+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

La Papauté au concile de Nicée (325)

Dossier sur la Papauté : ici

Notre dossier Le Concile de Nicée (325), un Concile Catholique : ici

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Les ennemis de l’Eglise affirment que le concile de Nicée (325) se tint sans le concours de l’autorité du Pape. Ils infèrent que ce n’est pas saint Sylvestre, l’évêque de Rome de l’époque qui le convoqua, que ce n’est pas lui qui le présida, que ce n’est pas par son autorité que ses décrets furent pris, et même qu’un de ses canons contredit la Papauté. C’est ce que nous allons voir.

Voici le plan de notre étude :

I) Qui convoqua le concile ?

A) Ce n’est pas Constantin

B) C’est le Pape Sylvestre

II) Qui présida le concile ?

A) Ce n’est pas Constantin

B) Ce n’est pas Eustathius d’Antioche

1) Les différentes significations du termes « présider »

2) Eustathius n’a-t-il pas prononcé le discours adressé à l’empereur ?

3) Eustathius ne siégeait-il pas à droite, la place d’honneur ?

C) Ce sont les légats du Pape : saint Osius, Viton et Vincent

1) Témoignage de saint Athanase

2) Récit de Sozomène de Constantinople

3) Récit de Socrate de Constantinople

4) Récit de Gélase de Cyzique

a) Teneur du récit

b) Pertinence de son témoignage

c) Pourquoi Gélase inscrit-il Osius avant Viton et Vincent ?

4) Leurs places dans les listes de signatures

5) Les témoins ultérieurs : saint Hincmar de Reims, Adrien Ier, Mennas, Théodore et Photius

III) Qui ratifia les décret du Concile ?

A) Deux fausses pistes à propos d’affirmations directes que le Concile fut ratifié par le Pape

1) Lettre synodale du Concile de Rome de 485

2) Denys le Petit (475544)

B) Affirmations indirectes que le Concile fut ratifié par le Pape car tout Concile doit l’être

IV) Le 6è canon du Concile de Nicée et la Papauté

A) Non : ce canon ne contredit pas la Papauté

1) Impossibilité contextuelle que le Concile ait contredit la Papauté dans un canon

2) Réfutations des fausses interprétations

a) Le vrai sens du canon : une simple répartition des juridictions patriarcales

b) L’inconsistance de l’interprétation de Rufin d’Aquilée

B) Non : ce canon ne commence pas par « L’Église romaine a toujours eu la primauté »

C) Ce canon n’a-t-il pas quand même une signification papiste ?

1) Une réflexion à propos de la formulation du canon

2) Une comparaison entre les versions grecque et copte

3) Les canons arabiques reconnaissent la Papauté

a) Des canons dit arabiques mais répandus dans tous l’Orient et présents dans toutes les langues orientales

b) Des canons apocryphes traduisant sans doute l’intention du législateur

c) Le 8è canon arabique, visible paraphrase du 6è canon officiel, présente l’Evêque de Rome comme « successeur de saint Pierre« 

d) 37è canon arabique : « Leur prince et leur chef [des patriarches] est le seigneur qui occupe le siège de saint Pierre à Rome, ainsi que l’ont ordonné les apôtres« 

e) 39è ou 44è canon arabique, suivant les collections : « le Pontife [de Rome] a puissance sur tous les patriarches, étant leur prince et leur chef, comme saint Pierre lui-même, à qui a été donnée puissance sur tous les princes chrétiens et sur leurs peuples, attendu qu’il est le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur tous les peuples et sur toute l’Eglise chrétienne« 

f) Une habitude orientale de produire des faux textes

V) Sujet annexe : réfutation de la légende de l’intervention de Paphnuce contre le célibat des prêtres

I) Qui convoqua le concile ?

A) Ce n’est pas Constantin

Nos adversaires affirment que c’est l’empereur Constantin et non le Pape saint Sylvestre qui convoqua le concile. Et à cette fin, ils allèguent quelques témoignages tronqués des historiens ecclésiastiques les plus autorisés. Voici la teneur de ces propos :

Eusèbe de Césarée (vers 260-vers 339) :

« L’empereur s’occupa donc désormais du concile général, réunion en un même lieu de divers corps de l’armée sainte. Des lettres impériales invitèrent les évêques à s’y rendre avec empressement. » (Vie de Constantin, III, 6)

Socrate le Scolastique (vers 380-450) :

« L’Empereur voyant donc que le repos de l’Eglise était ébranlé par ces deux maux, assembla un Concile Général à Nicée Ville de Bithynie, où il invita tous les Evêques de se trouver. Il s’y fit un concours merveilleux d’Evêques qui s’y rendirent de diverses Villes et de diverses Provinces, comme Eusèbe le témoigne en ces termes dans le livre troisième de la vie de Constantin. » (Histoire ecclésiastique, I, 8)

Sozomène de Constantinople (vers 400-vers 450) :

« Osius ayant trouvé les contesterions trop aigries pour les pouvoir apaiser, et étant revenu sans rien faire, l’Empereur convoqua à Nicée ville de Bithynie, les Evêques de toutes les Eglises. » (Histoire ecclésiastique, I, 17)

Théodoret de Cyr (vers 393-vers 458) dit même que les évêques reconnurent eux-mêmes cette convocation :

« Le grand saint Concile ayant été assemblé dans la Ville de Nicée par la grâce de Dieu, et par les soins du très-Religieux Empereur Constantin qui nous a convoqués de diverses Villes, et de diverses Provinces, nous avons cru qu’il était nécessaire de vous informer par notre Lettre de ce qui y a été agité et examiné, et de ce qui y a été résolu et décidé. » (Histoire ecclésiastique, I, 9)

Se jetant sur cette aubaine, des protestants purent dire :

« Ce fut sous le pontificat de Sylvestre, mais sans son concours, que se réunit le premier grand concile œcuménique, celui de Nicée, 325 [Abr. de l’hist. des Papes, 18]. » C’est le ministre Bost qui a rajeuni en ces termes une assertion de Dumoulin, Luther, Calvin, Verger ont soutenu que les empereurs d’Orient avaient convoqué et présidé les premiers conciles généraux. M. Ampère parait être du même avis : « Jusqu’ici, dit-il, nous n’avons pas beaucoup entendu parler de Rome ; elle a pris part aux débats théologiques, mais elle ne les a pas dominés [Histoire littéraire, tome II, 75]. » » (CONSTANT, page 200)

B) C’est le Pape Sylvestre

A cela il faut répondre avec Rufin d’Aquilée (vers 345-vers 411) :

« L’empereur convoqua à Nicée une réunion générale des évêques, après avoir pris l’avis et le consentement des Prêtres. » (Histoire ecclésiastique, I, 1)

Or le premier de ces prêtres était le pape Sylvestre, souverain pontife et évêque du diocèse de l’empereur.

Citons ensuite les Pères du IIIè concile de Constantinople (681) qui s’écriaient :

« Arius veut diviser et séparer les personnes adorables de la sainte Trinité ; et aussitôt l’empereur Constantin et l’honorable Sylvestre s’empressent de convoquer le grand et célèbre concile de Nicée » (Discours prosphonétique aux empereurs, MANSI, XI, colonnes 661 A ; LABBE, VI, 1049-1050)

Citons enfin Saint Théodore Studite (759-826) nous apprend qu’une génération avant Photius, la croyance de l’Eglise de Constantinople était l’impossibilité de réunir un concile sans l’Autorité du Pape. Ecrivant au pape saint Léon III, il lui parle du synode qu’ont tenu, en janvier 809, les partisans des secondes noces de l’empereur Constantin VI qui, après avoir été marié à l’arménienne Marie, l’avait reléguée dans le cloître (janvier 795), et avait épousé la cubiculaire Thépdote :

« Il s’est tenu dans notre pays, ô bienheureux Père, dit-il, un synode pour la condamnation de l’Évangile du Christ, dont vous avez reçu les clés de la part de ce même Christ, par l’intermédiaire du prince des apôtres et de ses successeurs, jusqu’à celui qui a précédé Votre Sainteté. » (Lettres, I, 34 ; col. 1021 C et D)

La primauté du Pontife romain est donc une primauté vraiment divine. Aussi bien, Théodore l’attestait-il dans une précédente lettre adressée au même Pape :

« Les « moechiens » ou partisans du divorce impérial, écrivait-il, n’ont pas craint de s’arroger le pouvoir de tenir un synode, alors qu’ils n’ont pas le droit de réunir, sans votre connaissance, même un concile orthodoxe, selon l’usage en vigueur de vieille date. Combien plus serait-il convenable et nécessaire, nous le suggérons avec respect, qu’un synode légitime fût convoqué par votre divine primauté, afin que la croyance orthodoxe de l’Église repoussât la doctrine hérétique Nous vous avons fait ces communications, nous, les plus humbles des membres de l’Église, comme il convenait à notre petitesse, dans un esprit d’entière soumission à votre divine puissance pastorale. Nous conjurons d’ailleurs Votre Sainteté de nous compter au nombre de ses propres brebis, de nous éclairer et de nous fortifier de loin par ses saintes prières. » (Lettres, I, 33 ; col. 1020 C et D : Eî γαρ οδτοί έαυτοΐς έξαυθεντήσαντες αΐρετικήν σύνοδον έκπληρώσαι ούκ εδεισαν, καίπερ ει και όρθόδοξον ούκ άνευ της υμών είδήσεως έξουσιάζοντες, ώς το άνωθεν κεκρατηχος εθος· πόσω γε μάλλον ενίλογον και άναγκαΐον αν είη, ύπομιμνήσκομεν φόβω, ύπο της θείας πρωταρχίας σου εννομον κρατηθήναι σΰνοδον Ταΰτα άνηγγελκότες, ώς ελάχιστα μέλη της ‘Εκκλησίας, και τί) ύφ’ύμών υπείκοντες θεία ποιμεναρχία)

Aussi sa vision complète de la Papauté nous est exposée dans l’article La primauté de saint Pierre et du Pape d’après saint Théodore Studite (759-826) par le Père Sévérien SALAVILLE (dans Revue d’Etudes Byzantines, 1914, Numéro 104,  pp. 23-42). Voici le plan de cet article :

I. – La primauté de saint Pierre.

II. – La primauté du Pape.

1° L’épiscopat de saint Pierre à Rome.

