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« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Saint Ignace d’Antioche (✟107) sur la hiérarchie ecclésiastique

Dossier sur la doctrine de saint Ignace d’Antioche : ici

Saint Ignace d’Antioche est un des Pères apostoliques, ces Pères de l’Eglise ayant été enseignés par les apôtres eux-mêmes. Il est donc un témoins privilégié de la Tradition. Aussi nous allons ici montrer ce qu’était son enseignement sur la hiérarchie ecclésiastique.

Voici le plan de notre étude :

I) L’autorité de saint Ignace d’Antioche

A) Ses maîtres apostoliques

B) Les protestants sont obligés de reconnaître son autorité

C) Saint Ignace se dirigeait vers la mort n’avait aucun intérêt à mentir et tout intérêt à ne pas mentir

D) La réception de ses lettres par la génération apostolique

1) Leur approbation totale par les Eglises d’Asie mineure

2) Les Eglises d’Asie mineure avait été irradiée par l’enseignement de l’apôtre saint Jean jusqu’à très récemment

II) Son enseignement sur la hiérarchie Evêques-prêtres-diacres

III) Son témoignage de la Papauté

A) L’Eglise de Rome « préside dans la région des Romains »

B) Ignace reconnaît à Rome le pouvoir d’enseignement et de commandement

C) Ignace confie l’Eglise de Syrie à la charité de l’Eglise de Rome comme étant son évêque

I) L’autorité de saint Ignace d’Antioche

A) Ses maîtres apostoliques

Saint Ignace d’Antioche est né vers l’an 35 en Syrie. Il reçu l’enseignement des saints Apôtres Pierre et Jean ce qui fait de lui un des Pères de l’Église nommés Pères apostoliques car ayant connu des Apôtres. Il fut le troisième évêque d’Antioche (vers 68-vers 107). Il était surnommé Théophore, ace qui signifie porteur de Dieu. Il fut déporter à Rome où il mourut dans l’arène, dévoré par les bête entre 107 et 117 sous l’empereur Trajan. Je vous invite à consulter sa fiche Christ-Roi.net : ici et sa fiche Christroi.over-blog.comici.

B) Les protestants sont obligés de reconnaître son autorité

Il est connu pour ses lettres qu’il laissa aux chrétiens se trouvant sur le chemin de sa déportation vers Rome. Pendant longtemps, les écrivains protestants ont refusé de reconnaître l’authenticité de ces lettres. Mais les historiens protestants les plus érudits et les plus sérieux en sont revenus. L’historien protestant Adolph von Harnack a mit fin aux doutes et reconnaît le grand intérêt de ces lettres dans les termes suivants :

« Sa valeur personnelle (celle de saint Ignace d’Antioche) comme chrétien et comme écrivain le rapproche plus que tous les autres des grands apôtres Paul et Jean, bien qu’il en reste encore loin. En même temps, il représente si bien l’Eglise naissante que c’est précisément pour le motif que beaucoup de savants protestant plus de deux siècles, se sont refusés à reconnaître dans ses lettres des documents authentiques du temps de Trajan. les lettres d’Ignace sont ce que cette époque nous a laissé de plus magnifique; elles nous ravissent par la flamme et l’éclat d’une âme qui aspire à être arrachée à la terre par une mort affreuse et céleste. »

L’appréciation de Harnack laisse supposer chez saint Ignace des paroles purement catholiques. Et cela n’est que trop vrai comme nous allons le voir.

C) Saint Ignace se dirigeait vers la mort n’avait aucun intérêt à mentir et tout intérêt à ne pas mentir

Ignace d\'Antioche, martyr.jpg

Lors de la rédaction de ses lettres, saint Ignace était prisonnier des romains qui le conduisaient à Rome où il devait être martyrisé en étant dévoré par les lions dans l’arène. Il avait eu vent d’une volonté des chrétiens de Rome qui avaient entrepris des démarches auprès de l’empereur pour le faire gracier, inspiré par Dieu, il leur conjura de n’en rien faire, pour que son sort serve d’exemple et que son sang soit semence de chrétiens (pour reprendre la célèbre formule que Tertullien écrira un siècle plus tard : « Le sang des martyres est une semence de chrétiens« ). Il pousse même la logique jusqu’à dire que ce n’est que par sa mort qu’il sera « vraiment disciple de Jésus-Christ« , ou qu’il « commence à être disciple« , et il appelle même sa vie sur terre sa mort et sa mort physique sa vie : « Pardonnez-moi, frères, ne m’empêchez pas de vivre, ne complotez pas ma mort« . Laissons la parole à l’intéressé :

