+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

La Papauté depuis les apôtres !

Notre dossier sur la Papauté : ici

Nous réunissons dans le présent dossier toutes les preuves historiques de la Papauté que nous avons publié ou que nous publierons. Cet article qui sera régulièrement mis à jour contient toutes les preuves positives de l’existence de la Papauté depuis les apôtres jusqu’à l’époque où son existence n’est plus contesté. Nous proposons également les réfutations des attaques historiques contre la Papauté dans les trois dossiers suivants : dossier n°1 ; dossier n° 2 ; dossier n°3.

Saint Clément de Rome (Ier siècle)

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Ce disciple des saints apôtres Pierre, Paul et Jean fut le quatrième Evêque de Rome. Il nous fournit la première manifestation historique de l’autorité romaine sur l’Eglise universelle. Il le fit à l’occasion de sa Lettre aux Corinthiens qu’il écrivit à ces derniers qui l’avaient consulté pour régler un litige interne à leur Eglise. La pertinence de cet épisode pour prouver l’existence de la Papauté dès la première génération de chrétiens est bien entendue contestée par les anti-romains. Nous présentons de saint Clément, ainsi que les preuves que celui-ci est un témoin de l’existence de la Papauté ainsi que la réfutation en règle de toutes les objections dans notre article consacré à cet événement :

L’Autorité suprême de l’Evêque de Rome du vivant de l’apôtre saint Jean : la Lettre de Clément de Rome aux Corinthiens

Nous rapportons tout de même ici une présentation rapide de la chose :

« C’est là un fait capital. Pourquoi ce cri de détresse jeté vers Rome par une Eglise qui ne trouve pas en elle-même de quoi remédier à ses désordres ? S’il était vrai qu’au premier siècle toutes les Eglises fussent sur un pied d’égalité, quel besoin y avait-il pour les Corinthiens de passer la mer pour implorer une intervention lointaine ? Pourquoi ne pas s’adresser de préférence aux chrétiens de la même race, à l’une des communautés si florissantes de Thessalonique, de Philippes et de Bérée ? Ou bien, s’il fallait chercher plus loin le secours d’une autorité qu’ils ne trouvaient pas chez eux, sur le sol de la Grèce, pourquoi ne pas recourir à cette Asie-Mineure, d’où la foi leur était venue et dont les rivages touchaient aux leurs, ces célèbres Eglises de Smyrne et d’Ephèse, leurs ainées dans la foi ? Il y avait une raison majeure qui aurait dû, ce semble, leur faire prendre ce dernier parti. Comme l’atteste toute l’antiquité chrétienne, saint Jean vivait encore sur cette terre qui avait été le théâtre principal de son activité. Le respect de toutes les Eglises environnait le dernier survivant des apôtres du Christ. Dès lors n’était-il pas naturel que les Corinthiens eussent recours à son autorité pour éteindre leurs divisions ? Eh bien : ce n’est ni à saint Jean ni aux Eglises de l’Asie-Mineure, si rapprochées d’eux, ni aux communautés voisines de la Grèce qu’ils feront appel, mais à une Eglise lointaine, où la persécution éclatait chaque instant, où les chrétiens étaient obligés de se cacher sous terre pour échapper à la mort, à l’Eglise romaine. Je le demande à tout homme de bonne foi : Quelle pourrait être la raison de ce fait, si ce n’est que saint Pierre avait établi à Rome le centre de l’unité chrétienne ? Dans ce cas, tout s’explique. Cet appel fait au Siège de l’unité et l’intervention de ce Siège, pour extirper le schisme, deviennent une conséquence naturelle de la suprématie de l’Eglise romaine. On s’adressait à elle, parce qu’en elle résidait l’autorité suprême. Rien de plus légitime que l’induction tirée de ce fait. » (Mgr Charles-Emile FREPPEL, Les Pères apostoliques et leur époque, Paris : Bray et Retaux, 1870, Sixième leçon, pp. 136-137)

Nous pourrions même ajouter qu’en plus de la proximité plus grande de l’apôtre saint Jean, les Corinthiens avaient aussi la proximité plus grande de saint Timothée qui avait eut une place plus privilégiée que n’importe qui dans leur évangélisation et qui aurait donc du être consulté en priorité par rapport à tout le monde après saint Jean. En effet, saint Paul rappelle que Timothée eut un rôle important dans l’œuvre d’évangélisation de Corinthe  : « le Fils de Dieu, Jésus-Christ, que nous avons prêché au milieu de vous, Silvain, Timothée et moi » (II Corinthiens I, 19) et que lorsque de graves malentendus s’élèvent dans la communauté chrétienne, c’est Timothée qu’il y envoya : « C’est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Jésus-Christ, de quelle manière j’enseigne partout, dans toutes les Eglises. » (I Corinthiens IV, 17). Voir aussi I Corinthiens XVI, 10-11. Il est donc rigoureusement inenvisageable que Clément, même s’il avait été à Corinthe avec saint Paul, ait « grillé la politesse » à un apôtre, ainsi qu’à un Disciple ayant connu le Christ et ayant été le principal collaborateur de saint Paul dans l’évangélisation et la fortification de l’Eglise de Corinthe, si il n’avait détenu une autorité supérieure.

Saint Ignace d’Antioche (vers 35 – vers 110)

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Saint Ignace qui fut enseigné par au moins deux des Apôtres, et il désigne l’Eglise de Rome comme celle qui est choisie entre toutes par Dieu et qui préside à son alliance. Il tient à trois reprises dans sa Lettre aux Romains des propos qui ne peuvent qu’indiquer la primauté non seulement d’honneur mais encore de juridiction, ainsi que la mission d’enseignement de l’Eglise romaine.

Le premier et le plus connus de ces trois passages est l’incipit de la Lettre, c’est également souvent le seul passage utilisé -car le seul passage connu par eux – de la plupart des apologètes de la Papauté invoquant cette Lettre :

« Ignace, dit aussi Théophore, à l’Eglise [l’Eglise de Rome] qui a reçu miséricorde par la magnificence du Père très haut et de Jésus-Christ son Fils unique, l’Eglise bien-aimée et illuminée par la volonté de celui qui a voulu tout ce qui existe, selon la foi et l’amour pour Jésus-Christ notre Dieu ; l’Eglise qui préside dans la région des Romains, digne de Dieu, digne d’honneur, digne d’être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès, digne de pureté, qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui est ornée du nom du Père ; je la salue au nom de Jésus-Christ, le Fils du Père ; aux frères qui, de chair et d’esprit, sont unis à tous ses commandements, remplis inébranlablement de la grâce de Dieu, purifiés de toute coloration étrangère, je leur souhaite en Jésus-Christ notre Dieu toute joie irréprochable. » (Lettre aux Romains, incipit).

Nous renvoyons nos lecteurs à notre article :

Saint Ignace d’Antioche (✟107) sur la hiérarchie ecclésiastique

Ils y trouveront le commentaire de ce passage, bien que cela apparaisse bien superflus au regard de son caractère explicite. On y trouvera également les deux autres passages mentionnés plus haut ainsi que leurs commentaire.

Nous ajouterons seulement ici une remarque sur la crédibilité particulière de saint Ignace. En effet, il était en déportation vers Rome pour y être mis à mort dans l’arène. Et lorsqu’il apprend que les chrétiens de Rome veulent obtenir sa grâce, il les exhorte à n’en rien faire pour qu’il puise offrir son martyre à Dieu (Lettre aux Romains, IV-VI).

La visite de saint Polycarpe de Smyrne (vers 69-155) au Pape saint Anicet

Saint Polycarpe (vers 69-155) fut le premier évêque de Smyrne, en Asie mineure. Saint Irénée de Lyon (vers 125-vers 202) nous apprend qu’il fut le disciple direct de plusieurs apôtres, mais n’en nomme qu’un seul : saint Jean (Contre les hérésies, III, 34 ; Lettre à Florinus, citée par Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 20, 4-6 ; Lettre au pape Victor, citée par Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 24, 16). L’un de ces autres apôtres doit sûrement être « Philippe, l’un des douze qui s’est endormi à Hiérapolis » (Histoire ecclésiastique, V, 24).

Polycarpe était donc évêque dans la province d’Asie. Or, les chrétiens de cette province avaient une date de Pâques différente ce celle du reste de l’Eglise. En effet, les Asiates suivaient la coutume juive de célébrer la Pâques le 14 Nisan (un mois du calendrier juif), d’où leur nom de quartodécimans, tandis ce que le reste de l’Eglise calculait la date de Pâques selon la pratique de l’Eglise universelle actuelle : le dimanche suivant le 14 nisan. Aussi, cette divergence de pratique n’ayant aucune incidence sur la foi, elle pouvait quand même causer des difficultés pratiques. C’est pourquoi il se rendit à Rome pour tenter de régler cette question :

« A cette époque, Anicet gouvernait l’église des Romains. Polycarpe, qui vivait encore, fut à Rome pour s’entretenir avec lui d’une question concernant le jour de la Pâques. C’est Irénée qui rapporte ce fait. » (Histoire ecclésiastique, IV, 14, 1)

 

« Le bienheureux Polycarpe, lui aussi, lit un séjour à Rome sous Anicet ; ils avaient entre eux divers autres différends de minime importance, ils furent rapidement d’accord, et sur ce chapitre ils ne chicanèrent pas. Anicet ne pouvait pas persuader à Polycarpe de ne pas observer ce qu’avec Jean, le disciple de notre Seigneur, et avec les autres apôtres, dont il avait été le familier, il avait toujours observé. Polycarpe de son côté n’amena pas non plus à l’observance Anicet, qui lui dit qu’il fallait conserver la coutume des presbytres qui avaient précédé. Les choses étaient ainsi: ils restaient unis l’un à l’autre, et à l’église Anicet cédait l’eucharistie à Polycarpe, évidemment par déférence, et ils se quittèrent l’un l’autre en paix, et dans l’Église tous avaient la paix, qu’ils gardassent ou non l’observance. » (Saint Irénée, Lettre au pape Victor, citée par Eusèbe, Histoire ecclésiastique, V, 24, 16-17).

Une question se pose alors : pourquoi Polycarpe alla-t-il traiter de « différends de minime importance » avec un évêque si lointain si celui-ci n’était pas son supérieur ? Et pourquoi traiter avec lui de la question de la Pâques plutôt qu’avec n’importe quel autre évêque non-quartodéciman infiniment plus proche de lui et avec qui la concorde aurait été bien plus importante qu’avec celui de Rome ? La seule réponse possible est qu’il savait qu’Anicet était son supérieur qui avait le pouvoir de lui donner des ordres et parallèlement et qu’il était le seul à avoir le pouvoir d’imposer une règle à toute l’Église ou, plus raisonnablement et vraisemblablement à pouvoir l’autoriser avec autorité vis-à-vis des autres à conserver sa pratique. Comme le fait remarquer Vincent ERMONI :

« cette visite a une signification toute spéciale; Polycarpe est un personnage apostolique; il a connu saint Jean dont il a recueilli les enseignements; il occupe le siège de Smyrne et est l’oracle de l’Asie ; si donc, dans une question de cette nature, il fait le voyage de Rome pour consulter Anicet, c’est qu’il est convaincu que l’évêque de Rome est le chef de toutes les Eglises. » (La primauté de l’évêque de Rome : dans les trois premiers siècles, 1903, chapitre IV, p. 46

D’ailleurs, saint Polycarpe était alors âgé de 85 ans, cela en ajoute au témoignage de la Papauté, car chez les premiers chrétiens, l’âge rehaussant encore l’autorité. Et pourtant saint Polycarpe en réfère quand même à l’Évêque de Rome.

Saint Denys de Corinthe (vers 170)

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Ruines de Corinthe

« On a encore de Denys une lettre aux Romains ; elle est adressée à Soter, alors leur évêque : rien n’empêche d’en citer le passage où l’auteur approuve l’usage conservé parmi les Romains jusqu’à la persécution de notre temps. Voici ce qu’il écrit :

« Depuis le commencement, vous avez en effet coutume de donner toutes sortes de secours à tous les frères ; vous envoyez aux nombreuses Églises, dans chaque ville, des provisions de bouche : ainsi vous soulagez le dénuement de ceux qui sont dans le besoin ; ainsi par les ressources que, dès le début, vous leur faites parvenir, vous soutenez les confesseurs qui sont aux mines. Romains, vous gardez les traditions que vous ont laissées vos pères les Romains. Non seulement Soter, votre bienheureux évêque, les maintient; mais il les développe, en fournissant généreusement tout ce qu’on expédie aux saints ; et, quand les chrétiens viennent à lui, il les accueille par des paroles aimables, comme un père bienveillant ferait ses enfants. »

Denys, dans cette même lettre, parle de l’épître de Clément aux Corinthiens ; il montre que, depuis longtemps, l’usage antique était d’en faire la lecture dans l’assemblée des fidèles. Il dit en effet :

« Aujourd’hui nous avons célébré le saint jour du dimanche, pendant lequel nous avons lu votre lettre ; nous continuerons à la lire toujours, comme un avertissement, ainsi que du reste la première que Clément nous a adressée. »

(Eusèbe, Histoire ecclésiastique, IV, 23, 9-11)

Saint Irénée de Lyon (vers 125 – vers 202)

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Saint Irénée de Lyon (vers 125-vers 202), disciple de saint Polycarpe de Smyrne (vers 69-155), lui-même disciple de l’apôtre saint Jean, est un témoin de premier ordre de la Papauté dans l’Église primitive. Voici son témoignage archi-connu :

« Mais, comme il serait trop long de rappeler ici les noms de tous ceux qui ont successivement dirigé chacune des Églises, il suffira de rappeler les noms de ceux qui se sont succédé dans la direction de celle de ces Églises qui est la plus ancienne, la plus célèbre, celle qui fut fondée à Rome par les glorieux apôtres saint Pierre et saint Paul, qui a reçu d’eux-mêmes le précieux dépôt de la tradition et de la foi prêchée chez toutes les nations ; et nous laisserons en dehors de la communion des fidèles tous ceux qui, soit pour satisfaire leurs passions ou une vaine gloire, soit par aveuglement, soit par perversité, ont quitté les sentiers de la vérité. Car c’est à cette Église de Rome, à cause de sa primauté [ou « de son origine plus excellente », selon certaines traductions], que doivent se rattacher toutes les autres Églises et tous les fidèles répandus sur la terre, la considérant comme le principal dépôt de la tradition transmise par les apôtres. » (Contre les hérésies, III, 3, 2)

Ce passage est clair comme de l’eau de roche. Cependant les contestations se font entendre de partout chez les chrétiens non-catholiques, reconnaissant dans ces quelques mots une preuve implacable en faveur de l’Église catholique, si on les comprend dans leur signification la plus obvie. C’est pourquoi il n’est pas inutile de consulter une explication du texte, et de prendre connaissance des réponses aux objections. A cet effet, nous invitons notre lecteur à consulter notre article traitant du sujet en profondeur, développant tous les principes contenus dans ce paragraphe, et réfutant les objections des anti-romains :

La Papauté au IIè siècle : le témoignage de saint Irénée de Lyon

Une de ces objections est que saint Irénée aurait parlé de l’Eglise de Jérusalem comme de la plus importante. Nous répondons à cela dans notre article :

Des Pères de l’Eglise ont-ils placé le siège de Jérusalem au dessus de celui de Rome ?

Ajoutons un autre épisode de la vie de saint Irénée est intéressant à ce sujet. C’est à Rome que saint Irénée se rendit lui-même après le martyr de saint Pothin et des autres chrétiens de Lyon, pour y porter la Lettre des martyrs de Lyon et de Vienne (Histoire ecclésiastique, V, 4). Saint Jérôme dit dans sa notice biographique de saint Irénée :

« Prêtre sous Photin, évêque de Lyon dans les Gaules, fut envoyé par les martyrs de cette ville à Rome, pour obtenir une solution sur diverses questions qui s’étaient élevées dans l’Eglise. Il présenta à l’évêque Eleuthère des lettres pleines de témoignages honorables. » (Les hommes illustres, Chapitre XXXIV)

Saint Irénée se rendit donc à Rome « pour obtenir une solution sur diverses questions qui s’étaient élevées dans l’Eglise« . Pourquoi cela si Rome n’a pas d’autorité supérieure ?

Saint Victor Ier et la querelle des quartodécimans

Il est un événement de la fin du IIè siècle qui a fait coulé beaucoup d’encre au sujet de l’autorité papale. Il s’agit de la controverse de la Pâque, visant à déterminer si on devait la fêter le 14 nisan comme les juifs (les partisans de cette thèse se nommaient les quatrodécimans) ou le dimanche suivant. C’est un événement dans lequel aussi bien les défenseurs que les ennemis de la Papauté pensent trouver un argument en faveur de leurs positions. Nous nous proposons ici de mettre fin au débat en établissant une bonne fois pour toute que cette affaire témoigne de manière tonitruante en faveur de la souveraineté de la Chaire de saint Pierre ! Nous faisons le récit de l’événement suivit d’une réfutation précise des prétentions anti-romaines et des preuves de la Papauté que cette affaire recèle, puis une explication plus approfondie de l’enjeu et des dessous de la controverse, plaidant eux aussi dans le sens de la Papauté dans notre article :

La querelle de la Pâques et la Papauté

Pour une présentation rapide, l’abbé Charles-Emile FREPPEL, qui deviendra un célèbre évêque d’Angers, après avoir réfuté les objections contre l’interprétation en faveur de la primauté romaine dans le célèbre passage de saint Irénée Contre les hérésies, III, 3, 2, présente et réfute ainsi l’objection :

« Le dernier critique protestant qui se soit occupé du texte de saint Irénée n’a pas cru pouvoir nier que l’évêque de Lyon proclame la nécessité d’un accord dans la foi avec l’Eglise romaine; mais, pour échapper à la conséquence qui découle de là contre les communions dissidentes, il s’est appuyé sur un fait que Néander et Grabe avaient également allégué dans le même but [Die christliche Kirche an der Schwelle des lrenaeischen Zeilalters, von D. Graul; Leipzig, 1860, p. 138]. Ce qui prouve, dit-il, que saint Irénée n’attribue pas à l’évêque de Rome un pouvoir de juridiction sur l’Église universelle, c’est son altitude en face du pape saint Victor dans la question des quarto-décimans, dans la controverse entre le pontife romain et quelques évoques do l’Asie Mineure touchant le jour où l’on devait célébrer la Pâque. Il faut être doué d’une audace peu commune pour chercher une objection dans ce qui fournit au contraire une preuve irrécusable de la prérogative du Siège apostolique. Nous avons démontré, l’an dernier, en analysant les premières lettres des papes, que ce débat liturgique sur la célébration de la Pâque fait ressortir l’autorité souveraine qu’exerçaient les successeurs de saint Pierre, au IIè siècle, en Orient aussi bien qu’en Occident [Les Apologistes chrétiens au IIè siècle, Tatien, Hermias etc., leçon XIX, p. 397 et suiv.]. C’est pourquoi nous ne reviendrons là dessus que pour déterminer le rôle de saint Irénée dans cette mémorable discussion. Or, l’évêque de Lyon ne conteste nullement au souverain Pontife le droit d’excommunier les Orientaux ; de plus, il partage son sentiment sur le fond même de la question. Seulement, il estime que la gravité de celle sentence comminatoire n’est pas en rapport avec le peu d’importance du point en litige. A son avis, au lieu de déployer une si grande servilité dans une affaire de pure discipline, qui ne louche pas au dogme, il vaudrait mieux user de la tolérance qu’avaient montrée les prédécesseurs de Victor. Voilà toute la substance de sa lettre au pape, dont Eusèbe nous a conservé un fragment [Eusèbe, Hist. ecclés., V, 24].  C’est une remontrance respectueuse, telle que tout évêque catholique pourrait en adresser une, en pareil cas, au chef de l’Église; mais il faudrait vouloir s’aveugler soi-même pour y trouver la négation d’un droit quelconque. Cette tentative de conciliation fait honneur au caractère de saint Irénée dont elle prouve le zélé pour les intérêts de l’Église; il est même probable qu’elle eut un plein succès auprès du pape, en l’empêchant de donner suite à la menace d’excommunication qu’il avait lancée contre Polycrate d’Éphèse et ses partisans: c’est du moins le résultat qu’attribue à celle intervention pacifique saint Anatole d’Alexandrie, dans son Livre sur la Pâque composé vers la fin du IIIè siècle. En tout cas, cette démarche entreprise par l’évêque de Lyon dans un esprit de modération et de charité chrétienne ne contredit d’aucune façon le sentiment qu’il exprime ailleurs sur la suprématie de l’Église romaine.» (Saint Irénée et la primauté du pape. Leçon faite à la Sorbonne en 1860 par M. L’abbé FREPPEL, Doyen de Ste Geneviève, professeur à la Sorbonne, pp. 23-24. Extrait des oeuvres de Mgr Freppel Tome IV, Saint Irénée et l’éloquence chrétienne dans la Gaule pendant les deux premiers siècles)

l’Inscription d’Abercius (vers 190)

Abercius est un saint grec dont la tradition fait un évêque d’Hiérapolis (Phrygie) vers la fin du IIe siècle. Son nom est associé à une célèbre inscription aujourd’hui conservée au Musée du Latran. Sur la foi des synaxaires médiévaux, il y est honoré le 22 octobre (et peut-être localement le 22 novembre) comme premier évêque d’Hiérapolis. Il s’agit sans doute d’une confusion car le premier évêque d’Hiérapolis fut a priori plutôt Papias (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 36, 2). Thaumaturge et surtout grand évangélisateur, il reçoit le titre traditionnel d’ « Égal aux Apôtres ».

Il est connu pour l’épitaphe qu’il fit graver sur sa tombe avant sa mort qui intervint vers 190 et qu’il fit rédiger de son vivant. On a plusieurs fois désigné ce texte comme « la reine des inscriptions chrétiennes » tant son importance est évidente pour l’histoire du christianisme primitif. Son texte dut avoir un tel succès dès sa rédaction, qu’un certain Alexandre, fils d’Antonios. Elle est précisément datée de l’an 300 de l’ère phrygienne, soit l’an 216. On y reconnaît rapidement les vers de l’épitaphe d’Abercios. De plus, on remarque que la substitution du nom d’Alexandros à celui d’Aberkios rend l’hexamètre boiteux, ce qui indiquerait qu’on est en présence d’une réutilisation de la composition. Cette « Reine des inscriptions chrétiennes » nous dit donc ceci :

« Citoyen d’une ville distinguée, j’ai fait construire ce [tombeau] de mon vivant afin que mon corps y repose un jour. Mon nom est Abercius. Je suis le disciple d’un saint pasteur qui dirige la troupe de ses agneaux à travers monts et plaines et dont l’œil immense voit toutes choses [ndlr: on peut penser qu’il s’agit là de Dieu], car il m’a appris les lettres dignes de foi. C’est lui [Donc Dieu peut-être] qui m’a fait entreprendre le périple de Rome pour en contempler la majesté souveraine et y voir une reine au vêtement et aux sandales d’or; j’y vis aussi un peuple portant un sceau brillant. Et je vis le pays de Syrie et toutes ses villes; je vis Nisibe en allant au-delà de l’Euphrate. Partout j’ai fais la connaissance des frères. J’avais Paul [pour compagnon ?]… La foi me guidait et me procurait en tout lieu pour nourriture un poisson très grand et très pur, recueilli à la source par une Vierge sans tache, et c’est ce qu’elle sert constamment à la table des amis, elle a un vin excellent qu’elle verse [coupé d’eau ?] pour accompagner le pain. Ce sont les paroles véritables que j’ai dites, moi Abercius, afin qu’elles soient mises ici par écrit, alors que je suis dans la soixante-douzième année de mon âge. Que le frère qui entend et comprend ces choses comme moi prie pour Abercius. »

Cette « reine » de « souveraine majesté », « aux vêtements et aux sandales d’or » que Dieu l’a envoyé voir à Rome, ce ne peut-être que l’Eglise ! En effet, d’une part il n’est pas possible que Dieu ait envoyé « contempler la majesté souveraine » de la Rome païenne, idolâtre et persécutrice, et d’autre part, nous savons que les premiers chrétiens désignaient parfois l’Eglise par l’allégorie d’une femme. En effet, il y a la Tradition immémoriale d’appliquer à l’Eglise ces mots de l’Ecriture Sainte :

« Toute resplendissante est la fille du roi dans l’intérieur; son vêtement est fait de tissus d’or. » (Psaume 44/45, 14)

Ainsi qu’un autre exemple dans le Pasteur d’Hermas :

« Une révélation, frères, me fut faite quand je dormais, par un jeune homme très beau qui me dit:  » La femme âgée de qui tu obtins le petit livre, qui est-elle, à ton avis?  » Moi, je dis:  » La Sibylle. – Tu fais erreur, dit-il, ce n’est pas elle. – Qui donc est-ce ? dis-je. – L’Église « , dit-il » (Vision 2, 4, 1)

Il est clair que la majesté souveraine et la reine sont Rome, le peuple est le peuple romain dominateur du monde, sa puissance était conçue comme un sceau splendide imprimé sur lui. Margherita GUARDUCCI (1902-1999), qui se rendit célèbre dans la redécouverte de la redécouverte de la tombe de saint Pierre à Rome, écrit :

« Mais si l’on réfléchit un peu il est inconcevable que le Christ Lui-même ait envoyé à Rome son évêque exprès pour connaître de près le royaume de Marc Aurèle, pour contempler les beautés de la ville reine et pour constater la puissance du peuple romain. Sous l’interprétation évidente il doit y avoir un sens plus profond que seul […] le Chrétien est en mesure de saisir. La “majesté souveraine” peut être celle du Christ sur la terre et la “reine aux vêtements d’or” […] peut être conçue comme l’Eglise universelle qui à Rome possède son centre visible. » (Il primato della Chiesa di Roma Rusconi, Milano 1991, p. 38)

En cherchant à Rome la majesté souveraine et la reine vêtue d’or, Abercius démontre concevoir l’Eglise de Rome comme la première parmi les autres. En outre en écrivant que le Christ Lui-même l’a envoyé à Rome, Abercius démontre ne pas croire que le primat de l’Eglise de Rome dépend de la puissance politique des Romains, mais qu’il est un primat spirituel de par la volonté de Jésus-Christ.

Tertullien (vers 155-vers 230)

Tertullien (vers 155-vers 230) a-t-il rendu témoignage à la Papauté ? Si vous posez cette question à la plupart des catholiques les plus instruits, ils vous répondront non ! C’est parce que son témoignage n’est pas évident puisqu’il ne s’agit pas d’une affirmation directe. Mais il en témoigna indirectement lorsque, après avoir quitté l’Eglise, il l’attaqua ! En effet, à cette occasion il s’en prit à l’Evêque de Rome en se moquant de lui, en lui attribuant toutes les prérogatives que la véritable Eglise lui attribuait, afin de créer une distorsion satirique entre ce rôle et l’erreur qui serait la sienne. C’est ce que nous nous proposons de démontrer dans l’article suivant :

Comment Tertullien (vers 155-vers 230) témoigna, après en être sorti, que la véritable Eglise obéissait à l’Evêque de Rome

Nous nous proposons aussi de réfuter une idée parfois répandue par les anti-catholiques d’après laquelle Tertullien aurait affirmé que l’Eglise de Jérusalem était, dans l’organisation de l’Eglise, supérieure aux autres. Voir l’article suivant :

Des Pères de l’Eglise ont-ils placé le siège de Jérusalem au dessus de celui de Rome ?

Pseudo-Tertullien (vers 250 ou 270)

« Pseudo-Tertullien » est le nom donné à l’auteur anonyme du Poème contre Marcion, autrefois attribué à tort à Tertullien, mais en réalité d’un auteur ayant écrit 30 à 50 ans après sa mort :

« Pseudo-Tertullien, (peut-être Commodien. Voir H. Waitz, « Ps. Tert. Gedicht ad M. », Darmstadt, 1901) a écrit un long poème contre Marcion en hexamètres doggerel, qui est aujourd’hui précieux. » (Catholic encyclopedia, article « Marcionites »)

Cette oeuvre affirme le pouvoir souverain des évêques de Rome, en disant après avoir parlé des apôtres, premiers prédicateurs de l’Evangile, que les évêques de Rome qu’il énumère comme successeurs de Pierre sur le siège de Rome, « [ont] remplit sans reproche les fonctions d’interprète souverain des lois divines« , et que c’est à eux que « la clef de la doctrine fut confiée » :

« Leurs disciples, qui se sont succédés dans l’univers, ces hommes vertueux qui ont été nos maîtres, nous ont fait à notre tour l’honneur de nous associer à leurs travaux. Le premier de tous a été Lin, cet homme distingué entre tous et chéri du peuple, que la grande Rome a fait asseoir sur le trône où Pierre avait siégé lui-même. Après Lin, ce fut Clet qui prit la garde du troupeau ; puis Anaclet, puis Clément, connu par ses Constitutions apostoliques [ndlr : attribution ancienne et fausse]. Après Clément, Evariste remplit sans reproche les fonctions d’interprète souverain des lois divines. Puis vint Alexandre, qui, à son tour, légua à Sixte le soin du troupeau. Sixte, après un lustre accompli, laissa son siège à Télesphore, cet excellent pontife, ce témoin fidèle. Après Télesphore, la clef de la doctrine fut confiée à celui sous le pontificat duquel Cerdon, le précurseur et l’auteur de votre impiété (des marcionites) vint à Rome infliger à l’Eglise de nouvelles blessures. Mais il fut découvert, malgré le soin qu’il prenait de ne répandre qu’en secret le venin de ses erreurs ; en conséquence il fut mis hors du bercail, ce qui ne l’empêcha pas d’enfanter cette race sacrilège qui a pour père le dragon qui l’inspirait lui-même. L’Eglise de Rome, créée par Pierre, et alors gouvernée par Hygin, son neuvième successeur, se distinguait par la piété de début ses fidèles. A Hygin succéda Pie, dont le frère Hermas a composé le Pasteur, cet ouvrage qu’on dirait être celui des anges. Pie à son tour fut remplacé par Anicet, sous lequel parut Marcion, cette peste nouvelle sortie du Pont-Euxin. Il sut d’abord renfermer en lui-même son impiété, puis la répandre en secret avec un art perfide ; mais quand on le vit lancer à découvert ses flèches mortelles, on se hâta d’expulser, comme il le méritait, l’auteur de ces doctrines funestes, on le retrancha de la société des saints, et ce monstre d’impiété se montra au monde dans toute sa laideur. » (Poème contre Marcion, Livre III, Chapitre 9)

Origène (vers 185-vers 254)

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« Adamantios [c’est le nom d’Origène], écrit qu’au moment où Zéphyrin gouvernait l’église de Rome [198-217], il se rendit dans cette ville, parce qu’il avait l’intention, comme il le dit ailleurs, de voir de près cette église, la plus ancienne de toutes. Après y avoir séjourné un peu de temps, il revint à Alexandrie. » (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, Livre VI, chapitre 14 dans PG, 20/554)

Dans ce passage, la primauté romaine ne saute pas aux yeux, mais pensons au motif qui fit faire le déplacement d’Origène à Rome : « parce qu’il avait l’intention, comme il le dit ailleurs, de voir de près cette église, la plus ancienne de toutes. », comme nous l’apprend Eusèbe. Aussi il le fit sans même en avoir de nécessité particulière, et ce alors même que s’il voulait se rendre en d’autres Eglise apostoliques, il y en avait à foison bien plus proche de chez lui que Rome !

Il n’avait qu’à passer le pas de sa porte pour visiter une Eglise apostolique : celle d’Alexandrie, Eglise gouvernée par l’Evangéliste saint Marc !

Il y avait Jérusalem, la ville où se déroulèrent tant d’évènements évangéliques de premier plan ! C’est en cette ville que se déroulèrent une large et capitale partie de la prédication publique de Jésus-Christ, ainsi que tout ce qui a directement trait à la Rédemption et à l’envoie en mission de l’Eglise : institutions de la Messe et de l’Eucharistie, Passion, Crucifixion, Résurrection, Pentecôte et Ascension ! Elle qui fut le centre névralgique de l’Eglise naissante, le siège du premier concile en 49 qui proclama que les païens convertis n’étaient pas obligés de se soumettre à la loi juive, et enfin celle qui fut gouvernée par saint Jacques, cousin du Christ ! Eglise de Jérusalem que saint Irénée de Lyon (vers 125-vers 202) appelle « l’Eglise de laquelle toute Eglise a eu son commencement, la métropole des citoyens du Testament Nouveau » que Tertullien (vers 155-vers 230) appelle « matrices et sources de la foi » et que saint Épiphane de Salamine (vers 315-403) appelle enfin « trône [de Jésus-Christ] sur la terre » ! Nous précisons que ces propos ne remettent pas en cause la primauté romaine, comme nous le démontrons dans notre article :

Des Pères de l’Eglise ont-ils placé le siège de Jérusalem au dessus de celui de Rome ?

Il y avait l’Eglise d’Antioche, fondée et gouvernée pendant sept ans par saint Pierre en personne, ville où « Ce fut à Antioche d’abord que les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Actes XI, 26), et gouvernée jusqu’en 107 par saint Ignace d’Antioche (vers 35 – vers 110) dont la pureté de la doctrine était telle que les lettres qu’il écrivit aux Eglises d’Asie mineure, irriguées par l’enseignement et le gouvernement de l’apôtre saint Jean lui-même jusqu’à très peu de temps auparavant (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 23 ; Saint JérômeLes hommes illustres, IX), causa l’admiration de ses lecteurs, au point que ces lettres y furent religieusement rassemblées et diffusées :

« Comme vous nous l’avez demandé, nous vous envoyons les lettres d’Ignace, celles qu’il nous a adressées et toutes les autres que nous avons chez nous ; elles sont jointes à cette lettre. De fait vous pourrez en tirer grand profit, car elles renferment foi, patience, et toute édification dues à notre Seigneur. Faites-nous savoir ce que vous aurez appris de sûr d’Ignace et de ses compagnons. » (Saint Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, XIII)

Il y avait encore toutes les Eglises d’Asie mineures et de Grèce, fondées par les saints Pierre, Paul et Jean, spécialement celles d’Ephèse et de Smyrne dont saint Irénée garantit la perfection doctrinale (Contre les hérésies, III, 3, 4). Eglise de Smyrne qui avait été gouvernée jusqu’en 155 par saint Polycarpe de Smyrne (vers 69-155), lui-même disciple de l’apôtre saint Jean qui était en grande réputation, dont saint Irénée fait de grand éloges (Contre les hérésies, III, 3, 4Lettre à Florinus, citée par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, V, 20, 4-6). Et l’Eglise d’Ephèse d’abord gouvernée par le saint Timothée, puis par l’apôtre saint Jean lui-même (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, III, 23 ; Saint JérômeLes hommes illustres, IX).

Il y avait l’Eglise de Crête dont saint Paul confia le gouvernement à saint Tite. Il y avait enfin une foule d’autres Eglises fondées par des apôtres dont ils remirent le gouvernement à des disciples de confiance et parfois-même auxquelles ils envoyèrent des Epîtres canoniques !

Pourquoi donc aller jusqu’à Rome ? Une seule réponse possible : l’autorité universelle de droit divin de son Evêque !

De plus il faut réaliser la portée du terme « église, la plus ancienne de toutes », car il ne s’agit évidemment pas d’une plus grande ancienneté chronologique, mais symbolique, dans le sens où l’ancienneté est une manière de désigner l’autorité. elle nous est expliquée par le Cardinal Louis BILLOT, SJ :

« Mais que doit-on entendre sous ces épithètes ? Quand on parle de « l’Église la plus importante », on ne pense pas tellement au nombre des fidèles, puisqu’il est hors de doute qu’à cette époque d’autres églises auraient pu revendiquer ce titre à l’égal de Rome ; on pense surtout à l’étendue de l’autorité. En disant que cette église est « connue de tous » [ndlr : ce sont des références à saint Irénée], on veut désigner l’église plus illustre et plus excellente que toutes les autres et que toutes les autres reconnaissaient et vénéraient comme leur tête et comme la première. En disant qu’elle est « la plus ancienne de toutes », on ne se place pas au point de vue chronologique, puisqu’il est avéré que l’église de Jérusalem a été fondée aussitôt après l’Ascension du Seigneur, que celle d’Antioche, où on a pour la première fois désigné du nom de chrétiens les disciples du Christ, a elle aussi précédé celle de Rome dans le temps. Saint Irénée et Origène disent que l’église de Rome est la plus ancienne de toutes en raison de sa dignité et de sa suprématie, exactement de la même manière que dans les Actes des apôtres et dans leurs épîtres on appelle anciens ou vieillards tous ceux qui ont l’autorité dans l’Église [ndlr : de même que saint Paul disant à saint Timothée : « Que personne ne te méprise à cause de ta jeunesse » (I Timothée IV, 11) ; cela signifie que les premiers siècles de l’Eglise qualifiait d’anciens les détenteurs de l’autorité et non les plus âgés]. C’est pourquoi, cette expression « la plus ancienne de toutes » équivaut à dire que l’église de Rome était l’église placée à la tête de toutes les autres et la première en dignité. » (L’Église, Courrier de Rome, 2010, n° 880, tome 2, pages 414 et 415)

Saint Cyprien de Carthage (vers 200-258)

Évêque, martyr et Père de l’Eglise. Né vers 200 en Afrique du Nord de parents païens très probablement berbères, et mort le 14 septembre 258 lors des persécutions de Valérien. Après saint Augustin, il est l’un des plus grands témoins de la doctrine de l’Église latine des premiers siècles.

I) Etudes de spécialistes sur saint Cyprien, le « Tu es Pierre » et la Papauté

Saint Cyprien est très souvent utilisé par les anti-romains comme témoin à charge contre la Papauté. Leur premier argument est que son exégèse du de « Tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Matthieu XVI, 18) serait contraire à l’exégèse catholique. Leur deuxième argument est qu’il ne s’est pas soumis à l’Evêque de Rome lors de la querelle des rebaptisants. Nous allons ici répondre à l’un puis à l’autre.

Article « Saint Cyprien et la Papauté » par le Père Yves LEROY de La BRIERE, SJ, dans la revue Etudes, 5 novembre 1908, pp. 339 à 356 : cliquer ici

Trois articles en anglais : ici, ici et ici.

II) Saint Cyprien témoigne de la Papauté dans l’affaire des lapsi

Voir notre page :

Saint Cyprien témoigne de la Papauté dans l’affaire des lapsi

III) Saint Cyprien et la Papauté dans la querelle des rebaptisants

Nous traitons en annexe de l’article précédent sur l’affaire des lapsi de cette question et nous réfutons les arguments des adversaires de la Papauté. Nous y renvoyons.

IV) Autres témoignages de saint Cyprien

Saint Cyprien parle en ces termes de la manière dont Dieu a établit la distinction entre les vrais chrétiens et les hérétiques :

« Nous comprenons, frère très cher, et notre coeur voit dans le plein éclat d’une lumière intérieure, les conseils salutaires et saints de la divine Majesté ; nous comprenons pourquoi soudain, chez vous, s’est élevée la persécution, pourquoi la puissance séculière s’est tout à coup déchaînée contre l’Église du Christ, contre l’évêque Corneille, bienheureux martyr, et contre vous tous. C’était afin que le Seigneur, pour confondre les hérétiques et les rabattre, fît voir quelle était son Église, quel était son évêque, unique et choisi par une Disposition divine, quels étaient les prêtres revêtus de la dignité sacerdotale, unis à l’évêque, quel était le vrai corps du peuple fidèle du Christ, uni par le lien de l’Amour divine, quels étaient ceux que l’ennemi tourmentait, et au contraire ceux qu’il épargnait comme lui appartenant. L’adversaire du Christ ne poursuit et n’attaque que le camp du Christ et ses soldats. Les hérétiques sont à terre et à lui : il passe et les dédaigne. Il cherche à faire tomber ceux qu’il voit debout. » (Lettre 61 à Lucius)

Mais quel est cet évêque sur qui toute l’Eglise repose ? Saint Cyprien nous donne également la réponse. Il témoigne que ses collègues dans l’épiscopat et lui ont envoyé à Rome les deux évêques Caldonius et Fortunat, pour vérifier la légitimité de l’élection du pape Corneille, alors que l’antipape Novatien semait la division dans l’église de Rome (Lettre 44 au pape Corneille). Il accusa à cette occasion les partisans de Novatien de se couper de la « racine » de l’Eglise, c’est-à-dire du vrai évêque de Rome, il dit :

« Il y a cependant des gens qui jettent quelquefois le trouble dans les esprits et dans les coeurs, en racontant les choses autrement qu’elles ne sont. Quant à nous, nous savons que, donnant des explications à chacun de ceux qui prenaient la mer, pour leur permettre d’aller à Rome sans rencontrer aucune pierre d’achoppement, nous les avons exhortés à y reconnaître la matrice et la racine de l’Église catholique, et à s’y attacher. » (Lettre 48 [45] au pape saint Corneille, chapitre 3)

Parlant de schismatiques revenus à la vraie Eglise :

« Il était naturel de communiquer toute l’affaire aux fidèles afin qu’ils vissent rentrés dans l’Église ceux-là même qu’ils avaient vus si longtemps avec douleur errer çà et là. Leurs dispositions connues, il se fit un grand concours de nos frères. Il n’y avait qu’une voix pour rendre grâce à Dieu; la joie qui remplissait les coeurs s’exprimait en larmes; on embrassait les convertis comme s’ils avaient été délivrés le jour même, du cachot. Mais, pour reproduire leurs propres expressions, « nous savons, disaient-ils, que Corneille a été élu évêque de la très sainte Église catholique par Dieu le Tout-Puissant et par le Christ notre Seigneur. Nous reconnaissons notre erreur. Nous avons été victimes d’une imposture. Nous nous sommes laissé circonvenir par des bavardages perfides et trompeurs. Nous paraissions être comme en communion avec un homme et schismatique et hérétique : mais notre coeur a toujours été dans l’Église. Nous n’ignorons pas en effet qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’un seul Christ notre Seigneur que nous avons confessé, un seul saint Esprit, et qu’il ne doit y avoir qu’un évêque dans une Église catholique ». » (Lettre 46 alias 49 au pape Corneille)

Dans sa lettre à Antonin, saint Cyprien identifie le lien de communion vis-à-vis de l’évêque légitime de Rome et la communion catholique. En effet, Antonin venait de recevoir une lettre de l’antipape Novatien et commençait à pencher pour lui. Saint Cyprien l’encourage à ne pas changer d’avis et à rester dans la communion du pape Corneille. Il s’adresse à lui en ces termes :

« J’ai reçu votre première lettre […] dans laquelle vous m’indiquiez que, loin d’avoir embrassé le parti de Novatien, vous suiviez notre conseil en restant uni à Corneille, notre frère dans l’épiscopat. Vous m’avez même demandé par écrit de transmettre à Corneille un exemplaire de votre lettre, afin qu’il fût sans inquiétude et sût que vous étiez en communion avec lui, c’est-à-dire avec l’Église catholique. » (Lettre 55 [52] à Antonianus, chapitre 1 dans Saint Cyprien, Correspondance (texte établi et traduit par le chanoine Bayard), T. II, coll. des universités de France, Les Belles Lettres, 1961 (2e éd.), p. 131-132)

 Vient ensuite son témoignage le plus connu de la Papauté : sa lettre 59 au Pape saint Corneille !

Il commence par évoquer des hérétiques déjà excommuniés par les Evêques d’Afrique du Nord, mais dont l’exclusion définitive de l’Eglise s’est faite par la sentence romaine :

« Jamais en effet les hérésies n’ont surgi d’ailleurs, jamais les schismes n’ont eu une autre source : c’est toujours qu’on n’obéit pas à l’évêque de Dieu, que l’on ne songe plus qu’il n’y a dans l’Église qu’un évêque, qu’un juge, tenant pour un temps la place du Christ. Si, conformément aux enseignements divines toute la communauté des frères lui obéissait, personne ne remuerait d’intrigues contre le sentiment du collège des évêques, personne n’oserait, après le jugement de Dieu, l’approbation du peuple, l’accord des évêques, s’établir juge non des évêques, mais de Dieu; personne ne déchirerait l’Église en rompant le lien de l’unité ; personne n’aurait assez de suffisance et d’orgueil pour s’en aller au dehors fonder une nouvelle secte séparée […]

De même vous deviez connaître Felicissimus, le porte-drapeau de la révolte, dont le nom aussi se trouve dans les lettres que nous envoyèrent jadis nos collègues. Il n’a pas été seulement excommunié ici par ces évêques, mais encore il a été récemment chassé par vous de l’Église, à Rome. » (Lettre 59 [55] au pape Corneille)

Puis on y apprend que même les hérétiques de l’époque savaient que l’Eglise de Rome était la tête de l’Eglise, à tel point qu’ils tentaient de faire confirmer leurs Evêques par Rome. A cette occasion, saint Cyprien exprime l’infaillibilité romaine, en disant que l’erreur ne peut avoir accès à l’Eglise de Rome :

« Quand leur mensonge eut été mis à nu et confondu par la présence à leur réunion de seulement cinq naufragés excommuniés par nous, ils ont navigué vers Rome avec leur cargaison de mensonges, comme si la vérité ne pouvait pas naviguer derrière eux, et en établissant les faits, confondre leurs langues menteuses. […]

Après tout cela, ils se sont encore fait sacrer un pseudo-évêque par des hérétiques, et c’est dans ces conditions qu’ils osent passer la mer, pour venir au siège de Pierre et l’Église principale, d’où l’unité épiscopale est sortie, et y apporter des lettres de schismatiques et de profanes. Ils ne réfléchissent donc pas que ce sont là les mêmes Romains dont l’Apôtre a loue la foi et auprès de qui la perfidie ne saurait avoir accès. [cela signifie que pour lui, l’Église romaine est infaillible]. » (Lettre 59 [55] au pape Corneille)

Il est donc acquis que saint Cyprien croyait en la Papauté. Et cela allait très loin chez lui car, après avoir identifié l’Eglise du Christ au pouvoir de l’évêque de Rome, il dit :

« « Chassez loin du corps la lumière du soleil, la lumière garde son unité sans se diviser ; sciez la branche d’un arbre, les bourgeons n’apparaîtront pas sur la branche retranchée de l’arbre ; détournez le ruisseau de sa source, il va se tarir. L’Église du Seigneur est inondée de lumière et elle rayonne dans le monde entier. C’est pourtant toujours la même lumière qui se répand partout, et elle ne se sépare pas de l’unité du corps. Cet arbre dont la fécondité est si grande étend ses branches par toute la terre, cette source répand largement ses flots abondants tout au loin. Et pourtant, tout procède d’un seul chef, d’une seule et même origine, et c’est une même mère qui s’enrichit des fruits de sa fécondité. » (De l’unité de l’Église catholique, n° 5 dans PL, 4/501. )

Les écrits de saint Cyprien témoignent de la primauté de l’évêque de Rome. Cyprien croyait que l’unité de l’épiscopat et de l’Eglise étaient symbolisée en la personne de Pierre, à qui la primauté avait été donnée, et en son siège et que tous les évêques détenaient cette charge en commun (« in solidum » ; De unit. ecc., 4-5).

Comme nous le disions plus haut : lors de la querelle des rebaptisants, saint Cyprien convoqua un concile réunissant 71 Evêques d’Afrique Latine. A son issu le concile envoya la Lettre Synodale suivante au pape saint Etienne pour lui demander de confirmer leurs canons :

« Quelques dispositions qui réclamaient une délibération commune, frère bien-aimé, nous ont forcé de réunir et de célébrer un concile auquel nous avons appelé plusieurs évêques. Un grand nombre de questions y ont été proposées et résolues ; mais il en est une surtout au sujet de laquelle nous croyons devoir vous écrire pour en conférer avec votre sagesse et votre autorité, car elle intéresse à un haut degré le pouvoir sacerdotal, l’unité de l’Église catholique et l’honneur qui découle pour elle de sa divine organisation. » (Lettre 72 au pape Etienne)

Le cas de l’évêque schismatique Marcianus d’Arles (vers 254)

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Ville d’Arles

Cet évêque d’Arles adhéra au schisme de Novatien suivit la rigueur de ce dernier et se conduit envers ceux qui avaient été faibles dans la persécution avec une véritable cruauté. Les choses allèrent si loin que Faustin, évêque de Lyon, de concert avec les autres évêques des Gaules, le dénonce au pape Etienne. N’ayant pas reçu de réponse, on ne sait pour quelle raison, Faustinus s’adresse à Cyprien, évêque de Carthage. Cet évêque qui jouit dans l’Église d’une grande influence, adressa au pape, une lettre concernant l’évêque arlésien. Il s’agit d’une lettre pour la défense des chrétiens repentants de la ville d’Arles après les persécutions de Dèce (250) et mentionnant donc le premier évêque historiquement connu, Marcianus appelé également Marcien, dont Cyprien demande au pape Étienne Ier, sur le rapport de saint Faustin, évêque de Lyon, la déposition pour son adhésion au schisme de Novatien. Dans cette Lettre il demande au pape de pourvoir à la déposition et au remplacement de Marcianus. Tout cela est une preuve que les Evêques des Gaules ainsi que saint Cyprien en Afrique du Nord reconnaissaient la supériorité de l’Evêque de Rome ainsi que son pouvoir juridictionnel. Cette lettre est datée de 254, en voici des extraits :

« Faustinus, notre collègue de Lyon, m’a écrit à plusieurs reprises, frère très cher, pour me faire connaître (et je sais que la nouvelle vous a été aussi annoncée par mes autres collègues dans l’épiscopat de la même province) que Marcianus d’Arles * s’est joint à Novatien, et éloigné de la vérité de l’Église catholique et de l’unanimité de notre corps épiscopal, il a adopté les dures maximes d’une hérésie présomptueuse, qui fermant la porte de l’Église à des serviteurs de Dieu qui regrettent et pleurent leur faute, et y viennent frapper avec des gémissements et des larmes, leur refuse les consolations et les secours de la Bonté de Dieu et de sa paternelle Miséricorde, sans se soucier d’admettre des blessés à soigner leurs blessures, préférant les abandonner à la rapacité des loups et à la rage du diable. […] C’est pourquoi vous devez écrire très explicitement à vos collègues dans l’épiscopat qui sont en Gaule, afin qu’ils ne permettent pas plus longtemps à Marcianus, qui est opiniâtre et orgueilleux, ennemi de la piété et du salut de nos frères, d’insulter à notre collège. […] Envoyez aussi en Provence, aux fidèles d’Arles, une lettre en vertu de laquelle, Marcianus étant excommunié, un autre soit mis à sa place, afin que le troupeau du Christ qu’il a dispersé, et qui reste blessé et diminué, puisse se rassembler. […] Faites-nous connaître qui aura été mis à Arles à la place de Marcianus, afin que nous sachions à qui nous devons adresser nos frères et écrire nous-même. » (Lettre 68 à Etienne)

* Le nom de Marcianus ne figure pas dans les diptyques de l’église d’Arles. C’est la conséquence de son excommunication. Cf. MABILLON, Annales, t. III, P. 432.

