+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Un auteur catholique à lire : le Cardinal Louis BILLOT (1846-1931), « Honneur de l’Église et de la France »

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Notre site a déjà recommandé la lecture de plusieurs auteurs catholiques : saint Thomas d’Aquin (vers 1215-1974), saint Alphonse de Liguori (1696-1787), Dom Prosper GUÉRANGER (1805-1875), le Cardinal Jean-Baptiste FRANZELIN (1816-1886), sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897), Mgr Louis-Gaston de SÉGUR (1820-1881) ou encore Mgr Henri DELASSUS (1836-1921).

Parmi les auteurs catholiques que nous tenons à indiquer particulièrement à nos lecteurs, le Cardinal Louis BILLOT tient un place très particulière ! Pour s’en rendre compte il suffit de savoir que dans une lettre à Hector-Irénée SEVIN, Archevêque de Lyon, le Cardinal Rafael MERRY del VAL, Secrétaire d’Etat du Pape, parlait de lui comme de « L’Eminentissime Carinal Billot, honneur de l’Eglise et de la France » ! Nous vous le faisons découvrir aujourd’hui.

Voici le plan de notre présentation :

I) Sa vie et sa carrière

A) Avant d’être appelé à Rome

B) Son appel à Rome et son crédit auprès des Papes

1) Léon XIII lui confie une un grand rôle dans le renouveau thomiste

2) Saint Pie X l’estime, le promeut deux fois et lui donne une place privilégiée dans sa lutte contre le modernisme

3) Pie XI renonce à convoquer un Concile sur son conseil

II) Son approbation par les Papes

III) Ses oeuvres

IV) Sa réaction à la condamnation de l’Action française

V) Nos articles dans lesquels nous le citons

I) Sa vie et sa carrière

Pour connaître en profondeur le personnage, nous suggérons la lecture du livre Le cardinal Billot – Lumière de la Théologie, du Père Henri Le FLOCH c.s.s.p., directeur du séminaire française de Rome. Livre disponible en cliquant ici. Lire l’avant-propos et les premières pages en cliquant ici. Le Chanoine Victor-Alain BERTO en a publiée une recension dans La Pensée Catholique n°7 : cliquer ici

A) Avant d’être appelé à Rome

Louis BILLOT, né le 12 janvier 1846 à Sierck-les-Bains, en Lorraine (France), et décédé le 18 décembre 1931 à Galloro, près de Rome, est un prêtre jésuite français et théologien néo-thomiste. Créé cardinal par le Pape saint Pie X en 1911, il démissionne en 1927 pour éviter que son nom soit utilisé par ceux qui rejettent la condamnation de l’Action française par Pie XI (nous y reviendrons).

Louis BILLOT fait ses études secondaires dans les collèges jésuites de Metz et de Bordeaux. Il entre au grand séminaire de Blois et est ordonné prêtre le 22 mai 1869. Quelques mois plus tard – le 26 novembre 1869 – , il est admis au noviciat de la Compagnie de Jésus à Angers ; il a 23 ans. Après son noviciat, BILLOT est professeur d’Écriture sainte au théologat jésuite de Laval. Il est également prédicateur à Paris. Après 1879, son enseignement est entièrement tourné vers la théologie dogmatique à la faculté de théologie d’Angers d’abord, puis au scolasticat de Jersey.

B) Son appel à Rome et son crédit auprès des Papes

1) Léon XIII lui confie une un grand rôle dans le renouveau thomiste

Il fut appelé à Rome par le Pape Léon XIII, qui voulait donner une orientation nettement thomiste à l’enseignement. Six ans plus tôt, le pape a publié l’encyclique Æterni Patris (1879) qui prône le retour à l’étude de l’œuvre de saint Thomas d’Aquin dans les séminaires. Dans le même esprit, il se réservait le droit de choisir les professeurs de théologie dans les grandes institutions académiques romaines. Durant ses vingt-cinq ans de carrière à la Grégorienne, BILLOT publie de nombreuses œuvres de théologie scolastique et est considéré comme le plus brillant des nouveaux thomistes jésuites. Son style simple mais brillant lui attire l’admiration et l’affection de ses étudiants.

