dans sa Lettre à Paulin, saint Augustin rapporte ces actes, il recommande les réponses que le pape Innocent Ier donna par écrit, en ajoutant :

« Outre les rapports des conciles, nous avons adressé au pape Innocent, de bienheureuse mémoire [Le Pape saint Innocent Ier mourut le 12 mars 417], des lettres particulières où nous avons, un peu plus à fond, traité cette question. Il a répondu à tout comme on devait l’attendre d’un pontife du Siège apostolique [Voir ses lettres 175, 176, 177, 181, 182, 183]. » (Lettre 186 (alias 106) à Alype et Paulin, § 2 – PL, 33 / 817)

Plus bas, il identifie le jugement du Siège apostolique au jugement du Sauveur :

« Celui qui enseigne autrement et ne s’en tient pas aux saines paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit […]

On se trouvera ainsi en contradiction avec cette parole du Sauveur : « Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts : voici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mangera ne meure point. » Il ne parlait pas de cette mort à laquelle ne sauraient échapper ceux même qui mangent de ce pain de vie. « En vérité, en vérité, je vous le dis, ajoute-t-il, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, nous n’aurez pas la vie en vous (Jean, VI, 49, 50, 54), » sans aucun doute celle aussi qui doit venir après cette mort. On est en contradiction avec l’autorité du siège apostolique qui invoque le témoignage évangélique, de peur qu’on ne croie que les enfants non baptisés puissent avoir la vie éternelle (Lettre 182, n. 5) . On est enfin en contradiction avec Pélage lui-même, car en présente des évêques, il a anathématisé ceux qui soutiendraient que les enfants sans baptême ont la vie éternelle. » (Lettre 186 (alias 106) à Alype et Paulin, § 27-28 – PL, 33 / 825-826)

Puis identifie encore « l’autorité du siège apostolique » à la personne du « Maître et Seigneur des Apôtres » (saint Pierre) :

« Nous avons insisté sur ce point, parce que, si ce que nous avons entendu est vrai, il y a auprès de vous, ou plutôt dans votre ville, des gens qui défendent cette erreur avec tant d’opiniâtreté qu’il leur serait, disent-ils, plus facile de quitter et de mépriser Pélage qui l’a anathématisé, que de se séparer de son sentiment sur ce point qu’ils croient être la vérité. S’ils se rendent à l’autorité du siège apostolique, ou plutôt au Maître et Seigneur des Apôtres qui dit qu’ils n’auront pas la vie en eux s’ils ne mangent la chair du Fils de l’homme et ne boivent son sang, ce qu’ils ne peuvent faire sans avoir été baptisés, ils reconnaîtront enfin que les petits enfants non baptisés ne peuvent pas avoir la vie éternelle, et que, par conséquent, quoi qu’ils doivent endurer moins de tourments que ceux qui sont damnés pour des péchés personnels, ils sont néanmoins punis de la mort éternelle. » (Lettre 186 (alias 106) à Alype et Paulin, § 29 – PL, 33 / 826)

Et dans un célèbre sermon :

« Réfutez leurs contradictions, amenez-nous les quand ils résistent. Déjà effectivement on a envoyé sur ce sujet les actes de deux Conciles au Siège Apostolique, dont on a aussi reçu les réponses. La cause est finie; puisse ainsi finir l’erreur ! Aussi les avertissons-nous de rentrer en eux-mêmes; nous prêchons pour leur faire connaître la vérité et nous prions pour obtenir leur changement. » (Sermon 131, 10)

C’est d’ailleurs des mots « [le] Siège Apostolique, dont on a aussi reçu les réponses. La cause est finie » que fut tirée le célébrissime adage : « Roma locuta, causa finita est » : « Rome a parlé, la cause est entendue » !

Saint Simplice (vers 420-483)

Ce Pape parle de « la doctrine de ses prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il n’est pas permis de disputer », ce qui signifie que l’Eglise la regarde comme infaillible de droit :

« Puisque la doctrine de nos prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il n’est pas permis de disputer, existe, et que quiconque pense de façon juste n’a donc pas besoin d’être enseigné par de nouvelles explications, mais que tout est clair et parfait par quoi quelqu’un qui a été séduit par des hérétiques pourra être instruit, ou par quoi quelqu’un qui doit être planté dans la vigne du Seigneur pourra être enseigné, implore la foi du prince très clément et fais qu’il rejette le propos de tenir un synode. » (Lettre V Quantum presbyterorum à l’évêque Acace de Constantinople, Partie 3, Chapitre 2 ; PL tome 58, colonnes 41B-42B)

Dans une lettre à l’Empereur Basilisque, le Pape saint Simplice lui ordonnait de chasser le parricide Elure qui usurpait le siège de Constantinople, et à marcher sur les traces de ses prédécesseurs Marcien et Léon, en maintenant comme eux le Concile de Chalcédoine et les lettres de saint Léon, où le mystère de l’Incarnation est si nettement expliqué qu’on ne peut s’en écarter sans cesser d’être chrétien. Il lui envoie une copie de ces lettres afin qu’il puisse facilement s’instruire de la vraie foi :

« car la règle de la doctrine apostolique demeure toujours invariable chez les successeurs de celui à qui le Seigneur a confié tout le bercail et promis sa perpétuelle assistance jusqu’à la fin des siècles, contre qui il a promis que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais [Matthieu XVI, 18], et à la sentence duquel il a déclaré que ce qui était lié sur la terre ne pouvait être délié dans le ciel même. » (MANSI, t. VII, Lettres de Simplice. 4, 5, 6 et 7, col. 974 et suiv)

Saint Zosime (mort en 418)

Au tout début de son pontificat, Zosime, dans le cadre de ces mêmes conciles écrivit à Aurélien de Carthage :

« L’importance de l’affaire qui nous est soumise exige une enquête approfondie, afin que la balance ne soit pas plus légère que les objets qui y sont déposés. Cette maturité de jugement importe surtout à l’honneur et à l’autorité du Siège apostolique, auquel les décrets de nos Pères, par respect pour le très-bienheureux apôtre Pierre, ont attribué la solution définitive des causes majeures. Il nous faut donc redoubler de prières et de supplications pour que le Seigneur, par une grâce continuelle et un secours incessant, fasse découler de cette Chaire comme d’une source pure la paix de la foi et l’union sans nuage de la société catholique. Le prêtre Célestius s’est présenté à notre tribunal, demandant à se justifier des accusations précédemment portées contre lui. […] Or il est notoire qu’Héros et Lazare, au mépris des saints canons et malgré la résistance du clergé et du peuple, ont été, à la suite de leurs brigues, tumultueusement intronisés dans les Eglises d’Aix et d’Arles, où ils avaient été jusque-là inconnus. Il est notoire qu’ils ont depuis abdiqué leur titre, et que le Siège apostolique leur a retiré tout pouvoir et toute juridiction dans leurs Eglises, en tenant compte cependant du repentir dont ils ont plus tard donné la preuve. » (Lettre 2 à Aurélien de Carthage ; PL XX, 649-650)

Plus tard, l’affaire se compliquant, Zosime eut à écrire à nouveau au même, dans une lettre où il identifie les promesses faites par le Christ en Matthieu XVI, 18 et Matthieu XVI, 19 à saint Pierre, au ministère de l’Evêque de Rome :

« Bien que la tradition des pères ait reconnu au Siège apostolique une telle autorité que personne n’a osé mettre en cause son jugement, et qu’elle ait toujours observé cela par des canons et des règles, et que, par ses lois, la discipline ecclésiastique en vigueur jusqu’ici manifeste au nom de Pierre, dont elle descend elle-même ; l’antiquité canonique, du consentement de tous, a dévolu un tel pouvoir à cet apôtre, à qui Jésus-Christ Notre-Seigneur a conféré le privilège de lier ou de délier [Matthieu XVI, 19]. Ce privilège appartient également par droit d’héritage à ses successeurs sur son siège. Pierre continue toujours à porter la sollicitude de toutes les Eglises, mais il veille avec un soin particulier sur le Siège de Rome qui est le sien propre ; il ne souffre ni défaillance ni incorrection dans les jugements doctrinaux émanés de la Chaire qu’il a honorée de son nom et constituée sur des fondements inébranlables [Matthieu XVI, 18]. Quiconque se heurte à cette pierre, s’y brisera [Matthieu XXI, 44]. Bien que donc Pierre soit l’origine d’une telle autorité et que les décrets suivants de tous les anciens confirment que l’Eglise romaine est affermie par toutes les lois et coutumes aussi bien humaines que divines – et vous ne l’ignorez pas, mais vous l’avez appris, frères très chers, et comme prêtres vous devez savoir que Nous en dirigeons la région et que nous détenons aussi le pouvoir de son nom, et alors que Nous aurions une telle autorité que personne ne pourrait débattre encore une fois de notre décision, Nous n’avons rien fait cependant que Nous n’aurions pas, de notre propre mouvement, porté à votre connaissance par notre lettre ; concédant cela à la fraternité et consultant ensemble, non pas parce que Nous n’aurions pas su ce qui doit être fait, ou que Nous aurions fait quelque chose qui déplairait parce que cela irait contre l’utilité de l’Eglise, mais Nous voulions avoir traité ensemble avec vous à son sujet (de Célestin qui est accusé), lui qui a déjà été accusé à votre tribunal, comme vous nous l’avez fait savoir par lettre, et qui se constitue devant le nôtre pour y purger un appel antérieur, provoquant lui-même sa confrontation avec ses accusateurs, et anathématisant les erreurs qui lui étaient, dit-il, faussement reprochées. » (Lettre 12 Quamvis Patrum à Aurélien et au concile de Carthage, 21 mars 418, PL, XX, 675-677 ; DS 221)

Certains affirment que cette lettre prouverait que saint Zosime était pélagien, du fait qu’il ait défendu le pélagien Célestin. Bien sûr il n’en est rien. Nous renvoyons à ce sujet à notre article :

Le Pape saint Zosime était-il pélagien ?

Saint Possidius de Calame (vers 397-vers 437)

Cet historien rapporte lui aussi ce recours des conciles d’Afrique du Nord à Rome pour être confirmés :

« Comme ces hérétiques s’efforçaient, par leurs artifices, de persuader leur erreur au Saint-Siège Apostolique, les saints évêques d’Afrique, réunis en concile, résolurent de montrer, avec le plus grand soin, au saint pape de Rome, le vénérable Innocent et ensuite à saint Zozime, son successeur, combien cette secte devait être abhorrée et condamnée par la foi catholique. Ces pontifes du Siège Suprême les censurèrent à diverses reprises et les retranchèrent des membres de l’Église : par des lettres adressées aux églises d’Afrique en Occident et à celles d’Orient, ils ordonnèrent à tous les fidèles de les anathématiser et de les fuir. Ayant appris le jugement que venait de porter sur eux l’Église catholique de Dieu, le très pieux empereur Honorius, pour s’y conformer, ordonna de les ranger parmi les hérétiques condamnés par ses lois. Alors quelques-uns d’entre eux rentrèrent dans le sein de l’Église, notre mère, d’où ils étaient sortis ; d’autres y reviennent encore tous les jours, à mesure que la vérité de la vraie foi se manifeste à eux et l’emporte sur cette détestable erreur. » (Vie d’Augustin, XVIII, PL tome XXXII, colonnes 48 et 49)

Rufin le Syrien (début du Vème siècle)

Dans son Libellus Fidei que Migne inséra en appendice du tome 10 des œuvres de saint Augustin :

« Si la foi que nous confessons reçoit l’approbation de votre décision apostolique, quiconque voudra me reprocher une faute montrera son impéritie, sa malveillance ou même qu’il n’est plus catholique, au lieu de me taxer d’hérésie ».

Ainsi, on le voit : on est ou on n’est pas catholique ou hérétique selon qu’en décide le jugement du Siège apostolique, et c’est pourquoi on peut reconnaître quel est sur terre le tribunal suprême du Christ auquel il revient sans conteste de juger en matière de foi.

Saint Boniface Ier (mort en 422)

« Nous avons envoyé au synode [de Corinthe]… des directives écrites pour que tous les frères comprennent qu’on ne doit pas débattre à nouveau de ce que nous avons jugé. Jamais en effet il n’a été permis de traiter à nouveau de ce qui a été décidé une fois par le Siège apostolique. » (Lettre Retro maioribus, II, à l’évêque Rufus de Thessalie, 11 mars 422 ; PL tome XX, colonne 776 ; MANSI, tome VIII, colonne 754)

 

« L’institution de l’Eglise universelle naissante prit son départ dans le titre d’honneur du bienheureux Pierre en qui consiste son gouvernement et son couronnement. C’est de sa source en effet qu’a coulé la discipline dans toutes les Eglises, lorsque la vénération de la religion croissait déjà. Les préceptes du concile de Nicée n’attestent rien d’autre ; il n’a pas osé en effet établir quelque chose au-dessus de lui, car il voyait que rien ne pouvait être placé au-dessus de son rang, et enfin il savait que tout lui était accordé par la parole du Seigneur. Cette (Eglise romaine) est donc avec certitude pour toutes les Eglises répandues par le monde entier comme la tête de ses membres ; si quelqu’un se sépare d’elle, qu’il soit éloigné de la religion chrétienne, puisqu’il a cessé de se trouver dans ce même assemblage. » (Lettre Institutio, I, aux évêques de Thessalie, 11 mars 422)

 

« Demeure au bienheureux apôtre Pierre, de par la parole du Seigneur, la sollicitude reçue de lui pour l’ensemble de l’Eglise, laquelle, comme il le sait, a été fondée sur lui selon le témoignage de l’Evangile. Et jamais une position d’honneur ne peut être exempte de soucis, puisqu’il est sûr que toutes choses dépendent de sa réflexion. … Qu’il n’arrive pas aux prêtres du Seigneur que l’un d’entre eux tombe dans la faute de tenter quelque chose par une usurpation nouvelle, et qu’il devienne l’ennemi des décisions des anciens, alors qu’il sait qu’il a pour rival en particulier celui auprès de qui notre Christ a placé le souverain sacerdoce ; et quiconque se dresse pour l’outrager ne pourra être un habitant du Royaume des cieux.  » A toi, dit-il, je donnerai les clés du Royaume des cieux  » Mt 16, 19 dans lequel nul n’entrera sans la faveur du portier. Puisque le lieu l’exige, recensez s’il vous plaît les déterminations des canons, et vous trouverez quel est après l’Eglise romaine le deuxième siège, et quel est le troisième. … Jamais personne n’a levé la main avec audace contre l’éminence apostolique dont il n’est pas permis de réviser le jugement, personne ne s’est dressé contre elle s’il ne voulait pas être jugé. Les dites grandes Eglises observent les dignités par les canons : celles d’Alexandrie et d’Antioche [voir Concile de Nicée, canon 6] ; car elles ont connaissance du droit de l’Eglise. Elles observent, dis-je, les décisions des anciens, en accordant leur bonne grâce en toutes choses comme ils reçoivent cette grâce en retour : celle dont ils savent qu’ils Nous la doivent dans le Seigneur qui est notre paix. Mais puisque la chose le demande, on montrera par des documents que les Eglises des Orientaux surtout, dans les grandes affaires qui rendaient nécessaire un débat de plus grande ampleur, ont toujours consulté le Siège romain et lui ont demandé aide chaque fois que cela était nécessaire. [suivent des exemples d’appels et de requêtes dans l’affaire d’Athanase et de Pierre d’Alexandrie, de l’Eglise d’Antioche, de Nectaire de Constantinople et des Orientaux séparés au temps d’Innocent Ier] » (Lettre Manet beatum à Rufus et aux autres évêques de Macédoine, etc., 11 mars 422)

Saint Jean Cassien (vers 360-vers 435)

« Mais le grand homme, le disciple des disciples, le maître parmi les maîtres, qui exerçait le gouvernement de l’Église romaine possédait l’autorité dans la foi et le sacerdoce. Dis-nous donc, Dis-nous que nous te prions, Pierre, prince des Apôtres, dis-nous comment les églises doivent croire en Dieu. (Contre Nestorius, III, 12)

Saint Célestin Ier († 432)

La communion avec le Siège apostolique est le critérium de la communion avec l’Eglise universelle

Saint Célestin Ier fut le Pape qui dut gérer la crise de l’hérésie nestorienne. Il manifeste l’autorité romaine en déclarant nulle les excommunications fulminées par Nestorius :

« Cependant, pour éviter que cet abus de pouvoir pût prévaloir, ne serait-ce que temporairement, alors même que Nestorius a déjà attiré sur lui la condamnation de Dieu, Notre Siège a fait valoir son autorité pour décider que si un évêque, un clerc, ou un simple fidèle catholique, a été démis de son rang ou rejeté de l’appartenance à l’Eglise, par Nestorius et ses comparses, depuis que ceux-ci ont entrepris de prêcher leur hérésie, nul ne doit les considérer comme ayant réellement encouru ces sanctions. Au contraire, ils sont tous demeurés dans notre communion et y demeurent encore. » (Lettre XIV au clergé et au peuple de Constantinople, n°7 ; PL tome 50, colonne 497)

On voit ici que la communion à l’Eglise universelle est identifiée à la communion à l’Evêque de Rome, et que ce qui compte en dernier ressort est la communion avec la personne de l’Evêque de Rome, au dessus de celle de son Evêque local. Cela se ressent aussi dans cette autre lettre, envoyée un peu plus tôt, lors de la même affaire, où saint Célestin fait savoir à l’Evêque Jean d’Antioche que l’excommunication de Nestorius ne vaut rien, mais que l’Eglise d’Antioche doit continuer à regarder comme faisant partie de l’Eglise ceux qui étaient en communion avec lui, bien que rejetés par Nestorius :

« Si quelque fidèle a été excommunié ou dépouillé de la dignité épiscopale ou cléricale par Nestorius et ses comparses, depuis que ceux-ci ont entrepris de prêcher leur hérésie, il est clair qu’il est demeuré et demeure encore dans notre communion. » (Lettre XII à Jean d’Antioche, n°2, PL tome 50, colonne 467)

Le contrôle sur le Concile d’Ephèse (431)

Le contrôle que le Pape saint Célestin exerça sur le Concile d’Ephèse (431) est exposé dans notre article :

La Papauté au concile d’Ephèse (431)

On y trouvera la délégation de pouvoir qu’il donna à saint Cyrille d’Alexandrie pour présider le Concile, l’ordre qu’il donna à d’autres représentants : « Nous vous commandons de sauvegarder l’autorité du Siège Apostolique. […] Si l’on en vient à débattre, vous devez juger les avis des pères, sans vous laisser mener par leur débats. » (Lettre XVII, PL, tome 50, colonne 503), et l’autorisation nécessaire qu’il donna d’excommunier Nestorius en lui imposant son décret doctrinal et disciplinaire.

Saint Cyrille d’Alexandrie (376-444)

Son attitude à l’occasion de Concile d’Ephèse (431)

L’attitude de soumission au Pape de saint Cyrille à l’occasion du Concile d’Ephèse (431) est exposé dans notre article :

La Papauté au concile d’Ephèse (431)

On y trouvera la délégation de pouvoir qu’il reçut du Pape saint Célestin, l’autorisation qu’il lui demanda pour excommunier Nestorius dont l’hérésie était pourtant incontestable et la reconnaissance que c’est par la confirmation de saint Sixte III, successeur de saint Célestin que le Concile acquis son autorité.

Autres témoignages

« De même que le Christ a reçu du Père le sceptre pour gouverner l’Église des nations, comme un chef qui, sorti d’Israël, placé au-dessus de tout pouvoir et de toute puissance, domine sur tout ce qui existe, au point que tout être se prosterne devant lui, ainsi le Christ a remis en plénitude son pouvoir à saint Pierre et à ses successeurs. » (Des Trésors, Thesaurus de sancta et consubstantiali Trinitate, cité par Saint Thomas d’Aquin dans son traité Contre les erreurs des grecs aux chapitre 34, § 1121 dans l’édition Marietti)

 

« C’est au Siège apostolique des évêques de Rome et à lui seul qu’il appartient de reprendre, de corriger, de décider, de délier, d’ordonner et de lier au nom de celui qui l’a établi. »

Concile d’Ephèse (431)

Ce concile est une manifestation éclatante de la soumission de l’Eglise universelle au pontife romain comme à son chef. Cet épisode est traité dans cet article.