2° La primauté du Pape est de droit divin.

3° Universalité de juridiction sur le monde entier.

4° Le pouvoir du Pape est sans appel.

5° Droit de convocation et d’approbation des conciles.

6° L’infaillibilité du Pape.

7° La Papauté centre de l’unité de la foi et de la communion.

Il faut noter que les Orthodoxes, célébrant ce saint le 11 novembre, le chantent comme :

« L’intrépide défenseur de la vérité, la colonne et le soutien de la foi orthodoxe, le guide inspiré de l’orthodoxie, le docteur de la piété, le flambeau de l’univers qui, par ses enseignements, a éclairé tous les fidèles, la lyre du Saint-Esprit, etc. » (Τής αληθείας σφόδρον συνήγογον, στύλον, έδραί’ωμα ορθοδόξου πίστεως. — ‘Ορθοδοξίας οδηγέ, Οεόπνευστε, εύσεβείας διδάσκαλε, της οΐκουμε’νης ό φωστήρ, ταΐς διδαχαΐς σου πάντας έφώτισας, λύροΕ του Πνεύματος. Voir dans les Menées l’office des Vêpres et de l’aurore, au 11 novembre)

Ils épuisent en son honneur la magnificence des titres et des épithètes. Ou ce langage signifie quelque chose, ou ce n’est qu’une phraséologie rhétorique sans substance. Pour un esprit logique il n’est point d’autre alternative. Par les saints qu’elle célèbre, la liturgie grecque est la condamnation la plus expresse qui se puisse imaginer du schisme oriental. Quand on chante saint Jean Chrysostome, saint Léon de Rome, saint Grégoire le Grand, saint Maxime le Confesseur, saint Jean Damascène, saint Théodore Studite et tant d’autres, si l’on connaît leur doctrine et si l’on est conséquent, on ne peut qu’être catholique.

Aussi il faut dire avec l’abbé Benjamin-Marcellin CONSTANT que :

« L’assemblée de Nicée, en tant que réunion, a été convoquée par l’empereur ; en tant que concile, elle a été convoquée par le Pape. Constantin, maître des trésors de l’empire, s’est chargé des frais de voyage que n’auraient pu faire la plupart des prélats invités ; commandant la force armée, il a pris des mesures pour que les égards dus à leur caractère sacré leur fussent partout prodigués ; mais là s’est arrêtée son intervention, et c’est comme témoin, et non comme juge de la foi, qu’il a pris part quelquefois aux travaux du concile. » (L’histoire et l’infaillibilité des Papes, 1859, tome 1, page 203)

Le cardinal Louis-Nazaire BEGIN explique encore :

« Ces paroles nous font voir immédiatement que le Pape a agi de concert avec l’empereur pour convoquer ce concile. C’était la première fois qu’on voyait l’Eglise et l’Etat ainsi unis, et travailler simultanément à l’extinction de l’erreur, au rétablissement de la paix dans la société. Constantin paya à même le trésor public les frais de voyage des évêques ; il fit préparer la salle conciliaire, s’occupa de procurer la tranquillité publique et la sécurité au moyen de ses troupes ; en un mot, la partie extérieure lui était réservée. (La primauté et l’infaillibilité des souverains pontifes, pages 134-135)

Et Mgr Justin FEVRE de surenchérir :

« Et l’on comprend, en effet, que l’empereur se soit préoccupé de la convocation d’un concile général et y ait donné tous ses soins, soit, parce que les disputes soulevées par l’arianisme et les divisions qui s’ensuivaient, agitaient l’empire ; soit parce que le concours du pouvoir temporel était fort utile pour procurer aux évêques les facilités de se rendre à Nicée ; soit enfin parce que la mise en exécution des résolutions du concile avait besoin de la main forte du pouvoir civil. Pour ces motifs, Constantin se disait l’Evêque du dehors, montrait son intelligence des charges du pouvoir civil et mettait son zèle à y faire honneur. » (Histoire apologétique de la Papauté, tome 1, page 455)

Ce qui nous mène au point suivant : qui présida le concile ?

II) Qui présida le concile ?

« Ce qui prouve que Sylvestre s’était entendu avec Constantin au sujet de la convocation du concile de Nicée, c’est que, ne pouvant s’y rendre lui-même à cause de ses occupations et de son grand âge, il envoya ses légats pour le présider en son nom. » (CONSTANT, page 204)

A) Ce n’est pas Constantin

Aussi pouvons-nous constater par les monuments de l’histoire antique de l’Eglise, y compris sous la plume des historiens ecclésiastiques invoqués par nos adversaires, que ce concile fut non seulement bel et bien présidé par les légats du Pape et par aucun autre ecclésiastique, mais aussi que Constantin qui y fut présent se mit volontairement en infériorité, balayant définitivement toutes les rumeurs de domination par lui des tenants et aboutissants du concile.

Eusèbe de Césarée :

« Constantin ne voulut qu’un petit siège qu’il s’était fait dresser lui-même ; il ne s’assit qu’après que les évêques l’eurent à diverses reprises invité à le faire » (Vie de Constantin, III, 10)

Théodoret :

« Il s’assit sur un petit siège qui avait été placé au milieu, après en avoir demandé permission aux Evêques, et ils s’assirent tous avec lui. » (Histoire ecclésiastique, I, 7)

Saint Ambroise de Milan (vers 340-397) :

« il [Constantin] ne fit aucune prescription aux évêques du concile, mais leur laissa liberté entière de délibérer et de juger. » (Lettre XIII à l’empereur Valentinien II)

Rufin d’Aquilée :

« ayant été prié par quelques évêques de prendre connaissance de diverses affaires qui les concernaient personnellement, il avait répondu que ce n’était pas à l’empereur, mais au concile qu’il appartenait de connaître des causes épiscopales : Je ne suis qu’un homme sans caractère dans l’ordre des choses saintes, dit-il, je ne m’ingérerai jamais à juger ceux qu’il [Dieu] a établis à sa place pour nous juger nous-mêmes. » (Histoire ecclésiastique, I, 2)

Dans la harangue qu’il adresse aux Pères du concile, Constantin les reconnaît pour ses maitres, chargés de le redresser s’il se trompe :

« Ne vous attendez pas de ma part à une doctrine élevée ; ce que je désire, c’est que ma foi obtienne votre approbation. »

Voilà pour les sources dont nous disposons.

« Aussi s’appelait-il l’évêque du dehors. Mais voyez-le dans le concile : il ne veut pas prendre la première place ; il occupe un siège moins élevé que celui des prélats; il ne s’assied qu’après que les évêques l’ont, à diverses reprises, invité à le faire ; il les laisse discuter les questions en toute liberté ; et lorsque quelques évêques veulent lui soumettre certaines affaires qui les concernent, il leur répond qu’il ne s’ingérera jamais à juger ceux que Dieu a établis à sa place pour le juger lui-même ; il ne se constitue pas juge de la foi ; il n’impose pas ses volontés à l’épiscopat réuni ; il est seulement témoin et disposé à faire exécuter les décrets qui auront été rendus. » (BEGIN, page 135)

« Que faut-il conclure ? Qu’est-ce qu’un président qui, entrant dans une assemblée, ne veut pas occuper la première place ? qui se fait dresser un siège moins élevé que celui des autres membres ? qui demande la permission de s’asseoir, laisse les évêques discuter librement toutes les questions, ne se reconnaît pas le droit de voter avec eux, et les appelle ses juges ? L’empereur Constantin se donna lui-même la qualification qui lui convenait, quand il s’appela l’Evêque du dehors. […]

La plupart des canons, surtout de discipline, seraient d’une exécution trop difficile sans le secours du pouvoir temporel : de là l’usage, dans l’Eglise, d’inviter les représentants et les dépositaires de ce pouvoir à assister aux délibérations qui précèdent l’adoption de ces mesures. » (CONSTANT, pages 202-203)

B) Ce n’est pas Eustathius d’Antioche

Il faut enfin réfuter l’objection consistant à dire que le président du concile était Eustathius, patriarche d’Antioche :

1) Les différentes significations du termes « présider »

« Les Pères du concile de Nicée écrivirent à ceux d’Alexandrie que, dans tout ce qu’on avait décidé, leur évêque Alexandre avait eu la présidence. Le pape Félix III a dit aussi que l’évêque d’Antioche, Eustathe avait présidé le concile des trois cent dix-huit évêques. Voilà pour le concile de Nicée a des présidents à foison ; mais sans parler de l’ambition humaine, qui explique aisément toutes les glorioles, il ne manque pas de bonnes raisons pour résoudre celle difficulté. D’abord, dans les langues classiques, les mêmes mots servent à exprimer les idées fort distinctes de présidence et de préséance, et il faut observer encore, quant à la préséance, qu’elle est tantôt l’effet d’un droit acquis, tantôt la bonne grâce passagère d’un service de circonstance. » (FEVRE, page 460)

En effet, le terme ϰὐριοσ, employé par Eusèbe, ne désigne qu’un membre influent du concile et non pas le président lui-même.

« Ensuite, les patriarches occupaient une place distincte, ils jouissaient ainsi d’une préséance acceptée, sinon comme droit, certainement comme une haute convenance. Enfin, à Nicée, le patriarche d’Antioche avait harangué Constantin, et le patriarche d’Alexandrie, avec le concours éloquent de son diacre Athanase, s’était distingué dans sa lutte contre l’arianisme.