Saint Firmilien de Césarée (mort en 256)

Césarée de Cappadoce

Le cas de saint Firmilien, ensemble avec celui de saint Cyprien sont souvent pris en exemple par les adversaires de la Papauté au motif de l’opposition au Pape qui fut la leur, et particulièrement les injures de saint Firmilien contre le Pape saint Étienne. Mais en réalité cet épisode n’est pas utilisable par les négateurs de la Papauté, comme nous le démontrons dans l’annexe de notre article Saint Cyprien témoigne de la Papauté dans l’affaire des lapsi dans lequel nous prouvons d’ailleurs, comme son titre l’indique, que l’attitude de saint Cyprien prouve au contraire que ses contemporains et lui croyaient en la Papauté. Mais au delà de cela, la lettre dans laquelle saint Firmilien injurie le Pape, laisse transpirer malgré elle la foi de l’Église en la Papauté. Laissons-lui la parole :

« Et ici une juste indignation s’empare de moi devant l’évidente et manifeste folie d’Étienne. Ne le voit-on pas, lui, si fier du rang de son siège épiscopal, lui qui revendique l’honneur d’être le successeur de Pierre, sur qui ont été établis les fondements de l’Église, introduire beaucoup d’autres pierres, et beaucoup de nouvelles Églises, en prêtant au baptême qui se donne chez les hérétiques l’appui de son autorité ? Ce sont les baptisés, incontestablement qui remplissent les cadres de l’Église. Celui donc qui approuve leur baptême, admet aussi qu’il y a là une Église composée de ces baptisés. Et il ne s’aperçoit pas qu’on obscurcit, qu’on anéantit en quelque sorte la vérité de la pierre chrétienne, en trahissant ainsi et en abandonnant l’unité. Les Juifs, bien qu’aveuglés, et chargés du plus grand des forfaits, ont cependant, au témoignage de l’apôtre, le zèle de la gloire de Dieu. Étienne, qui se vante de succéder à Pierre et d’occuper sa chaire, n’est animé d’aucun zèle contre les hérétiques, puisqu’il leur accorde au point de vue de la grâce, non un petit, mais un grand pouvoir. Il dit en effet, il soutient que, par le sacrement de baptême, ils effacent les souillures du vieil homme, relèvent des anciens péchés et de la mort, donnent par une nouvelle et divine régénération des enfants à Dieu, et par la sanctification du bain céleste rendent apte à la vie éternelle. » (Lettre à Cyprien, conservée par saint Cyprien : Lettre 75 (74), 16)

Ce document est intéressant car il prouve que saint Firmilien croit  non seulement que l’Église est fondée sur Pierre et que l’évêque de Rome est son successeur, mais encore que cette succession implique un privilège particulier pour ce qui est de la foi. En effet, il parle de :

« l’évidente et manifeste folie d’Étienne […] lui, si fier du rang de son siège épiscopal, lui qui revendique l’honneur d’être le successeur de Pierre, sur qui ont été établis les fondements de l’Église, introduire beaucoup d’autres pierres, et beaucoup de nouvelles Églises, en prêtant au baptême qui se donne chez les hérétiques l’appui de son autorité ? […] Étienne, qui se vante de succéder à Pierre et d’occuper sa chaire, n’est animé d’aucun zèle contre les hérétiques, puisqu’il leur accorde au point de vue de la grâce, non un petit, mais un grand pouvoir. »

Si l’évêque de Rome occupe la « chaire de Pierre », il ne s’agit pas sa chaire physique, mais de sa fonction. Aussi, Firmilien témoigne qu’Étienne occupe la chaire de Pierre  « sur qui ont été établis les fondements de l’Église« , ce que Firmilien ne conteste pas, et que, selon lui à tort, il « appui de son autorité » les baptêmes des hérétiques et ainsi d’accorder à ceux-ci un « au point de vue de la grâce, non un petit, mais un grand pouvoir ». Qu’est-ce que tout cela pourrait-il bien faire si l’évêque de Rome n’avait pas de prérogative sur l’Eglise universelle en matière de foi ? De quelle autorité pourrait-il bien couvrir quoi que ce soit ? Et quel motif pousserait à mentionner qu’il succède à saint Pierre ? Il est d’ailleurs stupéfiant de constater que malgré son grave désaccord avec le Pape, il ne remet pas la Papauté en cause, indice que cette dernière était un article de foi indiscutable :

« Il fallait qu’il fût bien impossible de nier le double fait du séjour de saint Pierre à Rome et de la transmission de son autorité aux évêques de cette ville, pour que Firmilien, si irrité, ne le niât pas, et qu’il raillât seulement Étienne de ses soins à faire valoir un titre qu’il ne soutenait guère, disait-il, par son enseignement. L’Eglise a justifié Etienne de sa folie et pardonné à Firmilien les emportements de son zèle en les rangeant tous deux au nombre des saints. La papauté n’a pas été rancunière » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome 4, page 160-161)

Cette lettre prend place dans le contexte de la querelle des rebaptisants qui vu s’affronter les saints. Il s’agissait de savoir si les baptêmes administrés par des hérétiques pouvaient être valides. La réponse est oui. Mais ce fut alors un conflit atroce qui vit entre autres le Pape saint Étienne soutenir la validité de ces baptêmes et saint Cyprien ainsi que saint Firmilien la nier.

« Saint Denys d’Alexandrie, dans une lettre au pape Étienne. ibid. [Eusèbe, Histoire ecclésiatique]., VII, nomme Firmilien au premier rang des évêques d’Asie Mineure qui réprouvaient le novatianisme. Mais la part active que Firmilien a prise à querelle baptismale du siècle forme le côté le plus saillant et le plus important de son épiscopat. Entre 230 et 235, on voit l’évêque de Césarée siéger dans les conciles d’Iconium et de Synuada, tenus l’un et l’autre en Phrygie, qui rejettent tout baptême administré hors de l’Église, établissant ainsi dans l’Asie Mineure la même règle que le concile de Carthage, vers 220, avait formulée en Afrique. De là, vers la fin de 253, la mésintelligence du pape Étienne et de Firmilien, soutenu par tes évêques de Cappadoce, de Cilicie et des provinces voisines. Peu s’en fallut que le pape, Eusèbe, H. E., VII, 5, P. G., t. XX, col. 645, ne fulminât l’excommunication contre tous ces évêques, qui persistaient à renouveler, contrairement à l’usage de Rome, le baptême conféré par hérétiques. Seule l’intervention de saint Denys d’Alexandrie, ibid., VII, 3, P. XX, col. 641, détourna le coup de leur tête. Mais le conflit s’envenima, lorsque le pape Étienne, dans le courant 256, enjoignit aux évêques d’Afrique comme à ceux d’Orient de se conformer sur la question du baptême, à l’usage de Rome et les menaça de rompre au besoin rapport avec eux. Un peu avant ou aussitôt après le concile de Carthage du 1er septembre, saint Cyprien envoya la diacre Rogatien à l’évêque de Césarée, pour nouer des relations avec lui et s’encourager à la résistance par son exemple. La lettre de saint Cyprien est perdue ; mais nous avons encore la longue lettre dans laquelle Firmilien approuve sans réserve les principes et l’attitude de son collègue, et qui, traduite du grec en latin par saint Cyprien lui-même, selon toute apparence, forme le n. 75 du recueil des lettres de ce dernier, P. L., t. III, col. 1101 Sq. Lettre virulente et irrévérencieuse envers le pape Étienne, à ce point que l’authenticité en a été autrefois contestée. Molkenbuhr, Binae dissertationes de S. Firmiliano, Münster, 1790, P.L., t. III, col. 1357-1418. Elle ne l’est plus aujourd’hui : locutions et manuscrits, tout attesté la main de l’évêque de Césarée. Acta sanctorum, Bruxelles, 1867, t. XII, octobris, p. 480-493. » (P. GODET, Dictionnaire de théologie catholique, article « FIRMILIEN »)

Saint Denys de Rome (mort en 268)

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Né à une date inconnue en Grèce, évêque de Rome à partir du 22 juillet 259, mort le 26 décembre 268. Il fut le premier pape non-martyr.

Son règne en tant qu’évêque de Rome, apparue l’hérésie Sabellius qui prêchait une fausse doctrine : l’erreur de ce Sabellius fut condamnée par un concile tenu à Rome en 261 sous la présidence de Denys. Ce dernier envoya une lettre doctrinale à saint Denys, Evêque d’Alexandrie qu’il soupçonnait (à tort) d’hérésie sur la Trinité et lui demanda de prouver son : c’était une obligation qu’il avait de se justifier devant son supérieur. Voici le fait rapporté par saint Athanase :

« Et que la Parole de Dieu n’est pas une œuvre ou une créature, mais une descendance propre à l’essence du Père et indivisible, comme l’a écrit le grand Concile, vous pouvez le voir ici dans les paroles de Dionysius, évêque de Rome, qui, en écrivant contre les Sabéliens, s’oppose ainsi à ceux qui osèrent le dire

(Chap. 1) Ensuite je dois m’adresser à ceux qui divisent, séparent et détruisent la monarchie, l’enseignement le plus vénérable de l’Eglise de Dieu, en trois puissances et hypostases séparées et en trois divinités. J’ai appris en effet que certains, qui prêchent et enseignent chez vous la Parole divine, professent cette opinion. Ils s’opposent diamétralement, dirais- je, à la pensée de Sabellius. Lui blasphème en disant que le Fils est le Père, et réciproquement. Eux prêchent en quelque manière trois dieux, en divisant la sainte unité en trois hypostases étrangères l’une à l’autre et totalement séparées. Il est, en effet, nécessaire que le Verbe divin soit uni au Dieu de l’univers, et il faut que l’Esprit Saint demeure et habite en Dieu ; il est nécessaire, d’ailleurs, que la Trinité divine soit récapitulée et ramenée à un seul, comme à un sommet, c’est-à-dire le Dieu tout-puissant de l’univers. La doctrine de l’insensé Marcion, qui coupe et divise la monarchie en trois principes, est un enseignement diabolique et non celui des vrais disciples du Christ, ni de ceux qui se plaisent aux enseignements du Sauveur. Car ceux-ci savent bien que la Trinité était prêchée dans la divine Ecriture, mais que ni l’Ancien Testament ni le Nouveau ne prêchent trois dieux.

(Chap. 2) On ne blâmera pas moins ceux qui soutiennent que le Fils est une créature et qui pensent que le Seigneur a été fait comme l’une des choses qui ont été faites, alors que les paroles divines attestent à son sujet une génération adaptée et appropriée, mais non une fabrication et une création. Ce n’est donc pas n’importe quel blasphème, mais le plus grand, de dire que le Seigneur est en quelque sorte une chose façonnée. Car si le Fils est devenu, c’est donc qu’il y eut un temps où il n’était pas ; mais il est de toujours s’il est dans le Père, comme il le dit lui-même Jn 14,10s, si le Christ est le Verbe, la Sagesse et la Puissance – car que le Christ le soit, les saintes Ecritures le disent Jn 1,14 1Co 1,24, comme vous le savez ; or ce sont là des puissances de Dieu. Si donc le Fils a été fait, il y eut un temps où cela n’était pas ; et il y eut donc un moment où Dieu était sans cela ; ce qui est totalement insensé.

Et dois-je disserter davantage à ce sujet devant vous, face à des hommes remplis de l’Esprit et qui savent bien les incohérences qui surgissent lorsqu’il est dit que le Fils est une créature ? Ceux qui promeuvent cette opinion ne me semblent pas les avoir eues à l’esprit, et donc avoir manqué totalement la vérité, puisque ce passage :  » Le Seigneur m’a créé comme le commencement de ses voies « , Pr 8,22(LXX.) : ils l’ont compris autrement que ne le veut l’Ecriture divine et prophétique. Car il n’existe pas, comme vous le savez une seule signification de  » il a créé « . En effet,  » il a créé  » doit être entendu au sens de  » il a établi à la tête des oeuvres faites par lui « , mais faites par le Fils lui-même…

Mais  » il a créé  » n’est pas dit ici au sens de  » il a fait « . Il y a en effet une différence entre  » créer  » et  » faire « . Ce père qui est le tien, ne t’a-t- il pas acquis, fait et créé ? Dt 32,6 (LXX.) dit Moïse dans le grand cantique du Deutéronome. A ceux là, quelqu’un pourrait dire aussi : O hommes insensés, il est donc quelque chose de fait,  » le premier-né de toute la création  » Col 1,15  » celui qui est né du sein avant l’étoile du matin  » Ps 110,3 (LXX.), celui qui a dit, comme la Sagesse,  » avant toutes les collines il m’a engendré « , Pr 8,25 (LXX.) ? On peut trouver aussi beaucoup de passages de paroles divines dans lesquels il est dit que le Fils a été engendré, mais non qu’il a été fait. Pour ces raisons, ceux qui osent lire que son engendrement divin et ineffable est une création, sont clairement convaincus de proférer des mensonges au sujet de l’engendrement du Seigneur.

(Chap. 3) Il ne faut donc pas partager en trois divinités l’admirable et divine unité, ni porter atteinte à la dignité et à la souveraine grandeur de Dieu en parlant de  » faire  » mais il faut croire en Dieu le Père tout-puissant et en son Fils Jésus Christ et au Saint-Esprit : le Verbe est uni au Dieu de l’univers. Car il dit :  » Moi et le Père, nous sommes un  » Jn 10,30 et  » Je suis dans le Père et le Père est en moi  » Jn 14,10. C’est ainsi que la Trinité divine et la sainte prédication de la monarchie seront sauvegardées. »

(Des Décrets du concile de Nicée, chapitre VI, 26, PG XXV, 461 CD-465 A)

Et saint Denys d’Antioche s’inclina devant la sentence venue de Rome par une adhésion explicite (Des Décrets du concile de Nicée, chapitre VI, 25, PG XXV, 461 AC).

L’affaire Paul de Samosate (272)

Ville d’Antioche

Cette prééminence des évêques de Rome été remarquée même par les païens. Paul de Samosate, hérésiarque qui niait la divinité du Christ, fit l’objet, d’après Eusèbe de Césarée, de deux conciles en (264 et 268 ou 269), dont le second décida de son excommunication (Histoire ecclésiastique, VII, 29, 30, 1-18). Il n’en était pas moins resté dans les locaux de l’évêché d’Antioche dont il venait de cesser d’être l’évêque. Les catholiques eurent recours à la justice impériale et donc à l’empereur Aurélien qui eut à juger l’affaire en 272. Il ordonna de livrer la maison à ceux à qui les évêques d’Italie et de Rome adressaient leurs lettres. Sa sentence manifeste une reconnaissance de l’ordre établit chez les chrétiens :

« l’empereur Aurélien, auquel on recourut, rendit une décision très heureuse sur ce qui devait être fait ; il ordonna que la maison fût attribuée à ceux à qui les évêques d’Italie et de la ville de Rome l’auraient adjugée. Ce fut donc ainsi que l’homme susdit fut chassé de l’église avec la dernière honte par le pouvoir séculier. » (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique VII, 27)

Que signifie cette formulation sinon que même les païens savaient que le critère essentiel et formel de l’appartenance à la véritable Eglise était la soumission à l’Evêque de Rome ? En effet, dans le cas contraire, pourquoi ne pas avoir attribué le bâtiment à ceux qui étaient en communion avec les Evêques immédiatement voisin, au motif que ces derniers gardaient le vrai christianisme (puisque Paul de Samosate était seul dans son hérésie avec quelques partisans) ? Ou à ceux qui croient en la divinité de Jésus-Christ (puisque la négation de cette dernière était l’objet de l’hérésie de Paul de Samosate) ? Ou à ceux qui acceptaient les deux conciles locaux le concernant dont le deuxième l’avaient excommuniés et qui réunissait pourtant beaucoup d’évêques (Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, VII, 29, 30, 1-18) ? Ou à ceux qui partageaient la même foi que tous les autres chrétiens répandus dans l’empire ?

Il n’y a aucune échappatoire : la Papauté était un fait tellement notoire en 272 que même l’évidence éclatait même aux yeux des païens que le vrai christianisme se définissait par la soumission à l’Evêque de Rome !

On doit souligner que les païens ont toujours su distinguer les vrais chrétiens des hérétiques. Saint Justin Martyr (vers 100-165) écrivait :

« Mais nous le savons bien, vous n’avez ni persécuté ni fait mourir à cause de leurs opinions les disciples de Simon le magicien et de Marcion. » (Première apologie pour les chrétiens, adressés à l’empereur Antonin, n°26, dans PG, 6/370)

Et Origène (vers 185-vers 254) :

« Celse a revendiqué pour ces hérétiques, qui pourtant n’ont rien subi de pareil, ce que nous autres catholiques accomplissons, lorsque, poussées, pour ainsi dire, par une piété débordante, nous allons au-devant de toute espèce de mort et affrontons le supplice de la croix. » (Contre Celse, VII, 40, PG, 11/1478-1479)

Et lorsque le l’empereur Constance II commença à persécuter l’Eglise, à partir du moment où il prit parti pour les ariens, Ammien Marcellin, qui était pourtant païen, ne put s’empêcher de remarquer que l’empereur s’était écarté du droit chemin, puisqu’il avait abandonné la pure et simple expression de la religion chrétienne :

« La simple unité du christianisme était chez lui dénaturée par un mélange de superstitions de vieille femme. Il intervint dans les discussions de dogme, plutôt pour raffiner sur les questions que pour concilier les esprits, et multiplia conséquemment les dissidences. Lui-même il prit une part active aux verbeuses subtilités de la controverse. Ce n’étaient sur les routes que nuées de prêtres, allant disputer dans ce qu’ils appellent leurs synodes, pour faire triompher telle ou telle interprétation. Et ces allées et venues continuelles finirent par épuiser le service des transports publics.  » (Histoire de Rome, XXI, XVI, 18)

Aurélien nous apprend donc que la marque à laquelle les païens différenciaient les vrais des faux chrétiens était la soumission de ces premiers à l’Evêque de Rome !

Cette réalité avait d’ailleurs été déjà constatée par l’empereur Dèce qui régna de 249 à 251. En effet, saint Cyprien dit du Pape saint Fabien :

« Il a siégé sans peur sur le siège épiscopal, au temps où un tyran [Dèce] ennemi des évêques de Dieu, jetait feu et flammes, et aurait plutôt supporté d’apprendre qu’un empereur rival s’élevait contre lui que de voir établir dans Rome même un évêque de Dieu. » (Lettre 52 [alias 55] à Antonius, chapitre 8, PL tome IV, colonnes 345 et 346)

Et ce même qu’il se trouvait dans Rome :

« des évêques de régions voisines, et d’autres venus de provinces lointaines d’où la violence de la persécution les avait chassés » (Réponse du clergé romain à saint Cyprien dans la correspondance de saint Cyprien : Lettre 31 [alias 30], PL, tome IV, colonnes 307 à 315)

Pourquoi redoutait-il tant que Rome ait un Evêque canoniquement en charge de ce diocèse, alors que la présence à Rome de beaucoup d’autres Evêques, ceux « de régions voisines, et d’autres venus de provinces lointaines », n’avaient pas l’air de le gêner, ou en tout cas beaucoup moins que « d’apprendre qu’un empereur rival s’élevait contre lui » ? C’est sans doute parce qu’il savait quel était le rôle de l’Evêque de Rome dans l’Eglise universelle.

C’est peut-être aussi lui qui empêcha l’élection d’un nouvel Evêque aussi longtemps. Cela expliquerait que le clergé de Rome dise à saint Cyprien : « Depuis la mort de Fabianus, de très illustre mémoire, les difficultés des circonstances nous ont empêchés d’avoir un évêque« , et que comme le dit saint Cyprien dans la lettre que nous avons cité de lui, il ne fut procédé à l’élection d’un Evêque que « quand l’ardeur de la persécution se fut assoupie« . Sans doute l’Eglise savait-elle qu’il lui serait matériellement impossible de précéder à cette élection, ou qu’elle occasionnerait des persécutions, permettant à Dèce de capturer ou tuer nombre d’Evêques présents au même endroit.

Voir plus de détails sur cette affaire dans notre page :

Saint Cyprien témoigne de la Papauté dans l’affaire des lapsi

Ce critère du vrai christianisme était également connu, comme nosu la rapportons plus bas, par Ammien Marcellin, que nous avons déjà cité. En effet,

le Pape Libère fut persécuté par l’Empereur hérétique arien Constance II. Ce premier subit un interrogatoire par ce second. L’historien païen et anti-chrétien Ammien Marcellin rapporte de la manière suivante de la demande de Constance II à Libère de confirmer la condamnation de saint Athanase, ce qu’il refusa :

« Celui-ci, qui avait toujours détesté Athanase, tenait singulièrement, tout en regardant la condamnation comme valide, à ce qu’elle fût confirmée par l’autorité prépondérante de l’évêque de la ville éternelle. Cette satisfaction lui étant refusée, il fit enlever Libère. Mais l’attachement du peuple pour son évêque apporta de grandes difficultés à son arrestation, qui ne put s’opérer que de nuit. » (Histoire de Rome, Livre XV, Chapitre 7, n°10 ; Traduction sous la direction de M. Nisard, Paris Firmin Didot, 1860)

L’autorité universelle dans l’Eglise de l’évêque de Rome était donc un fait notoire, même pour les païens.

Il est à noter que dans le monde francophone, cette oeuvre historique d’Ammien Marcellin est assez connue via la version intitulée Ammien Marcellin, ou les dix-huit livres de son histoire qui nous sont restés, Bruyet, 1778. Cette oeuvre est anonyme. Mais étant donné son origine (la France) et son époque (1778), il est probable que son auteur ait été gallican et/ou janséniste. Aussi, dans beaucoup de versions françaises de ce passage, il est seulement dit : « Quoique Constance, qui de tout temps avait haï Athanase, fût bien que la condamnation prononcée contre lui avait eu tout son effet, il souhaitait pourtant avec ardeur la confirmation de l’Evêque de la capitale : n’ayant pu l’obtenir, Libère fut à grand peine enlevé de nuit, tant on craignait le peuple dont il était chéri » (orthographe modernisée). On remarquera que le traducteur a « habillement oublié » de traduire les mots latins « tamen auctoritate quoque potiore aeternae urbis episcopi« , qui figurent pourtant bien dans le texte original, et qui doivent donc être traduits par « par l’autorité prépondérante de l’évêque de la ville éternelle« .

Concile d’Arles  (314)

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Villes d’Arles

Ce concile organisé dans à Arles dans le Sud de la France le 1er août 314, est une preuve que l’évêque de Rome était la tête de l’Église. En effet, les pères du concile, venus de Gaule, d’Italie, de Sicile, et d’Afrique, tout en exprimant leur regret de Sylvestre, l’évêque de Rome (qui n’a donc pas prit part au débat), ils estiment devoir lui transmettre les canons du concile pour que ce dernier les approuve :

« Vous n’avez pu vous éloigner de ces lieux où les apôtres siègent aussi chaque jour, et où leur sang rend continuellement témoignage à la gloire de Dieu. » (Sirmond, Conc. ant. Gall., t. I, ad ann. 314)

Concile de Nicée (325)

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Les ennemis de l’Eglise affirment que le concile de Nicée (325) se tint sans le concours de l’autorité du Pape. Ils affirment que ce n’est pas saint Sylvestre, l’évêque de Rome de l’époque qui le convoqua, que ce n’est pas lui qui le présida, que ce n’est pas par son autorité que ses décrets furent pris, et même qu’un de ses canons contredit la Papauté. La réalité est diamétralement inverse. Elle est que le concile de Nicée est une preuve de plus de l’Autorité Romaine dans l’Eglise ancienne. Tout cela est prouvé par notre étude sur ce concile.

Saint Jules Ier (280-352)

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Le Pape saint Jules Ier est un témoin de la Papauté tant par ses actes personnels que par les actes de ses contemporains. Nous les rapportons dans notre article :

L’affaire du Concile d’Antioche (340) : un témoignage de la Papauté

En particulier il tança ceux qui avaient réunis sans le consentement de Rome le Concile d’Antioche (340), déclara ceci :

« Car s’il y a eu, comme vous le dites, faute de leur part, il fallait juger l’affaire selon les canons de l’Eglise et non pas comme il a été fait. Vous deviez nous écrire à tous, afin que soit décrété par tous ce qui était juste. Il s’agissait d’évêques ; et d’Eglises qui ne sont pas n’importe lesquelles, mais des Eglises qui ont été gouvernées par les apôtres eux-mêmes. Au sujet de l’Eglise d’Alexandrie, pourquoi ne nous a-t-on pas écrit ? Ignorez-vous donc que la coutume était qu’on nous écrive d’abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était juste. Si une suspicion pesait sur l’évêque d’Alexandrie, il aurait fallu en prévenir l’Eglise d’ici. Or, maintenant, ceux qui ne nous ont pas informé mais ont agi à leur guise veulent que, sans nous être rendu compte, nous leur donnions nos suffrages. Ce ne sont là ni les ordonnances de saint Paul ni les traditions des Pères. » (Lettre aux Antiochiens intitulée Άνέγνων τὰγράμματα en date de 341 ; PL tome 8, colonne 906 ; CouE 385B ; MANSI, tome 2, colonne 1229 ; Reg. : Jaffé 186 ; cité par saint Athanase, Apologie contre les ariens, Partie I, chapitre 2, n°35 ; PG tome 25, colonnes 305D-308A)

Le retour à l’Eglise des évêques ariens Ursace et Valens

Lorsque les évêques ariens Ursace et Valens reconcèrent à leur hérésie, ils adressèrent une demande de réintégration à l’Eglise à l’évêque de Rome saint Jules, et non au patriarche d’Alexandrie saint Athanase, alors même qu’ils étaient voisins et que c’est contre lui qu’ils avaient lutté. Les faits sont rapporté par saint Épiphane de Salamine (vers 315-403) qui relate les faits qui se sont déroulés lors du procès de saint Athanase. Il évoque la conversion des évêques ariens Ursace et Valens, qui voulurent être reçus dans la communion de l’Église et durent pour cela recourir à l’absolution de l’évêque de Rome, non à celle de saint Athanase :

« Voulant faire pénitence, Ursace et Valens présentèrent à Jules, évêque de Rome, des libelles où ils abjuraient leur erreur. “Nous avons calomnié l’évêque Athanase. Admettez-nous dans votre communion et recevez notre pénitence”. » (Panarion, pharmacie contre toutes les hérésies, 68, chapitre 9 dans PG, 42/198-199)

Le fait est également rapporté par Socrate le Scolastique (vers 380-450) :

« Mais depuis, Ursace et Valens touchés d’un sentiment de pénitence, donnèrent leur rétractation à Jules Evêque de Rome, souscrivirent à la doctrine de la Consubstantialité du Verbe, et furent admis à la communion. Mais soutenant alors de tout leur pouvoir la perfidie d’Arius, ils excitèrent des guerres très-dangereuses, comme celle qui troubla la paix de la Ville de Constantinople au sujet de Macédonius, et qui causa d’horribles désordres, et la mort de plusieurs personnes. » (Histoire ecclésiastique, Livre II, chapitre 12 dans PG, 67/207)

Appel au Pape saint Jules Ier de saint Athanase et plusieurs évêques exilés par les ariens lors du Concile d’Antioche (340)

Lire notre article :

L’affaire du Concile d’Antioche (340) : un témoignage de la Papauté

Concile de Sardique (343)

Ruines de Sardique

La cause déterminante de ce Concile avait été les nombreux appels adressés à saint Jules par des évêques d’Orient injustement déposés. Comme les Ariens, dans la lettre mentionnée plus haut, avaient dénié au Pape le pouvoir d’absoudre ceux que leurs Synodes avaient condamnés, les Pères crurent devoir, pour la sécurité des évêques orientaux si souvent condamnés injustement, consacrer le principe de l’appel au Pape dans les trois canons suivants. On lira avec profit cette étude de 20 pages sur ce concile. Voici les canons qu’il édicta, prouvant sa foi en la Papauté :

« L’évêque Ossius dit : cela aussi (..doit être ajouté..) : qu’aucun évêque ne voyage d’une province à une autre province dans laquelle se trouvent des évêques, à moins qu’il n’y soit invité par ses frères, de manière que nous n’ayons pas l’air d’avoir fermé la porte de la charité. À cela aussi il faut pourvoir : si dans une province un évêque devait avoir un litige avec un autre évêque, son frère, qu’aucun des deux n’appelle à l’aide des évêques d’une autre province. Mais si un évêque a été condamné dans une cause et s’il pense que sa cause est bonne pour être jugée à nouveau, honorons s’il vous plaît la mémoire du très saint apôtre Pierre : que ceux qui ont examiné la cause, ou bien les évêques qui résident dans la province voisine, écrivent à l’évêque de Rome ; et si celui-ci juge qu’il faut réviser le procès, qu’il soit révisé et qu’il : donne des juges. Si par contre il estime la cause telle qu’on ne doive pas reprendre ce qui a été fait, ce qu’il aura décidé sera confirmé. Cela plaît-il à tous ? Le synode répondit : oui. » (Canon 3)

 

« L’évêque Gaudentius dit : s’il vous en convient il faut ajouter à cette décision que vous avez prise et qui est pleine de sainteté : si un évêque a été déposé par le jugement des évêques qui résident dans le voisinage et qu’il a déclaré qu’il devait traiter l’affaire qui dans la ville de Rome, alors après l’appel de celui qui a été considéré comme déposé, un autre évêque ne doit absolument pas être ordonné à sa place dans la même cathèdre tant que la cause n’aura pas été arrêtée par un jugement de l’évêque de Rome. » (Canon 4)

 

« L’évêque Ossius dit : or il a plu que, si un évêque a été accusé et si les évêques de la région assemblés l’ont jugé et déchu de son rang, et s’il apparaît qu’il a fait appel et s’est réfugié auprès du bienheureux évêque de l’Eglise romaine, et si ce dernier a voulu qu’il soit entendu et qu’il a pensé qu’il était juste de renouveler l’examen, qu’il daigne écrire à ces évêques qui sont dans la province voisine de sa frontière pour qu’ils examinent tout soigneusement et qu’ils décident selon ce qui leur semblera véridique, à leur foi. Mais si quelqu’un demande que la cause soi entendue à nouveau et décide par sa supplique l’évêque de Rome à envoyer un presbytre a latere, il sera dans le pouvoir de l’évêque de décider ce qu’il veut ou ce qu’il estime nécessaire : s’il décide qu’il fallait envoyer des presbytres qui jugeraient en même temps que les évêques avec l’autorité de celui qui les aura envoyés, ce sera laissé à sa convenance. Mais s’il croit que les évêques suffisaient pour mettre un terme à et l’affaire, il fera selon ce qu’il aura jugé en son très sage conseil. » (Canon 5)

Ce concile, tirant les conséquences de ses principes, adressa le rapport de ses décisions à son chef, l’évêque de Rome  :

« Ce qui apparaîtra le meilleur et comme convenant le mieux, c’est ceci : que de toutes les diverses provinces les prêtres du Seigneur fassent rapport à la tête, c’est-à-dire au Siège de l’apôtre Pierre. » (Lettre Quod semper, adressée par les Pères du Concile au pape saint Jules Ier)

Saint Athanase d’Alexandrie (vers 295-373) assista au concile de Sardique et approuva ses délibérations. Il s’y réfère comme au :

« grand Concile » (Défense contre es Ariens, I, P. G., XXV, 248)

Et au :

« Saint Synode » (Lettre au peuple d’Antioche, V)

Libère (mort en 366)

Image illustrative de l’article Libère

Il s’agit d’un Pape qu’on accuse d’avoir chuté dans l’hérésie arienne. Nous proposons une démonstration intégrale du contraire dans notre document « La prétendue chute de Pape Libère« .

L’historien païen Ammien Marcellin rapportant l’attitude de l’Empereur Constance II envers le Pape Libère

Le Pape Libère fut persécuté par l’Empereur hérétique arien Constance II. Ce premier subit un interrogatoire par ce second. L’historien païen et anti-chrétien Ammien Marcellin rapporte de la manière suivante de la demande de Constance II à Libère de confirmer la condamnation de saint Athanase, ce qu’il refusa :

« Celui-ci, qui avait toujours détesté Athanase, tenait singulièrement, tout en regardant la condamnation comme valide, à ce qu’elle fût confirmée par l’autorité prépondérante de l’évêque de la ville éternelle. Cette satisfaction lui étant refusée, il fit enlever Libère. Mais l’attachement du peuple pour son évêque apporta de grandes difficultés à son arrestation, qui ne put s’opérer que de nuit. » (Histoire de Rome, Livre XV, Chapitre 7, n°10 ; Traduction sous la direction de M. Nisard, Paris Firmin Didot, 1860)

L’autrorité universelle dans l’Eglise de l’évêque de Rome était donc un fait notoire, même pour les païens.

Il est à noter que dans le monde francophone, cette ouevre historique d’Ammien Marcellin est assez connue via la version intitulée Ammien Marcellin, ou les dix-huit livres de son histoire qui nous sont restés, Bruyet, 1778. Cette oeuvre est anonyme. Mais étant donné son origine (la France) et son époque (1778), il est probabla que son auteur ait été gallicane et/ou janséniste. Aussi, dans beaucoup de versions françaises de ce passage, il est seulement dit : « Quoique Constance, qui de tout temps avait haï Athanase, fût bien que la condamnation prononcée contre lui avait eu tout son effet, il souhaitait pourtant avec ardeur la confirmation de l’Evêque de la capitale : n’ayant pu l’obtenir, Libère fut à grand peine enlevé de nuit, tant on craignait le peuple dont il était chéri. » On remarquera que le traducteur a « habillement oublié » de traduire les mots latins « tamen auctoritate quoque potiore aeternae urbis episcopi« , qui figurent pourtant bien dans le texte original, et qui doivent donc être traduits par « par l’autorité prépondérante de l’évêque de la ville éternelle« .

Saint Athanase d’Alexandrie (vers 296-373)

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Lire en anglais : St. Athanasius, Arianism, and the Holy See par Dom John CHAPMAN

Saint Athanase assista au concile de Sardique précédemment cité et sanctionna ses délibérations. Il s’y réfère comme au :

« grand Concile » (Défense contre es Ariens, I, P. G., XXV, 248)

Et au :

« Saint Synode » (Lettre au peuple d’Antioche, V)

 Il dit ailleurs :

« En effet, les ariens n’épargnèrent pas même l’évêque de Rome Libère, dès le début de son pontificat. Ils étendirent leur rage jusqu’aux citoyens de cette ville, et l’idée qu’il y avait là le trône apostolique ne les arrêta nullement. […] Car ces impies, voyant que Libère avait le culte de la vraie foi, […] crurent que, s’ils pouvaient le séduire, ils s’empareraient de tous les esprits. » (Lettre aux moines sur l’histoire de l’arianisme, n° 35 dans PG, 25/734.)

Commentaire du Cardinal Louis BILLOT :

« Cette expression est si souvent utilisée, elle est d’usage si courant chez les Pères et les conciles que le titre de « Siège apostolique » a fini par devenir le nom propre et distinctif du siège de Rome. Mais remarquons bien que ce siège est appelé apostolique en ce sens absolument unique, non seulement à cause de son origine ou de sa fondation, au sens où, dans l’antiquité, bien des sièges épiscopaux étaient eux aussi apostoliques, mais surtout à cause de son pouvoir, dans la mesure où le pouvoir apostolique de gouvernement s’y trouvait non pas comme un pouvoir participé et dérivé, ce qui était le cas de tous les autres sièges épiscopaux, mais de manière excellente et en plénitude, comme dans sa source, dans sa matrice, dans sa racine. » (L’Eglise, Courrier de Rome, 2010, n° 882, tome 2, page 416)

De plus, si les ariens crûrent que si ils pouvaient séduire l’évêque de Rome « ils s’empareraient de tous les esprits », cela témoigne de la croyance tant de saint Athanase que des ariens du pouvoir d’enseignement doctrinal universel et infaillible de ce dernier.

Par ailleurs, saint Athanase se servit d’une lettre d’un pape pour lutter contre les hérétiques ariens. Le pape Saint Denys avait écrit, vers l’an 260, une lettre doctrinale à Denis, l’évêque d’Alexandrie, où il condamna l’hérésie des sabelliens, qui devait être reprise plus tard par les ariens. C’est pourquoi saint Athanase reprocha aux ariens d’avoir déjà été condamnés depuis longtemps par un jugement définitif, ce qui prouve qu’il croyait en l’infaillibilité pontificale (De sententia Dionysii).

La vie de saint Athanase contient encore d’autres preuves de la Papauté. Nous les rapportons dans notre article :

L’affaire du Concile d’Antioche (340) : un témoignage de la Papauté

La vie de saint Athanase produit encore d’autres témoignages en faveur de la Papauté, sans qu’il en fut lui-même l’auteur :

Saint Basile le Grand (vers 329-379) :

Il informa son ami saint Athanase qu’il avait l’intention de demander au souverain pontife d’exercer son autorité pour exterminer l’hérésie de Marcel d’Ancyre (Lettre 69, PG, 32/431) :

« Il nous a semblé bon d’écrire à l’évêque de Rome, pour qu’il prît connaissance de notre cause ; il s’avère en effet difficile de recourir à un décret conciliaire pour chasser d’ici certains perturbateurs […] qui prendraient avec elles tous les actes postérieurs au concile de Rimini, afin de réduire à néant les décisions qui ont été imposées ici par la violence. » (Lettre 69, PG, 32/431)

Pourquoi consulter Rome et pas une autre autorité ?

« La lettre de saint Basile, mentionnant cette demande d’intervention de l’évêque de Rome comme une affaire courante et ordinaire, attire à conclure qu’à cette époque c’était non seulement la conviction personnelle de Basile, mais aussi la conviction de tous, même en Orient, que l’évêque de Rome possède le pouvoir de juger souverainement, par lui-même, les questions doctrinales ». (Abbé Edmond DUBLANCHY, Dictionnaire de théologie catholique, article « Infaillibilité du pape »)

C’est une manifestation que même l’Orient considérait le siège de Rome comme supérieur à celui d’Alexandrie, autrement c’est à saint Athanase lui-même que saint Basile aurait demandé de régler la question.

Saint Pierre II d’Alexandrie (mort avant 381)

Les catholiques d’Alexandrie, à la mort de saint Athanase, avaient donné leurs suffrages à Pierre, le compagnon de ses exils et de ses luttes. Le parti arien, mécontent, courut à Antioche porter ses plaintes à l’empereur. Valens envoya le patriarche arien Euzoïus, ainsi que son trésorier Magnus et des troupes, avec ordre d’expulser Pierre et de le remplacer par l’arien Lucius. Le préfet Pallade devait au besoin leur prêter main-forte (Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique, IV, 21, PG, 67, col. 50 ; Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, IV, 20-22, PG, 82, col. 1164).

Jeté en prison, Pierre réussit à s’échapper. Il fit connaître à l’Eglise universelle l’injustice dont il était victime ainsi que les atrocités commises dans Alexandrie après son arrestation, et se rendit à Rome. Saint Damase l’accueillit avec bienveillance, et, dans un concile tenu vers 374, l’admit à sa communion, confirma son élection et excommunia Lucius (MANSI, III, 485). Quoique rétabli de droit sur son siège, Pierre ne crut pas prudent de s’y rendre aussitôt. Au bout de trois ou quatre ans, quand il jugea la persécution un peu ralentie, il se présenta dans Alexandrie avec les lettres du Pape. Le peuple l’accueillit avec joie et chassa Lucius qui courut demander justice à Valens. Celui-ci était tout entier à la préparation de sa campagne contre les Goths. N’ayant ni le loisir de s’occuper de cette affaire, ni des troupes disponibles pour maîtriser le peuple turbulent d’Alexandrie, il abandonna l’hérétique à son sort.

Les manigances d’Eustathe de Sébaste (vers 300-377)

Eustathe de Sébaste est un hérétique qui, par ses actes, rendit témoignage à la foi orientale en la Papauté, car c’est par les lettres de communion qu’il obtint par subterfuge du Pape qu’il se fit accepter. Les informations rapportées ci-dessous sont tirée de l’œuvre de Socrate le Scolastique (Histoire ecclésiastique, II, 43 et IV, 12, PG, 67, col. 532 et 484) de Sozomène de Constantinople (Histoire ecclésiastique, IV, 22 à 28, PG, 67, col, 1192) et du travail de la collection MANSI (t. III, col. 394) :

Eustathe, disciple d’Arius, était un de ces hommes souples, astucieux, qui dans les circonstances critiques savent toujours se ranger du côté du plus fort. Catholique après le Concile de Nicée, il s’attacha à Eusèbe de Nicomédie dès que celui-ci rentra en faveur. Prêtre, il fut déposé une première fois par son propre père Eulalius, évêque de Césarée de Cappadoce, pour avoir porté des ornements peu en harmonie avec la dignité du sacerdoce. Il fut encore excommunié plus tard aux Conciles de Séleucie, de Néocésarée, de Constantinople, et déposé de l’épiscopat à celui de Gangre pour avoir violé les canons et introduit dans l’Eglise des usages étranges et contraires à la saine doctrine. Mais il estimait que toutes ces censures étaient portées contre lui par des hérétiques et n’en avait aucun souci. Enfin, convaincu de parjure au Concile d’Antioche, il fut de nouveau déposé, chassé de son siège et remplacé par saint Mélèce.

Sa situation était critique : il se rapprocha des Macédoniens et pour cause. Ces hérétiques, persécutés par Valens, désiraient avant tout vivre en paix. Comme le nouvel empereur n’avait pas encore manifestement pris parti pour l’arianisme, ils s’imaginaient que le moyen le plus sûr de conquérir cette heureuse tranquillité était de recourir à l’empereur d’Occident et au pape Libère et d’embrasser leur foi. Eustathe réussit à se mettre à la tête de ce mouvement, partit pour Rome avec les délégués macédoniens, et présenta, en son nom et au leur, une profession de foi parfaitement orthodoxe.

Libère les accueillit avec une certaine défiance ; mais quand il les vit prêts à tout, convaincu de leur entière conversion, il accepta les promesses qu’ils présentaient au nom de leurs coreligionnaires, les admit à sa communion et leur remit des lettres qui témoignaient de leur orthodoxie.

Cependant, Eustathe ne négligeait pas l’affaire essentielle : la sienne. Il sut si habilement se justifier de toutes les accusations qui pesaient sur lui, qu’il obtint la restitution de son siège.

De Rome, Eustathe se rendit avec ses compagnons en Sicile, où il eut soin de faire assembler un Concile. En y présentant sa profession de foi catholique et les lettres du Pape, il obtint des lettres de communion des Eglises de ces régions. De là il courut proclamer la foi de Nicée dans un autre Concile en Illyrie. Le Pape, qui pensait, par son intermédiaire, ramener les Ariens aussi bien que les Macédoniens, le fit accompagner du légat Elpidius pour témoigner de son orthodoxie. Au terme du Concile, qui fit réellement triompher le catholicisme en Illyrie, une encyclique et une lettre des trois empereurs Valens, Valentinien et Gratien, furent envoyées aux églises d’Asie pour y annoncer la victoire de la vraie foi.

Enfin, Eustathe, en rentrant dans sa province, se présenta au Concile de Tyane en Cappadoce et réclama son siège. Par égard aux lettres du Pape dont il était porteur, il lui fut aussitôt restitué (367).

La conversion d’Eustathe fut éphémère, son orthodoxie se régla sans doute sur celle de l’empereur Valens. Voici ce que saint Basile écrivait à son sujet, quelques années plus tard, aux évêques d’Occident :

« Quand il fut chassé de son siège, son voyage vers vous est la voie qu’il imagina pour son rétablissement. Que lui fut-il proposé par le bienheureux évêque Libère et à quoi s’est-il engagé ? Nous l’ignorons. Nous savons seulement qu’il apporta une lettre qui le rétablissait. Il la présenta au Concile de Tyane et il fut replacé sur son siège. Maintenant, il ravage cette foi grâce à laquelle il a été accepté, il est avec ceux qui anathématisent le consubstantiel ; patronne l’hérésie des pneumatomaques. » (Lettre 263, P. G., t. XXXII, col. 980)

Saint Basile le Grand (vers 329-379)

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Voici tout d’abord une vidéo pour réfuter la thèse selon laquelle la correspondance de saint Basile plaiderait contre la Papauté plutôt que pour :

Saint Basile, par ses recours au Pape jugés nécessaires pour régler des affaires orientales, fournit des preuves de la foi orientale en la Papauté à son époque.

Il informa son ami saint Athanase qu’il avait l’intention de demander au souverain pontife d’exercer son autorité pour exterminer l’hérésie de Marcel d’Ancyre (Lettre 69, PG, 32/431) :

« Il nous a semblé bon d’écrire à l’évêque de Rome, pour qu’il prît connaissance de notre cause ; il s’avère en effet difficile de recourir à un décret conciliaire pour chasser d’ici certains perturbateurs, tandis que le souverain pontife pourrait prendre les mesures requises et se charger lui-même de cette affaire, en choisissant des personnes […] qui prendraient avec elles tous les actes postérieurs au concile de Rimini, afin de réduire à néant les décisions qui ont été imposées ici par la violence. » (Lettre 69, PG, 32/431)

Pourquoi consulter Rome et pas une autre autorité ?

« La lettre de saint Basile, mentionnant cette demande d’intervention de l’évêque de Rome comme une affaire courante et ordinaire, attire à conclure qu’à cette époque c’était non seulement la conviction personnelle de Basile, mais aussi la conviction de tous, même en Orient, que l’évêque de Rome possède le pouvoir de juger souverainement, par lui-même, les questions doctrinales ». (Abbé Edmond DUBLANCHY, Dictionnaire de théologie catholique, article « Infaillibilité du pape »)

Deux causes déterminèrent saint Basile à réclamer l’intervention de tous les évêques d’Occident et du pape saint Damase : la crise extrêmement violente dans laquelle la persécution arienne de Valens avait plongé l’Orient, et le schisme d’Antioche (Voir Paul ALLARD, Saint Basile, II, 6, p. 129-146).

Saint Basile envoya d’abord à Rome le diacre Dorothée, porteur de deux lettres (Lettres 70 et 243, PG, t. XXXII, col 433 et 901), l’une destinée spécialement au Pape, l’autre pour les évêques d’Italie et de Gaule. Il le priait d’envoyer quelques délégués personnels capables de ramener les égarés et de rétablir l’union parmi les Eglises. Ces délégués pourraient au moins l’éclairer sur la situation déplorable de l’Orient, lui découvrir les auteurs des troubles et lui faire connaître ceux à qui il devait accorder ou refuser sa communion. Aussi, tout en disant que les évêques de Rome sont placés sur un siège plus élevé, lorsque les ambassadeurs d’Orient viennent les trouver (Lettre 215, dans PG, 32/791), et qu’un homme dont le caractère est étranger à toute adulation servile n’a aucun intérêt à s’entremettre avec celui qui est orgueilleux et hautain, saint Basile n’en écrit pas moins au pape saint Damase dans la lettre apportée par le diacre Dorothée le besoin qu’il eut de recourir au Pape car n’avait « plus d’autre ressource que de [supplier Rome] par courrier » :

« Presque tout l’Orient, très Vénérable Père, est agité d’une tempête et d’un tourbillon considérable. En effet, Arius, l’ennemi de la vérité, vient récemment de répandre son hérésie, celle-ci se dévoile à présent sans crainte, […] et désormais elle règne. […] La seule consolation que nous nous sommes donnée est de voir venir votre miséricorde. […] Nous n’avons plus d’autre ressource que de vous supplier par courrier de vous décider à nous secourir et de nous envoyer des légats pour ramener les dissidents à de meilleurs sentiments, rétablir les églises de Dieu dans le lien de l’amitié, ou du moins vous faire connaître plus précisément quels sont ceux qui fomentent ce trouble, pour que vous puissiez par là savoir exactement quels sont ceux avec lesquels vous pouvez garder la communion. […] Nous voyons chaque jour les propagateurs de l’hérésie rendre les âmes toujours plus captives. C’est pourquoi, si vous ne vous décidez pas maintenant à nous porter secours, vous ne trouverez bientôt plus personne à qui tendre la main, car tous seront tombés au pouvoir des hérétiques. » (Lettre 70, dans PG, 32/434-435)

Cette lettre est à rapprocher de la Lettre 69 à saint Athanase (PG, 32/430-434) et de la Lettre 263 aux occidentaux (PG, 32/975- 982).