Saint Vincent de Lérins (mort vers 450)

Ce saint moine rédigea en 434 un Commonitorium où il énonce les critères qui permettent de savoir si une doctrine est orthodoxe ou hérétique. Il écrit en son chapitre VI :

« C’est un grand exemple que celui de ces bienheureux, et tout à fait divin, digne aussi d’être repris par tous les vrais catholiques dans une infatigable méditation : en effet, rayonnant, comme le chandelier à sept branches, des sept lumières du Saint Esprit, ils ont en effet révélé à la postérité le principe très lumineux grâce auquel, plus tard, dans tous les vains propos des erreurs, l’audace d’une nouveauté profane serait laminée par l’autorité de la sainte antiquité. La méthode à coup sûr, n’est pas nouvelle, puisque ce fut dans l’Église une coutume toujours en vigueur que, plus chacun était religieux, plus rapidement il s’opposait aux inventions nouvelles. Tout est rempli de tels exemples. Pour faire court, nous n’en citerons qu’un seul, emprunté de préférence au siège apostolique, afin que tous voient, plus clairement que le jour, avec quelle vigueur, quelle ardeur, quels efforts, les bienheureux successeurs des bienheureux apôtres, ont défendu l’intégrité de la religion traditionnelle. Jadis Agrippinus, de vénérable mémoire, évêque de Carthage, fut le premier de tous les mortels qui pensa, contrairement au canon divin, contrairement à la règle de l’Église universelle, contrairement à l’opinion de tous ses confrères, contrairement aux usages et aux institutions des aïeux, que l’on devait rebaptiser [les hérétiques]. Cette théorie trompeuse apporta tant de mal qu’elle fournit non seulement une procédure sacrilège aux hérétiques, mais en outre à certains catholiques une occasion d’erreur. Comme, de toute part, tous protestaient contre la nouveauté de ce rite et que tous les évêques, en tous pays, résistaient chacun dans la mesure de sa vigueur, le pape Étienne, de bienheureuse mémoire, qui occupait le siège apostolique, y fit opposition, avec tous ses autres collègues il est vrai, mais plus qu’eux néanmoins, car il trouvait normal, je pense, de surpasser tous les autres par le dévouement de sa foi autant qu’il les dominait par l’autorité de sa charge. » (Commonitorium, VI)

Commentaire de l’abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI (1803-1859) :

« Tout l’ensemble de ce passage, où il n’est question ni du sénat ni de l’empereur, mais du siège spécialement nommé apostolique, tout ce passage montre que l’autorité du lieu, grâce à laquelle le pape surpassait les autres évêques, était l’autorité religieuse de Rome et non son autorité politique. Le choix même du mot autorité le prouve ; s’il s’agissait du relief donné à Etienne par la capitale du monde, on aurait parlé de la splendeur, de la célébrité, de la majesté de cette ville, expressions ne risquant pas de devenir amphibologiques comme celle dont a usé saint Vincent, qui, en rapprochant les idées de supériorité dans Etienne et d’autorité dans le lieu, nous porte nécessairement à croire que les deux choses corrélatives étaient de même nature et de l’ordre ecclésiastique. D’ailleurs, son second extrait expliquera le premier. » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome 1, page 118-119, note de bas de page)

A la fin du Commonitorium, saint Vincent de Lérins récapitule les preuves que lui ont fournies la Bible et l’usage constant des conciles, puis il ajoute :

« Tout cela suffit abondamment et surabondamment, sans doute, à l’extinction totale des profanes nouveautés ; cependant, afin qu’il ne parût rien manquer à la plénitude des preuves, quelque grande qu’elle soit déjà, nous avons rapporté, en ter-minant, deux autorités du siège apostolique, l’une du saint pape Sixte, qui fait aujourd’hui l’ornement de l’église romaine, et une autre de son prédécesseur, le pape Célestin, de bienheureuse mémoire, que nous avons jugé nécessaire de répéter encore ici. » (Commonitorium, XXIII)

NB : ce Commonitorium peut prêter à confusion, nous suggérons de lire cet article pour l’appréhender correctement.

« C’est ainsi que l’ouvrage du moine de Lérins commence et se termine par deux passages élogieux en l’honneur de la papauté ; le premier nous apprend que l’évêque de Rome surpasse tous les autres évêques par l’autorité que donne à cette ville la présence du siège de saint Pierre ; le second montre saint Vincent qui, après avoir cité la Bible et les conciles, après avoir terrassé l’hérésie sous ses coups, appréhende, tout victorieux qu’il est, de paraître n’avoir pas su employer toutes ses armes. Qu’a-t-il donc oublié, lui qui a invoqué les témoignages de l’Eglise universelle et de l’Ecriture sainte ? Pour quelle autorité y a-t-il donc place entre ces deux oracles du christianisme ? Quelle est donc cette autre parole sacrée que les fidèles regretteraient de n’avoir pas entendue, même à la suite de tant de paroles infaillibles et divines ? C’est la décision de la papauté. Saint Vincent la donne, et se réjouit en voyant que rien ne manque plus à sa triomphante démonstration.

Par conséquent, ce que saint Vincent dit des papes suppose en eux une prééminence, et ce que, d’accord avec tous les chrétiens et les papes eux-mêmes, il leur dénie, ne touche en rien aux privilèges dont on croit le Saint-Siège investi. » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome 1, page 119-120)

Saint Sixte III (440)

« Le bienheureux Pierre dans ses successeurs a livré ce qu’il a reçu. Qui serait disposé à se séparer de la doctrine dont le Maître lui-même a instruit le premier parmi les apôtres? » (Lettre VI à Jean d’Antioche)

 

« Car il [Pape Sixte III] a écrit ce qu’il était en accord avec le saint synode [le Concile d’Ephèse], et a confirmé tous ses actes, et est en accord avec nous » (Saint Cyrille d’Alexandrie, Lettre 40 à Acace de Meletine)

 

« « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Matthieu XVI, 18) : à cette parole, les trois cent dix-huit Pères, réunis à Nicée, demandèrent à la sainte Eglise Romaine de confirmer et de sanctionner par son autorité ce qui avait été fait. » (Lettre IV, année 483 ; in : Dion. Exig.. In praefat. conc. Nic)

Saint Prosper d’Aquitaine (vers 390-vers 463)

« Rome, le siège de saint Pierre, a été établie à la tête du monde en recevant l’honneur de la charge pastorale et tout ce que les armes ne lui ont pas donné, elle le possède par le pouvoir de la religion. » (Poème sur les ingrats, I, PL 51, 97)

Code de Théodose (adopté le 25 décembre 438, entré en vigueur 1er janvier 439)

« Puisque le mérite de saint Pierre prince de l’épiscopat, la dignité de la ville de Rome et l’autorité du sacré concile ont confirmé la primauté du Siège apostolique, nous défendons que personne, dans sa présomption, ose rien entreprendre contre l’autorité de ce Siège. Car la paix ne peut être universellement conservée que si toute l’Église reconnaît son maître. » (Code de Théodose, Titre XXIV)

Précisons que dans la pensée du Code théodosien, ce n’est nullement le Sacré Concile qui a attribué son autorité au siège de Rome. Mais le Saint-Synode a témoigné de manière éclatante de l’existence de cette autorité en ne s’arrogeant rien contre ce siège, alors même que lui-même en tant que concile représentait l’Eglise universelle.

Empereur Valentinien III (419-455)

« Nous sommes obligés de défendre avec zèle l’honneur et la dignité de saint Pierre, et d’avoir soin que rien n’empêche son successeur l’Evêque de Rome, qui a toujours eu la primauté du sacerdoce, de juger en toute liberté de la foi et des évêques. » (Lettre à son Collègue Théodose II, année 445)

Saint Pierre Chrysologue (vers 380-450/451)

« Nous vous exhortons, vénérable frère, à vous soumettre en toute chose à ce qu’a écrit le bienheureux Evêque de Rome, car saint Pierre, qui vit et préside en son siège, communique la vraie foi à ceux qui la cherchent. Pour notre part, pour l’amour de la paix et le bien de la vraie foi, nous ne pouvons pas juger des questions de doctrine sans le consentement de l’Evêque de Rome. » (Lettre à Eutyché ; in : Lettres de saint Léon, XXV, édition Ballerin)

Saint Léon le Grand (vers 395-461)

Nous rapportons les témoignages que saint Léon le Grand rend à la Papauté dans notre article :

L’autorité du successeur de Pierre d’après saint Léon le Grand

Le concile de Chalcédoine (451)

Lors de la session III furent présentée les requêtes des diacres Théodore et Ischyrion, du prêtre Athanase et du laïque Sophrone contre Dioscore, adressées tant au pape Léon qu’au concile ; Léon y est désigné sous les titres d’archevêque universel et de patriarche de la grande Rome. Dans la même action ou session, on attribue au légat Paschasinus de Léon la présidence du concile comme aux représentants du pape, et ils sont les premiers à prononcer la sentence contre Dioscore en ces termes :

« C’est pourquoi le très-saint archevêque de Rome, Léon, par nous et par le présent concile, avec l’apôtre saint Pierre, qui est la pierre et la base de l’Eglise catholique et le fondement de la foi orthodoxe, l’a dépouillé de la dignité épiscopale et de tout ministère sacerdotal. Pierre, l’apôtre, qui est le rocher et le support de l’Eglise catholique. »

À la fin de cette même session, le concile demanda au pape Léon, dans le compte qu’il lui rendit, la confirmation de tous ses actes, et lui dit entre autres choses :

« Qu’est-ce qui en effet donne plus de joie que la foi ? […] Cette foi, le Sauveur lui-même nous l’a transmise depuis les temps anciens en disant : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit » [Matthieu XXVIII, 19] ; toi-même tu l’as gardée comme une chaîne d’or qui, au commandement de celui qui ordonne, vient jusqu’à nous, en étant pour tous l’interprète de la voix du bienheureux Pierre, et en procurant à tous la bénédiction de sa foi. Nous servant donc nous aussi de toi avec fruit comme d’un guide vers ce bien, nous avons montré aux enfants de l’Eglise l’héritage de la vérité… en faisant connaître d’un même coeur et d’un même esprit la confession de la foi. Et nous étions dans un même choeur, faisant nos délices, comme dans un banquet royal, des nourritures spirituelles que le Christ, par tes écrits, a préparés aux convives du festin, et nous pensions voir l’époux céleste en convive parmi nous. Car si là où deux ou trois sont rassemblés en son nom il est présent, comme il le dit, au milieu d’eux [Matthieu XVIII, 20], quelle familiarité n’a-t-il pas manifestée alors aux cinq cent vingt prêtres qui ont placé la connaissance de la confession de la foi plus haut que leur patrie et que les fatigues ? Eux que, comme la tête le fait pour les membres, tu as conduits en ceux qui tenaient ta place en faisant connaître ton conseil excellent […] Voilà ce que nous avons fait de concert avec vous, qui étiez présent d’esprit au milieu de nous comme d’autant de frères et qu’il nous semblait voir dans la personne de vos sages légats. Nous vous annonçons en même temps que nous avons pris encore quelques autres mesures pour le maintien du bon ordre et l’exécution des lois ecclésiastiques, sachant bien que votre sainteté les approuverait et les confirmerait dès que la connaissance lui en serait parvenue […] Nous vous conjurons donc d’honorer de votre suffrage définitif le jugement que nous avons porté et de donner à vos fils cette preuve de votre bienveillance, de même que nous nous sommes attachés à vous suivre en tout comme notre chef. » (Lettre synodale au pape Léon 1er, début de novembre 451, Labbe, t. IV, col. 833-834 et 837-838)

Saint Félix III (vers 440-492)

« « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Matthieu XVI, 18) : à cette parole, les trois cent dix-huit Pères, réunis à Nicée, demandèrent à la sainte Eglise Romaine de confirmer et de sanctionner par son autorité ce qui avait été fait. » (Lettre IV, année 483 ; in : Dion. Exig.. In praefat. conc. Nic)

Lettre synodale du concile de Rome au clergé de Constantinople (485)

En 485, sous le Pape saint Félix III, un concile se tint à Rome. Il envoya une lettre synodale au clergé de Constantinople, dans lequel on lit les mots suivants :

« Le prélat du Siège apostolique exerce sa sollicitude sur toutes les Eglises, étant le chef de toutes, en vertu de la parole que le Seigneur a dite Pierre « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » [Matthieu XVI, 18]. C’est en conformité avec cette parole que les trois cent dix-huit Pères rassemblés Nicée déférèrent à la sainte Eglise romaine la confirmation de leurs actes. » (Lettre synodale du concile de Rome au clergé de Constantinople, année 485, LABBE, IV, 1126 ; MANSI, tome VII, colonne 1140 ; HARDOUIN, tome II, colonne 856)

Saint Gélase (???-496)

« Si nous venions à les perdre [la vraie foi et la communion de l’Eglise], ce qu’à Dieu ne plaise, comment quoi que ce soit pourrait-être restauré, surtout si, à son sommet, le Siège apostolique, était devenu teinté d’hérésie, ce que Dieu ne permettrait jamais. […] Si, à Dieu ne plaise, je devenais complice de l’hérésie perverse, j’aurai moi-même besoin d’un remède, plutôt que de pouvoir d’offrir un remède à d’autres ; et le siège du  bienheureux Pierre chercherait un remède ailleurs, plutôt que d’offrir lui-même un remède à autrui, ce que Dieu ne permettrait jamais. […] Par conséquent, les Orientaux restent fermes dans la foi catholique, car ils me voient la défendre et sont encouragés par moi. » (Lettre I, aux Evêques d’Orient)

 

« Pierre brilla dans cette capitale [Rome] par la sublime puissance de sa doctrine, et il eut l’honneur d’y répandre glorieusement son sang. C’est là qu’il repose pour toujours, et qu’il assure à ce Siège béni [le siège de Rome] par lui de n’être jamais vaincu par les portes de l’enfer» (Décrétale 14 intitulée De responsione ad Graecos)

 

« Et s’il est normal que le coeur des fidèles se soumette à tous les prêtres en général qui s’acquittent convenablement de leurs divines fonctions, combien plus l’unanimité doit-elle se faire autour du préposé à ce siège, à qui la divinité suprême a voulu donner la prééminence sur tous les prêtres et que la piété universelle de l’Eglise a dans la suite constamment célébré ? » (Lettre Famuli vestrae pietatis, à l’empereur Anastase 1er 494)

Décret gélasien (496)

« Après (toutes ces) Ecritures prophétiques, évangéliques et apostoliques (que nous avons mentionnées plus haut) et sur lesquelles l’Eglise catholique, par la grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé devoir souligner également ceci, à savoir que si c’est bien à l’Eglise catholique répandue par tout l’univers que revient l’unique chambre nuptiale du Christ, pour autant la sainte Eglise romaine n’est pas placée devant les autres Eglises par des édits de synodes, mais elle a reçu la primauté de par la parole évangélique du Seigneur et Sauveur disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle [Matthieu XVI, 18], et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi au ciel, et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié aussi au ciel [Matthieu XVI, 19]. A cela s’est ajouté également la compagnie du très bienheureux Apôtre Paul, le vase d’élection : ce n’est pas à un autre moment, comme le disent sottement les hérétiques, mais au même moment, le même jour, par une mort glorieuse avec Pierre, qu’il a été couronné en combattant, dans la ville de Rome, sous l’empereur Néron : et de la même manière ils ont consacré au Christ l’Eglise romaine susdite, et par leur présence et leur triomphe vénérable ils l’ont placée avant toutes les autres villes dans le monde entier. Le premier siège de l’apôtre Pierre est donc l’Eglise romaine qui n’a ni tache, ni ride, ni rien de semblable Ep 5,27. Le deuxième siège cependant fut consacré à Alexandrie au nom du bienheureux Pierre par le disciple et évangéliste Marc… Comme troisième est tenu en honneur le siège du bienheureux apôtre Pierre à Antioche, puisqu’il y a habité avant de venir à Rome, et que là est apparu pour la première fois le nom de  » chrétiens  » pour la race nouvelle voir Ac 11,26). Et bien que personne ne puisse poser d’autre fondement que celui qui a été posé et qui est Jésus Christ (voir 1Co 3,11), l’Eglise sainte, c’est-à-dire l’Eglise romaine, n’interdit pas que pour son édification, outre les Ecritures de l’Ancien et du Nouveau Testament que nous recevons selon la règle, soient reçus également ces autres écrits, à savoir : le saint synode de Nicée… ; (le saint synode de Constantinople… lors duquel l’hérétique Macedonius a reçu la condamnation méritée ) ; le saint synode d’Ephèse… ; le saint synode de Chalcédoine… (Mais également d’autres synodes, s’il en est, qui ont été tenus par les saints pères jusqu’à aujourd’hui et dont nous avons décrété qu’ils doivent être observés et reçus outre l’autorité de ces quatre.) » (Lettre décrétale sur les livres à recevoir ou à ne pas recevoir, aussi nommée Décret de Gélase ou Décret gélasien, III et IV, DS 350, 351 et 352)

Ce document est appelé Décret Gélasien traditionnellement daté de 496, mais dont la date doit peut-être être repoussée jusqu’en 523, année de la mort du Pape saint Hormisdas. Nous ne connaissons pas son auteur. Toutefois, on consultera avec fruits l’étude du Albert DUFOURCQ intitulée Vues nouvelles sur le décret gélasien et sur le pape Damase (Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Année 1909, 53-11, pp. 820-825) en cliquant ici. Ce document anonyme n’a donc sans doute pas l’autorité du Pape saint Gélase, toutefois il doit quand même refléter la doctrine générale de l’époque de sa rédaction. Dans le cas contraire son auteur n’aurait jamais pu songer à l’écrire et encore moins à le mettre sous le nom de Gélase. Et quand même l’aurait-il fait, jamais il n’aurait obtenu aussi vite une autorité aussi grande, surtout en lui reconnaissant une origine papale.

Saint Césaire d’Arles (vers 470-542)

« De même que l’épiscopat tire son origine de la personne du bienheureux Pierre, de même aussi est-il nécessaire que Votre Sainteté recoure à des prescriptions convenables, pour indiquer clairement à chaque église ce qu’elle doit observer. » (Exemplaire du livre offert par saint Césaire au pape Symmaque, PL, 62/53)

Saint Hormisdas Ier (450-523)

Dans la lettre d’instruction que le Pape saint Hormisdas remit aux légats qu’il envoyait à l’empereur byzantin Anastase, le Pape indique :

« [Vous direz à l’empereur] Les lettres du Pape Symmaque ne font que répéter la formule : Je suis les décrets de Chalcédoine ; j’admets la doctrine du Pape Léon ; ces lettres ne contiennent rien d’autre sinon l’exhortation à les observer. […]

Si [l’empereur] vous demande de quelle manière il conviendrait de rétablir l’ordre, répondez-lui en toute humilité : Votre Père [le Pape] a écrit une encyclique adressée à tous les évêques en général. Joignez-y vos lettres sacrées déclarant que vous souscrivez à l’enseignement du Siège Apostolique. Alors on reconnaîtra les orthodoxes, ceux qui n’ont jamais été séparés de l’unité du Siège Apostolique, et ceux qui leur sont contraire […]

Si l’on vous présente des requêtes contre des évêques catholiques, principalement contre ceux qui osent anathématiser  le concile de Chalcédoine et rejeter les lettres du Pape saint Léon, recevez ces requêtes, mais réservez la cause au jugement du Siège Apostolique, afin qu’ils aient l’espérance d’être entendus, et que vous nous réserviez l’autorité qui nous est due. » (Lettre IV à l’empereur Anastase, 8 juillet 515, PL 63, colonnes 376 à 378)

Ce Pape envoya à la cour impériale de Constantinople – qui l’avait sollicité pour mettre fin aux schismes qui déchiraient l’Orient – le 11 août 515, un document intitulé Libellus Fidei, ou encore Regula Fidei, ce qui peut se traduire par Programme de la foi, Opuscule de la foi, Règle de la foi ou encore Profession de foi, mais plus connu sous le nom de Formulaire d’Hormisdas. Tous les évêques d’Orient devaient y souscrire, et y souscrivirent, preuve qu’ils adhéraient à son contenu. Une des vérités impératives exprimées dans ce texte était que l’orthodoxie s’est toujours maintenue à Rome. D’après des rapports, 2500 Evêques ont souscrit à ce formulaire. En voici le texte :

« La condition première du salut est de garder la règle de la foi juste et de ne s’écarter d’aucune façon des décrets des pères. Et parce qu’il n’est pas possible de négliger la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui dit :  « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » [Matthieu XVI ,18], ce qui a été dit est prouvé par les faits ; car la religion catholique a toujours été gardée sans tache auprès du Siège apostolique [autre version du texte : c’est seulement dans la chaire de Rome que les faits postérieurs ont correspondu à la parole du Christ]. Ne voulant donc nous séparer d’aucune façon de cette espérance et de cette foi, et suivant en toutes choses ce qu’ont décrété les pères, nous anathématisons tous les hérétiques, et principalement l’hérétique Nestorius qui fut jadis évêque de la ville de Constantinople, condamné au concile d’Ephèse par Célestin, le pape de la ville de Rome, et par saint (l’homme vénérable) Cyrille, l’évêque de la ville d’Alexandrie ; avec celui-ci (de même) nous anathématisons Eutychès et Dioscore d’Alexandrie, condamnés au saint synode de Chalcédoine que nous suivons et embrassons (qui, suivant le saint concile de Nicée, a proclamé la foi apostolique). Nous y ajoutons (nous exécrons également) le criminel Timothée, surnommé Aelure, ainsi que son disciple et partisan en toutes choses Pierre d’Alexandrie ; et de même nous condamnons (également) et nous anathématisons Acace, jadis évêque de Constantinople, condamné par le Siège apostolique, leur complice et partisan, et ceux qui sont restés en communion avec eux ; car (Acace), s’étant joint à leur communion, a mérité la même sentence de condamnation. De même nous condamnons Pierre d’Antioche avec tous ceux qui l’ont suivi et les partisans de ceux qui ont été mentionnés plus haut. (Mais) c’est pourquoi nous recevons et approuvons toutes les lettres du bienheureux pape Léon, qu’il a écrites touchant la religion chrétienne. Comme nous le disions plus haut, suivant en toutes choses le Siège apostolique et prêchant tout ce qu’il a décrété, j’espère (donc) mériter de rentrer dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et vraie (et parfaite) la solidité de la religion chrétienne. Nous promettons (je promets) aussi que (à l’avenir) les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l’Eglise catholique, c’est-à-dire qui ne sont pas en accord avec le Siège apostolique, ne seront pas lus durant les saints mystères. (Mais si je tentais de dévier en quoi que ce soit de ma profession de foi, je confesse que, selon mon propre jugement, je serais un complice de ceux que j’ai condamnés.) Cette profession de foi je l’ai souscrite de ma propre main, et je l’ai transmise (envoyée) à toi, Hormisdas, le saint et vénérable pape de la ville de Rome. » (Règle de la Foi, dans Lettre IX à Jean Evêque de Népomucène, 11 août 515 ; PL 63, colonnes 393 et 394 et MANSI tome VIII, colonnes 407-408)

Enfin, le Pape saint Hormisdas nous donne une exemple de l’identification formelle entre « l’Eglise Romaine » au sens de l’Eglise locale de Rome avec l’Eglise « catholique », c’est-à-dire universelle, signifiant que cette seconde est en tout soumise à l’Evêque de cette première comme à son chef unique et universel. En effet, il écrit :

« Ce que l’Eglise Romaine, c’est-à-dire catholique […] » (Lettre 70 Sicut rationi, à l’évêque africain Possessor, 13 août 520, Chapitre 5, PL 63, colonne 493)

Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

« Nous décrétons, conformément à l’enseignement des conciles, que le Pape de Rome est le premier de tous les évêques. » (Novelles, 131, Chapitre 2)

Des anti-romains pourraient être tentés de dire que cette déclaration prouve que la primauté romaine découle du droit ecclésiastique tel qu’énoncé par les conciles, et non du droit divin. Mais c’est inconsistant. Premièrement tout ce qui vient d’être rapporté de l’enseignement des Pères prouve le contraire. Deuxièmement ce que nous avons rapporté des conciles eux-mêmes, spécialement ceux d’Ephèse (431) et de Chalcédoine (451) de même, ce n’est donc pas ce que les anti-romains affirment pensent qui a pu guider Justinien. Troisièmement la Profession de foi de Justinien, approuvée par le Pape Jean II témoigne de la doctrine de la Papauté, spécialement lorsqu’il appelle à répétition le siège de Rome « siège apostolique », prouve définitivement le contraire. Voyons cela immédiatement :

La Profession de foi de l’Empereur Justinien Ier (vers 482-565) et son approbation par le Pape Jean II (470-533)

L’Empereur Justinien envoya une Profession de foi au Pape Jean II. Celui-ci lui répondit dans une lettre qu’il l’approuvait entièrement. Ces deux documents témoignent abondamment de la foi de l’Eglise universelle en la Papauté. Dans le Code Justinien (Livre I, titre premier, point n°8), la Profession de foi de l’Empereur qui est antérieure à l’approbation du Pape, ne se trouve qu’au travers de la réponse du Pape Jean II qui l’approuve. En effet, Jean II commence par une introduction et une approbation de cette Profession de foi, puis la cite dans son intégralité, et reprend parole pour conclure. En revanche dans la Patrologie latine, la Profession de foi de l’Empereur est entièrement extraite de la lettre de Jean II et placée avant elle, et la reproduction de la lettre du Pape renvoie au texte précédent à l’endroit où Jean II citait l’Empereur. Aussi bien l’introduction, que la Profession de foi copiée, que la conclusion, témoignent de la Papauté. En voici les textes concernant cette doctrine :

Introduction de la lettre du Pape Jean II (470-533)

« Jean, Évêque de Rome, à notre très-illustre et très-clément fils Auguste Justinien.