Ou a donc pu, surtout dans des lettres où il ne s’agissait pas de parler avec la rigueur dogmatique, mais de placer en évidence honorable le rôle des deux patriarches, on a donc pu les honorer du titre de président. Nil et Cédrénus pensent même que les trois patriarches et l’évêque de Jérusalem présidèrent ensemble et effectivement ; l’évêque de Jérusalem avait déjà une place distincte. Mais cette preuve, croyons-nous, repose sur une confusion ou sur un oubli. » (FEVRE, page 460)

2) Eustathius n’a-t-il pas prononcé le discours adressé à l’empereur ?

« Enfin, d’autres auteurs ont soutenu que le concile de Nicée avait été présidé par Eustathius, patriarche d’Antioche, donnant pour preuve de leur opinion la place qu’occupait cet évêque, la première à droite, et le privilège qu’il eut de porter le premier la parole à l’empereur. Vaines raisons : si Eustathius ouvrit la séance par une allocution à l’empereur, c’est probablement qu’on l’avait chargé de le faire, parlant beaucoup mieux le grec , sa langue maternelle, que n’aurait put le faire un évêque d’Espagne ou un prêtre de Rome. » (CONSTANT, page 207)

En effet, bien que Constatntin fut de culture latine, il parlait parfaitement, comme toute la haute société de l’empire, le grec, d’autant plus qu’il était originaire de de Dacie aurélienne, région de langue grecque. De plus, l’écrasante majorité des Evêques présents étaient Orientaux, et avaient donc le grec pour langue maternelle, et les quelques Occidentaux présents avaient sans doute une maitrise suffisante du grec pour comprendre le discours, mais pas pour le prononcer.

L’abbé CONSTANT fait ici référence à « un évêque d’Espagne ou un prêtre de Rome » car comme nous le verrons, la vraie présidence revint aux légats du Pape qu’était l’Evêque espagnol Osius de Cordoue et aux prêtre romains Viton et Vincent.

3) Eustathius ne siégeait-il pas à droite, la place d’honneur ?

« Quant à la place qu’occupait Eustathius, c’était en effet la première à droite ; mais dans les conciles cette place n’est que la seconde, la plus digne est la première à gauche. Que cet usage vienne de la conviction où étaient les anciens, comme l’a raconté Varron, que le côté gauche était de meilleur augure, ou bien qu’il soit dû à la coutume de placer au milieu du concile le livre des Evangiles, toujours est-il qu’il existe. Nous en voyons une preuve au concile de Chalcédoine : le côté gauche était occupé par les légats du Siège apostolique, le patriarche de Constantinople, et celui d’Antioche ; le côté droit par Dioscore, patriarche d’Alexandrie, que le concile devait déposer avant de se séparer, par Juvénal, patriarche de Jérusalem. Nous voyons aussi que, dans le concile général de Florence, le Pape et le clergé latin occupaient le côté gauche ; au côté droit, l’on voyait l’empereur et le clergé grec qui venait renoncer au schisme. » (CONSTANT, pages 207-208)

« Les conciles se célébraient généralement dans les églises. Dans les églises, il y a un côté droit et un côté gauche occupant les deux parties de la nef ; il y a, de plus, dans le sanctuaire et dans le chœur, également un côté gauche et un côté droit. Le mot dont on se sert pour les indiquer varie suivant la place d’où écrit l’observateur. Si vous entrez dans une église par la porte ordinaire, en vous plaçant vis-à-vis de l’autel majeur, vous avez à votre gauche un côté gauche, à votre droite un côté droit. Si, au contraire, vous vous placez sur l’autel, regardant la porte d’entrée, la droite devient la gauche et la gauche devient la droite. Or, dans la liturgie, l’orientation des églises se prend de la position du prêtre disant Dominus vobiscum, et cette situation est elle-même variable, suivant que le prêtre dit la messe en présentant la face ou en tournant le dos aux fidèles. Ces distinctions sont à rappeler, lorsqu’il s’agit de se rendre compte de la place d’un Père dans un concile. Vous dites, par exemple, qu’Eustathe occupait, à Nicée, la première place à droite. Cette première place à droite était la seconde, et la plus digne était à gauche en entrant. Que cet usage s’explique par les usages rappelés précédemment, ou par la conviction des anciens que le côté gauche était de meilleur augure, ou par la coutume de placer au milieu des assemblées conciliaires les saints Evangiles, toujours est-il qu’il existe. Vous en voyons une preuve au concile de Chalcédoine : le côté gauche était occupé par les légats du Saint-Siège, les patriarches d’Antioche et de Constantinople ; le côté droit par Dioscore et Juvénal, patriarches d’Alexandrie et de Jérusalem. Nous voyons aussi que, dans le concile général de Florence, le Pape et le clergé latin occupaient le côté gauche; au côté droit, l’on voyait l’empereur et le clergé grec, qui venaient renoncer au schisme. Par ces faits et ces considérations, il est facile de conclure qu’on ne peut bâtir des arguments sur la droite ou la gauche d’un concile, surtout lorsqu’on peut confondre la préséance patriarcale avec la présidence des légats. » (FEVRE, pages 460-461)

Maintenant que preuve est faite que Constantin n’eut aucun rôle dans le concile, et qu’Eusthatius d’Antioche n’eut pas non plus ce rôle, posons-nous la question :

« Mais qui a présidé ce concile ? C’est le Pape Sylvestre par ses trois légats, Osius, évêque de Cordoue, et les deux prêtres, Viton et Vincent. En qualité de représentants du souverain Pontife, leurs noms se trouvent toujours même avant ceux des patriarches d’Alexandrie et d’Antioche ; s’ils n’eussent été revêtus de cette haute charge, comment un simple évêque d’Espagne et deux prêtres auraient-ils pu avoir la préséance ? » (FEVRE, page 135)

Démontrons cela.

C) Ce sont les légats du Pape : saint Osius, Viton et Vincent

La preuve que le concile fut présidé par les légats du Pape est d’autant plus forte qu’elle ne découle pas d’une source unique mais du recoupement de plusieurs sources. Nous sommes ainsi assuré qu’il ne s’agit pas d’une pièce forgée par les défenseurs de la Papauté.

1) Témoignage de saint Athanase

La première affirmation de la présidence par Osius nous est rapportée par Saint Athanase (vers 295-373) qui dut fuir son siège d’Alexandrie à plusieurs reprises en  raison des persécution ariennes, met quiconque au défi de lui dire quel synode d’importance ne fut pas présidé par le défenseur de la divinité de Jésus-Christ Osius :

« Il est superflu de parler du grand et heureux vieillard, du confesseur si justement nommé Hosius ; car peut-être est-il connu de tous qu’ils l’ont fait bannir. Ce vieillard n’était pas un inconnu, mais le plus illustre des évêques, plus illustre à lui seul que tous les autres. Quel synode ne présida-t-il pas ? » (Apologie de sa fuite, V)

Saint Athanase nous apprend donc qu’Osius fut le principal président du concile de Nicée. Il ne nous apprend nullement qu’il le fut en délégation de l’Evêque de Rome ni que Viton en Vincent étaient avec lui. Cela, ce sont les témoignages des auteurs suivants qui nous le ferons déduire par recoupement.

2) Récit de Sozomène de Constantinople

« Osius ayant trouvé les contesterions trop aigries pour les pouvoir apaiser, et étant revenu sans rien faire, l’Empereur convoqua à Nicée ville de Bithynie, les Evêques de toutes les Eglises. Les Pasteurs de trois Églises fondées par les Apôtres, se trouvèrent à ce Concile, savoir Macaire Evêque de Jérusalem, Eustate Evêque d’Antioche ville assise sur le fleuve Oronte, et Alexandre Evêque d’Alexandrie. Jules Evêque de Rome ne pût s’y trouver à cause de son grand âge ; mais Viton et Vincent Prêtres de on Eglise, s’y trouvèrent en sa place. » (Histoire ecclésiaqtique, livre I, chapitre 17)

Nous savons donc qu’Osius présida le Concile et que Viton et Vincent étaient là en leur qualité de légats du Pape. Sozomène nous apprend qu’Osius, Viton et Vincent signèrent en qualité de légats de l’Evêque de Rome. Mais pourquoi commet-il la bévue de dire que l’Evêque de Rome était en ce temps était Jules alors que c’était Sylvestre ? Nous ne le savons pas avec certitude, mais il y a de fortes chances que cela soit liée à une confusion répandue à l’époque entre les Conciles de Nicée, sous le Pape saint Sylvestre, et de Sardique, sous le Pape saint Jules. Nous développons ce sujet dans notre page :

La confusion antique entre les Conciles de Nicée (235) et de Sardique (343)

Cinq siècles plus tard le coryphée l’église orthodoxe, Photius, commettra la même erreur. Nous y reviendrons plus bas.

