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« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

La Didachè ou Doctrine des Douze Apôtres

didachèLes premiers siècles de l’ère chrétienne ont été fructueux en littérature. Fructueux dans les deux sens : en orthodoxie comme en hétérodoxie. Le but n’étant pas dans ce travail – qui se veut d’être bref – de faire un procès de cette ère, encore moins de prétendre la présenter exhaustivement, nous aimerions simplement présenter un document qui, pour les premiers chrétiens et surtout les Pères de l’Eglise, avaient une importance qui n’était pas moindre. Ce document est la Vous pouvez en lire le contenu en cliquant ici. Vous pouvez également en lire une analyse poussée en cliquant ici. Pour notre part, nous présenterons notre travail plus rapide en deux parties. La première s’intéressera rien de plus qu’au résumé de l’œuvre ; la seconde sera une contextualisation ; nous terminerons sur une conclusion incluant un certain nombre de questions que posent ce fameux texte.

1.     Résumé de la Didachè

En ce qui concerne la division du texte, quelques hypothèses ont été émises. Nous en retenons principalement deux. Celle de DROBNER[1] qui parle d’un texte divisé en cinq parties couvrant les seize chapitres. Les cinq parties seraient dans cette hypothèse : le comportement de la communauté quant à l’éthique (I-IV), la liturgie (VII-X), la façon de traiter les prophètes itinérants et les chrétiens vagabonds (XI-XIII), la vie communautaire (XIV-XV) et l’eschatologie (XVI). Une seconde hypothèse, celle BERTHOLD[2], plus générale et peut-être moins précise, divise les seize chapitres en trois parties : La morale chrétienne (I-VI), la liturgie (VII-X), la discipline (XI-XV), et une conclusion. Ne voulant point assumer une troisième division qui serait la nôtre, nous préférons nous rattacher à la seconde hypothèse. Après cet aperçu, nous nous engageons à résumer plus précisément le contenu du document.

La Didachè s’ouvre sur une doctrine : la doctrine des deux voies : la voie de la vie et celle de la mort. Du chapitre premier au quatrième, il est expliqué en quoi consiste le chemin de la vie. En lisant avec attention ces quatre premiers chapitres, il ressort avec évidence que le texte dénote une influence judéo-chrétienne. Les sentences rappellent vivement le Sermon sur la montagne (Mt 5-7). C’est ainsi que nous pouvons lire : « tu aimeras le Dieu qui t’a créé, en second ton prochain comme toi-même.. », « Bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous haïssent… », etc. Le chapitre deuxième s’ouvre avec le second commandement qui en fait est une suite de restrictions à ne pas violer si l’on veut rester sur la voie de la vie : « tu ne tueras pas », « tu ne commettras pas d’adultère »…; la condamnation de l’avortement y est on ne plus explicite : « tu ne tueras pas d’enfants par avortement ou après la naissance ». Le chapitre troisième quant à lui ressemble plus à une exhortation, une prière à ne point commettre le mal. Une exhortation articulée par l’anaphore « Mon enfant », en début de chaque phrase. Il s’agit en effet de conseils qui permettraient d’éviter les meurtres, les adultères, l’idolâtrie. Les chapitres cinq et six s’attardent sur l’autre voie : celle de la mort.

La seconde partie de la Didachè concerne la liturgie – présente dès le chapitre septième qui s’ouvre avec le Baptême. Ce « rite » doit être fait au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (ce qui nous rappelle la finale de l’Evangile selon saint Matthieu). Il est conseillé de jeûner avant le baptême (et pour le baptisant et pour le baptisé). Le chapitre huitième concerne le jeûne et la prière. Il est conseillé de jeûner le mercredi et le jour de la préparation du Sabbat. La prière est celle laissée par le Seigneur : le Pater. Le chapitre neuvième est un témoin de la présence de l’Eucharistie dès les premiers siècles. Des instructions précises (et une prière de remerciement est exigée (chapitre dix)) sont données que ce soit pour le vin ou le pain. La restriction veut que seuls les baptisés au Nom du Seigneur partagent l’Eucharistie.

Du chapitre XI au chapitre XV, nous avons affaire à une partie disciplinaire. Une invitation à se méfier de tous ceux qui oseraient dire le contraire de ce qui est dit dans les chapitres précédents. On doit se réunir le jour dominical pour rompre le pain – après avoir confesser ses péchés ! Le chapitre seize est une conclusion et une invitation à veiller, à être vigilant contre les faux prophètes, en attendant le retour du Seigneur. Ce chapitre traite en fait de l’eschatologie et se clôt donc ainsi : « Alors le monde verra le Seigneur venant sur les nuées du ciel ».