Outre les éloges mérités qu’on peut donner à votre sagesse et à votre douceur, le plus chrétien des princes, vous êtes distingué encore comme un astre radieux, par l’amour de la foi et de la charité ; et instruit, sur ce qui concerne la discipline ecclésiastique, vous avez conservé la doctrine de la prééminence du siège de Rome ; vous lui avez soumis toutes choses, et vous avez ramené l’unité dans l’Eglise. Le Seigneur a dit au premier de nos prédécesseurs, qui est aussi le premier des apôtres : « Gardez mes brebis » [Jean XXI, 15-17] ; siège que les institutions dès princes, les maximes des pères, et le témoignage de votre piété , déclarent le chef de toutes les églises. […] Nous avons reçu avec le respect accoutumé les lettres de votre majesté, par nos frères et collègues, les très-saints évêques Hipatius et Démétrius ; nous avons appris d’eux que vous avez publié un édit adressé à vos fidèles peuples, dicté par l’amour de la foi, et tendant à détruire les hérétiques ; lequel est selon la doctrine apostolique, et a été confirmé par nos collègues et nos frères les évêques ; nous le confirmons de notre autorité, parce qu’il est conforme à la doctrine apostolique. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 17-18Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Puis prend place la Profession de foi de l’Empereur.

Profession de foi de l’Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

« Justinien, victorieux, pieux, heureux, illustre, triomphant, toujours auguste ; à Jean, Patriarche et très-saint Archevêque de la ville de Rome.

Honorant le siège apostolique et votre sainteté, pour laquelle nous n’avons jamais cessé de faire des vœux, que nous regardons comme notre père, nous nous sommes hâtés de lui donner connaissance de toutes les affaires qui concernent l’état ecclésiastique. Comme nous nous sommes toujours efforcés de maintenir l’unité de votre siège apostolique, et de maintenir les saintes églises de Dieu dans l’état où elles sont aujourd’hui, c’est-à-dire , dans la paix , et exemptes de toutes contrariétés , nous avons engagé tous les prêtres de l’Orient à s’unir et se soumettre à votre sainteté : mais à présent que de nouveaux doutes se sont élevés, quoique sur des choses claires et certaines, et conformes à la doctrine de votre siège apostolique, fermement gardée et professée par tous les prêtres, nous avons cependant cru nécessaire d’en instruire votre sainteté ; car nous ne souffrons pas que les affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses, soient agitées sans que votre sainteté en soit instruite, elle qui est le chef de l’église, car nous nous efforcerons toujours, comme nous avons dit, d’accroître l’honneur et l’autorité de votre siège. […]

§. 2. Tous les prêtres de la sainte église catholique et apostolique et les révérends abbés des saints monastères avant reconnu votre sainteté, approuvant l’état et l’unité des saintes églises qui dérivent de votre siège apostolique […]

§. 3. Nous admettons, ainsi que votre siège apostolique l’enseigne et prêche, quatre saints conciles; 1°. celui des 318 saints pères qui s’assemblèrent dans la ville de Nicée ; 2°. celui tenu dans cette ville par les saints pères, au nombre de 150 ; 3°. celui tenu à Ephèse ; 4°. et enfin , celui de Chalcédoine. Tous les prêtres qui suivent la doctrine de votre siège apostolique croient, confessent et prêchent ces choses. […]

§. 5. Nous demandons donc votre affection paternelle, afin que vous nous fassiez connaître par vos lettres, ainsi qu’aux évêques de cette ville et au patriarche votre frère (qui a écrit lui-même à votre sainteté, par les mêmes députés, qu’il suivait en toutes choses le siège apostolique de votre béatitude), que votre sainteté approuve tous ceux qui croient à ce que nous avons exposé ci-dessus, et qu’elle condamne la perfidie de ceux qui ont osé judaïquement nier la foi légitime. Ainsi l’autorité de votre siège et l’amour de tous pour vous augmenteront ; l’unité et la tranquillité des saintes églises seront assurées, quand les évêques apprendront des députés qui vous ont été envoyés, quelle est la vraie doctrine de votre sainteté. Nous demandons de votre sainteté qu’elle prie Dieu pour nous, et qu’elle nous obtienne sa bienveillance.

La souscription était ainsi : Que la divinité, ô saint et très-religieux père, vous donne une longue vie ! » (Lettre de l’empereur Justinien au Pape Jean II ; PL, tome 66, colonnes 14-17 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Aussi Justinien n’osait rien décider sans en référer au Pape, pas même au sujet de « choses claires et certaines » ou d’ « affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses« , et ce alors même qu’il avait le Patriarche de Constantinople à sa proximité immédiate. C’est une manifestation de la foi orientale en la Papauté.

Conclusion de la réponse de Jean II

« Les seuls qui soient opposés à votre profession de foi sont ceux dont l’Ecriture dit : « Ils ont mis leur espérance dans le mensonge, et ils ont espéré dans le mensonge » [citation libre de Isaïe XXVIII, 15-17] ; ou ceux qui, d’après le prophète, ont dit au Seigneur : « Eloigne-toi de nous, nous ne voulons pas suivre tes voies » [Job XXI, 14] ; ceux dont parle Salomon : « Ils ont erré dans leurs propres voies y et ils amassent avec leurs mains des choses infructueuses » [Proverbes IV]. C’est donc là votre vraie foi et votre vraie religion, que tous les pères, d’heureuse mémoire, comme nous avons dit, ainsi que tous les chefs de l’Eglise romaine, que nous suivons en toutes choses, ont décidé ; ce que le Siège apostolique a jusqu’à présent prêché et gardé fermement ; et s’il existe quelqu’un qui soit opposé à cette confession et à cette Foi du chrétien, il les jugera lui-même hors de la sainte communion et de l’Eglise catholique. […] Observant ce que S. Pierre a établi à ce sujet, nous ne les recevons point dans notre communion, et nous ordonnons qu’ils soient exclus de toute église catholique, à moins que, condamnant leur erreur, ils ne suivent notre doctrine, et déclarent en faire profession ; car il est juste que ceux qui ne s’y soumettent point, soient déclarés exclus des églises. Mais comme l’église ne ferme jamais son sein à ceux qui veulent retourner à elle, c’est pourquoi, s’ils abandonnaient leurs erreurs et leurs mauvaises intentions, je supplie votre clémence, afin que vous les receviez dans votre communion, que vous oubliiez les injures qui ont excité votre indignation, et que, par notre intercession, vous leur pardonniez et leur accordiez votre bienveillance. Nous prions Dieu qu’il daigne vous conserver longtemps dans la vraie religion, l’unité du siège apostolique et le respect que vous avez pour lui, et qu’il vous conserve le commandement, en toutes choses, de l’empire le plus chrétien et le plus pieux. […]

Fait à Rome, le 8 des calendes d’avril, sous le consulat de l’empereur Justinien, consul pour la quatrième fois, et de Paulinus. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 19-20 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Saint Pélage Ier (vers 500-561)

Saint Pélage Ier déclara la compétence exclusive en dernier ressort des Papes pour toute question doctrinale, y compris interpréter les conciles généraux :

« S’il s’élève quelque doute sur ce qu’ont prescrit les Conciles universels, ou quelques chose qu’on ne comprend pas, c’est au Siège Apostolique qu’on doit en demander l’explication ; il est nécessaire au salut de se laisser guider par le Siège Apostolique. » (Lettre IV [alias V] au Patrice Narcès, PL 69, colonne 397)

Voici d’autres témoignages :

« Avez-vous pu oublier les prérogatives du Siège Apostolique au point de me croire capable d’autoriser moi-même un schisme dans l’Eglise ? A Dieu ne plaise que la Siège de Pierre, établi pour garder le dépôt de la Foi, se laisse entraîner par le mouvement populaire selon les caprices de l’opinion ! […] Le très bienheureux Augustin d’illustre mémoire, s’appuyant sur les paroles de Notre-Seigneur, place le fondement de l’Eglise dans le Siège Apostolique. Il déclare schismatiques ceux qui repoussent l’autorité ou se séparent de la communion du Pontife Romain. Il ne connaît d’autre Eglise que celle qui a ses racines dans la pierre fondamentale. Comment donc pouvez-vous croire que vous n’être pas séparés de la communion d’avec le monde entier sans faire mémoire de mon nom dans la célébration des Saints Mystères, alors que quoiqu’indigne, c’est en mon humble personne que s’est transmise l’hérédité du Siège Apostolique par la succession de l’épiscopat et que se concentre à l’heure actuelle son immutabilité.

Cessez donc, vous et les fidèles confiés à votre direction, de soupçonner la foi que je professe. […] S’il vous reste sur ce point quelques difficultés à éclaircir, venez sans crainte me les exposer ; car, suivant la parole de l’Apôtre, nous sommes toujours prêt à rendre compte de notre Foi [I Pierre III, 16]. » (Lettre V [alias VI] aux Evêques de Tuscie ; PL 69, colonnes 397 à 399)

 

« S’agissant des quatre saints conciles, c’est-à-dire celui de Nicée des trois cent dix-huit (pères), celui de Constantinople des cent cinquante, le premier d’Ephèse des deux cents, mais aussi (au sujet de) celui de Chalcédoine des six cent trente, je professe avoir conduit mes pensées sous la protection de la miséricorde divine et de faire ainsi jusqu’à la fin de ma vie, de tout coeur et de toute ma force, en sorte de les préserver avec une pleine dévotion dans la défense de la sainte foi et les condamnations des hérésies et des hérétiques, puisque ces pensées ont été confirmées par le Saint-Esprit ; je professe que leur solidité, parce qu’elle est la solidité de toute l’Eglise, je la protégerai et la défendrai comme il n’est pas douteux que mes prédécesseurs l’ont fait. En cela je désire suivre et imiter surtout celui dont nous savons qu’il fut l’auteur du concile de Chalcédoine (le pape Léon 1er), qui conformément à son nom s’est montré clairement, par son zèle très ardent pour la foi, un membre de ce lion qui a surgi de la tribu de Juda (Apocalypse V, 5). De même je suis donc convaincu de ce que je manifesterai toujours la même révérence pour les synodes susmentionnés, que tous ceux qui ont été absous par ces quatre conciles, je les tiendrai pour orthodoxes, et que jamais dans ma vie […] je n’ôterai quoi que ce soit à l’autorité de leur prédication sainte et vraie.

Mais je suis et je vénère également les canons que le Siège apostolique accepte […] Je professe que je garde également les lettres du pape Célestin de bienheureuse mémoire…et d’Agapet, pour la défense de la foi catholique, pour la solidité des quatre synodes susdits et contre les hérétiques, et tous ceux qu’ils ont condamnés, je les tiens pour condamnés, et tous ceux qu’ils ont reçus, en particulier les vénérables évêques Théodoret et Ibas, je les vénère parmi les orthodoxes. » (Lettre circulaire VI [alias VII] Vas electionis à tout le peuple de Dieu, vers 557, PL 69, colonnes 399 et 400)

Pélage II (520-579)

Ce Pape cassa les actes d’un synode tenu par et pour le patriarche de Constantinople. Son successeur saint Grégoire le Grand rapporte :

« Il y a huit ans, lorsque vivait encore notre prédécesseur Pelage, de sainte mémoire, notre confrère et coévêque Jean, prenant occasion d’une autre affaire, assembla un synode dans la ville de Constantinople, et s’efforça de prendre le titre d’universel ; dès que mon prédécesseur en eut connaissance, il envoya des lettres par lesquelles, en vertu de l’autorité de l’apôtre saint Pierre, il cassa les actes de ce synode. » (Lettres, livre V, lettre 43 à Euloge, évêque d’Alexandrie, et à Anastase, évêque d’Antioche)

Des anti-romains veulent écarter ce témoignage en disant qu’à cette occasion saint Grégoire n’a agit qu’en vertu d’un pouvoir d’appel qui lui aurait été confié par le droit ecclésiastique et non pas par droit divin. Mais cette interprétation est rendue impossible par le texte de la lettre elle-même : il y est écrit que Pélage II a agit « en vertu de l’autorité de l’apôtre saint Pierre« .

Saint Grégoire le Grand (vers 540-604)

« Votre Très Douce Sainteté m’a bien souvent parlé dans ses lettres de la chaire de saint Pierre, le chef des apôtres, disant que c’est saint Pierre qui siège encore aujourd’hui dans ses successeurs. […] Mais j’ai été particulièrement sensible à toutes ces réflexions, parce qu’elles venaient de vous, qui tout en ma parlant de la chaire de saint Pierre, lui demeurez attaché. […] C’est pourquoi, bien que les apôtres se partagent leur titre, seul le siège du prince des apôtres, possédant le pouvoir suprême, l’emporte sur tous les autres en autorité, et celle-ci reste la même pour s’exercer en trois endroits différents. Car saint Pierre a ennobli le siège de Rome, parce qu’il a daigné s’y établir et y finir ses jours. C’est encore lui qui a rehaussé l’éclat du siège d’Alexandrie, en y envoyant son disciple, l’évangéliste. C’est enfin toujours saint Pierre qui a renforcé le prestige du siège d’Antioche, où il demeura quand même sept ans, avant de le quitter. » (Lettres, Livre 7, lettre 40, au patriarche Euloge d’Alexandrie, dans PL, 77/898/899)

Saint Isidore de Séville (560 et 570-)

« Nous savons que nous sommes évêques dans l’Église du Christ, et en cette qualité nous nous confessons plus spécialement obligés que les autres prélats de l’Église à rendre au Pontife romain avec révérence, humilité et dévotion, l’obéissance qui lui est due en toutes choses comme au Vicaire de Dieu. Celui qui lui résiste opiniâtrement, nous le déclarons entièrement exclu de la communion des fidèles, comme un hérétique. Et ceci, nous ne le disons pas de notre propre choix ; mais c’est bien plutôt par l’autorité du Saint-Esprit que nous le tenons et le croyons comme ferme et décisif » (Lettre VI au dux Claude, 2 ; Opp. tom. VI, page 567)

Honorius (585-638)

Lorsque le Pape saint Léon II signifia aux Evêque d’Espagne le blâme du IIIè concile de Constantinople (681) pour négligence à l’endroit d’Honorius, il manifesta l’autorité apostolique dont il était investi :

« On y condamna les hérétiques Théodore de Pharan, Cyrus d’Alexandrie, les quatre évêques de Constantinople, Scrgius, Pyrrhus, Paul et Pierre, avec Honorius, lequel n’a pas éteint à sa naissance, comme il convenait à l’autorité apostolique, la flamme de l’hérésie, mais, en négligeant ce soin, l’a laissée grandir. » (Lettre VI aux Evêques d’Espagne, PL, 96, 414).

Eteindre l’hérésie « convenait à l’autorité apostolique » dont était revêtue Honorius, faisant ainsi témoignage de l’autorité universelle, apostolique et infaillible des Evêques de Rome.

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

VIè concile de Tolède (638) et saint Braulion de Saragosse (mort en 646 ou 651)

Le VIè concile de Tolède, composé de cinquante-trois Evêques d’Espagne et de Gaule narbonnaise, dont saint Braulion de Saragosse, ami et disciple de saint Isidore de Séville, dont il acheva le Traité des Étymologies ou Origines, adressa au Pape une réponse témoignant de la doctrine de la Papauté, ainsi qu’une profession de Foi. Cet épisode est un exemple du zèle que Pape Honorius eut pour la pureté de la foi. En effet dans ce pays s’était introduit un certain relâchement, précurseur certain de plus grandes catastrophes. En fidèle gardien du troupeau catholique, le Pape Honorius s’éleva contre ce désordre et, par une décrétale énergique, s’éleva contre la négligence des pasteurs. Dans cet acte de vigueur apostolique, le Pontife blâmait l’excessive attention des évêques pour les affaires temporelles, les rappelait à la défense de la foi, à la lutte contre les hérésies, et leur appliquait le mot des Ecritures : « ce sont tous des chiens muets, qui ne peuvent pas aboyer » (Isaïe 56, 10). Aussi, l’Archevêque de Saragosse saint Braulion, parlant au nom des évêques réunis au VIe concile de Tolède (638), essaya de se justifier Nous détachons de la réponse, émanée de la plume de saint Braulion, les passages suivants :

« Au seigneur révérendissime en qui brillent les mérites et la gloire apostoliques, à l’honorable pape Honorius, tous les évêques constitués à la tête des Eglises d’Espagne. Vous accomplissez excellemment le devoir attaché à la Chaire qui vous a été confiée par Dieu, lorsque, dans une sainte sollicitude pour toutes les Eglises, avec, l’éclat rayonnant de la doctrine, comme le veilleur en sentinelle, vous prenez toutes les mesures dignes de votre prévoyance pour sauvegarder la défense de l’Eglise du Christ. Armé du glaive de la parole divine et des traits d’un zèle souverain, vous frappez les misérables qui voudraient, déchirer encore la tunique du Seigneur ; nouveau Néhémie, avec la même ardeur et la même vigilance vous purifiez du contact souillé des prévaricateurs et des apostats la sainte maison de Dieu, l’Eglise notre mère. Tels étaient déjà, par l’inspiration du Très-Haut, la préoccupation de votre très-glorieux fils notre roi Suintilla, et l’objet habituel de ses pieuses pensées. Les exhortations que vous lui avez directement adressées, et qui, grâces à Dieu, lui sont heureusement parvenues, l’ont trouvé sur le point de réaliser des vœux qui lui sont chers. Déjà, venus de toute l’Espagne et de la Gaule narbonnaise, nous étions réunis en synode, lorsque le diacre Turninus nous a remis de votre part le décret qui nous invite à redoubler de fermeté pour le maintien de la foi, d’activité contre les perfides manœuvres de l’hérésie. Ô le plus excellent des Pontifes, seigneur très-bienheureux, aucun conseil humain, nulle prudence mortelle n’aurait pu créer une pareille coïncidence ; nous y reconnaissons l’œuvre de cette Providence partout étendue et nulle part défaillante du Créateur tout puissant. Aux deux extrémités du monde, à travers l’immensité des mers, le souverain Maître, le bien qui gouverne les âmes, inspire au cœur du roi les mêmes pensées, les mêmes vues pour la religion, qui sont dans votre propre cœur. Qu’est-ce que cela ? Sinon la preuve que ce grand Dieu dirige ceux auxquels il confie le pouvoir d’après les inspirations que, dans la sagesse de son éternité, il a prévues comme les plus utiles à son Eglise sainte et catholique. » (Saint Braulion, Lettre XXI, Patrologie latine, tome 80, colonnes 667-678 ; Mgr Justin FEVRE dans Histoire apologétique de la Papauté, tome 3, pages 372 à 374, cite ce passage de saint Braulion mais se trompe dans la référence : il indique la colonne 667 du tome 87 (LXXXVII) au lieu de 80 ; aussi trouvable sous la référence : Lettre 129, in : Georg KREUZER, Die Honoriusfrage im Mittelalter und in der Neuzeit (coll. « Papste und Papsttum », tome VIII), thèse de doctorat, Stutt­gart 1975, page 19)

Après avoir répond aux reproches du Pape, le concile continue par des compliments :