3) Récit de Socrate de Constantinople

Socrate écrit :

« Les Evêques qui s’étaient assemblez à Nicée, ayant fait divers Canons, retournèrent chacun en leur Eglise. Je crois que ceux qui prendront la peine de lire mon ouvrage, seront bien aises de savoir leurs noms, les Villes d’où ils étaient Evêques, et le temps auquel ils ont tenu le Concile. Voici ce que j’en ai pu apprendre. Osius était Évêque de Cordoue en Espagne, comme je crois, et comme je l’ai dit ci-devant. Viton et Vincent Prêtres de la Ville de Rome, Alexandre Évêque d’Egypte, Eustate de la grande Antioche, Macaire de Jérusalem, Harpocration de Cynopole. Les noms des autres sont rapportés dans le Livre des Synodes, composé par Athanase Evêque d’Alexandrie. » (Histoire ecclésiastique, I, 9)

En mettant Osius, Viton et Vincent en tête de liste des membres présents avant même les Evêques d’Antioche et d’Alexandrie, même sans dire pour autant explicitement qu’ils avaient la présidence, Socrate nous confirme ce que nous disait déjà saint Athanase : Osius présida la concile de Nicée. Mais il nous apprend maintenant en plus qu’ils le firent en délégation de l’Evêque de Rome. Certes, Socrate ne mentionne pas la délégation romaine à l’endroit d’Osius, mais c’est implicite. En effet, comment un simple Evêque, même pas Archevêque, pourrait-il être placé en tête de la liste, y compris avant les patriarches et ceux pour lesquels la délégation romaine est explicitement mentionnée, sans être lui-même délégataire du même Evêque que ces derniers ? Surtout lorsque toute l’antique tradition, comme nous allons le voir, l’affirme effectivement ? De plus, Viton et Vincent n’étaient présents qu’en raison de leur délégation de l’Evêque de Rome, tandis ce qu’Osius, étant Evêque, était membre de droit du concile, et il était aussi présent en tant qu’Evêque de Cordoue.

Socrate, en plus de nous confirmer qu’Osius présida le concile, nous apprend qu’il était délégué de l’Evêque. En effet, il n’y a rigoureusement aucun autre motif possible pour qu’il ait eu la présidence du concile :

« Ce passage de Socrate montre, à lui seul, quels étaient les présidents du concile. Osius n’est pas qualifié, il est vrai, de légat du Pape, non plus que Victor et Vincent ; mais il est facile de voir que c’est à cette qualité seule qu’ils doivent d’être nommés les premiers. Si Osius n’eût été nommé par le Pape, pour le représenter au concile, Théognis, évêque de Nicée, et Eusèbe de Nicomédie, métropolitain de la province, tous les deux ariens et ennemis d’Osius, ne lui auraient pas permis de s’emparer de la première place.

A quel titre, au reste, Osius aurait-il dû cet honneur ? A la dignité de son siège ? Simple évêque de Cordoue, suffragant de Séville, il devait céder le pas à une foule d’archevêques et de métropolitains, et surtout aux trois patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. À ses vertus ? Il avait en effet combattu pour la foi, mais il ne l’avait pas encore confessée dans les tourments comme plusieurs de ses collègues et surtout comme Paphnuce de la haute Thébaïde et Potamée d’Héraclée, tous les deux présents. À ses miracles ? Nous ne voyons pas qu’il en ait fait, et toute l’Eglise connaissait ceux de Spiridion de Chypre, de Jacques de Nisibe, et de Nicolas de Myre. Au choix de l’empereur ? Si la nomination du président eût été à sa disposition, ce n’est pas Osius, qu’il connaissait à peine, qui eût été l’objet de son choix, mais Alexandre patriarche d’Alexandrie, ou Eusèbe de Césarée, pour lequel il manifestait un vif attachement. » (CONSTANT, pages 204-206)

Il ne serait de plus pas aberrant qu’on ait confié à Osius la présidence d’un concile ayant pour but de condamner l’hérésie d’Arius, lorsqu’on sait que Constantin envoya Osius à Alexandrie, pour exhorter Arius à rentrer dans la Communion de l’Eglise (Socrate, Histoire ecclésiastique, I, 7).

4) Récit de Gélase de Cyzique

a) Teneur du récit

Notre conclusion est très facilement déductible du texte et du contexte. Nous savons qu’Osius présida le concile et que les légats du pape y eurent une place plus privilégiée que les autres patriarches dont on a parfois dit à tort qu’ils présidèrent le concile. Aussi le dernier élément qui manque est l’affirmation qu’Osius agit en qualité de légat de l’Eglise romaine. Cela est fait par Gélase de Cyzique (Vè siècle) :

« On remarqua dans cette assemblée, Osius, célèbre évêque espagnol, qui, conjointe avec les prêtres de Rome, Victor et Vincent, tenaient la place de Sylvestre, évêque de la grande ville. » (Histoire du concile de Nicée, II, 5)

b) Pertinence de son témoignage

Certains objecteront que l’Histoire du concile de Nicée de Gélase de Cyzique n’est pas fiable et qu’une grande partie est inventée. Cela est parfaitement exact. Seulement il n’a évidemment pas tout inventé. Et le rôle d’Osius comme légats de Rome ne pouvait évidemment pas être inventé car un fait aussi contraire à la vérité lui aurait attiré les railleries de ses contemporains car cela fait partie de ce qui est notoire. De plus, on dira d’une part que Gélase ne dit pas qu’Osius, Viton et Vincent présidèrent le concile, mais seulement qu’Osius représentait l’Évêque de Rome aux côté de Viton et Vincent. Il ne fait d’ailleurs que confirmer ce qui était implicite chez Socrate de Constantinople. La mention explicite de la présidence par ce trio n’est pas affirmée. Celle-ci ne nous ait connue que par recoupement d’informations, comme nous l’avons dit.

Il faut souligner d’autre part que l’Oriental Gélase n’a pu inventer une chose si avantageuse pour le Siège de Rome, surtout lorsqu’on connaît les prétention de la si proche Constantinople à cette époque. Gélase avait donc tous les motifs humains de ne pas mettre en valeur la domination de Rome, surtout si celle-ci fut vraie. Donc si il en a fait état, c’est que l’information était hors de doute. On ne eut donc pas dire que c’est de la non-fiable oeuvre de Gélase que cette idée serait venue.

c) Pourquoi Gélase inscrit-il Osius avant Viton et Vincent ?

Certains objectent qu’Osius est mis le premier dans les souscriptions communes du concile, mais sans aucune marque de légation, alors que Victor et Vincent, qu’on met immédiatement après, déclarent qu’ils souscrivent au nom du Pape Sylvestre leur Evêque. Il s’en suivrait que Gélase n’entend pas sous entendre qu’Osius agissait en tant que légat du Pape.

« À cela, nous répondons qu’au concile d’Éphèse, saint Cyrille d’Alexandrie a signé le premier sans déclarer qu’il tenait la place de l’évèque de Rome, et qu’après lui les envoyés de Rome ont signé en marquant leur qualité de légats. Et pourtant, il est bien certain que saint Cyrille présidait l’assemblée au nom du Pape, comme cela est marqué dans les actes mêmes du concile, διέποντος και τον τόπον τοΰ άγιωτάτου κσλ οσιωτάτου άργιεπί,τκόπου της ‘Ρωμαίων εκκλησίας Κελεστίνου (Mansi, Ampl. conc. coll., t. IV, col. 1124, 1280) [ndlr : voir aussi à ce sujet notre article intitulé La Papauté au concile d’Ephèse (431)]. Pourquoi n’en serait-il pas de même d’Hosius à Nicée ? Ce qui peut nous porter à le croire, c’est que dans toutes les souscriptions que nous possédons, Hosius et les deux prêtres romains forment toujours un groupe à part, un groupe inséparable. […]

Un autre témoignage sur lequel on s’est appuyé pour prouver la présidence du représentant du Pape au concile de Nicée est le fait de Lucentius, légat de saint Léon à Chalcédoine, qui accuse Dioscore d’avoir fait un concile sans la permission du Siège apostolique : προσώπου γαρ ήρπασε το κρίνειν, όπερ ΐ>·ακ έκέκτητο* καΐ σύνοδον ετόλρ.ησε πον^σοα επιτροπής δίγα τοΰ αποστολικού θρόνοω,, όπερ ουδέποτε γέγονεν, ούδε ε’Εον γένβίτοαι (Mansi, op. cil., t. VI, col. 581 b). On applique ce texte à la présidence du concile d’Éphèse (449) et l’on argumente ainsi : Si Hosius ou quelque autre avait présidé le concile de Nicée sans délégation de l’évêque de Rome, Dioscore n’aurait pas manqué de s’en servir pour sa défense. Donc l’évêque de Rome a présidé le concile de Nicée par son ou ses représentants. Mais on fait trop dire au texte grec ci-dessus cité. Le reproche de Lucentius en effet, se vérifie, et la faute de Dioscore existe à partir seulement du moment où celui-ci, prononçant la condamnation de Flavien, usurpe un rôle de juge qui ne lui appartient pas, passe outre au Contradicitur du diacre Hilaire et change le concile en brigandage. Jusque-là, les légats pontificaux ont assisté au concile sans aucune protestation, et même y ont approuvé une déclaration de foi en leur présence et Dioscore a fort bien pu exercer, et apparemment a exercé la présidence en dehors de toute délégation du Saint-Siège, sans que la chose ait paru anormale. » (Père Venance GRUMEL, article Le siège de Rome et le concile de Nicée. Convocation et présidence dans Échos d’Orient, 1925, Volume 24, Numéro 140, pp. 416-419)

4) Leurs places dans les listes de signatures

Dans tous les exemplaires, sans en excepter un seul, Osius et les deux prêtres romains ont toujours signé les premiers, et, après eux seulement, le patriarche Alexandre d’Alexandrie, etc. Il en est ainsi dans les deux listes de signatures données par Mansi (t. II, col. 692, 697 ; et Hardouin, t. I, col. 311) et dans les deux autres donnees par Gélase (Mansi, t. II, col. 882, 927 ; Hardouin, t. I, col. 423). Dans ces deux dernières, Osius signe explicitement au nom de l’Eglise de Rome, des Eglises d’ltalie, d’Espagne et des autres pays d’Occident ; les deux prêtres romains ne paraissent être la que pour lui faire cortège. Dans les deux autres listes, au contraire, rien n’indique qu’Osius ait agi au nom du pape, tandis qu’on a soin de le spécifier pour les deux prêtres, et ce fait n’est pas aussi surprenant qu’il pourrait le paraître a première vue : il etait nécessaire d’indiquer pour quel motif les prêtres avaient signé, car ils ne possedaient pas par eux-memes le droit de signature. Pour Osius au contraire qui etait évêque, cette déclaration n’etait pas necessaire.