Arrivé à Rome, Dorothée y trouva les Occidentaux réunis en concile. Il revînt l’année suivante (372) avec le diacre Sabinus, porteur d’une lettre synodale pour saint Athanase qui la fit passer à saint Basile. Elle contenait une profession de foi et des assurances de sympathie. Le résultat était faible. Basile attendait un secours plus pratique. Pour l’obtenir, il fit rédiger par le patriarche saint Mélèce, alors exilé pour la troisième fois, un appel chaleureux aux Occidentaux signé par trente-deux évêques (Lettre 92, PG, 32/481). Dans la suite de la lettre, il lance un appel à l’aide en direction de l’Occident pour que les Orientaux « renoncent enfin aux divisions qu’ils ont inventées, qu’ils se soumettent à l’autorité de l’Église, afin que le corps du Christ recouvre sa perfection et se rétablisse dans l’intégrité de tous ses membres » :

« Nous ressentons, un immense besoin de votre aide, afin que ceux qui ont été élevés dans la profession de la foi des apôtres, renoncent enfin aux divisions qu’ils ont inventées, qu’ils se soumettent à l’autorité de l’Église, afin que le corps du Christ recouvre sa perfection et se rétablisse dans l’intégrité de tous ses membres. Alors, nous ne nous contenterons plus de louer le bien qui est chez les autres ; mais nous verrons nos propres églises rétablies dans l’antique beauté de la vraie foi. Certes, il est juste d’honorer d’une louange souveraine le don que le Seigneur a conféré à Votre Piété, et qui consiste à savoir discerner ce qui est adultère d’avec ce qui est pur, et enseigner sans aucune altération la foi des Pères. C’est cette foi que nous avons reconnue formulée dans les caractères apostoliques de la lettre, et nous l’avons acceptée ainsi que tout le reste, comme il était canoniquement et légitimement formulé dans votre écrit synodal. » (Lettre 92 aux Italiens et aux Gaulois, n°3, PG, 32/482-483)

On voit ici l’Église d’Orient dans la personne d’un de ses saints et de ses plus doctes représentants, donner à l’Occident la palme de la foi, reconnaître que l’Église latine a reçu le don de discerner la vérité de l’erreur, et que la vertu des caractères apostoliques est telle, qu’elle peut secourir et sauver de la ruine les églises de ces contrées qui furent le berceau du christianisme. D’où vient cette force à ce Concile romain dont Basile a reçu avec tant de respect la lettre synodale ? est-ce des quelques évêques de l’Italie et de la Gaule que l’évêque de Rome avait réunis auprès de lui ? ou n’est-ce pas plutôt de saint Pierre, dont le martyre, comme nous le disait saint Augustin, a assuré à l’Occident, par Rome, la prépondérance dans les jugements de la foi ? Cependant saint Basile ne se priva pas d’adresser des reproches aux occidentaux. Car il se plaint « de la morgue occidentale », parce que « les occidentaux confondent la dignité et leur orgueil » (Lettre 239, n° 2 dans PG, 32/894) : or on est orgueilleux que pour une dignité mal comprise, c’est donc que cette dignité occidentale supérieure existe, saint Basile en témoigne lui-même.

On ne demandait plus maintenant à l’Occident quelques délégués, on le priait de venir sans retard, nombreux, en synode, visiter une Eglise prête à sombrer.

L’année 373 se passa tout entière sans résultat : seul, le prêtre latin Sanctissime fut envoyé avec un formulaire à souscrire.

Saint Basile se décida à faire une nouvelle démarche et demanda cette fois que l’on fît agir l’empereur Valentinien auprès de son frère Valens pour arrêter la persécution. Le conseil fut suivi, quoique un peu tardivement. En 375, un concile eut lieu en Illyrie où se trouvait alors Valentinien. L’arianisme y fut condamné une fois de plus. Les Pères obtinrent de l’empereur l’envoi d’un rescrit qui interdisait aux hérétiques de se prévaloir des sentiments des princes pour répandre leurs erreurs, leur défendait d’exercer aucune persécution contre ceux qui servent Dieu mieux qu’eux et ont une foi plus pure, et rendait aux catholiques une entière liberté (Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, IV, 7, P. G., t. 82, col. 1133-1137). C’était la répudiation formelle de la politique de Valens, consignée dans’ un document législatif auquel Valens fut obligé d’apposer sa signature à côté de celle de son frère. Malheureusement, Valentinien mourut avant la fin de l’année, et la persécution continua encore plus violente. Elle ne devait cesser qu’en 378 par la mort de Valens.

Pour ce qui est du schisme d’Antioche, proposé aussi à la médiation de saint Damase, l’intervention romaine fut plutôt malheureuse. Rappelons en deux mots l’origine de ce schisme. Par une heureuse erreur, les ariens ayant pris saint Mélèce, évêque de Sébaste pendant l’exil d’Eustathe, pour un des leurs, l’avaient élu patriarche d’Antioche. Mélèce accepta le siège et ramena bon nombre d’égarés à l’orthodoxie. Les ariens, justement émus, choisirent un autre évêque et firent peser sur lui une lourde persécution. D’un autre côté, une partie des catholiques refusa de reconnaître Mélèce à cause de son élection d’origine arienne. Une confusion extrême s’ensuivit. Les choses en étaient là lorsque, à l’avènement de l’empereur Julien, Lucifer de Cagliari, passant à Antioche, à son retour de l’exil, sans mission aucune, mais croyant remédier au mal, ordonna arbitrairement Paulin évêque, au grand mécontentement de son compagnon d’exil Eusèbe de Verceil (Socrate de Constantinople, Histoire ecclésiastique, III, 5, 6, 9, PG, 67, col. 388, 389, 404). Il y eut donc dans la même ville deux obédiences et deux patriarches catholiques, du reste également recommandables.

Basile, ami de Mélèce, reprochait à Paulin, en dehors de l’irrégularité de son élection, d’avoir partagé ou toléré les erreurs de Marcel d’Ancyre. L’Asie était en grande majorité pour saint Mélèce. Saint Damase, qui puisait ses informations à Alexandrie, se prononça après quelques hésitations en faveur de Paulin et cessa de reconnaître Mélèce comme patriarche légitime.

Saint Basile, déjà contrarié du peu d’empressement des Occidentaux à envoyer les secours demandés, fut extrêmement affligé de cette décision. Il resta fidèle à Mélèce, et, sous la vive impression de sa douleur, il ne put s’empêcher d’exprimer ses plaintes à son ami intime saint Eusèbe de Samosate :

« Il me vient à l’esprit, le mot de Diomède (Homère, Iliade, I, 695, 696) : mieux valait ne pas le prier, c’est un homme orgueilleux. Les caractères superbes, quand on les honore, n’en deviennent d’ordinaire que plus dédaigneux. Si Dieu nous devient propice, qu’avons-nous besoin de plus ? Si sa colère continue à s’abattre sur nous, de quel secours nous sera l’orgueil occidental ? […] Je voudrais écrire à leur coryphée en dehors de la forme ordinaire et ne lui parler d’affaires ecclésiastiques qu’autant qu’il faut pour insinuer qu’ils ne savent pas la vérité sur ce qui se passe ici et refusent de prendre le chemin par lequel ils arriveraient à la connaître, et qu’en général il ne faut pas insulter à ceux qui sont éprouvés par la tentation, ni prendre pour de la dignité l’orgueil, péché capable tout seul de nous rendre ennemis de Dieu. » (Lettre 139, PG, XXXII, col. 893).

Saint Damase eut l’occasion, quelques années plus tard, de constater jusqu’à quel point il avait froissé le sentiment oriental. On avait finalement réglé au sujet du schisme que le premier des compétiteurs qui mourrait n’aurait pas de successeur. Or, saint Mélèce mourut pendant le concile général de Constantinople, et les Pères, avant de se séparer, nommèrent Flavien à sa place. Le Pape, à cette nouvelle, plus que mécontent de ce qui s’était accompli au détriment de Paulin, voulut convoquer un concile œcuménique à Rome. Par le soin des empereurs Théodose et Gratien, tous les évêques orientaux reçurent leur lettre de convocation. A part Epiphane et Aschole de Thessalonique, qui ne relevaient pas, du reste, des patriarches orientaux, un seul, Paulin, répondit à l’appel. Saint Damase s’abstint de déposer Flavien, craignant un schisme de tout l’Orient (MANSI, III, 639).

Ce Père est aussi très explicite sur la primauté de saint Pierre : grâce à la promesse du Christ, le pape persévérait absolument sans aucune défaillance, car sa foi avait la même stabilité que celle du Fils de Dieu Lui-même !

« Pierre a été lancé placé pour être le fondement. Il avait dit à Jésus Christ: Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant », et à son tour il lui fut dit qu’il était Pierre, quoiqu’il ne fut pas pierre immobile, mais seulement par la volonté de Jésus-Christ. Dieu communique aux hommes ses propres dignités. Il est prêtre, et il fait des prêtres; Il est pierre, et il donne la qualité de pierre, rendant ainsi ses serviteurs participants de ce qui lui est propre » (Homélie 29)

Ce dernier passage de saint Basile jouit d’une autorité particulière dans l’Église catholique, puisqu’il fut inséré dans le Catéchisme du concile de Trente (explication du symbole, section Credo in… Ecclesiam). Il dit enfin :

« Pierre, dit saint Basile, fut chargé de former et de gouverner l’Église, parce qu’il excellait dans la foi ». (Contra Enom, livre 2)

Saint Sirice (vers 320-399)

« Nous ne refusons pas à ta demande la réponse qui convient, puisque eu égard à Notre charge, Nous n’avons pas la liberté de pouvoir dissimuler ou taire quelque chose, puisque plus qu’à tous Nous incombe le zèle pour la religion chrétienne. Nous portons les charges de tous ceux qui peinent, et plus encore : les porte en Nous le bienheureux apôtre Pierre dont Nous croyons avec confiance qu’il Nous protège et Nous garde en toutes choses comme l’héritier de son ministère… » (Lettre Directa ad decessorem, 10 février 385, à l’évêque Himère de Tarragone, Introduction, §1)

 

« Maintenant, que tous vos prêtres observent la règle ici donnée, à moins qu’ils ne souhaitent être arrachés à la roche solide et apostolique sur laquelle Christ a construit l’Église universelle. » (Lettre Directa ad decessorem, 10 février 385, à l’évêque Himère de Tarragone, II)

 

« Maintenant Nous encourageons encore et encore le propos de ta fraternité d’observer les canons et de garder les décrets édictés, pour que ce que Nous avons écrit en réponse à ta demande, tu fasses en sorte que cela soit porté à la connaissance de tous nos coévêques, et non pas de ceux-là seulement qui se trouvent dans ta province ; mais ce qui a été déterminé par Nous selon une ordonnance salutaire doit être envoyé aussi, accompagné de ta lettre, à tous les évêques de Carthage, de la Bétie, de Lusitanie et de Galice. Et bien qu’aucun prêtre du Seigneur n’ait la liberté d’ignorer les décisions du Siège apostolique ou les déterminations vénérables des canons, il pourra être néanmoins très utile et — compte tenu de l’ancienneté de ton sacerdoce — très glorieux pour ta Charité, que ce qui t’a été écrit à titre spécial en termes généraux soit porté, par ton souci de l’unanimité, à la connaissance de tous nos frères : afin que qui a été édicté par Nous, non pas de façon inconsidérée mais de façon circonspecte, avec une grande prudence et longue réflexion, demeure inviolé, et qu’à l’avenir soit fermée la voie des excuses, laquelle ne pourra plus être ouverte à personne auprès de Nous. » (Lettre Directa ad decessorem, 10 février 385, à l’évêque Himère de Tarragone, XV, §20)

Saint Épiphane de Salamine (vers 315-403)

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Il relate les faits qui se sont déroulés lors du procès de saint Athanase. Il évoque la conversion des évêques ariens Ursace et Valens, qui voulurent être reçus dans la communion de l’Église et durent pour cela recourir à l’absolution de l’évêque de Rome, non à celle de saint Athanase.

« Voulant faire pénitence, Ursace et Valens présentèrent à Jules, évêque de Rome, des libelles où ils abjuraient leur erreur. “Nous avons calomnié l’évêque Athanase. Admettez-nous dans votre communion et recevez notre pénitence”.» (Panarion, pharmacie contre toutes les hérésies, 68, chapitre 9 dans PG, 42/198-199)

Le fait est également rapporté par Socrate le Scolastique (vers 380-450) :

« Mais depuis, Ursace et Valens touchés d’un sentiment de pénitence, donnèrent leur rétractation à Jules Evêque de Rome, souscrivirent à la doctrine de la Consubstantialité du Verbe, et furent admis à la communion. Mais soutenant alors de tout leur pouvoir la perfidie d’Arius, ils excitèrent des guerres très-dangereuses, comme celle qui troubla la paix de la Ville de Constantinople au sujet de Macédonius, et qui causa d’horribles désordres, et la mort de plusieurs personnes. » (Histoire ecclésiastique, Livre II, chapitre 12 dans PG, 67/207)

Une objection est que saint Epiphane aurait parlé de l’Eglise de Jérusalem comme de la plus importante. Nous répondons à cela dans notre article :

Des Pères de l’Eglise ont-ils placé le siège de Jérusalem au dessus de celui de Rome ?

Saint Grégoire de Nazianze (329-390)

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Des anti-romains affirment que saint Grégoire de Nazianze contredit la Papauté dans ce passage où il parle de Constantinople :

« Cette cité est l’œil du monde, les nations les plus reculées se rendent à elle de toutes parts, et elles tirent d’elle, comme d’une source, les principes de la Foi. » (Discours 42, 10)

Et dans un autre ouvrage, il parle encore de Constantinople comme du « siège de la piété » (Poème 11 sur sa vie : Carmen de Vita sua, vers 360)

Mais la réalité est que par ces mots saint Grégoire de Nazianze exprime un état de fait et non un état de droit. En effet, il est parfaitement exact que jusqu’à son époque, l’Eglise de Constantinople s’était distinguée par sa fidélité à l’Evangile, et que depuis 330 Constantinople était devenu la capitale de l’empire (d’autant plus que Rome avait perdu beaucoup de son prestige politique lorsqu’elle cessa d’être la capitale impériale au profit de Milan 286, capitale impériale qui sera transférée à Ravenne en 402). Il est donc normal que pour des motifs pratiques, beaucoup de gens se soient rendu à Constantinople à laquelle il était facile et souvent nécessaire de se rendre.

Mais cela était suspendu au fait que Constantinople conservait la foi de l’Eglise, contrairement à Rome qui, elle, ne peut par définition pas dévier de la foi de l’Eglise. C’est d’ailleurs une réponse aux anti-romains qui connaissent le passage de saint Irénée de Lyon sur la primauté romaine (Contre les hérésies, III, 3, 3), et qui auraient cru lire dans nos lignes précédentes une confirmation de leur thèse pour écarter la valeur de ce passage comme preuve de la Papauté. En effet, nous les renvoyons à notre article La Papauté au IIè siècle : le témoignage de saint Irénée de Lyon pour la réfutation de tous les arguments dans ce sens. Nous trouvons le même argument utilisé par les anti-romains pour nier la portée papiste des propos de saint Théodore Studite, nous exposons cela dans notre article La doctrine de saint Théodore Studite (759-826), « l’un des derniers catholiques de Constantinople ». Au contraire, les propos de saint Grégoire de Nazianze vont dans le même sens que ceux de saint Irénée : une infaillibilité de droit pour l’Eglise de Rome, accompagnée d’une simple inerrance de fait pour les Eglises de Smyrne et Ephèse chez saint Irénée (Contre les hérésies, III, 3, 4), et celle de Constantinople chez saint Grégoire de Nazianze. Comment être sûr que c’est cela qu’a voulu dire saint Grégoire de Nazianze ? Tout simplement en le laissant parler ! En effet, dans l’ouvrage dont est tirée sa seconde citation, il dit que Constantinople et Rome ce qui suit :

« La nature ne nous a pas donné deux soleils. Mais nous avons deux Rome, deux lumières pour éclairer le monde entier, l’ancien pouvoir et le nouveau. » (Poème 11 sur sa vie : Carmen de Vita sua, vers 360 dans PG, 37/1067-1068)

On pourrait croire que ce texte met à pied d’égalité Constantinople et Rome, c’est- à-dire la nouvelle Rome et l’ancienne. Mais lisons ce qui suit :

« Pour ce qui est de la foi, Rome court déjà depuis longtemps et encore aujourd’hui dans la bonne direction, elle délivre l’Occident tout entier en lui donnant la doctrine du salut, et il est bien juste que l’Église qui est à la tête de toutes les autres ait le soin d’établir partout la concorde divine. Quant à Constantinople, la nouvelle Rome, elle marchait jusqu’ici droitement […] et il n’en va plus de même aujourd’hui. »

On le voit : si Rome enseigne la vraie doctrine c’est une réalité de droit divin parce qu’ « il est bien juste que l’Église qui est à la tête de toutes les autres ait le soin d’établir partout la concorde divine« , tandis ce que si Constantinople a été une bonne fille de l’Eglise pendant longtemps, « il n’en va plus de même aujourd’hui » !

Saint Optat de Milève (mort vers 397)

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Saint Augustin cite Optat aux côtés d’hommes disparus depuis longtemps, cet évêque « de vénérable mémoire » apparaît comme l’égal d’Ambroise de Milan.

« tous conservent l’unité dans l’unique chaire de saint Pierre. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, Chapitre 2, PL, 11/947)

 

« Nous prouvons que l’Église catholique est celle qui est répandue dans tout l’univers. Il s’agit maintenant d’énumérer ses privilèges, et de voir où ils se trouvent dans leur nombre de cinq ou de six, comme vous le dites. Le premier de ces privilèges, c’est de posséder une chaire qu’occupe un évêque, qui soit comme l’anneau sans lequel il n’y aurait pas lieu d’y joindre d’autres propriétés ; et il s’agit par conséquent de voir quel est l’évêque qui a siégé le premier, et où il a fixé son siège. Apprenez-le, si vous l’ignorez encore ; rougissez, si vous ne l’ignorez pas. On ne peut supposer que vous l’ignoriez ; il reste donc à dire que vous le savez. Errer avec connaissance de cause, c’est ce qui fait le crime. Car pour ce qui est de l’ignorance, elle est quelquefois excusable. Vous ne sauriez donc nier, sous prétexte d’ignorance, qu’à Rome Pierre ait le premier occupé la chaire épiscopale ; Pierre, le chef de tous les apôtres, et appelé pour cette raison Céphas [Ici saint Optat commet assez visiblement une erreur d’étymologie : le mot Cephas ne vient pas, comme il semble le croire, du mot grec κεφαλη, tête ou chef ; mais c’est un mot syriaque qui signifie la même chose que pierre ou rocher : « Tu vocaberis Cephas, quod interpretatur Petrus » (Jean, I, 42). Au reste, le mot grec κεφαλη peut avoir lui-même pour étymologie le mot syriaque כיפא]. Cest cette chaire qui doit être pour tout le monde le centre de lunité, et à laquelle les autres apôtres n’ont jamais pu avoir la pensée d’opposer leurs chaires particulières ; en sorte que ce serait commettre ce crime de schisme, que d’élever aujourd’hui une autre chaire en opposition avec celle-là. Donc cette chaire unique, première des propriétés de l’Eglise, a été occupée par Pierre le premier. A Pierre a succédé Lin ; à Lin a succédé Clément ; à Clément Anaclet ; etc. ; à Jules, Libère ; à Libère Damase ; et à Damase, Sirice, qui est aujourd’hui notre collègue, et avec lequel tout l’univers, en même temps que nous-même, est en société de communion par le commerce des lettres formées [On trouvera dans le Protestantisme et la règle de foi du Père Giovanni/Jean PERONNE, tome II, p. 116578 et suivantes (traduction française par le Chanoine Adolphe-Charles PELTIER) ce qu’on doit entendre par lettres formées. Le tome I est disponible à la lecture en ligne ici, et le tome II ici]. Vous, à votre tour, dites quelle est l’origine de votre chaire épiscopale, vous, qui vous attribuez les privilèges de la vraie Eglise. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, Chapitres 2-3 ; PL, 11/946-950)

Juste après avoir donné la liste des évêques de Rome, démontre que les schismatiques sont en dehors de l’Église catholique en donnant pour preuve qu’aucun de leurs évêques n’est en communion avec la chaire de Rome et il conclut ainsi :

« Cette chaire est le premier de tous les dons du Christ, et comme nous l’avons prouvé c’est saint Pierre qui nous l’a communiqué. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, chapitre 6 ; PL, 11/958)

 

« Et cette chaire de saint Pierre qui nous a été donnée est le principe grâce auquel nous parviennent tous les autres dons. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre II, chapitre 6 ; PL, 11/958)

Dans ce passage, saint Optat entend désigner avec cette prérogative de la chaire la note d’apostolicité, qui se trouve chez tous ceux qui sont en communion avec cette chaire, où réside la source et l’origine du pouvoir apostolique.

« Pour le bien de l’unité, le béni Pierre, pour qui il aura suffi que, après son reniement, il n’eût obtenu que le pardon, pour mériter d’être préféré à tous les Apôtres, et seul il a reçu les clefs du Royaume des Cieux pour les communiquer aux autres. » (Contre les donatistes, Contre Parménien, Livre VII, Chapitre 3 ; PG 11/1087)

Saint Ambroise (vers 340-397)

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Saint Ambroise montre que l’on doit identifier les véritables catholiques en se basant sur un seul indice, celui qui nous est donné avec le siège de saint Pierre, c’est-à-dire avec la communion de l’Église de Rome. Voici en effet ce qu’il écrit au sujet de son frère Satyre, qui échappa à un naufrage alors qu’il était encore catéchumène et voulut recevoir sans tarder le baptême, mais uniquement d’un évêque catholique. Il donne en exemple et examine comment son frère a fait preuve de prudence et de sagesse lorsqu’il demandait dans les diverses régions de l’étranger s’il y avait un évêque catholique, c’est-à-dire un évêque qui fît partie de l’Église de Rome :

« Il fit venir à lui l’évêque de l’endroit, ne croyant pas qu’il y eût de véritable grâce en dehors de celle de la vraie foi. Il lui demanda s’il était en communion avec les évêques catholiques c’est-à-dire avec l’Église de Rome, et peut-être le schisme avait-il alors ses adhérents dans cette contrée : car c’était le temps où Lucifer s’était séparé de notre Eglise. » (Sur la mort de son frère Satyre, Livre 1, n° 47 dans PL, 16/1306)

Et pourquoi parlait-il de l’Église de Rome, et non de celle de Jérusalem, d’Antioche ou de Constantinople, sinon parce que c’est l’Église de Rome qui se retrouve sans aucun doute comme leur tête dans toutes les églises catholiques ? Parce qu’il s’agit du « Siège de Pierre »:

« ceux qui n’ont pas au milieu d’eux le siège de Pierre, qui le déchirent par un schisme impie, n’ont pas de part à l’héritage de Pierre » (De la pénitence, Livre I, Chapitre 7, n°33)

Et on pourra trouver un critère de discernement semblable dans ce que saint Jérôme écrit au pape saint Damase :

« je crie : Celui-là est de mon côté, qui est uni à la chaire de Pierre. » (Lettre 16 ou 58, suivant les classifications, à Damase, PL, 22 / 359)

Il « désire suivre en tout l’Église romaine » :

« Nous n’ignorons pas que l’Église romaine n’a pas cette coutume, bien que nous suivions en tout son exemple et son rite. Cependant elle n’a pas cette coutume de laver les pieds. Prends donc garde, peut-être s’en est-elle écartée à cause du grand nombre. Il y en a pourtant qui essaient de l’excuser en disant qu’il ne faut pas faire cela au cours du mystère, pas au baptême, pas lors de la régénération, mais qu’il faut laver les pieds comme on le fait à un hôte. L’un relève de l’humilité, l’autre de la sanctification. Précisément, écoute : c’est un mystère et une sanctification : « Si je ne te lave les pieds, tu n’auras pas départ avec moi. ». Je ne dis pas cela pour critiquer les autres, mais pour justifier l’office que je remplis. Je désire suivre en tout l’Église romaine ; mais nous sommes pourtant doués de la raison humaine. Aussi ce qu’on observe ailleurs pour de meilleures raisons, nous le gardons aussi pour de meilleures raisons.

C’est l’apôtre Pierre lui-même que nous suivons, c’est à sa ferveur que nous sommes attachés. Que répond à cela l’Église romaine ? Oui, c’est bien l’apôtre Pierre lui-même qui nous suggère cette affirmation, lui qui fut prêtre de l’Église romaine. C’est Pierre lui-même quand il dit : « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. » Vois sa foi. Le refus qu’il opposa tout d’abord vint de son humilité, l’offre qu’il fit ensuite de lui-même vint de sa ferveur et de sa foi. » (Des Sacrements, livre III, chapitre 1)

En 381, saint Ambroise et les Pères du concile d’Aquilée dans leur lettre adressée aux empereurs :

« Ah ! si le malheur d’un pontife persécuté ne peut vous émouvoir, ne serez- vous pas touchés de la prière unanime de tous vos prêtres réunis ? Il nous fallait supplier Votre Clémence, de ne pas souffrir que la tête de tout l’univers romain, l’église de Rome, fût en proie au trouble. Car cette église est la source à laquelle tous puisent les liens de justice, qui constituent la communion sacrée. » (Lettre XI à l’empereur Gratien, 4)

Saint Damase (304-384)

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« Quand votre charité, mes très-chers, et très-honorés fils, rend un profond respect au S. Siège Apostolique, elle agit très avantageusement pour vous-même. Car bien que je sois obligé de tenir le ce gouvernail de l’Eglise, où le saint Apôtre a enseigné la doctrine de l’Evangile, je me tiens tout à fait indigne de cet honneur, et travaille autant que je puis pour arriver à la félicité qu’il possède. Vous saurez donc, s’il vous plaît, que nous avons condamné le profane Timothée Disciple de l’hérétique Apollinaire, avec sa doctrine toute remplie d’impiété, et que nous espérons qu’aucun reste de sa secte ne subsistera à l’avenir. Que si ce vieux serpent revit pour son supplice, bien qu’il ait été frappé une, ou deux fois, et chassé hors de l’Eglise, et qu’il tâche de corrompre par son venin quelques fidèles, ayez soin de l’éviter, et vous souvenant toujours de la foi des Apôtres qui a été écrite, et publiée par les Évêques dans le Concile de Nicée, demeurez y fermes, et immuables  sans  permettre que ni le Clergé, ni le peuple qui sont commis à votre conduite, prêtent l’oreille aux questions vaines qui ont été abolies. Car nous avons déjà établi cette règle, que quiconque fait profession d’être Chrétien, doit observer tout ce qui est contenu dans la tradition des Apôtres, selon ce que dit le bienheureux Paul :

« Si quelqu’un vous prêche un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème. » [Galates I, 9]

Jésus-Christ fils unique de Dieu, notre Seigneur a mérité par ses souffrances. une rédemption parfaite à la nature humaine, et a délivré l’homme entier de tout péché. Quiconque dit qu’il a eu ou une divinité, ou une humanité imparfaite, est rempli de l’esprit du démon, et montre qu’il est un fils de perdition. Qu’est-il donc besoin que vous me demandiez que je dépose Timothée, puisqu’il a déjà été déposé avec Apollinaire son Maître, par le jugement du Siège Apostolique, rendu en présence de Pierre Évêque d’Alexandrie, et qu’il souffrira au jour du Jugement les supplices qu’il mérite ? Que s’il attire à son opinion de faibles esprits, et qu’après avoir renoncé à l’espérance qu’il devait avoir en Jésus-Christ, il mette sa confiance en la multitude des personnes qui le suivent, tous ceux qui voudront s’opposer avec lui aux règles de l’Église, périront aussi avec lui. Je prie Dieu qu’il vous conserve, mes très-chers fils. » (Lettre de Damase Évêque de Rome contre Apollinaire et Timothée, cité in Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, V, 10)

Ier concile de Constantinople (381)

Les contempteurs de la Papauté allèguent que le 3è canon du concile de Constantinople contredit celle-ci. Le preuve que cela est faux, ainsi que toutes les preuves que ce concile fut tout entier dans la soumission au Pape se trouvent dans cet article.

Concile de Constantinople (382)

Constantinople accueillit son deuxième Concile au commencement de l’été 382. Les pères conciliaires y reçurent une lettre du concile de Milan qui les invitait à Rome pour la tenue d’un grand concile général. Mais les évêques ne donnèrent pas suite à cette invitation, d’une part parce qu’ils ne s’étaient pas préparés pour un déplacement aussi long, d’autre part parce qu’ils n’avaient reçu autorité pour représenter leurs confrères dans le ministère que pour le seul concile de Constantinople. Ils restèrent donc à Constantinople, mais trois d’entre-eux, Cyriaque, Eusèbe et Priscien, rédigèrent une lettre synodale qu’ils expédièrent à leurs « très chers et très pieux frères, et Collègues, Damase, Ambroise, Breton, Valérien, Ascole, Aneme, Basile et aux autres saints Évêques assemblés dans la grande ville de Rome ». 

Théodoret de Cyr (393-458), historien ecclésiastique, rapporte cette lettre dans laquelle les Pères d’un concile de Constantinople déclarent expressément au Pape saint Damase que c’est sur son ordre qu’ils se réunirent. On a parfois pensé qu’il s’agissait de la lettre synodale adressée à Rome par le Ier concile de Constantinople (381). Or il n’en n’est rien comme nous allons le voir. Toujours est-il qu’ils s’appellent eux-mêmes « les membres » de leur destinataire (ce qui est d’ailleurs quoi qu’il en soit un témoignage antique de l’autorité de l’Evêque de Rome). Ils affirment que le Pape voulait initialement le réunir à Rome, mais que pour des raisons de praticité, ce dernier se tint finalement à Constantinople : 

« Etant animés d’une charité véritablement fraternelle, vous nous invitez par les lettres du très pieux Empereur, à nous trouver comme vos membres, au Concile que vous prétendez tenir à Rome, selon la volonté de Dieu, afin qu’après que nous avons été seuls destinés à souffrir toute sorte de misères, vous ne soyez pas seuls destinés à la joie, et au triomphe, depuis que les Empereurs concourent à la défense de la piété ; mais que nous ayons part à votre joie, et que nous régnions avec vous, selon l’expression du saint Apôtre. Nous aurions bien souhaité qu’il nous eût été possible de contenter votre désir ; et nous aurions volontiers demandé des plumes pour voler comme des colombes, et pour nous reposer dans votre sein. Mais comme nous ne saurions y aller, sans abandonner les Eglises qui commencent à se repeupler, et que l’année dernière nous nous rassemblâmes à Constantinople, après avoir assisté au concile d’Aquilée » (Lettre du Concile de Constantinople, cité par Théodoret de Cyr, Histoire ecclésiastique, V, 9)

En réalité, cette lettre ne provient pas du concile en question, mais d’un autre concile de Constantinople tenu en 382, réuni à l’initiative du Pape saint Damase et du concile italien d’Aquilée. En effet :

« Aucun document positif ne permet de supposer que le pape Damase et les Occidentaux aient convoqués ; à plus forte raison qu’ils aient pris part personnellement ou par des représentants, aux délibérations de l’assemblée. Il est donc bien évident que ce concile n’eut rien d’oecuménique ni dans le mode de convocation ni dans sa composition. En vain Baronius. Annal. eccles., Lucques. 1739, an. 381, t. V. p. 198-499. et d’autres historiens après lui ont voulu établir que le Damase y ait eu quelque part. L’argument que Baronius tire de la lettre synodale conservée par Théodoret. op. cit., col. 1212-1218, où les Pères affirment qu’ils se sont réunis à Constantinople conformément une lettre du pape Damase et Théodose, porte faux ; car cette lettre émane non du concile de 381, mais d’un second synode qui se tint à Constantinople, l’année suivante, sur la demande du pape. » (J. BOIS, Dictionnaire de théologie catholique, article « CONSTANTINOPLE (Ier CONCILE DE) », tome 3, colonne 1228)

Cela dit il n’en demeure pas moins que la relations que les Pères de ce Concile firent au Pape prouve la juridiction qu’ils lui reconnaissaient sur eux. De plus ses membres avaient assisté (« l’année dernière nous nous rassemblâmes à Constantinople, après avoir assisté au concile d’Aquilée »), au moins pour une partie d’entre eux, au concile d’Aquilée de 381 qui manifesta sa soumission au Pape dans sa lettre synodale, rédigé par saint Ambroise (vers 340-397) qui en fut membre :

« Il nous fallait supplier Votre Clémence, de ne pas souffrir que la tête de tout l’univers romain, l’église de Rome, fût en proie au trouble. Car cette église est la source à laquelle tous puisent les liens de justice, qui constituent la communion sacrée. » (Correspondance de saint Ambroise : Lettre XI à l’empereur Gratien, 4)

L’Ambrosiaster (entre 366-384)

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Expliquant ce passage : « Afin que tu saches comment il faut te conduire dans la demeure de Dieu qui est l’Église du Dieu vivant » (I Timothée III, 15), dit ce qui suit :

« Tandis que le monde entier est l’œuvre de Dieu, on dit que l’Église est sa demeure, elle dont le chef est aujourd’hui Damase [l’évêque de Rome de l’époque]. Car le monde est soumis à l’injustice, troublé qu’il est par diverses erreurs et c’est pourquoi on doit dire que la demeure de Dieu et la vérité se trouvent là où Dieu est considéré avec crainte, comme il le veut. » (Commentaire de la première Épître à Timothée)

L’affaire de Bostra (années 380)

Il s’agit d’une dispute autour du siège métropolitain de Bostra, dont deux évêques avaient déposé le titulaire Bagadius, sans même l’entendre, et nommé à sa place Agapius. Bagadius, convaincu de l’irrégularité de sa déposition, prétendait reprendre possession de son siège, que le nouvel élu ne voulait point céder. Pour trancher le différend, les deux compétiteurs allèrent à Rome solliciter l’arbitrage du Pape Sirice. Celui-ci les renvoya à Théophile d’Alexandrie avec des lettres. Le conflit, suivant les indications du Pape, fut tranché dans un Concile de Constantinople qui se tint en 394, présidé par les patriarches saint Nectaire de Constantinople et Théophile d’Alexandrie (Louis DUCHESNE, Annales de philosophie chrétienne, année 1885, p. 281). La déposition fut reconnue irrégulière, et les Pères déclarèrent que désormais nul évêque ne pourrait être déposé, sinon par un synode composé de tous les évêques de la province (Balsamon, P. G, t. CXXXVIII, col. 449).

Les anti-romains se sont longtemps autorisés de cet épisode pour contredire la Papauté, arguant que le conflit avait été tranché à Constantinople et non à Rome. Mais la découverte d’un fragment inédit du concile constantinopolitain de 394, publié par Louis DUCHESNE (Annales de philosophie chrétienne, année 1885, p. 281) prouvant que si Constantinople trancha, ce ne fut que par délégation de Rome, vint renverser la valeur de l’argument.

Saint Anastase Ier (340-403)

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« Le soin ne manquera pas de ma part à garder la foi de l’Evangile en ce qui concerne mes peuples, et d’inspecter par lettre, pour autant que je le puisse, les parties de mon corps [l’Eglise] à travers les diverses régions de la terre. » (Lettre 1)

Prudence (348-après 405)

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« O Christ, unique Dieu, […] qui avez placé l’autorité de Rome par-dessus toutes les autres, […] donnez aux romains que soit chrétienne la ville par le gouvernement de laquelle vous avez décidé que tous les autres habitants de la terre auraient une seule religion. […] Voici d’ailleurs que nous avons parmi nous les artisans très fidèles de cette espérance. Car c’est à Rome que règnent les deux princes des apôtres, l’un qui évangélise les gentils, l’autre qui occupe la première chaire de l’univers et qui donne accès aux portes de l’éternité, dont il a reçu la garde. Arrière, Jupiter, toi, l’adultère […] laisse Rome libre. […] Saint Paul y met fin à ton règne, le sang de saint Pierre t’accable de frayeur. » (Liber Peristephanon, hymne 2 dans PL, 60/322-325)

Saint Jean Chrysostome (vers 344-407)

Il existe des contestations au sujet de la doctrine de saint Jean Chrysostome. Certains disent qu’ils ne croyait pas à la fondation de l’Église sur la personne de saint Pierre, la réponse est dans cet article et celui-ci ; d’autres disent qu’il ne reconnaissait pas la primauté romaine, la réponse détaillée est dans celui-ci

Saint Jean Chrysostome enseigna à plusieurs reprises que saint Pierre était le chef des apôtres :

« Et ce Fils lui-même, pourquoi a-t-il versé jusqu’à la dernière goutte de son sang? si ce n’est pour racheter les brebis qu’il a remises aux mains de Pierre et de ses successeurs. Jésus-Christ disait encore : Quel est le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi pour gouverner sa maison? (Matth. XXIV, 45.) Voilà encore des paroles qui ont l’apparence du doute; mais celui qui les prononçait ne doutait pas davantage en les prononçant, que lorsqu’il demandait à Pierre s’il l’aimait, moins pour s’assurer de son amour que pour montrer la grandeur du sien. De même ici quand il demande : Quel est le serviteur fidèle et prudent? Jésus-Christ le connaît assez: seulement il veut nous montrer la rareté de tels serviteurs et la grandeur de leur ministère. Qu’on en juge par la grandeur de la récompense qu’il leur destine : Je vous dis en vérité qu’il l’établira sur tous ses biens. (Matth. XXIV, 47.) Soutiendras-tu maintenant que ce n’est pas pour ton bien que je t’ai trompé ? Toi qui vas être préposé au gouvernement des biens de Dieu, charge qui a valu à saint Pierre sa puissance et sa haute prééminence sur le reste des apôtres, selon cette parole : Pierre, dit le Seigneur, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? pais mes brebis. (Jean XXI, 15.) Il aurait pu dire : si tu m’aimes, jeûne, couche sur la dure, veille sans cesse, protège les opprimés, sois le père des orphelins, le défenseur de la veuve ; mais non: laissant là toutes ces oeuvres, que dit-il? Pais mes brebis. » (Du sacerdoce, II, 1-2PG 48, 631-633)

 

« Jésus-Christ donc voulait retirer ses apôtres de ces pensées populaires. C’est pour ce sujet qu’il leur dit: « Et vous, qui dites-vous que je suis? » c’est-à-dire, vous qui êtes continuellement avec moi, qui me voyez faire un si grand nombre de miracles, qui en avez fait vous-mêmes en mon nom, « qui dites-vous que je suis? »

Que fait ici saint Pierre qui est comme la bouche de tous les apôtres, le prince et le chef de cette troupe sacrée, et qui témoigne partout tant de zèle pour le Sauveur? Quoique Jésus-Christ leur eût fait cette demande en commun, il répond lui seul. Quand le Fils de Dieu s’informait seulement quelle pensée le peuple avait de lui, ils répondent tous également à cette demande; mais lorsqu’il veut savoir quel était leur sentiment particulier, saint Pierre prévient tous les autres. « Simon Pierre prenant la parole, lui dit: Vous êtes le Christ Fils du Dieu vivant (16). A quoi Jésus-Christ répond: « Vous êtes bienheureux, Simon, fils de Jean, parce que ce n’est point la chair ni le sang qui vous ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans le ciel (17). »Ces paroles du Sauveur nous font voir que si saint Pierre ne l’eût reconnu pour le vrai Fils de Dieu, et né de sa propre substance, cette confession n’eût point été l’effet d’une révélation divine, ni digne de rendre « heureux »celui qui l’avait faite. […]

Après que saint Pierre eut rendu ce témoignage au Sauveur, Jésus-Christ lui dit aussitôt «Vous êtes Simon, fils de Jean, vous serez appelé Pierre. » Comme vous avez nommé mon Père, je nomme aussi le vôtre; et comme vous êtes véritablement « fils de Jean, » je suis de même véritablement Fils de Dieu le Père. Sans ce sens mystérieux on pourrait croire qu’il aurait été superflu de dire: « Vous êtes le fils de Jean. » Mais comme saint Pierre venait de dire, « vous êtes le Fils de Dieu, » Jésus-Christ ajoute aussitôt ces paroles pour nous faire voir qu’il était aussi véritablement le Fils de Dieu, que Simon était « fils de Jean, » c’est-à-dire, qu’il était d’une même substance avec son Père.

« Et moi aussi je vous dis que vous êtes Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle (18). Sur cette pierre, »dit Jésus-Christ; « je bâtirai mon Eglise, »c’est-à-dire, sur cette foi et sur cette confession. Il montre par ces paroles que beaucoup de monde devait croire un jour en lui. Il relève l’esprit et les pensées de cet apôtre, et il l’établit le pasteur de son Eglise : « Et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. » S’il est vrai que ces portes ne vaincront point mon Eglise, combien moins pourront-elles me vaincre et je vous dis ceci, mon apôtre, afin que vous ne soyez point troublé, lorsque vous entendrez dire bientôt que je serai livré pour être crucifié. A cet honneur il en ajoute encore un autre: « Et je vous donnerai les clefs du royaume des cieux; et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (1 9).»

Que veulent dire ces paroles: « Je vous donnerai? » Comme mon Père vous a donné la grâce de me connaître, « je vous donnerai » aussi ces clefs. Il ne dit point : Je prierai mon Père qu’il vous les donne, quoique la grandeur de ce don fût ineffable, et qu’il fallût être Dieu pour le faire; mais il dit: « Je vous donnerai. » Quel est ce don qu’il lui fait:

« Je vous donnerai », dit-il, « les clefs du royaume des cieux; et tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que vous délierez sur la terre sera aussi délié dans le ciel. »

Comment pouvons-nous expliquer que celui qui dit: « Je vous donnerai, » témoigne ailleurs que ce « n’est pas à lui de donner à personne le droit de s’asseoir à sa droite ou à sa gauche? » Considérez comment il porte cet apôtre à avoir des sentiments dignes de sa divinité; comment il se découvre à lui, et lui déclare qu’il est le Fils de Dieu par ces deux promesses qu’il lui fait. Car il lui promet deux choses qui ne peuvent être le don que d’un Dieu, l’une de remettre les péchés, et l’autre de rendre son Eglise immobile au milieu des assauts de tant d’orages, et de faire voir dans un simple pêcheur une fermeté plus solide que n’est celle de la « pierre », lorsque tout le monde se soulèverait contre lui, et lui déclarerait une guerre ouverte.

Jésus-Christ traite ici saint Pierre comme son Père avait traité Jérémie, lorsqu’il lui dit:

« Qu’il le rendrait comme une colonne de fer, et comme un mur d’airain. « (Jér. I, 47.) Il y a cette différence, que l’un n’était exposé qu’aux attaques d’un seul peuple; et que l’autre était destiné à combattre tous les peuples de la terre.

Je demande ici à ceux qui s’efforcent de diminuer la dignité du Fils de Dieu, lequel de ces deux dons est le plus grand; ou celui que le Père fait à saint Pierre, ou celui que lui fait le Fils. Le Père lui fait connaître son Fils, et le Fils lui donne le pouvoir de révéler le Père et le Fils, et d’en donner la connaissance à toute la terre. Lorsqu’il lui donne ces «clefs » célestes, il rend un homme mortel maître de tout ce qui est dans les cieux. li fait qu’il répand la foi et qu’il étend l’Eglise par tout le monde, avec une fermeté plus immobile et plus inébranlable que n’est le ciel même, « puisque le ciel et la terre passeront, et que les paroles de Jésus-Christ ne passeront pas (Matth. XXIV, 25.) » Comment donc le Fils serait-il inférieur à son Père, puisqu’il fait de si grands dons aux hommes? » (Homilie 54 (alias 55 et 84) sur l’Évangile selon saint Matthieu, § 2 sur Matthieu XVI, 18 ; PG, 58 / 534)

 

« Il y a bien des moyens propres à nous mettre en crédit auprès de Dieu, et à nous rendre illustres et agréables à ses yeux. Mais c’est la sollicitude à l’égard du prochain qui l’emporte sur tout, et qui nous attire le plus sûrement la bienveillance et la protection du Seigneur; c’est là aussi ce que le Christ exige de Pierre, car, après le dîner, « Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jean, m’aimez-vous plus que ne font ceux-ci? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Paissez mes agneaux ». Et pourquoi Jésus-Christ, laissant là les autres apôtres, parle-t-il à Pierre seul de ce soin et de cet amour? Entre les apôtres, Pierre était le plus grand et le plus éminent; il était la langue et le chef du collège : c’est pour cela que Paul le fut voir préférablement aux autres. En même temps, Jésus-Christ voulait rassurer Pierre, et lui montrer que la souillure de son renoncement était effacée : c’est pourquoi il lui confie le gouvernement de ses frères, et il ne lui rappelle, il ne lui reproche point son renoncement, mais il lui dit : Si vous m’aimez , recevez le gouvernement de vos frères : montrez maintenant l’ardent amour que vous avez toujours fait paraître, et dont vous vous glorifiiez; la vie que vous vouliez donner pour moi, donnez-la pour mes brebis. […]

Par ces paroles, saint Jean fait connaître que le Sauveur avait un grand soin de Pierre, et un grand amour pour lui. Que si quelqu’un dit : Pourquoi donc saint Jacques a-t-il été élevé sur la chaire de Jérusalem? Je répondrai que si Pierre ne fut point élevé sur cette chaire, c’est que Jésus-Christ l’établit pour être le docteur de tout le monde. « Pierre s’étant retourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait, qui , pendant la cène, s’était reposé sur son sein (20) », et dit à Jésus : « Et celui-ci, Seigneur, que deviendra-t-il (21)? » […]

Comme donc le Seigneur avait annoncé de grandes choses à Pierre, comme il lui avait confié le gouvernement du monde, lui avait prédit le martyre qu’il devait souffrir, lui avait donné: de plus grands témoignages d’amour qu’à ses autres disciples, Pierre désirant de faire participer Jean à toutes ces grâces, dit : « Et celui-ci, Seigneur, que deviendra-t-il ? » Ne marchera-t-il pas dans la même voie que nous? Et de même que dans le temps qu’il n’osait interroger, il avait engagé Jean à le faire pour lui, ainsi maintenant il lui rend la pareille ; et, pensant bien que ce disciple aurait voulu demander à son Maître ce. qu’il deviendrait et qu’il ne l’osait pas, il le demande lui-même. […]

« Il courut sur cela un bruit parmi les frères » , c’est-à-dire, parmi les disciples, « que celui-ci ne mourrait point. Jésus, néanmoins, n’avait pas dit : Il ne mourra point, mais : si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que vous importe (23) ? » Ne pensez pas, dit le Seigneur, que je veuille disposer de vous tous d’une même manière; il avait en vue, en disant cela, leur attachement mutuel. Comme ils devaient bientôt être chargés du soin de toute la terre, il ne fallait pas qu’ils s’attachassent ainsi les uns aux autres, ce qui aurait été très-préjudiciable au monde. C’est pourquoi le Sauveur dit à Pierre : Je vous ai confié une grande charge, donnez-y tous vos soins, remplissez-en les devoirs, combattez, luttez. Et que vous importe, si je veux que Jean demeure? Pour vous, attachez-vous à ce qui vous regarde, et appliquez-y toute votre attention. Considérez ici, je vous prie , mes frères, combien l’évangéliste est exempt de vanité. Après avoir rapporté l’opinion des disciples, il la corrige, comme s’ils n’avaient point compris les paroles de Jésus-Christ, et dit. « Jésus, néanmoins, n’avait pas dit : Il ne mourra point, mais : si je veux qu’il a demeure ». » (Commentaire sur l’Evangile selon St Jean, 88 (alias 87), 1 ; Saint Jean Chrysostome — Oeuvres complètes ; sous la direction de M. Jeannin , L. Guérin & Ce, Éditeurs 1865, Tome 8, Chapitre 88 , page 553)

En d’autres occasions il écrit :

« Saint Pierre, le coryphée de cette assemblée, […] mis à la tête du monde entier, […] fondement de l’Eglise. » (Homélie sur le passage Hoc scitote [II Timothée III, 1], n°4 ; PG, 56/275)

 

« Il s’agissait de confier à l’apôtre Pierre les Eglises de l’univers entier, la multitude des peuples, et pour tout dire, les clefs du royaume des cieux. Que lui dit en effet le Seigneur ? Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel. Mais voyez dans quel péché il a permis que tombât ce grand apôtre le chef de tout le collège apostolique, ce fondement inébranlable, cette pierre immobile, capable de résister à tous les assauts, ce prince de l’Eglise, ce port imprenable, cette forte et invincible tour. Pierre, dis-je, cette colonne et ce rempart de l’Eglise, a cédé non pas même à des menaces, mais à un simple mot d’une servante. Un mot d’une simple fille s’est fait entendre, et cette colonne a été ébranlée. Elle a dit, et le rempart a chancelé. Dieu a permis ce péché dans celui qui allait avoir la charge de l’Eglise entière, dans cette colonne de toutes les Eglises du monde, dans ce port où la foi ne pourra faire naufrage, dans ce docteur chargé de l’enseignement de tout le monde, sans doute pour que, lorsqu’il aurait à gouverner les peuples, il ne se montrât pas sévère et inexorable, mais plutôt compatissant pour les fautes de ses frères. » (Homélie sur les saints Pierre Apôtre et le prophète Élie)

Et il dit que la « reine des villes », c’est-à-dire Rome, brille de son éclat :

« Tandis que le pêcheur Pierre, qui n’avait rien fait de tout cela, s’empare de la reine des villes, et brille, même après son trépas, d’une lumière plus vive que celle du soleil, parce qu’il se mit à la recherche de la vertu, ta conduite est ridicule et honteuse. » (Sur le psaume 48, n° 6 ; PG, 55/232)

On peut noter que saint Jean Chrysostome parle à au moins deux reprises des fautes de saint Pierre, invoquées par les antiromains pour « prouver » qu’il n’était pas le chef des apôtres, en même temps qu’il réaffirme fortement sa primauté et son autorité :

« Pierre, le coryphée des apôtres, le premier dans l’Eglise, l’ami du Christ, celui qui a reçu la révélation non pas des hommes, mais de Dieu, selon le témoignage rendu par le Seigneur : Bienheureux es-tu, Simon, fils de Jona, parce que ce n’est ni la chair ni le sang qui t’ont révélé mes mystères; mais c’est mon Père qui est dans les cieux (Matth. XVI, 17); ce Pierre que j’appelle ainsi parce que j’entends désigner le roc indestructible, la base inébranlable, le grand apôtre, le premier d’entre les disciples, le premier appelé et le premier obéissant, ce Pierre a commis une faute, non pas une faute légère, mais la plus grave que possible, en reniant le Seigneur : je le dis, non pas pour incriminer le juste, mais pour donner un modèle de pénitence ; il a renié le Maître même de l’univers, le Protecteur et le Sauveur de toute créature. Mais, pour prendre ce sujet de plus haut, rappelons qu’un jour le Sauveur, voyant quelques disciples abandonner son enseignement, dit à Pierre : Et toi, ne veux-tu pas te retirer aussi ? Mais Pierre lui répondit : Quand même il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas (Matt. XXVI, 35.) Que dis-tu, Pierre ? C’est Dieu qui te dénonce et tu résistes ! Sans doute la bonne volonté de Pierre s’est montrée, mais la faiblesse de la nature s’est trahie et quand cela? Dans la nuit où le Christ fut livré : en ce moment donc, dit l’Evangile, Pierre se tenait auprès du foyer et se chauffait, lorsqu’une jeune fille s’approcha et lui dit : Hier, tu étais, toi aussi, avec cet homme. (Matth. XXV1, 69.) Et il répondit: Je ne connais pas cet homme (Marc, XIV, 68); et ainsi une deuxième, puis une troisième fois; et la dénonciation fut vérifiée. Alors le Christ regarda Pierre, lui parla le langage des yeux : il évita de lui parler des lèvres afin de ne pas accuser en face des Juifs et de ne pas couvrir de honte son propre disciple, mais il lui parla le langage des yeux comme pour lui dire : Pierre, ce que j’ai annoncé est arrivé. Pierre comprit et il se prit à pleurer; il pleura, il versa non pas (les larmes telles quelles, mais des lamies amères, faisant de ces larmes l’eau d’un second baptême; et par ces larmes amères il se purifia de son péché, de telle sorte qu’ensuite il reçut en garde les clefs du ciel. Et si les larmes de Pierre ont effacé un péché si énorme, comment se pourrait-il que vous n’obtinssiez pas remise du vôtre, si vous pleurez de même? Ce ne fut pas une faute légère que de renier le Seigneur, ce fut un crime considérable, terrible : et pourtant les larmes l’ont effacé. » (IIIè Homélie sur la pénitence 3, « De l’aumône et des vierges », n°4)

 

« Jésus montre lui-même avec quelle ardeur il souhaitait sa passion ; car lorsque le prince des apôtres; le fondement de l’Eglise, le choryphée du chœur des disciples, lui eut dit par ignorance: A Dieu ne plaise, Seigneur, cela né vous arrivera point (Matth. XVI, 22-23), écoute quel nom il lui donna : Retire-toi de moi, Satan, tu m’es un scandale. Par l’exagération de ce reproche il montre avec quelle ardeur il se portait à la mort. De plus il a voulu que sa résurrection s’accomplît loin des regards et dans l’ombre , laissant à l’avenir le soin de la prouver; mais pour la croix, c’est au milieu de la ville, au milieu d’une fête, au milieu du peuple hébreu, c’est en présence des juges de deux tribunaux, du tribunal romain et du tribunal juif, et au moment même où la solennité pascale avait rassemblé toutes les tribus, c’est en plein jour, c’est sur le théâtre où se portait toute la terre qu’il l’a supportée; et, comme ceux-là seuls qui étaient présents, pouvaient voir son supplice, il ordonna au soleil de se couvrir de ténèbres, pour apprendre ainsi à tout l’univers ce qu’il osait endurer. Cependant, je le répète, sa mort a été pour beaucoup une pierre d’achoppement. Mais il faut considérer, non ceux qu’elle a perdus, mais ceux qu’elle a sauvés, ceux qu’elle a relevés. » (Discours contre ceux qui se scandalisent, XVII)

Saint Jean Chrysostome, chassé à deux reprises de son siège de Constantinople par les évêques courtisans, et envoyé en exil, il en appelle au jugement de l’évêque de Rome, Innocent Ier, en lui adressant deux lettres, qui figurent au troisième tome de ses œuvres. Nous suggérons de lire ce qu’en écrit Mgr Justin FÈVRE dans son Histoire apologétique de la Papauté, tome III, pages 183-189.