« Mais vous, ô le plus révéré des hommes et le plus saint des pères, insistez avec la force et la vertu que vous tenez de Dieu, avec l’éloquence qui vous distingue, avec la pieuse industrie de votre zèle, continuez votre lutte contre les ennemis de la croix du Seigneur, contre les suppôts de Satan, les sectateurs de l’antéchrist, et ramenez-les tous au sein de notre mère la sainte Eglise. Les deux moitiés du monde, l’Orient et l’Occident, ont entendu votre voix. Puissent-elles comprendre que c’est Dieu qui parle par votre bouche, puissent-elles s’unir avec nous pour conjurer la perfidie des méchants ! Comme un autre Elie, quand vous frappez les faux prophètes de Baal, et qu’enflammé du même zèle vous vous plaignez d’être seul dans ce combat, vous méritez d’entendre une voix du ciel vous répondre qu’il eu est encore un grand nombre qui n’ont pas fléchi le genou devant l’idole. Ce n’est ni un sentiment de jactance ni un transport d’orgueil qui nous dicte ces réflexions, que nous soumettons à votre béatitude : l’amour de la vérité nous inspire uniquement. En toute humilité, nous vous disons la vérité sur nous-mêmes, afin que vous la connaissiez, afin qu’elle soit le lien commun entre vous et nous. Laissons aux infidèles la vanité qui les trompe. Il semblerait peut-être convenable d’entrer ici dans le détail et de répondre, article par article, aux divers points de votre lettre ; mais nous craindrions de fatiguer votre oreille en prolongeant nos explications. Nous croyons cette réponse suffisante : votre sagesse n’a pas besoin de longs discours. Et maintenant il nous reste à conjurer instamment Votre Sainteté de daigner, dans sa piété éminente, se souvenir de nos humbles et pauvres personnes, lorsqu’à la confession des bienheureux apôtres et de tous les saints de Rome, vous offrez à Dieu vos prières pour l’Eglise universelle. Le parfum de vos supplications, myrrhe et encens d’agréable odeur, couvrira les traces de nos fautes, et dans ce monde ou dans l’autre, nous n’aurons point à en porter la peine. Car nous savons que nul en ce corps mortel ne traverse sans péril la grande mer du monde. Donc, ô le plus illustre et le plus excellent des Pontifes, ne refusez le secours de votre intercession, qui d’ailleurs rejaillira pour Votre Sainteté dans la gloire éternelle, ni à votre fils notre roi sérénissime, ni à nous, ni aux peuples dont le Seigneur nous a confié le soin. De notre côté, nous sommes fidèles à ce devoir de la prière, conjurant le tout-puissant Seigneur d’accorder à son Eglise, dans sa traversée temporelle, un cours tranquille et paisible, dans la dignité d’une vie religieuse et sainte, afin que, ballotté entre les écueils de la tentation, le rocher de Charybde du faux plaisir et les îlots de la persécution, les aboiements du Scylla de la gentilité, le navire de la foi, dirigé par la main du divin pilote, arrive en paix au port du salut : afin que la voix qui commande à la mer et aux vents fasse régner le calme sur les flots et la prospérité spirituelle dans les Âmes. » (Saint Braulion, Lettre XXI, Patrologie latine, tome 80, colonnes 669-670 ; Mgr Justin FEVRE dans Histoire apologétique de la Papauté, tome 3, pages 372 à 374, cite ce passage de saint Braulion mais se trompe dans la référence : il indique la bonne colonne du tome 87 (LXXXVII) au lieu de 80 ; aussi trouvable sous la référence : Lettre 129, in : Georg KREUZER, Die Honoriusfrage im Mittelalter und in der Neuzeit (coll. « Papste und Papsttum », tome VIII), thèse de doctorat, Stutt­gart 1975, page 19)

Ce témoignage de la Papauté est aussi le plus ancien témoignage, de la part d’un saint et d’Evêques ayant la vraie foi, en garantie de la perfection doctrinale du Pape Honorius. En effet celui-ci avait envoyé des lettres au patriarche Serge de Constantinople dans lesquelles certains croient lire l’hérésie monothélite. Ces lettres datent de 634, soit seulement quatre ans avant cette déclaration du VIè concile de Tolède. Aussi le témoignage du concile Tolède est particulièrement pertinent à deux titres.

Premièrement il s’est déroulé après la rédaction de ces lettres, et donc le témoignage en faveur d’Honorius les englobe, d’ailleurs il y fait allusion en parlant de ce que Honorius a déclaré à l’Orient et de la « perfidie des méchants » qu’il a « conjuré » : « Les deux moitiés du monde, l’Orient et l’Occident, ont entendu votre voix. Puissent-elles comprendre que c’est Dieu qui parle par votre bouche, puissent-elles s’unir avec nous pour conjurer la perfidie des méchants !« .

Et deuxièmement ce concile est insoupçonnable d’erreur ou de complaisance avec l’erreur, puisqu’il fit une profession de foi christologique parfaite, en condamnant absolument le monothélisme. On trouvera cette profession de foi en latin dans LABBE, tome V, colonne 1741, et en français dans l’Histoire apologétique de la Papauté (tome 3, pages 375 à 377) de Mgr Justin FEVRE.

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Une épitaphe d’Honorius (638)

L’inscription funéraire qui marque sa tombe pour la postérité témoigne, outre de sa perfection doctrinale, de la foi de l’Eglise de l’époque en la Papauté ;

« Nous décernons de pieux éloges au grand Pasteur qui a rempli les fonctions de Pierre, et qui est monté au comble des honneurs.

Sous ce tombeau brille le pontife Honorius, dont l’auguste nom et la gloire sont stables.

Gouvernant dignement en vertu du pouvoir attaché au Siége apostolique, il a rappelé ceux qui étaient dispersés, il a enrichi l’Eglise de dépouilles opimes.

L’Esprit de Dieu semblait l’animer quand il composait des vers. Il a su, en bon pasteur, conduire son troupeau à la vie.

Les Eglises de l’Istrie gémissant depuis longtemps sous un schisme cruel, tes avertissements les ont ramenées au giron de l’Eglise.

Tu découvres et réprimes les perfidies de la nation juive, et c’est ainsi que tu établis l’unité dans le bercail du Sauveur.

Rien n’échappait à son active surveillance, qui fit régner partout une paix désirée.

Il a pris une place glorieuse parmi les Pontifes, par sa doctrine puissante aussi bien que par la sainte régularité de sa vie.

Les doctrines du Maître éloquent, ranimées sous ta main, ont toujours brillé en toi.

En suivant avec ardeur les traces du grand et pieux Grégoire, tu as hérité de ses mérites.

Possède à jamais, par la grâce du Christ, la lumière éternelle dans le séjour des Saints. » (Inscript., vet. Append. – Voy. aussi Canisius, Antiq. Lect. VI, 411. – Epigr., lib. V, apud Gruter, III, 1175 ; – Duchène, Hist. des Papes)

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Saint Martin Ier (vers 600-655) lors du concile du Latran (649)

Saint Martin témoigne que c’est aux Evêques de Rome qu’on se plaignit de l’hérésie de l’Evêque de Constantinople, et qu’ils firent leur possible pour y mettre fin, mais sans succès :

« Les catholiques ont porté leurs plaintes de divers lieux au Siège apostolique, et lui ont dénoncé, par écrit et de vive voix, la conduite des patriarches de Constantinople. Nos prédécesseurs d’apostolique mémoire n’ont point cessé d’écrire en divers temps à ces évêques ; ils les ont priés, admonestés, menacés, ils les ont fait avertir par des légats expressément envoyés à cette fin. Tout a été inutile. » (Labbe, VI, 82 et suivants ; Acta conc., IV, 702)

Ce témoignage de la Papauté est aussi une garantie de la perfection doctrinale du Pape Honorius. En effet celui-ci avait envoyé des lettres au patriarche Serge de Constantinople dans lesquelles certains croient lire l’hérésie monothélite. Lors du même concile, le même saint Martin déclara la parfaite orthodoxie de tous ses prédécesseurs, sans excepter Honorius. Il le fit dans ses lettres aux Eglises d’Antioche et de Jérusalem, où il oppose à la conduite des patriarches de Constantinople, tous hérétiques, celle des Pontifes romains, tous défenseurs vigilants des trésors de l’Eglise :

« Je dois vous informer, vénérables frères, de ce qui s’est passé ; nous avons vu, de notre temps, s’élever contre la foi orthodoxe les personnages que nous devons qualifier de ravisseurs : c’est Théodore évêque de Pharan, Cyrus évêque d’Alexandrie, Sergius évêque de Constantinople, et ses, successeurs Pyrrhus et Paul. Les hérétiques ont essayé d’enlever à l’Eglise les trésors de sa foi ; mais nous, je veux dire les Pontifes du Siège apostolique, nous les avons empêchés de nous dépouiller ainsi de nos richesses. »

Ce témoignage est d’autant plus significatif que lors de ce concile, le Pape saint Martin Ier, reconnaît que les intentions de l’empereur Héraclius, dans son Ecthèse, ou profession de foi, ont pu être droites :

« Encore, bien qu’il semble que cette Exposition a été pour un bon motif, cependant on peut dire que la doctrine qui y est enseignée produit en effet tout-à-fait contraire et opposé à l’intention qu’où avait en la faisant. Assurément, tous ceux qui craignaient véritablement Dieu doivent s’efforcer d’éloigner les occasions de dispute dans les questions de foi ; mais il n’est ni utile ni avantageux de détruire un bien en voulant prévenir un mal, et de supprimer les paroles et les sentiments des Pères, sous prétexte de vouloir s’opposer aux sentiments des hérétiques. » (Session IV)

Les intentions d’Héraclius, eu publiant l’Ecthèse. étaient peut-être bonnes, le concile le reconnaît, mais la mesure était fausse et de nature à favoriser l’hérésie : écrit et auteur sont appelés impies, hérétiques. C’est un style à connaître. Et comme elle était de nature à favoriser, en quelque manière, l’hérésie monothélite, on fit condamnation et sur l’écrit et sur l’auteur, et le concile les appelle impies et hérétiques :

« Si quelqu’un, conformément aux saintes Ecritures et à ce que nous avons enseigné, ne dit pas anathème de cœur et de bouche à tous les hérétiques et à tous leurs écrits, savoir : Sabellius, Arius, etc, à quoi il faut ajouter l’Exposition impie que l’empereur Héraclius a faite, à la persuasion de Sergius, pour maintenir cette hérésie d’une seule et unique volonté ou opération en Jésus-Christ, et tous les actes et écrits qui ont été faits pour les défendre, de même que ceux qui les reçoivent et les approuvent : que celui-là, dis-je, qui ne condamne pas tous ces hérétiques, soit anathème. » (Session V, canon 18)

En supposant la prévarication d’Honorius, un tel langage eut-il été possible ?

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Saint Sophrone de Jérusalem (vers 550-638) par la voix de son diacre Etienne de Dor, lors du concile du Latran (649)

« Sophrone avait le courage du lion, l’intrépidité du juste. Animé d’un zèle ardent pour la foi, plein de confiance en Dieu, il me conduisit, moi indigne, sur la montagne du Calvaire, au lieu où Jésus-Christ, si au-dessus de nous par sa nature divine, daigna se laisser crucifier pour nous selon la chair. D’un ton irrésistible, il me tint ce langage : C’est à Dieu qui souffrit ici selon la chair que vous aurez à répondre le jour de son avènement terrible, quand il paraîtra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts, si vous refusez de me prêter votre concours dans ce péril de la foi. Je ne puis quitter Jérusalem, vous le savez, en présence d’une invasion des Sarrazins, déchaînés sans doute par la justice de Dieu contre nos péchés. Partez donc le plus promptement possible, traversez l’immensité de la terre et des mers, allez au Siège apostolique, là où reposent les fondements des dogmes orthodoxes. Allez-y une première fois, retournez-y une seconde et plus encore s’il est nécessaire. Faites connaître aux personnages sacrés qui y président ou y présideront, la vérité tout entière sur les faits qui se passent en Orient. Redoublez vos instances et vos supplications jusqu’à ce que, dans l’apostolique prudence qui est leur privilège divin, ils rendent un jugement solennel et foudroient canoniquement les erreurs nouvellement introduites. Telles furent ses paroles. J’étais en proie à une vive émotion, à une anxiété terrible. Le lieu sacré où nous nous trouvions, l’adjuration formidable du patriarche me faisaient trembler. Je songeais aussi aux devoirs de mon ministère épiscopal, qui m’attachaient à l’Eglise de Dor. Mais les instances de Sophrone, celles des évêques et des fidèles de la Palestine, me déterminèrent à partir. Depuis lors, pour me servir de l’expression de l’Ecriture, « Mes yeux n’ont pas connu le sommeil, mes paupières ne se sont point closes, je n’ai pas goûté de repos », jusqu’à ce qu’il me fut donné d’accomplir ma mission près du Siège apostolique. C’est la première fois que j’y reviens. Les sectaires n’épargnèrent rien pour empêcher mon voyage ; ils obtinrent que des édits impériaux fussent adressés à toutes les provinces d’Orient que je devais parcourir, avec ordre de me charger de fers et de m’envoyer à Constantinople. Mais le Seigneur a été mon auxiliaire, il m’a délivré de toutes les embûches, ma course rapide ne fut point interrompue, et je parvins au terme de mon voyage. » (LABBE, VI, 104 ; MANSI, X, 894-895)

Ce témoignage de la Papauté est aussi une garantie de la perfection doctrinale du Pape Honorius. En effet celui-ci avait envoyé des lettres au patriarche Serge de Constantinople dans lesquelles certains croient lire l’hérésie monothélite. Ce témoignage est d’autant plus important que si Etienne de Dor fut envoyé à Rome par saint Sophrone, c’était précisément pour combattre l’hérésie monothélite, étant donné que Sophrone craignait que Honorius ne soit tenté de prendre une position neutre et dangereuse pour la doctrine catholique : ainsi nous lisons que malgré la crainte d’une position ambigüe, il ne serait jamais venu à l’esprit des saints que l’Evêque de Rome put enseigner l’erreur.

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Serge de Chypre

Cet appel de saint Sophrone ne fut pas isolé. Peu de temps après, Serge, métropolite de Chypre, écrivait au pape Théodore, et le suppliait de sévir contre l’hérésie. Voici comment il débutait :

« Ο chef sacré ! le Christ notre Dieu a établi votre Siège apostolique comme un appui inébranlable fixé par Dieu même, et comme une colonne où la foi est inscrite en caractères lumineux. Vous êtes, en effet, comme la voix infaillible du Verbe divin l’a proclamé, Pierre, et sur votre fondement les colonnes de l’Eglise ont été plantées [Matthieu XVI, 18] ; c’est entre vos mains qu’il a mis les clés du royaume des cieux [Matthieu XVI, 19] ; c’est à vous qu’il a ordonné de lier et de délier avec puissance sur la terre et dans le ciel. Vous avez été établi destructeur des profanes hérésies et docteur de la foi orthodoxe et immaculée. Ne négligez pas, ô père, la foi de nos pères en péril et agitée par les flots. Dissipez la puissance des insensés par la lumière de votre science divine, ô très saint, et détruisez les blasphèmes et l’arrogance de ces docteurs récemment apparus, qui prêchent des nouveautés. » (MANSI, t. X, col. 913)

Les plaintes de Serge visaient surtout Paul, patriarche de Constantinople. Théodore le condamna, ainsi que Pyrrhus, dans un Concile romain, en 648 (Théophane le Confesseur, P. G., t. CVIII, col. 681).

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Saint Maxime le Confesseur (580-662)

Saint Maxime applique la vertu de pierre de fondement à l’Eglise de Rome sans même mentionner saint Pierre, tellement la chose devait être évidente pour tous ses contemporains :

« Toutes les parties de l’univers et tous ceux qui reconnaissent partout le Seigneur avec une foi véritable et authentique se tournent comme vers le soleil vers la sainte Eglise de Rome, et considèrent sa profession de foi, dont Ils attendent l’éclat de sa lumière. […] C’est dès le commencement, lorsque le Verbe de Dieu descendit jusqu’à nous en assumant notre chair, tous les chrétiens ont toujours regardé et regardent encore comme l’unique base solide, l’unique fondement de l’Eglise le siège suprême qui se trouve en cette église de Rome, celui que, d’après la promesse du Sauveur, les portes de l’enfer ne sauraient vaincre et qui possède les clefs de la vraie foi et de l’authentique confession, celui chez qui tous ceux qui s’approchent avec une piété sincère se voient ouvrir l’accès à l’unique religion, celui qui rend les hérétiques muets et ôte la parole de la bouche de ceux qui profèrent l’iniquité en présence du Tout-Puissant. » (Lettre à Marin de Chypre, PG, 91/138-139)

Dans sa Lettre à Pierre l’Illustre, saint Maxime enseigne que la marque de la vraie foi et de la vraie communion c’est d’être soumis au Pontife romain :

« Je vous prie donc, seigneur, de défendre à tout le monde d’appeler Pyrrhus très saint, caria règle de l’Eglise ne le permet pas. Il est déchu de toute sainteté celui qui est sorti volontairement de l’Eglise catholique. Il n’est permis de louer en aucune façon celui qui, pour ses sentiments hérétiques, a été condamné et rejeté par le Siège apostolique de Rome, tant qu’il n’est pas revenu à ce siège et n’en a pas été reçu. Si quelqu’un veut n’être point hérétique et ne point passer pour tel, qu’il ne cherche pas à satisfaire celui-ci ou celui-là, ce serait chose inutile et déraisonnable mais qu’il se hâte de satisfaire en tout le siège de Rome. Le siège de Rome satisfait, tous partout et d’une seule voix le proclameront pieux et orthodoxe. Car si l’on veut persuader ceux qui me ressemblent, c’est en vain qu’on se contenterait de parler, si l’on ne satisfait et si l’on n’implore le bienheureux Pape de la très sainte Eglise des Romains, c’est-à-dire le Siège Apostolique, qui a reçu du Verbe de Dieu Incarné Lui-même, et, d’après les saints Conciles, selon les saints canons et les définitions, elle possède, sur l’universalité des saintes Eglises de Dieu qui existent sur toute la surface de la terre, l’empire et l’autorité en tout et pour tout, et le pouvoir de lier et de délier. Car lorsqu’elle lie et délie, le Verbe, qui commande aux vertus célestes, lie ou délie aussi dans le ciel. […] Si donc il croit devoir satisfaire aux autres et n’implore pas le bienheureux Pape de Rome, il agit comme un accusé d’homicide qui s’efforcerait de prouver son innocence, non pas au juge, mais à des particuliers qui n’ont aucun pouvoir pour l’absoudre. » (Lettre à Pierre l’illustre, PG, tome 91, colonne 144)

C’est la raison pour laquelle, plus tôt dans sa lettre, il fait l’application suivante au cas du Pape Honorius, qui fut tant et tant injurié par ceux qui l’accusaient d’être tombé dans l’hérésie monothélite, en disant non seulement qu’il n’en fut pas ainsi, mais encore que cela était impossible car il était l’Evêque du Siège Apostolique :

« Quel est l’interprète le plus digne de foi de la lettre pontificale ? Celui qui l’a écrite au nom d’Honorius, l’illustre abbé Jean qui vit encore, et qui, outre tant d’autres mérites, a répandu sur l’Occident l’éclat de sa doctrine et de sa piété ; ou bien les Orientaux qui n’ont jamais quitté Constantinople, et qui parlent d’après leurs sympathies, leurs opinions particulières et personnelles ? N’est-ce pas le comble du ridicule, ou plutôt n’est-ce pas un spectacle lamentable ? Dans leur audace, ils n’ont pas craint de mentir contre le Siège apostolique lui-même. Comme s’ils avaient été de son conseil, ou qu’ils eussent reçu de lui un décret dogmatique, ils ont osé revendiquer pour leur cause le grand Honorius, faisant parade à l’appui de leur folle opinion de la suréminente piété de ce pontife. Et cependant, que n’a pas fait la sainte Église pour les arrêter dans leur voie funeste ? Quel pontife pieux et orthodoxe ne les a conjurés par ses appels et ses supplications de renoncer à leur hérésie ? Que n’a point fait le divin Honorius et après lui le vieillard Severinus, et son successeur le vénérable pape Jean ? […]

En tout cela, ces malheureux (les monothélites) n’ont pas suivi la doctrine du Siège Apostolique ; et ce qui est le comble du ridicule, ou pour mieux dire ce qu’il y a de plus lamentable (car c’est la preuve de leur audace), ils n’ont pas craint de mentir témérairement contre le Siège Apostolique lui-même ; et comme s’ils avaient été de son conseil, et qu’ils eussent reçu de lui un décret, ils ont osé mettre de leur côté le grand Honorius dans leurs écrits en faveur de l’impie Ecthèse, faisant parade aux yeux des autres, à l’appui de leur folle opinion, du mérite éminent de cet homme pour la cause de l’orthodoxie. » (Lettre à Pierre l’illustre, PG, tome 91, colonnes 142 et 143)

Ce témoignage de la Papauté est aussi une garantie de la perfection doctrinale du Pape Honorius. En effet celui-ci avait envoyé des lettres au patriarche Serge de Constantinople dans lesquelles certains croient lire l’hérésie monothélite. Ce témoignage est d’autant plus important que saint Maxime le Confesseur est un héro de la lutte anti-monothélite, il refusa de faire la moindre concession à cette hérésie que sur la cour de Constantinople, gagnée au parti monothélite, on le tortura, on lui arracha la langue, on lui coupa la main droite, pour s’assurer de son silence, puis on l’exila en Lazica.

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Saint Agathon (574-681) et le IIIè concile de Constantinople (680-681)

Si je vous demande quand fut proclamé le dogme de l’infaillibilité papale, vous me répondrez sans doute : « En 1870 au concile Vatican I ! » Et vous auriez entièrement raison car c’est à cette occasion que l’infaillibilité du Pape qui trouve ses racines dans l’Ecriture Sainte et qui est attesté par toute l’antiquité chrétienne fut solennellement défini comme un dogme. Seulement voilà, un épisode méconnu de l’histoire de l’Eglise nous montre que cette infaillibilité personnelle de l’Evêque de Rome, successeur de saint Pierre, avait déjà été matériellement proclamée des 681 lors du IIIè concile de Constantinople (680-681). Cela se passa en deux temps. Tout d’abord le Pape saint Agathon (574-681) écrivit deux Lettres explicites sur le sujet, puis elles furent approuvées par le concile.

