+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Saint Pierre a-t-il écrit sa Ière Épître de Babylone ou Rome ?

Dossier sur la Papauté : ici

Saint Pierre a-t-il été à Rome ? Question importante s’il en est ! En effet, si Pierre n’est pas allé à Rome, alors c’est tout l’édifice de la Papauté qui s’écroule car le Pape est le chef visible de l’Eglise en tant que successeur de saint Pierre et il est successeur de sait Pierre en tant qu’évêque de Rome… A la réalité, les auteurs s’accordent presque tous à dire que le prince des Apôtres fut l’évangélisateur de cette ville. cependant, quelques uns, faisant de l’hypercritique, le nient. C’est en réponse à ces derniers que nous écrivons le présent article.

Voici le plan de notre étude :

I) Les mots de l’Ecriture Sainte

A) Ce que dit l’Epître

B) En langage imagé « Babylone » signifie Rome

1) Un langage imagé courant chez les Juifs

2) Une comparaison courante chez les premiers chrétiens

3) Le jugement des premiers Pères de l’Eglise

4) Pourquoi une telle métaphore ?

II) L’impossible identification aux autres villes du nom de Babylone

A) La Babylone de Mésopotamie

1) Elle n’était plus rien

2) Elle était dépourvue de juifs

3) Les sources non-catholiques confirment le fait

B) La Babylone d’Egypte

C) « Babylone » identifiée à Jérusalem

III) L’épiscopat de saint Pierre sur « Babylone »

I) Les mots de l’Ecriture Sainte

A) Ce que dit l’Epître

La venue de Pierre à Rome est attesté par ces mots qu’il écrivit :

« L’Eglise de Babylone, élue avec vous, et Marc, mon fils, vous saluent. » (I Pierre V, 13)

L’exégèse commune est de dire que « Babylone » est un image pour désigner Rome.

B) En langage imagé « Babylone » signifie Rome

1) Un langage imagé courant chez les Juifs

Dans la conscience juive, depuis l’Exil, Babylone représente l’idolâtrie, la tyrannie, les richesses matérielles et la luxure; autant d’éléments transposables à la Rome païenne du Ier siècle.  C’était la coutume chez les Juifs de donner des noms allégoriques à de semblables villes. Ils donnaient celui de Sodome à une ville infâme par ses débauches; celui d’Egypte à un pays idolâtre; celui de Chanaan à une race maudite de Dieu.

Rappelons que saint Pierre avait un apostolat particulier auprès des Juifs. Saint Paul écrit :

« Au contraire, voyant que l’Evangile m’avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis — car celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis a aussi fait de moi l’apôtre des Gentils, — » (Galates II, 7-8)

Il est donc normal qu’il use d’un langage compris par son lectorat.

2) Une comparaison courante chez les premiers chrétiens

L’Apocalypse d’Esdras (III, 1-2 et 28-31), l’Apocalypse de Baruch (X, 1-3 ; XI, 1 ; et 61, 7) ainsi que  les Oracles sybillins (vers 134 et 159) qui, bien qu’apocryphes nous renseignent quand même sur les usages des premiers chrétiens, dont celui d’appeler Rome par le nom de code de « Babylone ». Il en est de même de la littérature talmudique si on en croit Johann-Christian SCHÖTTGEN (1687-1751) dans Horae Ebraicae et Talmudicae in universum Novum Testamentum (1733), p. 1050 et 1125.

3) Le jugement des premiers Pères de l’Eglise

« Le langage figuré dont use l’auteur à propos d’Israël, I, 1 ; II, 4-10, invite à prendre le nom de Babylone dans un sens métaphorique. C’était, au dire d’Eusèbe, Hist. eccl., l. II, c. XV, n.2, l’opinion de Papias et de Clément d’Alexandrie ; cf. saint Jérôme, De. vir. ill., 8. » (A. TRICOT, Dictionnaire de Théologie Catholique, article « PIERRE (Saint) »)

Clément d’Alexandrie et Origène sont particulièrement bien placés pour faire de telles affirmations car ils sont d’Alexandrie dont saint Marc deviendra le premier évêque, ils sont donc les dépositaires de sa Tradition. Par ailleurs, ces deux personnages ainsi qu’Eusèbe et saint Jérôme nous livrent de précieux témoignages car ils avaient accès à deux immenses bibliothèques aujourd’hui disparues, qui contenaient un très grand nombre d’écrits anciens : la Bibliothèque d’Alexandrie et la Bibliothèque de Constantinople.

