+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Est-il possible de prouver l’existence de Dieu par la raison ? La réponse de l’Ecriture Sainte et du Magistère

Défense de tous les dogmes de la Sainte Eglise : ici

De nos jours, bon nombre de « catholiques » libéraux et modernistes prétendent qu’il est impossible de prouver l’existence de Dieu par le seul moyen de la raison naturelle. Il s’en suivrait qu’on ne peut imposer aucun dogme de manière rationnelle. Nous avons déjà publié plusieurs articles prouvant l’existence de Dieu par la raison seule : S. Thomas d’Aquin : Dieu existe-t-il ?, L’univers ne s’est pas auto-créé !, Connaître Dieu par l’Intelligence. Nous renvoyons de plus au premier tome de la Somme contre les Gentils de saint Thomas d’Aquin (vers 1225-1274) : pour lire ce livre en ligne, cliquer ici ; pour l’acheter, cliquer ici. Mais l’objet du présent article est de leur présenter un argument d’autorité qu’ils ne pourront pas récuser, à moins de cesser d’être catholiques : celui de l’Ecriture sainte et du Magistère infaillible de l’Eglise !

L’Ecriture Sainte

Psaume XIII/XIV

« 1 Au maître de chant. De David. L’insensé dit dans son coeur : « Il n’y a point de Dieu !… » Ils sont corrompus, ils commettent des actions abominables ; il n’en est aucun qui fasse le bien. »

Psaume XVIII/XIX

« 2 Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament annonce l’oeuvre de ses mains.
3 Le jour crie au jour la louange, la nuit l’apprend à la nuit.
4 Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles; dont la voix ne soit pas entendue.
5 Leur son parcourt toute la terre, leurs accents vont jusqu’aux extrémités du monde. C’est là qu’il a dressé une tente pour le soleil.
6 Et lui, semblable à l’époux qui sort de la chambre nuptiale, s’élance joyeux, comme un héros, pour fournir sa carrière.
7 Il part d’une extrémité du ciel, et sa course s’achève à l’autre extrémité : rien ne se dérobe à sa carrière. 8 La loi de Yahweh est parfaite : elle restaure l’âme. Le témoignage de Yahweh est sur : il donne la sagesse aux simples.
9 Les ordonnances de Yahweh sont droites elles réjouissent les coeurs. Le précepte de Yahweh est pur : il éclaire les yeux. »

Sagesse

« 1 Insensés par nature tous les hommes qui ont ignoré Dieu, et qui n’ont pas su, par les biens visibles, voir Celui qui est, ni, par la considération de ses œuvres, reconnaître l’Ouvrier.
2 Mais ils ont regardé le feu, le vent, l’air mobile, le cercle des étoiles, l’eau impétueuse, les flambeaux du ciel, comme des dieux gouvernant l’univers.
3 Si, charmés de leur beauté, ils ont pris ces créatures pour des dieux, qu’ils sachent combien le Maître l’emporte sur elles ; car c’est l’Auteur même de la beauté qui les a faites.
4 Et s’ils en admiraient la puissance et les effets, qu’ils en concluent combien est plus puissant celui qui les a faites.
5 Car la grandeur et la beauté des créatures font connaître par analogie Celui qui en est le Créateur.
6 Ceux-ci pourtant encourent un moindre reproche ; car ils s’égarent peut-être en cherchant Dieu et en voulant le trouver.
7 Occupés de ses œuvres, ils en font l’objet de leurs recherches, et s’en rapportent à l’apparence, tant ce qu’ils voient est beau !
8 D’autre part, ils ne sont pas non plus excusables ;
9 car, s’ils ont acquis assez de science pour arriver à connaître le monde, comment n’en ont-ils pas connu plus facilement le Maître ? » (Chapitre XIII)

Romains

« 18 En effet, la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive ;
19 car ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté.
20 En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables,
21 puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. » (Chapitre I)

Le Magistère de l’Eglise

Clément XI

Clément XI est le Pape qui condamna l’hérésie janséniste. Il le fit le 8 septembre 1713 dans la célèbre Bulle Unigenitus. Il dresse une liste de 101 erreurs condamnées. L’une d’elle est la suivante :

« Toute connaissance de Dieu, même naturelle, même dans les philosophes païens, ne peut venir que de Dieu ; sans la grâce, elle ne produit qu’orgueil, que vanité, qu’opposition à Dieu même, au lieu des sentiments d’adoration, de reconnaissance et d’amour. Romains 1, 19 (éditions 1693, 1699) » (41è erreur condamnée)