« Car je ne veux pas que vous plaisiez aux hommes, mais que vous plaisiez à Dieu, comme, en fait, vous lui plaisez. Pour moi, jamais je n’aurai une telle occasion d’atteindre Dieu, et vous, si vous gardez le silence, vous ne pouvez souscrire à une oeuvre meilleure. Si vous gardez le silence à mon sujet, je serai à Dieu ; mais si vous aimez ma chair, il me faudra de nouveau courir. Ne me procurez rien de plus que d’être offert en libation à Dieu (cf. Ph 2, 17; 2 Tm 4, 6), tandis que l’autel est encore prêt, afin que, réunis en choeur dans la charité, vous chantiez au Père dans le Christ Jésus, parce que Dieu a daigné faire que l’évêque de Syrie fût trouvé en lui, l’ayant fait venir du levant au couchant. Il est bon de se coucher loin du monde vers Dieu, pour se lever en lui. […]

Moi, j’écris à toutes les Églises, et je mande à tous que moi c’est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu, si du moins vous vous ne m’en empêchez pas. Je vous en supplie, n’ayez pas pour moi une bienveillance inopportune. Laissez-moi être la pâture des bêtes, par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes, pour être trouvé un pur pain du Christ. Flattez plutôt les bêtes, pour qu’elles soient mon tombeau, et qu’elles ne laissent rien de mon corps, pour que, dans mon dernier sommeil, je ne sois à charge à personne. C’est alors que je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra même plus mon corps. Implorez le Christ pour moi, pour que, par l’instrument des bêtes, je sois une victime offerte à Dieu. Je ne vous donne pas des ordres comme Pierre et Paul : eux, ils étaient libres, et moi jusqu’à présent un esclave (cf. 1 Co 9, 1). Mais si je souffre, je serai un affranchi de Jésus-Christ (1 Co 7, 22) et je renaîtrai en lui, libre. Maintenant enchaîné, j’apprends à ne rien désirer.

Depuis la Syrie jusqu’à Rome, j’ai à lutter avec les bêtes sur terre et sur mer, la nuit et le jour : je suis attaché à dix léopards, qui sont les soldats de mon escorte. Quand je leur fais du bien, ils deviennent pires : à leurs injustices, je deviens de plus en plus disciple, mais je n’en suis pas pour cela justifié. Du moins que je puisse jouir des bêtes qui me sont préparées : je prie afin de les trouver le plus tôt possible. Je les caresserai afin qu’elles me dévorent rapidement, et qu’elles ne me fassent comme à certains, qu’elles ont eu peur de toucher ; si elles s’y refusent, je les y forcerai. Pardonnez-moi ; mais je sais ce qu’il me faut, et voici que je commence à être un disciple. Que les choses visibles ou invisibles n’occupent plus mon désir, afin que j’obtienne Jésus-Christ. Feu, croix, attaque des bêtes, rupture des os, séparation des membres, broiement de tout le corps, supplices du diable, que tout cela vienne sur moi, pourvu seulement que j’obtienne Jésus-Christ.

Que me feraient les douceurs de ce monde et les empires de la terre ? Il est plus beau de mourir pour le Christ Jésus que de régner jusqu’aux extrémités de l’univers. C’est lui que je cherche, lui qui est mort pour nous ; c’est lui que je désire, lui qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche. Pardonnez-moi, frères, ne m’empêchez pas de vivre, ne complotez pas ma mort. Celui qui veut appartenir à Dieu, ne le livrez pas au monde, ni aux séductions de la terre. Laissez-moi embrasser la pure lumière ; quand je serai arrivé là, je serai un homme. Permettez-moi d’imiter la passion de mon Dieu. Si quelqu’un le possède en lui, qu’il comprenne ce que je veux et qu’il ait compassion de moi, connaissant ce qui m’étreint.

Le Prince de ce monde veut m’arracher à Dieu et corrompre les sentiments que j’ai envers Dieu. Vous qui êtes là, ne lui venez pas en aide; soyez plutôt pour moi, c’est-à-dire pour Dieu. N’ayez pas Jésus-Christ sur les lèvres, et le monde dans le cœur. Ne vous laissez pas gagner par l’envie. Et quand je serai près de vous, si je vous implore, ne me croyez pas. Croyez plutôt à ce que je vous écris. C’est plein de vie que je vous écris, désirant mourir. Mon Amour a été crucifié, et il n’y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais coule en moi une eau vive qui murmure et dit au-dedans de moi: « Viens vers le Père ». Je ne me plais plus aux nourritures périssables, ni aux plaisirs de cette vie ; c’est le Pain de Dieu que je veux, ce Pain qui est la chair de Jésus-Christ, de la race de David ; et pour boisson, je veux son sang, qui est l’amour incorruptible.