4) Pourquoi une telle métaphore ?

L’hypothèse la plus commune est qu’il aurait camouflé le véritable lieu de rédaction de la lettre afin qu’il ne soit pas localisé si le document tombait entre de mauvaises mains.

II) L’impossible identification aux autres villes du nom de Babylone

On nous répondra que cette interprétation est bien cavalière et qu’il serait beaucoup plus naturel de considérer qu’il s’agit de la vraie Babylone en Mésopotamie, ou de la Babylone d’Egypte qui se tient sur l’actuel emplacement du Caire. Cependant, ces deux hypothèses sont impossibles.

A) La Babylone de Mésopotamie

1) Elle n’était plus rien

Il ne peut d’abord pas s’agir de Babylone de Mésopotamie. En effet, les apôtres allaient évangéliser dans les grandes villes, afin de toucher un maximum de gens. C’est ainsi que les villes dont il est question dans le Nouveau Testament sont Antioche, Athènes, Corinthe, Thessalonique, Colosse, Ephèse, Phillipes et bien entendu : Rome. Au contraire, lors des prédications de saint Pierre (33-vers 65), Babylone de Mésopotamie n’était plus du tout une ville importante comme par le passé. Aussi, Diodore de Sicile (Ier siècle avant J.-C.), après avoir décrit les anciens trésors de Babylone déclare :

« Tous ces trésors furent plus tard pillés par les rois des Perses. Quant aux résidences royales et autres édifices, ils disparurent par l’injure du temps, ou ils tombèrent en ruines. Aujourd’hui, une petite partie seulement de Babylone est habitée ; le reste de l’espace compris dans ses murs est converti en champs cultivés. » (Bibliothèque historique, livre II, numéro 9)

La ville devait rester dans cet état encore longtemps puisque Strabon (vers 64 avant J.-C.-entre 21 et 26), après avoir évoqué le projet avorté de reconstruction du Tombeau de Bélus nous apprend que :

« Les autres monuments de Babylone furent également négligés, et la ruine de la ville elle-même, oeuvre à la fois des Perses, du temps et de l’incurie des Macédoniens en fait d’art, se trouva définitivement consommée, le jour surtout où Seleucus Nicator eut fondé Séleucie sur le Tigre à 300 stades tout au plus de Babylone. » (Géographie, livre XVI, chapitre I, numéro 5).

Pline l’Ancien (23 avant J.-C.-79) affirme au sujet de Babylone :

« elle est devenue un désert, dépeuplée qu’elle fut par le voisinage de Séleucie, fondée à cet effet par Nicator [av J. C. 312 -282], à 90.000 pas, au confluent du Tigre et d’un canal venant de l’Euphrate. Pourtant Séleucie est surnommée Babylonienne […] Pour la dépeupler à son tour, les Parthes ont fondé à trois milles, dans la Chalonitide, Ctésiphon, maintenant la capitale de leurs royaumes ; puis, cela ne réussissant pas, Vologèse a fondé récemment dans le voisinage une autre ville, Vologesocerta. » (L’Histoire naturelle, livre VI, chapitre XXX, numéros 5 et 6).

Ceux sont là des exagérations pour faire comprendre à quel point l’ancienne Babylone, riche, fastueuse et florissante avait chuté dans sa gloire : elle n’était plus que l’ombre de ce qu’elle avait été. Nous pourrions comparer ces exagérations à celles auxquelles ont eu recours les écrivains du Moyen-Âge pour d’écrire ce qu’était devenu Rome à l’époque où les Papes étaient en Avignon.

2) Elle était dépourvue de juifs

Par ailleurs, Pierre était l’apôtre des juifs (Galates II, 7-9), il devait donc aller là où son auditoire comprendrait un maximum de juifs. Or, la population déjà très réduite de Babylone ne comptait pas de juifs parmi ses membres. En effet, l’historien juif et violemment anti-chrétien Flavius Josèphe (vers 37-vers 100) atteste que Babylone était dépourvue de Juifs lors du règne de Caligula car ils avaient tous été tués ou expulsés :