Des anti-romains soutiennent qu’Osius a eu l’honneur de signer le premier a cause du grand crédit dont il jouissait près de l’empereur (Dom Henri LECLERCQ d’ORLANCOURT, OSB, L’Espagne chrétienne, Paris, Lecoffre, 1906, deuxième édition, chapitre II). Mais il est certainement plus que risqué de prétendre que les évêques ont signé d’après l’échelle de leur crédit, et s’il en avait été ainsi, le nom d’Eusèbe de Césarée figurerait certainement parmi les premiers. Il est donc de la plus haute importance, pour arriver a découvrir la vérité, de rechercher dans quel ordre les signatures ont été données. L’étude des listes fait ressortir clairement que les signatures ont été données par provinces : le métropolitain d’une première province signa le premier et, après lui, ses suffragants ; le métropolitain d’une deuxième province signa ensuite, suivi également de ses suffragants, et ainsi des autres. En ce qui concerne les provinces elles-mêmes on paraît n’avoir suivi aucun ordre régulier ; la province d’Alexandrie vint en premier lieu, puis la Thebaïde, la Lybie, la Palestine, la Phénicie et, après celle-ci seulement, la province d’Antioche, etc. Chaque groupe de signatures fut toujours précédé très visiblement du nom de la province, et cette indication fait défaut pour la signature d’Osius et des deux prêtres romains. Ils signèrent les premiers et sans désignation de diocèse. On pourrait peut-être objecter que le concile, se composant surtout d’évêques grecs, voulut faire l’honneur aux évêques de l’Occident de les laisser signer les premiers, mais cette objection n’est pas fondée,car, à la fin des listes de signatures, on remarque encore les noms des représentants de deux provinces ecclésiastiques de l’Eglise latine. La Gaule et l’Afrique ayant été placées en dernier lieu, on aurait bien certainement mis l’Espagne a coté d’elles, si Osius n’avait été que le représentant de cette province et s’il n’avait assisté au concile pourvu d’une dignité bien supérieure. On peut encore conclure de ce que la signature d’Osius et celle des deux prêtres ne fut précédée d’aucune indication de province, qu’ils ne siégèrent pas comme représentants d’une Eglise particulière, mais bien comme présidents du concile, et nous sommes amenés a les considérer comme étant en réalité les πρόεδροι dont parle Eusèbe. L’analogie avec les autres conciles oeucuméniques est une preuve de plus de la réalité de leur présidence, en particulier au concile d’Ephèse l’évêque très célèbre Cyrille d’Alexandrie (de même qu’Osius cette fois-ci siégea en qualité de légat du pape avant tous les autres légats venus d’ltalie.

5) Les témoins ultérieurs : saint Hincmar de Reims, Adrien Ier, Mennas, Théodore et Photius

Saint Hincmar de Reims (806-882) que les gallicans et autres adversaires de la Papauté pensent être un des leurs, qui avait mûri et examiné la question, n’est pas moins explicite :

« A ce concile de Nicée, présidèrent, comme vicaires de Sylvestre Osius de Cordoue, Victor [Victor, Vitton, Biton, selon les manuscrits et les dialectes] et Vincent. » (In opusc. contra Hincm. Laudum., c. 20)

La Préface aux canons de Sardique du pape Adrien rappelle le même fait :

« Il faut savoir qu’Osius, dont nous venons de parler, fut honoré par les trois cent dix-huit évêques du concile de Nicée comme représentant du Siège apostolique avec Victor et Vincent. »  (Praef. in can. Sard. concil. VI, 1810)

Voici deux témoignages non suspects, ceux de deux patriarches de Constantinople, Mennas () et de Théodore ( et ) :

« Nous vénérons surtout, disent-ils dans leur profession de foi adressée à l’Evêque de Rome, nous vénérons et recevons comme orthodoxes les quatre conciles de Nicée, de Constantinople, d’Ephèse et de Chalcédoine. Nous acceptons leurs actes et leurs décisions quels qu’ils soient, tels qu’ils ont été écrits du commun consentement des Pères qui y ont assisté, et des légats et vicaires du Siège apostolique en la personne desquels vos prédécesseurs, les Evêques de Rome, les ont présidés. » (Labbe, tome V, voir les colonnes 335, 336 et 337)

Le coryphée l’église orthodoxe, Photius, est plus explicite que Socrate. Dans une lettre à l’empereur Michel, prince bulgare, parlant des sept premiers conciles généraux, il dit sur celui de Nicée :

« Les princes de cette assemblée furent Alexandre, qui avait obtenu le siège archiépiscopal de Constantinople (naturellement Photius lui assigne la première place), ainsi que Sylvestre et (son successeur) Jules, insignes et célèbres Pontifes de l’Eglise romaine. Ces deux derniers ne purent assister personnellement au concile ; mais ils s’y firent représenter, pendant le temps correspondant du pontificat de chacun d’eux, par Victor et Vincent, auxquels était associé (Osius) l’évêque de Cordoue. » (Canisius, Lectiones antiquae, t. II, pars secunda, p. 381. Voir Labbe, à la suite des pièces relatives au premier concile œcuménique)

Pour répondre à cette insinuation de Photius il faut répondre que :

« nous n’accordons point que les légats eussent, pour associés, comme le prétend Photius, Alexandre de Constantinople. Simple prêtre à Nicée, Alexandre y représentait son évêque Métrophanès et n’arriva lui-même que plus tard à l’épiscopat. De plus, en 325, Constantinople n’existait pas, ou du moins, elle n’était encore que la pauvre Byzance, ruinée par l’empereur Sévère, réduite à l’état de bourgade et siège suffragant d’Héraclée [Gélase de Cyzique, ubi supra ; Lebeau, Hist. du tau-Empire, liv. XI, n° 68; Fleury, Hist. eccl., liv. XI, n° U, à l’an 330.] » (Mgr Justin FEVRE dans Histoire apologétique de la Papauté, tome 3, page 459)

« Pourquoi cet anachronisme de Photius ? Peut-être a-t-il voulu donner une brillante généalogie à son schisme, en présentant celui qui fut le premier évêque de la nouvelle Rome comme l’égal de l’évêque de la Rome ancienne, et même comme lui étant supérieur dans la nomenclature ecclésiastique ; peut-être ne s’est-il pas moins trompé de bonne foi dans ce cas, que lorsqu’il fait régner le pape Jules Ier au temps du concile de Nicée. » (Abbé Jean-Marie-Sauveur GORINI, Défense de l’Eglise, tome III, page 234)

Mais Osius, dit-on, a souscrit les actes du concile sans prendre d’autre titre que celui d’Evêque de Cordoue. A cela il faut répondre que la signature d’un fonctionnaire n’est pas toujours suivie de l’énumération des titres qu’il a droit de prendre. En effet :

« L’empereur des Romains, Auguste, se contentait du qualificatif de Sebastos, et notre saint Louis signait souvent Louis de Poissy ; Napoléon était aussi fort bref en donnant, son coup de griffe. Osius n’a pas signé son titre de légat, soit parce qu’il jugeait inutile d’affirmer une qualité que personne ne lui contestait, soit parce que, siégeant au premier concile œcuménique, il n’avait pas su prévoir une jurisprudence qui n’était pas encore établie; mais Osius a signé à la place des légats, et cela suffit. On sait, au surplus, que les actes de Nicée ne sont pas parvenus intacts, et si les pièces qui accréditaient les légats ont péri, lorqu’elles existaient, elles suffisaient amplement à la validité du rôle d’Osius, Victor et Vincent. » (FEVRE, pages 459)

III) Qui ratifia les décret du Concile ?

A) Deux fausses pistes à propos d’affirmations directes que le Concile fut ratifié par le Pape

1) Lettre synodale du Concile de Rome de 485

En 485, sous le Pape saint Félix III, un concile se tint à Rome. Il envoya une lettre synodale au clergé de Constantinople, dans lequel on lit les mots suivants :

« Le prélat du Siège apostolique exerce sa sollicitude sur toutes les Eglises, étant le chef de toutes, en vertu de la parole que le Seigneur a dite Pierre « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » [Matthieu XVI, 18]. C’est en conformité avec cette parole que les trois cent dix-huit Pères rassemblés Nicée déférèrent à la sainte Eglise romaine la confirmation de leurs actes. » (Lettre synodale du concile de Rome au clergé de Constantinople, année 485 ; in : Dion. Exig.. In praefat. conc. Nic ; LABBE, IV, 1126 ; MANSI, tome VII, colonne 1140 ; HARDOUIN, tome II, colonne 856)

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cela ne désigne pas une attitude des Pères du Concile de Nicée (325), mais du Concile de Sardique (343), en rapport avec ses 3è, 4è et 5è canons papistes. Nous les exposons, ainsi que leur contexte, à la fin de notre article :

L’affaire du Concile d’Antioche (340) : un témoignage de la Papauté

Cela s’explique par la confusion qui était faite au Vè siècle à Rome où on attribuait au Concile de Nicée les canons de celui de Sardique. En effet, les canons des conciles de Nicée et de Sardique ont circulé dans une seule collection de canons, les uns à la suite des autres, suivant une numérotation continue et sous le seul titre de Nicée. Cette confusion a été fréquente dans les manuscrits (Pietro et Girolamo BALLERINI, Disquisitiones de antiquis collectionibus et collectoribus canonum, p. 380 ; Pierre COUSTANT, Dissertatio de antiquis canonum collectionibus, dans Andrea GALLANDI, De vetustis canonum collectionibus dissertationum sylloge, page 78). Il existe même des manuscrits contenant les canons de Sardique sans ceux de Nicée, portant le nom de Nicée.