Dans la première, il dit qu’il faut informer l’évêque de Rome des affaires les plus graves, afin qu’il puisse au plus vite intervenir (n° 1) (PG, 52/530-531) et il ajoute que c’est son rôle d’écrire pour éviter que le jugement injuste garde sa valeur (n° 4) (PG, 52/534). En effet, condamné injustement au conciliabule du Chêne, à la veille de son second exil, saint Jean Chrysostome envoie quatre évêques et deux diacres à Rome, avec une lettre collective signée de quarante-deux évêques, une autre lettre du clergé de Constantinople, et son propre appel au Pape Innocent. 

Certains objectent que la lettre n’était pas seulement adressée au Pape, mais aussi aux évêques italiens qui occupaient des sièges métropolitains, c’est-à-dire en plus de saint Innocent de Rome, saint Vénère de Milan et saint Chromace d’Aquilée. La même lettre est adressée à tous les trois. Dans cette lettre, saint Jean Chrysostome ne fait aucun appel à un tribunal supérieur : il avait déjà fait son appel à un concile œcuménique, et saint Innocent dans sa réponse reconnaît que le rassemblement d’un concile œcuménique devrait être arrangé. Il a fait de son mieux. Il a écrit aux empereurs, mais sans résultat. Tous les trois métropolitains ont assuré saint Jean Chrysostome qu’il continuait à être dans leur communion, et tous les trois ont répudié la validité des actes du pseudo-synode du Chêne. Dans l’année 406, saint Jean Chrysostome a écrit des lettres de remerciement à Innocent, Vénère et Chromace.

La réalité est que la lettre adressée par saint Jean Chrysostome au pape Innocent, en 404, soit adressée (la même) à l’évêque de Milan et à l’évêque d’Aquilée, encore que l’on y puisse faire quelque difficulté, nous le concédons. Il est même possible de conjecturer qu’elle dut être adressée à bien d’autres métropolitains d’Occident, car, en 406, en même temps qu’il écrit pour le remercier à l’évêque de Milan, nous voyons saint Jean Chrysostome remercier l’évêque de Carthage, l’évêque de Salone, d’autres encore dont nous ignorons les sièges, comme Maximus et Asellus. A s’en rapporter à l’usage, ces diverses lettres durent être transmises de Rome à leurs destinataires.

Que saint Jean Chrysostome, en écrivant en Occident, n’ait fait appel à aucun tribunal supé- rieur, puisqu’il avait fait appel à un concile œcuménique, je le concéderai encore. Il se tourne vers l’Occident, il demande le secours des évêques d’Occident. Il demande expressément que l’on tienne pour nulle (provisoirement) la sentence du concile du Chêne, qui l’a déposé. Le pape Innocent entre parfaitement dans ses vues. Il s’agissait en effet de juger si la sentence prononcée contre saint Jean Chrysostome par le concile du Chêne était ou n’était pas inique : l’évêque de Rome aurait pu en décider, comme il avait fait jadis, dans des cas analogues, pour Eustathe de Sébaste, comme il fera plus tard pour Théodoret de Cyr ou pour Eusèbe de Dorylée : mais il pouvait aussi s’en remettre à un concile par lui accepté et où il serait présent ou représente, un concile qui réunirait l’Orient et l’Occident, comme avait été (au moins dans le plan du pape Jules) le concile de Sardique appelé à juger saint Athanase, comme devait être le concile d’Italie par lequel un moment saint Léon songera à faire juger la cause de Flavien. Saint Jean Chrysostome a demandé un concile œcuménique : on ira au concile.

Revenons-en à notre affaire : Jean déclare qu’il ne suffit pas de se lamenter, qu’il faut guérir le mal et chercher le moyen d’apaiser cette tempête qui agite si violemment l’Eglise. C’est pour cela qu’il a engagé ses vénérables frères à s’exposer au danger de la mer, à entreprendre un long voyage pour informer le Pape de toutes choses et apporter ainsi au mal un prompt remède. Il expose ensuite tout ce qu’a fait Théophile d’Alexandrie contrairement à la justice et aux canons de l’Eglise. Puis il conclut :

« Maintenant que vous savez tout, vénérable et pieux Seigneur, employez tout votre courage et tout votre zèle à mettre un terme à l’iniquité qui s’est introduite dans les Eglises. Si cette coutume venait à prévaloir et s’il était loisible au premier venu de s’ingérer dans les affaires d’une Eglise si éloignée de la sienne, de chasser de leurs sièges ceux qu’il voudrait, de tout décider de sa propre autorité et selon son caprice, bientôt l’univers serait en proie à une guerre implacable. On ne verrait plus qu’évêques chassés et chassant à leur tour. Pour qu’une pareille confusion n’envahisse pas toute la terre, je vous prie d’écrire que tout ce qui s’est fait injustement en mon absence et par une seule partie sans que j’aie refusé de comparaître, est, comme de juste, de nulle valeur. Quant à nos ennemis qui ont été surpris dans de telles iniquités, qu’ils soient soumis à la sanction des lois ecclésiastiques. Pour moi, qui n’ai été ni surpris dans aucune faute, ni convaincu d’être coupable, accordez-moi de jouir de vos lettres, de votre charité et de tous les autres avantages dont je jouissais auparavant. » (PG, 52/534)

Saint Innocent reçut presque en même temps de la part de Théophile la nouvelle de la déposition de Jean avec les actes du conciliabule du Chêne. Le Pape désapprouva ce qui s’était fait contre tout droit ecclésiastique, déclara qu’il ne pouvait abandonner la communion de Jean, et pria Théophile de présenter ses accusations en un concile légitime où l’on jugerait d’après les canons de Nicée. De son côté, l’empereur Honorius écrivit, à deux reprises, à son frère Arcadius, pour lui reprocher les injustices commises et lui rappeler spécialement que les différends des évêques doivent être portés devant le siège apostolique (MANSI, t. III, col. 1123).

Ces lettres, comme celle d’Innocent, n’eurent aucun effet, et l’on apprit bientôt les pires nouvelles. Chrysostome, chassé par la force, était envoyé en exil à Cucuse par édit impérial ; tout évêque coupable de ne point communiquer avec Théophile et l’intrus Arsace encourait la déposition et la confiscation des biens ; tout laïque coupable de recevoir chez lui un clerc de la communion de Jean avait sa maison vendue.

Dans ces graves circonstances, le Pape et les évêques d’Italie, réunis en synode, prièrent l’empereur Honorius d’intervenir encore une fois. Il demanderait à son frère de convoquer les évêques orientaux sans oublier surtout Théophile, l’auteur de tous les maux, et de les envoyer à Thessalonique pour un concile général. Les délégués portaient, en outre de la lettre impériale, un mémoire des Pères occidentaux statuant que saint Jean Chrysostome ne pouvait être jugé au concile qu’après avoir été rétabli sur son siège. Malheureusement, les légats furent arrêtés en route, enfermés en prison et maltraités. On leur arracha leurs lettres, puis on les renvoya en Italie (Pallade, De vita S. Joannis Chrysostomi, P. G., t. XLVII, col. 12-16).

Chrysostome, du fond de son exil, apprit tout ce qui se faisait pour lui. Il en remercia avec effusion le Souverain Pontife :

« Plus la tempête redouble de fureur, lui dit-il, plus aussi s’accroît votre vigilance. Vous ne cessez d’imiter ces pilotes excellents qui déploient tout leur zèle quand ils voient les flots se soulever, la mer se gonfler et une nuit profonde couvrir l’océan au milieu du jour. » (CP., t. 52, col. 536)

Puis il le prie de continuer ses efforts :

« Nous vous conjurons de redoubler de zèle à mesure que s’accroît la violence de la tempête. Quoi qu’il arrive, vous recevrez du Dieu miséricordieux la couronne due à vos efforts, et la ferveur de votre charité remplira de consolations ceux qu’accable l’injustice. » (CP., t. 50, II, col. 536)

Hélas ! La lettre d’Honorius resta encore sans effet, et Jean, conduit dans un lieu d’exil plus sauvage, expirait peu après. Le Pape, toutefois, fidèle aux recommandations de la Bouche d’or, n’abandonnera pas la lutte avant d’avoir réhabilité sa mémoire dans tout l’Orient.

Dans la seconde (PG, 52/535-536), dit-il, la vigilance du pape doit se faire d’autant plus avertie que les flots s’élèvent plus haut, que les récifs cachés dans les vagues sont plus nombreux et que les tempêtes font davantage rage : tel un bon pilote, il se doit se tenir particulièrement éveillé quand il voit la mer se gonfler. Il insiste en disant que le pape Innocent doit combattre pour défendre le monde entier, pour protéger les églises ruinées et abattues, pour réunir les peuples divisés, pour soutenir le clergé persécuté, pour venir en aide aux évêques exilés, pour réagir en faveur de la constitution des pères qui a été violée. Il précise que la charité du pape a été pour lui comme un rempart, une sécurité, un port, un trésor de biens sans nombre, une source de joie et d’allégresse merveilleuse.

Saint Jérôme de Stridon (347-420)

Nous exposons en quoi saint Jérôme croyait en la Papauté, c’est-à-dire en l’infaillibilité et en l’universalité de juridiction des l’Evêque de Rome dans notre article :

Saint Jérôme (347-420) sur « la Chaire de Pierre sur laquelle l’Eglise est bâtie »

IIIè concile de Carthage (28 août 397)

Ce concile nord-africain définit le canon de l’Ecriture Sainte et le transmis à l’Eglise de Rome (« L’Eglise d’outre-mer ») pour être confirmé. C’est donc que ce concile se reconnaissait soumis au Pape :

« [Il a été décidé] qu’en dehors des Ecritures canoniques rien ne doit être lu dans l’Eglise sous le nom de divines Ecritures. Or sont écritures canoniques : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Jésus Nave, Juges, Ruth, quatre livres des Rois, deux livres des Chroniques, Job, le Psautier de David, cinq livres de Salomon, douze livres des Prophètes, Esaïe, Jérémie, Daniel, Ezéchiel, Tobie, Judith, Esther, deux livres d’Esdras, deux livres des Maccabées.

Quant au Nouveau Testament : quatre livres des évangiles, un livre des Actes des Apôtres, treize épîtres de l’apôtre Paul, du même une aux Hébreux, deux de Pierre, trois de Jean, une de Jacques, une de Jude, l’Apocalypse de Jean. […] l’Eglise d’outre-mer doit être consultée pour la confirmation de ce canon. » (Canon 24)

Saint Augustin (354-430)

Fils de sainte Monique, qui pria et pleura pendant trente ans pour la conversion de son fils, est un exemple de parfaite conversion: après une vie dissolue jusqu’à environ 30 ans, il devint un modèle de sainteté. Il est le plus grand des Pères de l’Eglise et docteur de celle-ci : le Pape Léon XIII déclara, d’accord avec toute la Tradition et l’enseignement catholique, après avoir mis en valeur les talents de chacun des Pères de l’Eglise, qu’« entre tous, la palme semble revenir à St. Augustin » (Encyclique Aeterni Patris, 4 août 1879).

Certains partisans des Eglises chrétiennes non-catholiques affirment que ce saint aurait tenu des propos contraires à l’enseignement catholique sur saint Pierre et la papauté. Pour cela, il sorte une phrase d’un de ses sermons en la sortant de son contexte. La vérité est que la position de saint Augustin est 100% catholique. Nous en produisons les preuves dans les deux articles suivants :

Saint Augustin et la fondation de l’Eglise sur Saint Pierre

Un Papiste nommé saint Augustin

Saint Pélage Ier affirma, comme une évidence, à des évêques de Toscane que telle était la doctrine de saint Augustin :

« Avez-vous pu oublier les prérogatives du Siège Apostolique au point de me croire capable d’autoriser moi-même un schisme dans l’Eglise ? A Dieu ne plaise que la Siège de Pierre, établi pour garder le dépôt de la Foi, se laisse entraîner par le mouvement populaire selon les caprices de l’opinion ! […] Le très bienheureux Augustin d’illustre mémoire, s’appuyant sur les paroles de Notre-Seigneur, place le fondement de l’Eglise dans le Siège Apostolique. Il déclare schismatiques ceux qui repoussent l’autorité ou se séparent de la communion du Pontife Romain. Il ne connaît d’autre Eglise que celle qui a ses racines dans la pierre fondamentale. Comment donc pouvez-vous croire que vous n’être pas séparés de la communion d’avec le monde entier sans faire mémoire de mon nom dans la célébration des Saints Mystères, alors que quoiqu’indigne, c’est en mon humble personne que s’est transmise l’hérédité du Siège Apostolique par la succession de l’épiscopat et que se concentre à l’heure actuelle son immutabilité.

Cessez donc, vous et les fidèles confiés à votre direction, de soupçonner la foi que je professe. […] S’il vous reste sur ce point quelques difficultés à éclaircir, venez sans crainte me les exposer ; car, suivant la parole de l’Apôtre, nous sommes toujours prêt à rendre compte de notre Foi [I Pierre III, 16]. » (Lettre V [alias VI] aux Evêques de Tuscie ; PL 69, colonnes 397 à 399)

Les conciles de Carthage (juin 416) et de Milève (septembre 416)

Saint Augustin présida également les conciles de Carthage et de Milève. Les Pères de ces deux conciles et lui-même, demandèrent a l’évêque de Rome, saint Innocent Ier de confirmer leur décisions. Voici la lettre du concile de Carthage :

« Nous avons cru, vénérable frère, devoir porter cet acte à la connaissance de votre charité, afin que vous confirmiez par l’autorité du siège apostolique les décisions de notre médiocrité pour mettre à couvert le salut d’un grand nombre, et corriger au besoin la perversité de quelques-uns.  […] Quand même donc Pélage paraîtrait à votre sainteté avoir été justement absous par certains actes qu’on dit être des évêques d’orient, son erreur et son impiété, qui compte en divers pays tant de partisans, n’en devrait pas moins être anathématisée par l’autorité du siège apostolique. » (Lettre 90 (175) au pontife romain Innocent, Opera S. Augustini, t. II, col. 923 et 925, édit. de Gaume ; col. 617 et 619, édit. de Montfaucon)

Et la lettre que les Pères du concile de Milève et lui adressèrent au même Pape :

« Puisque le Seigneur, par un bienfait signalé de sa grâce, vous a élevé sur le siège apostolique, et vous a placé dans un poste tel, qu’il y aurait négligence de notre part à ne pas déférer à votre révérence ce que les besoins de l’Eglise demandent de nous, sans que nous puissions avoir à craindre que notre démarche soit, ou dédaigneusement repoussée, ou froidement accueillie de vous ; nous vous prions d’apporter votre soin pastoral à la guérison de membres infirmes. Car une hérésie nouvelle et excessivement pernicieuse cherche à s’élever pour anéantir la grâce du Christ. » (Lettre 92 alias 176, Cf. Opera S. Augustini, t. II, col. 927, édit. de Gaume ; col. 620, édit. de Montfaucon)

Saint Innocent Ier (mort en 417)

Image illustrative de l’article Innocent Ier

Ce pape adressa ses réponses à ces deux conciles dans deux lettres datées du même jour, le 27 janvier 417.

Il fit d’abord la réponse suivante aux Pères du concile de Carthage, dans laquelle il assimila l’Église de la ville de Rome à une source pure de toute souillure hérétique, qui vivifiait les églises locales :

« Voilà ce que vous avez estimé dans la vigilance de votre office sacerdotal, à savoir qu’on ne doit pas fouler aux pieds les ordonnances des Pères ; car ceux-ci, dans une pensée plus divine qu’humaine, avaient décrété que n’importe quelle affaire à traiter, fût-ce des provinces les plus éloignées et les plus retirées, ne serait pas considérée comme finie avant d’avoir été portée à la connaissance de ce Siège, pour qu’il confirmât de toute son autorité les justes sentences et que les autres églises – comme les eaux qui jaillissent de leur source originelle et qui s’écoulent dans toutes les régions du monde par de purs ruisseaux venus de la source non corrompue – reçoivent de lui ce qu’elles prescriront et sachent qui elles doivent purifier et qui, souillé d’une fange ineffaçable, ne recevra pas l’eau digne des corps purs » (Lettre In requirendis du 27 janvier 417 aux évêques du concile de Carthage, chapitre I (Dz. 217) ; citée dans la lettre 181 (alias 191) de SAINT AUGUSTIN – PL, 33 / 780).

Ainsi que cette réponse à ceux du concile de Milève :

« Je loue la diligence que vous avez apportée à rendre hommage au siège apostolique, je veux dire au siège de celui qui, sans compter les embarras qui peuvent lui survenir d’ailleurs, est chargé du soin de toutes les Eglises, en nous consultant sur le parti que vous pouvez avoir à prendre dans vos doutes, vous conformant ainsi à l’antique règle que vous savez aussi bien que moi avoir toujours été observée par tout l’univers. Mais je me tais là-dessus, persuadé que vous en êtes d’avance parfaitement instruits, puisque vous l’avez reconnu par votre conduite même, sachant bien que le siège apostolique ne manque jamais de répondre aux consultations qui lui viennent de toutes les parties de l’univers. Mais surtout s’il s’agit de ce qui intéresse la foi, tous nos frères ou nos collègues dans l’épiscopat se font, comme je n’en doute pas, un devoir d’en référer à Pierre, ou à celui de qui il tient son nom et son privilège, ainsi que vous l’avez fait vous-mêmes pour obtenir une décision qui puisse, dans le monde entier, servir en commun à toutes les Eglises. Elles doivent en effet devenir plus prudentes, lorsqu’elles voient que, selon la relation du double synode, les inventeurs du mal sont séparés de la communion de par les déterminations de notre jugement. » (Lettre aux Pères du concile de Milève, Inter epistolas du 27 janvier 417, chapitre II (Dz 218), citée par saint Augustin, lettre 182 (alias 193), PL, 33 / 784 ; S. Augustini, Opera S. Augustini, t. II, col. 934, édit. de Gaume ; col. 638, édit. de Montfaucon)

Et nous ne pouvons que constater que saint Augustin fait entièrement siennes ces deux sentences papales ! En effet, lorsque dans sa Lettre à Paulin, saint Augustin rapporte ces actes, il recommande les réponses que le pape Innocent Ier donna par écrit, en ajoutant :

« Outre les rapports des conciles, nous avons adressé au pape Innocent, de bienheureuse mémoire [Le Pape saint Innocent Ier mourut le 12 mars 417], des lettres particulières où nous avons, un peu plus à fond, traité cette question. Il a répondu à tout comme on devait l’attendre d’un pontife du Siège apostolique [Voir ses lettres 175, 176, 177, 181, 182, 183]. » (Lettre 186 (alias 106) à Alype et Paulin, § 2 – PL, 33 / 817)

Plus bas, il identifie le jugement du Siège apostolique au jugement du Sauveur :

« Celui qui enseigne autrement et ne s’en tient pas aux saines paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit […]

On se trouvera ainsi en contradiction avec cette parole du Sauveur : « Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts : voici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mangera ne meure point. » Il ne parlait pas de cette mort à laquelle ne sauraient échapper ceux même qui mangent de ce pain de vie. « En vérité, en vérité, je vous le dis, ajoute-t-il, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, nous n’aurez pas la vie en vous (Jean, VI, 49, 50, 54), » sans aucun doute celle aussi qui doit venir après cette mort. On est en contradiction avec l’autorité du siège apostolique qui invoque le témoignage évangélique, de peur qu’on ne croie que les enfants non baptisés puissent avoir la vie éternelle (Lettre 182, n. 5) . On est enfin en contradiction avec Pélage lui-même, car en présente des évêques, il a anathématisé ceux qui soutiendraient que les enfants sans baptême ont la vie éternelle. » (Lettre 186 (alias 106) à Alype et Paulin, § 27-28 – PL, 33 / 825-826)

Puis identifie encore « l’autorité du siège apostolique » à la personne du « Maître et Seigneur des Apôtres » (saint Pierre) :

« Nous avons insisté sur ce point, parce que, si ce que nous avons entendu est vrai, il y a auprès de vous, ou plutôt dans votre ville, des gens qui défendent cette erreur avec tant d’opiniâtreté qu’il leur serait, disent-ils, plus facile de quitter et de mépriser Pélage qui l’a anathématisé, que de se séparer de son sentiment sur ce point qu’ils croient être la vérité. S’ils se rendent à l’autorité du siège apostolique, ou plutôt au Maître et Seigneur des Apôtres qui dit qu’ils n’auront pas la vie en eux s’ils ne mangent la chair du Fils de l’homme et ne boivent son sang, ce qu’ils ne peuvent faire sans avoir été baptisés, ils reconnaîtront enfin que les petits enfants non baptisés ne peuvent pas avoir la vie éternelle, et que, par conséquent, quoi qu’ils doivent endurer moins de tourments que ceux qui sont damnés pour des péchés personnels, ils sont néanmoins punis de la mort éternelle. » (Lettre 186 (alias 106) à Alype et Paulin, § 29 – PL, 33 / 826)

Et dans un célèbre sermon :

« Réfutez leurs contradictions, amenez-nous les quand ils résistent. Déjà effectivement on a envoyé sur ce sujet les actes de deux Conciles au Siège Apostolique, dont on a aussi reçu les réponses. La cause est finie; puisse ainsi finir l’erreur ! Aussi les avertissons-nous de rentrer en eux-mêmes; nous prêchons pour leur faire connaître la vérité et nous prions pour obtenir leur changement. » (Sermon 131, 10)

C’est d’ailleurs des mots « [le] Siège Apostolique, dont on a aussi reçu les réponses. La cause est finie » que fut tirée le célébrissime adage : « Roma locuta, causa finita est » : « Rome a parlé, la cause est entendue » !

Saint Zosime (mort en 418)

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Au tout début de son pontificat, Zosime, dans le cadre de ces mêmes conciles écrivit à Aurélien de Carthage :

« L’importance de l’affaire qui nous est soumise exige une enquête approfondie, afin que la balance ne soit pas plus légère que les objets qui y sont déposés. Cette maturité de jugement importe surtout à l’honneur et à l’autorité du Siège apostolique, auquel les décrets de nos Pères, par respect pour le très-bienheureux apôtre Pierre, ont attribué la solution définitive des causes majeures. Il nous faut donc redoubler de prières et de supplications pour que le Seigneur, par une grâce continuelle et un secours incessant, fasse découler de cette Chaire comme d’une source pure la paix de la foi et l’union sans nuage de la société catholique. Le prêtre Célestius s’est présenté à notre tribunal, demandant à se justifier des accusations précédemment portées contre lui. […] Or il est notoire qu’Héros et Lazare, au mépris des saints canons et malgré la résistance du clergé et du peuple, ont été, à la suite de leurs brigues, tumultueusement intronisés dans les Eglises d’Aix et d’Arles, où ils avaient été jusque-là inconnus. Il est notoire qu’ils ont depuis abdiqué leur titre, et que le Siège apostolique leur a retiré tout pouvoir et toute juridiction dans leurs Eglises, en tenant compte cependant du repentir dont ils ont plus tard donné la preuve. » (Lettre 2 à Aurélien de Carthage ; PL XX, 649-650)

Plus tard, l’affaire se compliquant, Zosime eut à écrire à nouveau au même, dans une lettre où il identifie les promesses faites par le Christ en Matthieu XVI, 18 et Matthieu XVI, 19 à saint Pierre, au ministère de l’Evêque de Rome :

« Bien que la tradition des pères ait reconnu au Siège apostolique une telle autorité que personne n’a osé mettre en cause son jugement, et qu’elle ait toujours observé cela par des canons et des règles, et que, par ses lois, la discipline ecclésiastique en vigueur jusqu’ici manifeste au nom de Pierre, dont elle descend elle-même ; l’antiquité canonique, du consentement de tous, a dévolu un tel pouvoir à cet apôtre, à qui Jésus-Christ Notre-Seigneur a conféré le privilège de lier ou de délier [Matthieu XVI, 19]. Ce privilège appartient également par droit d’héritage à ses successeurs sur son siège. Pierre continue toujours à porter la sollicitude de toutes les Eglises, mais il veille avec un soin particulier sur le Siège de Rome qui est le sien propre ; il ne souffre ni défaillance ni incorrection dans les jugements doctrinaux émanés de la Chaire qu’il a honorée de son nom et constituée sur des fondements inébranlables [Matthieu XVI, 18]. Quiconque se heurte à cette pierre, s’y brisera [Matthieu XXI, 44]. Bien que donc Pierre soit l’origine d’une telle autorité et que les décrets suivants de tous les anciens confirment que l’Eglise romaine est affermie par toutes les lois et coutumes aussi bien humaines que divines – et vous ne l’ignorez pas, mais vous l’avez appris, frères très chers, et comme prêtres vous devez savoir que Nous en dirigeons la région et que nous détenons aussi le pouvoir de son nom, et alors que Nous aurions une telle autorité que personne ne pourrait débattre encore une fois de notre décision, Nous n’avons rien fait cependant que Nous n’aurions pas, de notre propre mouvement, porté à votre connaissance par notre lettre ; concédant cela à la fraternité et consultant ensemble, non pas parce que Nous n’aurions pas su ce qui doit être fait, ou que Nous aurions fait quelque chose qui déplairait parce que cela irait contre l’utilité de l’Eglise, mais Nous voulions avoir traité ensemble avec vous à son sujet (de Célestin qui est accusé), lui qui a déjà été accusé à votre tribunal, comme vous nous l’avez fait savoir par lettre, et qui se constitue devant le nôtre pour y purger un appel antérieur, provoquant lui-même sa confrontation avec ses accusateurs, et anathématisant les erreurs qui lui étaient, dit-il, faussement reprochées. » (Lettre 12 Quamvis Patrum à Aurélien et au concile de Carthage, 21 mars 418, PL, XX, 675-677 ; DS 221)

Certains affirment que cette lettre prouverait que saint Zosime était pélagien, du fait qu’il ait défendu le pélagien Célestin. Bien sûr il n’en est rien. Nous renvoyons à ce sujet à notre article :

Le Pape saint Zosime était-il pélagien ?

Saint Possidius de Calame (vers 397-vers 437)

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Cet historien rapporte lui aussi ce recours des conciles d’Afrique du Nord à Rome pour être confirmés :

« Comme ces hérétiques s’efforçaient, par leurs artifices, de persuader leur erreur au Saint-Siège Apostolique, les saints évêques d’Afrique, réunis en concile, résolurent de montrer, avec le plus grand soin, au saint pape de Rome, le vénérable Innocent et ensuite à saint Zozime, son successeur, combien cette secte devait être abhorrée et condamnée par la foi catholique. Ces pontifes du Siège Suprême les censurèrent à diverses reprises et les retranchèrent des membres de l’Église : par des lettres adressées aux églises d’Afrique en Occident et à celles d’Orient, ils ordonnèrent à tous les fidèles de les anathématiser et de les fuir. Ayant appris le jugement que venait de porter sur eux l’Église catholique de Dieu, le très pieux empereur Honorius, pour s’y conformer, ordonna de les ranger parmi les hérétiques condamnés par ses lois. Alors quelques-uns d’entre eux rentrèrent dans le sein de l’Église, notre mère, d’où ils étaient sortis ; d’autres y reviennent encore tous les jours, à mesure que la vérité de la vraie foi se manifeste à eux et l’emporte sur cette détestable erreur. » (Vie d’Augustin, XVIII, PL tome XXXII, colonnes 48 et 49)

Rufin le Syrien (début du Vème siècle)

Dans son Libellus Fidei que Migne inséra en appendice du tome 10 des œuvres de saint Augustin :

« Si la foi que nous confessons reçoit l’approbation de votre décision apostolique, quiconque voudra me reprocher une faute montrera son impéritie, sa malveillance ou même qu’il n’est plus catholique, au lieu de me taxer d’hérésie ».

Ainsi, on le voit : on est ou on n’est pas catholique ou hérétique selon qu’en décide le jugement du Siège apostolique, et c’est pourquoi on peut reconnaître quel est sur terre le tribunal suprême du Christ auquel il revient sans conteste de juger en matière de foi.

Les mensonges révélateurs de l’hérétique Pétilien (début du Vè siècle)

Au début du Vè siècle, une des grandes figures de l’hérésie donatiste, Pétilien de Cirta (Constantine), calomnia plusieurs Papes du début du IVè siècle, spécialement saint Marcellin, d’avoir offert de l’encens aux idoles, et que ce dernier fut jugé par un concile, afin de saper la foi des chrétiens en l’enseignement romain et par-là laisser le champs libre à son hérésie. C’est saint Augustin (354-430) qui le débusqua le premier :

« Vous voyez que dans ce discours, auquel vous m’avez prié de répondre, notre adversaire nous a fourni un grand nombre d’arguments qui plaident en notre faveur. Quel besoin, dès lors, pouvons-nous avoir de justifier les évêques de l’Eglise romaine de tous les crimes dont il les accuse au prix d’incroyables calomnies ? Marcellin et ses prêtres Melchiade, Marcelle et Silvestre, sont par lui accusés d’avoir livré les manuscrits sacrés, et offert de l’encens aux idoles. Mais il ne suffit pas de les accuser, il faudrait prouver cette accusation; et cette preuve, il ne la donne pas, il n’apporte à l’appui aucun document sérieux. Il soutient que ce sont des criminels et des sacrilèges ; moi je soutiens qu’ils sont innocents. Et pourquoi fournirais-je des preuves de ma défense, puisqu’il n’essaie pas même de prouver son accusation ? Si dans les choses humaines il reste encore quelque peu d’humanité, il me semble que quand il s’agit d’hommes inconnus, que des ennemis incriminent, sans fournir aucune preuve de leurs accusations, ceux qui méritent d’être crus sur parole, c’est nous, qui soutenons que ces hommes sont innocents. En suivant cette marche, il est vrai que l’on peut se tromper, mais du moins on a rempli le devoir qu’impose l’humanité, puisqu’elle défend de soupçonner témérairement le mal dans les autres et de croire facilement à toute incrimination qui ne repose ni sur des témoins, ni sur des documents authentiques; celui qui se rend coupable d’une telle incrimination doit être regardé plutôt comme un calomniateur que comme un accusateur véridique. » (De l’unité du baptême. Réfutation des erreurs des Pétilianus, chapitre XXVII)

Ces calomnies ont été dument réfutées par les livres disponibles dans nos articles Réponses aux objections historiques contre la primauté et l’infaillibilité du Pape (1) et Histoire apologétique la Papauté. On y voit comment cette légende n’est qu’un tissu d’absurdités historiques. Nous y renvoyons nos lecteurs qui voudraient plus de précisions à ce sujet.

Si nous évoquons cet épisode, c’est parce que dans son mensonge ayant pour but de saper l’autorité romaine, l’hérétique Pétilien témoigna de ce qu’était la foi de l’Eglise : la suprématie de l’Evêque de Rome ! En effet, lors du « concile de Sinuesse. » (qui est donc une légende), les évêques présent se seraient reconnus dans l’impossibilité métapgysique juger l’Evêque de Rome, avec en particulier cette fameuse phrase : « le premier Siège ne reconnaît pas de juge ». Le texte que nous avons de concile n’est pas le texte original, mais une traduction faite sur le grec se trouve dans la Patrologie latine, tome VI, colonnes 11-20. Voici ce qui nous est rapporté des propos des évêques présents :

« Le synode tout entier, après mûre délibération, prononça ces paroles : « Tu seras juge, c’est par toi-même que tu seras condamné ou absous, en notre présence toutefois. Cité à ton propre tribunal, c’est toi qui dois prononcer ta condamnation ou ton acquittement ; tu es juge, tu te jugeras » […]

Pierre, évêque, reprit : « Parlez pontife et jugez votre cause. » […]

Anastase et Anthyme, évêques, prenant la parole, dirent : « C’est de ta bouche que sortira ta sentence ; nous ne devons pas prendre part au jugement. » Sébastien, évêque, reprit : « Ne nous regarde pas pour juges, instruis ta cause, fais comparaître les témoins, et qu’ils déposent selon la vérité. Tu dois te condamner ou t’absoudre : nous l’avons ainsi résolu. » […]

Pierre reprit, s’adressant au Pape : « Ecoute Pontife, et juge ta cause ; c’est de ta bouche que tu seras ou justifié ou condamné : nul membre ne peut être sain si la tête est malade. » […]

Sébastien, évêque, parla ensuite en ces termes : « Nous l’avons arrêté, résolu, promis, signé et ce dessein ne sera pas modifié : nous nous récusons pour juges ; ce n’est pas nous qui te condamnerons ou t’absoudrons. » […]

Un des évêques nommé Quirin, dit : « La malice rempli ton coeur, Pontife ; toi qui comptais dix-huit ans de vertu tu as scandalisé tes ouailles. Je ne quitterai pas cette assemblée que les iniquités de ton cœur ne soient manifestées. »

L’évêque Quirin prit la parole et dit Marcellin : « Reconnais maintenant qu’un voile a enveloppé ton cœur ; juge ta cause et, sans réticence, dévoile tes secrets. Ce n’est pas nous qui te condamnons, nous t’excuserions plutôt ; ne crains rien, nous n’avons rien à condamner en toi. […] Pontife, nous n’avons point de sentence à porter en toi ; condamne ou acquitte. »

Un membre nommé Helchiade, évêque, appelé à souscrire le premier à la condamnation le fit de manière à servir d’exemple à b postérité ; car il dit à haute voix : « C’est avec justice qu’il s’est condamné ; il fallait qu’il prononçât lui-même son anathème. Personne n’a jamais condamné un Pontife, ni un évêque son supérieur ; le premier Siège ne reconnaît pas de juge. » »

Saint Boniface Ier (mort en 422)

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« Nous avons envoyé au synode [de Corinthe]… des directives écrites pour que tous les frères comprennent qu’on ne doit pas débattre à nouveau de ce que nous avons jugé. Jamais en effet il n’a été permis de traiter à nouveau de ce qui a été décidé une fois par le Siège apostolique. » (Lettre Retro maioribus, II, à l’évêque Rufus de Thessalie, 11 mars 422 ; PL tome XX, colonne 776 ; MANSI, tome VIII, colonne 754)

 

« L’institution de l’Eglise universelle naissante prit son départ dans le titre d’honneur du bienheureux Pierre en qui consiste son gouvernement et son couronnement. C’est de sa source en effet qu’a coulé la discipline dans toutes les Eglises, lorsque la vénération de la religion croissait déjà. Les préceptes du concile de Nicée n’attestent rien d’autre ; il n’a pas osé en effet établir quelque chose au-dessus de lui, car il voyait que rien ne pouvait être placé au-dessus de son rang, et enfin il savait que tout lui était accordé par la parole du Seigneur. Cette (Eglise romaine) est donc avec certitude pour toutes les Eglises répandues par le monde entier comme la tête de ses membres ; si quelqu’un se sépare d’elle, qu’il soit éloigné de la religion chrétienne, puisqu’il a cessé de se trouver dans ce même assemblage. » (Lettre Institutio, I, aux évêques de Thessalie, 11 mars 422)

 

« Demeure au bienheureux apôtre Pierre, de par la parole du Seigneur, la sollicitude reçue de lui pour l’ensemble de l’Eglise, laquelle, comme il le sait, a été fondée sur lui selon le témoignage de l’Evangile. Et jamais une position d’honneur ne peut être exempte de soucis, puisqu’il est sûr que toutes choses dépendent de sa réflexion. … Qu’il n’arrive pas aux prêtres du Seigneur que l’un d’entre eux tombe dans la faute de tenter quelque chose par une usurpation nouvelle, et qu’il devienne l’ennemi des décisions des anciens, alors qu’il sait qu’il a pour rival en particulier celui auprès de qui notre Christ a placé le souverain sacerdoce ; et quiconque se dresse pour l’outrager ne pourra être un habitant du Royaume des cieux.  « A toi, dit-il, je donnerai les clés du Royaume des cieux  » [Matthieu XVI, 19] dans lequel nul n’entrera sans la faveur du portier. Puisque le lieu l’exige, recensez s’il vous plaît les déterminations des canons, et vous trouverez quel est après l’Eglise romaine le deuxième siège, et quel est le troisième. … Jamais personne n’a levé la main avec audace contre l’éminence apostolique dont il n’est pas permis de réviser le jugement, personne ne s’est dressé contre elle s’il ne voulait pas être jugé. Les dites grandes Eglises observent les dignités par les canons : celles d’Alexandrie et d’Antioche [voir Concile de Nicée, canon 6] ; car elles ont connaissance du droit de l’Eglise. Elles observent, dis-je, les décisions des anciens, en accordant leur bonne grâce en toutes choses comme ils reçoivent cette grâce en retour : celle dont ils savent qu’ils Nous la doivent dans le Seigneur qui est notre paix. Mais puisque la chose le demande, on montrera par des documents que les Eglises des Orientaux surtout, dans les grandes affaires qui rendaient nécessaire un débat de plus grande ampleur, ont toujours consulté le Siège romain et lui ont demandé aide chaque fois que cela était nécessaire. [suivent des exemples d’appels et de requêtes dans l’affaire d’Athanase et de Pierre d’Alexandrie, de l’Eglise d’Antioche, de Nectaire de Constantinople et des Orientaux séparés au temps d’Innocent Ier] » (Lettre Manet beatum à Rufus et aux autres évêques de Macédoine, etc., 11 mars 422)

Concile général de l’Eglise Africaine (419)

Rassemblant 217 évêques d’Afrique du Nord, dont saint Augustin, et qui établit Codex canonum Ecclesiae africanae, reconnaissait l’autorité du Pape puisqu’il l’envoya à Rome pour être confirmés. En effet, à l’issu de son dernier canon, établissant le canon des Ecritures, il est écrit :

« [Après avoir dresser le canon biblique avec les deutérocanoniques : ] Que ceci soit envoyé à notre frère et collègue évêque, [le pape] Boniface, et aux autres évêques de ces parties, qu’ils puissent confirmer ce canon, de ceci sont les choses que nous avons reçues de nos pères à lire à l’église » (Canon 24)

Saint Jean Cassien (vers 360-vers 435)

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« Mais le grand homme, le disciple des disciples, le maître parmi les maîtres, qui exerçait le gouvernement de l’Église romaine possédait l’autorité dans la foi et le sacerdoce. Dis-nous donc, Dis-nous que nous te prions, Pierre, prince des Apôtres, dis-nous comment les églises doivent croire en Dieu. (Contre Nestorius, III, 12)

Saint Célestin Ier († 432)

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La communion avec le Siège apostolique est le critérium de la communion avec l’Eglise universelle

Saint Célestin Ier fut le Pape qui dut gérer la crise de l’hérésie nestorienne. Il manifeste l’autorité romaine en déclarant nulle les excommunications fulminées par Nestorius :

« Cependant, pour éviter que cet abus de pouvoir pût prévaloir, ne serait-ce que temporairement, alors même que Nestorius a déjà attiré sur lui la condamnation de Dieu, Notre Siège a fait valoir son autorité pour décider que si un évêque, un clerc, ou un simple fidèle catholique, a été démis de son rang ou rejeté de l’appartenance à l’Eglise, par Nestorius et ses comparses, depuis que ceux-ci ont entrepris de prêcher leur hérésie, nul ne doit les considérer comme ayant réellement encouru ces sanctions. Au contraire, ils sont tous demeurés dans notre communion et y demeurent encore. » (Lettre XIV au clergé et au peuple de Constantinople, n°7 ; PL tome 50, colonne 497)

On voit ici que la communion à l’Eglise universelle est identifiée à la communion à l’Evêque de Rome, et que ce qui compte en dernier ressort est la communion avec la personne de l’Evêque de Rome, au dessus de celle de son Evêque local. Cela se ressent aussi dans cette autre lettre, envoyée un peu plus tôt, lors de la même affaire, où saint Célestin fait savoir à l’Evêque Jean d’Antioche que l’excommunication de Nestorius ne vaut rien, mais que l’Eglise d’Antioche doit continuer à regarder comme faisant partie de l’Eglise ceux qui étaient en communion avec lui, bien que rejetés par Nestorius :

« Si quelque fidèle a été excommunié ou dépouillé de la dignité épiscopale ou cléricale par Nestorius et ses comparses, depuis que ceux-ci ont entrepris de prêcher leur hérésie, il est clair qu’il est demeuré et demeure encore dans notre communion. » (Lettre XII à Jean d’Antioche, n°2, PL tome 50, colonne 467)

Le contrôle sur le Concile d’Ephèse (431)

Le contrôle que le Pape saint Célestin exerça sur le Concile d’Ephèse (431) est exposé dans notre article :

La Papauté au concile d’Ephèse (431)

On y trouvera la délégation de pouvoir qu’il donna à saint Cyrille d’Alexandrie pour présider le Concile, l’ordre qu’il donna à d’autres représentants : « Nous vous commandons de sauvegarder l’autorité du Siège Apostolique. […] Si l’on en vient à débattre, vous devez juger les avis des pères, sans vous laisser mener par leur débats. » (Lettre XVII, PL, tome 50, colonne 503), et l’autorisation nécessaire qu’il donna d’excommunier Nestorius en lui imposant son décret doctrinal et disciplinaire.

Saint Cyrille d’Alexandrie (376-444)

Image illustrative de l’article Cyrille d'Alexandrie

L’attitude de soumission au Pape de saint Cyrille à l’occasion du Concile d’Ephèse (431) est exposé dans notre article :

La Papauté au concile d’Ephèse (431)

On y trouvera la délégation de pouvoir qu’il reçut du Pape saint Célestin, l’autorisation qu’il lui demanda pour excommunier Nestorius dont l’hérésie était pourtant incontestable et la reconnaissance que c’est par la confirmation de saint Sixte III, successeur de saint Célestin que le Concile acquis son autorité.

Concile d’Ephèse (431)

Ce concile est une manifestation éclatante de la soumission de l’Eglise universelle au pontife romain comme à son chef. Cet épisode est traité dans cet article.