Le déroulé des événements est décrit dans cet article.

Nous pouvons et devons souligner à l’attention des Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tous ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes, qui liraient notre article, que cette décision conciliaire confirmant la doctrine de la Papauté est non seulement un témoignage parmi les autres de la Tradition, mais encore une sentence infaillible selon les normes théologiques de leurs propres églises. Aussi, après avoir lu cela, ils sont obligés, en conscience, d’accepter la doctrine de la Papauté exprimée dans ces lettres, approuvées par le concile, ainsi que l’intégralité de ce qu’ont enseigné les Papes sur la Papauté (aussi bien son existence en tant que dogme apostolique que la réponse à l’argument que les anti-romains pensent pouvoir tirer de ce même concile contre la Papauté, à travers le cas d’Honorius), le Filioque, le célibat sacerdotal et le baptême des hérétiques, puisque ces lettres affirment aussi la perfection de la doctrine de tous les Papes précédents.

Empereur Constantin IV Pogonat (vers 650-)

Dans la XVIIIe et dernière session, les pères du IIIè Concile de Constantinople avaient fait dresser devant eux, séance tenante, cinq exemplaires du décret de foi, les avaient revêtus de leurs signatures, les avaient présentés eux-mêmes à la souscription de l’empereur, et avaient officiellement déclaré que chacun de ces exemplaires serait transmis au siège de Rome et aux quatre églises patriarcales d’Orient. Les mêmes pères avaient rédigé et adopté, séance tenante, la lettre synodique qui devait accompagner l’exem­plaire destiné au pape. Charge était laissé à l’empereur d’effectuer cette transmission à Rome.

Le même jour, l’Empereur fit afficher, dans le troisième narthex de Sainte-Sophie, ce qui, des travaux du concile, devait être connu du public. L’édit impérial rappelait que c’était presque toujours par les gens d’Église que le diable avait trouvé le moyen de répandre le venin de l’erreur (en voulant sans doute donner le change sur les agissements d’Héraclius et de Constant), témoin les anciens hérétiques, Apollinaire, Thémistius, Eutychès, Dioscore ; témoin, à une époque plus récente, Théodore de Pharan, Sergius et aussi Honorius, jadis pape de l’ancienne Rome, lequel a contribué à affermir l’hérésie et qui s’est contredit lui-même (MANSI, XI, 700). Suivait la profession de foi dyothélite, avec preuves à l’appui, et enfin l’anathème à toutes les hérésies qui, depuis Simon le Magicien jusqu’à maintenant, se sont insinuées dans l’Église. L’édit continuait :

« Avec elles, nous anathématisons les nouveaux hérésiarques et leurs soutiens, nous voulons dire, Théodore de Pharan, et Sergius qui a partagé ses idées et son impiété, et encore Honorius qui s’est montré en tout leur compagnon d’hérésie, et qui a affermi l’hérésie. » (MANSI, XI, 709)

On pourrait ainsi croire que l’Empereur Constantin IV considérait réellement Honorius comme un hérétique. Mais là encore, de même que pour les déclarations de l’assemblée conciliaire que nous exposons dans l’article ci-dessus, que pour les déclarations du Pape saint Léon II que nous exposons ci-dessous, il n’en est rien ! Il s’agit d’une déclaration d’hérésie et d’anathème au sens impropre, comme il était courant à l’époque, pour dire qu’Honorius avait été négligent dans la lutte contre l’hérésie. Cela est confirmé par les deux lettres qu’il écrivit au nouveau Pape saint Léon II, dans lesquelles il professe la foi en l’infaillibilité romaine, et en la perfection doctrinale de tous les Papes passés, spécialement Honorius, car il fait siennes les lettres romaines du 27 mars 680.

Dans la première lettre, on lit la manifestation de sa foi en l’infaillibilité romaine du fait de la promesse faite à saint Pierre :

« Des yeux de l’âme, nous avons contemplé, pour ainsi dire, Pierre, le Prince du chœur apostolique, l’Evêque du premier siège, parlant divinement de l’économie de tout le mystère et redisant au Christ par ces lettres : Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ! Car ces lettres sacrées, dans leurs développements nous exprimaient le Christ tout entier. Tous nous les avons reçues avec un cœur joyeux et sincère, et nous les avons accueillies comme Pierre lui-même, dans l’embrassement de nos âmes. » (Lettre I Coelorum aeternum, dans la correspondance de saint Léon II ; PL 96, 389-392 ; MANSI, XI, 715-716 ; LABBE, VI, 1101-1102)

Puis, il évoque le cas des quelques hérétiques refusant de se soumettre, commettant ainsi une folie. Or les lettres de saint Agathon, comme nous l’avons largement exposé, enseignent largement la doctrine de la Papauté, spécialement l’infaillibilité pontificale ! Voici les mots de l’empereur :

« Or seul avec ceux-là, avec qui il partit brusquement, Macaire, pas satisfait de son propre nom – lui qui fut pourtant évêque de la ville d’Antioche -, et du moins s’opposant [à nous], il se soustrait au joug du Christ et quitta pour de bon l’assemblée épiscopale ; il refusa en tout, en effet, d’assentir aux lettres du très saint Agathon, agissant ainsi en fou à l’égard de Pierre, prince et coryphée [de l’Eglise]. Il ne fut pourtant pas absent aux avertissements, et fréquemment lui furent adressés des encouragements, tous en effet, lui montrions les voies de la conversion ; que n’avons-nous pas dit ? Que n’avons-nous pas tenté ni entrepris ? A ceux-là en particulier qui se séparent du collège sacerdotal. Nous nous affligeons à son sujet, comment pas ne le ferions-nous pas ? A cause de notre compassion se déchirent nos entrailles. Avec lui se délite le troupeau de Seigneur. Mais sa face s’est faite semblable à celle de la courtisane, et il a revêtu sa personne de l’effronterie, et rejetant du même coup l’exhortation et la piété, il entendait pour ne point comprendre, et repoussa avec horreur la parole sainte. Mais pourquoi sommes-nous plus longs dans cette narration, alors que celle-ci se peut expliquer en des termes plus simples et plus soignés ? » (Lettre I Coelorum aeternum, dans la correspondance de saint Léon II ; PL 96, 391-392 ; MANSI, XI, 715-716 ; LABBE, VI, 1101-1102).

Plus loin, parlant à nouveau de Macaire, le décrit comme un hérétique « car » il refuse la doctrine venue de la montagne apostolique (Rome), qui occupe dans l’Eglise de Dieu le rôle de la montagne de Sion (Jérusalem) dans l’Ancienne Alliance :

« Car vraiment c’est ainsi qu’il s’endurcit et qu’il raidit sa nuque comme le fer et sa face comme l’airain. C’est ainsi qu’il appesantit ses oreilles de sortent qu’elle n’écoutent pas, et qu’il dressa son cœur obstiné pour qu’il n’entende la loi ; car la loi est sortie de Sion, et la doctrine du faite de la montagne apostolique [la colline du Vatican, à Rome] : et c’est pourquoi le saint et universel Concile a dépouillé ce même insensé de Macaire avec les hérésies ses compagnes de l’habit pontifical. » (Lettre I Coelorum aeternum ; PL 96, 391-392 ; MANSI, XI, 715-716 ; LABBE, VI, 1101-1102)

Immédiatement après avoir dit cela, il annonce au Pape que sur la demande du Concile, il lui envoie tous ceux qui ont refusé de se soumettre, afin qu’il statue lui-même sur leur sort

« Tous, véritablement, par des prières écrites, supplièrent d’une seule voix notre sérénité pour que nous les envoyions à votre béatitude. Ainsi nous fîmes, et nous les envoyâmes à vous, remettant toute leur cause à votre paternel jugement. » (Lettre I Coelorum aeternum ; PL 96, 391-392 ; MANSI, XI, 715-716 ; LABBE, VI, 1101-1102)

Ce qu’il faut retenir de ce fait c’est que malgré l’évidence de l’hérésie des récalcitrants, le Concile lui-même s’interdit de les juger, et les renvoie à tribunal du Pape. On retrouve l’attitude du Pape Saint Hormisdas Ier (450-523) qui exigeait de l’Empereur Anastase :

« Si l’on vous présente des requêtes contre des évêques catholiques, principalement contre ceux qui osent anathématiser  le concile de Chalcédoine et rejeter les lettres du Pape saint Léon, recevez ces requêtes, mais réservez la cause au jugement du Siège Apostolique, afin qu’ils aient l’espérance d’être entendus, et que vous nous réserviez l’autorité qui nous est due. » (Lettre IV à l’empereur Anastase, 8 juillet 515, PL 63, colonnes 376 à 378)

Ou encore celle de l’Empereur Justinien qui déclarait qu’il n’osait rien décider sans en référer au Pape, pas même au sujet de « choses claires et certaines » ou d’ « affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses » (Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8 ; PL, 66, 14-17), ce pourquoi il reçut l’approbation du Pape Jean II (Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8 ; PL, 66, 17-20).

Il écrit plus bas :

« Mais il [saint Agathon] fit connaître la sainte et vénérée décision du saint Concile, à laquelle nous souscrivîmes, et que nous sanctionnâmes par nos pieux édits, encourageant tout notre peuple amant du Christ afin qu’ici fut obéi aux prescriptions de foi et pour que strictement aucune secte hérétique ne fut inventée. Gloire à Dieu, qui a fait de grandes choses et qui a conservé chez nous [ndlr : grâce aux lettres de Rome] la foi dans son intégrité ! Comment, en effet ne l’aurait-il pas fait pour cette pierre, sur laquelle il a fondé lui-même son Eglise, en prédisant que jamais les portes de l’enfer, c’est-à-dire les attaques de l’hérésie, ne prévaudraient contre elle ! C’est d’elle, comme de la voûte des Cieux, qu’est venue avec éclat la parole de la vraie confession ; elle a illuminé l’âme de ceux qui aiment le Christ et elle a ranimé l’orthodoxie prête à s’éteindre ! » (Lettre I Coelorum aeternum, dans la correspondance de saint Léon II ; PL 96, 391-392 ; MANSI, XI, 717-718 ; LABBE, VI, 1103-1104)

Et dans la seconde lettre, l’empereur dit à saint Léon II, en tant que titulaire de la personne morale qu’est l’épiscopat romain, raison pour laquelle il s’adresse à lui en lui disant « vous », alors même que ce n’est pas lui qui envoya les légats romains mais son prédécesseurs saint Agathon, et que c’est du vivant de ce dernier que ce tint le Concile :

« Car vous étiez bel et bien présent au milieu de nous, accompagné du prince universel des Pasteurs, et parlant divinement de concert avec lui, tant par esprit que par lettre. » (Lettre II Clarus et speciosus, dans la correspondance de saint Léon II ; PL, 96, 397-398 ; MANSI, XI, 721-722, LABBE, VI, 1107-1108)

Plus bas, il évoque à nouveau les lettres de saint Agathon et donc leur doctrine :

« Nous sommes frappés d’admiration par la relation d’Agathon, qui est la voix même de Pierre. » (Lettre II Clarus et speciosus, dans la correspondance de saint Léon II ; PL, 96, 397-398 ; MANSI, XI, 721-722, LABBE, VI, 1107-1108)

Ce témoignage de la Papauté est aussi une garantie de la perfection doctrinale du Pape Honorius. En effet celui-ci avait envoyé des lettres au patriarche Serge de Constantinople dans lesquelles certains croient lire l’hérésie monothélite. Ce témoignage est d’autant plus important que c’est à la proximité immédiate et sous la surveillance de cet Empereur que ce tint le IIIè Concile de Constantinople, celui à qui fut adressé la lettre synodale des Pères du Concile et en ayant transmis les conclusions au Pape.

L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Ce témoignage en sa faveur est loin d’être un exemple isolé. Nous en dressons la liste dans l’article suivant :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Saint Léon II (611-683)

C’est le Pape saint Léon II qui ratifia les décret du IIIè concile de Constantinople et qui lui donna sa forme de concile général, lui donnant force obligatoire pour l’Eglise universelle. Voici ses mots :

« Nous avons donc parcouru d’abord avec un extrême empressement les lettres synodiques, dont le langage plein d’élévation nous a frappés. Puis, avec une minutieuse attention, examinant chacune des pièces écrites, les conférant avec les récits des légats apostoliques, nous avons reconnu que le saint, grand et œcuménique concile sixième, réuni avec la grâce de Dieu par décret impérial à Constantinople, s’est conformé dans sa profession de foi dogmatique aux décisions rendues dans le synode œcuménique précédemment tenu à Rome [le concile romain de 680], sous la présidence directe du trône apostolique sur lequel nous sommes maintenant assis. [Saint Léon II expose ensuite en détail la doctrine apostolique proclamée par le concile sur les deux volontés du Christ]. Telle fut en effet la règle de la tradition apostolique et vraie, tracée dans son concile par mon prédécesseur Agathon, d’apostolique mémoire. Cette règle, il la fixa dans la lettre que ses légats remirent de sa part à votre piété, en l’appuyant par les témoignages conformes des Pères et des Docteurs de l’Eglise ; cette règle, le concile général de Constantinople l’a reçue comme un oracle émané du bienheureux Pierre, prince des apôtres ; il y a reconnu la doctrine pure et les marques d’une foi immaculée. Ainsi ce grand, saint et œcuménique concile que votre clémence a réuni, et auquel, pour le service de Dieu, elle a voulu présider, ayant embrassé en tout la doctrine des apôtres et des Pères, ayant reçu avec révérence la définition dogmatique promulguée par le Siège du bienheureux apôtre Pierre, dont, malgré notre indignité, nous tenons la place, à notre tour, nous et par notre ministère le vénérable Siège apostolique lui-même, nous approuvons le décret du concile ; par l’autorité du bienheureux Pierre nous le confirmons comme sur la solidité immuable de la pierre posée par Jésus-Christ pour fondement à l’Eglise. La vénération qui s’attache aux précédents conciles généraux de Nicée, Constantinople, Ephèse, Chalcédoine et Constantinople (deuxième), nous voulons qu’elle soit rendue à cette récente assemblée œcuménique, où le Saint-Esprit vient encore de se manifester pour le salut des âmes et dont toute la gloire dans le Seigneur sera jusqu’à la fin des siècles attribuée à votre piété impériale. » (Lettre III Regi regum, à l’empereur Constantin IV, vers août 682 ; MANSI, XI, 730 et suivants ; PL 96, 404 et 405 ; Mgr Justin FEVRE dans Histoire apologétique de la Papauté, tome 3, page 487, cite ce passage de saint Léon II mais se trompe dans la référence : il indique la colonne 464 au lieu de 404)

Nous avons ici plusieurs éléments. Le premier est que c’est en vertu de l’autorité de l’apôtre Pierre qu’il confirme le concile. Preuve qu’il était clair non seulement pour lui mais aussi pour ses destinataires qu’il était le chef visible et infaillible de droit divin de l’Eglise de Jésus-Christ, et que rien ne pouvait avoir cours sans son approbation expresse ou tacite. Le deuxième est qu’il appelle « oeucuménique » le concile de Rome de 680, réunissant 125 Evêques autour du Pape saint Agathon qui, comme nous l’avons vu, affirme l’infaillibilité des Papes (Saint Agathon, Lettre III Omnium bonorum spes aux empereurs, PL, 87, 1217 et 1220 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 679-682), et en conséquence, d’une part qu’il y croit aussi et ne saurait donc pas condamner Honorius comme hérétique au sens strict, et d’autre part que la confirmation du concile de Constantinople que porte la lettre ne saurait faire de même. Le troisième est le constat que le IIIè concile de Constantinople « pense de même » que ce concile de Rome qui affirme l’infaillibilité des Papes, et qu’il a reçu « comme un oracle émané de la bouche même de Pierre, prince des apôtres », la règle de foi promulguée par saint Agathon, et l’approuve par ce seul motif qu’il a reçu avec révérence cette règle, ce type de la vraie foi, de la tradition apostolique. Pour mieux accentuer encore sa pensée, saint Léon II déclare œcuménique le synode romain tenu par saint Agathon comme nous l’avons dit. Enfin le quatrième, prenant le contrepied du décret conciliaire qui avait mêlé à la définition de la foi les anathématismes, le Pontife donne à la définition de la foi son approbation absolue, quant aux anathématismes, il en détache soigneusement Honorius en spécifiant bien un motif de blâme différent et grandement inférieur à celui des autres, interprétant ainsi de manière authentique l’intention de l’assemblée conciliaire, conformément à ce que ses légats n’auront pas manqué de lui rapporter. Nous démontrons cela dans notre article précité :

L’Infaillibilité du Pape proclamée en 681 ?

Nous pouvons et devons souligner à l’attention des Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tous ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes, qui liraient notre article, que cette décision conciliaire confirmant la doctrine de la Papauté est non seulement un témoignage parmi les autres de la Tradition, mais encore une sentence infaillible selon les normes théologiques de leurs propres églises. Aussi, après avoir lu cela, ils sont obligés, en conscience, d’accepter la doctrine de la Papauté exprimée dans ces lettres, approuvées par le concile, ainsi que l’intégralité de ce qu’ont enseigné les Papes sur la Papauté (aussi bien son existence en tant que dogme apostolique que la réponse à l’argument que les anti-romains pensent pouvoir tirer de ce même concile contre la Papauté, à travers le cas d’Honorius), le Filioque, le célibat sacerdotal, et le baptême des hérétiques, puisque ces lettres affirment aussi la perfection de la doctrine de tous les Papes précédents.

Appel du patriarche Jean VI de Constantinople (mort en 715) au Pape Constantin (708-715) pour conserver son siège

Un jour, un moine monothélite plus ou moins visionnaire dit à Philippicus, fils du patrice Nicéphore, qui venait le voir :

« L’empire est entre vos mains. »

Comme celui-ci se troublait :

« Si c’est Dieu qui l’ordonne, qu’avez-vous à opposer ? Or, je vous le dis, on a fort mal fait de tenir le sixième Concile. Si vous devenez empereur, rejetez-le et vous aurez un règne long et glorieux. » (Théophane le Confesseur, P. G., t. CVIII, col. 772)

Philippicus s’engagea par serment, et, fanatisé par cette prophétie, il réalisa son destin. En 711, il devint empereur, exila le patriarche Cyrus dans le monastère de Chora où il le fit étrangler, et le remplaça par le moine Jean, son prophète. Dès l’année suivante, dans un conciliabule de Constantinople, le sixième Concile œcuménique fut anathématisé et le monothélisme rétabli.

Le règne de Philippicus Bardane, cependant, ne fut ni long ni glorieux. Dès la seconde année, on lui arracha le trône et les yeux. Quant au patriarche Jean, sa situation devint fort critique, car le nouvel empereur était catholique. Toutefois, son parti fut vite pris. En procédant au sacre d’Anastase II, il réhabilita le sixième Concile, et, pour fermer la bouche à tout le monde, il écrivit aussitôt une longue lettre au Pape Constantin. Il y fait son apologie avec beaucoup plus d’habileté que de vérité. S’il a accepté le siège patriarcal, c’est pour l’empêcher de tomber entre des mains hérétiques. Ensuite, il a eu le malheur de céder à la crainte devant la volonté menaçante de Philippicus ; mais il promet, maintenant que le tyran n’est plus, de ne se donner aucun repos avant d’avoir rendu la paix à l’Eglise. Au reste, quoique en termes très embarrassés, il demande pardon et prie le Pape de le confirmer malgré sa faute sur son siège.

« Vous êtes le disciple et le successeur de celui qui a entendu de la bouche du Maître : Simon, voici que Satan a demandé de vous cribler comme du froment, mais moi, j’ai prié pour que votre foi ne défaille point ; quand tu seras converti, affermis tes frères [Luc XXII, 31-32]. Vous devez donc faire avec soin ce qui est de la correction, mais plus volontiers encore ce qui est de la miséricorde ; car le Seigneur engage le chef des apôtres à reconnaître par sa propre expérience quelle est la faiblesse de la chair, afin qu’il comprenne que ceux qui ont succombé peuvent encore être redressés. »

Après sa signature, il ajoute :

« Ο vous qui êtes affermi dans le Seigneur, priez pour moi, très saint et bienheureux père. » (Mansi, t. XII, col. 206)

Nous ne connaissons pas la réponse du pape Constantin. Le repentir de Jean paraissait sincère, il est à croire qu’il obtint le pardon et la confirmation demandés.

Saint Grégoire II (669-731)

Les lettres du Pape saint Grégoire II expliquent mieux et mettent mieux en relief le but et l’importance du mandat qu’il confia d’évangéliser les Germains à saint Boniface de Mayence que ne le font les écrivains de cette époque, mentionnant cette mission « du Siège apostolique » ou « du Pontife apostolique » (Lettre Exigit manifestata, inter Bonif. ep. XII al. 2)

Les termes qu’il emploie sont empreints d’une telle gravité et d’une si haute autorité qu’on en trouve difficilement de plus expressifs :

« Le but que se propose et que Nous a manifesté votre ardent amour du Christ, et votre foi très pure qni s’est révélée à Nous, exigent que Nous Nous servions de vous comme d’un auxiliaire pour répandre la parole divine que la grâce de Dieu Nous a confiée. » (Lettre Exigit manifestata, inter Bonif. ep. XII al. 2)

Puis il loue sa science, son caractère, son projet, et, de par la suprême autorité du Siège apostolique invoquée par Boniface lui-même, il conclut solennellement :

« C’est pourquoi, au nom de l’indivisible Trinité, par l’inébranlable autorité du bienheureux Pierre, prince des apôtres, dont Nous avons reçu le magistère de doctrine et dont Nous occupons la place au Saint-Siège, Nous affirmons la pureté de votre foi et ordonnons que, par la grâce et sous la garde de Dieu…, vous vous hâtiez vers ces peuples qui sont dans l’erreur, pour leur enseigner la vérité et leur faire connaître l’avènement du règne de Dieu et le nom du Christ Notre-Seigneur. » (Lettre Exigit manifestata, inter Bonif. ep. XII al. 2)

Il l’avertit enfin d’avoir à observer dans l’administration des sacrements « la forme rituelle du Siège apostolique », et de recourir au Pontife romain dès qu’il en aurait besoin pour son ministère.