Cela est déjà démonstratif en soi. Mais pour saisir toute la force, et même l’infaillibilité de cette condamnation, il faut lire ce que Clément XI écrit en introduction, avant de passer à l’énumération des condamnations :

« Lorsque le Fils Unique de Dieu, qui s’est fait Fils de l’Homme pour notre Salut, & pour celui de tout le monde, enseignait à ses Disciples la doctrine de vérité, et lorsqu’il instruisait l’Eglise universelle dans la personne de ses Apôtres, il donna des préceptes pour former cette Eglise naissante ; et prévoyant ce qui devait l’agiter dans les Siècles futurs, il sut pourvoir à ses besoins par un excellente et salutaire avertissement ; c’est de nous tenir en garde contre les faux Prophètes, qui viennent à nous revêtus de la peau des brebis ; et il désigne principalement sous ce nom, ces maîtres de mensonges, ces séducteurs plein d’artifices, qui ne font éclater dans leur discours les apparences de la plus solide piété, que pour insinuer imperceptiblement leurs dogmes dangereux, et que pour introduire sous les dehors de la sainteté, des sectes qui conduisent les hommes à leur perte ; séduisant avec d’autant plus de facilité ceux qui ne se défient pas de leurs pernicieuses entreprises, que comme des Loups, qui dépouillent leur peau pour se couvrir de la peau des brebis, ils s’enveloppent, pour ainsi parler, des maximes de la lois divines, des préceptes des Saintes Ecritures, dont ils interprètent malicieusement les expressions, et de celles même du Nouveau Testament, qu’ils ont l’adresse de corrompre en diverses manières pour perdre les autres, et pour se perdre eux-mêmes : Vrais fils de l’ancien père de mensonge, ils ont appris par son exemple et par ses enseignements, qu’il n’est point de voie plus sure ni plus prompte pour tromper les âmes, et pour leur insinuer le venin des erreurs les plus criminelles, que de couvrir ses erreurs de l’autorité de la Parole de Dieu.

Pénétrés de ces divines instructions, aussitôt que nous eûmes appris dans la profonde amertume de notre cœur, qu’un certain Livre imprimé autrefois en langue française, et divisé en plusieurs tomes, sous ce titre, le Nouveau Testament en français, avec des Réflexions morales, &c… Que ce Livre, quoique l’eussions déjà condamné parce qu’en effet les Vérités Catholiques y sont confondues avec plusieurs dogmes faux et dangereux, passait encore dans l’opinion de beaucoup de personnes pour un Livre exempt de toute sorte d’erreurs : qu’on le mettait partout entre les mains des fidèles et qu’il se rependait de tous cotés par les soins affectés de certains esprits remuants, qui font de continuelles tentatives en faveur des nouveautés : qu’on l’avait même traduit en Latin afin que la contagion de ses maximes pernicieuses passa, s’il était possible, de nation en nation, et de Royaume en Royaume : Nous fûmes saisis d’une très vive douleur de voir le troupeau du Seigneur, qui est commis à nos soins, entraîné dans la voie de perdition par des insinuations si séduisantes et si trompeuses : ainsi donc également excités par nos sollicitudes Pastorales, par les plaintes réitérées des personnes, qui ont un vrai zèle pour la Foi orthodoxe, surtout par les Lettres et par les prières d’un grand nombre de nos vénérables frères les Évêques de France, nous avons pris la résolution d’arrêter par quelque remède le cours d’un mal qui croissait toujours et qui pourrait avec le temps produire les plus funestes effets.

Après avoir donné toute notre application à découvrir la cause d’un mal si pressant, et après avoir fait sur ce sujet, de mûres et de sérieuses réflexions, Nous avons enfin reconnu très distinctement que le progrès dangereux qu’il a fait et qui s’augmente tous les jours, vient principalement de ce que le venin de ce livre est très caché, semblable à un abcès dont la pourriture ne peut sortir qu’après qu’on y a fait des incisions. En effet, à la première ouverture du livre, le Lecteur se sent agréablement attiré par de certaines apparences de piété. Le style de cet ouvrage est plus doux et plus coulant que l’huile : mais ses expressions sont comme ces traits prêts à partir d’un arc, qui n’est tendu que pour blesser imperceptiblement ceux qui ont le cœur droit. Tant de motifs nous ont donné lieu de croire que nous ne pouvons rien faire de plus à propos ni plus salutaire, après avoir jusqu’à présent marqué en général la doctrine artificieuse de ce Livre, que d’en découvrir les erreurs en détail ; et que de les mettre plus clairement et plus distinctement devant les yeux de tous les Fidèles, par un extrait de plusieurs propositions contenues dans l’ouvrage où nous leur feront voir l’ivraie dangereuse séparée du bon grain qui la couvrait. Par ce moyen nous dévoilerons, et nous mettrons au grand jour, non seulement quelques unes de ces erreurs ; mais nous en exposerons un grand nombre des plus pernicieuses, soit qu’elles aient été déjà condamnées, soit qu’elles aient été inventées depuis peu. Nous espérons que le Ciel bénira nos soins ; et que nous ferons si bien connaître et si bien sentir la vérité, que tout le monde sera forcé de suivre ses lumières.