Saint Vincent de Lérins (mort vers 450)

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Ce saint moine rédigea en 434 un Commonitorium où il énonce les critères qui permettent de savoir si une doctrine est orthodoxe ou hérétique. Il écrit en son chapitre VI :

« C’est un grand exemple que celui de ces bienheureux, et tout à fait divin, digne aussi d’être repris par tous les vrais catholiques dans une infatigable méditation : en effet, rayonnant, comme le chandelier à sept branches, des sept lumières du Saint Esprit, ils ont en effet révélé à la postérité le principe très lumineux grâce auquel, plus tard, dans tous les vains propos des erreurs, l’audace d’une nouveauté profane serait laminée par l’autorité de la sainte antiquité. La méthode à coup sûr, n’est pas nouvelle, puisque ce fut dans l’Église une coutume toujours en vigueur que, plus chacun était religieux, plus rapidement il s’opposait aux inventions nouvelles. Tout est rempli de tels exemples. Pour faire court, nous n’en citerons qu’un seul, emprunté de préférence au siège apostolique, afin que tous voient, plus clairement que le jour, avec quelle vigueur, quelle ardeur, quels efforts, les bienheureux successeurs des bienheureux apôtres, ont défendu l’intégrité de la religion traditionnelle. Jadis Agrippinus, de vénérable mémoire, évêque de Carthage, fut le premier de tous les mortels qui pensa, contrairement au canon divin, contrairement à la règle de l’Église universelle, contrairement à l’opinion de tous ses confrères, contrairement aux usages et aux institutions des aïeux, que l’on devait rebaptiser [les hérétiques]. Cette théorie trompeuse apporta tant de mal qu’elle fournit non seulement une procédure sacrilège aux hérétiques, mais en outre à certains catholiques une occasion d’erreur. Comme, de toute part, tous protestaient contre la nouveauté de ce rite et que tous les évêques, en tous pays, résistaient chacun dans la mesure de sa vigueur, le pape Étienne, de bienheureuse mémoire, qui occupait le siège apostolique, y fit opposition, avec tous ses autres collègues il est vrai, mais plus qu’eux néanmoins, car il trouvait normal, je pense, de surpasser tous les autres par le dévouement de sa foi autant qu’il les dominait par l’autorité de sa charge. » (Commonitorium, VI)

Commentaire de l’abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI (1803-1859) :

« Tout l’ensemble de ce passage, où il n’est question ni du sénat ni de l’empereur, mais du siège spécialement nommé apostolique, tout ce passage montre que l’autorité du lieu, grâce à laquelle le pape surpassait les autres évêques, était l’autorité religieuse de Rome et non son autorité politique. Le choix même du mot autorité le prouve ; s’il s’agissait du relief donné à Etienne par la capitale du monde, on aurait parlé de la splendeur, de la célébrité, de la majesté de cette ville, expressions ne risquant pas de devenir amphibologiques comme celle dont a usé saint Vincent, qui, en rapprochant les idées de supériorité dans Etienne et d’autorité dans le lieu, nous porte nécessairement à croire que les deux choses corrélatives étaient de même nature et de l’ordre ecclésiastique. D’ailleurs, son second extrait expliquera le premier. » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome 1, page 118-119, note de bas de page)

A la fin du Commonitorium, saint Vincent de Lérins récapitule les preuves que lui ont fournies la Bible et l’usage constant des conciles, puis il ajoute :

« Tout cela suffit abondamment et surabondamment, sans doute, à l’extinction totale des profanes nouveautés ; cependant, afin qu’il ne parût rien manquer à la plénitude des preuves, quelque grande qu’elle soit déjà, nous avons rapporté, en ter-minant, deux autorités du siège apostolique, l’une du saint pape Sixte, qui fait aujourd’hui l’ornement de l’église romaine, et une autre de son prédécesseur, le pape Célestin, de bienheureuse mémoire, que nous avons jugé nécessaire de répéter encore ici. » (Commonitorium, XXIII)

NB : ce Commonitorium peut prêter à confusion, nous suggérons de lire cet article pour l’appréhender correctement.

« C’est ainsi que l’ouvrage du moine de Lérins commence et se termine par deux passages élogieux en l’honneur de la papauté ; le premier nous apprend que l’évêque de Rome surpasse tous les autres évêques par l’autorité que donne à cette ville la présence du siège de saint Pierre ; le second montre saint Vincent qui, après avoir cité la Bible et les conciles, après avoir terrassé l’hérésie sous ses coups, appréhende, tout victorieux qu’il est, de paraître n’avoir pas su employer toutes ses armes. Qu’a-t-il donc oublié, lui qui a invoqué les témoignages de l’Eglise universelle et de l’Ecriture sainte ? Pour quelle autorité y a-t-il donc place entre ces deux oracles du christianisme ? Quelle est donc cette autre parole sacrée que les fidèles regretteraient de n’avoir pas entendue, même à la suite de tant de paroles infaillibles et divines ? C’est la décision de la papauté. Saint Vincent la donne, et se réjouit en voyant que rien ne manque plus à sa triomphante démonstration.

Par conséquent, ce que saint Vincent dit des papes suppose en eux une prééminence, et ce que, d’accord avec tous les chrétiens et les papes eux-mêmes, il leur dénie, ne touche en rien aux privilèges dont on croit le Saint-Siège investi. » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome 1, page 119-120)

Code de Théodose (adopté le 25 décembre 438, entré en vigueur 1er janvier 439)

Description de cette image, également commentée ci-après

« Puisque le mérite de saint Pierre prince de l’épiscopat, la dignité de la ville de Rome et l’autorité du sacré concile ont confirmé la primauté du Siège apostolique, nous défendons que personne, dans sa présomption, ose rien entreprendre contre l’autorité de ce Siège. Car la paix ne peut être universellement conservée que si toute l’Église reconnaît son maître. » (Code de Théodose, Titre XXIV)

Précisons que dans la pensée du Code théodosien, ce n’est nullement le Sacré Concile qui a attribué son autorité au siège de Rome. Mais le Saint-Synode a témoigné de manière éclatante de l’existence de cette autorité en ne s’arrogeant rien contre ce siège, alors même que lui-même en tant que concile représentait l’Eglise universelle.

Saint Sixte III (440)

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« Le bienheureux Pierre dans ses successeurs a livré ce qu’il a reçu. Qui serait disposé à se séparer de la doctrine dont le Maître lui-même a instruit le premier parmi les apôtres? » (Lettre VI à Jean d’Antioche)

 

« Car il [Pape Sixte III] a écrit ce qu’il était en accord avec le saint synode [le Concile d’Ephèse], et a confirmé tous ses actes, et est en accord avec nous » (Saint Cyrille d’Alexandrie, Lettre 40 à Acace de Meletine)

Socrate le Scolastique (vers 380-450)

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Socrate témoigne à plusieurs reprises du gouvernement du Pape saint Jules Ier sur l’Eglise d’Orient. Nous les rapportons dans notre article :

L’affaire du Concile d’Antioche (340) : un témoignage de la Papauté

Sozomène de Constantinople (375-450)

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Sozomène de Constantinople (375-450) fait sensiblement le même récit et témoigne ainsi également de la Papauté. Nous les rapportons dans notre article :

L’affaire du Concile d’Antioche (340) : un témoignage de la Papauté

Saint Prosper d’Aquitaine (vers 390-vers 463)

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« Rome, le siège de saint Pierre, a été établie à la tête du monde en recevant l’honneur de la charge pastorale et tout ce que les armes ne lui ont pas donné, elle le possède par le pouvoir de la religion. » (Poème sur les ingrats, I, PL 51, 97)

Certains affirment que ce témoignage saint Prosper est contredit par l’histoire. Cela est réfuté par l’abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, dans Défense de l’église contre les erreurs historiques, tome 1, pages 103 à 106, à consulter en cliquant ici.

Le cas de l’hérétique Eutychès (378-456)

Eutychès, archimandrite de Constantinople, avait déployé un zèle si remarquable à combattre l’hérésie de Nestorius, qu’il avait mérité les félicitations de saint Léon (Lettre XX ; MANSI, t. V, col. 1223). Mais c’était un esprit médiocre et porté à l’exagération. Luttant contre la pluralité des personnes en Jésus-Christ, il prêcha dans sa vieillesse l’unité de nature. Eusèbe de Dorylée lui fit remarquer son erreur et employa toutes les ressources de son esprit et de son cœur pour le ramener dans le sentier de la vérité. Mais l’hérésiarque était pénétré de cette suffisance si commune aux esprits médiocres qui ont quelquefois réussi. Il s’attacha à son sentiment avec une obstination invincible. Quand Eusèbe vit qu’il n’y avait plus rien à faire, il prévint le patriarche saint Flavien et dévoila publiquement la nouvelle hérésie dans un concile de Constantinople en 448 (MANSI, t. VI, col. 495).

Eutychès fut appelé au concile pour se justifier, mais il refusa de s’y rendre, prétextant son âge, sa santé et l’engagement qu’il avait pris de ne jamais sortir de son monastère. Cependant, à la troisième citation, craignant une condamnation par contumace, il se présenta, mais escorté de soldats. Son opiniâtreté lui valut l’excommunication et la déposition de sa dignité d’higoumène. Après la lecture de la sentence, il paraît en avoir appelé au Pape, aux patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem et à leurs Synodes. Mais son appel, prononcé à voix basse, ne fut entendu que de deux ou trois évêques.

Eutychès avait à la cour un filleul puissant et dévoué nommé Chrysaphius. Il le gouvernait à sa guise, et Chrysaphius à son tour gouvernait le faible empereur. Avec de pareils avantages, à Byzance, on pouvait aller loin.

Théodose le Jeune écrivit à saint Léon en sa faveur, et lui-même envoya son appel. Il y exposait que, cité au concile non à cause de la foi, mais pour satisfaire la haine de l’évêque de Dorylée, il avait présenté une requête et des écrits renfermant sa profession de foi, mais qu’on avait refusé de les recevoir et de les lire ; qu’enfin, il en avait appelé au Pape, et que, ce nonobstant, on l’avait excommunié et déposé :

« J’ai donc recours à vous, vous le défenseur de la religion et l’ennemi des cabales et je vous demande que, sans égard à ce qui a été intrigué contre moi, vous prononciez sur la foi ce que vous jugerez à propos. Ne permettez pas que des intrigants me poursuivent encore de leurs calomnies ; ne souffrez pas qu’on exclue du nombre des catholiques celui qui a vécu soixante-dix ans dans la continence et la chasteté. » (MANSI t. V, col. 1014)

Comme à cette lettre Eutychès avait joint d’autres pièces parfaitement hérétiques, saint Léon comprit à qui il avait affaire. Toutefois, si l’hérésiarque avait dit vrai, le jugement n’avait pas eu lieu suivant les formes canoniques et les règles de la justice. Aussi écrivit-il à saint Flavien pour lui exprimer son étonnement à la nouvelle d’une pareille déposition et réclamer toutes les pièces du procès (MANSI t. V, col. 1238).

Dans le même temps, Eutychès recommandait aussi sa cause à saint Pierre Chrysologue, archevêque de Ravenne. Celui-ci ne put que « s’attrister en lisant ses tristes lettres ». Il répondit très brièvement, disant qu’il lui était impossible de juger sans avoir entendu les deux parties, et ajoutant pour terminer :

« Nous vous exhortons, vénérable frère, à vous soumettre en toute chose à ce qu’a écrit le bienheureux Evêque de Rome, car saint Pierre, qui vit et préside en son siège, communique la vraie foi à ceux qui la cherchent. Pour notre part, pour l’amour de la paix et le bien de la vraie foi, nous ne pouvons pas juger des questions de doctrine sans le consentement de l’Evêque de Rome. » (Lettre à Eutychès ; in : Lettres de saint Léon, XXV, édition Ballerini ; MANSI, t. V, col. 1250)

Saint Léon composait, en effet, un traité complet sur l’Incarnation. Il croyait encore qu’Eutychès s’était seulement laissé égarer par son imprudence et son ignorance, et il était prêt à le réhabiliter s’il acceptait la doctrine qu’il allait lui présenter.

Cependant, à Constantinople, le vieil archimandrite intriguait. Chrysaphius songeait à le faire patriarche à la place de saint Flavien, et Théodose, toujours dupe, suivait aveuglément les inspirations de son favori. Eutychès voulut d’abord un concile œcuménique et il l’obtint. Les évêques d’Orient furent convoqués à Ephèse (449). Saint Léon y envoya aussi ses légats. Mais l’empereur leur enleva la présidence pour la confier à l’eutychien Dioscore, patriarche d’Alexandrie. Eutychès, assisté de Chrysaphius et des soldats, était maître de la situation. Les lettres de saint Léon, comprenant le traité de l’Incarnation, ne furent pas lues. Saint Flavien, Eusèbe de Dorylée et plusieurs évêques catholiques, même absents, furent déposés et la foi d’Eutychès approuvée. Tous ceux qui refusèrent d’apposer leur signature à ces monstruosités furent accablés de coups.

Quelques mois après, saint Léon, avec quelques évêques réunis en concile à Rome, lançait l’anathème sur Dioscore et Eutychès (MANSI, t. VI, col. 509) et flétrissait leur concile de ce nom de brigandage que l’histoire lui a conservé.

Saint Pierre Chrysologue (vers 380-450/451)

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« Nous vous exhortons, vénérable frère, à vous soumettre en toute chose à ce qu’a écrit le bienheureux Evêque de Rome, car saint Pierre, qui vit et préside en son siège, communique la vraie foi à ceux qui la cherchent. Pour notre part, pour l’amour de la paix et le bien de la vraie foi, nous ne pouvons pas juger des questions de doctrine sans le consentement de l’Evêque de Rome. » (Lettre à Eutychès ; in : Lettres de saint Léon, XXV, édition Ballerini ; MANSI, t. V, col. 1250)

Les impératrices Gallia Placidia ou Placidie (388-450) et Licinia Eudoxia ou Eudoxie (422-493)

Illustration.Licinia Eudoxia — Wikipédia

les impératrices Placidie et Eudoxie écrivirent et recommandèrent à Théodose :

« de conserver inviolable la dignité de saint Pierre, de sorte que l’évêque de Rome, à qui l’antiquité a reconnu la primauté sur tous, ait la liberté de juger de la foi et des prêtres. » (MANSI, t. VI, col. 49)

Appels à Rome de saint Flavien de Constantinople (mort en 449) et d’Eusèbe de Dorylée

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Quand Dioscore eut achevé de lire la sentence de déposition contre saint Flavien au conciliabule d’Ephèse, celui-ci s’écria à haute voix : « Je te récuse » (MANSI, t. VI, col. 908. La version latine porte : « Appello a te » : « J’appelle de toi ») ; puis il écrivit un appel au Pape qu’il remit aux légats. Ce dernier détail n’est pas signalé dans les actes du concile rédigés exclusivement par les secrétaires peu impartiaux de Dioscore ; mais il est attesté dans les lettres écrites à Théodose le jeune par saint Léon (MANSI, t. VI, col. 7 et 19), l’empereur Valentinien (MANSI, t. VI, col. 49) et l’impératrice Placidie (MANSI, t. VI, col. 52).

Flavien ne protesta point seul. Le diacre légat Hilaire s’écria : « contradicitur », et ce mot latin se retrouve transcrit tel quel, en caractères grecs, dans les actes du concile (MANSI, t. VI, col. 908).

La protestation du légat annulait l’inique sentence ; néanmoins Dioscore, suivant l’expression de saint Léon, dédaigna d’entendre la voix de contradiction émise par les représentants du Saint-Siège, et obligea par la violence les évêques du concile à s’unir à lui contre ceux que leur conscience reconnaissait innocents (MANSI, t. VI, col. 29). Les légats réussirent à s’échapper et partirent secrètement pour ne pas participer à l’iniquité. Tous les orientaux cédèrent sous les coups. Quant à Flavien, il avait, par son appel au Pape, excité le ressentiment de l’Alexandrin (MANSI, t. VI, col. 52). Frappé avec une brutalité inouïe, puis jeté en prison, puis envoyé en exil, il mourut le troisième jour à Epipe, en Lydie, des suites de ses blessures.

Eusèbe de Dorylée, lui, n’eut pas l’avantage de verser son sang pour la foi, car les eutychiens avaient refusé de le recevoir au concile ; mais il eut l’honneur d’être déposé. De son exil, il envoya aussi au Pape une lettre d’appel qui, longtemps inconnue, a été retrouvée à la fin du XIXè siècle ainsi que celle de saint Flavien (Ces deux lettres ont été publiées d’abord par M. Amelli, puis par M. Mommsen, Neues Archiv. XI (1886), p. 362).

Dès que le Pape fut informé par ses légats, il s’empressa d’envoyer à Flavien, dont il ignorait la mort, des paroles de consolation avec la promesse de ne rien négliger de ce qui devait être fait pour la cause commune (MANSI, t. VI, col. 29). Dans une autre lettre, il recommanda au peuple de Constantinople d’être fidèle à son pasteur légitime :

« Tant que votre évêque sera vivant, s’il est un téméraire, qui ose envahir son siège, jamais il ne sera reçu dans notre communion ; car de même que nous avons anathématise Nestorius, ainsi nous condamnons, par un semblable anathème, ceux qui nient la réalité de notre chair dans Jésus-Christ. » (MANSI, t. VI, col. 30)

Il écrivit aussi à Théodose, lui démontra l’illégalité du concile d’Ephèse, et lui demanda, surtout à cause de l’appel envoyé par Flavien, d’aider à la réunion d’un concile œcuménique en Italie (MANSI, t. VI, col. 9 et 17). Cette première démarche n’ayant pas abouti, l’empereur Valentinien et les impératrices Placidie et Eudoxie écrivirent à leur tour et recommandèrent à Théodose :

« de conserver inviolable la dignité de saint Pierre, de sorte que l’évêque de Rome, à qui l’antiquité a reconnu la primauté sur tous, ait la liberté de juger de la foi et des prêtres. » (MANSI, t. VI, col. 49)

Ces trois lettres furent encore sans résultat. Théodose, dupe éternelle de Chrysaphius et d’Eutychès, essaya au contraire de faire l’apologie du brigandage d’Ephèse. Heureusement, sa mort, causée peu de temps après par une chute de cheval, changea la face des choses. Les nouveaux augustes Marcien et Pulchérie, unis au patriarche saint Anatole, s’empressèrent d’accéder aux vœux de saint Léon. Ils firent transférer les restes de saint Flavien à Constantinople, frappèrent Eutychès d’exil, et convoquèrent le concile demandé, non pas en Italie, où Attila exerçait des ravages, mais à Chalcédoine.

Les premières séances furent consacrées, comme de juste, à réhabiliter saint Flavien et Eusèbe de Dorylée. Dioscore ne put se montrer que sur le banc des accusés. Comme on en demandait la raison aux légats du Pape :

« II doit rendre compte de son jugement, lui qui a osé célébrer un synode sans l’autorisation du Siège apostolique, ce qui n’a jamais été permis. » (Evagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, II, 18 ; P. G., t. LXXXVI, volume 2, col. 2548 ; LABBE., t. IV, 95)

Les lettres de saint Léon, qu’il avait dédaignées au conciliabule d’Ephèse, résumaient si bien la foi catholique, qu’après leur lecture tous les Pères s’écrièrent :

« C’est bien là la foi des apôtres. Que soit anathème celui qui refuse d’y croire. Saint Pierre a parlé par la bouche de Léon. » (MANSI, t. VI, col. 972 ; Jean HARDOUIN, Conciliorum collectio regia maxima, 1715, Tome 2, « Actes du concile de Chalcédoine », acte 2, p. 305)

Saint Léon le Grand (vers 395-461)

Nous rapportons les témoignages que saint Léon le Grand rend à la Papauté dans notre article :

L’autorité du successeur de Pierre d’après saint Léon le Grand

Concile de Chalcédoine (451)

Convoqué par le Pape saint Léon Ier sur demande de l’empereur Byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie. Se tint du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte Ephémie de la ville éponyme, sur l’actuelle rive asiatique d’Istanbul. Il réunit 343 évêques (un record) dont quatre seulement viennent d’Occident. Le concile de Chalcédoine (451) fut-il un triomphe de la Papauté ou un tribunal qui le condamna ? Les deux thèses ont leurs arguments. Les anti-romains affirment que son 28è canon en est une condamnation sans appel. Nous démontrerons dans notre article consacré à la quesrion non seulement comment ce concile prouve comment l’Eglise se savait soumise tout entière et par le droit divin au successeur de saint Pierre, Evêque de Rome, mais encore comment l’introduction de son 28è canon confirme encore cette vérité.

Théodoret de Cyr (393-458)

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Théodoret rapporte ce qui se produisit du temps de saint Athanase, manifestant le Primat Romain :

« Athanase, ayant eu connaissance des pièges qu’on lui tendait, s’échappa furtivement et prit sa route vers l’occident. Car les Eusébiens avaient prévenu par lettres l’évêque Jules, qui gouvernait alors l’Eglise de Rome, des accusations qu’ils portaient faussement contre Athanase. Jules, conformément à la règle de l’Eglise, manda à Rome les accusateurs, et invita saint Athanase à venir lui-même défendre sa cause. Athanase n’eut pas plus tôt reçu cette invitation, qu’il se mit en devoir d’y répondre. Quant aux auteurs de tout ce tumulte, ils se gardèrent bien de se rendre Rome, persuadés qu’ils étaient que leurs mensonges y seraient découverts. » (Histoire ecclésiastique, livre II, chapitre 4)

Condamné comme plusieurs évêques catholiques par le conciliabule ou brigandage d’Ephèse (449) sous la conduite de Dioscore d’Alexandrie sans avoir été appelé ni jugé, l’illustre évêque de Cyr s’empressa d’en appeler à Saint Léon le Grand (vers 395-461). Il commence par affirmer la supériorité de saint Pierre sur saint Paul, alors même que ce dernier était « le héraut de la vérité, la trompette de l’Esprit Saint« , et dit qu’il dut recourir à saint Pierre pour certaines questions, malgré son assistance divine. Puis il fait un parallèle a fortiori avec l’obligation des évêques de recourir au successeur de Pierre pour juger les affaires ecclésiastiques  :

« Si Paul, le héraut de la vérité, la trompette de l’Esprit Saint, recourut à Pierre pour répondre aux doutes des chrétiens d’Antioche sur les observances légales, c’est à bien plus juste titre que nous, les humbles et les petits, nous recourons à votre trône apostolique pour recevoir de vous le remède aux blessures des Eglises. C’est à vous, en effet, qu’il convient d’avoir la primauté en tout. Votre siège est orné de nombreuses supériorités. Les autres villes se glorifient de leur grandeur, de leur beauté, du nombre de leurs habitants ; d’autres villes, privées de ces avantages, sont ornées de certains privilèges spirituels. La vôtre a reçu de Dieu l’affluence des biens : c’est la plus grande et la plus illustre, elle préside à l’univers, elle regorge d’habitants. Mais ce qui l’orne bien plus, c’est sa foi que le divin Apôtre atteste dignement quand il s’écrie : Votre foi est annoncée dans tout le monde. Si, aussitôt après avoir reçu les semences de la prédication salutaire, elle produisit de si merveilleux fruits, quel discours pourrait célébrer comme il convient la piété qui y règne aujourd’hui ? Elle possède aussi les tombeaux des pères et maîtres communs de la vérité, Pierre et Paul, qui éclairent les âmes des fidèles. Ce couple divin et trois fois bienheureux s’est levé en Orient et a projeté partout ses rayons; mais c’est l’Occident qu’il a choisi pour le couchant de sa vie, et de là maintenant il illumine l’univers. Maintenant, de la région du coucher du soleil, où ils ont volontiers accueilli le décor de cette vie, ils illuminent le monde. Ils ont rendu votre siège très glorieux ; c’est le couronnement et l’achèvement de vos biens ; mais en ces jours, leur Dieu a orné leur trône en y plaçant votre sainteté, qui émet, comme vous, les rayons de l’orthodoxie. Je pourrais en donner de nombreuses preuves, mais il suffit de mentionner le zèle dont votre sainteté a fait preuve dernièrement contre les mal famés Manichéens, prouvant ainsi que votre piété s’attache sincèrement aux choses divines. Vos écrits récents, eux aussi, suffisent à indiquer votre caractère apostolique. En effet, nous avons pris connaissance de ce que votre sainteté a écrit sur l’incarnation de notre Dieu et Sauveur, et nous avons été émerveillés par la justesse de vos expressions. […]

Nous avons admiré votre sagesse spirituelle, loué la grâce du Saint-Esprit exprimée par votre intermédiaire, et nous invoquons, supplions et implorons votre Altesse de protéger les églises de Dieu qui sont maintenant assaillies par la tempête. […]

Mais en ce qui me concerne, j’attends la décision de votre siège apostolique, priant et attestant Votre Sainteté de me venir en aide, et faisant appel à votre tribunal pour obtenir une sentence droite et juste.  » (Lettre 113 au Pape saint Léon le Grand dans PG, 83/1311-1315)

Théodoret parle ensuite des événements d’Ephèse, de l’injustice dont il a été victime, des travaux de son apostolat :

« Il y a vingt-six ans que je suis évêque sans avoir reçu aucun reproche J’ai ramené à l’Eglise plus de mille marcionites et quantité d’ariens et d’eunoméens. Il ne reste pas un hérétique dans les huit cents paroisses que je gouverne. Dieu sait combien j’ai reçu de coups de pierres, et quels combats j’ai soutenus dans plusieurs villes d’Orient contre les païens, les Juifs et toutes sortes d’hérétiques. Et après tant de sueurs et de fatigues, j’ai été condamné sans avoir été jugé. Mais j’attends la sentence de ‘votre Siège apostolique ; je prie, je conjure Votre Sainteté, au juste tribunal de qui j’en appelle, de me prêter secours, de m’ordonner d’aller lui rendre compte de ma doctrine et de montrer qu’elle est conforme à celle des apôtres. » (Lettre 113 au Pape saint Léon le Grand dans PG, 83/1316)

Il énumère ses ouvrages qu’il soumit à l’examen du Saint-Siège, et, un peu plus loin, il en appelle en ces termes au Pape saint Léon de la condamnation qu’il juge injuste qu’il avait subie de la part de Dioscore d’Alexandrie, en précisant que si le Pape lui demandait de se soumettre à ce jugement, il le ferait :

« Je demande avant tout à recevoir votre instruction, pour savoir si je dois ou non m’incliner devant cette injuste déposition. J’attends votre jugement. Si vous me demandez de m’en tenir à ce qui a déjà été jugé, j’en resterai là et loin de m’en prendre jamais à quiconque, j’attendrai de notre Dieu et Sauveur un jugement juste. » (Lettre 113 au Pape saint Léon le Grand dans PG, 83/1318)

Saint Léon répondit :

« Nous avons appris par nos frères et collègues, qui sont de retour du saint concile, où le Siège du bienheureux Pierre les avait envoyés, que, protégé comme nous par le Bras du Tout- Puissant, tu es resté victorieux de l’impiété de Nestorius et de la fureur des eutychéens. […]

Il ne faut point parler comme si nous avions à traiter des sujets douteux, ce qui ne se présente pas ici, mais nous baser sur des autorités qui ont été mûrement définies. Nous savons que dans la lettre du saint Siège apostolique, confirmée par l’approbation du saint concile universel, sont réunis des témoignages d’une autorité si divine, que nul ne peut élever le moindre doute sur leur validité, à moins qu’il ne préfère se plonger dans les ténèbres de l’erreur; et les actes du concile, soit ceux qui renferment la définition de foi qui fut composée, soit ceux où se trouvent les lettres précitées du Siège apostolique, lettres que tu as défendues avec tant de zèle, et principalement l’allocution de tout le concile, à nos princes très pieux, sont appuyés par un si grand nombre de témoignages des anciens pères de l’Église, qu’ils suffisent pour convaincre un esprit, quelque imprudent et quelque opiniâtre qu’il soit, à moins qu’il ne soit déjà condamné avec le démon pour son impiété. […]

Tu as éprouvé naguère la vérité de ce que j’avance, quoique je n’aie à adresser d’admonition qu’à ta prudence, car notre Seigneur très saint, dans sa Vérité invincible, a démontré par le jugement du saint Siège que tu étais pur de toute souillure des hérétiques. Tu Lui rendras de grandes actions de grâces pour tant d’épreuves qu’Il t’a fait subir, si tu t’es conservé tel que nous t’avons reconnu et tel que nous te reconnaissons, pour la défense de l’Église universelle. En ce que le Seigneur a confondu les mensonges de tous les calomniateurs, je reconnais que le bienheureux Pierre a intercédé pour nous tous: après avoir confirmé dans la définition de foi le jugement de son Siège, il n’a pas permis qu’on pût trouver rien de condamnable dans la personne de ceux qui avaient combattu avec nous pour la foi catholique; au jugement du saint Esprit, ceux-là ne pouvaient être que triomphants dont la foi avait déjà triomphé.

Pour terminer, je t’exhorterai à collaborer avec le Siège apostolique; car nous avons appris qu’il existait encore dans vos contrées quelques restes de l’erreur eutychéenne et nestorienne. […] Hâte-toi donc d’instruire le Siège apostolique, afin que nous puissions prêter secours, autant qu’il me sera convenable et nécessaire, aux prêtres de la religion. […] Nous voulons que cette lettre, pour l’utilité de toute l’Église, soit rendue publique par notre frère et collègue Maxime; et comme nous ne doutons point qu’il ne s’empresse de remplir cette recommandation, nous n’avons pas voulu joindre une copie à la présente. » (Lettre 120 à Théodoret de Cyr)

Quand il se présenta à l’ouverture du Concile de Chalcédoine (451) il lui fut dit : « Que le très pieux Théodoret prenne part au Concile, parce que le très saint archevêque Léon lui a rendu son épiscopat ». Il dut s’y présenter comme accusateur de Dioscore (MANSI, t. VI, col. 589 et 591).

A la session VIIIè, Théodoret est requis d’anathématiser Nestorius, et il s’exécute. Le bureau prononce alors :

« Tout doute est levé au sujet du très théophile Théodoret, puisqu’il a anathématisé devant nous Nestorius, et qu’il a été reconnu par le très théophile et très saint archevêque Léon de la vieille Rome. […] Il ne reste plus à votre piété qu’à prononcer que Théodoret doit recouvrer son Église, ainsi que le très saint archevêque Léon a jugé. »

Les acclamations éclatent qui approuvent la proposition du bureau des magistrats de l’Empereur :

« Théodoret est digne de son siège ! Nombreuses années à l’archevêque Léon ! Après Dieu, Léon a jugé ! »

Plus tard Théodoret écrivit aussi au prêtre René (Renatus), l’un des légats de saint Léon au conciliabule ou brigandage d’Ephèse (449). Il ignorait qu’il fût mort avant d’atteindre les côtes d’Asie. Il se recommandait à ses bons offices :

« Je prie Votre Sainteté de décider le très saint archevêque d’user de sa puissance apostolique pour m’ordonner d’accourir à son synode, car ce siège très saint a la direction (ήγεμονίαν) des Églises qui sont par tout l’univers pour plusieurs raisons dont la principale est qu’il n’a jamais été infecté d’aucune hérésie. Il n’a jamais été occupé par un ennemi de la vraie foi, mais a conservé intacte la grâce apostolique. Quoi que vous décidiez, nous y acquiescerons, convaincus de votre équité. Nous demandons à être jugés d’après nos écrits, car nous avons composé plus de trente livres. » (Lettre 116, à Renatus (René) ; PG, t. 83, col. 1324)

Empereur Valentinien III (419-455)

Image illustrative de l’article Valentinien III

« Nous sommes obligés de défendre avec zèle l’honneur et la dignité de saint Pierre, et d’avoir soin que rien n’empêche son successeur l’Evêque de Rome, qui a toujours eu la primauté du sacerdoce, de juger en toute liberté de la foi et des évêques. » (Lettre à son Collègue Théodose II, année 445)

Saint Simplice (vers 420-483)

Image illustrative de l’article Simplice (pape)

Ce Pape parle de « la doctrine de ses prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il n’est pas permis de disputer », ce qui signifie que l’Eglise la regarde comme infaillible de droit :

« Puisque la doctrine de nos prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il n’est pas permis de disputer, existe, et que quiconque pense de façon juste n’a donc pas besoin d’être enseigné par de nouvelles explications, mais que tout est clair et parfait par quoi quelqu’un qui a été séduit par des hérétiques pourra être instruit, ou par quoi quelqu’un qui doit être planté dans la vigne du Seigneur pourra être enseigné, implore la foi du prince très clément et fais qu’il rejette le propos de tenir un synode. » (Lettre V Quantum presbyterorum à l’évêque Acace de Constantinople, Partie 3, Chapitre 2 ; PL tome 58, colonnes 41B-42B)

Dans une lettre à l’Empereur Basilisque, le Pape saint Simplice lui ordonnait de chasser le parricide Elure qui usurpait le siège de Constantinople, et à marcher sur les traces de ses prédécesseurs Marcien et Léon, en maintenant comme eux le Concile de Chalcédoine et les lettres de saint Léon, où le mystère de l’Incarnation est si nettement expliqué qu’on ne peut s’en écarter sans cesser d’être chrétien. Il lui envoie une copie de ces lettres afin qu’il puisse facilement s’instruire de la vraie foi :

« car la règle de la doctrine apostolique demeure toujours invariable chez les successeurs de celui à qui le Seigneur a confié tout le bercail et promis sa perpétuelle assistance jusqu’à la fin des siècles, contre qui il a promis que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais, et à la sentence duquel il a déclaré que ce qui était lié sur la terre ne pouvait être délié dans le ciel même. » (MANSI, t. VII, Lettres de Simplice. 4, 5, 6 et 7, col. 974 et suiv)

Appel des archimandrites de Constantinople au Pape saint Simplice

L’empereur Basilisque venait de rétablir sur le patriarcat d’Alexandrie Timothée Elure, exilé depuis dix-huit ans pour avoir usurpé ce siège par le meurtre de saint Proterius, son légitime possesseur. Timothée accourut à Constantinople comme en triomphe, attirant à sa suite Pierre le Foulon et les amis du monophysitisme. Sur leurs instances, Basilisque lança une encyclique qui condamnait le concile de Chalcédoine et saint Léon (Evagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, III, 4. P. G., t. 86. col. 2597 et suivants). Plus de cinq cents évêques, vaincus par la crainte, eurent la faiblesse de signer ce document. Une extrême confusion régna dès lors dans l’Eglise d’Orient.

Les archimandrites de Constantinople prirent l’initiative d’avertir le Pape et le prièrent d’intervenir et d’envoyer des légats. Nous n’avons pas le texte de cet appel. Seules les lettres que saint Simplice expédia en réponse à l’empereur, aux patriarches et aux archimandrites eux-mêmes, nous le font connaître (MANSI, t. VII, Lettres de Simplice. 4, 5 6 et 7, col. 974 et suiv).

Le Pape engage Basilisque à chasser le parricide Elure, et à marcher sur les traces de ses prédécesseurs Marcien et Léon, en maintenant comme eux le Concile de Chalcédoine et les lettres de saint Léon, où le mystère de l’Incarnation est si nettement expliqué qu’on ne peut s’en écarter sans cesser d’être chrétien. Il lui envoie une copie de ces lettres afin qu’il puisse facilement s’instruire de la vraie foi :

« car la règle de la doctrine apostolique demeure toujours invariable chez les successeurs de celui à qui le Seigneur a confié tout le bercail et promis sa perpétuelle assistance jusqu’à la fin des siècles, contre qui il a promis que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais, et à la sentence duquel il a déclaré que ce qui était lié sur la terre ne pouvait être délié dans le ciel même. »

Au patriarche Acace il demande de se joindre aux moines contre Elure et de faire son possible pour engager l’empereur à agir en faveur de la cause catholique. Il lui recommande toutefois très spécialement de s’opposer à la convocation d’un concile œcuménique, car celui de Chalcédoine ayant statué contre les eutychiens, il n’est permis en aucune façon d’y revenir. C’est seulement lorsque de nouvelles décisions doivent être portées contre une nouvelle erreur que l’on doit recourir à un concile général.

Dans la lettre aux archimandrites, il s’excuse de ne pas envoyer de légats sur ce que la question de l’eutychianisme a déjà été tranchée et n’a plus besoin d’aucun éclaircissement après les lettres de saint Léon.

Acace avait déjà lutté généreusement pour la foi ; il redoubla d’ardeur après les lettres de Simplicius. Néanmoins, ses remontrances, unies à celles de saint Daniel le Stylite, furent impuissantes sur le fanatisme impérial. Il eut alors recours à un moyen plus extraordinaire : il souleva le peuple par l’intermédiaire des moines (Evagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, III, 7. P. G., t. LXXXVI, col. 2609). Basilisque, effrayé, se hâta d’écrire une contre-encyclique, ce qui ne l’empêcha pas d’être détrôné quelque temps après. Zénon, en remontant sur le trône, chassa Elure d’Alexandrie, rétablit Timothée Salophaciole et rendit pour un temps la paix à l’Eglise.

Jean Ier d’Alexandrie, dit Jean Talaïa (fin du Vè siècle)

Jean Talaïa, élevé au siège d’Alexandrie par le clergé et le peuple à la mort de Salophaciole, n’avait pas le bonheur de plaire au vindicatif patriarche de Constantinople. Aussi Zénon, instrument docile de ce dernier, le fit-il déposer pour mettre à sa place Pierre Monge, hérétique excommunié non seulement par le Pape, mais par Acace lui-même. Ce qui valut à Monge ce retour en faveur, c’est sa complaisance à signer l’hénotique impérial, profession de foi qui, dans l’intention de ses auteurs, devait unir tous les chrétiens parce que, sans être formellement hérétique, elle ne répugnait pas aux eutychiens.

Restait à informer le Pape, et, ce qui était plus difficile, à obtenir des lettres de communion pour Pierre Monge. Acace sentait combien l’entreprise était malaisée, aussi en laissa-t-il tout le soin à l’empereur. Zénon crut y réussir en accusant Jean Talaïa, auprès du Pape, d’un prétendu parjure qui le rendait indigne de l’épiscopat. Comme Simplicius n’avait reçu d’Egypte que d’excellents témoignages sur le nouveau patriarche d’Alexandrie, il était sur le point de le confirmer quand arriva la lettre impériale.

Il manquait seulement à Talaïa, écrivit-il à Acace, de recevoir la solidité désirée par le consentement du Siège apostolique, mais, devant la lettre du prince me le montrant indigne du sacerdoce, j’ai révoqué ma sentence de confirmation (MANSI, t. VII, col. 992).

Etonné du silence d’Acace dans une si grave circonstance, le Pape le priait de le renseigner minutieusement sur toute l’affaire, mais en aucune façon il ne consentait à reconnaître Pierre Monge comme patriarche légitime.

Cependant Jean Talaïa, chassé de son siège, se réfugiait auprès du Pape et lui présentait son appel avec un libelle contre Acace. Plusieurs plaintes contre ce dernier étaient déjà parvenues à Rome, spécialement de la part des moines acémètes. Le pape Félix III, successeur de Simplicius, n’ignorait pas non plus que par sa connivence le patriarcat d’Antioche était aussi occupé par un excommunié, Pierre le Foulon. Aussi résolut-il d’agir énergiquement. Il enjoignit à Acace de venir à Rome se justifier, dans un concile, des accusations portées contre lui. Mais les légats qui portaient ses lettres, arrêtés et maltraités, communiquèrent avec Acace et trahirent leur mandat.

II n’y avait plus de ménagements à garder envers un patriarche que, d’un autre côté, Cyrille, abbé des acémètes de Constantinople, représentait comme l’auteur de tous les maux qui désolaient l’Orient. Félix III réunit un concile (MANSI, t. VII, col. 1137) (483) où Acace fut excommunié avec les légats prévaricateurs. Tutus porta la sentence à Constantinople, et comme Acace refusait de la recevoir, un moine eut l’audace de l’accrocher à ses ornements au moment où il allait commencer l’office liturgique dans Sainte-Sophie.

Le même concile reconnut l’innocence de Talaïa et le confirma sur le siège d’Alexandrie. Talaïa ne put toutefois en prendre possession et mourut en Italie. Quant à Acace, fort de la protection de Zénon, il se maintint sur son siège et inaugura un schisme qui dura trente-cinq ans.

Saint Félix III (vers 440-492)

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« « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Matthieu XVI, 18) : à cette parole, les trois cent dix-huit Pères, réunis à Nicée, demandèrent à la sainte Eglise Romaine de confirmer et de sanctionner par son autorité ce qui avait été fait. » (Lettre IV, année 483 ; in : Dion. Exig.. In praefat. conc. Nic)

Lettre synodale du concile de Rome au clergé de Constantinople (485)

En 485, sous le Pape saint Félix III, un concile se tint à Rome. Il envoya une lettre synodale au clergé de Constantinople, dans lequel on lit les mots suivants :

« Le prélat du Siège apostolique exerce sa sollicitude sur toutes les Eglises, étant le chef de toutes, en vertu de la parole que le Seigneur a dite Pierre « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » [Matthieu XVI, 18]. C’est en conformité avec cette parole que les trois cent dix-huit Pères rassemblés Nicée déférèrent à la sainte Eglise romaine la confirmation de leurs actes. » (Lettre synodale du concile de Rome au clergé de Constantinople, année 485, LABBE, IV, 1126 ; MANSI, tome VII, colonne 1140 ; HARDOUIN, tome II, colonne 856)

Saint Gélase (mort en 496)

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« C’est pourquoi, de même qu’elle n’est pas légère, la menace qui pèse sur les pontifes qui n’ont pas parlé pour le culte de Dieu, comme ils le doivent, ainsi n’est-il pas négligeable le danger – puisse-t-il ne pas exister – encouru par ceux qui, alors qu’ils devraient obéir, méprisent. Et s’il est normal que le coeur des fidèles se soumette à tous les prêtres en général qui s’acquittent convenablement de leurs divines fonctions, combien plus l’unanimité doit-elle se faire autour du préposé à ce siège, à qui la divinité suprême a voulu donner la prééminence sur tous les prêtres et que la piété universelle de l’Eglise a dans la suite constamment célébrée ?

C’est là que ta piété se rend compte avec évidence que jamais personne sous aucun prétexte humain ne peut s’élever au-dessus de la situation privilégiée de celui que la voix du Christ a placé au-dessus de tous, que l’Eglise vénérable a toujours reconnu et tient dévotement au premier rang. Elles peuvent être empêchées par des présomptions humaines, les décisions du jugement divin, mais vaincues, elles ne sauraient l’être par aucune puissance de qui que ce soit. » (Lettre VIII à l’empereur Anastase, année 494, Denzinger, Schönmetzer, 347 ; PL tome 59, colonnes 41 à 47)

 

Saint Gélase déclare qu’au seul Pontife Romain, d’après le témoignage de saint Léon « a été confié la dispensation des Canons », que lui seul, et non pas un simple particulier, a le pouvoir de prononcer « sur les règles sanctionnées par les Pères », et qu’ainsi, comme le dit saint Gélase :

« c’est à lui de balancer entre eux les divers décrets des Canons, et de limiter les ordonnances de ses prédécesseurs, de manière à relâcher quelque chose de leur rigueur et à les modifier après mûr examen, selon que le demande la nécessité des temps, pour les nouveaux besoins des églises. » (Lettre IX aux évêques de Lucanie, I ; PL tome 59, colonne 48)

Dans la même veine, il écrivit ceci au magistrat Faustum :

« Ils nous objectent les canons, disait-il, ce qui prouve qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent, car par le fait seul qu’ils refusent d’obéir au premier siège qui leur conseille des choses justes et sensées, ils montrent qu’ils attaquent ces canons. » (Lettre IV : Commonitorium à Faustum, n°5, PL tome 59, colonne 30)

 

« Toute l’Eglise, par tout le monde, sait que le Siège du bienheureux Pierre, a le droit divin de délier ce qui a été lié par la sentence de n’importe quel évêque, puisqu’à lui appartient le droit de jugement sur toute l’Eglise, et qu’il n’est permis à personne de juger son jugement : c’est à ce Siège que les canons ont voulu qu’on en appelât de toutes les parties du monde, et nul n’a le droit d’en appeler de ce Siège lui-même. » (Lettre XI (al. VII) aux évêques de Dardanie et d’Illyrie)

 

« Pour quelle raison, en effet, la déférence est-elle demandée aux autres sièges, s’il ne faut accorder l’honneur au premier Siège du bienheureux Pierre en raison d’un respect antique, par lequel la dignité de tous les prêtres a toujours été confirmée et affermie (roborata atque firmata) ? […] Parce qu’ils [les 318 Pères de Nicée] s’étaient souvenus de la sentence du Seigneur : « Et moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » [Matthieu XVI, 1819]. Et encore au même : « Voici que j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères » [Luc XXII, 32], et ceci : « si tu m’aimes, pais mes agneaux » [Jean XXI, 15-17]Pourquoi donc le Seigneur adresse-t-il si fréquemment ses paroles à Pierre ? Les autres saints et bienheureux Apôtres, en effet, n’étaient-ils pas tous ceints d’une vertu semblable ? Qui oserait soutenir pareille proposition ? « Cependant un seul est choisi afin d’écarter le risque d’un schisme en établissant un chef » [Saint Jérôme, Contre Jovinien, livre I, chapitre 26, PL, XXIII, 258-259], et afin que fut démontrée l’unité de l’assemblage du corps du Christ, que concourt sous un seul chef en une glorieuse société d’amour ; et pour que l’Eglise soit une, en laquelle on crut fidèlement, et qu’il n’y ait qu’une maison du seul Seigneur et du seul Rédempteur, dans laquelle nous fussions nourris d’un seul pain et d’une seule coupe [I Corinthiens X]. Pour quelle raison, dis-je, nos pères, respectables maîtres des Eglises, et lumière très claire du peuple chrétien, dont le mérite des vertus a emporté jusqu’aux palmes glorieuses de la confession, et aux couronnes chatoyantes du martyr, ayant saisi les principes de leur sacerdoce et remplis d’amour du Christ, envoyaient-ils au Siège où s’était assis Pierre prince des Apôtres, des messages de solidarité, exigeant la solidité de leur fermeté, assumant les principes de leur sacerdoce, remplis de l’amour du Christ. […] Certes, il y avait douze apôtres, de mérites égaux et de dignité égale. Et tous brillaient de manière égale dans la lumière spirituelle, mais Christ souhaitait qu’il n’y ait qu’un seul prince parmi eux, et par une admirable disposition, il le dirigea vers Rome, maîtresse des nations, Il dirigerait Pierre dans la ville principale ou la première. Et là, comme  par la sublime puissance de sa doctrine, et il eut l’honneur de répandre glorieusement son sang. C’est là qu’il repose pour toujours, et qu’il assure à ce Siège béni par lui de n’être jamais vaincu par les portes de l’enfer, conformément aux promesses du Seigneur [Matthieu XVI, 18] » (Lettre XIV De responsione ad Graecos, PL tome 59, colonne 90)

 

« Si nous venions à les perdre [la vraie foi et la communion de l’Eglise], ce qu’à Dieu ne plaise, comment quoi que ce soit pourrait-être restauré, surtout si, à son sommet, le Siège apostolique, était devenu teinté d’hérésie, ce que Dieu ne permettrait jamais. […] Si, à Dieu ne plaise, je devenais complice de l’hérésie perverse, j’aurai moi-même besoin d’un remède, plutôt que de pouvoir d’offrir un remède à d’autres ; et le siège du  bienheureux Pierre chercherait un remède ailleurs, plutôt que d’offrir lui-même un remède à autrui, ce que Dieu ne permettrait jamais. […] Par conséquent, les Orientaux restent fermes dans la foi catholique, car ils me voient la défendre et sont encouragés par moi. » (Lettre XV, aux évêques d’Orient)

Décret gélasien (496)

« Après (toutes ces) Ecritures prophétiques, évangéliques et apostoliques (que nous avons mentionnées plus haut) et sur lesquelles l’Eglise catholique, par la grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé devoir souligner également ceci, à savoir que si c’est bien à l’Eglise catholique répandue par tout l’univers que revient l’unique chambre nuptiale du Christ, pour autant la sainte Eglise romaine n’est pas placée devant les autres Eglises par des édits de synodes, mais elle a reçu la primauté de par la parole évangélique du Seigneur et Sauveur disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle [Matthieu XVI, 18], et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi au ciel, et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié aussi au ciel [Matthieu XVI, 19]. A cela s’est ajouté également la compagnie du très bienheureux Apôtre Paul, le vase d’élection : ce n’est pas à un autre moment, comme le disent sottement les hérétiques, mais au même moment, le même jour, par une mort glorieuse avec Pierre, qu’il a été couronné en combattant, dans la ville de Rome, sous l’empereur Néron : et de la même manière ils ont consacré au Christ l’Eglise romaine susdite, et par leur présence et leur triomphe vénérable ils l’ont placée avant toutes les autres villes dans le monde entier. Le premier siège de l’apôtre Pierre est donc l’Eglise romaine qui n’a ni tache, ni ride, ni rien de semblable Ep 5,27. Le deuxième siège cependant fut consacré à Alexandrie au nom du bienheureux Pierre par le disciple et évangéliste Marc… Comme troisième est tenu en honneur le siège du bienheureux apôtre Pierre à Antioche, puisqu’il y a habité avant de venir à Rome, et que là est apparu pour la première fois le nom de  » chrétiens  » pour la race nouvelle voir Ac 11,26). Et bien que personne ne puisse poser d’autre fondement que celui qui a été posé et qui est Jésus Christ (voir 1Co 3,11), l’Eglise sainte, c’est-à-dire l’Eglise romaine, n’interdit pas que pour son édification, outre les Ecritures de l’Ancien et du Nouveau Testament que nous recevons selon la règle, soient reçus également ces autres écrits, à savoir : le saint synode de Nicée… ; (le saint synode de Constantinople… lors duquel l’hérétique Macedonius a reçu la condamnation méritée ) ; le saint synode d’Ephèse… ; le saint synode de Chalcédoine… (Mais également d’autres synodes, s’il en est, qui ont été tenus par les saints pères jusqu’à aujourd’hui et dont nous avons décrété qu’ils doivent être observés et reçus outre l’autorité de ces quatre.) » (Lettre décrétale sur les livres à recevoir ou à ne pas recevoir, aussi nommée Décret de Gélase ou Décret gélasien, III et IV, DS 350, 351 et 352)

Ce document est appelé Décret Gélasien traditionnellement daté de 496, mais dont la date doit peut-être être repoussée jusqu’en 523, année de la mort du Pape saint Hormisdas. Nous ne connaissons pas son auteur. Toutefois, on consultera avec fruits l’étude du Albert DUFOURCQ intitulée Vues nouvelles sur le décret gélasien et sur le pape Damase (Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Année 1909, 53-11, pp. 820-825) en cliquant ici. Ce document anonyme n’a donc sans doute pas l’autorité du Pape saint Gélase, toutefois il doit quand même refléter la doctrine générale de l’époque de sa rédaction. Dans le cas contraire son auteur n’aurait jamais pu songer à l’écrire et encore moins à le mettre sous le nom de Gélase. Et quand même l’aurait-il fait, jamais il n’aurait obtenu aussi vite une autorité aussi grande, surtout en lui reconnaissant une origine papale.