D’après cette lettre solennelle, qui ne comprendrait la bienveillance de ce saint Pontife et son affectueuse vénération envers Boniface, et sa sollicitude paternelle envers les Germains à qui il envoyait ce pieux prédicateur de l’Evangile, qui lui était si cher ? Intéressons-nous justement à saint Boniface de Mayence !

Saint Boniface de Mayence (vers 672-754)

Moine d’origine anglaise, il reçut d’abord le prénom de Wynfrith. D’abord professeur à Nurstling, il partit en 716 évangéliser la Frise. Le Pape saint Grégoire II le sacra évêque et lui donna le nom de Boniface. Il se rendit ensuite en Bavière et en Thuringe. Il organisa l’Eglise germanique et fonda le monastère de Fulda, avec l’appui de Charles Martel. Il tint plusieurs synodes afin de réformer l’Eglise franque et sacra Pépin le Bref. Il mourut en Frise massacré par les païens.

Sa vie et ses écrit manifestent sa foi en la Papauté.

La conscience de sa mission, jointe à son amour pour le Christ, poussait continuellement cet apôtre à l’action ; elle le consolait dans ses afflictions, le relevait dans ses découragements, lui inspirait confiance quand il désespérait de ses forces. On le vit bien dès son arrivée en Frise et en Thuringe, quand, d’après un écrivain de cette époque.Saint Willibald d’Eichstätt (vers 700-787), biographe de saint Boniface écrit :

« selon le mandat du Siège apostolique, il parla de la religion aux sénateurs, aux chefs du peuple, et leur montra le vrai chemin de la connaissance de Dieu et de la foi en lui. » (Vita S. Bonifacii. c. VI. 16)

Cette conscience de sa mission le détournait de l’oisiveté, l’empêchait même de désirer le repos et de se fixer jamais en un lieu comme en un port tranquille ; elle le fit aller toujours au-devant des difficultés et des humbles travaux, uniquement pour procurer ou accroître la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Ce respect et cette piété qui le rendaient soumis à la volonté du Siège apostolique auquel il rapportait les bienfaits de sa mission lui faisaient aussi envoyer à Rome des lettres et des messagers, de telle sorte que, dès le commencement de sa mission : « il fit connaître au vénérable Père apostolique tout ce que la grâce de Dieu avait opéré par son intermédiaire », et « demanda conseil au Siège apostolique en ce qui concernait les besoins journaliers de l’Eglise de Dieu et le bien du peuple » (Vita S. Bonifacii. c. CVII. 19).

C’était un sentiment tout particulier de vénération qui le guidait en cela, comme il l’avouait ingénument dans sa vieillesse, au Pape saint Zacharie :

« Avec le consentement et sur l’ordre de Grégoire Ier, de vénérable mémoire, je me suis lié par un vœu, il y a près de trente ans, à vivre dans l’amitié et au service du Siège apostolique. J’avais coutume de faire connaître mes joies et mes tristesses au Pontife romain pour louer Dieu ensemble dans le bonheur et pour recevoir la force de sou conseil dans la peine. » (Lettre 59, alias 57)

On trouve çà et là de précieux documents qui attestent un échange ininterrompu de lettres et un remarquable accord de volonlés entre ce vaillant prédicateur de l’Evangile et le Siège apostolique, accord, continué et favorisé par quatre Pontifes successifs de glorieuse mémoire.

Les Pontifes romains n’omettaient aucune occasion ni aucun soin pour aider et favoriser cet actif légat, et Boniface, de son côté, ne négligeait rien, ne se relâchait ni de son zèle ni de son application pour remplir saintement et surabondamment la mission reçue de Pontifes qu’il vénérait et aimait comme un fils.

Le pontife Grégoire, considérant le développement du champ évangélique confié à Boniface et voyant blanchir la belle moisson des peuples qui avaient été reçus par lui dans la Sainte Eglise, décida de conférer à Boniface le couronnement du sacerdoce et de lui imposer l’épiscopat sur toute la province de Germanie. Boniface, qui avait pourtant résisté à son ami intime Wiilibald, « accepta et obéit parce qu’il n’osait pas s’opposer au désir d’un si grand Pontife » (Vita S. Bonifacii. c. VII. 21). Le Pontife romain ajouta à cet honneur insigne une autre faveur loute particu-lière et digne d’être signalée à la postérité parmi les Allemands, car» il accorda l’amitié du Siège apostolique à lui et à tous ses sujets, et cela pour toujours. Grégoire avait déjà donné des preuves et des indices de cette amitié quand il écrivait aux rois, aux princes, aux évêques, aux abbés et à tout le clergé, aux peuples barbares ou nouvellement appelés à la foi, pour les inviter « à donner leur appui et leur concours à ce grand serviteur de Dieu, envoyé par l’Eglise catholique et apostolique pour porter la lumière aux nations » (Ep. Solliciludinem nimiam, inter Bonif. ep, XVII, al. 6).

Cette amitié particulière entre Boniface et le Siège apostolique fut confirmée par le pontife suivant, saint Grégoire III, lorsque Boniface lui envoya des messagers pour le féliciter de son élection : « Ils lui firent connaître le pacte d’amitié que son prédécesseur avait charitahlement conclu avec Boniface et les siens » et « ils l’assurèrent de l’entière dépendance de son humble serviteur pour l’avenir » et enfin, selon leur mandat, ils demandèrent que « le missionnaire dévoué bénéficiât encore, à l’avenir, de l’amitié et de l’union avec le saint Pontife et le Siège apostolique ». Le Pontife accueillit les messagers avec bienveillance et, après leur avoir remis pour Boniface de nouvelles dignités, entre autres « le pallium de l’archiépiscopal, il les renvoya dans leur patrie comblés de présents et de plusieurs reliques de saints » (Vita S. Bonifacii. c. VIII. 25 et suivants).

On peut à peine narrer :

« la reconnaissance de cet apôtre pour ces signes d’affection et exprimer le réconfort que lui apporta cette bienveillance du Siège apostolique à son égard ; touché par la miséricorde divine, il reçut des forces nouvelles pour entreprendre de plus grandes et difficiles choses : édifier de nouveaux temples, des hôpitaux, des monastères, des villages; parcourir des régions nouvelles en prêchant l’Evangile ; établir de nouveaux diocèses et réformer les anciens, en extirper les vices, les schismes et les erreurs ; jeter partout les germes de la foi et de la vie chrétienne ; enseigner les vrais dogmes et les vertus et même amener à la civilisation des nations barbares souvent effrayantes de cruauté, en se servant de disciples qu’il avait formés à la piété et de quelques compatriotes venus d’Angleterre. » (Vita S. Bonifacii. c. IX. 27 et suivants)

Au milieu de tous ces travaux immenses, ennobli déjà par des œuvres remarquables et saintes, parmi les attaques, les malheurs, les inquiétudes journalières, malgré son âge qui l’incitait à se reposer après de si longs travaux, il ne donnait aucune prise à l’orgueil ni à l’amour du repos ; il avait toujours devan lies yeux la tâche à accom plir et les ordres du Pontife C’est pourquoi, « à cause de son intime union avec le Pontife apostolique et tout le clergé, il vint à Rome, une troisième fois en compagnie de ses disciples pour s’entretenir avec le Père apostolique et se recommander aux prières des saints parce qu’il était déjà d’un âge avancé ». Cette fois encore, il fut aimablement accueilli par le Pontife, « comblé de nouveaux présents et de reliques des saints » et doté de précieuses et importantes lettres de recommandation, comme le prouvent celles qui sont parvenues jusqu’à nous (Vita S. Bonifacii. c. IX. 27 et suivants).

Les deux Grégoire eurent pour successeur Zacharie héritier de leur pontificat et de leur sollicitude envers les Germains et leur apôtre. Non content de renouveler l’ancienne union, il l’accrut en témoignant encore plus de confiance peut-être et de bienveillance à Boniface. Celui-ci se comporta de même avec Zacharie, comme en témoigne le nombre des messagers et des lettres amicales qui furent échangés. Entre autres choses qu’il serait trop long de rappeler, le Pontife s’adresse à sou légat en ces aimables termes :

« Très cher Frère, que votre sainte fraternité sache que Nous vous chérissons au point de désirer vous voir chaque jour auprès de Nous, pour être Notre associé, le ministre de Dieu et le dispensateur des Eglises du Christ. » (Ep. Susceptis, inter Bonif. ep. 51, al. 50)

C’est donc à bon droit que l’apôtre de la Germanie écrivait, quelques années avant sa mort, au pontife Etienne, successeur de Zacharie :

« Le disciple de l’Eglise romaine demande instamment et du plus profond de son cœur l’amitié et l’union avec le Siège apostolique. » (Lettre 78)

Mû par une foi robuste, enflammé de piété et de charité, Boniface garda toujours intacte, et il ne cessa jamais de recommander à ceux qu’il avait engendrés par la parole évangélique, avec une telle assi-duité qu’il semblait vouloir la leur laisser comme testament, cette fidélité et cette rare union au Siège apostolique, fidélité qu’il semble avoir d’abord puisée dans sa patrie, dans le secret de la vie monastique, fidélité qu’il avait ensuite promise à Rome, par un serment, sur le corps du bienheureux Pierre, chef des apôtres, avant d’aborder les difficultés de la vie apostolique ; fidélité qu’il avait enfin montrée au milieu des périls et des luttes, comme la marque de son apostolat et la régie de sa mission.

C’est ainsi que, épuisé par l’âge et les labeurs, il se disait, bien humblement, « le dernier et le plus mauvais des légats que l’Eglise catholique, apostolique et romaine ait envoyés prêcher l’Evangile »; mais il tenait bien haut cette mission romaine, et il se glorifiait en Dieu de celte légation et il aimait à s’appeler « le légat de la Sainte Eglise Romaine pour la Germanie » (Lettre 67, alias 22), voulant être le dévot serviteur des Pontifes romains, successeurs de saint Pierre, et leur disciple soumis et obéissant.

Saint Boniface ne s’est pas limitée à la Germanie, mais qu’elle a embrassé tous les peuples ; c’est ainsi que, selon l’ordre de la charité, l’apôtre de la Germanie affectionna particulièrement la nation voisine des Francs, dont il fut le prudent réformateur, et ses compatriotes « issus de la race anglaise », auxquels, « lui, leur frère de race, le légat de l’Eglise universelle et le serviteur du Siège apostolique », confia la propagation de la foi catholique, qui leur avait été annoncée par les légats de saint Grégoire le Grand, pour l’établir chez les Saxons et les peuples de môme race, eu leur recommandant de garder précieusement « l’unité et la communion dans la charité » (Lettre 39, alias 36).

Concluons par ces paroles de saint Boniface :

« Tous ceux que Dieu m’a donnés, pendant ma mission, comme auditeurs ou comme disciples, je ne cesse de les inviter et de les pousser à l’obéissance au Siège apostolique. » (Lettre 50, alias 49)

Saint Théodore Studite (759-826)

« Au très saint et souverain Père des Pères, à mon Seigneur Léon, Pape apostolique, Théodore, très humble prêtre et higoumène de Stoudion. Puisque c’est à Pierre le grand que le Christ notre Dieu, après lui avoir donné les clés du royaume des cieux, a conféré la dignité de chef du troupeau, c’est à Pierre, c’est-à-dire à son successeur, qu’il faut soumettre toutes les nouveautés hérétiques introduites dans l’Église universelle par ceux qui s’écartent de la vérité. » (Lettres, livre Ier, 33 ; P. G., t. XCIX, col. 1017 Β : Έπειδήπερ Πέτρω τώ μεγάλω δέδωκε Χρίστος ό Θεός μετά τας κλείς της βασιλείας τών ουρανών και το της ποιμνιαρχίας αξίωμα’ προς Πέτρον ήτοι τον αύτοΰ διάδοχον ότιοΰν καινοτομούμενον έν τη Καθολίκί) ‘Εκκλησία παρά τών άποσφαλλομένων της αληθείας άναγκαϊον άναφέρεσθαι)

Saint Théodore Studite, né à Constantinople en 759, mort en exil au monastère bithynien de Saint-Tryphon, dans la presqu’île d’Acritas ou de Touzla, le 11 novembre 826, a précédé d’une génération seulement Photius, puisque ce trop célèbre fauteur du schisme oriental avait vu le jour en 820. Il y a donc un intérêt spécial à connaître ce que pensait de la primauté du Pape cet illustre moine du couvent constantinopolitain de Stoudion, qui est, on l’a écrit très justement, « une des figures les plus attachantes de la Byzance impériale et la gloire de l’Église d’Orient au IXe siècle. On a pu dire de lui qu’il fut l’un des derniers catholiques de Constantinople, le dernier peut-être des écrivains ecclésiastiques grecs qui n’aient point connu l’asservissement aux empereurs; que son éloquence atteint parfois à l’éloquence de saint Jean Chrysostome et de Démosthène lui-même »

Aussi sa vision de la Papauté nous est exposée dans l’article La primauté de saint Pierre et du Pape d’après saint Théodore Studite (759-826) par le Père Sévérien SALAVILLE (dans Revue d’Etudes Byzantines, 1914, Numéro 104,  pp. 23-42). Voici le plan de cet article :

I. – La primauté de saint Pierre.

II. – La primauté du Pape.

1° L’épiscopat de saint Pierre à Rome.

2° La primauté du Pape est de droit divin.

3° Universalité de juridiction sur le monde entier.

4° Le pouvoir du Pape est sans appel.

5° Droit de convocation et d’approbation des conciles.

6° L’infaillibilité du Pape.

7° La Papauté centre de l’unité de la foi et de la communion.

Il faut noter que les Orthodoxes, célébrant ce saint le 11 novembre, le chantent comme :

« L’intrépide défenseur de la vérité, la colonne et le soutien de la foi orthodoxe, le guide inspiré de l’orthodoxie, le docteur de la piété, le flambeau de l’univers qui, par ses enseignements, a éclairé tous les fidèles, la lyre du Saint-Esprit, etc. » (Τής αληθείας σφόδρον συνήγογον, στύλον, έδραί’ωμα ορθοδόξου πίστεως. — ‘Ορθοδοξίας οδηγέ, Οεόπνευστε, εύσεβείας διδάσκαλε, της οΐκουμε’νης ό φωστήρ, ταΐς διδαχαΐς σου πάντας έφώτισας, λύροΕ του Πνεύματος. Voir dans les Menées l’office des Vêpres et de l’aurore, au 11 novembre)

Ils épuisent en son honneur la magnificence des titres et des épithètes. Ou ce langage signifie quelque chose, ou ce n’est qu’une phraséologie rhétorique sans substance. Pour un esprit logique il n’est point d’autre alternative. Par les saints qu’elle célèbre, la liturgie grecque est la condamnation la plus expresse qui se puisse imaginer du schisme oriental. Quand on chante saint Jean Chrysostome, saint Léon de Rome, saint Grégoire le Grand, saint Maxime le Confesseur, saint Jean Damascene, saint Théodore Studite et tant d’autres, si l’on connaît leur doctrine et si l’on est conséquent, on ne peut qu’être catholique.

Théodore Abu Qurrah (vers 750-vers 820)

Théodore Abu Qurrah (en arabe ثاوذورس أبي قرة, Thaoudourous Abou Qourra) (v. 750-v. 820), évêque de Harran, est un théologien de langue arabe et de culture gréco-romaine qui vécut durant la première période de l’islam. Il est connu, dans les publications anciennes, sous le nom d’Aboucara ou Abou Kurra.

« Il faut noter que les Apôtres avaient pour chef saint Pierre à qui le Christ avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne triompheront point d’elle » (Matthieu XVI, 18). ; à qui il dit aussi trois fois, après sa résurrection, près la mer de Tibériade : « Simon, m’aimes-tu ? (Si tu m’aimes) Pais mes agneaux, mes béliers et mes brebis » (Jean XXI, 15-17). Simon, m’aimes-tu ? (Si tu m’aimes) Pais mes agneaux, mes béliers et mes brebis : « Simon, Satan a demandé de vous cribler comme on crible le blé, et j’ai prié pour toi afin que tu ne perdes pas ta foi ; mais, à l’instant, tourne-toi vers tes frères et affermis-les. » (Luc XXII, 32).

Vous voyez bien que saint Pierre est le fondement de l’Église propre au troupeau (des fidèles), et celui qui a sa foi ne la perdra jamais ; c’est lui aussi qui est chargé de se tourner vers ses frères et de les affermir.

Les paroles du Seigneur : « J’ai prié pour toi afin que tu ne perdes pas ta foi ; mais tourne-toi à l’instant vers tes frères et affermis-les» (Luc XXII, 32), ne désignent pas la personne de Pierre ni les Apôtres eux-mêmes. Le Christ a voulu désigner par ces mots ceux qui tiendront la place de saint Pierre à Rome et les places des Apôtres. De même quand il dit aux Apôtres : « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des siècles »,(Matthieu XXVIII, 20) il n’a pas voulu désigner les personnes des Apôtres seuls, mais encore ceux qui tiennent leurs places et tout leur troupeau. Ainsi par ces mots qu’il adressa à saint Pierre : « Tourne-toi à l’instant et affermis tes frères, et que ta foi ne se perde pas », il a voulu désigner ses successeurs ; par la raison que saint Pierre seul parmi les Apôtres a perdu sa foi et nié le Christ, le Christ l’avait exprès abandonné pour nous montrer que ce n’est pas sa personne qu’il a voulu désigner, et nous n’avons vu aucun Apôtre tomber afin que saint Pierre l’affermisse.

Dire que le Christ a voulu désigner saint Pierre et les Apôtres en personne, ce serait priver l’Église de ce qui doit l’affermir après la mort de saint Pierre. Comment cela pourrait-il être ? En voyant, après la mort des Apôtres, Satan passer l’Église au crible, il est évident que ce ne sont pas eux que le Christ a voulu désigner par ces mots. Nous savons tous, en effet, que c’est après la mort des Apôtres que les hérésiarques ont agité l’Église, savoir : Paul de Samosate, Arius, Macédonius, Eunomius, Sabellius, Apollinaire, Origène et les autres. Si ces mots du texte sacré ne désignent que les personnes de saint Pierre et des Apôtres, l’Église aurait donc été privée de consolation et n’aurait eu personne qui la sauvât de ces hérésiarques et de leurs doctrines qui sont les portes de l’enfer dont le Christ a dit qu’elles ne triompheront jamais de l’Église. Il est donc de toute évidence que ces mots désignent les successeurs de saint Pierre, qui ne cessent en effet d’affermir leurs frères et ne cesseront jamais jusqu’à la fin des siècles.