Ce ne sont pas seulement les Évêques ci-dessus mentionnés, qui nous ont témoigné que par ce moyen nous ferions une chose très utile et très nécessaire pour l’intérêt de la Foi Catholique et pour le repos des consciences et que nous mettrions fin aux diverses contestations, qui se sont élevées principalement en France, et qui doivent leur origine à de certains esprits, qui veulent se distinguer par une doctrine nouvelle, et qui tâchent de faire naître dans ce Royaume florissant des divisions encore plus dangereuses ; mais même notre très-cher fils en Jésus-Christ, Louis Roi de France Très-Chrétien, dont nous ne pouvons assez louer le zèle pour la défense et pour la conservation de la Foi Catholique, et pour l’extirpation des hérésies ; ce Prince par ses instances réitérées et dignes d’un Roi Très-Chrétien, nous a fortement sollicité de remédier incessamment au besoin pressant des âmes par l’autorité d’un Jugement Apostolique.

Touchés de ces raisons, aminés par le Seigneur, et mettant notre confiance en son divin secours, nous avons cru devoir faire une si sainte entreprise, et nous y sommes attachés avec le soin et toute l’application, que l’importance de l’affaire pouvait exiger. D’abord, nous avons fait examiner par plusieurs Docteur en Théologie, en présence de deux de nos vénérables frères Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, un grand nombre de propositions extraites avec fidélité et respectivement des différentes éditions dudit Livre, tant françaises que latines dont nous avons parlé ci-dessus : Nous avons ensuite été présents à cet examen : Nous y avons appelé plusieurs autres Cardinaux pour avoir leurs avis. Et après avoir confronté pendant tout le temps et avec toute l’attention nécessaire chacune des propositions avec le texte du livre, Nous avons ordonné qu’elles fussent examinées, et discutées très soigneusement, dans plusieurs Congrégations, qui se sont tenues à cet effet. Les propositions dont il s’agit, sont celles qui suivent. »

Vient ensuite l’énumération des 101 erreurs condamnées. Enfin, voici la conclusion de la Bulle qui vaut elle aussi son pesant d’or :

« A CES CAUSES, après avoir reçu tant de vive voix que par écrit, les suffrages des sus-dits cardinaux, et de plusieurs autres Théologiens, et après avoir ardemment imploré le secours du Ciel, par des prières particulières, que nous avons faites, et par des prières publiques, que nous avons ordonnées à cette intention, nous déclarons par la présente constitution, qui doit avoir son effet à perpétuité, que nous condamnons et réprouvons, toutes et chacune les propositions ci- dessus rapportées, comme étant respectivement fausses, captieuses, malsonnantes, capables de blesser des oreilles pieuses, scandaleuses, pernicieuses, téméraires, injurieuses à l’Eglise et ses usages, outrageantes, non seulement pour elle, mais pour les puissances séculières ; séditieuses, impies, blasphématoires, suspectes d’hérésie, sentant l’hérésie, favorables aux hérétiques, aux hérésies, et au schisme, erronées, approchantes de l’hérésie et souvent condamnées ; enfin comme hérétiques, et comme renouvellement diverses hérésies, principalement, celles qui sont contenues dans les fameuses Propositions de Jansénius, prises dans le sens, auquel elles ont été condamnées.

Nous défendons à tous les Fidèles de l’un et de l’autre sexe, de penser, d’enseigner, ou de parler sur lesdites Propositions autrement qu’il n’est porté dans cette Constitution ; en sorte que quiconque enseignerait, soutiendrait, ou mettrait ou jour ces Propositions, ou quelques unes d’entre elles, soit conjointement, soit séparément, ou qui en traiterait même par manière de dispute, en public ou en particulier, si ce n’est peut être pour les combattre, encoure, ipso facto, et sans qu’il soit besoin d’autre déclaration, les Censures Ecclésiastiques et les autres peines portaient de droit contre ceux, qui font de semblables choses.