2) Denys le Petit (475544)

D’après Denys le Petit (vers 470-entre 540 et 556), voici quelles aurait été les paroles du pape saint Sylvestre lui-même :

« Nous admettons et nous confirmons de notre bouche tout ce que les saints évêques, au nombre de trois cent dix-huit, ont établi à Nicée, dans la Bithynie, pour la défense et le maintien de noire sainte mère l’Eglise catholique et apostolique. » (Cité in : Denys le Petit, Codex canonum Ecclesiæ universæ, année 500 ; et Jean HARDOUIN, Conciliorum collectio regia maxima, 1715, Tome I, à la suite des Actes du concile de Nicée, p. 527)

Mgr Philippe GERBERT (1798-1864), Evêque de Perpignan, décrivit la scène à partir des actes d’un concile tenu à Rome sous saint Sylvestre. On peut lire en ligne son récit en ligne dans son Esquisse de Rome chrétienne, tome 1, chapitre V, pp. 370-376 : cliquer ici.

En réalité, c’est que vers l’an 500, on était à Rome généralement persuadé, du fait de la nécessité universellement admise de l’approbation du Pape, que les actes du concile de Nicée avaient été approuvés par le Pape saint Sylvestre. Denys a en effet ajouté à la collection des actes de Nicée : Et placuit ut hœc omnia mitterentur ad episcopum urbis Roma Sylvestrum (Dom Pierre COUSTANT, Epist. Pontif. Roman. , praef., p. LXXXII et LXXXIX, et Appendix, p. 51, 52 ; Jean HARDOUIN, Coll. concil., t. 1, col. 311). C’est même cette persuasion générale qui a probablement fait penser à fabriquer ces faux documents ; c’est parce qu’ils parlaient d’un fait vrai en lui-même que le faussaire a espéré pouvoir les faire passer pour des documents authentiques.

B) Affirmations indirectes que le Concile fut ratifié par le Pape car tout Concile doit l’être

Nous avons donc seulement des confirmations indirectes de la confirmation des décrets du Concile de Nicée par le Pape. Les témoignages antiques de la nécessité de recourir à la ratification romaine pour qu’un Concile ait autorité sont nombreux. Nous les rapportons entre autre dans notre article :

L’autorité souveraine et infaillible du Pape est-elle contradictoire avec l’existence des Conciles ?

IV) Le 6è canon du Concile de Nicée et la Papauté

Le 6è canon du concile de Nicée dispose :

« Que l’ancienne coutume en usage en Egypte, dans la Libye et la Pentapole soit maintenue, c’est-à-dire que l’évêque d’Alexandrie conserve la juridiction sur toutes ces provinces, car il y a le même usage pour l’évêque de Rome. On doit de même conserver aux Eglises d’Antioche et des autres diocèses leurs anciens droits. Il est bien évident que si quelqu’un est devenu évêque sans l’approbation du métropolitain, le concile décide qu’un tel n’est même pas évêque. D’autre part, l’élection ayant été faite par tous avec discernement et d’une manière conforme aux règles de l’Eglise, si deux ou trois font de l’opposition par pur esprit de contradiction, la majorité l’emportera. »

A) Non : ce canon ne contredit pas la Papauté

Selon les adversaires de la Papauté, si l’évêque de Rome était successeur de saint Pierre dans le pouvoir pontifical sur toute l’Eglise, le concile de Nicée n’aurait pas pris l’initiative de borner les limites de son pouvoir aux églises voisines de Rome.

Cette objection mérite deux réponses. Une réponse externe et une réponse interne.

1) Impossibilité contextuelle que le Concile ait contredit la Papauté dans un canon

La réponse externe est qu’il découle de tout ce que nous avons dit plus haut que tout le concile fut sous le contrôle de l’Evêque de Rome, aussi bien la convocation, que la présidence par le biais de ses légats, que la ratification de ses décrets. Aussi il est par avance inconsistant de prétendre que les canons du concile puissent contenir quoi que ce soir de contraire à l’autorité pontificale.

2) Réfutations des fausses interprétations

La réponse interne consiste à établir le vrai sens du canon. D’abord nous montrerons qu’il est assez évident pour ceux qui ne posent pas un regard partisan dessus. Puis il sera bon de démontrer en quoi l’interprétation proposée par Rufin d’Aquilée ne tient pas debout.

a) Le vrai sens du canon : une simple répartition des juridictions patriarcales

Le Cardinal Thomas de Vio (1469-1534), alias Cajetan, le plus grand thomiste et un des plus grands théologiens de l’histoire écrit :

« Il y a une différence entre parler de l’autorité et parler de l’usage que l’on en fait. En effet, tout en maintenant que l’évêque de Rome possède l’autorité sur l’Eglise entière, on a adopté comme coutume louable : à moins qu’une circonstance ne le réclame, le pape ne fait pas usage de son autorité pour intervenir dans le domaine où c’est la responsabilité particulière des églises autres que celle de Rome qui est concernée. Et c’est ainsi que, d’après la coutume, ce sont les archevêques qui confirment les évêques dans leur charge, ce sont les évêques qui établissent les curés, et il en va ainsi dans d’innombrables cas semblables. Telles est l’ancienne coutume que rappelle le concile de Nicée, lorsqu’avec l’approbation de l’évêque de Rome qui était présent en ses légats, il décida qu’il fallait observer cet antique usage. Mais il ne s’ensuit pas que le concile ait déterminé l’autorité du pontife romain ni qu’il lui ait porté atteinte ; et de la même manière, aujourd’hui son autorité n’est ni amoindrie ni lésée lorsque, parmi les provinces sans nombre qui lui obéissent, ceux qui sont placés à leur tête procèdent à ce genre d’intervention. » (Le Successeur de Pierre, Courrier de Rome, 2004, chapitre 13, n° 308, p. 142-143)

b) L’inconsistance de l’interprétation de Rufin d’Aquilée

Le Chanoine Adolphe-Charles PELTIER, historien des conciles, répond à son interprétation :

« Il est une autre interprétation, appuyée sur l’autorité de Rufin, d’après laquelle il ne s’agirait dans ce canon que des droits de métropolitain que l’évêque de Rome exerçait sur les Églises suburbicaires, c’est-à-dire sur celles qui n’étaient pas distantes de plus de onze cents pas de la ville de Rome. Mais, 1° l’autorité de Rufin est de nulle valeur, comme le dit fort bien le P. Alexandre (Hist. eccl. sæc. quart, diss. 20) ; son esprit de partialité nous est assez connu par les démêlés qu’il eut avec saint Jérôme ; et si personne ne doit être juge dans sa propre cause, cela est vrai de Rufin dans les limites qu’il pose à la juridiction de l’Église romaine, qu’il était intéressé à combattre, puisqu’elle l’avait exclu de son sein, par l’organe de son pontife Anastase I, avant même qu’il eût commencé à écrire son Histoire. 2° Dès le temps de Rufin, les droits du pontife romain, en sa simple qualité de métropolitain, s’étendaient bien au-delà des villes suburbicaires, puisqu’il ordonnait à ce titre, et convoquait à ses conciles les évêques des sept provinces de l’Italie, depuis le Pô jusqu’au Talon, ceux des îles de Sicile, de Corse et de Sardaigne, qui formaient trois autres provinces, et ceux même de Sicile, comme le prouve une lettre de saint Léon I. 3° Le 6e canon du concile de Nicée attribue aux sièges d’Alexandrie et d’Antioche une juridiction de même nature que celle dont jouissait celui de Rome ; or la juridiction qu’il accorde à l’évêque d’Alexandrie sur l’Égypte, la Libye et la Pentapole, n’est assurément pas celle d’un métropolitain sur une province, mais un droit tout au moins primatial ; et cela posé, qui empêche de dire que ce ne fût un droit patriarcal proprement dit, puisque toute l’histoire ecclésiastique dépose en faveur de ce fait ? Il faut donc abandonner l’interprétation de Rufin, quelque soutenue qu’elle soit par le docteur Launoy, et même par les docteurs protestants, et dire avec tous les catholiques les plus instruits que le 6e canon du concile de Nicée, bien loin d’affaiblir ou de contester l’autorité du pontife romain, reconnaît au contraire cette autorité, qu’il n’établit pas, mais qu’il suppose comme établie de tout temps ; et la présidence déférée dans ce concile même aux légats du pape saint Sylvestre démontre avec évidence qu’outre le droit patriarcal du siège de Rome, modèle primitif de tous les droits patriarcaux, le concile révérait dans l’évêque assis à la place de Pierre cette même pierre fondamentale sur laquelle toute l’Église a été bâtie. » (Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847, tome II, colonne 82, publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul MIGNE, tomes 13 et 14)

B) Non : ce canon ne commence pas par « L’Église romaine a toujours eu la primauté »

On lit souvent que ce fameux 6è canon comportait la phrase suivante :

« L’Église romaine a toujours eu la primauté »

La critique tend à révoquer cette formule comme interpolation. Laissons à nouveau la parole au Chanoine Adolphe-Charles PELTIER :

« D’autres ont été plus loin et ont prétendu avec Baronius et Bellarmin que l’autorité suprême du siège de Rome non seulement n’est pas contredite, mais est clairement démontrée par ce canon même. On cite en effet un manuscrit du Vatican, où ce canon a pour titre : De la primauté de l’Église romaine, d’où Baronius et Labbe après lui ont conclu que nous ne l’avions pas entier : et ils appuient leur opinion de l’autorité de Paschasin, légat du pape saint Léon au concile de Chalcédoine, qui lisait ainsi le commencement de ce canon : L’Église romaine a toujours eu la primauté. Mais il est à remarquer qu’aussitôt que Paschasin eut fini la lecture de ce canon, selon qu’il était dans son exemplaire, Constantin, secrétaire de l’Église de Constantinople, ayant reçu des mains du diacre Aétius un autre exemplaire que celui de Paschasin, lut ce même canon conçu en la manière que nous le lisons encore aujourd’hui dans l’original grec et dans les versions latines, où il n’est fait aucune mention de la primauté de l’Église romaine. On n’en trouve rien non plus dans le Code des canons de l’Église romaine donné par Justel, ni dans la version de ces canons par Denys le Petit, que le même Justel fit imprimer à Paris en 1628, sur de très anciens manuscrits. Il est donc à croire, dit D. Ceillier, que ces paroles : L’Église romaine a toujours eu la primauté, ont été ajoutées au texte dans quelque exemplaire de Rome, et cela par une personne peu habile. Car il ne s’agit nullement dans le canon 6e de Nicée, de la primauté de l’évêque de Rome dans toute l’Église, mais de quelques droits qui lui étaient communs avec les évêques d’Alexandrie et d’Antioche, semblables à celui que l’on a depuis appelé patriarcal. » (Dictionnaire universel et complet des conciles, 1847, tome II, colonnes 82 et 83, publié dans l’Encyclopédie théologique de l’abbé Jacques-Paul MIGNE, tomes 13 et 14)

C) Ce canon n’a-t-il pas quand même une signification papiste ?