2) Saint Pie X l’estime, le promeut deux fois et lui donne une place privilégiée dans sa lutte contre le modernisme

Le brillant professeur néothomiste est très apprécié par saint Pie X dans sa lutte contre le modernisme. On lui attribue une grande influence dans la rédaction de l’encyclique Pascendi (1907) qui condamne le modernisme. Saint Pie X l’élèvera au cardinalat en 1911, après l’avoir nommé, l’année précédente, consulteur du Saint-Office après qu’il a participé à l’instruction suivie de mise à l’Index de cinq livres d’Alfred LOISY (1897-1903). Principal artisan du renouveau thomiste, défenseur réputé de l’orthodoxie dans le contexte de la crise moderniste, le cardinal BILLOT est demeuré surtout célèbre à cause de son cours d’ecclésiologie. Le Traité de l’Église du Christ, paru en 1900 est en effet la dernière grande synthèse théologique, grâce à laquelle, pendant plus de cinquante ans, des générations d’étudiants, prêtres et séminaristes, pourront trouver l’expression achevée de la pensée de l’Église.

3) Pie XI renonce à convoquer un Concile sur son conseil

« Au Consistoire secret du 23 mai 1923, le Pape Pie XI interrogea les cardinaux de Curie sur l’opportunité de convoquer un concile œcuménique. Ils étaient une trentaine (…) : Merry del Val, De Lai, Gasparri, Boggiani, Billot. » (Abbé Raymond DULAC, Collégialité Episcopale au Concile Vatican II, Cèdre, Paris 1979, pp. 9-10)

Dans un article publié par Le Monde du 27 décembre 1969 Jacques NOBÉCOURT, se fondant sur des documents rassemblés par le Père Giovanni CAPRILE, SJ, fait le point sur cet épisode historique célèbre. Il nous apprend que « Vingt-six réponses sont conservées dans les archives du Vatican« . Avec le Cardinal autrichien Andreas Franz FRÜWIRTH, le Cardinal BILLOT fut « l’un des deux à donner un avis négatif« . Or, comme nous le savons, Pie XI ne convoqua pas de Concile. C’est donc qu’il fut convaincu par seulement deux avis contre vingt-quatre. C’est dire l’autorité et la force des arguments des deux intéressés dont BILLOT. C’est surtout ce dernier qui convainquit Pie XI, comme l’histoire en a gardé le souvenir. Voici ses propos rapportés (les passages en italiques sont de la plume même du Cardinal) :

Il se demandait si l’ère des conciles généraux n’était pas définitivement close. Il en énumérait les difficultés et les dangers, notamment :

« la prolongation excessive des discussions [ndlr : « On ne peut se dissimuler l’existence de divergences profondes au sein de l’épiscopat lui-même… (Elles) risquent de donner lieu à des discussions qui se prolongeront indéfiniment » (Abbé Raymond DULAC, Collégialité Episcopale au Concile Vatican II, Cèdre, Paris 1979, pp. 9-10)] ; le grand nombre des participants ; la difficulté de conserver le secret des Pères assiégés « par une nuée de journalistes de tous pays, munis de tous les moyens que la science et les moeurs les plus modernes mettent maintenant à leur disposition » ; la répercussion immédiate, en dehors de l’aula, de toute discussion ou contraste ; la prépondérance de certains blocs nationaux ; la durée excessive du Concile dans son ensemble ; le danger que les éléments extrémistes (à cette époque-là, il s’agissait des modernistes) ne profitent du Concile « pour faire la révolution dans l’Eglise, un nouveau 1789. »

L’argument de BILLOT sur l’opportunité de transformer une assemblée conciliaire en révolution est le plus connu. Il n’était pas le seul à avoir cette crainte :

« Boggiani rappelait les théories modernistes, dont, disait-il, une partie du clergé et des évêques ne sont pas exempts. « Cette mentalité peut incliner certains Pères à présenter des motions, à introduire des méthodes incompatibles avec les traditions catholiques » » (Abbé Raymond DULAC, Collégialité Episcopale au Concile Vatican II, Cèdre, Paris 1979, pp. 9-10)

Mais :

« Billot est encore plus précis. Il dit sa crainte de voir le concile « manœuvré » (sic) par « les pires ennemis de l’Eglise, les modernistes, qui s’apprêtent déjà, comme des indices certains le montrent, à faire la révolution dans l’Eglise, un nouveau 1789. » (Abbé Raymond DULAC, Collégialité Episcopale au Concile Vatican II, Cèdre, Paris 1979, pp. 9-10)

Nous disposons d’une citation plus complète de BILLOT par le Père Giovanni CAPRILE, SJ :