Au reste, par la condamnation expresse et particulière que nous faisons des susdites Propositions, Nous ne prétendons nullement approuver ce qui est contenu dans le reste du même Livre, d’autant plus que dans le cours de l’examen que nous en avons fait, Nous y avons remarqué plusieurs autres propositions, qui ont beaucoup de ressemblance et d’affinité avec celles que nous venons de condamner, et qui sont toute remplies des mêmes erreurs : De plus, Nous y en avons trouvé beaucoup d’autres, qui sont propres d’entretenir la désobéissance et la rébellion qu’elles veulent insinuer insensiblement sous le faux nom de patience chrétienne par l’idée chimérique qu’elles donnent au Lecteur d’une persécution qui règne aujourd’hui : Mais nous avons cru qu’il serait inutile de rendre cette Constitution plus longue, par un détail particulier de ces Propositions : Enfin, ce qui est plus intolérable. Nous y avons vu le texte sacré au Nouveau Testament altéré d’une manière, qui ne peut être trop condamnée ; et conforme en beaucoup d’endroit à une traduction dite de Mons, qui a été censurée depuis longtemps ; il y est différent, et s’éloigne en diverses façons de la version vulgate, qui est en usage dans l’Eglise depuis tant de siècles, et qui doit être regardée comme authentique, par toutes les personnes orthodoxes ; et l’on a porté la mauvaise foi jusqu’au point de détourner le sens naturel du texte, pour y substituer un sens étranger, et souvent dangereux.

Pour toutes ces raisons, en vertu de l’Autorité Apostolique, Nous défendons de nouveau par ces présentes et condamnons derechef ledit Livre, sous quelque titre et en quelque langue qu’il ait été imprimé : de quelque édition, et en quelque version qu’il ait paru, ou qu’il puisse paraître dans la suite (ce qu’à Dieu ne plaise) Nous le condamnons comme étant très capable de séduire les âmes simples par des paroles pleines de douceur et par des bénédictions, ainsi que s’exprime l’Apôtre, c’est-à-dire, par les apparences d’une instruction remplie de piété. Condamnons pareillement, tous les autres Livres ou libelles, soit manuscrits soit imprimés, ou (ce qu’à Dieu ne plaise) qui pourraient s’imprimer dans la suite, pour la défense dudit Livre ; Nous défendons à tous les Fidèles de les lire, de les copier, de les retenir, et d’en faire usage, sous peine d’excommunication, qui sera encourue ipso facto, par les contrevenants.

Nous ordonnons de plus à Nos Vénérables Frères, les Patriarches, les Archevêques et Évêques et autres Ordinaires des lieux, comme aussi aux Inquisiteurs de l’hérésie, de réprimer et de contraindre par les censures, par les peines susdites, et par tous les autres remèdes de droit et de fait, ceux qui ne voudraient obéir ; et même d’implorer pour cela, s’il en est besoin, le secours du bras séculier.

Voulons aussi que même foi soit ajoutée aux copies des présentes, même imprimées, pourvue qu’elles soient signées, de la main d’un Notaire publique, et scellées du sceau de quelque personne constituée en dignité Ecclésiastique, que celle que l’on aurait à l’Original Secr s’il était montré et représenté.

Que personne donc ne se donne la licence d’enfreindre en aucune manière les Déclaration, Condamnation, Ordonnance, et Défense que dessus, et n’ait la témérité de s’y opposer : Que si quelqu’un ose commettre cet attentat, qu’il sache qu’il encourra l’indignation du Dieu Tout puissant, et des bienheureux Apôtres saint Pierre et saint Paul.« 

Les Congrégations Romaines sous Grégoire XVI et Pie IX

A l’époque de Grégoire XVI, le Saint-Office eut à s’occuper du cas de l’abbé Eugène BAUTAIN, dont la doctrine était douteuse au sujet de la possibilité de prouver l’existence de Dieu par la raison. Sacré Congrégation des évêques et des religieux lui imposa le 26 avril 1844 de signer les thèses suivantes à propos de « La possibilité de démontrer les présupposés naturels de la religion chrétienne et le rapport de celle-ci au gouvernement civil » :