Je ne veux plus vivre parmi les hommes. Il en sera ainsi, si vous le voulez. Exaucez-moi, pour qu’un jour, vous aussi, vous soyez exaucés. Je vous le demande en peu de mots : croyez-moi, Jésus-Christ vous montrera que je dis vrai ; il est la bouche sans mensonge par laquelle le Père a parlé en vérité. Demandez pour moi que je Le rencontre. Ce n’est pas selon la chair que je vous écris, mais selon la pensée de Dieu. Si je souffre, vous m’aurez montré de la bienveillance, si j’échappe au supplice, vous m’aurez haï.  » (Lettre aux Romains, II et IV-VIII)

Saint Ignace était donc destiné à la mort, et repoussait même les tentatives pour le sauver. Aussi, sa doctrine ne peut pas être mensongère car non seulement il n’aurait jamais pu « profiter », mais au contraire elle l’aurait avec certitude et dans un délai très court, envoyé en enfer !

D) La réception de ses lettres par la génération apostolique

1) Leur approbation totale par les Eglises d’Asie mineure

Saint Ignace pour sa part écrivit ses lettres vers 107. Aussi il n’aurait jamais écrit une telle erreur à un lectorat qui aurait été enseigné jusque quelques années avant (et peut-être même l’année immédiatement précédente) par saint Jean, sous peine de n’avoir aucune crédibilité. Et la réception de ces lettres par les chrétiens d’Asie mineure fut archi-favorable. Saint Polycarpe de Smyrne (vers 69-155), disciple de saint Jean lui aussi, témoigne de sa vénération, ainsi que celle de l’Eglise de Philippes (et donc sans doute de toute l’Asie mineure) pour ces lettres :

« Comme vous nous l’avez demandé, nous vous envoyons les lettres d’Ignace, celles qu’il nous a adressées et toutes les autres que nous avons chez nous ; elles sont jointes à cette lettre. De fait vous pourrez en tirer grand profit, car elles renferment foi, patience, et toute édification dues à notre Seigneur. Faites-nous savoir ce que vous aurez appris de sûr d’Ignace et de ses compagnons. » (Lettre aux Philippiens, XIII)

2) Les Eglises d’Asie mineure avait été irradiée par l’enseignement de l’apôtre saint Jean jusqu’à très récemment

Or comme cette région fut irradiée par l’enseignement de saint Jean, qui finit sa vie à Ephèse, jusqu’entre 98 et 106. En effet :

« Jean revint sous Nerva à Ephèse, où il demeura jusqu’au règne de Trajan. Il employa ce temps à fonder et à diriger les Eglises d’Asie. » (Saint Jérôme, Les hommes illustres, IX)

Eusèbe de Césarée développe cet épisode ainsi :

« En ce temps en Asie, survivait encore Jean, celui que Jésus aimait, qui fut à la fois apôtre et évangéliste. Il gouvernait les églises de ce pays après être revenu, à la mort de Domitien, de l’île où il avait été exilé. Que jusqu’à cette époque, il fut encore de ce monde, deux témoins suffisent à le prouver, et ils sont dignes de foi, ayant enseigné l’orthodoxie ecclésiastique ; l’un est Irénée, l’autre Clément d’Alexandrie. Le premier, au second livre de son ouvrage Contre les hérésies, écrit ainsi en propres termes :

« Tous les presbytres qui se sont rencontrés en Asie avec Jean le disciple du Seigneur, témoignent qu’il leur a transmis cela : il demeura en effet parmi eux jusqu’aux temps de Trajan. »

Au troisième livre du même traité, Irénée exposa encore la même chose en ces termes :

« Mais l’Église d’Ephèse, fondée par Paul et où demeura Jean jusqu’à l’époque de Trajan, est aussi un témoin véritable de la tradition des apôtres. »

Clément nous indique également cette date et il raconte une histoire fort utile à entendre pour ceux qui se plaisent aux choses belles et profitables. Elle est dans son traité intitulé : Quel riche est sauvé. Prenez- la et lisez-la, telle qu’elle est dans son texte :

« Ecoute une fable, qui n’est pas une fable, mais un récit transmis par la tradition et gardé par le souvenir, au sujet de Jean l’apôtre.

Après la mort du tyran, l’apôtre quitta l’île de Patmos pour Ephèse et il alla appelé par les pays voisins des Gentils, tantôt y établir des évêques, tantôt y organiser des églises complètement, tantôt choisir comme clerc chacun de ceux qui étaient signalés par l’Esprit. » » (Histoire ecclésiastique, III, 23)

II) Son enseignement sur la hiérarchie Evêques-prêtres-diacres

« Aussi convient-il de marcher d’accord avec la pensée de votre évêque, ce que d’ailleurs vous faites. Votre presbyterium justement réputé, digne de Dieu, est accordé à l’évêque comme les cordes à la cithare ; ainsi, dans l’accord de vos sentiments et l’harmonie de votre charité, vous chantez Jésus-Christ. Que chacun de vous aussi, vous deveniez un choeur, afin que, dans l’harmonie de votre accord, prenant le ton de Dieu dans l’unité, vous chantiez d’une seule voix par Jésus-Christ un hymne au Père, afin qu’il vous écoute et qu’il vous reconnaisse, par vos bonnes oeuvres, comme les membres de son Fils. Il est donc utile pour vous d’être dans une inséparable unité, afin de participer toujours à Dieu.