Saint Ennode de Pavie (473/474-521)

En 513, saint Ennode écrivit un Libelle apologétique pour le IVè Concile de Rome, dans lequel il écrivait :

« Dieu a peut-être voulu terminer la cause d’autres hommes par l’intermédiaire d’hommes ; mais le prélat de ce Siège, il l’a réservé, sans conteste, à son propre jugement. Il a voulu que les successeurs du bienheureux apôtre Pierre ne doivent leur innocence qu’au Ciel, et qu’ils manifestent une conscience pure à l’inquisition du juge le plus sévère. Répondrez-vous que telle sera la condition de toutes les âmes lors de cet examen ? Je rétorque que l’on a dit à l’un seul d’entre eux : « tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » [Matthieu XVI, 1819]. Et encore, que par la voix des Saints Pontifes, la dignité de son Siège a été rendue vénérable dans le monde entier, puisque tous les fidèles lui sont partout soumis, et qu’il est marqué comme la tête de tout le Corps. » (Libellus adversus cos qui contra synodum scribere praesumpserunt ; MANSI VIII, 284 ; 513)

Appel des évêques orientaux au Pape saint Symmaque (vers 450-514)

Le schisme d’Acace et de ses successeurs, partagé par les autres patriarches, affermi par l’installation d’évêques eutychiens sur les principaux sièges et imposé violemment par des empereurs hérétiques, contristait profondément les catholiques orientaux. Si Acace, soutenu par Zénon, n’affectait que mépris et indifférence pour l’excommunication qui pesait sur lui, l’ensemble de l’Orient en jugeait tout autrement. On gémissait de se voir dans l’alternative d’être persécuté ou de communiquer avec des excommuniés. Dans l’espoir de mettre fin à cette pénible situation, les évêques d’Orient s’adressèrent au Pape dans une lettre intitulée : L’Eglise orientale à Symmaque, évêque de Rome.

Ils rappelaient au début les paraboles de la brebis et de la drachme perdues, suivies de la sentence du Maître : En vérité je vous le dis, c’est ainsi qu’on se réjouira dans le ciel pour un seul pécheur qui fera pénitence. Puis ils poursuivaient :

« C’est ce que nous disons en osant vous supplier, non pour la perte d’une brebis ou d’une drachme, mais pour le salut précieux, non seulement de l’Orient, mais presque des trois parties du monde habitable, racheté non avec un or ou un argent corruptible, mais avec le sang précieux de l’Agneau de Dieu, selon la doctrine du bienheureux Prince des glorieux apôtres, dont le Christ bon Pasteur a confié le siège à Votre Béatitude. A son exemple, Père très saint, hâtez-vous de nous secourir, de même que le bienheureux Paul, votre docteur, averti dans une vision que les Macédoniens étaient en danger, se hâta de les secourir dans la réalité.

Opère plein de tendresse pour vos enfants, puisque ce n’est pas en vision mais en réalité que, des yeux de votre esprit, vous nous voyez périr par la prévarication de notre père Acace, ne tardez pas, ou plutôt, pour parler avec le prophète, ne sommeillez pas, mais hâtez-vous de nous secourir. Vous n’avez pas seulement reçu la puissance de lier, mais encore celle de délier à l’exemple du Maître ceux qui sont depuis longtemps dans les fers ; ni celle d’arracher et de détruire, mais aussi celle de planter et d’édifier comme Jérémie ou plutôt comme Jésus-Christ dont Jérémie était la figure ; ni seulement celle de livrer à Satan pour la perte de la chair, mais encore celle de ranimer par la charité ceux qui sont rejetés depuis longtemps, de peur que, ce qu’à Dieu ne plaise, Satan, venant à nous plonger dans une plus grande tristesse, ne paraisse l’emporter sur vous. Vous n’ignorez pas sa malice, vous que Pierre, votre docteur sacré, enseigne tous les jours à paître, non par la violence, mais par une autorité bien acceptée, les brebis du Christ qui vous sont confiées dans tout le monde habitable. Nous vous conjurons donc de déchirer ce nouvel arrêt qui pèse sur nous, comme Jésus-Christ notre Sauveur et notre chef a déchiré l’ancien sur la croix […].

Si Acace a été excommunié à cause de son amitié pour les alexandrins ou plutôt pour les eutychiens, qui anathématisent Léon et le concile de Chalcédoine , pourquoi sommes-nous tenus pour hérétiques et soumis à l’anathème, nous qui nous attachons uniquement à la lettre de Léon qui a été lue au concile, nous qui sommes attaqués chaque jour et condamnés comme hérétiques par les eutychiens parce que nous prêchons votre dogme orthodoxe ?

Ne dédaignez pas de nous secourir et ne nous haïssez pas parce que nous sommes en communion avec nos ennemis. Parmi ceux qui n’avaient le soin que d’un petit nombre d’âmes, beaucoup se sont séparés de leur communion, les autres, préposés à un nombreux troupeau, ont cédé à la nécessité pour ne pas abandonner les brebis au loup comme le mercenaire. Ce n’est pas pour l’amour de la vie mais seulement pour le salut des âmes qu’un grand nombre de prêtres agissent ainsi […].

Tous, et ceux qui paraissent communiquer avec les adversaires et ceux qui s’en abstiennent, nous attendons, après Dieu, la lumière de votre visite et de votre assistance. Hâtez-vous donc de secourir l’Orient, d’où le Sauveur vous a envoyé deux grands soleils pour éclairer toute la terre ; rendez-lui ce qu’il vous a envoyé ; éclairez-le de la lumière de la vraie foi, comme il vous a éclairé de la lumière de la connaissance divine […].

De même que le Seigneur dit à Paul au sujet de Corinthe : Parlez et ne vous taisez pas, car j’ai un grand peuple dans cette ville, ainsi il I vous dit aujourd’hui : Hâtez-vous et allez sans délai au secours de l’Orient, car ce n’est pas une multitude de cent vingt mille hommes, comme à Ninive, mais une foule beaucoup plus nombreuse qui attend après Dieu sa guérison de vous. » (MANSI t. VIII, col. 221-226)

Cet appel chaleureux se termine par une profession de la foi.

Symmaque, dans sa réponse, recommanda aux évêques orientaux le courage dans la souffrance, l’attachement au concile de Chalcédoine sur lequel on ne doit pas revenir, et l’abstention absolue de toute communion avec les amis d’Acace. C’est à ce prix seulement qu’ils pourront se croire en communion certaine avec le Saint-Siège (MANSI, t. VIII, Lettre 8 de Symmaque, col. 218-220).

L’union si désirée ne devait avoir lieu que sept ans plus tard, en 519, sous l’empereur Justin.

Appel des archimandrites et des moines de la seconde Syrie au Pape saint Hormisdas (450-523)

La situation, loin de s’améliorer, devenait chaque année plus intenable, surtout en Syrie. Les acaciens et les eutychiens ne reculaient plus devant la persécution ouverte et le meurtre. Aussi, après les évêques, ce sont maintenant les moines qui envoient une supplique couverte de près de deux cents signatures. Elle est adressée au très saint et bienheureux patriarche de toute la terre Hormisdas, occupant le siège de Pierre, prince des apôtres. La voici en résumé :

« Avertis par la grâce de notre Sauveur de recourir à votre Béatitude comme à un port tranquille dans la tempête, nous croyons déjà être délivrés des maux qui nous pressent […] Comme le Christ notre Dieu vous a constitué le prince des pasteurs, le docteur et médecin des âmes, vous et votre saint ange, il est juste de vous exposer les épreuves qui nous sont arrivées et de vous signaler les loups cruels qui ravagent le troupeau du Christ, afin que Votre Béatitude les chasse du milieu des brebis avec le bâton de l’autorité, qu’elle guérisse les âmes par la parole de la doctrine et calme leurs blessures par le remède de la prière. »

Suivent les noms des loups. Ce sont Pierre et Sévère, évêques d’Antioche, qui anathématisent chaque jour le concile de Chalcédoine, foulent aux pieds les canons, créent des évêques par l’autorité des princes, incendient les monastères, et se montrent si cruels qu’ils ont massacré naguère, en un jour, 350 moines qui se rendaient à la laure de saint Syméon le Stylite :

« Votre béatitude sera instruite de tout par les mémoires que lui remettront nos vénérables frères Jean et Sergius. Nous les avions envoyés à Constantinople, espérant obtenir justice de ces excès ; mais l’empereur ne daigna pas leur dire un mot ; au contraire, il les chassa ignominieusement, en proférant des menaces contre les plaignants. Nous comprîmes alors, quoique un peu tard, qu’il était lui-même l’auteur de tous nos maux.

Nous vous en supplions, nous vous en conjurons, ô bienheureux Père, levez-vous plein de zèle et d’ardeur, compatissez au corps mis en lambeaux, puisque vous êtes la tête de tous ; vengez la foi méprisée, les canons foulés aux pieds, les Pères blasphémés, le saint concile frappé d’anathème. Dieu vous adonné la puissance et l’autorité de lier et de délier. Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecins, mais les malades. Levez-vous donc, Pères Saints, et venez nous sauver, soyez les imitateurs de notre Maître qui du ciel est venu sur la terre pour chercher la brebis errante. Considérez Pierre, prince des apôtres, dont vous ornez le trône, et Paul, ce vase d’élection : ils ont parcouru l’univers pour l’éclairer. De grandes plaies demandent de plus grands remèdes. Les mercenaires, voyant venir les loups sur le troupeau, leur abandonnent les brebis ; quant à vous, vrais pasteurs et vrais docteurs, à qui est confié le salut des brebis, c’est le troupeau lui-même, délivré des bêtes féroces, qui court au-devant de vous, reconnaissant son pasteur et suivant sa voix, comme a dit le Seigneur : Mes brebis entendent ma voix et je les connais et elles me suivent. Ne nous méprisez donc pas, Père très saint, nous qui, chaque jour, sommes blessés par des bêtes féroces.

Pour que les informations de votre saint ange soient complètes, nous anathématisons dans cette supplique qui nous tient lieu de profession de foi tous ceux que votre Saint Siège a rejetés et excommuniés ; nous voulons dire : Nestorius, Eutychès, Dioscore, Pierre Monge, Pierre le Foulon, Acace, et quiconque défend l’un de ces hérétiques. » (MANSI ; t. VIII, col. 425)

Dans sa réponse, le pape Hormisdas encourage les moines à souffrir avec patience et persévérance, et à demeurer fermement attachés au concile de Chalcédoine (MANSI ; t. VIII, col. 1023). C’est tout ce qu’il pouvait faire alors, car, depuis l’appel des évêques, c’est en vain qu’il avait multiplié les lettres aux patriarches et à l’empereur Anastase. Fort heureusement, ce dernier mourut au mois de juillet suivant (518).

Pour donner une idée complète de l’état de souffrance auquel le schisme et l’hérésie avaient réduit l’Orient, il n’est peut-être pas hors de propos de joindre aux protestations des évêques et des moines celles du peuple lui-même. Il ne les envoya pas à Rome, il n’avait pas mission pour cela ; mais, dès qu’il fut débarrassé de la tyrannie d’Anastase, il les fit entendre en pleine église et exigea hautement la cessation du schisme.

« Le dimanche 15 juillet, à l’εϊαοδος de la messe, au moment où le patriarche œcuménique Jean se trouvait avec le clergé devant l’ambon, on entendit du milieu du peuple des voix qui criaient : Longues années au patriarche ! Longues années à l’empereur ! Longues années à l’impératrice ! Pourquoi restons-nous sans communion ? Pourquoi depuis tant d’années n’avons-nous pas communié ? Nous voulons communier de votre main ! Persuadez votre peuple ! Depuis plusieurs années nous voulons communier ! Que craignez-vous ? Vous êtes orthodoxe ! Digne de la Trinité ! Chassez Sévère le manichéen ! Celui qui ne parle pas est manichéen ! La foi orthodoxe triomphe ! Proclamez le concile de Chalcédoine ! Qui craignez-vous ? L’empereur est orthodoxe ! La foi de l’empereur est victorieuse ! Longues années au nouveau Constantin ! Longues années à la nouvelle Hélène ! Ou sortez ou proclamez le concile de Chalcédoine »

Le titre de patriarche œcuménique accompagne toujours le nom de Jean dans les pièces relatives au concile de Constantinople sous le patriarche Mennas. Ce même titre est donné quelquefois aussi à Mennas lui-même ; celui de père des pères est attribué çà et là, dès l’époque de Théodoret, à n’importe quel patriarche

Ces acclamations se prolongèrent longtemps, pressantes, irrésistibles.

« Prenez patience, mes frères, leur dit enfin le patriarche, jusqu’à ce que nous ayons adoré le saint autel, ensuite je vous ferai réponse. »

Puis il franchit les saintes portes du sanctuaire. Le peuple, cependant, continua avec une telle insistance que Jean dut céder. Mais lorsqu’il eut prononcé les anathèmes réclamés et proclamé le saint concile, les cris redoublèrent et se poursuivirent pendant plusieurs heures. Pour le triomphe de ce concile tant persécuté, on réclamait une fête :

« Proclamez la fête du concile de Chalcédoine ! Nous ne partirons pas que vous ne l’ayez proclamée ! Demain, la fête du saint concile ! Proclamez pour demain la fête des Pères de Chalcédoine ! Nous resterons ici jusqu’au soir ! Par le saint Evangile, nous ne nous retirerons pas ! »

Le patriarche vaincu fit monter à l’ambon le diacre Samuel, qui s’exprima ainsi :

« Nous faisons savoir à votre charité que demain nous célébrerons la mémoire de nos saints Pères, les évêques qui ont été assemblés à Chalcédoine, et qui, avec ceux de Constantinople et d’Ephèse, ont confirmé le symbole de Nicée. Nous nous assemblerons ici. »

Le lendemain, à l’entrée de la messe, quand le patriarche se trouva devant l’ambon, les acclamations recommencèrent :

« Longues années au patriarche ! Victoire à l’empereur Justin ! Victoire à l’impératrice Euphémie ! Rendez à l’Eglise ceux qui ont été exilés pour la foi ! […] Rendez Euphémius et Macédonius à l’Eglise ! Envoyez à Rome les lettres synodiques ! » (MANSI, t. VIII, col. 1057-1066)

Dès le commencement du mois suivant, des lettres furent expédiées à Rome par l’empereur et le patriarche, et le jour de Pâques, 31 mars 519, la communion fut solennellement rétablie entre l’Eglise romaine et l’Eglise grecque.

Saint Hormisdas Ier (450-523)

Image illustrative de l’article Hormisdas

Dans la lettre d’instruction que le Pape saint Hormisdas remit aux légats qu’il envoyait à l’empereur byzantin Anastase, le Pape indique :

« [Vous direz à l’empereur] Les lettres du Pape Symmaque ne font que répéter la formule : Je suis les décrets de Chalcédoine ; j’admets la doctrine du Pape Léon ; ces lettres ne contiennent rien d’autre sinon l’exhortation à les observer. […]

Si [l’empereur] vous demande de quelle manière il conviendrait de rétablir l’ordre, répondez-lui en toute humilité : Votre Père [le Pape] a écrit une encyclique adressée à tous les évêques en général. Joignez-y vos lettres sacrées déclarant que vous souscrivez à l’enseignement du Siège Apostolique. Alors on reconnaîtra les orthodoxes, ceux qui n’ont jamais été séparés de l’unité du Siège Apostolique, et ceux qui leur sont contraire […]

Si l’on vous présente des requêtes contre des évêques catholiques, principalement contre ceux qui osent anathématiser  le concile de Chalcédoine et rejeter les lettres du Pape saint Léon, recevez ces requêtes, mais réservez la cause au jugement du Siège Apostolique, afin qu’ils aient l’espérance d’être entendus, et que vous nous réserviez l’autorité qui nous est due. » (Lettre IV à l’empereur Anastase, 8 juillet 515, PL 63, colonnes 376 à 378)

Ce Pape envoya à la cour impériale de Constantinople – qui l’avait sollicité pour mettre fin aux schismes qui déchiraient l’Orient – le 11 août 515, un document intitulé Libellus Fidei, ou encore Regula Fidei, ce qui peut se traduire par Programme de la foi, Opuscule de la foi, Règle de la foi ou encore Profession de foi, mais plus connu sous le nom de Formulaire d’Hormisdas. Tous les évêques d’Orient devaient y souscrire, et y souscrivirent, preuve qu’ils adhéraient à son contenu. Une des vérités impératives exprimées dans ce texte était que l’orthodoxie s’est toujours maintenue à Rome. D’après des rapports, 2500 Evêques ont souscrit à ce formulaire. En voici le texte :

« La condition première du salut est de garder la règle de la foi juste et de ne s’écarter d’aucune façon des décrets des pères. Et parce qu’il n’est pas possible de négliger la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui dit :  « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » [Matthieu XVI ,18], ce qui a été dit est prouvé par les faits ; car la religion catholique a toujours été gardée sans tache auprès du Siège apostolique [autre version du texte : c’est seulement dans la chaire de Rome que les faits postérieurs ont correspondu à la parole du Christ]. Ne voulant donc nous séparer d’aucune façon de cette espérance et de cette foi, et suivant en toutes choses ce qu’ont décrété les pères, nous anathématisons tous les hérétiques, et principalement l’hérétique Nestorius qui fut jadis évêque de la ville de Constantinople, condamné au concile d’Ephèse par Célestin, le pape de la ville de Rome, et par saint (l’homme vénérable) Cyrille, l’évêque de la ville d’Alexandrie ; avec celui-ci (de même) nous anathématisons Eutychès et Dioscore d’Alexandrie, condamnés au saint synode de Chalcédoine que nous suivons et embrassons (qui, suivant le saint concile de Nicée, a proclamé la foi apostolique). Nous y ajoutons (nous exécrons également) le criminel Timothée, surnommé Aelure, ainsi que son disciple et partisan en toutes choses Pierre d’Alexandrie ; et de même nous condamnons (également) et nous anathématisons Acace, jadis évêque de Constantinople, condamné par le Siège apostolique, leur complice et partisan, et ceux qui sont restés en communion avec eux ; car (Acace), s’étant joint à leur communion, a mérité la même sentence de condamnation. De même nous condamnons Pierre d’Antioche avec tous ceux qui l’ont suivi et les partisans de ceux qui ont été mentionnés plus haut. (Mais) c’est pourquoi nous recevons et approuvons toutes les lettres du bienheureux pape Léon, qu’il a écrites touchant la religion chrétienne. Comme nous le disions plus haut, suivant en toutes choses le Siège apostolique et prêchant tout ce qu’il a décrété, j’espère (donc) mériter de rentrer dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et vraie (et parfaite) la solidité de la religion chrétienne. Nous promettons (je promets) aussi que (à l’avenir) les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l’Eglise catholique, c’est-à-dire qui ne sont pas en accord avec le Siège apostolique, ne seront pas lus durant les saints mystères. (Mais si je tentais de dévier en quoi que ce soit de ma profession de foi, je confesse que, selon mon propre jugement, je serais un complice de ceux que j’ai condamnés.) Cette profession de foi je l’ai souscrite de ma propre main, et je l’ai transmise (envoyée) à toi, Hormisdas, le saint et vénérable pape de la ville de Rome. » (Règle de la Foi, dans Lettre IX à Jean Evêque de Népomucène, 11 août 515 ; PL 63, colonnes 393 et 394 et MANSI tome VIII, colonnes 407-408)

Enfin, le Pape saint Hormisdas nous donne une exemple de l’identification formelle entre « l’Eglise Romaine » au sens de l’Eglise locale de Rome avec l’Eglise « catholique », c’est-à-dire universelle, signifiant que cette seconde est en tout soumise à l’Evêque de cette première comme à son chef unique et universel. En effet, il écrit :

« Ce que l’Eglise Romaine, c’est-à-dire catholique […] » (Lettre 70 Sicut rationi, à l’évêque africain Possessor, 13 août 520, Chapitre 5, PL 63, colonne 493)

Appel des moines scythes et des acémètes au Pape saint Hormisdas (450-523)

Lire ce qu’en écrit Mgr Justin FÈVRE, in : Histoire apologétique de la Papauté, tome 3, pages 298 à 307

Au commencement du règne de Justinien, une vive discussion s’engagea à Constantinople entre les moines de Scythie, secrètement attachés aux erreurs d’Eutychès, et le diacre Victor, partisan du concile de Chalcédoine, sur cette question : Faut-il, pour être dans la note catholique, ajouter au concile de Chalcédoine : un de la Trinité, le Christ, a été crucifié ? Les moines affirmaient et Victor niait Les légats du Saint-Siège, à qui le différend fut soumis, prononcèrent qu’il suffisait pour être catholique de professer le concile de Chalcédoine sans addition. Des légats, les moines blessés en appelèrent au pape Hormisdas, accusant leurs adversaires de nestorianisme. A Rome, le débat prit vite une fâcheuse tournure pour les moines. Quand ils virent leur condamnation imminente, ils fomentèrent des troubles dans la Ville Eternelle et s’enfuirent sans attendre leur sentence. Hormisdas les excommunia et pria Justinien de les chasser de Constantinople (MANSI, t. VIII, col. 479-487 et 498).

De cette sentence du Saint-Siège, les nestoriens et les moines acémètes qui furent momentanément leurs partisans tirèrent ce raisonnement : Si l’un de la Trinité n’a pas souffert dans la chair, nul de la Trinité n’est né dans la chair, et Marie n’est pas mère de Dieu. Et le Christ n’est pas un de la Trinité, ajoutaient les origénistes. L’empereur, le patriarche et les évêques catholiques soutenaient, au contraire, qu’on ne peut nier la maternité divine, mais qu’il est bien permis de dire que l’un de la Trinité a souffert dans la chair.

Poussés à bout par Justinien, les acémètes envoyèrent quelques-uns des leurs à Rome prier Jean II de ne pas tolérer une proposition que son prédécesseur Hormisdas avait condamnée. De son côté, Justinien envoya les évêques Hypace et Démétrius porter ses lettres et sa profession de foi :

« En rendant nos devoirs au Siège apostolique et à Votre Sainteté,  suivant le désir que nous avons toujours eu et que nous avons encore de vous honorer comme notre père, nous donnons en même temps avis à votre Sainteté de l’état où se trouvent les Eglises de notre empire. Et parce que notre grande attention a toujours été de les conserver dans l’unité avec votre Siège apostolique, rien n’en trouble à présent la tranquillité et la paix, Pour la maintenir, nous avons eu soin que tous les évêques d’Orient se tinssent dans la soumission qui est due à Votre Sainteté. Et quoique à présent on sache partout que rien n’affaiblit l’union des Eglises, et que tous les évêques sont fermement attachés à la doctrine du Saint-Siège, nous avons cependant cru devoir vous en informer. Car, quelque connus et publiés que soient les mouvements qui pourraient se faire dans l’état des églises, nous croyons être obligés de vous en avertir, vous qui êtes le chef de toutes les saintes Eglises. » (MANSI, t. VIII, col. 795)

Il expose ensuite l’erreur des acémètes et proteste que, pour sa part, il se range avec les évêques catholiques en communion avec le Saint-Siège.

Jean II s’empressa de réunir un concile (534), où les acémètes obstinés furent excommuniés jusqu’à résipiscence et la profession de foi de Justinien approuvée (MANSI, t. VIII, col. 815). Si l’expression « un de la Trinité a souffert dans la chair », dirent les Pères, a été rejetée par Hormisdas, c’est à cause de sa nouveauté et de la signification hérétique que lui affectaient les eutychiens, ses auteurs. Ils s’en servaient en outre pour arguer d’insuffisance le concile de Chalcédoine. En dehors de ces circonstances, elle pouvait être acceptée (MANSI, t. VIII, col. 795-800 et 803-807).

Saint Fulgence de Ruspe (vers 465-vers 530)

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/08/Fulgentius_von_Ruspe_17Jh.jpg/260px-Fulgentius_von_Ruspe_17Jh.jpg

« Ce que l’Église romaine tient et enseigne, l’univers chrétien tout entier le croit sans hésitation avec elle » (De incarnatione et gracia Christi, chapitre 11, CPL 822)

Appel de Marien, exarque des moines de Constantinople, et des archimandrites orientaux au Pape saint Agapet (mort en 536)

A la mort du patriarche Epiphane, Anthime, évêque de Trébizonde, partisan secret de l’hérésie monophysite et protégé de Théodora, réussit à surprendre la bonne foi de Justinien et à s’asseoir sur la chaire de Constantinople. Les hérétiques relevèrent aussitôt la tête dans tout l’Orient, tandis que leurs coryphées, Sévère d’Antioche, Pierre d’Apamée et le moine Zoaras se montraient à Constantinople avec l’espoir de faire triompher leur parti à force d’intrigues.

Les archimandrites s’aperçurent bien vite du danger que courait la foi ; ils écrivirent au Pape et le prièrent d’intervenir. Cette première lettre de Marien et des moines ne nous est connue que par une seconde présentée à saint Agapet dans la ville impériale même.

« Nous avons déjà envoyé à Rome pour cette affaire, et le très pieux empereur a promis de veiller à ce que la sentence canonique que prononcera votre piété soit mise en exécution. » (MANSI, t. VIII, col. 906)

Justinien, cependant, ne montra pas tout d’abord un grand empressement à seconder les vues du Pape. Quand Agapet, arrivé à Constantinople comme ambassadeur du roi ostrogoth Théodat, refusa de communiquer avec Anthime, l’empereur, qui croyait à l’orthodoxie de ce dernier, en fut irrité et proféra même des menaces. Mais le Pape fit venir Anthime, le convainquit publiquement de monophysitisme, le déposa et ordonna à sa place Mennas. On laissa seulement à l’hérétique l’espoir de reprendre son évêché de Trébizonde, s’il se convertissait sincèrement.

Cette conversion ne se réalisa pas. Au contraire, par les nouvelles intrigues dont il se rendit coupable avec ses amis, il provoqua d’autres requêtes adressées au Pape contre lui. Les évêques orientaux comme les moines, cette fois, réclamaient son excommunication et son exil. Un concile fut résolu (536). Mais comme saint Agapet mourut avant son ouverture, ce fut Mennas, assisté des légats, qui le présida. Les hérétiques excommuniés furent exilés par Justinien (MANSI, t. VIII, col. 896-920).

Saint Césaire d’Arles (vers 470-542)

Césaire d'Arles — Wikipédia« De même que l’épiscopat tire son origine de la personne du bienheureux Pierre, de même aussi est-il nécessaire que Votre Sainteté recoure à des prescriptions convenables, pour indiquer clairement à chaque église ce qu’elle doit observer. » (Exemplaire du livre offert par saint Césaire au pape Symmaque, PL, 62/53)

Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

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« Nous décrétons, conformément à l’enseignement des conciles, que le Pape de Rome est le premier de tous les évêques. » (Novelles, 131, Chapitre 2)

Des anti-romains pourraient être tentés de dire que cette déclaration prouve que la primauté romaine découle du droit ecclésiastique tel qu’énoncé par les conciles, et non du droit divin. Mais c’est inconsistant. Premièrement tout ce qui vient d’être rapporté de l’enseignement des Pères prouve le contraire. Deuxièmement ce que nous avons rapporté des conciles eux-mêmes, spécialement ceux d’Ephèse (431) et de Chalcédoine (451) de même, ce n’est donc pas ce que les anti-romains affirment pensent qui a pu guider Justinien. Troisièmement la Profession de foi de Justinien, approuvée par le Pape Jean II témoigne de la doctrine de la Papauté, spécialement lorsqu’il appelle à répétition le siège de Rome « siège apostolique », prouve définitivement le contraire. Voyons cela immédiatement :

La Profession de foi de l’Empereur Justinien Ier (vers 482-565) et son approbation par le Pape Jean II (470-533)

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L’Empereur Justinien envoya une Profession de foi au Pape Jean II. Celui-ci lui répondit dans une lettre qu’il l’approuvait entièrement. Ces deux documents témoignent abondamment de la foi de l’Eglise universelle en la Papauté. Dans le Code Justinien (Livre I, titre premier, point n°8), la Profession de foi de l’Empereur qui est antérieure à l’approbation du Pape, ne se trouve qu’au travers de la réponse du Pape Jean II qui l’approuve. En effet, Jean II commence par une introduction et une approbation de cette Profession de foi, puis la cite dans son intégralité, et reprend parole pour conclure. En revanche dans la Patrologie latine, la Profession de foi de l’Empereur est entièrement extraite de la lettre de Jean II et placée avant elle, et la reproduction de la lettre du Pape renvoie au texte précédent à l’endroit où Jean II citait l’Empereur. Aussi bien l’introduction, que la Profession de foi copiée, que la conclusion, témoignent de la Papauté. En voici les textes concernant cette doctrine :

Introduction de la lettre du Pape Jean II (470-533)

« Jean, Évêque de Rome, à notre très-illustre et très-clément fils Auguste Justinien.

Outre les éloges mérités qu’on peut donner à votre sagesse et à votre douceur, le plus chrétien des princes, vous êtes distingué encore comme un astre radieux, par l’amour de la foi et de la charité ; et instruit, sur ce qui concerne la discipline ecclésiastique, vous avez conservé la doctrine de la prééminence du siège de Rome ; vous lui avez soumis toutes choses, et vous avez ramené l’unité dans l’Eglise. Le Seigneur a dit au premier de nos prédécesseurs, qui est aussi le premier des apôtres : « Gardez mes brebis » [Jean XXI, 15-17] ; siège que les institutions dès princes, les maximes des pères, et le témoignage de votre piété , déclarent le chef de toutes les églises. […] Nous avons reçu avec le respect accoutumé les lettres de votre majesté, par nos frères et collègues, les très-saints évêques Hipatius et Démétrius ; nous avons appris d’eux que vous avez publié un édit adressé à vos fidèles peuples, dicté par l’amour de la foi, et tendant à détruire les hérétiques ; lequel est selon la doctrine apostolique, et a été confirmé par nos collègues et nos frères les évêques ; nous le confirmons de notre autorité, parce qu’il est conforme à la doctrine apostolique. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 17-18Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Puis prend place la Profession de foi de l’Empereur.

Profession de foi de l’Empereur Justinien Ier (vers 482-565)

« Justinien, victorieux, pieux, heureux, illustre, triomphant, toujours auguste ; à Jean, Patriarche et très-saint Archevêque de la ville de Rome.

Honorant le siège apostolique et votre sainteté, pour laquelle nous n’avons jamais cessé de faire des vœux, que nous regardons comme notre père, nous nous sommes hâtés de lui donner connaissance de toutes les affaires qui concernent l’état ecclésiastique. Comme nous nous sommes toujours efforcés de maintenir l’unité de votre siège apostolique, et de maintenir les saintes églises de Dieu dans l’état où elles sont aujourd’hui, c’est-à-dire , dans la paix , et exemptes de toutes contrariétés , nous avons engagé tous les prêtres de l’Orient à s’unir et se soumettre à votre sainteté : mais à présent que de nouveaux doutes se sont élevés, quoique sur des choses claires et certaines, et conformes à la doctrine de votre siège apostolique, fermement gardée et professée par tous les prêtres, nous avons cependant cru nécessaire d’en instruire votre sainteté ; car nous ne souffrons pas que les affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses, soient agitées sans que votre sainteté en soit instruite, elle qui est le chef de l’église, car nous nous efforcerons toujours, comme nous avons dit, d’accroître l’honneur et l’autorité de votre siège. […]

§. 2. Tous les prêtres de la sainte église catholique et apostolique et les révérends abbés des saints monastères avant reconnu votre sainteté, approuvant l’état et l’unité des saintes églises qui dérivent de votre siège apostolique […]

§. 3. Nous admettons, ainsi que votre siège apostolique l’enseigne et prêche, quatre saints conciles; 1°. celui des 318 saints pères qui s’assemblèrent dans la ville de Nicée ; 2°. celui tenu dans cette ville par les saints pères, au nombre de 150 ; 3°. celui tenu à Ephèse ; 4°. et enfin , celui de Chalcédoine. Tous les prêtres qui suivent la doctrine de votre siège apostolique croient, confessent et prêchent ces choses. […]

§. 5. Nous demandons donc votre affection paternelle, afin que vous nous fassiez connaître par vos lettres, ainsi qu’aux évêques de cette ville et au patriarche votre frère (qui a écrit lui-même à votre sainteté, par les mêmes députés, qu’il suivait en toutes choses le siège apostolique de votre béatitude), que votre sainteté approuve tous ceux qui croient à ce que nous avons exposé ci-dessus, et qu’elle condamne la perfidie de ceux qui ont osé judaïquement nier la foi légitime. Ainsi l’autorité de votre siège et l’amour de tous pour vous augmenteront ; l’unité et la tranquillité des saintes églises seront assurées, quand les évêques apprendront des députés qui vous ont été envoyés, quelle est la vraie doctrine de votre sainteté. Nous demandons de votre sainteté qu’elle prie Dieu pour nous, et qu’elle nous obtienne sa bienveillance.

La souscription était ainsi : Que la divinité, ô saint et très-religieux père, vous donne une longue vie ! » (Lettre de l’empereur Justinien au Pape Jean II ; PL, tome 66, colonnes 14-17 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Aussi Justinien n’osait rien décider sans en référer au Pape, pas même au sujet de « choses claires et certaines » ou d’ « affaires qui naissent au sujet de la religion, quoique simples et non douteuses« , et ce alors même qu’il avait le Patriarche de Constantinople à sa proximité immédiate. C’est une manifestation de la foi orientale en la Papauté.

Conclusion de la réponse de Jean II

« Les seuls qui soient opposés à votre profession de foi sont ceux dont l’Ecriture dit : « Ils ont mis leur espérance dans le mensonge, et ils ont espéré dans le mensonge » [citation libre de Isaïe XXVIII, 15-17] ; ou ceux qui, d’après le prophète, ont dit au Seigneur : « Eloigne-toi de nous, nous ne voulons pas suivre tes voies » [Job XXI, 14] ; ceux dont parle Salomon : « Ils ont erré dans leurs propres voies y et ils amassent avec leurs mains des choses infructueuses » [Proverbes IV]. C’est donc là votre vraie foi et votre vraie religion, que tous les pères, d’heureuse mémoire, comme nous avons dit, ainsi que tous les chefs de l’Eglise romaine, que nous suivons en toutes choses, ont décidé ; ce que le Siège apostolique a jusqu’à présent prêché et gardé fermement ; et s’il existe quelqu’un qui soit opposé à cette confession et à cette Foi du chrétien, il les jugera lui-même hors de la sainte communion et de l’Eglise catholique. […] Observant ce que S. Pierre a établi à ce sujet, nous ne les recevons point dans notre communion, et nous ordonnons qu’ils soient exclus de toute église catholique, à moins que, condamnant leur erreur, ils ne suivent notre doctrine, et déclarent en faire profession ; car il est juste que ceux qui ne s’y soumettent point, soient déclarés exclus des églises. Mais comme l’église ne ferme jamais son sein à ceux qui veulent retourner à elle, c’est pourquoi, s’ils abandonnaient leurs erreurs et leurs mauvaises intentions, je supplie votre clémence, afin que vous les receviez dans votre communion, que vous oubliiez les injures qui ont excité votre indignation, et que, par notre intercession, vous leur pardonniez et leur accordiez votre bienveillance. Nous prions Dieu qu’il daigne vous conserver longtemps dans la vraie religion, l’unité du siège apostolique et le respect que vous avez pour lui, et qu’il vous conserve le commandement, en toutes choses, de l’empire le plus chrétien et le plus pieux. […]

Fait à Rome, le 8 des calendes d’avril, sous le consulat de l’empereur Justinien, consul pour la quatrième fois, et de Paulinus. » (Pape Jean II, Lettre à l’Empereur Justinien ; PL, tome 66, colonnes 19-20 ; Code Justinien, Livre I, titre premier, point n°8)

Saint Pélage Ier (vers 500-561)

Saint Pélage Ier déclara la compétence exclusive en dernier ressort des Papes pour toute question doctrinale, y compris interpréter les conciles généraux :

« S’il s’élève quelque doute sur ce qu’ont prescrit les Conciles universels, ou quelques chose qu’on ne comprend pas, c’est au Siège Apostolique qu’on doit en demander l’explication ; il est nécessaire au salut de se laisser guider par le Siège Apostolique. » (Lettre IV [alias V] au Patrice Narcès, PL 69, colonne 397)

Voici d’autres témoignages :

« Avez-vous pu oublier les prérogatives du Siège Apostolique au point de me croire capable d’autoriser moi-même un schisme dans l’Eglise ? A Dieu ne plaise que la Siège de Pierre, établi pour garder le dépôt de la Foi, se laisse entraîner par le mouvement populaire selon les caprices de l’opinion ! […] Le très bienheureux Augustin d’illustre mémoire, s’appuyant sur les paroles de Notre-Seigneur, place le fondement de l’Eglise dans le Siège Apostolique. Il déclare schismatiques ceux qui repoussent l’autorité ou se séparent de la communion du Pontife Romain. Il ne connaît d’autre Eglise que celle qui a ses racines dans la pierre fondamentale. Comment donc pouvez-vous croire que vous n’être pas séparés de la communion d’avec le monde entier sans faire mémoire de mon nom dans la célébration des Saints Mystères, alors que quoiqu’indigne, c’est en mon humble personne que s’est transmise l’hérédité du Siège Apostolique par la succession de l’épiscopat et que se concentre à l’heure actuelle son immutabilité.

Cessez donc, vous et les fidèles confiés à votre direction, de soupçonner la foi que je professe. […] S’il vous reste sur ce point quelques difficultés à éclaircir, venez sans crainte me les exposer ; car, suivant la parole de l’Apôtre, nous sommes toujours prêt à rendre compte de notre Foi [I Pierre III, 16]. » (Lettre V [alias VI] aux Evêques de Tuscie ; PL 69, colonnes 397 à 399)

 

« S’agissant des quatre saints conciles, c’est-à-dire celui de Nicée des trois cent dix-huit (pères), celui de Constantinople des cent cinquante, le premier d’Ephèse des deux cents, mais aussi (au sujet de) celui de Chalcédoine des six cent trente, je professe avoir conduit mes pensées sous la protection de la miséricorde divine et de faire ainsi jusqu’à la fin de ma vie, de tout coeur et de toute ma force, en sorte de les préserver avec une pleine dévotion dans la défense de la sainte foi et les condamnations des hérésies et des hérétiques, puisque ces pensées ont été confirmées par le Saint-Esprit ; je professe que leur solidité, parce qu’elle est la solidité de toute l’Eglise, je la protégerai et la défendrai comme il n’est pas douteux que mes prédécesseurs l’ont fait. En cela je désire suivre et imiter surtout celui dont nous savons qu’il fut l’auteur du concile de Chalcédoine (le pape Léon 1er), qui conformément à son nom s’est montré clairement, par son zèle très ardent pour la foi, un membre de ce lion qui a surgi de la tribu de Juda (Apocalypse V, 5). De même je suis donc convaincu de ce que je manifesterai toujours la même révérence pour les synodes susmentionnés, que tous ceux qui ont été absous par ces quatre conciles, je les tiendrai pour orthodoxes, et que jamais dans ma vie […] je n’ôterai quoi que ce soit à l’autorité de leur prédication sainte et vraie.

Mais je suis et je vénère également les canons que le Siège apostolique accepte […] Je professe que je garde également les lettres du pape Célestin de bienheureuse mémoire…et d’Agapet, pour la défense de la foi catholique, pour la solidité des quatre synodes susdits et contre les hérétiques, et tous ceux qu’ils ont condamnés, je les tiens pour condamnés, et tous ceux qu’ils ont reçus, en particulier les vénérables évêques Théodoret et Ibas, je les vénère parmi les orthodoxes. » (Lettre circulaire VI [alias VII] Vas electionis à tout le peuple de Dieu, vers 557, PL 69, colonnes 399 et 400)

Pélage II (520-579)

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« Je suis profondément stupéfait de votre séparation d’avec toute l’Église, et je ne peux pas la tolérer ; car – lorsque le bienheureux Augustin se souvenant des mots de Notre Seigneur qui placent le fondement de l’Église dans les sièges apostoliques, dit que celui qui se sépare lui-même de l’autorité ou de la communion de ceux qui président aux mêmes sièges, et qui ne professe pas publiquement qu’il n’y a pas d’autre Église que celle qui est établie dans les racines pontificales des sièges apostoliques, est en schisme – comment ne pouvez-vous pas estimer vous-mêmes être coupés de la communion de tout le monde, si vous omettez la mention de mon nom dans les mystères sacrés, comme telle est la coutume en celui en qui, bien qu’indigne, vous voyez la fermeté du siège apostolique par la succession de l’épiscopat ? » (Lettre VI (alias ) aux Évêques de Tuscie ; LABBE, tome V, colonnes 794 et 795)

Ce Pape cassa les actes d’un synode tenu par et pour le patriarche de Constantinople. Son successeur saint Grégoire le Grand rapporte :

« Il y a huit ans, lorsque vivait encore notre prédécesseur Pelage, de sainte mémoire, notre confrère et coévêque Jean, prenant occasion d’une autre affaire, assembla un synode dans la ville de Constantinople, et s’efforça de prendre le titre d’universel ; dès que mon prédécesseur en eut connaissance, il envoya des lettres par lesquelles, en vertu de l’autorité de l’apôtre saint Pierre, il cassa les actes de ce synode. » (Lettres, livre V, lettre 43 à Euloge, évêque d’Alexandrie, et à Anastase, évêque d’Antioche)

Des anti-romains veulent écarter ce témoignage en disant qu’à cette occasion saint Grégoire n’a agit qu’en vertu d’un pouvoir d’appel qui lui aurait été confié par le droit ecclésiastique et non pas par droit divin. Mais cette interprétation est rendue impossible par le texte de la lettre elle-même : il y est écrit que Pélage II a agit « en vertu de l’autorité de l’apôtre saint Pierre« .

Au sujet de cette affaire de titre d’ « Evêque universel », lire notre dossier sur le sujet.

Evagre la Scholastique (vers 536-vers 594)

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Cet historien de l’Eglise prit la suite de l’Histoire ecclésiastique de Théodoret de Cyr. Il « reprend l’histoire là où il l’avait laissé », à savoir en 431, lors du concile d’Ephèse. C’est ainsi que dès le début de son ouvrage, il rapporte la condamnation de Nestorius en mentionnant celle-ci comme s’étant faite, entre autres, en conformité avec « la lettre de Célestin Évêque de Rome, notre très saint Père » :

« Et après avoir reconnu tant par ses lettres, et par ses autres ouvrages qui ont été lus ; par les discours qu’il a tenus dans cette ville Métropolitaine, que par la déposition de plusieurs témoins, qu’il croit, et qu’il enseigne des erreurs, et après avoir versé des larmes en abondance, nous avons été contraints par l’autorité des Canons, et par la lettre de Célestin Évêque de Rome, notre très saint Père, et Collègue, de rendre la triste et fâcheuse Sentence qui suit. Jésus-Christ notre Seigneur, que Nestorius a offensé par ses blasphèmes, l’a déclaré par ce saint Concile, privé de la dignité Épiscopale, et exclus de toutes les assemblées des Ministres de l’Église. » (Histoire ecclésiastique, I, 4)

Le même Evagre rapporte que 20 ans plus tard au Concile de Chalcédoine (451), les Pères conciliaires condamnèrent Dioscore d’Alexandrie car il avait réunis sans autorisation de Rome le conciliabule d’Ephèse (449) :

« II doit rendre compte de son jugement, lui qui a osé célébrer un synode sans l’autorisation du Siège apostolique, ce qui n’a jamais été permis. » (Evagre le Scholastique, Histoire ecclésiastique, II, 18 ; P. G., t. LXXXVI, volume 2, col. 2548 ; LABBE., t. IV, 95)

Saint Venance Fortunat (vers 530-vers 609)

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Saint Venance Fortunat (vers 530-vers 609) né en Italie, d’abord poète avant de devenir évêque de Poitiers, est l’auteur de nombreuses hymnes,  dont le Vexilla Regis et le Pange lingua. Il nous a laissé un recueil de copies d’épitaphes des cimetières romains. Ce recueil fut fut conservé, et sans doute plusieurs fois recopié, à l’abbaye  royale de Saint-Pierre de Corbie, fondée entre 657 et 661 à côté  d’Amiens. Ce monastère possédait l’une des bibliothèques les plus considérables de l’époque. Mille ans plus tard, en 1636, les plus précieux  des manuscrits de l’abbaye de Corbie – datés des IXe, Xe et XIe siècles –  furent transférés à Saint-Germain-des-Prés à Paris, maison mère de la congrégation de Saint-Maur. A la Révolution, l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés fut vendue comme bien national et sa bibliothèque fut  en grande partie détruite et dispersée. Un diplomate Russe, DOBOWSKI, s’empara en 1791 de plusieurs centaines de manuscrits qu’il emporta à Saint-Pétersbourg. C’est là que le recueil de saint Venance Fortunat fut  découvert dans les années 1870 par des chercheurs protestants qui eurent  le bon sens de le transmettre à Rome au Commandeur Jean-Baptiste de ROSSI, épigraphiste et archéologue italien, fondateur de l’archéologie chrétienne, découvreur de la Catacombe de Saint-Calixte (1849), ce qui inspira au Pape Pie IX la fondation de la Commission pontificale pour l’archéologie sacrée, et du Codex Amiatinus (1888), ayant eu des responsabilité dans plusieurs Commissions, Académies et Musées archéologiques.

Une de ces épigraphes est un bea témoignage de la foi de saint Venance Fortunat, et des rédacteurs de l’épigraphe antérieurs à lui (au plus tôt au IVè siècle, nous y reviendrons), en la Papauté. Voici les vers de ce poème épigaphique qui peouvent cette foi :

« Combien furent dévoués au Seigneur les parents

Qui engendrèrent un confesseur de telle puissance ! […]

Un maître de la loi divine, un cœur sincère. […]

Et après peu d’années, lévite austère :

Tant qu’enfin vivant en juste bienheureux,

Par le mérite d’une intégrité toujours sans tache,

Tu montas au siège du Christ, si grand, si radieux de splendeur ;

Plein de foi, élu pontife suprême,

Tu siégeais, la conscience pure, en Pape immaculé,

Pour enseigner très saintement la doctrine apostolique,

En maître de la loi céleste, à un peuple irréprochable. »

(Traduction française : Cardinal Jean-Baptiste-François PITRA, OSB, Analecta novissima spicilegii solesmensis altera continuato, Typis Tusculanis 1885, t. 1, p. 22)

Le recueil de saint Venance Fortunat n’était malheureusement pas complet. Le saint poète, ou les copistes postérieurs, ne s’étaient intéressés qu’aux parties versifiées et n’avaient pas recopié celles en prose qui identifiaient la personne dont les vers retraçaient la vie. Le Commandeur Jean-Baptiste de ROSSI entrepris donc le travail d’identification qui l’amenèrent d’abord à conclure qu’il s’agissait d’un recueil d’épitaphes recopiées dans les cimetières ou catacombes de la Via Salaria. Le texte lui-même, malgré les difficultés liées à la forme des lettres, à l’absence de ponctuation et aux possibles altérations des copistes, montrait qu’il s’agissait d’un Pape du IVe siècle. Une étude plus approfondie, dans laquelle il montre aussi que ce Pape fut inscrit dans de nombreux martyrologes par des chrétiens ayant vécu peu de temps après lui, lui fit enfin conclure sans aucun doute possible qu’il s’agissait du Pape saint Libère (Article « Eloge anonyme d’un Pape dans le recueil épigraphique du manuscrit de Pétersbourg », Bulletin d’archéologie chrétienne, Ed Française, 4è Série, 2è année, n°1, 1833, Belley, pp. 5-62 : https://archive.org/details/bulletindarcheo1218unse_0/page/n219/mode/2up). C’est une des très nombreuses preuves que les accusations de chute dans l’arianisme portées contre ce Pape, et malheureusemment crues (de bonne foi, c’est entendu) par de trop nombreux catholiques, sont des mensonges. Nous traitons ce ce sujet dans notre page :

La prétendue chute du Pape Libère dans l’arianisme

Saint Grégoire le Grand (vers 540-604)

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L’un des arguments favoris des ennemis de la Papauté est que saint Grégoire le Grand a refusé les titres de « pape universel » et d’ « évêque universel ». Il s’agit en réalité d’une décision prise par humilité pour ne pas détrôner ses confrères évêques de leurs fonctions. Nous développons cette affaire et démontrons que ce saint Evêque de Rome a bel et bien agit comme un Pape au sens catholique du terme ! Trouver notre étude en cliquant ici.