« Nous promettons pour aujourd’hui et pour l’avenir :

1. de ne jamais enseigner que, avec les seules lumières de la droite raison, abstraction faite de la révélation divine, on ne puisse donner une véritable démonstration de l’existence de Dieu ;

2. Qu’avec la raison seule on ne puisse démontrer la spiritualité et l’immortalité de l’âme, ou toute autre vérité purement naturelle, rationnelle ou morale ;

3. qu’avec la raison seule on ne puisse avoir la science des principes ou de la métaphysique, ainsi que des vérités qui en dépendent, comme science tout à fait distincte de la théologie surnaturelle qui se fonde sur la révélation divine ;

4. que la raison ne puisse acquérir une vraie et pleine certitude des motifs de crédibilité, c’est-à-dire de ces motifs qui rendent la Révélation divine évidemment croyable, tels que sont spécialement les miracles et les prophéties, et particulièrement la Résurrection de Jésus Christ ;

5. que la relation chrétienne ne puisse s’adapter à toute forme légitime de gouvernement politique, tout en restant la même religion chrétienne et catholique, complètement indifférente à toutes les formes du régime politique, ne favorisant pas l’une plus que l’autre, et n’en excluant aucune. »

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Quelques années plus tard, sous Pie IX, l’abbé Augustin BONNETY renouvelait les erreurs de BAUTAIN, c’est alors que la Sacrée Congrégation de l’Index lui fit signer la déclaration suivante :

« 1. « Même si la foi est au-dessus de la raison, il ne peut jamais exister entre elles aucun dissentiment réel, aucune discorde, puisque toutes deux découlent d’une seule et même source de vérité immuable et éternelle, Dieu très bon et très grand, et qu’elles s’aident mutuellemen  » 2776 ; voir 3019).

2. Le raisonnement peut prouver avec certitude l’existence de Dieu, la spiritualité de l’âme, la liberté humaine. La foi est postérieure à la Révélation, et elle ne peut donc pas être alléguée pour prouver l’existence de Dieu vis-à-vis d’un athée, ni pour prouver la spiritualité de l’âme raisonnable et sa liberté face aux partisans du naturalisme et du fatalisme (voir 2751 , 2754).

3. L’usage de la raison précède la foi et y conduit l’homme à l’aide de la Révélation et de la grâce (2755) .

4. La méthode dont se sont servis saint Thomas, saint Bonaventure et d’autres scolastiques après eux, ne conduit pas au rationalisme, et elle n’a pas été la cause de ce que dans les écoles d’aujourd’hui la philosophie incline au naturalisme et au panthéisme. C’est pourquoi il n’est pas permis de reprocher à ces docteurs et à ces maîtres de faire usage de cette méthode, surtout avec l’approbation, au moins tacite, de l’Eglise. » (Décret des 11 et 15 juin 1855)

Pie IX

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« Car, bien que la foi soit au-dessus de la raison, jamais on ne pourra découvrir qu’il y ait opposition et contradiction entre elles deux; parce que l’une et l’autre émanent de ce Dieu très excellent et très grand, qui est la source de la vérité éternelle. Elles se prêtent bien plutôt un tel secours mutuel que c’est toujours à la droite raison que la vérité de la foi emprunte sa démonstration, sa défense et son soutien les plus sûrs ; que la foi, de son côté, délivre la raison des erreurs qui l’assiègent, qu’elle l’illumine merveilleusement par la connaissance des choses divines, la confirme et la perfectionne dans cette connaissance. […]

En effet, notre très sainte religion n’ayant pas été inventée par la raison, mais directement manifestée aux hommes par Dieu, tout le monde comprend aisément que cette religion, empruntant toute sa force et sa vertu de l’autorité de la Parole de Dieu Lui-même, n’a pu être produite et ne saurait être perfectionnée par la simple raison. Donc, pour que la raison humaine ne se trompe ni ne s’égare dans une affaire aussi grave et de cette importance, il faut qu’elle s’enquière soigneusement du fait de la révélation, afin qu’il lui soit démontré, d’une manière certaine, que Dieu a parlé, et qu’en conséquence, selon le très sage enseignement de l’apôtre, elle lui doit une soumission raisonnable. Mais qui donc ignore ou peut ignorer que, lorsque Dieu parle, on lui doit une foi entière, et qu’il n’y a rien de plus conforme à la raison elle-même, que de donner son assentiment et de s’attacher fortement aux vérités incontestablement révélées par Dieu, qui ne peut ni tromper ni se tromper ?