Si en effet, moi-même j’ai en si peu de temps contracté avec votre évêque une telle intimité, qui n’est pas humaine, mais toute spirituelle, combien plus je vous félicite de lui être si profondément unis, comme l’Église l’est à Jésus-Christ, et Jésus-Christ au Père, afin que toutes choses soient en accord dans l’unité. Que personne ne s’égare ; si quelqu’un n’est pas à l’intérieur du sanctuaire, il se prive  » du pain de Dieu  » (Jn 6, 33). Car si la prière de deux personnes ensemble a une telle force (cf. Mt 18, 20), combien plus celle de l’évêque et de toute l’Église. Celui qui ne vient pas à la réunion commune, celui-là déjà fait l’orgueilleux et il s’est jugé lui-même, car il est écrit :  » Dieu résiste aux orgueilleux  » (Pr 3, 34 ; cf. Jc 4, 6 ; 1 P 5, 5). Ayons donc soin de ne pas résister à l’évêque, pour être soumis à Dieu.

Et plus on voit l’évêque garder le silence, plus il faut le révérer ; car celui que le maître de maison envoie pour administrer sa maison (cf. Lc 12, 42 ; Mt 24, 25), il faut que nous le recevions comme celui-là même qui l’a envoyé (cf. Mt 10, 40 ; Mc 1, 37 ; Lc 7, 48 ; Jn 13, 20). Donc il est clair que nous devons regarder l’évêque comme le Seigneur lui-même. D’ailleurs, Onésime lui-même loue très haut votre bon ordre en Dieu disant que tous vous vivez selon la vérité, et qu’aucune hérésie ne demeure chez vous, mais que vous n’écoutez personne qui vous parle d’autre chose que de Jésus-Christ dans la vérité. » (Lettre aux Ephésiens IV, V et VI)

« Et à vous il convient de ne pas profiter de l’âge de votre évêque, mais par égard à la puissance de Dieu le Père, lui accorder toute vénération ; je sais en effet que vos saints presbytres n’ont pas abusé de la jeunesse qui paraît en lui, mais comme des gens sensés en Dieu, ils se soumettent à lui, non pas à lui, mais au Père de Jésus-Christ, à l’évêque de tous. Par respect pour celui qui nous a aimés, il convient d’obéir sans aucune hypocrisie ; car ce n’est pas seulement cet évêque visible qu’on abuse, mais c’est l’évêque invisible qu’on cherche à tromper. Car dans ce cas, ce n’est pas de chair qu’il s’agit, mais de Dieu qui connaît les choses cachées.

Il convient donc de ne pas seulement porter le nom de chrétiens, mais de l’être aussi ; certains, en effet, parlent toujours de l’évêque, mais font tout en dehors de lui. Ceux-là ne me paraissent pas avoir une bonne conscience, car leurs assemblées ne sont pas légitimes, ni conformes au commandement du Seigneur.

Ainsi, puisque dans les personnes que j’ai nommées plus haut, j’ai dans la foi vu et aimé toute votre communauté, je vous en conjure, ayez à coeur de faire toutes choses dans une divine concorde, sous la présidence de l’évêque qui tient la place de Dieu, des presbytres qui tiennent la place du sénat des Apôtres, et des diacres qui me sont si chers, à qui a été confié le service de Jésus-Christ, qui avant les siècles était près de Dieu, et s’est manifesté à la fin. Prenez donc tous les moeurs de Dieu, respectez-vous les uns les autres, et que personne ne regarde son prochain selon la chair, mais aimez-vous toujours les uns les autres en Jésus-Christ. Qu’il n’y ait rien en vous qui puisse vous séparer, mais unissez-vous à l’évêque et aux présidents en image et leçon d’incorruptibilité.

De même donc que le Seigneur n’a rien fait, ni par lui-même, ni par ses Apôtres, sans son Père (cf. Jn 5, 19, 30 ; 8, 28), avec qui il est un, ainsi vous non plus ne faites rien sans l’évêque et les presbytres; et n’essayez pas de faire passer pour raisonnable ce que vous faites à part vous, mais faites tout en commun : une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance dans la charité (cf. saint Paul, Ep 4, 4-6), dans la joie irréprochable ; cela, c’est Jésus-Christ, a qui rien n’est préférable.Tous accourez pour vous réunir comme en un seul temple de Dieu, comme autour d’un seul autel, en l’unique Jésus-Christ, qui est sorti du Père un, et qui était en lui l’unique, et qui est allé vers lui. » (Lettre aux Magnésiens III, IV, VI et VII)

« Cet évêque, je sais que ce n’est pas de lui-même, ni par les hommes (Ga 1, 1), qu’il a obtenu ce ministère qui est au service de la communauté, ni par vaine gloire, mais par la charité de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ. Je suis frappé de sa bonté : par son silence, il peut plus que les vains discoureurs. Il est accordé aux commandements, comme la cithare à ses cordes. C’est pourquoi mon âme le félicite de ses sentiments envers Dieu –je sais qu’ils sont vertueux et parfaits– de son caractère inébranlable et sans colère, selon toute la bonté du Dieu vivant.