Malgré l’inauthenticité de cette fameuse phrase en début de canon, de nombreux élément tant internes qu’exernes au texte du canon laissent penser que son sens réel est bel et bien papiste.

1) Une réflexion à propos de la formulation du canon

Le Professeur Friedrich MAASSEN (1823-1900) écrit :

« Les Pères (du concile de Nicée), ont confirmé les droits de chaque siège (Alexandrie, Antioche, etc.). Pourquoi, dans leur décret, ont-ils pris pour exemple la constitution du patriarcat romain ? Pourquoi ne se sont-ils pas contentés de rédiger leurs décrets sans rappeler cette analogie ? On ne saurait imaginer une preuve plus frappante du respect profond des Pères de Nicée pour le chef visible de l’Eglise : car, de l’avis de tous, la confirmation octroyée par le concile aux droits des métropolitains supérieurs pouvait parfaitement suffire et n’avait pas besoin d’être appuyée par ailleurs… Mais les Pères du concile de Nicée ne voulurent pas se circonscrire dans ce qui était le droit rigoureux ; leur sentiment personnel sur l’utilité de l’institution des patriarcats ne leur parut pas motiver suffisamment leur décret, ils ne voulurent pas présenter à l’approbation du pape ces décrets confirmant d’une manière absolue les privilèges des métropolitains supérieurs. Ils aimèrent mieux rappeler que l’évêque de Rome jouissait auparavant de la même situation ; c’était faire implicitement approuver ce décret par le pape que de montrer fonctionnant à Rome une institution analogue à celle que l’on voulait établir. En se réservant un certain nombre de provinces pour s’en occuper d’une manière plus particulière, le pape n’a-t-il pas insinué par là que l’on devait agir de même pour d’autres Eglises ? Son initiative ne laisse-t-elle pas voir qu’il trouve bon de céder à d’autres évêques une partie de la puissance qui lui revient exclusivement en sa qualité de premier pasteur de l’Eglise universelle ? L’évêque de Rome a donc été, à proprement parler, le fondateur de l’institution des patriarcats (c’est-à-dire qu’il a donné à certains patriarches une partie du pouvoir qui lui revenait sur l’Eglise universelle). Il a lui-même tracé la marche à suivre, et c’est là le motif fourni par les Pères de Nicée pour justifier leur ordonnance ; peut-on s’étonner ensuite que l’antiquité la plus reculée ait vu dans ce canon un témoignage unique et irrécusable en faveur de la primauté, ainsi que le dit le pape Gélase ler ? » (Der Primat des Bischofs von Rom und die alten Patriarchalkirchen, Bonn, 1853, pages 20 et suivantes)

2) Une comparaison entre les versions grecque et copte

Le texte copte que nous avons de ce canon est incomplet (Cardinal Jean-Baptiste-François PITRA, Spicilegium Solesmense, tome I, page 528). Toutefois la partie dont nous disposons, la plus importante, est intéressante à étudier. En effet, Charles LENORMANT, archéologue, égyptologue et numismate français, qui fut professeur au Collège de France et conservateur au Cabinet des antiques et des médailles de la Bibliothèque nationale ainsi que membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en produit une analyse dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, tome XIX, 2è partie, page 250. le chanoine LECLERCQ en fait le résumé suivant (cliquer sur les images pour les agrandir) :

3) Les canons arabiques reconnaissent la Papauté

a) Des canons dit arabiques mais répandus dans tous l’Orient et présents dans toutes les langues orientales

« Outre [les] vingt canons, reconnus authentiques par tout le monde, le concile de Nicée paraît en avoir fait encore plusieurs autres ; du moins est-il certain que les chrétiens orientaux, non seulement des derniers siècles, mais encore des premiers, lui ont attribué tout l’ancienne discipline ; c’est ce qu’on appelle les canons arabiques du concile de Nicée, parce qu’on les connut d’abord en Occident par une version arabe ; mais on les trouve également dans toutes les langues orientales, le copte, ou l’ancien égyptien, l’éthiopien, l’arménien, le chaldéen, le syriaque. » (Abbé René-François ROHRBACHER (1789-1856), Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 3, sixième édition, page 503)

b) Des canons apocryphes traduisant sans doute l’intention du législateur

La littérature et les collections de canons orientales comportent des canons présentés comme étant ceux de Nicée affirmant explicitement le primat de l’Evêque de Rome au motif qu’il est le successeur de Pierre. Ces canons ne sont pas issus du Concile de Nicée. Il est impossible à plusieurs d’entre eux de l’être. Lorsqu’on examine les réalités historiques auxquelles ils renvoient, on en trouve par exemple un qui ne peut remonter au delà de l’an 330, soit 5 ans après le Concile, un autre ne peut pas être plus vieux que le Concile d’Ephèse (431), d’autres qui ne peuvent être que postérieurs au Concile de Chalcédoine (451), ou encore un qui ne saurait remonter au delà du Xè siècle.

Toutefois ces canons traduisent sans doute quand même l’intention des Pères de Nicée, transmise par tradition orale en Orient. Par ailleurs ils traduisent nécessairement la foi de tous les peuples d’Orient en la Papauté, ce qui en plus d’être un éclatant témoignage en faveur de l’Eglise catholique, ne saurait que difficilement aller sans une réelle soumission du Concile de Nicée au Pape, connue de l’Orient.

Aussi, que ces canons ne soient pas du Concile de Nicée lui-même ne change rien à la valeur du témoignage rendu à la Papauté, et même paradoxalement l’augmente. En effet, comme nous le prouvons dans notre article La Papauté depuis les apôtres, les témoignages de la foi de l’Eglise universelle en la Papauté, aussi bien avant qu’immédiatement après le Concile de Nicée ne manquent pas. Et comme nous le prouvons dans le présent article, le Concile de Nicée a rendu témoignage à la Papauté.

Aussi que ces canons ne soient pas du Concile de Nicée directement mais une collection rédigée au Xè siècle est un bien meilleur témoignage rendu à la Papauté. Pourquoi cela ? Tout simplement parce que ces canons n’ont dans leur formation aucun lien avec l’Occident. S’ils portent le nom courant d’arabiques, c’est parce que c’est en arabe que l’Occident les connu pour la première fois au XVIè siècle, mais comme l’avons vus dans toutes les langues orientales : le copte, ou l’ancien égyptien, l’éthiopien, l’arménien, le chaldéen, le syriaque, cela signifie que le contenu de ces canons traduit la foi de tous les peuples orientaux un siècle avant le schisme d’Orient. Aussi cela veut dire que sans l’intervention de Rome, la foi des peuples orientaux au Xè siècle, là où la foi orientale était censée s’être le plus éloignée de la foi romaine avant le schisme, était en réalité totalement papiste ! C’est un peu comme la foi en la Papauté qu’avant saint Théodore Studite, nous exposons cela dans notre article :

La doctrine de saint Théodore Studite (759-826), « l’un des derniers catholiques de Constantinople »

c) Le 8è canon arabique, visible paraphrase du 6è canon officiel, présente l’Evêque de Rome comme « successeur de saint Pierre« 

Nous avons déjà mentionné ce canon en citant LECLERCQ, nous le redonnons ici :

« Il a été établi que l’évêque de l’Egypte, c’est-à-dire le patriarche d’Alexandrie, présiderait et aurait puissance sur toute l’Egypte et sur tous les lieux, cités et villes qui l’environnent. Et parce que, de même que l’évêque de Rome, c’est-à-dire le successeur de saint Pierre, apôtre, a puissance sur toutes les cités et tous les lieux qui sont autour d’elle, de même l’évêque d’Antioche, c’est-à-dire le patriarche, a puissance sur toute cette province ; et dans les autres lieux, on doit également observer ce qui a été établi par le passé. » (8è canon arabique, publiée par Turrianas, dans MANSI, tome II, colonne 955)

Voici la version syriaque de ce canon :

Source : Benni, Cyril Benham, The Tradition of the Syriac Church of Antioch : concerning the primacy and the prerogatives of St. Peter and of his successors the Roman pontiffs, p. 95 » : https://archive.org/stream/traditionofsyria00bennuoft#page/n5/mode/2up

d) 37è canon arabique : « Leur prince et leur chef [des patriarches] est le seigneur qui occupe le siège de saint Pierre à Rome, ainsi que l’ont ordonné les apôtres« 