Et combien nombreuses, combien admirables, combien splendides sont les preuves par lesquelles la raison humaine doit être amenée à cette conviction profonde : que la religion de Jésus Christ est divine, et qu’elle a reçu du Dieu du ciel la racine et le principe de tous ses dogmes, et que par conséquent il n’y a rien au monde de plus certain que notre foi, rien de plus sûr ni de plus vénérable et qui s’appuie sur des principes solides. C’est cette foi qui est la maîtresse de la vie, le guide du salut, le destructeur de tous les vices, la mère et la nourrice féconde de toutes les vertus ; consolidée par la naissance, la vie, la mort, la résurrection, la sagesse, les prodiges et les prophéties de son divin auteur et consommateur, Jésus Christ; répandant de tous côtés 1′ éclat de sa doctrine surnaturelle, enrichie des trésors inépuisables et vraiment célestes de tant de prophéties inspirées à ses prophètes, du resplendissant éclat de ses miracles, de la constance de tant de martyrs, de la gloire de tant de saints personnages. De plus en plus insigne et remarquable, elle porte partout les lois salutaires de Jésus Christ ; et de jour en jour acquérant et puisant sans cesse de nouvelles forces dans les persécutions les plus cruelles, armée du seul étendard de la croix, elle conquiert l’univers entier, et la terre et la mer, depuis le levant jusqu’au couchant ; et, après avoir renversé les trompeuses idoles, dissipé les ténèbres épaisses de l’erreur, triomphé des ennemis de toute espèce, elle a répandu les bienfaisants rayons de sa lumière sur tous les peuples, sur toutes les nations et sur tous les pays, quel que fût le degré de férocité de leurs mœurs, de leur naturel et de leur caractère barbare, les courbant sous le joug si suave de Jésus Christ, et annonçant à tous la paix et le bonheur.

Certes, toutes ces magnificences resplendissent assez de toute part de l’éclat de la puissance et de la sagesse divines, pour que toute pensée et toute intelligence puissent saisir promptement et comprendre facilement que la foi chrétienne est l’oeuvre de Dieu. » (Encyclique Qui pluribus, 9 novembre 1846 – Sur les principales erreurs du temps)

Concile Vatican I

Le concile dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

Le concile enseigne :

« Néanmoins, afin que l’hommage de notre foi fût d’accord avec la raison, Dieu a voulu ajouter aux secours intérieurs de l’Esprit saint les preuves extérieures de sa révélation, à savoir les faits divins et surtout les miracles et les prophéties, lesquels, en montrant abondamment la toute-puissance et la science infinie de Dieu, sont les signes très-certains de la révélation divine et appropriés à l’intelligence de tous. C’est pour cela que Moïse et les Prophètes et surtout le Christ Seigneur lui-même ont fait tant de miracles et de prophéties d’un si grand éclat ; c’est pour cela qu’il est dit des apôtres : « Pour eux, s’en étant allés, ils prêchèrent partout avec la coopération du Seigneur, qui confirmait leurs paroles par les miracles qui suivaient (Marc XVI, 20). » Et encore : « Nous avons une parole prophétique certaine, à laquelle vous faites bien de prendre garde, comme à une lumière qui luit dans un endroit ténébreux (II. Petr. 1, 19). » […]

Mais, parce qu’il est impossible sans la foi de plaire à Dieu et d’être compté au nombre de ses enfants, personne ne se trouve justifié sans elle, et ne parvient à la vie éternelle s’il n’y a persévéré jusqu’à la fin. Et pour que nous puissions satisfaire au devoir d’embrasser la vraie foi et d’y demeurer constamment attachés, Dieu, par son Fils unique, a institué l’Église et l’a pourvue de marques visibles de son institution, afin qu’elle puisse être reconnue de tous comme la gardienne et la maîtresse de la parole révélée. Car à l’Église catholique seule appartiennent tous ces caractères si nombreux et si admirables établis par Dieu pour rendre évidente la crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, l’Église, par elle-même, avec son admirable propagation, sa sainteté éminente et son inépuisable fécondité pour tout bien, avec son unité catholique et son immuable stabilité, est un grand et perpétuel argument de crédibilité, un témoignage irréfragable de sa mission divine. Et par là, il se fait que, comme un signe dressé au milieu des nations (Is. XI. 12), elle attire à elle ceux qui n’ont pas encore cru, et elle donne à ses enfants la certitude que la foi qu’ils professent repose sur un très solide fondement. » (Constitution dogmatique Dei Filius, dite De fide catholica, 24 avril 1870, Chapitre III, 2 et 5)

