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« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Auteur, date et lieu de l’Epître de Barnabé

Les apologètes catholiques citent souvent l’Epître de Barnabé pour prouver que les premiers chrétiens professaient la foi catholique. Le présent article à pour objet d’établir avec précision sa valeur: un témoignage d’une grande qualité, qui n’est malheureusement pas celui du Barnabé, collaborateur de saint Paul dont il est question dans le Nouveau Testament. Il est cependant probable qu’il s’agisse d’un autre Barnabé de la primitive Eglise. De plus, sa date doit être positionnée entre 95 et 100. C’est ce que démontre l’extrait suivant de l’article « BARNABE (épître de saint) » du Dictionnaire de théologie catholique, rédigé par l’abbé G. BAREILLE.

III. AUTHENTICITÉ. — Auteur, lieu et date. — L’épître que nous possédons est bien certainement celle que l’antiquité chrétienne attribuait à Barnabé. Mais ce Barnabé est—il vraiment l’apôtre, le compagnon et le collaborateur de saint Paul dans sa première mission ? C’est une question qui ne se posa même pas ; Clémentd’Alexandrie, Strom., II, 6, 7, 15, P. G., t. VIII, col. 965, 969, 1005, et Origène désignent le Barnabé des Actes comme l’auteur de l’épitre. On ne discuta qu’un seul point, celui de savoir si l’épitre faisait partie ou non de l’Écriture. Contrairement à l’opinion de Clément d’Alexandrie, Eusèbe, H. E., VI, 13, P. G.,t. xx, col. 548, on la tint pour non canonique, et c’est uniquement dans ce sens qu’il faut entendre Eusèbe et saint Jérôme, quand ils la rangent, l’un ἐν τοῖϛ  νότοιϛ, H. E., III, 25, P. G., t. xx, col. 269, l’autre parmi les apocryphes. De vir. ill., VI, P. L., t. XXIII, col. 619. Mais ni Eusèbe, loc. cit., ni saint Jérôme, In Ezech., XLIII, 19, P. L. , t. xxv, col. 425, ni, à leur suite, Anastase le Sinaïte et l’auteur de la Stichométrie n’ont douté de son authenticité. Depuis le XVIIe siècle jusqu’à nous, c’était également l’opinion de Voss, Dupin, Cave, Le Notrry, Galland, Rosenmuller, Schmidt, Gieseler, Henke, Rôrdam, Franke, Alzog, Môhler, Freppel, Fessler, Nirschl, etc. ; ce n’est plus celle de la critique contemporaine. Déjà Ménard avait émis quelques doutes ; Cotelier s’était prononcé contre l’authenticité. Et depuis, Noël Alexandre, Ceillier, plus récemment Hetèle, Funk, Bardenhewer, entre autres, ont fait de même. Toutes les raisons d’ordre intrinsèque qu’on en donne sont loin d’avoir la même valeur, mais quelques-unes semblent décisives. Un allégorisme exagéré ; des opinions peu en harmonie avec l’enseignement des apôtres, en particulier avec celui de saint Paul ; l’ancienne alliance déclarée rompue le jour même où Moïse a brisé les tables de la loi, Barn. , IV, 8, Funk, t. 1, p. 10 ; des appréciations erronées sur les rites juifs, Barn. , VII, VIII, Funk, t. 1, p. 20-26, par exemple, la circoncision attribuée à l’inspiration du diable, Barn., IX, 4, Funk, t. 1, p. 28, les préceptes positifs touchant les sacrifices et les observances légales pris exclusivement au sens spirituel ; les apôtres, enfin, traités comme les plus grands pécheurs : autant de traits qui ne sauraient convenir au Barnabé du livre des Actes. Quel est donc l’auteur de l’épitre ? S’appelait-il comme l’apôtre et l’identité du nom a-t-elle fait conclure à l’identité du personnage On n’en sait rien. Ce que l’on peut affirmer c’est que l’auteur est un judéo-chrétien orthodoxe, et un alexandrin, comme le prouve l’emploi de l’allégorie, si chère à l’école d’Alexandrie, d’après Philon. Il s’adresse à d’autres judéo-chrétiens d’Alexandrie ou d’Égypte, à un groupe de fidèles qu’il connaît, qu’il aime et qu’il veut mettre en garde contre l’erreur de certains Juifs. Car c’est surtout à Alexandrie que cette épître est connue et appréciée. II écrit après 70, puisqu’il parle de la chute de Jérusalem et de la ruine du Temple comme de faits accomplis. Barn., XVI, 4, Funk, t. 1, p. 48. Son allusion à la reconstruction du Temple trancherait la question de date, s’il s’agissait du temple matériel que l’empereur Hadrien laissa relever en 130-131 ; des critiques, s’appuyant sur le contexte, pensent qu’il ne s’agit que du temple spirituel qu’est le chrétien. La prophétie, empruntée à Daniel et qu’il dit réalisée, Barn. , IV, 4, 5, Funk, t. 1, p. 10, est plus précise. Après dix rois, s’élèvera un petit roi qui en humiliera trois en un ; après dix cornes se dressera une petite corne qui en humiliera trois en une. L’expression τρεῖϛ et τρἰα ὑφ’ ἕν, étrangère au texte prophétique et deux fois répétée, est significative. Sa réalisation historique ne peut s’appliquer qu’à Domitien, non seulement parce qu’il est le onzième de la série des empereurs, mais encore parce que, avec lui, troisième et dernier empereur flavien, disparait la dynastie flavienne, ou mieux, parce que, du même coup, les deux fils de son cousin, le consul Flavius Clemens, dont il avait fait deux césars, perdent tout espoir de régner. Ce serait donc sous Nerva, 96-98, ou peu après, qu’auraitété écrite l’épitre, à l’extrême limite du Ier siècle. Cette interprétation n’est pas admise par tous les critiques, et il en est qui expliquent ce passage, comme la prophétie de Daniel, non pas de rois, mais de royaumes.

 

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Cette entrée a été publiée le 14 janvier 2017 par dans Pères de l'Eglise, Protestantisme, et est taguée , , .