« Il arriva aux Juifs de Mésopotamie et surtout de Babylonie une catastrophe pire que toute autre : on fit d’eux un massacre immense et tel qu’on n’en avait pas encore raconté auparavant. […] Ainsi les Babyloniens furent débarrassés de l’oppression d’Anilaios ; or, c’était un frein à leur haine contre les Juifs, avec lesquels ils avaient presque perpétuellement des différends, causés par l’opposition de leurs lois les premiers qui se liaient à leur force attaquaient leurs adversaires. […] II y eut donc des pourparlers et quand les principaux chefs des deux partis se furent réconciliés, l’entente se fit très vite. Une fois d’accord, ils décidèrent de se donner mutuellement un grand témoignage d’amitié par leur haine commune des Juifs. Tombant à l’improviste sur ceux-ci, ils massacrèrent plus de cinquante mille hommes : tous furent tués, sauf ceux qui purent s’enfuir grâce à la pitié de leurs amis ou à la condescendance de leurs voisins. Ceux-là se retirèrent à Ctésiphon [sur la rive gauche du Tigre, en face de Séleucie], ville grecque située tout près de Séleucie, où le roi passe l’hiver tous les ans et où se trouvent situés la plupart de ses magasins. Ce ne fut pas sans raison qu’ils s’y installèrent, car les Séleuciens étaient soucieux du prestige du pouvoir royal. Tout le peuple des Juifs de cette région eut peur des Babyloniens et des Séleuciens, parce que tous les Syriens du pays étaient d’accord avec les Séleuciens pour combattre les Juifs. Ces derniers se rassemblèrent, pour la plupart à Naarda et à Nisibis et obtinrent la sécurité grâce à la forte situation de ces villes et par le fait que toute une masse de guerriers habitait là. Telle était donc la situation des Juifs de Babylonie. » (Antiquités Judaïques, livre XVIII, chapitre 9)

Or comme nous le démontrons dans notre article L’Evangile selon saint Marc fut écrit à Rome, c’est sous le règne de Caligula ou dans les quelques années immédiatement consécutives que Pierre écrivit cette lettre ; ce n’est qu’après que Babylone se peupla à nouveau de juifs. En effet, il est très probable que la communauté juive de Babylone se reconstitua à la suite des défaites juives en Judée face à Titus (70) et Hadrien (135) et de la destruction de Jérusalem. Certains des Juifs de Judée qui avaient été soutenus par ceux de Babylonie ont certainement après la défaite émigré vers ce pays, qui, de plus, reste hostile à Rome ( Morris JASTROW Jr., Robert W. ROGERS, Richard GOTTHEIL et Samuel KRAUSS, « JE, Babylonia, Parthian Period »). C’est ainsi que le Talmud de Babylone a pu être rédigé.

3) Les sources non-catholiques confirment le fait

A ces raisons, nous pouvons ajouter celle de l’absence de chrétiens à Babylone au Ier siècle. En effet, aucun chrétien de Mésopotamie, ni aujourd’hui ni auparavant, n’a jamais revendiqué une fondation apostolique par saint Pierre, et cela est vrai tant de ceux d’entre eux qui sont actuellement catholiques, qu’orthodoxes, qu’Arméniens monophysites ou qu’Assyriens nestoriens. De plus, le très anti-catholique historien Ernest RENAN (1823-1892), obligé de reconnaître l’évidence, écrivit dans l’appendice de son ouvrage L’Antéchrist :

« Que Βαϐυλών en ce passage désigne réellement Babylone sur l’Euphrate, c’est là une thèse insoutenable, d’abord parce que vers cette époque « Babylone », dans le style secret des chrétiens, désigne toujours Rome ; en second lieu, parce que le christianisme au Ier siècle sortit à peine de l’empire romain et se répandit fort peu chez les Parthes. »

Le christianisme chez les Parthes dont parle est sans doute celui introduit par saint Thomas dans le Nord de l’actuelle Irak. Enfin, la Talmud de Babylone, rédigé par la communauté juive reconstituée de la ville, affirme qu’il n’y eut pas de chrétiens en cette cité avant le IIIème siècle. Notons qu’une Tradition rapporte que le premier évêque de Babylone fut Abdias, un des soixante-douze disciples ; cependant, cette Tradition rapporte aussi qu’il fut collaborateur des saints apôtres Simon et Jude, donc même si cette dernière est vraie, il demeure intact que saint Pierre ne fut pas en la Babylone de Chaldée.

B) La Babylone d’Egypte

Maintenant éliminée l’hypothèse de la Babylone de Chaldée, qu’en est-il de celle de la Babylone d’Egypte ?