Et il fait correspondre le canon suivant à cet enseignement :

« Si quelqu’un dit que la révélation divine ne peut devenir croyable par des signes extérieurs, et que, par conséquent, les hommes ne peuvent être amenés à la foi que par la seule expérience intérieure de chacun d’eux, ou par l’inspiration privée ; qu’il soit anathème. » (Constitution dogmatique Dei Filius, dite De fide catholica, 24 avril 1870, Chapitre III, Canon III)

Et concernant les miracles :

« Si quelqu’un dit qu’il ne peut y avoir de miracles, et, par conséquent, que tous les récits de miracles, même ceux que contient l’Écriture sainte, doivent être relégués parmi les fables ou les mythes ; ou que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude, et que l’origine divine de la religion chrétienne n’est pas valablement prouvée par eux ; qu’il soit anathème. » (Constitution dogmatique Dei Filius, dite De fide catholica, 24 avril 1870, Chapitre III, Canon IV)

Léon XIII

Encyclique Aeterni Patris, 4 août 1879 – Sur la philosophie chrétienne

« Toutefois, l’utilité de ce même procédé philosophique ne s’arrête pas à ces limites. Et, de fait, les oracles de la divine sagesse adressent de graves reproches à la folie de ces hommes qui, par les biens visibles n’ont pu comprendre Celui qui est, et, à la vue des œuvres, n’ont pu reconnaître l’ouvrier (Sap. XIII, I). Ainsi, un premier fruit de la raison humaine, fruit grand et précieux entre tous, c’est la démonstration qu’elle nous donne de l’existence de Dieu : car, par la magnificence et la beauté de la créature, le Créateur de ces choses pourra être vu d’une manière intelligible (Ibid. 5).- La raison nous montre ensuite l’excellence singulière de ce Dieu qui réunit toutes les perfections, principalement une sagesse infinie, à laquelle rien ne peut échapper, et une souveraine justice contre laquelle aucune disposition vicieuse ne peut prévaloir ; elle nous fait comprendre ainsi que, non seulement Dieu est véridique, mais qu’il est la vérité même, ne pouvant ni se tromper ni tromper. D’où il ressort en toute évidence que la raison humaine procure à la parole de Dieu la foi la plus entière et la plus grande autorité. – Semblablement, la raison nous déclare que, dès son origine, la doctrine évangélique a brillé de signes merveilleux, arguments certains d’une vérité certaine ; c’est pourquoi ceux qui ajoutent foi à l’Évangile, ne le font point témérairement, comme s’ils s’attachaient à des fables spécieuses (II. Petr. I, 16), mais ils soumettent leur intelligence et leur jugement à l’autorité divine par une obéissance entièrement conforme à la raison. Enfin, ce qui n’est pas moins précieux, la raison met en évidence comment l’Église, instituée par Jésus-Christ, nous offre (ainsi que l’établit le Concile du Vatican) « dans son admirable propagation, dans son éminente sainteté et la fécondité intarissable qu’elle révèle en tous lieux, dans l’unité catholique, dans son inébranlable stabilité, un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfragable de la divinité de sa mission (Const. dogm. de Fide cath., cap. 3). » (Encyclique Aeterni Patris, 4 août 1879 – Sur la philosophie chrétienne)

1ère preuve connexe : il y a une loi divine « qui émane de la lumière de la raison naturelle« 

« Les deux lois divines, tant celle qui émane de la lumière de la raison naturelle que celle qu’ont promulguée des écrits inspirés par le souffle divin, défendent formellement que personne, en dehors d’une cause publique, tue ou blesse son semblable, à moins que ce ne soit pour défendre sa vie et d’y être contraint par la nécessité. » (Encyclique Pastoralis Officii, aux Archevêques et Evêques des empires Allemand et Austro-Hongrois – Sur le duel, 12 septembre 1891 ; in : Lettres apostoliques de S. S. Léon XIII, Encycliques, brefs, etc. Texte latin avec la traduction en regard, précédées d’une notice biographique suivies d’une table alphabétique, A. Roger et F. Chernoviz, éditeurs, Paris, Tome III, page 85)

2è preuve connexe : le devoir moral pour les États de reconnaître le règne social de Jésus-Christ