Abstenez-vous des plantes mauvaises que Jésus-Christ ne cultive pas, parce qu’elles ne sont pas une plantation du Père (cf. Mt 15, 13 ; Jn 15, 1 ; 1 Co 3, 9). Ce n’est pas que j’aie trouvé chez vous des divisions, mais une purification. Car tous ceux qui sont à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l’évêque ; et tous ceux qui se repentiront et viendront à l’unité de l’Église, ceux-là aussi seront à Dieu, pour qu’ils soient vivants selon Jésus-Christ.  » Ne vous y trompez pas « , mes frères : si quelqu’un suit un fauteur de schisme,  » il n’aura pas l’héritage du royaume de Dieu  » (1 Co 6, 9, 10) ; si quelqu’un marche selon une pensée étrangère, celui-là ne s’accorde pas avec la passion du Christ.

Ayez donc soin de ne participer qu’à une seule eucharistie ; car il n’y a qu’une seule chair de notre Seigneur Jésus-Christ, et un seul calice pour nous unir en son sang, un seul autel, comme un seul évêque avec le presbyterium et les diacres, mes compagnons de service : ainsi, tout ce que vous ferez, vous le ferez selon Dieu.

Mes frères, je déborde d’amour pour vous, et c’est dans la joie la plus grande que je cherche à vous affermir, non pas moi, mais Jésus-Christ ; étant enchaîné pour lui, je crains davantage, dans la pensée que je suis encore imparfait ; mais votre prière me rendra parfait pour Dieu, afin que j’obtienne l’héritage dont j’ai reçu la miséricorde, me réfugiant dans l’Évangile comme dans la chair de Jésus-Christ, et dans les Apôtres comme au presbyterium de l’Église. Et aimons aussi les prophètes, car eux aussi ont annoncé l’Évangile, ils ont espéré en lui, le Christ, et l’ont attendu ; croyant en lui, ils ont été sauvés, et demeurant dans l’unité de Jésus-Christ, saints dignes d’amour et d’admiration, ils ont reçu le témoignage de Jésus-Christ et ont été admis dans l’Évangile de notre commune espérance. » (Lettre aux Philadelphiens I, III, IV et V)

« Suivez tous l’évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l’évêque, rien de ce qui regarde l’Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en aura chargé. Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est pas permis en dehors de l’évêque ni de baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve, cela est agréable à Dieu aussi Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime. » (Lettre aux Smyrniotes VIII)

« Car quand vous vous soumettez à l’évêque comme à Jésus-Christ, je ne vous vois pas vivre selon les hommes, mais selon Jésus-Christ qui est mort pour vous, afin que, croyant à sa mort, vous échappiez à la mort. Il est donc nécessaire, comme vous le faites, de ne rien faire sans l’évêque, mais de vous soumettre aussi au presbyterium, comme aux apôtres de Jésus-Christ notre espérance (cf. 1 Tm 1, 1) en qui nous serons trouvés si nous vivons ainsi. Il faut aussi que les diacres, étant les ministres des mystères de Jésus-Christ, plaisent à tous de toute manière. Car ce n’est pas de nourriture et de boisson qu’ils sont les ministres, mais ils sont les serviteurs de l’Église de Jésus-Christ. Il faut donc qu’ils évitent comme le feu tout sujet de reproche.

Pareillement, que tous révèrent les diacres comme Jésus-Christ, comme aussi l’évêque, qui est l’image du Père, et les presbytres comme le sénat de Dieu et comme l’assemblée des Apôtres : sans eux on ne peut parler d’Églises. Je suis persuadé que vous êtes ainsi disposés à leur égard. J’ai reçu et je possède avec moi, en la personne de votre évêque, l’exemplaire de votre charité : sa conduite elle-même est un grand enseignement et sa douceur une force ; je pense que les païens eux-mêmes le révèrent. Par amour pour vous, je vous épargne, quand je pourrais vous écrire à ce sujet avec plus de sévérité ; je n’aurais pas la pensée, étant un condamné, de vous donner des ordres comme un Apôtre. » (Lettre aux Tralliens II et III)

« Il convient que les époux ne s’unissent qu’avec l’approbation de l’évêque afin que le mariage soit selon dieu et non selon la passion. » (Lettre à Polycarpe)

III) Son témoignage de la Papauté

Il tient à trois reprises dans sa Lettre aux Romains des propos qui ne peuvent qu’indiquer la primauté non seulement d’honneur mais encore de juridiction, ainsi que la mission d’enseignement de l’Eglise romaine.