« Enfin, voici la raison la plus grave, celle qui me semble militer absolument pour la négative. La reprise du Concile [Vatican I, interrompu en 1870] est désirée par les pires ennemis de l’Église, c’est-à-dire par les modernistes, qui s’apprêtent déjà – comme en font foi les indices les plus certains – à profiter des états généraux de l’Église pour faire la révolution, le nouveau 1789, objet de leurs rêves et de leurs espérances. Inutile de dire qu’ils n’y arriveront pas, mais nous reverrons les jours si tristes de la fin du pontificat de Léon XIII et du début de celui de Pie X ; nous verrons pire encore, et ce serait l’anéantissement des fruits heureux de l’encyclique Pascendi, qui les avait réduits au silence. » (Citation complète dans Père Giovanni CAPRILE, SJ, Le Concile Vatican II, éd. « La Civiltà Cattolica », Rome, 1969. Citation partielle in : abbé Raymond DULAC, Collégialité Episcopale au Concile Vatican II, Cèdre, Paris 1979, p. 9-10)

II) Son approbation par les Papes

Suite à sa renonciation au cardinalat, à l’occasion de la condamnation de l’Action française – qui, notons-le se fit non en désapprobation de Pie XI, mais au contraire pour qu’on ne puisse pas se couvrir de son autorité contre Pie XI – Pie XI parla ainsi aux Cardinaux :

« Une autre perte, et non des moindres, fut celle qu’a subie votre illustre Collège le jour où Louis Billot, un homme pourvu des plus éminentes qualités, se démit de la pourpre sacrée pour retourner à la vie religieuse, d’où il vous était venu, dans la glorieuse Société de Jésus, qui, Nous tenons à le dire, a si brillamment servi la cause de la Sainte Eglise de Dieu. Les raisons qu’il fit valoir, en nous demandant par écrit l’autorisation de résilier sa haute dignité. » (Allocution Quas vestrum au Consistoire secret du 19 décembre 1927 ; in : Actes de S. S. Pie XI, tome 4 (Années 1927-1928), page 60)

Plus tard, Pie XII demandant aux étudiants de l’Université Grégorienne d’avoir l’ambition de briller par l’éclat de leur science donnait le Cardinal Billot comme seul exemple nommément cité :

« Aux plus âgés parmi vous, Nous rappelons volontiers le souvenir des professeurs, comme Louis BILLOT – pour nommer l’un d’entre eux – qui par leur caractère et leur intelligence suscitaient chez les élèves l’amour des études sacrées et de la haute dignité du sacerdoce. C’est de tels maîtres que Nous souhaitons aux étudiants et Nous exhortons en ces termes ceux qui actuellement enseignent chez vous ces disciplines. » (Discours à l’occasion du IVè centenaire de l’Université Grégorienne, 17 octobre 1953).

III) Ses oeuvres

Ses oeuvres sont nombreuses, mais peu ont été traduites en français. Nous indiquons ci-dessous de manière individuelle seulement ceux qui ont été traduits en français :

– Son oeuvre maîtresse : Tractatus de Ecclesia Christi, en deux tomes : Tome 1 et Tome 2. Ce traité fut traduit en français sous le titre L’Eglise en trois tomes : Tome 1, Tome 2 et Tome 3.

De l’immuable tradition contre la nouvelle hérésie de l’évolutionnisme, traduit en français sous le titre Tradition et modernisme : disponible en cliquant ici.

La Parousie (1920) : cliquer ici ; présentation : cliquer ici.

– Ses autres oeuvres uniquement en latin : cliquer ici et ici.

IV) Sa réaction à la condamnation de l’Action française

Il renonça au Cardinalat suite à la condamnation de l’Action française. Cela, beaucoup de gens le savent. Ce que très peu savent en revanche, c’est qu’il ne le fit pas par protestation, mais au contraire par approbation !

Monarchiste et ayant des sympathies pour l’Action française, qu’il exprima dans une note privée à Léon DAUDET malgré la condamnation pontificale de 1926 (condamnation levée par Pie XII en 1939), le cardinal Billot fut convoqué par le pape Pie XI pour des explications ; il est reçu en audience le . Les curialistes s’attendaient à des cris et des paroles enflammées à travers la porte du bureau du pape, mais l’audience fut brève, calme et sereine. Quand BILLOT sortit de chez le pape, il n’était plus cardinal : il s’était sans cérémonie dépouillé de ses insignes et de son titre cardinalice. Les insignes de l’ex-cardinal restèrent dans le bureau du pape, qui accepta officiellement sa démission le .