Vous savez bien que lorsque Arius se révolta, une assemblée fut réunie contre lui par l’ordre de l’évêque de Rome. Le saint Concile l’a condamné et a fait cesser son hérésie ; et l’Église a accepté la décision de ce concile et a repoussé Arius comme l’Église d’Antioche avait accepté la lettre des Apôtres et avait rejeté ces sectateurs qui lui enseignaient la circoncision et la pratique de la loi. Ainsi lorsque Macédonius se révolta au sujet du Saint-Esprit, une assemblée fut réunie contre lui à Constantinople par l’ordre de l’évêque de Rome ; ce concile rejeta l’hérésiarque et l’Église accepta sa décision comme elle avait accepté celle du premier. Elle excommunia Macédonius comme elle avait déjà excommunié Arius. […]

Lorsque Nestorius se révolta en disant du Christ ce qu’il en a dit, l’Église rejeta sa doctrine et la porta, selon sa coutume, au saint concile, qui fut réuni à Éphèse par ordre de l’évêque de Rome. Le saint concile l’excommunia et fit cesser son hérésie. La sainte Église accepta ce concile et excommunia Nestorius en repoussant sa doctrine, persuadée qu’elle n’avait pas le droit de prendre part dans la décision de ce concile, mais qu’elle avait l’ordre du Saint-Esprit de s’y soumettre, comme nous l’avons déjà démontré. […]

Lorsqu’Eutychès et Dioscore se révoltèrent en disant du Christ ce qu’ils en avaient dit, l’Église a repoussé leur hérésie et les Saints Pères se sont levés contre eux. Mais l’Église n’a pas accepté leur doctrine ni celle de ceux qui les contredisaient, elle les a fait traduire au jugement du saint concile, selon sa coutume. Le quatrième concile a été réuni alors à Chalcédoine par l’ordre de l’évêque de Rome ; il les a excommuniés et a fait cesser leur hérésie. L’Église accepta alors la décision de ce concile, comme elle avait accepté celles des trois premiers conciles ; elle excommunia Eutychès et Dioscore et rejeta leur hérésie, sachant bien qu’elle n’a pas le droit d’intervenir avec ce concile et persuadée que sa décision était celle du Saint-Esprit. […]

Mais, nous, orthodoxes et enfants de la sainte Église, nous rendons gloire et action de grâces au Christ, notre Dieu, qui nous a accordé la bonne volonté et l’obéissance aux saints conciles que le Saint-Esprit a fait parler. Nous sommes dans sa maison et dans le bercail de ses troupeaux. Par sa protection, nous sommes sauvés de Satan qui, comme un loup dévorant, rôde autour de nos âmes pour surprendre celui qui se hasarde à sortir de l’Église et en faire sa proie. Nous supplions notre Seigneur et notre Dieu Jésus-Christ de nous affermir pour toujours sur le roc de son Église sainte et de nous faire boire la liqueur de sa douce doctrine. Nous serons ainsi enivrés de son amour qui remplit nos âmes et nos cœurs de joie et de bonheur en nous portant à lui obéir par l’observation de ses commandements, pour vivre éternellement et hériter son royaume céleste préparé pour tout ce qui a été édifié sur le fondement de saint Pierre par le Saint-Esprit. Ô Esprit-Saint, faites-nous connaître le Christ, le Fils éternel de Dieu, qui s’est incarné de la Vierge Marie par le Saint-Esprit pour notre salut. À lui soit la gloire, la puissance, la majesté et l’adoration, avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. » (Démonstration de la sainte Loi de Moïse et des Prophètes qui ont annoncé le Messie. — Du saint Évangile prêché aux Gentils par les Apôtres du Christ né de la Vierge Marie. — De l’orthodoxie attribuée par tous les hommes aux Chalcédoniens. — Réfutation des doctrines de toutes les sectes qui se nomment chrétiennes par le magister-philosophe, notre saint P. Théodore, évêque de Haran, traduit par le Père Constantin BACHA, publiée sous le titre de Un traité des oeuvres arabes de ThéodoreAbou-Kurra; trouvable en anglais in : Theodore Abu Qurrah, Librairy of the Christian East, volume 1, Brigham Young University Press, Provo, 2005, pp. 68-69)

Saint Ignace de Constantinople (797-877)

« Pour guérir les blessures et les meurtrissures qui sont dans les membres de l’homme, l’art a produit de nombreux médecins […] ; pour guérir celles qui sont dans les membres du Christ notre Sauveur, la tête de l’Eglise catholique et apostolique, le Roi suprême, le Verbe très-puissant, l’Ordonnateur général, le Dieu maître absolu de l’univers n’a créé qu’un seul et unique médecin : votre fraternelle sainteté et votre paternelle bienfaisance, en disant à Pierre, le plus grand des apôtres : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle [Matthieu XVI, 18]. Et encore : Je te donnerai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux [Matthieu XVI, 19]. Ces bienheureuses paroles, il ne les a pas circonscrites et limitées, par un privilège spécial, au seul Prince des apôtres ; mais il les a transmises par lui à tous ceux qui, comme lui et après lui, devaient être souverains pasteurs et divins pontifes de l’ancienne Rome. C’est pourquoi, dès les temps les plus anciens, chaque fois que l’hérésie et la prévarication se sont fait jour, vos prédécesseurs sur ce siège, c’est-à-dire les successeurs du Prince des apôtres et les imitateurs de son zèle pour la foi chrétienne ont arraché l’ivraie et détruit les membres corrompus ou atteints d’une façon incurable. » (Lettre au Pape saint Nicolas Ier, MANSI t. XVI, col. 47)

Le IVème concile de Constantinople (870)

Le Pape Adrien II fit souscrire à la fin du Formulaire d’Hormisdas mentionné plus haut, tous les Pères grecs et latins lors du IVème concile de Constantinople (10e session du 28 février 870) :

nous promettons (je promets) aussi que (à l’avenir) les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l’Eglise catholique, c’est-à-dire qui ne sont pas en accord avec le Siège apostolique, ne seront pas lus durant les saints mystères. (Mais si je tentais de dévier en quoi que ce soit de ma profession de foi, je confesse que, selon mon propre jugement, je serais un complice de ceux que j’ai condamnés.) Cette profession de foi je l’ai souscrite de ma propre main, et je l’ai transmise (envoyée) à toi, Hormisdas, le saint et vénérable pape de la ville de Rome. »

Les Pères du Concile Vatican I – qui défini le dogme de l’infaillibilité pontificale – commentèrent ce texte comme il suit. Ils dirent de l’affirmation selon laquelle la promesse du Christ « s’est vérifié dans les faits » dans le siège de Rome :

« Ceci doit être entendu non seulement comme un simple fait (facto) mais aussi comme un droit (jure) constant et immuable, en [vertu] des paroles du Christ [« Tu es Pierre etc.»], qui demeurent immuables. Aussi longtemps que durera la pierre sur laquelle le Christ fonda l’Église, aussi longtemps la religion catholique et la doctrine sainte seront gardées immaculées dans le Siège apostolique, et ce de par le droit divin. […][L’infaillibilité pontificale] est parfaitement contenue dans le Formulaire d’Hormisdas (avec l’ajout d’Adrien II), qui dit: en vertu des paroles du Christ «Tu es Pierre etc.,», dans le Siège apostolique, c’est-à-dire par Pierre et par ceux qui lui succèdent en cette chaire, la religion et la doctrine ont toujours été gardées immaculées, et comme cela a été montré plus haut), de droit divin, elles seront toujours gardées [à l’avenir]. Ceci équivaut certainement à la proposition qui dit: les évêques romains qui occupent le Siège de Pierre sont, par rapport à la religion et à la doctrine, immunisés contre l’erreur » (Relatio de observationibus Reverendissimorum concilii Patrum in schema de romani pontificis primatu, in: Gerardus SCHNEEMANN, Acta et decreta sacrosancti oecumenici concilii Vaticani cum permultis aliis documentis concilium ejusque historiam spectantibus, Freiburg 1892, col. 281 – 284).

Finalement, Vatican I intégra une citation abrégée du Formulaire au chapitre 4 de Pastor aeternus, contenant la définition du dogme de l’Infaillibilute pontificale :

« Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Matthieu XVI,18) ; ce qui a été dit et prouvé par les faits; car la religion catholique a toujours été gardée sans tache dans le Siège apostolique et la doctrine catholique toujours professée dans sa sainteté (…) Nous espérons mériter de rester dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et vraie, la solidité de la religion chrétienne. »

C) Le IIIè concile de Constantinople : une preuve définitive pour les Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tous ceux qui reconnaissent l’autorité des conciles sans reconnaître celle des Papes

A l’occasion du IIIè concile de Constantinople (680-681), le Pape saint Agathon envoya deux lettres aux empereurs. Dans chacune de ces deux lettres, il affirme que saint Pierre a pour successeur l’Evêque de Rome. Pour s’en convaincre, il suffira de lire notre article sur ces lettre : L’infaillibilité du Pape proclamée en 681 ? Mais il y a plus : ces lettres déclarent que tous les Evêques de Rome ont prêché une doctrine parfaite. Nous lisons, entre autres, dans la première lettre :

« Que Votre Clémence considère donc cet avertissement de Notre-Seigneur et Sauveur, l’auteur de notre foi : en promettant à saint Pierre que sa foi ne défaillirait pas, il l’engagea à confirmer ses frères. Tout le monde sait bien que les pontifes du siège apostolique, ceux qui ont précédé mon humble personne, ont réalisé cette tache sans douter de cette parole. […] Aucun autre motif plus approprié ne saurait recommander à la divine majesté votre force absolument invincible : combattez ceux qui se sont écartés de la règle de la vérité, faites connaître et proclamez partout l’intégrité de notre foi évangélique et apostolique. » (Lettre I Consideranti mihi aux empereurs, 27 mars 680, PL, 87/1168-1169 et 1212 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 635 et 636 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 234 et suivantes)

Puis :

« Saint Pierre a reçu du Rédempteur lui-même par une triple recommandation qui lui en a été faite, la charge de paître les brebis spirituelles qui composent son Eglise ; et c’est grâce à l’appui qu’il continue de lui prêter, que cette Eglise apostolique n’a jamais déviée par une erreur quelconque de la voie de la vérité ; aussi, de tout temps, toute l’Eglise catholique et les conciles généraux ont-ils fidèlement adhéré à son autorité comme à celle du prince de tous les apôtres, s’attachant à la suivre en tout, et tous les saints Père en ont embrassé et soutenu avec zèle la doctrine comme venant des apôtres […] Que votre auguste clémence veuille donc bien considérer que le maître et le Sauveur de tous, qui est l’auteur de la foi, et qui a promis que la foi de Pierre ne défaillira jamais, l’a averti d’affermir ses frères : charge dont se sont acquittés en toute circonstance avec courage, comme tout le monde le sait, les pontifes apostoliques mes glorieux prédécesseurs ; et quoique bien inférieur à leurs mérites je veux, puisque la grâce divine m’a appelé à leur succéder, m’acquitter à leur exemple de ce même ministère. » (Lettre 1 aux empereurs, 27 mars 680, PL, 87/1168-1169 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 635 et 636 et MANSI, Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, t. XI, col. 234 et suivants)

Et dans la seconde, signée des cent-vingt-cinq Évêques d’un concile tenu à Rome :

« Nous croyons que Dieu fera à votre trône, qu’il a élevé lui-même, la faveur si rare, et qui est le privilège du très-petit nombre, d’être le moyen dont il se servira pour faire briller aux yeux de tous la lumière de la foi catholique et apostolique, qui, ayant pour principe la source même de la vraie lumière dont elle est comme le rayon, nous a été transmise par le ministère des princes des apôtres saint Pierre et saint Paul, et par les hommes apostoliques leurs disciples et leurs successeurs, et est parvenue ainsi intacte, grâce au secours divin, jusqu’à notre médiocrité, sans que les ténèbres des hérésies aient pu l’obscurcir, sans qu’aucune erreur ait pu l’altérer, et Dieu veuille bénir les efforts que fait votre autorité providentielle pour la conserver toujours inaltérable ! Tel a été aussi l’objet constant de la sollicitude du siège apostolique, et de tant de pontifes auxquels nous succédons malgré notre indignité. » (Lettre 3 aux empereurs, PL, 87, 1217 et 1220 ; LABBE, Sacrosancta concilia, t. VI, col. 679-682)

Le pape évoque « les pontifes apostoliques mes glorieux prédécesseurs » comme s’étant « acquittés en toute circonstance avec courage, comme tout le monde le sait » à affermir leurs frères selon les paroles du Sauveur. Il est enfin question de la saine doctrine « parvenue ainsi intacte, grâce au secours divin, jusqu’à [saint Agathon], sans que les ténèbres des hérésies aient pu l’obscurcir, sans qu’aucune erreur ait pu l’altérer ». Aussi si tous se sont acquittés de cette tache, cela signifie qu’aucun n’a failli.

Aussi, cela signifie que les propos de saint Innocent Ier, saint Zosime, saint Boniface Ier, saint Sixte III, saint Léon le Grand, saint Félix III, saint Gélase et saint Hormisdas, que nous avons cité, se trouvent ainsi « validés » en tant que tels par ces lettres.

Par la suite, le 15 novembre 680, lors de la 4è session du IIIè concile de Constantinople (680-681) réunissant surtout des évêques Orientaux, une lecture fut donnée de la première lettre (PL, 87/1168-1169 et MANSI, 11/239-254). Puis, lors de la 18è session, le 16 septembre 681, ce fut au tour de la seconde lettre lue en public et les Pères du concile l’approuvèrent et l’insérèrent dans les actes du concile. Leur discours prosphonétique aux empereurs est riche en informations. Ils y témoignent de l’autorité du Pape saint Sylvestre sur le Concile de Nicée :

« Arius veut diviser et séparer les personnes adorables de la sainte Trinité ; et aussitôt l’empereur Constantin et l’honorable Sylvestre s’empressent de convoquer le grand et célèbre Concile de Nicée. » (MANSI, XI, colonnes 661 A ; LABBE, VI, 1049-1050)

Ainsi que de la place de premier plan que le Pape saint Damase occupa dans la lutte contre l’hérésie de Macédonius :

« Lorsque Macédonius répandit ses erreurs sur le Saint-Esprit, Théodose et Damase se dressèrent aussitôt contre lui, et Grégoire et Nectaire [ndlr : saint Nectaire de Constantinople fut le successeur de saint Grégoire de Nazianze comme évêque de cette ville] rassemblèrent un synode dans cette ville royale. » (MANSI, XI, colonnes 661 B ; LABBE, VI, 1049-1050)

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce passage ne signifie pas qu’il présida le Ier Concile de Constantinople via ses légats, ni même qu’il y prit part via une représentation. Nous développons cela dans cet article : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2018/04/16/la-papaute-au-ier-concile-de-constantinople-381/

Un peu plus tard ils affirment la vérité de la doctrine contenue dans les lettres de Rome :

« Tous unis sous l’inspiration du Saint Esprit, tous d’accord et tous du même avis, acquiesçant tous aux lettres que Notre Très Saint Père et Souverain pontife le pape Agathon a envoyées à Votre Puissance [ndlr : les empereurs], reconnaissant la sainte décision du concile qui dépend de lui et qui rassemble cent-vingt-cinq prélats. […] C’est le souverain prince des apôtres qui a agi de concert avec nous. Nous avons eu, pour nous aider, le pape dont la conduite est conforme à la sienne et qui lui succède sur son siège, le pape qui dans ses lettres déclare le mystère de la vérité divine et sacrée. Rome, cette ville antique, nous a transmis la profession de foi que Dieu avait dictée à saint Pierre. La feuille sur laquelle fut inscrit le dogme a honoré la fin de ce jour ; sur cette feuille on voyait de l’encre, mais c’est réalité c’est saint Pierre qui parlait au travers de l’écriture du pape Agathon. » (MANSI, XI, 663-666 ; LABBE, VI, 1051-1054)

Et dans la lettre qu’ils adressèrent au Pape saint Agathon, mais qui fut reçu par le Pape saint Léon II en raison du décès de ce premier :

« Ainsi que tu le sais, bienheureux Père, aux grandes maladies il faut de grands secours ! Aussi le Christ, notre vrai Dieu, qui est puissance créatrice de toutes choses et qui les gouverne toutes, nous a donné un sage médecin dans la personne honorée par Dieu de Ta Sainteté. A la contagion de la peste hérétique, elle a opposé, avec force, les remèdes de l’orthodoxie, et elle a rendu la vigueur de la santé aux membres de l’Eglise. Aussi, après avoir lu avec joie les lettres de vraie confession que ta paternelle Béatitude a envoyés au très-pieux Empereur, nous te laissons à faire ce qui reste, à toi, évêque du premier siège de l’Eglise universelle, que nous nous abandonnons pour savoir ce que nous devons faire, puisque tu es établi sur le ferme rocher de la foi. Nous reconnaissons que tes lettres ont été divinement écrites par le grand Prince des Apôtres : c’est par elles que nous avons vaincu la secte hérétique, aux erreurs multiples, qui avait surgi dernièrement. […] Nous renvoyons à ta Béatitude ce qui a été traité sur chaque affaire et qui est relaté dans les notes et les présents écrits. […] C’est ainsi qu’illuminés par le Saint-Esprit et instruits par ta doctrine, nous avons détruit les dogmes funestes de l’impiété et aplani la voie très-droite de l’orthodoxie. Notre très-pieux et sérénissime empereur Constantin nous a sagement et divinement assistés et protégés. Ensuite l’un de nous, l’Evêque de cette ville de Constantinople, a été des premiers à donner son adhésion à l’écrit d’orthodoxie que tu as envoyé au très-pieux Empereur. […] Avec toi, nous avons enseigné clairement la splendide lumière de la foi orthodoxe. Nous prions ta paternelle Sainteté de la confirmer de nouveau par tes honorables rescrits. » (MANSI, XI, 683-688 ; LABBE, VI, 1073-1076)

Le déroulé des événements est décrit dans cet article.

Nous pouvons et devons souligner à l’attention des Orthodoxes qui liraient notre article que cette décision conciliaire confirmant la doctrine de la Papauté est non seulement un témoignage parmi les autres de la Tradition, mais encore une sentence infaillible selon les normes théologiques de leur église. Aussi, après avoir lu cela, ils sont obligés, en conscience, d’accepter la doctrine de la Papauté exprimée dans ces lettres, approuvées par le concile, ainsi que l’intégralité de ce qu’ont enseigné sur la Papauté, le Filioque et le célibat sacerdotal, puisque ces lettres affirment aussi la perfection de la doctrine de tous les Papes précédents.

II) La fonction de premier ministre de Pierre est par nature transmissible

En Matthieu XVI, 19, en disant à Pierre « je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. », le Christ indique qu’il lui donne une fonction similaire à l’intendant de la Maison Royale à qui en Isaïe XII, 22 où Dieu dit à Elyaqim : « Je mettrai la clé de la maison de David sur son épaule, il ouvrira et nul ne fermera, il fermera et nul n’ouvrira. » Le Christ étant symboliquement assis sur le trône de David (Luc I, 32 et Actes II, 29-36), son Royaume qui n’est pas de ce monde (Jean XVIII, 36) et étant Dieu donc roi des Cieux, lorsqu’il confit à Pierre un rôle analogue à celui d’Elyaqim pour le royaume terrestre de David, il le fait premier ministre du Royaume des Cieux.

Il est donc établi qu’il y a un lien entre Matthieu XVI, 19 et Isaïe XXII, 22, et qu’en conséquence saint Pierre s’est vu remettre un pouvoir analogue à celui du premier ministre du royaume de David, qui était lui-même une préfiguration du Christ.

Aussi, cela nous conduit à considérer le verset suivant de l’Apocalypse :

« Ecris encore à l’ange de l’Eglise de Philadelphie : Voici ce que dit le saint, le Véritable, Celui qui a la clef de David, Celui qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n’ouvre » (Apocalypse III, 7)

Celui qui détient la clé de David ici, c’est le Christ. Et le livre de l’Apocalypse parle également du Christ dans son pouvoir de gouvernement dans les deux passages suivants :

« Et à celui qui vaincra et qui gardera jusqu’à la fin mes œuvres, je lui donnerai pouvoir sur les nations ; il les gouvernera avec un sceptre de fer, ainsi que l’on brise les vases d’argile » (Apocalypse II, 26-27)

« Or, elle donna le jour à un enfant mâle, qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fût enlevé auprès de Dieu et auprès de son trône, » (Apocalypse XII, 5)

Nous mettons les mots « gouverner » et « gouvernera » en gras car dans le texte grec, les mots employés sont « ποιμανεῖ » (poïmaneï) et « ποιμαίνειν » (poïmaïneïn). Pourquoi est-ce intéressant à souligner ? Parce que, comme nous le développons dans notre article sur Jean XXI, 15-17, où le Christ donne l’effectivité de la juridiction sur toute l’Eglise à saint Pierre, le Christ commande à Pierre de « paître » ses brebis et ses agneaux. Mais dans le texte grec original, nous pouvons relarquer que ce n’est pas le même verbe qui est utilisé les trois fois. En effet, a première et la trosième, le verbe utilisé est « Βόσκε » (boskè), qui veut dire « nourrir », tandis ce que la deuxième fois, c’est un autre verbe qui est utilisé : « Ποίμαινε » (poïmaïne), le même verbe qui veut dire « gouverner » dans l’Apocalypse !

Il y a donc un un lien entre le pouvoir donné par le Christ à saint Pierre en Matthieu XVI, 19 et le pouvoir des clés de David exercé par le Christ lui-même dans l’Apocalypse. Or le Christ souverain de l’Apocalypse, non seulement exerce le pouvoir des clés de David, mais aussi « gouverne » d’après le même verbe employé en Jean XXI, 16, prononcé à l’intention du même saint Pierre.

Nous avons là une preuve qu’en Matthieu XVI, 19, le Chist fait à saint Pierre la promesse de lui remettre la réalité du pouvoir sur son royaume qu’est l’Eglise, comme à un « vicaire » comme dit l’Eglise catholique, c’est-à-dire comme « remplaçant », « tenant la place de », « celui qui exerce en second les fonctions attachées à un office ».

Aussi c’est de là que découle la deuxième raison biblique de la nécessité pour Pierre d’avoir un successeur. En effet, Isaïe XXII, 15 nous montre Shevna le maître du palais comme « gouverneur ». Ce verset nous éclaire encore plus sur le rôle de Pierre puis de ses successeurs: le gouverneur (ou l’intendant, suivant les traductions, cela revient au même) est celui qui garde le palais en l’absence du roi. Joseph par exemple était l’intendant de Pharaon (cf. Genèse 43, 19 ; 44, 4). Nous trouvons Eliaqim en II Rois XVIII, 18-37 ; XIX, 2 et d’autres intendants par ailleurs dans la Bible en I Rois IV, 6 ; XVI, 9 ; XVIII, 3 ; II Rois X, 5-16; XV, 5 comme ayant autorité sur la maison. Le Christ indique donc que Pierre devra gouverner son Église en son absence. Et c’est pour cela qu’un des titres officiels du Pape est « Vicaire du Christ », Vicaire voulant dire celui qui remplace quelqu’un en son absence, comme un vice-roi, un vice-président etc (vous remarquerez que les mots « vice » et « vicaire » commencent pareil : c’est parce qu’ils ont la même racine et qu’ils signifient la même chose)

Le verset 20 nous montre le caractère sacerdotale de cette fonction représenté par les vêtements qui sont portés (cf. Exode XXVIII, 4 et 39-40 ; XXIX, 9 etc..) Il sera un « Père  » pour les habitants de Jérusalem. L’Église, prolongement du royaume davidique qui fut donné à Jésus par Dieu (cf. Luc I, 32) ne manquera jamais d’un roi ou d’un intendant sur son trône comme Dieu l’a promit au royaume davidique en Jérémie XXXIII, 17 : « Ainsi parle le Seigneur : Il ne manquera jamais aux Davidides un homme installé sur le trône de la communauté d’Israël. » Mais aussi en : II Samuel VII, 13 ; I Chroniques XVII, 12-14 ; XXII, 10 ; Psaumes 89, 3-41. Dieu promet d’établir le royaume davidique pour toujours sur la terre. Or, depuis la captivité à Babylone en 586 av. JC, le trône davidique est vacant: le Royaume davidique qui durerait toujours c’est l’Église, gouvernée par son intendant: le Pape.