A) L’Eglise de Rome « préside dans la région des Romains »

Le premier de ces trois passages est l’incipit de la Lettre, c’est également souvent le seul passage utilisé -car le seul passage connu par eux – de la plupart des apologètes de la Papauté invoquant cette Lettre :

« Ignace, dit aussi Théophore, à l’Eglise [l’Eglise de Rome] qui a reçu miséricorde par la magnificence du Père très haut et de Jésus-Christ son Fils unique, l’Eglise bien-aimée et illuminée par la volonté de celui qui a voulu tout ce qui existe, selon la foi et l’amour pour Jésus-Christ notre Dieu ; l’Eglise qui préside dans la région des Romains, digne de Dieu, digne d’honneur, digne d’être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès, digne de pureté, qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui est ornée du nom du Père ; je la salue au nom de Jésus-Christ, le Fils du Père ; aux frères qui, de chair et d’esprit, sont unis à tous ses commandements, remplis inébranlablement de la grâce de Dieu, purifiés de toute coloration étrangère, je leur souhaite en Jésus-Christ notre Dieu toute joie irréprochable. » (Lettre aux Romains, incipit).

Saint Ignace écrivit des également des Lettres à d’autres Eglises – celles d’Ephèse, Magnésie, Philadelphie, Smyrne et Tralles – qu’il commença chacune par une série d’éloges similaires. Mais d’une part ces séries d’éloges sont toujours de moindre importance, et d’autre part il n’y est jamais question de « présidence » et encore moins de « présidence à la charité ». Il y a donc pour lui une incontestable supériorité de l’Eglise de Rome sur les autres, et cette supériorité consiste en un pouvoir de gouvernement.

C’est non seulement ce qui ressort de la simple lecture du texte, mais encore ce que confirme l’analyse du texte grec original. En effet, le texte original rend « qui préside à l’universelle assemblée de la charité » par προκαθημἑνη τῆς ἀγἁπης. Comment faut-il entendre ces expressions ? Mgr Louis DUCHESNE donne au mot ἀγἁπη, « charité » un sens concret, celui de « fraternité » c’est-à-dire « l’ensemble de la chrétienté», la société chrétienne et au mot προκαθημἑνη celui de « présidente par autorité » proprement dite ; le passage d’Ignace d’Antioche signifierait donc que l’Eglise romaine est « la tête de la chrétienté », à peu près notre formule actuelle : « mère et maitresse de toutes les Eglises ». « Le sens le plus naturel de ce langage; c’est que l’Eglise romaine préside à l’ensemble des Eglises. Comme l’évêque préside dans son Église aux oeuvres de charité, ainsi l’Eglise romaine préside à ces mêmes oeuvres dans la chrétienté tout entière » (Les Origines chrétiennes, page 128).

C’est affectivement la signification la plus certaine. En premier lieu le sens naturel de προκαθησται est « être la tête », « avoir la présidence », en second fieu le contexte est favorable cette interprétation : juste plus haut, dans ce même incipit, le mot a certainement ce dernier sens : « l’Eglise qui préside dans la région des Romains », c’est-à-dire l’Eglise qui est à ta tête de la communauté de Rome.

Rappelons enfin que cette identification de l’Eglise de Rome à « la tête » doit nous remettre en mémoire ce que dit l’Ecriture Sainte sur l’Eglise, à savoir qu’elle est le corps dont le Christ est la tête : Romains XII, 4-5 ; I Corinthiens XII, 13 ; Colossiens I, 18, 24 ; expression que saint Ignace reprend lui aussi :

« À vos bonnes œuvres, le Père vous reconnaîtra pour les membres de son Fils. » (Lettre eux Ephésiens, IV, 2)

« Par sa croix, dans sa passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous qui êtes ses membres. » (Lettre aux Tralliens, XI, 2)

Il y a donc chez saint Ignace d’Antioche une analogie entre l’Eglise de Rome et le Christ, et cette analogie réside dans le rôle de tête de l’Eglise. C’est exactement la doctrine catholique actuelle de l’évêque de Rome, « vicaire du Christ », premier ministre du Christ, roi du nouveau royaume d’Israël qu’est l’Eglise.

B) Ignace reconnaît à Rome le pouvoir d’enseignement et de commandement

Dans deuxième passage Ignace indique que c’est l’Eglise à laquelle il s’adresse qui a le pouvoir d’enseigner et de gouverner les autres, le texte se passe de commentaire :

« Jamais vous n’avez jalousé personne, vous avez enseigné les autres. Je veux, moi, que ce que vous commandez aux autres par vos leçons garde sa force. » (Lettre aux Romains, III, 1)

A une époque aussi rapprochée des apôtres, toutes les Eglises locales n’ont-elles pas un souvenir récent de l’enseignement des apôtres ou des disciples en personnes ? En particulier l’Asie mineure à laquelle il a beaucoup écrit et que l’apôtre saint Jean avait gouverné en personne jusqu’à quelques années auparavant, et peut-être même l’année immédiatement précédente ? Ignace lui-même n’a-t-il pas été enseigné lui-même par saint Pierre et saint Jean ? Dans ces conditions, si Rome a enseigné les autres, n’est-ce pas qu’elle a un pouvoir universel d’enseignement ?