Saint Colomban de Luxeuil (vers 540-)

Les anti-romains veulent souvent utiliser des propos de saint Colomban contre la Papauté. Ces prétentions sont réfutées dans les ouvrages suivants : Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise contre les erreurs historiques, troisième édition, Lyon 1864, tome II, Chapitre 10, pages 133 à 146 et Chapitre 12, pages 249 à 267. L’argument des anti-romains est que saint Colomban a critiqué le Pape Vigile dans l’affaire des Trois-Chapitres dans sa lettre au Pape Boniface IV. Et c’est effectivement ce qu’il fit pour lui reprocher un simple manque de vigilance, ce qui n’est nullement contraire à la Papauté car dans le même document comme nous le verrons il proclama aussi l’infaillibilité romaine, de la même manière que quelques décennies plus tard le IIIè Concile de Constantinople et le Pape saint Léon II, qui déclarèrent les Papes infaillibles, en même temps qu’ils critiquaient sévèrement pour sa négligence dans l’affirmation de la foi. Nous démontrons cela dans notre article L’Infaillibilité du Pape proclamée en 681 ?. Par ailleurs les accusations portées par les anti-romains à l’endroit de Vigile sont réfutées par les livres disponibles dans nos articles Réponses aux objections historiques contre la primauté et l’infaillibilité du Pape (1) et Histoire apologétique la Papauté. Nous y renvoyons nos lecteurs qui voudraient plus de précisions à ce sujet. Nous nous limiterons ici à citer ses déclarations de soumission à la Papauté.

Il y a d’abord une lettre adressée au Pape saint Boniface IV dans laquelle il énonce les prérogatives divines du Siège de Pierre :

« Au très beau chef de toutes les églises de l’Europe toute entière, au Pape très doux, au maître très haut, au pasteur des pasteurs, au révérendissime Veilleur, le plus bas [Colomban se désigne ici] au plus élevé, au plus grand ; le rustique au citadin ; le balbutieur à l’éloquent orateur ; le dernier au premier ; l’étranger à l’indigène ; le petit pauvre au tout-puissant, chose merveilleuse à dire, chose inouïe, un oiseau rare, Colombe, à l’audace d’écrire au Père Boniface ! […] Veillez donc à la paix de l’Eglise, défendez vos brebis terrorisées par les loups. […] Veille donc, je t’en prie, ô Pape, veille ! […] Ta vigilance en sauvera beaucoup, par contre ton indifférence causera la perte d’un grand nombre. […] Pardonnez-moi si quelques unes de mes paroles ont offensé les oreilles pieuses ; la liberté qui distingue ma nation me donne, pour ainsi dire, en partie cette hardiesse. Chez nous, ce n’est pas la personne, c’est la raison qui prévaut. Nous, comme je l’ai déjà dit, nous sommes attachés à la chaire de saint Pierre ; car, quoique Rome soit grande et renommée, c’est par cette chaire seulement qu’elle est illustre en nos contrées. Quoique le nom de l’antique cité, gloire de l’Ausonie, se soit au loin répandu dans le monde, au milieu d’un trop ardent enthousiasme de presque toutes les nations, comme s’il eût été souverainement auguste, vous, c’est depuis que [le Christ] Dieu et Fils de Dieu a daigné devenir homme, c’est depuis lors que vous êtes grands et fameux ; Rome même est devenue plus noble et plus glorieuse. Bien plus, s’il est permis de parler ainsi,… à cause des deux grands apôtres du Christ [Pierre et Paul], vous êtes presque célestes, et Rome est la tête des églises, sauf la singulière prérogative du lieu de la divine résurrection. Par conséquent, de même que la dignité de votre chaire vous entoure d’un grand honneur, de même vous devez indispensablement employer de grands soins pour que jamais quelque perversité ne vous fasse perdre votre dignité ; car le pouvoir restera dans vos mains aussi longtemps que votre raison demeurera droite. » (Lettre IV [V] à saint Boniface IV, n° PL tome 80, colonnes 274, 275, 279 et 280)

Dans sa Lettre I, adressé à saint Grégoire le Grand, saint Colomban commence par lui témoigner sa soumission, puis lui pose des questions sur la situation de l’Eglise qui n’auraient pas de sens s’il ne reconnaissait pas à son destinataire le pouvoir d’agir :

« Au Seigneur saint, au Père qui est à Rome le plus bel ornement de l’Eglise du Christ et comme la fleur auguste de l’Europe languissante, à l’éminent gardien, au maître dans la contemplation de Dieu et de ses anges, moi, vil Colomban, j’adresse mon salut […]

Pourquoi donc, toi qui es si sage, toi dont les lumières éclairent le monde comme autrefois celles de la sainte intelligence, pourquoi célèbres-tu Pâques dans les ténèbres ? Je m’étonne, je l’avoue, que tu n’aies pas extirpé depuis longtemps cette erreur de la Gaule. Ou dois-je penser, mais j’ose à peine y croire, que si tu ne l’as pas fait, c’est que tu l’as approuvée ? […] Sache bien que nos vieux maîtres irlandais, philosophes et éminents calculateurs, ont rejeté l’erreur de Victorius, estimant celui-ci plus digne de risée et de pitié que de créance. Donne-moi donc l’appui de ta sentence, à moi qui suis timide, pèlerin plutôt que savant, et sans retard daigne oublier ta clémence pour mettre fin à cette tempête qui souffle autour de nous. […]. Que penses-tu maintenant des évêques ordonnés contre le droit canonique, c’est à dire pour le bénéfice ? Car, et ceci est assez grave, beaucoup dans notre région sont connus comme tels, Que penser encore d’autres, qui s’étant mal conduits lorsqu’ils étaient diacres, sont ensuite élevés à l’épiscopat ? [Certains] peuvent-ils exercer leur ministère après avoir acheté leur charge, ou après avoir commis l’adultère quand ils étaient diacres […] fautes regardées comme graves par nos maîtres. [Enfin], quelle conduite tenir à l’égard des moines qui d’abord enflammés pour Dieu du désir de la vie parfaite, renient leurs vœux en quittant les lieux de leur première conversion, et qui, malgré leurs abbés et la ferveur des frères qui les entourent, se relâchent ou bien fuient vers les déserts ? » (Lettre I à saint Grégoire le Grand, PL tome 80, colonnes 259 à 264)

Et sa Lettre III, adressé au Pape saint Boniface IV, va dans même sens :

« Il s’agit des rites observés dans notre pays : les livres de notre province ne concordent pas avec ceux des Gaulois […] Nous te demandons de donner aux pauvres pèlerins que nous sommes, la consolation d’une juste sentence, afin que si cela n’est pas contraire à la foi, tu confirmes la tradition de nos anciens, et nous autorise à garder au long de notre pèlerinage, le rite de Pâques tel que nous l’avons reçu de nos ancêtres. Il est certain en effet que nous sommes dans notre patrie du moment que nous n’acceptons aucune des règles des Gaulois, mais comme nous habitions des régions désertiques et que nous ne faisons de mal à personne, nous restons seulement fidèles aux règles de nos anciens. […] Puisque le tumulte a dominé la raison et que nos droits n’ont pas été reconnus, nous sollicitons la décision de votre autorité, afin que par votre jugement nous puissions vivre parmi les justes dans la paix et l’unité de l’Eglise. […] sans donner le scandale de la foi, et mieux encore dans une parfaite charité, en dépit de ce qui [sépare] chacun gardant ce qu’il a reçu, chacun restant dans la voie où il avait été appelé. » (Lettre III à saint Boniface IV, PL tome 80, colonnes 268 à 270)

Saint Isidore de Séville (560 et 570-)

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« Nous savons que nous sommes évêques dans l’Église du Christ, et en cette qualité nous nous confessons plus spécialement obligés que les autres prélats de l’Église à rendre au Pontife romain avec révérence, humilité et dévotion, l’obéissance qui lui est due en toutes choses comme au Vicaire de Dieu. Celui qui lui résiste opiniâtrement, nous le déclarons entièrement exclu de la communion des fidèles, comme un hérétique. Et ceci, nous ne le disons pas de notre propre choix ; mais c’est bien plutôt par l’autorité du Saint-Esprit que nous le tenons et le croyons comme ferme et décisif » (Lettre VI au dux Claude, 2 ; Opp. tom. VI, page 567)

IVè Concile de Tolède (commencé le 5 décembre 633)

Dans sa profession de foi, le Concile déclara :

« L’autorité de nombreux conciles et les décrets synodiques des saints évêques romains attribuent le livre de l’Apocalypse à l’évangéliste Jean, et ont commandé qu’il soit reçu parmi les livres divins. Et parce qu’il en est beaucoup qui ne reçoivent pas son autorité et qui négligent de l’annoncer dans l’Eglise de Dieu, si quelqu’un désormais soit ne le reçoit pas, soit ne l’annonce pas dans l’Eglise durant les messes de Pâques à Pentecôte, il sera excommunié. » (Chapitre XVII ; MANSI, X, 624AB)

Pourquoi formuler ainsi cette déclaration si l’évêque de Rome n’a pas une autorité doctrinale décisive à lui tout-seul ? C’est une confirmation de la foi espagnole du début du VIIè siècle en l’infaillibilité du Pape, comme nous l’avons déjà vu avec saint Isidore de Séville, et comme nous le verrons plus bas avec le VIè concile de Tolède (638), réunissant 53 évêques, et présidé par saint Braulion de Saragosse (mort en 646 ou 651)

Le cas d’Honorius (585-638) : réfutation ou témoignage de l’infaillibilité du Pape ?

Le Pape Honorius envoya des lettres au patriarche Serge de Constantinople dans lesquelles certains croient lire l’hérésie monothélite. Il fut même condamné par le IIIè concile de Constantinople (680-681). L’affaire du Pape Honorius a fait couler beaucoup d’encre. Pour une documentation complète au sujet de ce Pape, nous renvoyons le lecteur aux chapitres afférents des deux livres disponibles dans ce lien, ainsi que dans celui disponible pour celui-ci (le livre du second lien a été écrit après les autres, il les reprend en partie et est beaucoup plus complet). Il s’agit d’une des arguments favoris des adversaires de la Papauté. Mais en réalité, cette affaire fut une des occasions où la foi de l’Eglise du premier millénaire a pû témoigner de la manière la plus prolifique sa foi en l’infaillibilité pontificale !

Pour savoir comment les lettres d’Honorius ne sont nullement hérétiques, nous renvoyons aux livres que nous venons d’indiquer, ainsi qu’à notre article L’Infaillibilité du Pape proclamée en 681 ?, à la section intitulée « Les faits : l’ambigüité volontaire d’Honorius pour garantir la paix dans l’Eglise« .

Dans les 50 ans qui ont séparé les lettres litigieuses du IIIè Concile de Constantinople ayant condamné Honorius. Pendant cette période, les témoignages en faveur non seulement de la rectitude doctrinale d’Honorius, mais encore de l’infaillibilité du Pape en général se multiplièrent ! Nous les avons compilé dans notre article : 

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Tous les témoignages cités dans cet article ne sont pas pertinent pour le sujet présent, car ici il ne s’agit pas de la rectitude du seul Honorius, mais de l’infaillibilité du Pape d’une manière générale. Aussi, voici la liste des témoignages pertinents pour le sujet qui nous intéresse :

VIè concile de Tolède (638) et saint Braulion de Saragosse (mort en 646 ou 651)

Une épitaphe d’Honorius (638)

Saint Martin Ier (vers 600-655) lors du concile du Latran (649)

Saint Sophrone de Jérusalem (vers 550-638) par la voix de son diacre Etienne de Dor, lors du concile du Latran (649)

Serge de Chypre

Saint Maxime le Confesseur (580-662)

Aussi, si Honorius fut effectivement visé par un reproche de la part du IIIè concile de Constantinople, ce fut en raison de la faiblesse de sa réaction, et non en raison d’une supposée hérésie de sa part. En effet, d’une part le concile fit sienne la doctrine de l’infaillibilité des Evêques de Rome exposée dans deux lettres du Pape saint Agathon aux empereurs.

Notons dès ici que lorsque le Pape saint Léon II signifia aux Evêque d’Espagne le blâme du concile pour négligence à l’endroit d’Honorius, il manifesta l’autorité dont il était investi :

« On y condamna les hérétiques Théodore de Pharan, Cyrus d’Alexandrie, les quatre évêques de Constantinople, Sergius, Pyrrhus, Paul et Pierre, avec Honorius, lequel n’a pas éteint à sa naissance, comme il convenait à l’autorité apostolique, la flamme de l’hérésie, mais, en négligeant ce soin, l’a laissée grandir. » (Lettre VI aux Evêques d’Espagne, PL, 96, 414).

Eteindre l’hérésie « convenait à l’autorité apostolique » dont était revêtue Honorius, faisant ainsi témoignage de l’autorité universelle, apostolique et infaillible des Evêques de Rome.

Nous pouvons et devons d’ailleurs souligner à l’attention des Orthodoxes, gallicans, vieux-catholiques et tout ceux qui reconnaissent l’autorité des Conciles sans reconnaître celle des Papes, à accepter la doctrine de la Papauté exprimée dans ces lettres, approuvées par le concile, ainsi que l’intégralité de ce qu’ont enseigné les Papes sur la Papauté elle-même, le Filioque, le célibat sacerdotal et le baptême des hérétiques, puisque ces lettres affirment aussi la perfection de la doctrine de tous les Papes précédents. Et d’autre part le mot « hérétique » pouvait avoir plusieurs sens différents dans l’antiquité chrétienne. Enfin la lettre confirmative du concile envoyée par le Pape saint Léon II à l’empereur confirme que ce n’est pas pour adhésion à l’hérésie qu’un blâme fut porté à son endroit. Nous prouvons tout cela dans notre article :

L’Infaillibilité du Pape proclamée en 681 ?

Intervention dans 3 Conciles africains en 643

« Au seigneur très béni élevé au sommet apostolique, le saint père des pères, le pape Théodore, pontife suprême de tous les évêques – Colomb, primat du concile de Numidie, Étienne, primat du concile de Byzacène, et Reparatus, primat du concile de Mauritanie, et tous les évêques des trois conciles susmentionnés de la province d’Afrique.

Nul ne peut douter qu’il y a dans le Siège apostolique une grande source indéfectible, qui verse de l’eau pour tous les chrétiens, d’où jaillissent des ruisseaux abondants, qui irriguent très abondamment tout le monde chrétien, et à laquelle les décrets des Pères, en l’honneur du très bienheureux Pierre, ont prescrit une révérence particulière dans l’examen des choses divines, qui doivent être examinées avec soin par tous les moyens, surtout et justement par le chef apostolique des évêques, dont le soin a été, dès l’antiquité, de condamner les maux et d’approuver ce qui est digne d’éloge. En effet, selon d’anciennes règles, tout ce qui se fait, [même] dans des provinces éloignées ou lointaines, ne doit pas être traité ou accepté avant d’être porté à la connaissance de votre saint siège, afin que par son autorité toute sentence prononcée soit confirmée, et que de là les autres églises puissent recevoir la prédication originale comme de sa source natale, et que les mystères de la foi salvatrice demeurent dans une pureté intacte à travers les différentes régions du monde. » (Rapporté par le notaire Theophylacte au Pape saint Martin Ier ; MANSI, tome X, colonne 919)

Saint Agathon (577-681) et le IIIè concile de Constantinople (680-681)

Si je vous demande quand fut proclamé le dogme de l’infaillibilité papale, vous me répondrez sans doute : « En 1870 au concile Vatican I ! » Et vous auriez entièrement raison car c’est à cette occasion que l’infaillibilité du Pape qui trouve ses racines dans l’Ecriture Sainte et qui est attesté par toute l’antiquité chrétienne fut solennellement défini comme un dogme. Seulement voilà, un épisode méconnu de l’histoire de l’Eglise nous montre que cette infaillibilité personnelle de l’Evêque de Rome, successeur de saint Pierre, avait déjà été matériellement proclamée des 681 lors du IIIè concile de Constantinople (680-681). Cela se passa en deux temps. Tout d’abord le Pape saint Agathon (574-681) écrivit deux Lettres explicites sur le sujet, puis elles furent approuvées par le concile.

Le déroulé des événements est décrit dans cet article : 

L’Infaillibilité du Pape proclamée en 681 ?

Empereur Constantin IV Pogonat (vers 650-)

Image illustrative de l’article Constantin IV

L’empereur Constantin IV Pogonat se fit le porte-parole du Concile auprès du Pape. Dans les lettres qu’il lui adressa, il témoigna lui aussi de sa foi en l’infaillibilité pontificale, ainsi que de l’adhésion de l’assemblée conciliaire à cette vérité divine. Nous le prouvons dans l’article cité précédemment :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Saint Léon II (611-683)

C’est le Pape saint Léon II qui ratifia les décret du IIIè concile de Constantinople et qui lui donna sa forme de concile général, lui donnant force obligatoire pour l’Eglise universelle. Lui aussi témoigne de la foi de l’Eglise en l’infaillibilité pontificale dans cette lettre, et il donne l’explication du sens de la condamnation d’Honorius. Une nouvelle fois son témoignage se trouve dans notre article :

Les témoins de la rectitude doctrinale du Pape Honorius

Le concile « in Trullo » (691-692)

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Les adversaires de la Papauté opposent le 36è canon du concile « in Trullo », celui-ci disposant :

« Renouvelant la législation des cent cinquante saints pères, qui se sont réunis dans cette ville impériale gardée de Dieu, et des six cent trente qui se sont rassemblés à Chalcédoine, nous décrétons, que le siège de Constantinople jouira des mêmes privilèges que le siège de l’ancienne Rome et obtiendra dans les affaires de l’Eglise la même grandeur que celui-ci, venant second après lui ; le siège de la grande ville d’Alexandrie sera compté ensuite, puis celui de Antioche, et après celui-ci, le siège de la ville de Jérusalem. » (Canon 36)

Ils en déduisent comme pour le concile de Chalcédoine (le concile « in Trullo » ne faisant que le reprendre) que la primauté romaine était considérée dans l’Eglise antique comme de droit ecclésiastique et non de droit divin.

Le vrai sens du 28è canon du concile de Chaclédoine auquel il est fait référence est exposé dans notre article Le 28è canon du concile de Chalcédoine (451).

Notons en plus que lors du concile de Chalcédoine, en 451, l’empire romain d’Occident existait encore, pour ne disparaître qu’en 476. Aussi, malgré le transfert de la capitale impériale à Milan en 286, puis à Ravenne en 402, le Sénat resta toujours à Rome, jusqu’au bout, en 476. De plus, lors du concile in Trullo, Rome avait tout perdu de son ancien prestige, puisque suite à la chute définitive de l’empire romain d’Occident en 476, sous les coups d’Odoacre, ce dernier fit un geste hautement symbolique : il envoya à l’empereur de Constantinople les insignes impériaux de Rome. Le concile de Chalcédoine pouvait donc avoir des réticences à retirer la primauté au siège de Rome si, comme les adversaires de la Papauté le pensent, ils n’auraient considéré le primauté romaine que comme une simple coutume, dépendante de l’autorité politique (ce qui est faux comme le prouve notre article). Mais lors du concile in Trullo, l’empire romain d’Occident avait disparu depuis plus de 200 ans, et l’Italie avait été reconquise par l’empire romain d’Orient suite à la Guerre des Goths (535-553). L’empire d’Orient avait alors organisé sa nouvelle conquête en créant l’Exarchat de Ravenne, dans laquelle se trouvait Rome. Au moment du concile in Trullo, la ville de Rome était donc civilement non seulement subordonnée à Constantinople, mais en plus n’était même pas la capitale de la province dans laquelle elle se trouvait. Pourtant les Evêques du concile in Trullo maintiennent leur revendication d’un second rang pour Constantinople, au lieu de réclamer le premier, ce qui n’aurait aucun sens si la primauté romaine avait été d’origine politique !

Nous informons au passage nos lecteurs que ce concile fut une fraude et qu’il n’a aucune autorité dans l’Eglise de Jésus-Christ, comme nous le prouvons dans notre article :

Le concile « in Trullo » (691-692) est-il valide ?

Nous suggérons par ailleurs notre article intitulé :

Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692) prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ

Saint Grégoire II (669-731)

Saint Grégoire II

Les lettres du Pape saint Grégoire II expliquent mieux et mettent mieux en relief le but et l’importance du mandat qu’il confia d’évangéliser les Germains à saint Boniface de Mayence que ne le font les écrivains de cette époque, mentionnant cette mission « du Siège apostolique » ou « du Pontife apostolique » (Lettre Exigit manifestata, inter Bonif. ep. XII al. 2)

Les termes qu’il emploie sont empreints d’une telle gravité et d’une si haute autorité qu’on en trouve difficilement de plus expressifs :

« Le but que se propose et que Nous a manifesté votre ardent amour du Christ, et votre foi très pure qni s’est révélée à Nous, exigent que Nous Nous servions de vous comme d’un auxiliaire pour répandre la parole divine que la grâce de Dieu Nous a confiée. » (Lettre Exigit manifestata, inter Bonif. ep. XII al. 2)

Puis il loue sa science, son caractère, son projet, et, de par la suprême autorité du Siège apostolique invoquée par Boniface lui-même, il conclut solennellement :

« C’est pourquoi, au nom de l’indivisible Trinité, par l’inébranlable autorité du bienheureux Pierre, prince des apôtres, dont Nous avons reçu le magistère de doctrine et dont Nous occupons la place au Saint-Siège, Nous affirmons la pureté de votre foi et ordonnons que, par la grâce et sous la garde de Dieu…, vous vous hâtiez vers ces peuples qui sont dans l’erreur, pour leur enseigner la vérité et leur faire connaître l’avènement du règne de Dieu et le nom du Christ Notre-Seigneur. » (Lettre Exigit manifestata, inter Bonif. ep. XII al. 2)

Il l’avertit enfin d’avoir à observer dans l’administration des sacrements « la forme rituelle du Siège apostolique », et de recourir au Pontife romain dès qu’il en aurait besoin pour son ministère.

D’après cette lettre solennelle, qui ne comprendrait la bienveillance de ce saint Pontife et son affectueuse vénération envers Boniface, et sa sollicitude paternelle envers les Germains à qui il envoyait ce pieux prédicateur de l’Evangile, qui lui était si cher ? Intéressons-nous justement à saint Boniface de Mayence !

Appel du patriarche Jean VI de Constantinople (mort en 715) au Pape Constantin (708-715) pour conserver son siège

Un jour, un moine monothélite plus ou moins visionnaire dit à Philippicus, fils du patrice Nicéphore, qui venait le voir :

« L’empire est entre vos mains. »

Comme celui-ci se troublait :

« Si c’est Dieu qui l’ordonne, qu’avez-vous à opposer ? Or, je vous le dis, on a fort mal fait de tenir le sixième Concile. Si vous devenez empereur, rejetez-le et vous aurez un règne long et glorieux. » (Théophane le Confesseur, P. G., t. CVIII, col. 772)

Philippicus s’engagea par serment, et, fanatisé par cette prophétie, il réalisa son destin. En 711, il devint empereur, exila le patriarche Cyrus dans le monastère de Chora où il le fit étrangler, et le remplaça par le moine Jean, son prophète. Dès l’année suivante, dans un conciliabule de Constantinople, le sixième Concile œcuménique fut anathématisé et le monothélisme rétabli.

Le règne de Philippicus Bardane, cependant, ne fut ni long ni glorieux. Dès la seconde année, on lui arracha le trône et les yeux. Quant au patriarche Jean, sa situation devint fort critique, car le nouvel empereur était catholique. Toutefois, son parti fut vite pris. En procédant au sacre d’Anastase II, il réhabilita le sixième Concile, et, pour fermer la bouche à tout le monde, il écrivit aussitôt une longue lettre au Pape Constantin. Il y fait son apologie avec beaucoup plus d’habileté que de vérité. S’il a accepté le siège patriarcal, c’est pour l’empêcher de tomber entre des mains hérétiques. Ensuite, il a eu le malheur de céder à la crainte devant la volonté menaçante de Philippicus ; mais il promet, maintenant que le tyran n’est plus, de ne se donner aucun repos avant d’avoir rendu la paix à l’Eglise. Au reste, quoique en termes très embarrassés, il demande pardon et prie le Pape de le confirmer malgré sa faute sur son siège.

« Vous êtes le disciple et le successeur de celui qui a entendu de la bouche du Maître : Simon, voici que Satan a demandé de vous cribler comme du froment, mais moi, j’ai prié pour que votre foi ne défaille point ; quand tu seras converti, affermis tes frères [Luc XXII, 31-32]. Vous devez donc faire avec soin ce qui est de la correction, mais plus volontiers encore ce qui est de la miséricorde ; car le Seigneur engage le chef des apôtres à reconnaître par sa propre expérience quelle est la faiblesse de la chair, afin qu’il comprenne que ceux qui ont succombé peuvent encore être redressés. »

Après sa signature, il ajoute :

« Ο vous qui êtes affermi dans le Seigneur, priez pour moi, très saint et bienheureux père. » (Mansi, t. XII, col. 206)

Nous ne connaissons pas la réponse du pape Constantin. Le repentir de Jean paraissait sincère, il est à croire qu’il obtint le pardon et la confirmation demandés.

Saint Boniface de Mayence (vers 672-754)

Saint Boniface de Mayence

Moine d’origine anglaise, il reçut d’abord le prénom de Wynfrith. D’abord professeur à Nurstling, il partit en 716 évangéliser la Frise. Le Pape saint Grégoire II le sacra évêque et lui donna le nom de Boniface. Il se rendit ensuite en Bavière et en Thuringe. Il organisa l’Eglise germanique et fonda le monastère de Fulda, avec l’appui de Charles Martel. Il tint plusieurs synodes afin de réformer l’Eglise franque et sacra Pépin le Bref. Il mourut en Frise massacré par les païens.

Sa vie et ses écrit manifestent sa foi en la Papauté.

La conscience de sa mission, jointe à son amour pour le Christ, poussait continuellement cet apôtre à l’action ; elle le consolait dans ses afflictions, le relevait dans ses découragements, lui inspirait confiance quand il désespérait de ses forces. On le vit bien dès son arrivée en Frise et en Thuringe, quand, d’après un écrivain de cette époque. Saint Willibald d’Eichstätt (vers 700-787), biographe de saint Boniface écrit :

« selon le mandat du Siège apostolique, il parla de la religion aux sénateurs, aux chefs du peuple, et leur montra le vrai chemin de la connaissance de Dieu et de la foi en lui. » (Vita S. Bonifacii. c. VI. 16)

Cette conscience de sa mission le détournait de l’oisiveté, l’empêchait même de désirer le repos et de se fixer jamais en un lieu comme en un port tranquille ; elle le fit aller toujours au-devant des difficultés et des humbles travaux, uniquement pour procurer ou accroître la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Ce respect et cette piété qui le rendaient soumis à la volonté du Siège apostolique auquel il rapportait les bienfaits de sa mission lui faisaient aussi envoyer à Rome des lettres et des messagers, de telle sorte que, dès le commencement de sa mission : « il fit connaître au vénérable Père apostolique tout ce que la grâce de Dieu avait opéré par son intermédiaire », et « demanda conseil au Siège apostolique en ce qui concernait les besoins journaliers de l’Eglise de Dieu et le bien du peuple » (Vita S. Bonifacii. c. CVII. 19).

C’était un sentiment tout particulier de vénération qui le guidait en cela, comme il l’avouait ingénument dans sa vieillesse, au Pape saint Zacharie :

« Avec le consentement et sur l’ordre de Grégoire Ier, de vénérable mémoire, je me suis lié par un vœu, il y a près de trente ans, à vivre dans l’amitié et au service du Siège apostolique. J’avais coutume de faire connaître mes joies et mes tristesses au Pontife romain pour louer Dieu ensemble dans le bonheur et pour recevoir la force de sou conseil dans la peine. » (Lettre 59, alias 57)

On trouve çà et là de précieux documents qui attestent un échange ininterrompu de lettres et un remarquable accord de volonlés entre ce vaillant prédicateur de l’Evangile et le Siège apostolique, accord, continué et favorisé par quatre Pontifes successifs de glorieuse mémoire.

Les Pontifes romains n’omettaient aucune occasion ni aucun soin pour aider et favoriser cet actif légat, et Boniface, de son côté, ne négligeait rien, ne se relâchait ni de son zèle ni de son application pour remplir saintement et surabondamment la mission reçue de Pontifes qu’il vénérait et aimait comme un fils.

Le pontife Grégoire, considérant le développement du champ évangélique confié à Boniface et voyant blanchir la belle moisson des peuples qui avaient été reçus par lui dans la Sainte Eglise, décida de conférer à Boniface le couronnement du sacerdoce et de lui imposer l’épiscopat sur toute la province de Germanie. Boniface, qui avait pourtant résisté à son ami intime Wiilibald, « accepta et obéit parce qu’il n’osait pas s’opposer au désir d’un si grand Pontife » (Vita S. Bonifacii. c. VII. 21). Le Pontife romain ajouta à cet honneur insigne une autre faveur loute particu-lière et digne d’être signalée à la postérité parmi les Allemands, car» il accorda l’amitié du Siège apostolique à lui et à tous ses sujets, et cela pour toujours. Grégoire avait déjà donné des preuves et des indices de cette amitié quand il écrivait aux rois, aux princes, aux évêques, aux abbés et à tout le clergé, aux peuples barbares ou nouvellement appelés à la foi, pour les inviter « à donner leur appui et leur concours à ce grand serviteur de Dieu, envoyé par l’Eglise catholique et apostolique pour porter la lumière aux nations » (Ep. Solliciludinem nimiam, inter Bonif. ep, XVII, al. 6).

Cette amitié particulière entre Boniface et le Siège apostolique fut confirmée par le pontife suivant, saint Grégoire III, lorsque Boniface lui envoya des messagers pour le féliciter de son élection : « Ils lui firent connaître le pacte d’amitié que son prédécesseur avait charitahlement conclu avec Boniface et les siens » et « ils l’assurèrent de l’entière dépendance de son humble serviteur pour l’avenir » et enfin, selon leur mandat, ils demandèrent que « le missionnaire dévoué bénéficiât encore, à l’avenir, de l’amitié et de l’union avec le saint Pontife et le Siège apostolique ». Le Pontife accueillit les messagers avec bienveillance et, après leur avoir remis pour Boniface de nouvelles dignités, entre autres « le pallium de l’archiépiscopal, il les renvoya dans leur patrie comblés de présents et de plusieurs reliques de saints » (Vita S. Bonifacii. c. VIII. 25 et suivants).

On peut à peine narrer :

« la reconnaissance de cet apôtre pour ces signes d’affection et exprimer le réconfort que lui apporta cette bienveillance du Siège apostolique à son égard ; touché par la miséricorde divine, il reçut des forces nouvelles pour entreprendre de plus grandes et difficiles choses : édifier de nouveaux temples, des hôpitaux, des monastères, des villages; parcourir des régions nouvelles en prêchant l’Evangile ; établir de nouveaux diocèses et réformer les anciens, en extirper les vices, les schismes et les erreurs ; jeter partout les germes de la foi et de la vie chrétienne ; enseigner les vrais dogmes et les vertus et même amener à la civilisation des nations barbares souvent effrayantes de cruauté, en se servant de disciples qu’il avait formés à la piété et de quelques compatriotes venus d’Angleterre. » (Vita S. Bonifacii. c. IX. 27 et suivants)

Au milieu de tous ces travaux immenses, ennobli déjà par des œuvres remarquables et saintes, parmi les attaques, les malheurs, les inquiétudes journalières, malgré son âge qui l’incitait à se reposer après de si longs travaux, il ne donnait aucune prise à l’orgueil ni à l’amour du repos ; il avait toujours devant les yeux la tâche à accomplir et les ordres du Pontife C’est pourquoi, « à cause de son intime union avec le Pontife apostolique et tout le clergé, il vint à Rome, une troisième fois en compagnie de ses disciples pour s’entretenir avec le Père apostolique et se recommander aux prières des saints parce qu’il était déjà d’un âge avancé ». Cette fois encore, il fut aimablement accueilli par le Pontife, « comblé de nouveaux présents et de reliques des saints » et doté de précieuses et importantes lettres de recommandation, comme le prouvent celles qui sont parvenues jusqu’à nous (Vita S. Bonifacii. c. IX. 27 et suivants).

Les deux Grégoire eurent pour successeur Zacharie héritier de leur pontificat et de leur sollicitude envers les Germains et leur apôtre. Non content de renouveler l’ancienne union, il l’accrut en témoignant encore plus de confiance peut-être et de bienveillance à Boniface. Celui-ci se comporta de même avec Zacharie, comme en témoigne le nombre des messagers et des lettres amicales qui furent échangés. Entre autres choses qu’il serait trop long de rappeler, le Pontife s’adresse à sou légat en ces aimables termes :

« Très cher Frère, que votre sainte fraternité sache que Nous vous chérissons au point de désirer vous voir chaque jour auprès de Nous, pour être Notre associé, le ministre de Dieu et le dispensateur des Eglises du Christ. » (Ep. Susceptis, inter Bonif. ep. 51, al. 50)

C’est donc à bon droit que l’apôtre de la Germanie écrivait, quelques années avant sa mort, au pontife Etienne, successeur de Zacharie :

« Le disciple de l’Eglise romaine demande instamment et du plus profond de son cœur l’amitié et l’union avec le Siège apostolique. » (Lettre 78)

Mû par une foi robuste, enflammé de piété et de charité, Boniface garda toujours intacte, et il ne cessa jamais de recommander à ceux qu’il avait engendrés par la parole évangélique, avec une telle assiduité qu’il semblait vouloir la leur laisser comme testament, cette fidélité et cette rare union au Siège apostolique, fidélité qu’il semble avoir d’abord puisée dans sa patrie, dans le secret de la vie monastique, fidélité qu’il avait ensuite promise à Rome, par un serment, sur le corps du bienheureux Pierre, chef des apôtres, avant d’aborder les difficultés de la vie apostolique ; fidélité qu’il avait enfin montrée au milieu des périls et des luttes, comme la marque de son apostolat et la régie de sa mission.

C’est ainsi que, épuisé par l’âge et les labeurs, il se disait, bien humblement, « le dernier et le plus mauvais des légats que l’Eglise catholique, apostolique et romaine ait envoyés prêcher l’Evangile »; mais il tenait bien haut cette mission romaine, et il se glorifiait en Dieu de celte légation et il aimait à s’appeler « le légat de la Sainte Eglise Romaine pour la Germanie » (Lettre 67, alias 22), voulant être le dévot serviteur des Pontifes romains, successeurs de saint Pierre, et leur disciple soumis et obéissant.

Saint Boniface ne s’est pas limitée à la Germanie, mais qu’elle a embrassé tous les peuples ; c’est ainsi que, selon l’ordre de la charité, l’apôtre de la Germanie affectionna particulièrement la nation voisine des Francs, dont il fut le prudent réformateur, et ses compatriotes « issus de la race anglaise », auxquels, « lui, leur frère de race, le légat de l’Eglise universelle et le serviteur du Siège apostolique », confia la propagation de la foi catholique, qui leur avait été annoncée par les légats de saint Grégoire le Grand, pour l’établir chez les Saxons et les peuples de môme race, eu leur recommandant de garder précieusement « l’unité et la communion dans la charité » (Lettre 39, alias 36).

Concluons par ces paroles de saint Boniface :

« Tous ceux que Dieu m’a donnés, pendant ma mission, comme auditeurs ou comme disciples, je ne cesse de les inviter et de les pousser à l’obéissance au Siège apostolique. » (Lettre 50, alias 49)

Les Fausses décrétales

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De nombreux ennemis de la Papauté affirment que les évêques de Rome n’ont assis leur suprématie et instaurée la monarchie papale qu’à partir de la fin du VIIIème siècle sous le Pape Adrien Ier (772-795). Ils affirment que ce dernier fit rédiger des Fausses Décrétales par un sbire, prétendant être des documents des papes antérieurs affirmant avec force la doctrine de la papauté. Il les aurait ensuite remis à l’évêque de Metz, acquis à sa cause afin que ce dernier propage les « mensonges papaux » pour imposer la domination romaine. Ces Fausses Décrétales, rédigées par l’évêque fictif Isidore Mercator donnent lieu à l’affaire des Fausses Décrétales d’Isidore Mercator.

La réalité est très loin de cette présentation. Dans ce lien, et dans celui-ci, vous trouverez deux livres historiques sur la Papauté traitant tous les deux entre autre de cette affaire et la démystifient. Je vous propose également in extenso ci-dessous ce que dit le Dictionnaire de Théologie Catholique des abbés VACANT et MANGENOT à l’article Décrétales (les fausses) : cliquer ici.

Saint Théodore Studite (759-826)

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« Au très saint et souverain Père des Pères, à mon Seigneur Léon, Pape apostolique, Théodore, très humble prêtre et higoumène de Stoudion. Puisque c’est à Pierre le grand que le Christ notre Dieu, après lui avoir donné les clés du royaume des cieux, a conféré la dignité de chef du troupeau, c’est à Pierre, c’est-à-dire à son successeur, qu’il faut soumettre toutes les nouveautés hérétiques introduites dans l’Église universelle par ceux qui s’écartent de la vérité. » (Lettres, livre Ier, 33 ; P. G., t. XCIX, col. 1017 Β : Έπειδήπερ Πέτρω τώ μεγάλω δέδωκε Χρίστος ό Θεός μετά τας κλείς της βασιλείας τών ουρανών και το της ποιμνιαρχίας αξίωμα’ προς Πέτρον ήτοι τον αύτοΰ διάδοχον ότιοΰν καινοτομούμενον έν τη Καθολίκί) ‘Εκκλησία παρά τών άποσφαλλομένων της αληθείας άναγκαϊον άναφέρεσθαι)

Saint Théodore Studite, né à Constantinople en 759, mort en exil au monastère bithynien de Saint-Tryphon, dans la presqu’île d’Acritas ou de Touzla, le 11 novembre 826, a précédé d’une génération seulement Photius, puisque ce trop célèbre fauteur du schisme oriental avait vu le jour en 820. Il y a donc un intérêt spécial à connaître ce que pensait de la primauté du Pape cet illustre moine du couvent constantinopolitain de Stoudion, qui est, on l’a écrit très justement :

« une des figures les plus attachantes de la Byzance impériale et la gloire de l’Église d’Orient au IXe siècle. On a pu dire de lui qu’il fut l’un des derniers catholiques de Constantinople, le dernier peut-être des écrivains ecclésiastiques grecs qui n’aient point connu l’asservissement aux empereurs ; que son éloquence atteint parfois à l’éloquence de saint Jean Chrysostome et de Démosthène lui-même » (Abbé Eugène MARIN, Saint Théodore (759-826), Colection « Les Saints », Paris, Paris, V. Lecoffre-J. Gabalda, 1906, p. I)

Aussi sa vision de la primauté de saint Pierre et de la Papauté nous est exposée dans l’article La primauté de saint Pierre et du Pape d’après saint Théodore Studite (759-826) par le Père Sévérien SALAVILLE (dans Revue d’Etudes Byzantines, 1914, Numéro 104,  pp. 23-42). Voici le plan de cet article :

I. – La primauté de saint Pierre.

II. – La primauté du Pape.

1° L’épiscopat de saint Pierre à Rome.

2° La primauté du Pape est de droit divin.

3° Universalité de juridiction sur le monde entier.

4° Le pouvoir du Pape est sans appel.

5° Droit de convocation et d’approbation des conciles.

6° L’infaillibilité du Pape.

7° La Papauté centre de l’unité de la foi et de la communion.

Il faut noter que les Orthodoxes, célébrant ce saint le 11 novembre, le chantent comme :

« L’intrépide défenseur de la vérité, la colonne et le soutien de la foi orthodoxe, le guide inspiré de l’orthodoxie, le docteur de la piété, le flambeau de l’univers qui, par ses enseignements, a éclairé tous les fidèles, la lyre du Saint-Esprit, etc. » (Τής αληθείας σφόδρον συνήγογον, στύλον, έδραί’ωμα ορθοδόξου πίστεως. — ‘Ορθοδοξίας οδηγέ, Οεόπνευστε, εύσεβείας διδάσκαλε, της οΐκουμε’νης ό φωστήρ, ταΐς διδαχαΐς σου πάντας έφώτισας, λύροΕ του Πνεύματος. Voir dans les Menées l’office des Vêpres et de l’aurore, au 11 novembre)

Ils épuisent en son honneur la magnificence des titres et des épithètes. Ou ce langage signifie quelque chose, ou ce n’est qu’une phraséologie rhétorique sans substance. Pour un esprit logique il n’est point d’autre alternative. Par les saints qu’elle célèbre, la liturgie grecque est la condamnation la plus expresse qui se puisse imaginer du schisme oriental. Quand on chante saint Jean Chrysostome, saint Léon de Rome, saint Grégoire le Grand, saint Maxime le Confesseur, saint Jean Damascène, saint Théodore Studite et tant d’autres, si l’on connaît leur doctrine et si l’on est conséquent, on ne peut qu’être catholique.

Théodore Abu Qurrah (vers 750-vers 820)

Théodore Abu Qurrah (en arabe ثاوذورس أبي قرة, Thaoudourous Abou Qourra) (v. 750-v. 820), évêque de Harran, est un théologien de langue arabe et de culture gréco-romaine qui vécut durant la première période de l’islam. Il est connu, dans les publications anciennes, sous le nom d’Aboucara ou Abou Kurra.

« Il faut noter que les Apôtres avaient pour chef saint Pierre à qui le Christ avait dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne triompheront point d’elle » (Matthieu XVI, 18). ; à qui il dit aussi trois fois, après sa résurrection, près la mer de Tibériade : « Simon, m’aimes-tu ? (Si tu m’aimes) Pais mes agneaux, mes béliers et mes brebis » (Jean XXI, 15-17). Simon, m’aimes-tu ? (Si tu m’aimes) Pais mes agneaux, mes béliers et mes brebis : « Simon, Satan a demandé de vous cribler comme on crible le blé, et j’ai prié pour toi afin que tu ne perdes pas ta foi ; mais, à l’instant, tourne-toi vers tes frères et affermis-les. » (Luc XXII, 32).

Vous voyez bien que saint Pierre est le fondement de l’Église propre au troupeau (des fidèles), et celui qui a sa foi ne la perdra jamais ; c’est lui aussi qui est chargé de se tourner vers ses frères et de les affermir.

Les paroles du Seigneur : « J’ai prié pour toi afin que tu ne perdes pas ta foi ; mais tourne-toi à l’instant vers tes frères et affermis-les » (Luc XXII, 32), ne désignent pas la personne de Pierre ni les Apôtres eux-mêmes. Le Christ a voulu désigner par ces mots ceux qui tiendront la place de saint Pierre à Rome et les places des Apôtres. De même quand il dit aux Apôtres : « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des siècles »,(Matthieu XXVIII, 20) il n’a pas voulu désigner les personnes des Apôtres seuls, mais encore ceux qui tiennent leurs places et tout leur troupeau. Ainsi par ces mots qu’il adressa à saint Pierre : « Tourne-toi à l’instant et affermis tes frères, et que ta foi ne se perde pas », il a voulu désigner ses successeurs ; par la raison que saint Pierre seul parmi les Apôtres a perdu sa foi et nié le Christ, le Christ l’avait exprès abandonné pour nous montrer que ce n’est pas sa personne qu’il a voulu désigner, et nous n’avons vu aucun Apôtre tomber afin que saint Pierre l’affermisse.

Dire que le Christ a voulu désigner saint Pierre et les Apôtres en personne, ce serait priver l’Église de ce qui doit l’affermir après la mort de saint Pierre. Comment cela pourrait-il être ? En voyant, après la mort des Apôtres, Satan passer l’Église au crible, il est évident que ce ne sont pas eux que le Christ a voulu désigner par ces mots. Nous savons tous, en effet, que c’est après la mort des Apôtres que les hérésiarques ont agité l’Église, savoir : Paul de Samosate, Arius, Macédonius, Eunomius, Sabellius, Apollinaire, Origène et les autres. Si ces mots du texte sacré ne désignent que les personnes de saint Pierre et des Apôtres, l’Église aurait donc été privée de consolation et n’aurait eu personne qui la sauvât de ces hérésiarques et de leurs doctrines qui sont les portes de l’enfer dont le Christ a dit qu’elles ne triompheront jamais de l’Église. Il est donc de toute évidence que ces mots désignent les successeurs de saint Pierre, qui ne cessent en effet d’affermir leurs frères et ne cesseront jamais jusqu’à la fin des siècles.

Vous savez bien que lorsque Arius se révolta, une assemblée fut réunie contre lui par l’ordre de l’évêque de Rome. Le saint Concile l’a condamné et a fait cesser son hérésie ; et l’Église a accepté la décision de ce concile et a repoussé Arius comme l’Église d’Antioche avait accepté la lettre des Apôtres et avait rejeté ces sectateurs qui lui enseignaient la circoncision et la pratique de la loi. Ainsi lorsque Macédonius se révolta au sujet du Saint-Esprit, une assemblée fut réunie contre lui à Constantinople par l’ordre de l’évêque de Rome ; ce concile rejeta l’hérésiarque et l’Église accepta sa décision comme elle avait accepté celle du premier. Elle excommunia Macédonius comme elle avait déjà excommunié Arius. […]

Lorsque Nestorius se révolta en disant du Christ ce qu’il en a dit, l’Église rejeta sa doctrine et la porta, selon sa coutume, au saint concile, qui fut réuni à Éphèse par ordre de l’évêque de Rome. Le saint concile l’excommunia et fit cesser son hérésie. La sainte Église accepta ce concile et excommunia Nestorius en repoussant sa doctrine, persuadée qu’elle n’avait pas le droit de prendre part dans la décision de ce concile, mais qu’elle avait l’ordre du Saint-Esprit de s’y soumettre, comme nous l’avons déjà démontré. […]

Lorsqu’Eutychès et Dioscore se révoltèrent en disant du Christ ce qu’ils en avaient dit, l’Église a repoussé leur hérésie et les Saints Pères se sont levés contre eux. Mais l’Église n’a pas accepté leur doctrine ni celle de ceux qui les contredisaient, elle les a fait traduire au jugement du saint concile, selon sa coutume. Le quatrième concile a été réuni alors à Chalcédoine par l’ordre de l’évêque de Rome ; il les a excommuniés et a fait cesser leur hérésie. L’Église accepta alors la décision de ce concile, comme elle avait accepté celles des trois premiers conciles ; elle excommunia Eutychès et Dioscore et rejeta leur hérésie, sachant bien qu’elle n’a pas le droit d’intervenir avec ce concile et persuadée que sa décision était celle du Saint-Esprit. […]

Mais, nous, orthodoxes et enfants de la sainte Église, nous rendons gloire et action de grâces au Christ, notre Dieu, qui nous a accordé la bonne volonté et l’obéissance aux saints conciles que le Saint-Esprit a fait parler. Nous sommes dans sa maison et dans le bercail de ses troupeaux. Par sa protection, nous sommes sauvés de Satan qui, comme un loup dévorant, rôde autour de nos âmes pour surprendre celui qui se hasarde à sortir de l’Église et en faire sa proie. Nous supplions notre Seigneur et notre Dieu Jésus-Christ de nous affermir pour toujours sur le roc de son Église sainte et de nous faire boire la liqueur de sa douce doctrine. Nous serons ainsi enivrés de son amour qui remplit nos âmes et nos cœurs de joie et de bonheur en nous portant à lui obéir par l’observation de ses commandements, pour vivre éternellement et hériter son royaume céleste préparé pour tout ce qui a été édifié sur le fondement de saint Pierre par le Saint-Esprit. Ô Esprit-Saint, faites-nous connaître le Christ, le Fils éternel de Dieu, qui s’est incarné de la Vierge Marie par le Saint-Esprit pour notre salut. À lui soit la gloire, la puissance, la majesté et l’adoration, avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. » (Démonstration de la sainte Loi de Moïse et des Prophètes qui ont annoncé le Messie. — Du saint Évangile prêché aux Gentils par les Apôtres du Christ né de la Vierge Marie. — De l’orthodoxie attribuée par tous les hommes aux Chalcédoniens. — Réfutation des doctrines de toutes les sectes qui se nomment chrétiennes par le magister-philosophe, notre saint P. Théodore, évêque de Haran, traduit par le Père Constantin BACHA, publiée sous le titre de Un traité des oeuvres arabes de Théodore Abou-Kurra; trouvable en anglais in : Theodore Abu Qurrah, Librairy of the Christian East, volume 1, Brigham Young University Press, Provo, 2005, pp. 68-69)

Saint Cyrille (827/828 – 869) et saint Méthode (815/820-885)

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Ces deux frères évangélisateurs des salves reconnaissaient l’autorité du Pape de Rome. C’est d’ailleurs à lui qu’ils firent le rapport de leurs travaux apostoliques chez les slaves. Saint Cyrille mourut d’ailleurs à Rome. Aussi il est intéressant de savoir ce que ces deux saint très vénérés de l’église orthodoxe et contemporains de Photius pensaient de ce dernier.

Nous suggérons à nos lecteur d’en prendre connaissance en lisant l’article Byzance et Photius dans les légendes slavonnes des saints Cyrille et Méthode par le Père Venance GRUMEL (dans Échos d’Orient, 1934, Volume 33, Numéro 175,  pp. 343-353).

Il y a aussi les preuves qu’ils n’ont jamais soutenu Photius, et que plus tard saint Vladimir de Kiev (958-1015) ne soutint pas les véléités schismatiques de Constantinople ; voir l’article Les origines romaines de l’Église russe par le Père Martin JUGIE (dans Revue des études byzantines, 1937, Numéro 187 pp. 257-270).