Le Nouveau Testament vient confirmer cette exégèse. Lors du concile de Jérusalem en Actes XV, 13-21, l’intervention de Saint Jacques donne la signification d’une citation du prophète Amos (IX, 11-12) annonçant : « Après cela je reviendrai, et je rebâtirai le tabernacle de David qui est tombé ; je réparerai ses ruines et je le relèverai ; afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, et aussi toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, dit le Seigneur qui fait ces choses ». Cette leçon, on le voit, contient des perspectives de salut universel. Aussi, cela signifie que le royaume de David a chuté et que l’Eglise en est la réédification symbolique. Ainsi, la promesse citée de toujours qu’il y aura toujours un homme installé sur le trône de la communauté d’Israël dans un royaume de David qui durera pour toujours vaut pour l’Eglise visible qui doit avoir un chef unique, premier ministre de Jésus-Christ : le Pape.

Pierre devient par les clés qui lui sont remises le portier de l’Eglise comme Jésus le précise en Marc XIII, 34 : « C’est comme un homme qui part en voyage : il a laissé sa maison, confié à ses serviteurs l’autorité, à chacun sa tâche, et il a donné au portier l’ordre de veiller. » Or la mort du portier Pierre ne met pas fin à la fonction et à la nécessité de la fonction : il lui faut un successeur pour gouverner l’Eglise visible.

III) L’Eglise aura toujours besoin d’un chef pour la gouverner

Il n’est pas difficile de se rendre compte du drame que représenterait l’absence de chef dans l’Eglise. Fatalement, tout partirait dans tous les sens. L’orgueil des uns et l’ignorance des autres créeraient l’anarchie, les hérésies et la fin de tout esprit missionnaire. Dieu a fait l’être humain et a voulu les sociétés composées d’humains pour être gouvernées par le principe d’unité. Ainsi, l’Eglise est un corps (Romains XII, 5 ; I Corinthiens XII, 13 ; Colossiens I, 18) qui fonctionne sous l’autorité de sa tête qui est le Christ.

Le Christ étant remonté vers les Cieux, et ne pouvant donc plus donner ses directives, gouverne nécessairement son Eglise par un délégué. En effet, s’il n’y a pas de chef visible de droit divin, qui enseigne avec assurance la doctrine ? Qui met fin aux conflits ? Qui organise l’apostolat missionnaire ? Qui décide d la pastorale à appliquer dans l’Eglise ? Autant de questions qui sont vouées à rester sans réponses si on refusent le principe d’un chef visible et unique qui tienne son autorité non pas du consentement des hommes, non pas de son charisme, non pas de sa haute intelligence et de sa grande érudition, non pas de sa capacité à convaincre ses contemporains de ses thèses, mais d’un mandat divin ! Le contraire a pour conséquence inévitable une « église » régie par la subjectivité  humaine où la foi prêchée n’a plus la motion divine mais le jugement individuel pour règle. Ayons en tête l’épisode d’Actes VIII, 26-31 où Philippe rencontre un « Ethiopien, eunuque, ministre de Candace, reine des Ethiopiens » qui est donc quelqu’un d’instruit et d’intelligent et qui pourtant lorsque Philippe lui demande s’il comprend le livre d’Isaïe qu’il lit, l’eunuque répond « Et comment le pourrais-je, si quelqu’un ne me guide ? ». Pensons encore à saint Pierre qui dit « qu’aucune prophétie de l’Ecriture ne procède d’une interprétation propre » (II Pierre I, 20) et que les Épîtres de saint Paul et même toute l’Ecriture recèlent des difficultés et que beaucoup les comprennent mal pour leur propres perditions : « Croyez que la longue patience de Notre-Seigneur est pour votre salut, ainsi que Paul, notre bien-aimé frère, vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres où il aborde ces sujets ; il s’y rencontre des passages difficiles à entendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font les autres Écritures, pour leur perdition » (II Pierre III, 15-16).

Saint François de Sales (1576-1622) raisonnait ainsi :

« L’Eglise a toujours besoin d’un confirmateur infaillible auquel on puisse s’adresser, d’un fondement que les portes de l’enfer, et principalement l’erreur, ne puissent renverser, et que son pasteur ne puisse conduire à l’erreur ses enfants: les successeurs de saint Pierre ont donc tous ces mêmes privilèges, qui ne suivent pas la personne, mais la dignité et la charge publique ». (Les controverses, partie III, ch. 6 art. 14, in Œuvre de saint François de Sales, Annecy 1892, t. 1, p. 305. orthographe  française modernisée)

Il est stupéfiant de constater comment les propos de ce saint docteur catholique, grand convertisseur de protestants trouvent écho chez d’éminent auteur protestants qui reconnaissent que l’Eglise du Christ ne peut pas perdurer et prospérer sans chef. Il est malheureux qu’ils n’aient pas tiré les conséquences de leurs principes.

Hugo GROTIUS (1583-1645) :

« L’Eglise at un corps ; elle est composée, par conséquent, de beaucoup de membres au-dessus de tout ce corps est l’Evêque de Rome est organisé d’après le modèle de la primauté que saint Pierre avait sur les autres Apôtres conformément à l’institution du Christ. L’unité avec un chef est l’arme la plus puissante contre les schismes ; le Christ l’a indiqué, et l’expérience l’a démontré. » (In Consult. G. Cassandri Annot., 1812, 61)

COWEL :

« Pour éviter les querelles et les scissions, il faut nécessairement qu’un chef soit investi de l’autorité suprême. En vérité, les douze Apôtres n’auraient pas été aussi unis si l’un d’entre eux n’eût été préposé comme supérieur aux autres. » (Exam. doctrinae contra act. Caus. Innoc., 1564)

Samuel von PUFENDORF (1632-1694) :

« La suppression du Pape a semé dans le monde des germes infinis de discorde : comme il n’y a aucune autorité souveraine pour terminer les disputes qui s’élèvent de toutes parts, on a vu les protestants se divisent entre eux et se déchirer les entrailles. » (De la Monachie du Pontife de Rome)

LEIBNITZ :

« Dieu étant un Dieu d’ordre, et une seule Eglise catholique et apostolique réunie sous une hiérarchie universelle étant de droit divin, il s’ensuit que le Magistrat suprême, agissant dans les limites de la justice, a le pouvoir et le droit de régler tout ce qui est utile au salut des âmes, et d’exercer sa charge pour le bien de l’Eglise universelle. » (Briese, 1733, I, 55)

Friedrich Heinrich JACOBI (1743-1819) :

« Si toutes société sont par leur nature à centraliser leurs forces, il est à présumer que la sagesse de l’Homme-Dieu a pris cette tendance en considération lorsqu’il a fondé son Eglise. » (Uber Bildung, 1808)

Lorenz OKEN (1779-1851), botaniste protestant allemand :

« Il faut un chef suprême à une religion, pour qu’il ait parmi ses membres paix et unité car une religion ayant dans chaque pays un chef particulier, subira bientôt l’influence des besoins de l’Etat. elle ressemblera à toute autre institution politique, telle que la poste ou la douane, perdra le caractère d’institution divine, et finira par se transformer en institution financière ou en mesure de police. » (Neue Bewaffung, etc, 1814)

Christoph-Friedrich von AMMON (1766-1850), théologien et prédicateur :

« Toute société religieuse et politique doit être organisée, et comme les membres d’un corps unie sous un seul chef, si elle ne veut pas se dissoudre et se démembrer. » (Einhert, 1827, n°3)

IV) Pour demeurer stable, l’Église a besoin d’un chef

« La stabilité invaincue de l’Eglise est énoncée par le concile du Vatican comme un motif puissant et perpétuel de sa crédibilité et un témoignage de sa mission divine. Const. De fide catholica, c. III, Denz-Bannw., n. 1794. Sans doute cette stabilité se confond, sur la plupart des points, avec d’autres propriétés de l’Eglise, notamment son unicité sa catholicité, son apostolicité. Cependant, il convient de s’y arrêter brièvement, pour marquer les deux aspects sous lesquels ces autres propriétés de l’Eglise du Christ prennent une valeur apologétique plus accentuée. C’est :

1° La stabilité historique.

Le Christ a fondé son Eglise et a dressé aux premiers pasteurs et fidèles cette promesse solennelle : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle. » Matth., XXVIII, 20. Il ne s’agit pas de constater simplement dans l’Eglise une continuité de fait et pour ainsi dire toute matérielle ; mais on doit y trouver une continuité formelle, répondant, à tous les âges de l’Eglise, aux intentions de son divin fondateur. L’apologète qui s’emparera de cette donnée de stabilité historique, mettra en relief ses trois aspects principaux :

1. Premier aspect : continuité de l’Eglise considérée dans sa constitution même. Ni les persécutions, ni les changements politiques, ni l’ingérence abusive du pouvoir civil, ni à certaines époques l’inconduite de chefs spirituels amenés au sacerdoce sans vocation et par l’esprit de lucre ou le désir des honneurs, ni même l’épreuve périlleuse des schismes, n’ont pu exercer d’influence délétère compromettant la constitution même donnée par le Christ à son Eglise.

2. Deuxième aspect : continuité de l’Eglise considérée dans la succession même de ses chefs, et principalement de l’évêque de Rome, souverain pontife dans l’Eglise. C’est considéré sous cet aspect que l’argument de l’apostolicité de l’Eglise prend toute sa valeur.

3. Enfin, Troisième aspect : nonobstant cette continuité ou plutôt même à cause d’elle, affirmation d’un progrès normal répondant aux exigences de la croissance continue d’une société dont le rôle doit être universel dans le temps comme dans l’espace. Ainsi, sans compromettre aucun élément essentiel de sa constitution et de son gouvernement, l’Eglise a su s’adapter aux conditions successives et parfois bien différentes qu’imposaient à son action les modifications profondes de l’ordre politique ou social. Bien plus, en elle-même, elle s’est développée et a perfectionné sa constitution et son gouvernement dans un sens qui répond aux volontés du Christ. On trouvera ici [aussi] à l’article PAPE [du Dictionnaire de Théologie Catholique] une démonstration frappante de cette stabilité dans un progrès continu.

2° La stabilité doctrinale. – « Allez, enseignez toutes les nations…, leur apprenant ainsi à garder tout ce que je vous ai commandé. » Matth., XXVIII, 19-20. Cette stabilité doctrinale est peut-être plus remarquable encore que la stabilité historique. Elle comporte, de la part de l’Eglise, un triple rôle, humainement impossible à tenir.

1. En premier lieu, l’Eglise a dû maintenir intact le dépôt sacré des vérités révélées qui lui a été confié. Or, une telle conservation, en des matières où souvent l’intelligence humaine ne peut être fixée par l’évidence de la vérité, est déjà par elle-même un fait extraordinaire qu’on ne saurait expliquer sans une assistance spéciale de Dieu

2. En second lieu, l’Eglise a dû maintenir intact ce dépôt en préservant des adultérations nombreuses et incessantes que l’esprit humain, en quête d’explications nouvelles, a voulu, et souvent de la meilleure foi du monde, y faire pénétrer. Les hérésies des IVe et Ve siècles contre les dogmes de la Trinité et de l’incarnation ont été des épreuves plus redoutables que les sanglantes persécutions des âges précédents. Et il a fallu, non seulement pour résister à l’esprit d’erreur, mais encore pour formuler la vérité en face des hérétiques, une assistance tout aussi extraordinaire.

3. Enfin, l’Eglise a su maintenir le dépôt de la foi, tout en dirigeant le progrès qui devait naturellement s’affirmer. Sa stabilité doctrinale comportait cette délicate adaptation du maintien intégral de la foi aux légitimes évolutions d’une pensée, substantiellement fidèle aux enseignements du Christ, mais cherchant à en pénétrer de plus en plus les richesses insoupçonnées, à la fois dans l’ordre de la spéculation et dans l’ordre des applications pratiques à la vie et à la piété chrétiennes.

Cette stabilité de l’Eglise, à la fois historique et doctrinale, est un aspect de son indéfectibilité, étudiée à l’article EGLISE, [du Dictionnaire de Théologie Catholique] t. IV, col. 2145-2150. » (Article Stabilité de l’abbé A. MICHEL., dans le Dictionnaire de Théologie Catholique, Paris, éditions Letouzey et Ané, 87, Bd Raspail, 1941, Tome XIV, col.2554-256.)

Les auteurs protestants reconnaissent eux aussi cette évidence:

WOLTERS :

« L’origine et la durée de la Papauté sont d’une si grande importance, que les catholiques peuvent, à bon droit, regarder ce fait seul comme une preuve sans réplique de la vérité de leur religion. » (Inder Minerva, 1810)

MACAULEY :

« Une fable des Arabes raconte que la pyramide fut bâtie par des rois antédiluviens, et que seule parmi les œuvres de l’homme elle a survécu au déluge. Tel fut le sort de la Papauté : elle avait été ensevelie sous la grande inondation , mais ses fondements n’en furent point ébranlés, et, quand les eaux baissèrent, elle apparut seule au milieu des ruines du monde qui venait d’être détruit. » (Revue d’Edimbourg, octobre 1840)

E. ROBIN :

« Un homme d’esprit et de cœur dit un jour devant moi (j’étais encore enfant alors) : « Aujourd’hui il n’y a rien de fixe ni de stable à quoi l’on puisse rattacher sa vie. Les idées et rois passent, tout se déplace, tout s’use avec une dévorante rapidité. La société change dix fois de face entre le berceau et la tombe d’un mortel. En vérité, au milieu de cette versatilité des choses, il n’y a qu’une ville et qu’un homme qui, par leur immobilité dans l’océan du temps, présentent à notre esprit une image de suite et de perpétuité, Rome et le Pape. Trouvez-moi, pour ceux qui sont las d’errer à la merci de tous les vents, et qui demandent à la vie le calme de l’éternité, un refuge assuré où chercher un abri, un port toujours ouvert où amarrer leur barque, si ce n’est sur ce rocher plus haut que les tempêtes, Rome et la Papauté ? » Cette parole, jetée sans prétention au milieu d’une causerie tour toute frivole et sérieuse, est tombée en moi et y est demeurée depuis, tant elle avait frappé mon imagination, En effet, les cœurs indifférents et distraits, pour les esprits irrésolus ou ceux que retient la honte leur erreur , pour l’incrédulité systématique pour les convictions les plus rebelles, pour tous tant que nous sommes enfin, Ames égarées dans la ténèbres du doute, n’est-ce pas un spectacle capable de réveiller le sentiment croyant, endormi et étouffé en nous, que cette formidable immutabilité où la guerre, la torture, le mépris sont brisés le front, que cette fixité d’un seul point au milieu de tout qui page, que cette lumière traversée par le souffle de toutes les tempêtes, qu’aucun souffle n’éteint; que cette foi toute mystique, toute immatérielle, qui éclate surtout au regard de l’humanité, par l’évidence d’un fait matériel unique dans l’histoire du monde ? » (Revue britannique, 1838)

Pensons enfin aux mots de saint Paul :

« Comment donc invoquera-t-on celui en qui on n’a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en celui dont on n’a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s’il n’y a pas de prédicateur ? Et comment seront-ils prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ? » (Romains X, 14-15).

C’est clair comme de l’eau de roche : on ne peut pas croire sans avoir été prêché et on ne peut pas avoir été prêché si personne n’est envoyé. Ainsi le Parole de Dieu nous apprend qu’il doit y avoir une chaîne ininterrompue de prédicateurs de la vérité depuis les apôtres. Or cette chaîne ne peut exister de droit que sous une autorité unique veille à la préservation de l’orthodoxie et qui commande l’apostolat d’un point de matériel, autrement n’importe qui peut se prévaloir de connaître le vérité et créer sa propre église. C’est bien sûr exclut. Cette chaîne n’existe aussi de fait que dans l’Eglise Romaine car c’est un fait : aucune autre église ne peut se prévaloir de remonter jusqu’aux temps apostoliques. La simple lecture des tous premiers textes chrétiens, de ceux qui ont connus les apôtres en convaincra n’importe qui ! Je pense à la Didachè, à la Lettre de Barnabé, à Clément de Rome, à Ignace d’Antioche, à Polycarpe de Smyrne et à Hermas. Chez eux on lire la Présence Réelle du Christ dans l’Eucharistie, la messe sacrifice, le sacerdoce, l’épiscopat, la Papauté, la confession à un prêtre, l’autorité de la Traditionla régénération baptismale, le baptême des nouveaux nés et l’exaltation du célibat. Autant de point de doctrine qui sont prêchés dans la seule Eglise catholique. A l’inverse, on ne trouve pas la moindre trace des doctrines des autres églises avant les dates connues de leurs fondations au cours de l’histoire. C’est don uniquement dans l’Eglise catholique romaine que se réalise la promesse que le Christ fait à ses apôtres et par là à son Eglise d’être avec eux « TOUS LES JOURS jusqu’à la fin du monde » (Matthieu XXVIII, 20), c’est en elle seule que les paroles de saint Paul en Romains X, 14-15 que nous avons rappelés plus haut trouvent un écho : chacun de ses membres tient sa foi de quelqu’un qui l’a prêché et ce dans une chaîne ininterrompue depuis les apôtres.

V) Qui est le successeur de saint Pierre ?

A) L’Ecriture Sainte nous indique que l’Eglise attirera tout à elle là où saint Pierre sera crucifié

La mort de saint Pierre est liée à celle du Christ. En effet, nous avons vu dans notre article Preuves du martyre et de la sépulture de saint Pierre à Rome, le Christ avait prophétisé à saint Pierre qu’il « le suivrait dans la mort« , et de fait qu’il mourut de manière similaire au Christ : en étant crucifié. Aussi il faut avoir en tête que la mort par crucifixion du Christ avait une signification symbolique : celle de tout attirer à lui :

« Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir. » (Jean XII, 32-33)

La mort par crucifiement de saint Pierre signifie qu’il attirera tout à lui en tant que lieutenant du Christ sur terre (puisque Matthieu XVI, 19 nous apprend qu’il est le premier ministre du Christ sur terre de manière analogique au premier ministre du royaume de David d’Isaïe XXII, 22, voir notre article : Matthieu XVI, 19 : Le Christ lui confie les clefs du Royaume des Cieux et en fait son premier ministre), c’est-à-dire en attirant toute créature à Son Eglise.

Aussi, saint Pierre ayant été élevé de terre à Rome, c’est à Rome que toute l’Eglise converge comme à son centre ! C’est pour cela que saint Pierre qui fut le premier évêque de Rome a pour successeur dans son ministère universel l’évêque de Rome. Voir aussi à ce sujet cet article :

Saint Pierre a-t-il été le premier Évêque de Rome ?

B) Les Pères de l’Eglise sont unanimes à dire que c’est l’évêque de Rome qui est le successuer de saint Pierre

Son successeur est l’évêque de Rome, église qu’il fonda et dont il fut le premier évêque et où il fut martyre. Cette vérité n’a pas de fondement biblique, cependant elle n’en a pas besoin. En effet, nous les lecteurs chrétiens non-catholiques de cet article sont de deux types : d’une part les orthodoxes qui reconnaissent la Tradition comme source infaillible de la Révélation, et d’autre par les protestants, évangéliques, pentecôtistes, témoins de Jéhovah, « chrétiens bibliques », « chrétiens sans dénomination » etc, qui ne reconnaissent que l’Ecriture Sainte comme source de la Révélation.

A ces premiers nous répondront que la force écrasante des Pères de l’Eglise en faveur de la primauté romaine, non seulement d’honneur mais encore de juridiction, non pas de droit ecclésiastique mais de droit divin. Nous le prouvons dans notre article :

La Papauté depuis les apôtres !

A ces second nous répondons d’une part que la Tradition est une source de la Révélation, comme nous le démontrons dans ce dossier, et d’autre part que même s’ils refusent la Tradition, les simples faits de la nécessité d’un successeur pour Pierre et qu’il n’y eut jamais d’autre candidat au poste que l’évêque de Rome doit emporter leur adhésion par la simple logique. Nous leur apprenons ou leur rappelons aussi que le Nouveau Testament qu’ils utilisent n’a pas toujours existé dans sa forme actuel et qu’il ne fut ainsi compilé qu’à la fin du IVè siècle par l’autorité de l’Eglise catholique, venant ainsi sanctionner la Tradition des siècles précédents. Nous le démontrons aussi dans notre dossier. Le canon du Nouveau Testament étant ainsi le fruit combiné de la Tradition et de l’autorité des Papes, il est illogique au plus au point de rejeter ces derniers au nom de ce premier.-Au moment du IIIè concile de Constantinople (680-681), le pape

4 commentaires sur “Saint Pierre a-t-il un successeur ?

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  2. DIE CHRISTIAN
    30 juillet 2017

    Très bel article mais quel autre fondement que JÉSUS CHRIST le Fils de DIEU; peut-il exister? MATTHIEU 16v 16_1CORINTHIENS 8v31_ 2TIMOTTHEE 2v19
    Et quel autre successeur que le SAINT-ESPRIT; l’esprit de vérité sensé nous conduire dans toute la vérité, et nous rappeler tout ce que CHRIST nous a enseigné?
    JEAN 14v17_ JEAN 15v26_ JEAN 16v13
    Et qui d’aussi qualifiés que nous ses disciples pour annoncer au monde la bonne nouvelle de l’évangile?
    JEAN 8v31_ JEAN 13v35_ JEAN15v8_ MARC 16v15.
    Aussi nous n’avons pas besoin d’être conduit par un pape dont l’autorité ne viendrait pas de la bible.
    Mais que nous enseigne la parole de CHRIST seul fondement de la foi chrétienne?

    EPHESIENS 2v20: Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, JÉSUS CHRIST lui-même étant la pierre angulaire.
    C’est avec joie que je lis ses paroles car CHRIST en effet, a pourvus à son église, lui qui est tout suffisant, il ne saurait manquer à sa parole:

    EPHESIENS 4v10-16: ¹⁰ Celui qui est descendu, c’est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. ¹¹ Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs,¹²pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ,¹³jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ,¹⁴afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction,¹⁵mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ.¹⁶C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans la charité.

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