De même, de quel droit Rome pourrait « commander aux autres » sans fonction de gouvernement ?

C) Ignace confie l’Eglise de Syrie à la charité de l’Eglise de Rome comme étant son évêque

Le troisième passage rappelle que saint Ignace, étant évêque d’Antioche, est évêque de Syrie, il confie donc son troupeau laissé à lui-même en son absence, à la prière de l’Eglise de Rome :

« Souvenez-vous dans votre prière de l’Église de Syrie, qui, en ma place, à Dieu pour pasteur. Seul Jésus Christ sera son évêque, et votre charité. » (Lettre aux Romains, IX, 1)

Pourquoi l’Eglise de Syrie serait-elle confiée, en dehors du Christ, à la seule charité de l’Eglise Romaine, sinon parce que celle-ci a de droit divin un rôle universel dans l’Eglise ? En effet, Ignace demande à toutes les autres Eglises auxquelles il écrit de prier pour l’Eglise de Syrie, mais à l’Eglise de Rome seule il demande d’en prendre un soin pastoral et d’être son Evêque, avec Jésus-Christ, par sa charité. Il ne demande même pas cela à l’Eglise de Smyrne d’être l’évêque de l’Eglise de Syrie, alors-même qu’il leur écrit :

« Votre prière est allée vers l’Église qui est à Antioche de Syrie. C’est de là que je suis parti enchaîné de chaînes très précieuses à Dieu, et je vous salue tous. Je ne suis pas digne d’être de cette Église, étant le dernier d’entre eux. Mais selon la volonté de Dieu , j’en ai été jugé digne, non d’après le jugement de ma conscience, mais par la grâce de Dieu ; je souhaite qu’elle me soit donnée entière, pour qu’avec votre prière je puisse obtenir Dieu. Afin donc que votre oeuvre soit parfaite et sur terre et dans le ciel, il convient que, à l’honneur de Dieu, votre Église élise un envoyé de Dieu pour aller jusqu’en Syrie se réjouir avec eux de ce qu’ils possèdent la paix et ont retrouvé leur grandeur, et de ce que leur corps a été rétabli. Il m’a paru que ce serait une chose digne si vous envoyiez quelqu’un des vôtres avec une lettre pour célébrer avec eux le calme qui leur est revenu grâce à Dieu, et de ce que leur Église a atteint le port grâce à vos prières. Étant parfaits, ayez aussi des pensées parfaites. Car si vous désirez faire le bien, Dieu est prêt à vous l’accorder. » (Lettre aux Smyrniotes, XI)

Rappelons-nous aussi ce que nous venons de rapporter de ce que saint Ignace d’Antioche enseignait au sujet de l’épiscopat, de son institution, de son pouvoir et de l’identification Eglise-Evêque. S’il dit que seul Jésus-Christ et l’Eglise de Rome, c’est-à-dire son Evêque, seront l’Evêque de l’Eglise de Syrie, cela ne signifie pas rien, c’est l’affirmation que l’Evêque de Rome est pleinement le chef juridictionnel de l’Eglise de Syrie, c’est-à-dire de toutes les  Eglises locales.

Et ce d’autant plus que le siège personnel de saint Ignace, celui d’Antioche, laissé vacant, a une incidence sur toute la Syrie, puisqu’il demande dans chacune de ses lettres de prier pour « l’Eglise de Syrie« , et non seulement d’Antioche. C’est donc que déjà à l’époque l’Evêque d’Antioche était l’Archevêque de toute la Syrie, puisqu’il est hors de doute qu’il y avait bien d’autres diocèses en Syrie que celui d’Antioche, particulièrement un ayant son siège à Damas, où il y avait déjà une communauté chrétienne lors de la conversion de saint Paul (Actes IX) !

Autrement, pourquoi demander cela à l’Eglise de Rome, très loin d’Antioche, plutôt qu’à une autre ? L’Eglise de Syrie ne pouvait-elle pas se réunir en concile local ? Ne pouvait-il pas écrire à l’Eglise voisine et prestigieuse de Jérusalem ? Pourquoi pas demander à un une Eglise d’Asie mineure, à qui il avait demandé de prier pour l’Eglise de Syrie et qui, comme nous l’avons déjà dit, l’apôtre saint Jean avait gouverné en personne jusqu’à quelques années auparavant, et peut-être même l’année immédiatement précédente ? Pourquoi spécialement ne pas demander cela à saint Polycarpe, auquel il envoya une lettre personnelle en plus de de celle envoyée à son Eglise, celle de Smyrne ? Surtout lorsqu’on sait comment saint Ignace louait saint Polycarpe :