Notons que lorsque saint Méthode se rendit à Constantinople, en 881 ou 882, sa parfaite légitimité et sa rectitude doctrinale furent reconnues de manière analogue par l’Empereur byzantin et le Patriarche Photius, alors en communion avec Rome. Il consacra les dernières années de sa vie principalement à d’autres traductions de la sainte Ecriture, des livres liturgiques, des œuvres des Pères de l’Eglise et aussi du recueil des lois ecclésiastiques et civiles byzantines qu’on appelle le Nomocanon. On trouve dans cette dernière œuvre au moins deux témoignages de la foi de l’auteur en la Papauté :

« A cause de sa primauté, le pontife de Rome n’est pas obligé de se rendre à tous les saints conciles oecuméniques, mais sans sa participation, manifestée par l’envoi de quelques-uns de ses subordonnés, tout concile œcuménique est inexistant, et c’est lui-même qui ratifie ce qui a été décidé dans le concile. S’il y a quelqu’un qui paraisse opposé à ce que nous disons, qu’il veuille bien examiner ce que le même très saint pape Léon écrivait à Marcien et à Pulchérie de pieuse mémoire, ce qu’il écrivait aussi à l’évêque de Constantinople déjà nommé Anatole, et il sera convaincu de la vérité de ces choses. »

Et concernant le 28è canon du Concile de Chalcédoine (451) et l’interprétation erronée que les anti-romains en font, saint Méthode répond déjà :

« Il n’est pas vrai, comme l’affirme ce canon, que les saints pères ont accordé la primauté à l’ancienne Rome, parce qu’elle était la capitale de l’empire, mais c’est d’en haut, c’est de la grâce divine que cette primauté a tiré son origine. »

Saint Ignace de Constantinople (797-877)

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Saint Ignace rédigea un premier appel au Pape aussitôt après l’intrusion de Photius. Il le confia au prêtre Laurent, au sous-diacre Etienne et à un autre Etienne laïc ; mais ceux-ci, malgré leur engagement par serment, ne le portèrent pas à Rome. Son second appel, dont le texte nous est parvenu, fut écrit après le Concile tenu dans l’église des Saints-Apôtres, où les légats du Pape, Rodoald et Zacharie, trahissant leur mandat, ratifièrent lâchement la déposition du patriarche et confirmèrent l’élection de Photius. Il est adressé par Ignace, dix métropolites, quinze évêques et une multitude de moines « au très bienheureux président et patriarche de tous les sièges, au successeur du coryphée, à ses évêques et à toute l’Eglise romaine ». Il résume tous les événements qui avaient précédé : l’inceste de Bardas, son excommunication, sa vengeance par l’intrusion de Photius, les brutalités inouïes exercées sur Ignace, et, plus en détail, les faits relatifs au Concile des saints apôtres.

Quand on vint prier Ignace de se présenter au Concile, il refusa en disant d’une voix élevée qu’il en appelait au Pape. Mais on ne tint pas compte de cette protestation. A la seconde citation :

« Comment ordonnez-vous que je me présente, comme condamné, en costume de moine, ou comme un évêque que l’on va juger ? »

Les envoyés répondirent au nom des légats :

« Comme vous êtes digne. »

Ignace s’avança donc avec ses habits sacrés et son cortège habituel. Mais l’empereur envoya des gens sur le chemin pour le dépouiller des ornements de sa dignité. Quand il arriva sur le seuil de la basilique, Laurent et les deux Etienne vinrent à sa rencontre pour lui dire :

« Comment, après avoir été condamné et déposé pour tant de crimes, avez-vous osé vous présenter avec vos ornements sacrés ? »

Puis ils le séparèrent violemment de sa suite et le présentèrent seul à l’empereur. Celui-ci l’accabla d’injures.

« Les injures, répondit tranquillement Ignace, sont plus douces que les coups. »

Michel III, un peu calmé, le fit asseoir sur un escabeau de bois.

Ignace salua les légats et leur demanda qui ils étaient.

« — Nous sommes les légats du pape Nicolas, envoyés pour juger ta cause.

— Alors, chassez d’abord l’adultère ; si vous ne le pouvez, vous ne devez pas être juges. »

Les légats, montrant l’empereur de la main, répliquèrent :

« Mais celui-là le veut ainsi. »

On essaya ensuite, par tous les moyens, conseils, persuasion, menaces, d’obtenir sa démission ; mais il refusa énergique- ment jusqu’au bout. Toutes les tentatives subséquentes furent aussi sans résultat.

Quelques jours après, comme les légats le citaient de nouveau au Concile par l’intermédiaire des deux Etienne, il répondit :

« Je n’y vais pas, car je ne pense pas que vous, juges, vous fassiez rien de conforme à la règle ecclésiastique : non seulement vous n’avez pas chassé l’intrus, mais vous mangez à sa table, et vous avez accepté ses présents avant même d’arriver ici. Je n’accepte pas de tels juges ; mais conduisez-moi au Pape, et je subirai avec joie son jugement. »

Puis il demanda qu’on lût les lettres qu’il avait composées pour sa justification. Il s’y prévalait entre autres du décret canonique du pape Innocent dans la cause de saint Jean Chrysostome, où il était dit que Jean ne devait se présenter en jugement qu’après avoir été préalablement rétabli sur son siège, et du quatrième Canon du Concile de Sardique, portant qu’un évêque déposé, s’il croyait pouvoir encore se justifier, ne devait pas être remplacé sur son siège avant la sentence de l’évêque de Rome.

Comme les légats le pressaient encore de venir, Ignace répondit :

« A ce qu’il paraît, mes pères, vous n’avez pas lu les Canons et vous ne connaissez pas la règle de l’Eglise. Cette règle demande qu’un évêque cité au Concile soit appelé par trois fois et par deux évêques ; or, vous ne m’avez cité que deux fois et par un diacre et un laïque. Des témoins sans valeur ont juré que j’avais été élu et consacré irrégulièrement ; mais quel Canon ordonne que l’empereur produise les témoins ? Si je ne suis pas archevêque, Michel n’est pas empereur, et ceux-ci ne sont pas évêques, ni l’adultère lui-même, car tous ont été sacrés par mes indignes mains. Si l’adultère était de l’Eglise, je lui céderais volontiers. Mais puis-je donner un étranger comme pasteur aux brebis du Christ ? Beaucoup de raisons s’y opposent : tout d’abord il a été excommunié, non seulement par moi et par les autres sièges, mais par vous-mêmes ; de plus, il a été pris d’entre les laïques et établi pasteur avant d’avoir été brebis ; enfin, il a été ordonné par un excommunié, Grégoire de Syracuse. »

A cette éloquente apologie, les légats ne surent rien répondre. On insista néanmoins pour avoir sa démission, et dix jours plus tard on l’amena par force au Concile et on le déposa parce que, d’après l’attestation des nombreux témoins, son élection et son ordination n’avaient pas été légitimes.

Tel est, en abrégé, le récit que saint Ignace lui-même fit au Pape. Il termina ainsi son appel :

« Je vous ai exposé ces choses en peu de mots ; quant à vous, mon très saint maître, montrez en ma faveur des entrailles de miséricorde et dites avec le grand Apôtre : Qui est malade sans que je le sois avec lui ? Souvenez-vous des patriarches vos prédécesseurs, je veux dire de Fabien, Jules, Innocent, Léon, de ceux, en un mot, qui ont combattu pour la vérité contre l’injustice. Rivalisez avec eux et levez-vous pour la vengeance de celui qui a souffert tant d’injustices. » (MANSI, t. XVI, col. 296-301).

Photius, soutenu par l’empereur et les légats infidèles, eut beau écrire une lettre aussi habile et rampante que la première, pour extorquer du Pape une confirmation sans laquelle il ne se sentait pas vraiment patriarche, saint Nicolas démêla la vérité et accomplit son devoir : il excommunia et déposa les légats et leur protégé.

Cependant Photius, appuyé sur la cour, et se prévalant du jugement des légats du Pape, se maintint sur le trône patriarcal, jusqu’à la mort de Michel l’Ivrogne. Mais Basile le Macédonien s’empressa de l’en chasser pour y replacer saint Ignace,

L’empereur et le patriarche écrivirent aussitôt au Pape pour l’informer de cet heureux événement et le prier d’envoyer des légats pour rétablir dans un Concile général l’ordre passablement troublé. Tout en lui recommandant l’indulgence envers les prêtres et les évêques ordonnés par Photius et envers ceux qui avaient communiqué avec l’intrus, ils le consultaient sur la conduite à tenir à leur égard.

Le début de la lettre d’Ignace (MANSI t. XVI, col. 47) mérite d’être connu : nul monument ne montre mieux comment la partie la plus saine de l’Eglise orientale considérait l’Eglise romaine et son évêque au IXe siècle. Je terminerai mon travail par cette dernière citation :

« Pour guérir les blessures et les meurtrissures qui sont dans les membres de l’homme, l’art a produit de nombreux médecins […] ; pour guérir celles qui sont dans les membres du Christ notre Sauveur, la tête de l’Eglise catholique et apostolique, le Roi suprême, le Verbe très-puissant, l’Ordonnateur général, le Dieu maître absolu de l’univers n’a créé qu’un seul et unique médecin : votre fraternelle sainteté et votre paternelle bienfaisance, en disant à Pierre, le plus grand des apôtres : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle [Matthieu XVI, 18]. Et encore : Je te donnerai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux [Matthieu XVI, 19]. Ces bienheureuses paroles, il ne les a pas circonscrites et limitées, par un privilège spécial, au seul Prince des apôtres ; mais il les a transmises par lui à tous ceux qui, comme lui et après lui, devaient être souverains pasteurs et divins pontifes de l’ancienne Rome. C’est pourquoi, dès les temps les plus anciens, chaque fois que l’hérésie et la prévarication se sont fait jour, vos prédécesseurs sur ce siège, c’est-à-dire les successeurs du Prince des apôtres et les imitateurs de son zèle pour la foi chrétienne ont arraché l’ivraie et détruit les membres corrompus ou atteints d’une façon incurable. »

En 869, le huitième Concile œcuménique tenu dans Sainte-Sophie consacra le triomphe de la justice et ramena la paix entre l’Eglise grecque et l’Eglise romaine.

IVème concile de Constantinople (870)

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Le Pape Adrien II fit souscrire au Formulaire d’Hormisdas mentionné plus haut, tous les Pères grecs et latins lors du IVème concile de Constantinople (10e session du 28 février 870) :

« La condition première du salut est de garder la règle de la foi orthodoxe […] On ne peut, en effet, négliger la parole de notre Seigneur Jésus-Christ qui dit : ‘Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église’ [Mt 16, 18]. Cette affirmation se vérifie dans les faits, car la religion catholique a toujours été gardée sans tache dans le Siège apostolique. Désireux de ne nous séparer en rien de sa foi et de sa doctrine […] nous espérons mériter de demeurer unis en cette communion que prêche le Siège apostolique, en qui réside, entière et vraie, la solidité de la religion chrétienne » (Ier Session)

Les Pères du Concile Vatican I – qui défini le dogme de l’infaillibilité pontificale – commentèrent ce texte comme il suit. Ils dirent de l’affirmation selon laquelle la promesse du Christ « s’est vérifié dans les faits » dans le siège de Rome :

« Ceci doit être entendu non seulement comme un simple fait (facto) mais aussi comme un droit (jure) constant et immuable, en [vertu] des paroles du Christ [« Tu es Pierre etc.»], qui demeurent immuables. Aussi longtemps que durera la pierre sur laquelle le Christ fonda l’Église, aussi longtemps la religion catholique et la doctrine sainte seront gardées immaculées dans le Siège apostolique, et ce de par le droit divin. […][L’infaillibilité pontificale] est parfaitement contenue dans le Formulaire d’Hormisdas (avec l’ajout d’Adrien II), qui dit: en vertu des paroles du Christ «Tu es Pierre etc.,», dans le Siège apostolique, c’est-à-dire par Pierre et par ceux qui lui succèdent en cette chaire, la religion et la doctrine ont toujours été gardées immaculées, et comme cela a été montré plus haut), de droit divin, elles seront toujours gardées [à l’avenir]. Ceci équivaut certainement à la proposition qui dit: les évêques romains qui occupent le Siège de Pierre sont, par rapport à la religion et à la doctrine, immunisés contre l’erreur » (Relatio de observationibus Reverendissimorum concilii Patrum in schema de romani pontificis primatu, in: Gerardus SCHNEEMANN, Acta et decreta sacrosancti oecumenici concilii Vaticani cum permultis aliis documentis concilium ejusque historiam spectantibus, Freiburg 1892, col. 281 – 284).

Finalement, Vatican I intégra une citation abrégée du Formulaire au chapitre 4 de Pastor aeternus, contenant la définition du dogme de l’Infaillibilité pontificale.

De plus, lors du même concile Adrien II, afin de montrer que nul n’a le droit de juger un pape, évoqua ensuite le cas du pape Symmaque, qui avait été accusé (calomnieusement) de plusieurs crimes. « Le roi d’Italie Théodoric, voulant attaquer le pape Symmaque jusqu’à ob­tenir sa condamnation en justice » convoqua de nombreux clercs de son royaume et leur dit que plusieurs crimes horribles avaient été commis par Symmaque. Il leur enjoignit de se réunir en synode et de « constater cela par un jugement ». Les prélats se réunirent par défé­rence pour le roi. Mais ils savaient que la « primauté » du pape ne permettait pas qu’il rut « soumis au jugement de ses inférieurs ». Que faire ? Juger un pape en violation du droit, ou bien encourir la colère du roi en refusant de s’ériger en juge ?

« À la fin, ces prélats vraiment vénérables, quand ils virent qu’ils ne pouvaient pas, sans autorisa­tion pontificale, porter leur main contre la tête [le pape] – et ce quels que fussent les actes du pape Symmaque dénoncés -, ils réservèrent tout au jugement de Dieu » (Mansi, t. XVI, col. 126).

Toujours en vue de montrer qu’il est illicite d’accuser et de juger un pape, Adrien II cita en exemple l’attitude de Jean, évêque d’Antioche. Ce prélat avait anathématisé un évêque, mais avait interdit de s’attaquer au pape. Jean n’avait pas hésité à ana­thématiser l’hérétique Cyrille, évêque d’Alexandrie ; et pourtant, ce même Jean écrivit dans une lettre au pape St. Célestin 1er, approuvée par le concile d’Éphèse (3e session), qu’il était illicite de juger le Siège de Rome, vénérable par l’ancienneté de son autorité.

« Si l’on donnait la licence à ceux qui veulent de maltraiter par des injures les Sièges plus anciens [majores = « plus anciens » ou « plus grands »] et de porter des sentences (contrairement aux lois et canons) contre eux, alors qu’ils n’ont aucun pouvoir contre ces Sièges, les affaires de l’Église iront jusqu’à la confusion extrême » (Mansi, t. XVI, col. 126)

Le discours d’Adrien II fit son effet. Les Pères du concile rédigèrent, en effet, un canon exprès contre certains Grecs qui prétendaient critiquer, voire juger des papes. L’Église catholique n’a jamais accepté une telle insolence :

« La parole de Dieu, que le Christ a dite aux saints apôtres et à ses disciples (« Qui vous reçoit me reçoit » [Matthieu X, 40] et « qui vous méprise me méprise » [Luc X, 16]), nous croyons qu’elle a été adressée aussi à tous ceux qui, après eux et à leur exemple, sont devenus souverains pontifes. […] Que personne ne rédige ni ne compose des écrits et des discours contre le très saint pape de l’ancienne Rome, sous prétexte de quelque prévarication dont il se serait rendu coupable [ou : sous prétexte de prétendues fautes qu’il aurait commises] ; ce qu’a fait récem­ment Photius, et Dioscore bien avant lui. Quiconque aura l’audace d’injurier par écrit ou sans écrit le Siège du prince des apôtres, Pierre, sera condamné comme eux. […] Si un concile universel est assemblé et qu’il s’élève quelque incertitude et controverse au sujet de la Sainte Église de Rome, il faut avec respect, en toute conve­nance, s’instruire sur la question émise, accepter la solution, en profiter ou y servir, sans avoir l’audace de prononcer contre les pontifes de l’ancienne Rome » (Xè session, Canon 21)

Les canons arabiques du Concile de Nicée (Xè siècle)

Il existe des canons apocryphes du Concile de Nicée datant du Xè siècle et qui traduisent la foi de tout l’Orient, un siècle avant le schisme d’Orient, en l’institution divine de la Papauté.

A) Des canons dit arabiques mais répandus dans tous l’Orient et présents dans toutes les langues orientales

« Outre [les] vingt canons, reconnus authentiques par tout le monde, le concile de Nicée paraît en avoir fait encore plusieurs autres ; du moins est-il certain que les chrétiens orientaux, non seulement des derniers siècles, mais encore des premiers, lui ont attribué tout l’ancienne discipline ; c’est ce qu’on appelle les canons arabiques du concile de Nicée, parce qu’on les connut d’abord en Occident par une version arabe ; mais on les trouve également dans toutes les langues orientales, le copte, ou l’ancien égyptien, l’éthiopien, l’arménien, le chaldéen, le syriaque. » (Abbé René-François ROHRBACHER (1789-1856), Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 3, sixième édition, page 503)

B) Des canons apocryphes traduisant sans doute l’intention du législateur

La littérature et les collections de canons orientales comportent des canons présentés comme étant ceux de Nicée affirmant explicitement le primat de l’Evêque de Rome au motif qu’il est le successeur de Pierre. Ces canons ne sont pas issus du Concile de Nicée. Il est impossible à plusieurs d’entre eux de l’être. Lorsqu’on examine les réalités historiques auxquelles ils renvoient, on en trouve par exemple un qui ne peut remonter au delà de l’an 330, soit 5 ans après le Concile, un autre ne peut pas être plus vieux que le Concile d’Ephèse (431), d’autres qui ne peuvent être que postérieurs au Concile de Chalcédoine (451), ou encore un qui ne saurait remonter au delà du Xè siècle. Toutefois ces canons traduisent sans doute quand même l’intention des Pères de Nicée, transmise par tradition orale en Orient. Par ailleurs ils traduisent nécessairement la foi de tous les peuples d’Orient en la Papauté, ce qui en plus d’être un éclatant témoignage en faveur de l’Eglise catholique, ne saurait que difficilement aller sans une réelle soumission du Concile de Nicée au Pape, connue de l’Orient. Aussi, que ces canons ne soient pas du Concile de Nicée lui-même ne change rien à la valeur du témoignage rendu à la Papauté, et même paradoxalement l’augmente. Aussi, comme nous le prouvons dans le présent article, les témoignages de la foi de l’Eglise universelle en la Papauté, aussi bien avant qu’immédiatement après le Concile de Nicée ne manquent pas. Et comme nous le prouvons dans notre article La Papauté au concile de Nicée (325), le Concile de Nicée a rendu témoignage à la Papauté. Aussi que ces canons ne soient pas du Concile e Nicée directement mais une collection rédigée au Xè siècle est un bien meilleur témoignage rendu à la Papauté. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que ces canons n’ont dans leur formation aucun lien avec l’Occident. S’ils portent le nom courant d’arabiques, c’est parce que c’est en arabe que l’Occident les connu pour la première fois au XVIè siècle, mais comme l’avons vus dans toutes les langues orientales : le copte, ou l’ancien égyptien, l’éthiopien, l’arménien, le chaldéen, le syriaque, cela signifie que le contenu de ces canons traduit la foi de tous les peuples orientaux un siècle avant le schisme d’Orient. Aussi cela veut dire que sans l’intervention de Rome, la foi des peuples orientaux au Xè siècle, là où la foi orientale était censée s’être le plus éloignée de la foi romaine avant le schisme, était en réalité totalement papiste ! C’est un peu comme la foi en la Papauté qu’avant saint Théodore Studite, nous exposons cela dans notre article :

La doctrine de saint Théodore Studite (759-826), « l’un des derniers catholiques de Constantinople »

C) Le 8è canon arabique, visible paraphrase du 6è canon officiel, présente l’Evêque de Rome comme « successeur de saint Pierre« 

Nous avons déjà mentionné ce canon en citant LECLERCQ, nous le redonnons ici :

« Il a été établi que l’évêque de l’Egypte, c’est-à-dire le patriarche d’Alexandrie, présiderait et aurait puissance sur toute l’Egypte et sur tous les lieux, cités et villes qui l’environnent. Et parce que, de même que l’évêque de Rome, c’est-à-dire le successeur de saint Pierre, apôtre, a puissance sur toutes les cités et tous les lieux qui sont autour d’elle, de même l’évêque d’Antioche, c’est-à-dire le patriarche, a puissance sur toute cette province ; et dans les autres lieux, on doit également observer ce qui a été établi par le passé. » (8è canon arabique, publiée par Turrianas, dans MANSI, tome II, colonne 955)

Voici la version syriaque de ce canon :

Source : Benni, Cyril Benham, The Tradition of the Syriac Church of Antioch : concerning the primacy and the prerogatives of St. Peter and of his successors the Roman pontiffs, p. 95 » : https://archive.org/stream/traditionofsyria00bennuoft#page/n5/mode/2up

D) 37è canon arabique : « Leur prince et leur chef [des patriarches] est le seigneur qui occupe le siège de saint Pierre à Rome, ainsi que l’ont ordonné les apôtres« 

« Le trente-septième canon statue qu’il ne doit y avoir dans tout l’univers que quatre patriarches, comme il n’y a que quatre évangiles et que quatre fleuves du paradis. Leur prince et leur chef est le seigneur qui occupe le siège de saint Pierre à Rome, ainsi que l’ont ordonné les apôtres. Après lui vient le seigneur de la grande Alexandrie, et c’est le siège de saint Marc. Le troisième est le seigneur d’Ephèse, et c’est le siège de saint Jean le Théologien. Enfin le quatrième est le seigneur d’Antioche, et c’est aussi le siège de Pierre [Mansi, Conciles, t. 2, col. 992]. On voit que, lorsque ce canon fut rédigé, la dignité patriarcale n’était point encore transférée à Constantinople ; il n’est parlé de cette translation que dans le canon suivant. Le cinquante-quatrième défend d’une manière expresse, comme saint Augustin nous apprend que le concile de Nicée l’a fait, d’ordonner deux évêques pour la même ville. » (Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 3, sixième édition, pages 503-504)

E) 39è ou 44è canon arabique, suivant les collections : « le Pontife [de Rome] a puissance sur tous les patriarches, étant leur prince et leur chef, comme saint Pierre lui-même, à qui a été donnée puissance sur tous les princes chrétiens et sur leurs peuples, attendu qu’il est le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur tous les peuples et sur toute l’Eglise chrétienne« 

« Il y a surtout un canon remarquable qui détermine excellemment le sens du sixième de Nicée : c’est le trente-neuvième d’une collection, la quarante-quatrième d’une autre [Mansi, Conciles, t. 2, col. 965 et 995. Voir encore Bouix, du Concile provincial, p. 320 et 321]. Il a pour titre : De la sollicitude et de la puissance du patriarche sur les évêques et les archevêques de son patriarcat, et de la primauté de l’évêque de Rome sur tous. « Le patriarche, dit-il, doit considérer ce que les évêques et les archevêques font dans leurs provinces, et, s’il trouve quelque chose de fait autrement qu’il ne faut, il le changera et le règlera comme il jugera à propos ; car il est le père de tous, et eux sont ses fils. L’archevêque est parmi les évêques comme le frère aîné, le patriarche a puissance sur ceux qui lui sont subordonnés, de même aussi le Pontife a puissance sur tous les patriarches, étant leur prince et leur chef, comme saint Pierre lui-même, à qui a été donnée puissance sur tous les princes chrétiens et sur leurs peuples, attendu qu’il est le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur tous les peuples et sur toute l’Eglise chrétienne. Quiconque y contredira est excommunié par le concile. » Telle est la base, la règle fondamentale que toutes les chrétientés d’Orient reconnaissent à leur hiérarchie et à leur droit canon, et que, depuis les premiers siècles, elles attribuent au grand concile de Nicée. » (Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 3, sixième édition, page 504)

Les Papes contemporains du schisme d’Orient

En raison de tout ce qui vient d’être montré, c’est tout naturellement que les Papes qui ont vécu le schisme d’Orient ont exprimé comme une vérité évidente et acquise de tous l’institution divine de la Papauté, rendant illégitime les prétentions du siège de Constantinople. Ceux qui nient l’antiquité de la Papauté répondront que cela ne prouve rien car les protagonistes sont intéressés à l’affirmation de la Papauté. Mais en réalité le simple fait qu’ils se croient en mesure d’affirmer ces choses est significatif car si ce qu’ils ne disaient n’étaient pas vrai, ils se seraient pibliquement ridiculisé et auraient offert une occasion en or à leurs adversaires de se moquer d’eux à la face du monde ! Nous pouvons citer deux Papes.

D’abord saint Nicolas Ier (858-867) qui eut affaire à Photius, premier artisan du schisme :

« Tout l’ensemble des croyants s’adresse à la sainte église de Rome, tête de toutes les églises, pour lui demander la doctrine, l’intégrité de la foi, le pardon des offenses. Il est donc nécessaire qu’appelés à recevoir ces requêtes, nous y employons un grand soin. » (Lettre 12 à Photius, PL, 119/786)

Nous devons souligner que le pape saint Nicolas n’innove rien, il se limite à rendre compte d’un état de fait établi à la connaissance de tous par l’usage de l’Eglise universelle. En effet, ce n’est pas le pape qui cherche à imposer son autorité, mais c’est l’Eglise universelle elle-même qui accoure à Rome « pour lui demander la doctrine, l’intégrité de la foi« , ce qui signifie qu’elle est regardée comme infaillible, ainsi que pour lui demander « le pardon des offenses« , de la même manière que, comme nous l’avons vu, on accourait de toute part, d’Orient comme d’Occident pour y chercher la communion avec l’Eglise de Rome lorsqu’on revenait d’un schisme ou d’une hérésie, c’est l’universalité de juridiction. En clair cette simple phrase contient déjà en substance les définitions du concile Vatican I de 1870… Saint Nicolas dit encore :

« Le juge ne sera jugé ni par l’empereur, ni par tout le clergé, ni par les rois, ni par le peuple […] « Le premier Siège ne sera jugé par personne » […]

Où donc avez-vous lu que les empereurs, vos prédécesseurs, auraient pris part aux assemblées synodales à l’exception peut-être de celles dans lesquelles il a été traité de la foi, qui est universelle, qui est commune à tous, qui ne concerne pas seulement les clercs, mais également les laïcs et en fait tous les chrétiens ? […] Plus une plainte est adressée au jugement d’une autorité supérieure, plus il faut se tourner vers une instance plus élevée, jusqu’à ce que, pas à pas, on parvienne à ce Siège dont le jugement est soit modifié en mieux par lui-même, si l’importance de l’affaire l’exige, soit réservé, sans interrogation, au seul jugement de Dieu.

En outre, si vous ne Nous écoutez pas, il en résultera que nécessairement vous serez pour Nous tels que Notre-Seigneur prescrit de considérer ceux qui dédaignent écouter l’Église de Dieu ; d’autant plus que les privilèges de l’Église romaine, confirmés par la bouche du Christ dans le bienheureux Pierre, disposés dans l’Église elle-même, reconnus depuis les temps anciens, célébrés par les saints synodes universels, et vénérés constamment par toute l’Église, ne peuvent d’aucune manière être diminués, limités et modifiés, car le fondement que Dieu a posé, une entreprise humaine ne peut pas l’écarter et ce que Dieu a établi tient de façon ferme et solide. […] Ces privilèges donc, conférés à cette sainte Eglise par le Christ qui n’ont pas été conférés par les synodes, mais seulement célébrés et vénérés par eux […] Nous contraignent et Nous poussent à « avoir la sollicitude de toutes les Eglises » de Dieu [II Corinthiens XI, 28] […]

Car puisque selon les canons le jugement des instances inférieures doit être déféré à l’autorité supérieure pour être annulé ou confirmé, il est manifeste que le jugement du Siège apostolique, pour lequel il n’y a pas d’autorité plus grande, ne doit être réexaminé par personne [232], « et qu’il n’est permis à personne de juger de son jugement. Car les canons ont voulu qu’on fasse appel auprès de lui de toutes les parties du monde ; mais il n’est permis à personne de faire appel de son jugement » […]

Si donc on admet que ce qui a trait au jugement de l’évêque de Rome ne doit plus être examiné – car la coutume le veut elle aussi -, nous ne nions pas que le jugement de ce Siège puisse être modifié en mieux lorsque quelque chose lui a échappé, ou que lui-même, compte tenu des circonstances et du moment, ou en raison d’une grave nécessité, avait décidé d’ordonner quelque chose de façon exceptionnelle, car l’excellent apôtre Paul a lui aussi, comme nous le lisons, fait certaines choses de façon exceptionnelle qu’ensuite, nous le savons, il a réprouvées ; mais dans le cas seulement où celle-ci, à savoir l’Eglise romaine, après examen attentif, a ordonné que cela soit fait, et non quand elle-même a refusé que ce qui a été bien défini soit examiné à nouveau […]

» (Lettre 8 [alias 86] Proposueramus quidem, à l’empereur Michel l’Ivrogne du 28 septembre 865 dans DS 638 à 641)

Ailleurs dans la même lettre :

« Ne dites donc pas, écrit-il, que dans cette circonstance, vous n’avez pas eu besoin de l’indulgence de l’Eglise Romaine, laquelle confirme par son autorité les Conciles assemblés; aussi plusieurs d’entre eux perdirent-ils toute valeur pour n’avoir pas obtenu le consentement du Pontife Romain. Comment un Concile quelconque n’aurait-il pas besoin du Siège de Rome, tandis que si l’illustre Pape Léon, par une inspiration divine, n’avait forte­ment ébranlé le monde entier et les empereurs eux-mêmes, la religion catholique aurait complètement croulé dans ce brigan­dage d’Ephèse, où la défection des prélats fut générale. »

Nous en profiterons pour indiquer que la réponse que nous faisons à une des objections Orthodoxes en faveur de Photius se trouve tout à le fin de cet article.

Vient en second saint Léon IX qui eut à mener les derniers combats pour éviter le schisme définitif, mais qui dut se résoudre juste avant sa mort en 1054 à signer la Bulle donnant pouvoir pour excommunier le patriarche Michel Cérulaire, disait à ce dernier :

« Quelqu’un sera-t-il donc assez fou pour oser penser que la prière de celui pour qui vouloir c’est pouvoir puisse être sans effet sur un point ? N’est-ce pas l’église de Rome qui  a, soit par Pierre lui-même, soit par ses successeurs, condamné, dénoncé et vaincu tous les mensonges des hérétiques, qui a confirmé les cœurs de nos frères dans la foi de saint Pierre, elle qui n’a jamais défailli jusqu’ici et qui ne défaillira jamais jusqu’à la fin du monde ? » (Lettre 100 In terra pax du 2 septembre 1053 adressée à Michel Cérulaire et Léon d’Achrida , n° 7 dans PL, 143/748.)

Les témoignages Orientaux à partir du début de la crise

Les Orientaux, tant avant le schisme mais néanmoins après le début des tensions entre Rome et Constantinople, qu’après le schisme, témoignent de la doctrine de la Papauté. En voici quelques exposés :

On lira également avec profit l’étude de P. BERNARDAKIS intitulée Les appels au Pape dans l’Église grecque jusqu’à Photius, publiée dans la Revue des études byzantines :

Saint Bernard de Clairvaux (1091-1153)

Image illustrative de l’article Bernard de Clairvaux

Lire notre article :

L’autorité et l’infaillibilité du Pape d’après saint Bernard de Clairvaux

Innocent III (1161-1216)

Il est parfois affirmé qu’Innocent III nia sa propre infaillibilité. Il s’agit d’une erreur. Nous en produisons les preuves, ainsi que ses témoignages de sa foi en l’infaillibilité du Pape dans notre article :

Le Pape Innocent III a-t-il nié sa propre infaillibilité ?

Innocent III affirma encore l’autorité papales en d’autres occasions :

« Nous croyons de notre coeur et confessons de notre bouche une seule Eglise, non celle des hérétiques, mais la sainte Eglise romaine, catholique, apostolique, en dehors de laquelle nous croyons que personne n’est sauvé. » (Lettre Ejus exemplo adressée à l’archevêque de Tarragone, du 18 décembre 1208 – Profession de foi imposée aux vaudois voulant revenir dans l’Eglise, 18 décembre 1208)

 

« Nous croyons que la prédication est très nécessaire et louable, cependant nous croyons qu’elle doit s’effectuer en vertu de l’autorité ou avec la permission du souverain pontife ou des prélats. Mais dans tous les lieux où demeurent des hérétiques manifestes qui renient et blasphèment Dieu et la foi de l’Eglise romaine, nous croyons que nous devons, selon la volonté de Dieu, les confondre par la dispute et l’exhortation, et nous opposer à eux avec la Parole du Seigneur, le front haut et jusqu’à la mort, comme à des adversaires du Christ et de l’Eglise. » (Ajout de 1210 à la Lettre Ejus exemplo adressée à l’archevêque de Tarragone, du 18 décembre 1208 : profession de foi imposée aux vaudois voulant revenir dans l’Eglise, 18 décembre 1208)

IVè Concile du Latran (1215)

Le IVè Concile du Latran (1215) professe la foi de l’Eglise en la Papauté dans plusieurs de ses chapitres :

« Cependant nous ne voulons en rien par cela faire tort au monastère de Flore, qui a été institué par Joachim lui-même, parce que l’institution en est régulière et l’observance salutaire. Et cela d’autant plus que ce même Joachim nous a fait remettre tous ses écrits afin qu’ils soient approuvés ou corrigés par le jugement du Siège apostolique, dictant une lettre, signée de sa main, dans laquelle il confesse ferment tenir la foi que tient l’Eglise romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles par la disposition du Seigneur. » (Chap. 2. La fausse doctrine de Joachim de Flore. La Trinité)

Dans le 4è chapitre, on n exhorte les Grecs à se réunir et à se conformer à l’Église romaine, afin qu’il n’y ait qu’un pasteur et qu’un troupeau ; et l’on défend aux Grecs, sous peine d’excommunication et de déposition, de laver les autels où les prêtres latins avaient célébré, et de rebaptiser ceux qu’ils avaient baptisés : c’est que plusieurs Grecs poussaient l’aversion contre les Latins jusqu’à laver les autels où les prêtres latins avaient célébré, et rebaptiser ceux qu’ils avaient baptisés :

« Bien que nous voulions encourager et honorer les Grecs qui, de nos jours, reviennent à l’obéissance du Siège apostolique en acceptant, autant que nous le pouvons dans le Seigneur, leurs habitudes et leurs rites, nous ne voulons ni ne devons pourtant pas tolérer chez eux ce qui met les âmes en danger et déroge à l’honnêteté ecclésiastique. En effet, après que l’Eglise grecque avec certains complices et partisans se fut soustraite à l’obéissance au Siège apostolique, les Grecs se sont mis à abominer tellement les Latins que, entre autres pratiques impies marquant leur mépris à leur égard, s’il arrivait que des prêtres latins célèbrent sur leurs autels, ils ne voulaient eux- mêmes offrir le saint sacrifice sur ces autels avant de les avoir d’abord lavés, comme s’ils avaient été souillés par ce seul fait. Et même, dans une audace téméraire, ces mêmes Grecs osaient rebaptiser ceux qui avaient été baptisés par les Latins ; et nous avons appris que, encore maintenant, certains ne craignent pas de le faire. Voulant donc écarter de l’Eglise de Dieu un si grand scandale, sur le conseil du saint concile, nous ordonnons absolument qu’ils n’osent plus désormais agir ainsi, se conformant, en fils obéissants, à leur mère la sainte Eglise romaine, afin qu’il y ait « un seul troupeau et un seul pasteur » [Jean X, 16] » (Chap. 4. L’insolence des Grecs envers les Latins. Le mépris à l’égard des rites sacramentels de l’Eglise latine)

Et dans le 5è chapitre, le Concile règle l’ordre et les prérogatives des quatre patriarches d’Orient, mettant après l’Église romaine, qui a la principauté sur toutes les autres, comme mère de tous les fidèles, celui de Constantinople, puis ceux d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem :

« Renouvelant les anciens privilèges des sièges patriarcaux, avec l’approbation du saint concile universel, nous prescrivons ce qui suit : après l’Eglise romaine qui, le Seigneur en disposant ainsi, détient la primauté du pouvoir ordinaire sur toutes les autres Eglises en tant que mère et maîtresse de tous les chrétiens, l’Eglise de Constantinople détiendra la première place, celle d’Alexandrie la deuxième, celle d’Antioche la troisième, celle de Jérusalem la quatrième. » (Chap. 5. Le rang des patriarches. La prééminence du Siège romain)

Enfin, le 62è chapitre affirme clairement :

« Nous ordonnons que les lettres d’indulgence, qui sont accordées pour des raisons variées, doivent aussi se conformer à ce nombre de jours, puisque le pontife romain, qui détient la plénitude du pouvoir, a l’habitude de suivre cette règle en ce domaine. » (Chap. 62. Abus concernant les indulgences)

Saint François d’Assise (1181 ou 1182-1226)

« L’Église Romaine est la Mère de toutes les Eglises et la Souveraine de tous les Ordres religieux. C’est à elle que je m’adresserai pour lui recommander mes Frères, afin qu’elle réprime par son autorité ceux qui leur veulent du mal. Quand ils seront sous sa protection, aucun ennemi ne pourra les inquiéter, ni les empêcher de s’avancer tranquillement dans la voie du salut éternel. La sainte Église Romaine aura du zèle pour la gloire de notre pauvreté ; elle ne souffrira pas que l’humilité, qui est si digne d’honneur, soit obscurcie par les nuages de l’orgueil. C’est elle qui rendra indissolubles parmi nous les liens de la charité et de la paix, punissant avec rigueur les auteurs des dissensions. Que les enfants de cette sainte Eglise soient donc bien reconnaissants de ces douces faveurs qu’ils recevront de leur Mère et qu’a jamais ils lui soient inviolablement attachés. » (Cité in : Mgr Louis-Gaston de SÉGUR, Le séraphique saint François, Chapitre X : Grand amour de saint François pour l’Église Romaine. Il prêche devant le Pape. Il obtient un Cardinal-Protecteur, in : Œuvres de Mgr de Ségur, 1893, Tolra, tome 11, page 425)

Saint Louis (1215-1270)

« Cher fils, je t’enseigne que tu sois toujours dévoué à l’Eglise de Rome et à notre saint-père le pape, et lui portes respect et honneur comme tu le dois à ton père spirituel. » (Enseignements de Saint Louis à son fils le Prince Philippe, dits Testament de saint Louis, adressé à son héritier, le futur Philippe III le Hardi)

Lire aussi cette étude du Père Henri MONTROUZIER, SJ, parue dans le Revue des sciences ecclésiastiques en 1865 :

Du prétendu gallicanisme de Charlemagne et de saint Louis

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

Lire notre article :

L’autorité et l’infaillibilité du Pape d’après saint Thomas d’Aquin

IIè Concile de Lyon

Emeraude: L'Église et le prêt à intérêt

« Nous professons avec fidélité et dévotion que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, non pas comme deux principes, mais comme d’un seul principe, non pas par deux spirations, mas par une seule et unique spiration. C’est ce que la sainte Eglise romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles, a jusqu’à maintenant professé, prêché et enseigné ; c’est ce qu’elle tient fermement, prêche, professe et enseigne ;c’est là l’immuable et véritable doctrine des Pères et des Docteurs orthodoxes, aussi bien latins que grecs. » (2e session, 18 mai 1274 : Constitution sur la Trinité souveraine et la foi catholique sur la procession du Saint-Esprit)

 

« Cette même sainte Eglise romaine possède aussi la primauté et autorité souveraine et entière sur l’ensemble de l’Eglise catholique. Elle reconnaît sincèrement et humblement l’avoir reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur lui-même, en la personne du bienheureux Pierre, chef ou tête des apôtres, dont le pontife romain est le successeur. Et comme elle doit, avant les autres, défendre la vérité de la foi, ainsi les questions qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies par son jugement. N’importe quel accusé peut en appeler à elle, dans les affaires qui relèvent des tribunaux d’Eglise ; et dans toutes les causes qui touchent à la juridiction ecclésiastique, on peut recourir à son jugement. A elle sont soumises toutes les Eglises, dont les prélats lui rendent obéissance et révérence. Sa plénitude de pouvoir est si établie qu’elle admet les autres Eglises à partager sa sollicitude. Cette même Eglise romaine a honoré beaucoup d’Eglises, et surtout les Eglises patriarcales, de divers privilèges, sa prérogative étant cependant toujours sauve dans les conciles généraux comme en d’autres occasions. » (4e session, 6 juillet 1274, lettre de l’empereur Michel au Pape bienheureux Grégoire X : Profession de foi de l’empereur Michel Paléologue)

Boniface VIII (vers 1235-1303)

« En conséquence nous déclarons, disons et définissons qu’il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d’être soumise au pontife romain. » (Bulle Unam Sanctam, 18 novembre 1302 – Sur la supériorité du spirituel sur le temporel)

Jean XXII (1244-1334)

Jean XXII condamna l’erreur suivante de Marsile de Padoue :

« Le bienheureux apôtre Pierre n’était pas davantage tête de l’Eglise que tous les autres apôtres, et n’avait pas davantage d’autorité que les autres apôtres ; et le Christ n’a laissé aucune tête à l’Eglise et n’a fait de personne son vicaire. […]

(Censure : les articles précités) … Nous déclarons par jugement qu’ils sont contraires à la sainte Ecriture et ennemis de la foi catholique, hérétiques ou analogues à des hérésies et erronés, et que les susdits Marsile et Jean sont des hérétiques et même des hérésiarques manifestes et notoires. » (Constitution Licet iuxta Doctrinam, 23 octobre 1327, à l’évêque de Worcester – Erreurs de Marsile de Padoue concernant la constitution de l’Eglise)

Clément VI (1291-1352)

« Dans le premier chapitre de ta réponse… nous demandons : 1. Si vous croyez, toi et l’Eglise des Arméniens qui t’obéit, que ceux qui ont reçu dans le baptême la même foi catholique et qui ensuite se sont éloignés ou s’éloigneront de la communion de foi avec cette même Eglise romaine, qui est l’unique et seule catholique, sont schismatiques et hérétiques s’ils demeurent obstinément séparés de la foi de cette Eglise romaine.

Nous demandons si vous croyez, toi et les Arméniens qui t’obéissent, qu’aucun homme dans la condition de pèlerin ne peut être sauvé à la fin en dehors de cette Eglise et l’obéissance aux pontifes romains.

2. Dans le deuxième chapitre… nous demandons 1. Si tu as cru, crois ou es disposé à croire, toi et l’Eglise des Arméniens qui t’obéit, que le bienheureux Pierre a reçu du Seigneur Jésus Christ le pouvoir de juridiction le plus plénier sur tous les fidèles chrétiens ; et que tout pouvoir de juridiction que Judas Thaddée et d’autres apôtres ont eu de façon spéciale et particulière dans certains pays ou provinces et en diverses partie de l’univers, était soumis pleinement à l’autorité et au pouvoir que le bienheureux Pierre a reçus du Seigneur Jésus Christ lui-même dans toutes les parties de l’univers sur tous ceux qui croient au Christ ; et qu’aucun apôtre ou quiconque d’autre en dehors de Pierre n’a reçu le pouvoir plénier sur tous les chrétiens.

3. Si tu crois et as tenu, ou si tu es disposé à croire et à tenir, toi et les Arméniens qui te sont soumis, que tous les pontifes romains qui, succédant au bienheureux Pierre, sont entrés ou entreront dans leur fonction conformément aux canons, ont succédé et succéderont au bienheureux pontife romain Pierre dans la même plénitude et le même pouvoir de juridiction que celle que Pierre lui-même a reçue du Seigneur Jésus Christ sur le corps entier de l’Eglise militante.

4. Si tu as cru et crois, toi et les Arméniens qui te sont soumis, que ceux qui ont été les pontifes romains, et Nous qui sommes le pontife romain, et ceux qui le seront successivement, en tant que vicaires du Christ légitimes et très pléniers de par leur pouvoir, ont reçu directement du Christ, à l’égard du corps entier et universel de l’Eglise militante, toute la juridiction liée au pouvoir que le Christ, en tant que tête ayant la même forme, détenait dans la vie humaine.

5. Si tu as cru et crois que tous ceux qui ont été les pontifes romains, Nous qui le sommes, et tous ceux qui le seront, ont pu, peuvent et pourront, en vertu de la plénitude du pouvoir et de l’autorité précitée, porter des jugements de façon immédiate, par Nous-mêmes et par eux-mêmes, au sujet de tous en tant qu’ils sont soumis à notre juridiction et à la leur, et instituer et déléguer comme juges ecclésiastiques tous ceux que Nous voudrons, pour qu’ils portent des jugements.

6. Si tu as cru et crois que l’autorité suprême et prééminente et le pouvoir de juger de ceux qui étaient les pontifes romains, de Nous qui le sommes, et de ceux qui le seront, était, est et sera telle qu’eux et Nous n’ont pu, ne peuvent et ne pourront être jugés par personne ; mais qu’eux et Nous ont été, sommes et seront laissés au seul jugement de Dieu, et qu’il n’a pas été possible, qu’il n’est pas possible et qu’il ne sera pas possible de faire appel de nos sentences et de nos jugements à un autre juge, quel qu’il soit.

7. Si tu as cru et crois encore maintenant que la plénitude du pouvoir du pontife romain s’étend si loin qu’il peut transférer les patriarches, le catholicos, les archevêques, les évêques, les abbés et n’importe quel autre prélat des dignités, quelles qu’elles soient, dans lesquelles ils ont été établis dans d’autres dignités comprenant une juridiction plus grande ou moindre, ou si leurs fautes l’exigent, les dégrader et les déposer, les excommunier ou les livrer à Satan 1Co 5,5.

8. Si tu as cru et crois encore maintenant que l’autorité du pontife romain ne peut ni ne doit être soumise à aucun pouvoir séculier impérial, royal ou autre pour ce qui est de l’institution, de la remontrance ou de la destitution judiciaires.

9. Si tu as cru et crois que seul le pontife romain peut établir les saints canons universels, accorder des indulgences plénières à ceux qui visitent les tombeaux des apôtres Pierre et Paul ou qui se rendent en pèlerinage en Terre sainte, ou à tous les fidèles qui, se repentant vraiment et pleinement, se seront confessés.

10. Si tu as cru et crois que ceux qui se sont dressés contre la foi de l’Eglise romaine et qui à la fin sont morts sans repentir, ont été damnés et sont descendus vers les supplices éternels de l’enfer.

11. Si tu as cru et crois encore maintenant que, s’agissant de l’administration des sacrements de l’Eglise, dès lors que reste toujours sauf ce qui fait partie de l’intégrité et de la nécessité des sacrements, le pontife romain peut tolérer divers rites des Eglises du Christ et aussi concéder qu’on les maintienne.

12. Si tu as cru et crois que les Arméniens qui en diverses parties du monde obéissent au pontife romain et qui observent avec zèle et dévotion les formes et les rites de l’Eglise romaine dans l’administration des sacrements, le jeûne et d’autres cérémonies, agissent bien et qu’agissant ainsi ils méritent la vie éternelle.

13. Si tu as cru et crois que personne ne peut être transféré de la dignité épiscopale à la dignité archiépiscopale, patriarcale ou à celle d’un catholicos en vertu de sa propre autorité ou l’autorité d’un prince séculier, qu’il soit roi ou empereur ou un autre qui s’appuie sur un pouvoir et une dignité terrestre quelles qu’ils soient.

14. Si tu as cru et crois encore maintenant que lorsque surgissent des doutes concernant la foi catholique, seul le pontife romain peut y mettre fin par une décision authentique à laquelle il faut adhérer de façon irrévocable, et qu’est vrai et catholique ce qu’en vertu de l’autorité des clés qui lui ont été remises par le Christ il détermine comme étant vrai, et que ce qu’il détermine comme étant faux et hérétique doit être considéré comme tel.

14. Si tu as cru et crois que le Nouveau et l’Ancien Testament, dans tous les livres que nous a transmis l’autorité de l’Eglise romaine, contiennent en tout la vérité indubitable… » (Lettre Super quibusdam, à Mekhitar (Consolator), catholicos des Arméniens, 29 septembre 1351)

37 commentaires sur “La Papauté depuis les apôtres !

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  28. Fournier Lucien
    29 septembre 2019

    Bon travail, mais j’ai encore des doutes concernant l’authenticité de certains textes que vous utilisez, si vous avez le temps allez sur le site [nom censurée par la modération] dans la section papauté et pères de l’église, il y a de nombreuses citations des pères de l’église qui semblent franchement s’opposer à la primauté de Pierre et pour lesquelles je n’ai pas trouvé de contre arguments…

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  34. Steven
    8 Mai 2020

    Il y a une chose que je voudrais comprendre.
    Quand d’un côté Jésus dit qu’il faut obéir aux Pharisiens mais ne pas suivre leur mode de vie qui n’est pas exemplaire,
    Et de l’autre il leur repproche d’ajouter leurs traditions à la parole de Dieu.
    N’y a t-il pas une certaine contradiction, entre appeler à suivre les enseignements des Pharisiens et condamner leurs faux enseignements tel le lavage des mains.
    Les Protestants pourraient nous rétorquer la même chose, pour le Magistère des Papes qui ne saurait être libre de toute erreur à l’instar du levain des Pharisiens.
    Comment pouvons-nous savoir que toutes nos doctrines sont véridiques et que nous ne tomberons jamais dans l’erreur alors
    même que ceux qui étaient assis sur la Chaire de Moïse n’étaient pas infaillibles.

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