Cette Babylone en Egypte ne peut pas être la Babylone dont parle Pierre, tout simplement parce que ce n’était pas une ville ! En effet, il ne s’agissait que d’une place forte perchée en haut d’une montagne escarpée et au début du Ier siècle, l’une des trois légions romaines chargées de garder l’Egypte y avait son cantonnement :

« Plus haut, sur le fleuve, on rencontre Babylone, place forte située au haut d’une montagne escarpée, dont le nom rappelle certaine insurrection de captifs Babyloniens, qui, [s’étant retranchés en ce lieu, ne capitulèrent] qu’après avoir obtenu du roi l’autorisation d’en faire désormais leur demeure. L’une des trois légions chargées aujourd’hui de garder l’Egypte y a son cantonnement : une rampe descend du camp au bord du Nil, et un système de roues et de limaces, disposé le long de cette rampe et mû par les bras de cent cinquante captifs, élève l’eau du Nil jusqu’au camp. » (Strabon, Géographie, XVII, I, 30)

Le sommet de ce mont comprenait peut être quelques quartiers d’habitation, mais en raison de la place que devait prendre le camps romain pour toute une légion (6000 hommes avec toutes les infrastructures que cela nécessite), il ne devait guère y avoir grand monde d’autre que les légionnaires, que Pierre aurait eu du mal à évangéliser, ne pouvant pas pénétrer dans le camp. Et parmi les habitants, s’il y avait des juifs, ceux-ci devaient être bien peu nombreux. Il s’en suit qu’il est complétement improbable que Pierre ait écrit sa lettre depuis la Babylone d’Egypte, pour les mêmes raisons qu’il est improbable que ce fut depuis la Babylone de Chaldée. Cette forteresse ne fut intégrée à la ville voisine de Fostat qu’en 639, au moment de l’invasion arabo-musulmane, par le général Amr ibn al-As. Les dynasties musulmanes suivantes, les Abbassides et les Toulounides, fondèrent ensuite Al-Askar (750) et Al-Qataï (868) avant que l’ensemble, agrandi, prenne le nom d’Al-Qahira (la Victorieuse). Fostat et el-Qahira sont unifiées et réunies dans une seule enceinte, gardée par une citadelle, par le monarque ayyoubide Salah ed-Dîn en 1173. Fostat forme aujourd’hui le Vieux Caire.

C) « Babylone » identifiée à Jérusalem

Il existe encore une autre théorie selon laquelle Pierre écrirait depuis Jérusalem. En effet, la ville de Babylone décrite au chapitre XVII de l’Apocalypse est Jérusalem. Mais d’une part il est possible que l’Apocalypse, fonctionnant sur une double référence, désigne comme « Babylone », à la fois Jérusalem et la Rome païenne des premiers siècles; et d’autre part, comme nous le démontrerons en un futur article, il est chronologiquement impossible que Pierre se fut trouvé à Jérusalem au moment de la rédaction de son Epître.

III) L’épiscopat de saint Pierre sur « Babylone »

Nous pouvons ajouter encore une autre remarque quant à la phrase dont nous traitons. En effet, elle et  le verset suivant disent :

« L’Église de Babylone, élue avec vous, et Marc, mon fils, vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un baiser d’amour. La paix soit avec vous tous qui êtes dans le Christ ! Amen ! » (I Pierre V, 13-14).

Tout le monde comprendra que par là, Pierre nous informe sur l’endroit depuis lequel il écrit, que celui-ci soit indiqué au sens littéral ou au sens allégorique. Mais ces mots nous apprennent également autre chose : ils nous renseignent sur la nature du lien que Pierre entretient avec cet endroit. En effet, Au début des lettres du Nouveau Testament, que ce soit les Epîtres ou les lettres envoyées par saint Jean dans l’Apocalypse aux sept Eglises qui sont en Asie (Apocalypse I-III), ou dans les lettres envoyées par les premiers chrétiens, commencent par la mention de celui qui écrit la lettre, c’est-à-dire le nom personnel de l’auteur si il écrit en son nom propre (Pierre, Paul, Ignace, etc) soit le nom de l’Eglise locale de la part de laquelle la lettre est écrite (l’Eglise de Babylone, l’Eglise de Rome, l’Eglise qui séjourne à Smyrne, etc), suivit de la mention du destinataire, qui sera encore une fois un nom personnel ou le nom d’une Eglise locale. Enfin, la plupart du temps, il y a une invocation à la grâce et à la paix du Christ. Aussi, l’auteur de la lettre écrit en fonction de celui au nom de qui il peut parler. Si ce n’est que lui-même, il ne mentionne que son propre nom. S’il peut le faire au nom d’une Eglise locale, il la mentionne. Aussi le fait que saint Pierre parle au nom de la communauté depuis laquelle il écrit en y adjoignant au passage une invocation de la paix divine, signifie qu’il a un lien avec cette ville d’une nature différente de celle d’un simple Apôtre de passage. Et ce lien, ça est le lien épiscopal ! Pierre écrit en tant qu’évêque de la « Babylone » depuis laquelle il écrit. En effet, dans les deux premiers siècle, chaque fois qu’une lettre commence de cette manière là, cela signifie que c’est l’Église locale, soit en tant que communauté, soit par la voix de son évêque, qui s’exprime. Voici les autres occurrences :