« Le trente-septième canon statue qu’il ne doit y avoir dans tout l’univers que quatre patriarches, comme il n’y a que quatre évangiles et que quatre fleuves du paradis. Leur prince et leur chef est le seigneur qui occupe le siège de saint Pierre à Rome, ainsi que l’ont ordonné les apôtres. Après lui vient le seigneur de la grande Alexandrie, et c’est le siège de saint Marc. Le troisième est le seigneur d’Ephèse, et c’est le siège de saint Jean le Théologien. Enfin le quatrième est le seigneur d’Antioche, et c’est aussi le siège de Pierre [Mansi, Conciles, t. 2, col. 992]. On voit que, lorsque ce canon fut rédigé, la dignité patriarcale n’était point encore transférée à Constantinople ; il n’est parlé de cette translation que dans le canon suivant. Le cinquante-quatrième défend d’une manière expresse, comme saint Augustin nous apprend que le concile de Nicée l’a fait, d’ordonner deux évêques pour la même ville. » (Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 3, sixième édition, pages 503-504)

e) 39è ou 44è canon arabique, suivant les collections : « le Pontife [de Rome] a puissance sur tous les patriarches, étant leur prince et leur chef, comme saint Pierre lui-même, à qui a été donnée puissance sur tous les princes chrétiens et sur leurs peuples, attendu qu’il est le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur tous les peuples et sur toute l’Eglise chrétienne« 

« Il y a surtout un canon remarquable qui détermine excellemment le sens du sixième de Nicée : c’est le trente-neuvième d’une collection, la quarante-quatrième d’une autre [Mansi, Conciles, t. 2, col. 965 et 995. Voir encore Bouix, du Concile provincial, p. 320 et 321]. Il a pour titre : De la sollicitude et de la puissance du patriarche sur les évêques et les archevêques de son patriarcat, et de la primauté de l’évêque de Rome sur tous. « Le patriarche, dit-il, doit considérer ce que les évêques et les archevêques font dans leurs provinces, et, s’il trouve quelque chose de fait autrement qu’il ne faut, il le changera et le règlera comme il jugera à propos ; car il est le père de tous, et eux sont ses fils. L’archevêque est parmi les évêques comme le frère aîné, le patriarche a puissance sur ceux qui lui sont subordonnés, de même aussi le Pontife a puissance sur tous les patriarches, étant leur prince et leur chef, comme saint Pierre lui-même, à qui a été donnée puissance sur tous les princes chrétiens et sur leurs peuples, attendu qu’il est le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur tous les peuples et sur toute l’Eglise chrétienne. Quiconque y contredira est excommunié par le concile. » Telle est la base, la règle fondamentale que toutes les chrétientés d’Orient reconnaissent à leur hiérarchie et à leur droit canon, et que, depuis les premiers siècles, elles attribuent au grand concile de Nicée. » (Histoire universelle de l’Eglise catholique, tome 3, sixième édition, page 504)

f) Une habitude orientale de produire des faux textes

Il est un fait qu’il était courant en Orient de falsifier des textes ou d’en forger de toutes pièces. Cela explique sans doute une aussi importante production de faux canons du Concile de Nicée, d’une importance fondamentale. Cela n’empêche cependant pas que ces canons traduisent réellement la fi orientale du Xè siècle (et ce, nous le répétons, sans le concours de Rome ou de l’Occident), et sans doute même l’intention des Pères conciliaires conservée oralement en Orient. Voici des témoignages de cette manie orientale de produire des faux :

La première occurrence de falsification de documents par des grecs est peut-être dans les actes du concile de Nicée, dans lesquels il est probable que les historiens Socrate ou Sozomène ou, plus probablement encore, des Grecs avant eux, aient ajoutée une fausse intervention de l’évêque Paphnuce afin de faire croire à l’apostolicité du clergé marié. Nous exposons cela dans notre article L’intervention de Paphnuce au concile de Nicée, mythe ou réalité ?, ainsi que dans notre article Le célibat des prêtres vient des apôtres !

Saint Léon le Grand (vers 395-461) se lamenta, parce que certains avaient falsifié sa lettre à Flavien. Après avoir changé quelques ver­bes et syllabes, les faussaires soutenaient que le pape Léon serait tombé dans l’hérésie de Nestorius (Lettre Puritatem fidei, 10 mars 454).

Suite au concile de Chalcédoine (451), des faussaires grecs ajoutèrent un 29è et un 30è canons aux canons initiaux qui n’étaient qu’au nombre de 28 (27 réguliers et un dernier irrégulier). Nous développons cela dans notre article intitulé Le 28è canon du Concile de Chalcédoine (451) à l’endroit suivant : II) Le cas du 28è canon => D) Histoire frauduleuse du canon et manifestation de la soumission à Rome => 2) Les 29è et 30è canons : des interpolations tardives => a) Des canons absents des anciennes collections.

Saint Grégoire le Grand (vers 540-604) :

« J’ai examiné avec soin le concile d’Ephèse, et n’y ai rien trouvé touchant Adelphius, Sava et les autres qu’on dit avoir été condamnés. Nous croyons que, comme le concile de Chalcédoine a été falsifié en un endroit par l’Eglise de Constantinople, on a fait quelque altération semblable au concile d’Ephèse. Cherchez dans les plus anciens exemplaires de ce concile, mais ne croyez pas aisément aux nouveaux : les Latins sont plus véridiques que les Grecs ; car nos gens n’ont pas tant d’esprit, et n’usent point d’impostures. » (Lettre à Narcès, Registre des Lettres, Livre VI, Lettre 14)

Le concile « in Trullo » (691-692) falsifia le 2è canon du IIIè concile de Carthage (16 juin 390), en lui ajoutant du texte pous lui faire dire exactement l’inverse de ce qu’il dit. Ce canon porte sur le célibat des prêtres. Nous prouvons cela dans notre article intitulé Les falsifications, mensonges et contradictions du concile « in Trullo » (691-692) prouvent que l’église orthodoxe n’est pas l’Eglise de Jésus-Christ.

Saint Nicolas Ier (vers 800-867) donna une autorisation basée sur un document qu’il avait reçu de Grèce, mais en précisant :

« pourvu que ce document ne soit pas falsifié selon la coutume des Grecs (non falsata more Grae­corom) » (Lettre Proposueramus quidem, à l’empereur Michel l’Ivrogne du 28 septembre 865)

Anastase le Bibliothécaire (vers 815-880) :

« Ajouter ou ôter aux actes des conciles sont des entreprises ordinaires aux Grecs. C’est ainsi que, dans le second concile, ils ont donné des privilèges au siège de Constantinople contre les canons de Nicée. Ils attribuent au troisième concile quelques canons qui ne se trouvent point dans les plus anciens exemplaires latins. Ils en ont ajouté un au quatrième concile touchant les privilèges de Constantinople, que jamais le pape saint Léon n’a voulu recevoir. Ils montrent aussi un grand nombre de canons, la plupart contraires à l’ancienne tradition, qu’ils attribuent faussement au sixième concile [ndlr : les canons du concile « in Trullo]. Enfin, dans le septième concile, ils retranchent de la lettre du pape Adrien ce qui regarde l’ordination de Taraise et les néophytes en général. » (Labbe, VIII, 961)

Le coryphée du schisme « orthodoxe » , Photius (entre  et  falsifia la lettre qui lui fut envoyée par le Pape saint Nicolas Ier pour obtenir la faveur d’un concile qu’il avait convoqué. Plus tard, au XIVè siècle, des « orthodoxes » forgèrent la fausse Lettre de Jean VIII à Photius, ou Jean VIII aurait condamné le Filioque. Tout cela est exposé dans notre page Jean VIII, Photius et le Filioque.

Nous ajoutons, au sujet de la falsification à l’origine de la « fameuse » Lettre de Jean VIII à Photius, que c’était une habitude grecque de falsifier les documents. Nous n’affirmons pas l’existence de cette habitude à la légère.

L’Occident aussi a eut son lot de faussaires. Par exemple le rédacteur angevin des « Fausses décrétales » fit illusion pendant des siècles ! Nous ne pouvons d’ailleurs qu’inviter nos lecteurs à prendre connaissance de la réfutations des accusations antipapistes liées à ces documents, en lisant notre article La vérité sur les « Fausses Décrétales d’Isidore Mercator ».

V) Sujet annexe : réfutation de la légende de l’intervention de Paphnuce contre le célibat des prêtres

Les opposants au célibat ecclésiastique allèguent que les Pères du concile de Nicée auraient voulu interdire aux évêques, prêtres et diacres d’avoir des relations avec leur épouse ; sur quoi, un Père du nom de Paphnuce, évêque de la Haute-Thébaïde, serait intervenu avec chaleur pour dissuader l’assemblée de voter une pareille loi, nouvelle assurait-il, et qui ferait tort à l’Eglise. Le concile aurait donc abandonné le projet et laissé chacun libre d’agir comme il le voudrait. Nous démontrons que ce récit est légendaire et que les décisions du Concile de Nicée à ce sujet sont exactement contraires dans notre article L’intervention de Paphnuce au concile de Nicée, mythe ou réalité ? 

36 commentaires sur “La Papauté au concile de Nicée (325)

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  3. Carlito
    17 février 2018

    Merci infiniment pour cette grande démonstration! Je suis impressionné par le travail énorme qu’il faut pour aller chercher toutes ces sources etc …. Bravo que Dieu vous bénisse cher ami !

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  6. Simon LeBeauté
    8 mars 2018

    Fabuleux cet article! Merci infiniment ! Avez-Vous déjà tenté ,ne serait-ce que ,quelque fois dans votre site, de refuter des objections musulmanes sur la sainte Trinité ?

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Cette entrée a été publiée le 16 février 2018 par dans Papauté, Pères de l'Eglise, Protestantisme, et est taguée , .