Dans une lettre () au père Henri du PASSAGE, directeur de la revue Études, et publiée in extenso en 1932 (Mais déjà connue avant sa mort : La Croix, mars 1928, Civiltà Cattolica, mars 1928, Études 1932), le Père BILLOT qui d’après des contemporains ne s’était jamais senti à l’aise dans l’habit pourpre s’explique : son geste n’est en aucune manière un désaveu du pape, mais il ne souhaite pas que son nom (avec l’autorité cardinalice) soit exploité par ceux, qui, en France, refusent d’accepter la décision pontificale :

« (…) J’ai toujours répondu, soit de vive voix, soit par écrit, à tous ceux qui me consultaient sur la ligne de conduite à tenir, qu’il leur fallait non seulement éviter avec soin tout ce qui aurait un semblant d’insoumission ou de révolte mais encore faire le sacrifice de leurs idées particulières pour se conformer aux ordres du Souverain Pontife. Pour ma part personnelle, je me suis, tout le premier, tenu à cette règle… » (Père Henri du PASSAGE, « Réponse à une calomnie », Études, 1932, p. 491-492 : lire en ligne)

C’est comme simple religieux jésuite que le Père BILLOT prend sa retraite au noviciat des Jésuites italiens, à Galloro, dans les Monts Albains, près de Rome où il meurt le , à l’âge de 85 ans. Il est enterré au cimetière du Campo Verano à Rome.

Nous précisions que la condamnation de l’Action française était parfaitement justifiée. En effet, la doctrine de l’Action française était de fait néo-païenne, n’appréciant l’Eglise que pour son intérêt politique, et a transformé énormément de ses membres catholiques en rationalistes et matérialistes, les faisant tomber dans les affres de la démocratie chrétienne, du personnalisme, et parfois-même du communisme ! C’est cela qui fit dire à Pie XI :

« Nous avions le profond sentiment — dites le pressentiment — qu’une telle opposition ne répondait pas au vrai ; pour ne pas dire autre chose, Pie X était trop antimoderniste pour ne pas condamner cette particulière espèce de modernisme politique » (Chirographe à Paulin-Pierre Andrieu, Archevêque de Bordeaux, 5/1/27; in Actes de S. S. Pie XI, Tome IV, Année 1927 et 1928, Bonne Presse, Paris 1932)

En effet, saint Pie X avait en son temps déclaré au sujet des gens d’Action française : « Damnabilis sed non damnandus nunc ! » : « Ils sont condamnables mais ils ne doivent pas être condamnés maintenant !« .

Par ailleurs saint Pie X avait excommunié MAURRAS, et lui ainsi que son successeur Benoît XV avaient déjà mis à l’Index plusieurs livres de MAURRAS et d’autres cadres de l’Action française.

Pour plus de précision nous renvoyons à cet article : https://viveleroy.net/decret-de-condamnation-de-laction-francaise-par-saint-pie-x-et-pie-xi/

V) Nos articles dans lesquels nous le citons

Nous nous sommes déjà beaucoup servi de cet auteurs. Vous en trouverez des citations dans les articles suivants :

Saint Pierre a-t-il été le premier Évêque de Rome ?

La Papauté depuis les apôtres !

La Papauté au IIè siècle : le témoignage de saint Irénée de Lyon (vers 125-vers 202)

Comment Tertullien (vers 155-vers 230) témoigna, après en être sorti, que la véritable Eglise obéissait à l’Evêque de Rome

Saint Augustin et la fondation de l’Eglise sur Saint Pierre

Le 28è canon du Concile de Chalcédoine (451)

L’autorité souveraine et infaillible du Pape est-elle contradictoire avec l’existence des Conciles ?

L’union de l’Eglise et de l’Etat : ce qu’enseignent les Papes

L’autorité de saint Alphonse de Liguori

L’infaillibilité des lois de discipline générale de l’Eglise : exposé général

L’infaillibilité des lois de discipline générale de l’Eglise : thèse du cardinal Louis BILLOT

4 commentaires sur “Un auteur catholique à lire : le Cardinal Louis BILLOT (1846-1931), « Honneur de l’Église et de la France »

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Cette entrée a été publiée le 17 septembre 2020 par dans Foi Catholique.