2.     Contextualisation

La Didachè, aussi connue sous le titre d’« Enseignement du Seigneur aux nations par les douze apôtres » était un texte considérable dans les premiers siècles. A ce propos, DROBNER souligne que la Tradition apostolique « représente, après la Didachè, le plus important témoignage sur la vie communautaire et la liturgie de l’Eglise antique[3] ». Toutefois, le contenu exact de ce texte est resté un mystère car il n’était connu que par les références faites par les Pères de l’Eglise, jusqu’à ce qu’il soit découvert à Constantinople au XIXe siècle, plus précisément en 1873 par Philotheos Bryennios. D’autres sources indiquent cependant que la découverte eut lieu en 1875[4]. Cependant, cette précision importe peu contrairement à trois questions primordiales qu’on pourrait se poser concernant le document que nous traitons : qui en est l’auteur ? De quelle région provient-il ? Et, finalement, à quelle époque le situer ? Est-il contemporain aux Evangiles ? Si oui, pourquoi ne figure-t-il pas dans le canon biblique ? Pour répondre à la première question, deux principales hypothèses nous sont connues. En 1933, A. Milavec soutenait l’unité stricte du texte alors que S. Giet avait argumenté, en 1970, pour une multiplicité de textes réunis en un seul recueil. De nos jours, il semble admis qu’il s’agit en fait d’un seul auteur qui aurait rassemblé plusieurs textes.

Quant à savoir d’où et quand provient le texte, il faut signaler qu’on a longtemps pensé que, la plupart des témoins de la Didachè étant d’origine égyptienne, le texte provenait de cette région. Mais, il semble certain qu’il provient plutôt de Syrie occidentale[5]. D’ailleurs, on a souvent observé que l’allusion à 7, 2 : « Mais, si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau; si tu ne peux pas (baptiser) dans l’eau froide, que ce soit dans l’eau chaude. Si tu n’as ni l’une ni l’autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. » semble mal s’adapter à l’Egypte. Pour ce qui est de la datation, RORDORF[6] nous avertit qu’après la découverte du texte, la relation entre Didachè 1-5/16 et Epitre de Barnabé (18-20) qui présente la doctrine des deux voies, on donnait la datation au IIe siècle. Cependant, depuis la découverte des manuscrits de la Mer morte (Qumrân), il y a un consensus selon lequel le texte date du premier siècle, et peut-être même de la première moitié du premier siècle. Il s’agirait là, d’après ces informations, d’un texte contemporain aux premiers textes néotestamentaires qu’on doit à l’apôtre Paul. S’il est donc vrai que ce texte date de la première moitié du premier siècle, pour quelle(s) raison(s) ne figure-t-il pas dans le canon biblique ? On ne serait vraiment élucider ce « mystère ». Tout ce que nous savons repose sur le fait qu’Eusèbe de Césarée[7] (Hist., 3, 25, 4) range la Didachè parmi les apocryphes et ce nonobstant le fait que cet écrit avait servi de modèle à d’autres écrits liturgiques et juridiques dans l’Antiquité.

En définitive, vu la brièveté de notre travail, de tels points ne peuvent pas être plus approfondis. Ainsi, nous nous sommes limité à l’essentiel. Notre but n’a pas été d’être le plus exhaustif possible, mais simplement de présenter un texte qui eut dans l’Antiquité une portée majeure, mais aussi de susciter un certain intérêt sur la Didachè, et peut-être sur cette époque florissante du Christianisme.

_________________

  • [1] DROBNER R. Hubertus, Les Pères de l’Eglise. Sept siècles de littérature chrétienne, trad. FEISTHAUER Joseph, Desclée, Tournai, 1999, p. 65.
  • [2] BERTHOLD Altaner, Précis de Patrologie, adapté par H. Chirat, Salvator Mulhouse, Paris, 1961, p. 89-93.
  • [3] DROBNER R. Hubertus, op., cit., p. 121.
  • [4] BERTHOLD Altaner, op., cit., p. 89.
  • [5] RORDORF Willy, « La Didachè », in : POUDERON Bernard (dir.), Histoire de la littérature grecque chrétienne. De Paul apôtre à Irénée de Lyon. T. 2. Sous la responsabilité de Bernard Pouderon et Enrico Norelli. Coll. « Initiation aux Pères de l’Eglise », Cerf, paris, 2013, p. 507.
  • [6] Ibid., p. 506.
  • [7] EUSEBE DE CESAREE, Histoire 3 25, 4, cité in BERTHOLD Altaner, op. cit. p. 90.

À propos de Le Saker D'Ahala

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14 commentaires sur “La Didachè ou Doctrine des Douze Apôtres

  1. Rott
    3 février 2015

    Excellent résumé.
    Je pense qu’il faut lire :
    En 1933, A. Milavec soutenait l’unité, au lieu de 2033.

    Rott

    • +++Yesus Kristus azu+++
      3 février 2015

      … Merci chère Rott, merci pour la remarque. La chose vient d’être mise à jour. En effet, 1933, c’est mieux quand même.. 😉

  2. Christian Guie
    4 juin 2015

    Ouais la Diadache, livre… Liturgique du temps Apostolique 🙂 m’en suis rendu compte ya pas lontemps

  3. PGB
    3 septembre 2015

    Bonjour,

    J’ai lu le texte et je trouve que le document conforte un peu plus la foi catho.

    Merci de votre travail

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