« Accueillant avec joie les sentiments que tu as pour Dieu, fondés comme sur un roc inébranlable, je glorifie à l’extrême le Seigneur de m’avoir jugé digne de contempler ton visage irréprochable : puissé-je en jouir en Dieu » (Lettre à Polycarpe, I, 1)

« Je suis votre rançon, pour vous et pour ceux que, pour l’honneur de Dieu, vous avez envoyés à Smyrne, d’où je vous écris, rendant grâces au Seigneur, et aimant Polycarpe comme je vous aime vous aussi. » (Lettre aux Ephésiens, XXI, 1)

Et lorsqu’on sait comment saint Irénée de Lyon (vers 125-vers 202), disciple de saint Polycarpe en fait également les louanges :

« Nous pouvons nous étayer aussi de l’autorité de saint Polycarpe, qui enseigna ces mêmes doctrines, les seules vraies, et qui en transmit le dépôt à l’Église. Or, saint Polycarpe les tenait des apôtres eux-mêmes ; il avait conversé avec un grand nombre de personnes qui avaient vu notre Seigneur ; il avait été investi par les apôtres de l’épiscopat de Smyrne en Asie ; nous l’y avons vu nous-mêmes dans notre première jeunesse. Il persévéra dans sa foi jusqu’à un âge très-avancé, et il sortit enfin de cette vie, après avoir souffert glorieusement et courageusement le martyre. Tous les prêtres qui sont aujourd’hui en Asie, et qui ont été les successeurs de saint Polycarpe, ont confessé les mêmes doctrines ; or, je pense que le témoignage de saint Polycarpe offre un caractère plus imposant d’autorité et de vérité que les protestations de Valentin et de Marcion, et de tous ceux qui partagent leurs dangereuses erreurs. » (Contre les hérésies, III, 3, 4)

« Car je t’ai vu, quand j’étais encore enfant, dans l’Asie inférieure, auprès de Polycarpe ; tu brillais à la cour impériale et lu cherchais à le faire bien venir de lui. Je me souviens mieux, en effet, de ce temps-là que des événements récents. Car ce que j’ai appris en bas âge a grandi avec mon âme et ne fait qu’un avec elle, si bien que je puis dire en quel endroit le bienheureux Polycarpe s’asseyait pour parler, comment il entrait et sortait, quel était le caractère de sa vie, son aspect physique, les entretiens qu’il faisait à la foule, comment il parlait de ses relations avec Jean et les autres disciples qui avaient vu le Seigneur, comment il rappelait leurs paroles et les choses qu’il leur avait entendu raconter concernant le Seigneur, en ce qui regarde ses miracles, aussi bien que son enseignement ; comment Polycarpe avait reçu tout cela des témoins oculaires du Verbe de vie, et le rapportait en conformité avec les Écritures. » (Lettre à Florinus, citée par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, V, 20, 4-6)

Certains répondront peut-être que saint Ignace termine sa Lettre aux Magnésiens en écrivant :

« Sachant que vous êtes pleins de Dieu, je vous ai exhortés brièvement. Souvenez-vous de moi dans vos prières, afin que je trouve Dieu, et aussi de l’Église de Syrie ; je ne suis pas digne d’en être appelé un membre, –car j’ai besoin de votre prière et de votre charité tout unies en Dieu, –pour que Dieu daigne, par votre Église, faire tomber sa rosée sur l’Église de Syrie. » (§ XIV)

Mais ce n’est pas comparable. Dans cette lettre aux Magnésiens, il ne désigne pas l’Eglise de Magnésie comme « évêque » dans l’Eglise de Syrie, contrairement à celle de Rome qu’il appelle seul évêque, avec Jésus-Christ, de l’Eglise de Syrie. De plus, dans sa lettre aux Romains, au moment de désigner l’Eglise de Rome comme « évêque » de l’Eglise de Syrie, il mentionne l’absence d’évêque visible pour l’Eglise de Syrie : « Souvenez-vous dans votre prière de l’Église de Syrie, qui, en ma place, a Dieu pour pasteur. Seul Jésus Christ sera son évêque, et votre charité » (§ IX). Pourquoi le mentionner ici, sinon pour que Dieu pourvoit à ce que saint Ignace ait un remplaçant ? Pourquoi l’Eglise de Syrie n’a-t-elle élu d’évêque ? Parce qu’il revenait au successeur de Pierre de régler cette affaire difficile.

Adolf von HARNACK (1851-1930), luthérien, docteur en théologie, en droit, en médecine et en philosophie, conseiller politique, il est considéré comme le théologien protestant et l’historien de l’Eglise le plus considérable de la fin du XIXè siècle et du début du XXè siècle bien que nous lui contestions ce dernier titre. Il écrivit au sujet de ce passage :

« L’Eglise romaine était incontestablement la première de la chrétienté. » (Das Zeugniss des Ignatius über das Ansehen der römischen Gemeinde, Mémoire lu à l’Académie de Berlin le 6 février 1896)

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Cette entrée a été publiée le 10 juillet 2019 par dans Foi Catholique.