« L’Église de Dieu qui séjourne à Rome à l’Église de Dieu qui séjourne à Corinthe, à ceux qui ont été appelés et sanctifiés dans la volonté de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ. » (Saint Clément de Rome, Lettre aux Corinthiens, incipit, vers 95)

« Polycarpe et les presbytres qui sont avec lui à l’Église de Dieu qui séjourne comme une étrangère à Philippes ; que la miséricorde et la paix vous soient données en plénitude de la part du Dieu tout-puissant et de Jésus-Christ notre Sauveur. » (Saint Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, incipit, vers 110)

« L’Église de Dieu qui séjourne à Smyrne à l’Église de Dieu qui séjourne à Philomelium et à toutes les communautés de la sainte Église catholique qui séjournent en tout lieu: que la miséricorde, la paix et l’amour de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ vous soient données en plénitude [cf. Jude 2]. » (Lettre de l’Église de Smyrne ou Martyre de Polycarpe, incipit, 155 ou 169)

« Les serviteurs du Christ qui habitent Vienne et Lyon en Gaule, aux frères de l’Asie et de Phrygie qui ont la même foi et la même espérance de la rédemption que nous, paix, grâce et gloire de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur. » (Lettre des martyrs de Lyon, incipit, 177, rapportée par Eusèbe, Histoire ecclésiastique V, 1)

C’etait par ailleurs un usage déjà en vigueur chez les juifs de l’Ancienne Alliance. En effet, le deuxième livre des Machabées qui fut rédigé par les juifs de Judée à l’intention de ceux d’Egypte, chacun considérés en tant que communautés formant un tout, commence par ces mots :

« À leurs frères, aux Juifs qui sont en Égypte, salut ! Les Juifs, leurs frères, qui sont à Jérusalem et dans le pays de Juda souhaitent une heureuse paix ! Que Dieu vous fasse du bien et qu’il se souvienne de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, ses fidèles serviteurs ! Qu’il vous donne à tous un coeur pour l’adorer et accomplir ses volontés de grand coeur et de bon gré ! Qu’il ouvre votre coeur à sa loi et à ses préceptes, et qu’il y fasse la paix ! Qu’il exauce vos prières et se réconcilie avec vous, et qu’il ne vous délaisse pas au temps du malheur ! » (II Machabées I, 1-5)

Nous y retrouvons une salutation, puis des invocations de bénédiction et de paix.

Pierre n’écrit pas la lettre en tant que qu’évêque, cela il le fait en son nom propre (I Pierre I, 1), aussi, ce qu’il fait au nom de la communauté chrétienne de « Babylone », ce n’est pas écrire la lettre, mais donner le salut et invoquer la paix de Dieu. Cela revient exactement au même en ce qui nous concerne: il a le pouvoir d’agir au nom d’une communauté particulière, cela signifie qu’il en est l’évêque. Nous ne retrouvons cette formule dans aucune des épîtres de saint Paul ou de saint signale d’Antioche. Il est ainsi établi que c’est en tant qu’évêque de « Babylone » que Pierre écrit, or, s’il est pratiquement incontesté que saint Pierre fut le premier évêque de Rome, il n’est en revanche jamais ne serait-ce qu’allégué qu’il ait put être l’évêque d’une autre Babylone.

Preuve est donc faite que I Pierre V, 13 établit bibliquement la venue de saint Pierre à Rome. C’est la seule preuve biblique qu’il est possible d’apporter. Il existe aussi d’importantes preuves extra-bibliques. À commencer par la tombe et les ossements de saint Pierre qui furent retrouvés sous la Basilique Saint Pierre de Rome. Il y a encore la très certaine rédaction de l’Évangile selon saint Marc, sous la dépendance de Pierre à Rome. Ou enfin le témoignage unanime de l’antiquité chrétienne en faveur de la venue de l’apôtre à Rome, et ce sans aucune voie discordante.