Léon XIII donne également les enseignements suivants qui n’affirment pas de manière directe que la raison seule peut parvenir à la certitude de l’existence de Dieu, mais qu’il est facile de conclure que la religion catholique est l’unique vraie religion, et que les États ont donc l’obligation morale de reconnaître la religion catholique comme seule vraie religion. Or si cette dernière conclusion est facile, à plus forte raison la seule existence de Dieu :

Encyclique Immortale Dei du 1er novembre 1885 – Sur la constitution chrétienne des Etats

« Les devoirs religieux de la société

La société politique étant fondée sur ces principes, il est évident qu’elle doit sans faillir accomplir par un culte public les nombreux et importants devoirs qui l’unissent à Dieu. – Si la nature et la raison imposent à chacun l’obligation d’honorer Dieu d’un culte saint et sacré, parce que nous dépendons de sa puissance et que, issus de lui, nous devons retourner à lui, elles astreignent à la même loi la société civile. Les hommes, en effet, unis par les liens d’une société commune, ne dépendent pas moins de Dieu que pris isolément ; autant au moins que l’individu, la société doit rendre grâce à Dieu, dont elle tient l’existence, la conservation et la multitude innombrable de ses biens. C’est pourquoi, de même qu’il n’est permis à personne de négliger ses devoirs envers Dieu, et que le plus grand de tous les devoirs est d’embrasser d’esprit et de cœur la religion, non pas celle que chacun préfère, mais celle que Dieu a prescrite et que des preuves certaines et indubitables établissent comme la seule vraie entre toutes, ainsi les sociétés politiques ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n’existait en aucune manière, ou se passer de la religion comme étrangère et inutile, ou en admettre une indifféremment selon leur bon plaisir. En honorant la Divinité, elles doivent suivre strictement les règles et le mode suivant lesquels Dieu Lui-même a déclaré vouloir être honoré. – Les chefs d’État doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de la couvrir de l’autorité tutélaire des lois, et ne rien statuer ou décider qui soit contraire à son intégrité. Et cela ils le doivent aux citoyens dont ils sont les chefs. Tous, tant que nous sommes, en effet, nous sommes nés et élevés en vue d’un bien suprême et final auquel il faut tout rapporter, placé qu’il est aux cieux, au-delà de cette fragile et courte existence. Puisque c’est de cela que dépend la complète et parfaite félicité des hommes, il est de l’intérêt suprême de chacun d’atteindre cette fin. Comme donc la société civile a été établie pour l’utilité de tous, elle doit, en favorisant la prospérité publique, pourvoir au bien des citoyens de façon non seulement à ne mettre aucun obstacle, mais à assurer toutes les facilités possibles à la poursuite et à l’acquisition de ce bien suprême et immuable auquel ils aspirent eux-mêmes. La première de toutes consiste à faire respecter la sainte et inviolable observance de la religion, dont les devoirs unissent l’homme à Dieu.

Quant à décider quelle religion est la vraie, cela n’est pas difficile à quiconque voudra en juger avec prudence et sincérité. En effet, des preuves très nombreuses et éclatantes, la vérité des prophéties, la multitude des miracles, la prodigieuse célérité de la propagation de la foi, même parmi ses ennemis et en dépit des plus grands obstacles, le témoignage des martyrs et d’autres arguments semblables prouvent clairement que la seule vraie religion est celle que Jésus-Christ a instituée lui-même et qu’il a donné mission à son Église de garder et de propager. » (Encyclique Immortale Dei du 1er novembre 1885 – Sur la constitution chrétienne des Etats)

Encyclique Libertas Praestantissimum, 2 juin 1888 – Sur la liberté humaine

« Et si l’on demande, parmi toutes ces religions opposées qui ont cours, laquelle il faut suivre à l’exclusion des autres, la raison et la nature s’unissent pour nous répondre : celle que Dieu a prescrite et qu’il est aisé de distinguer, grâce à certains signes extérieurs par lesquels la divine Providence a voulu la rendre reconnaissable, car, dans une chose de cette importance, l’erreur entraînerait des conséquences trop désastreuses. C’est pourquoi offrir à l’homme la liberté dont Nous parlons, c’est lui donner le pouvoir de dénaturer impunément le plus saint des devoirs, de le déserter, abandonnant le bien immuable pour se tourner vers le mal : ce qui, nous l’avons dit, n’est plus la liberté, mais une dépravation de la liberté et une servitude de l’âme sans l’abjection du péché.

Envisagée au point de vue social, cette même liberté veut que l’État ne rende aucun culte à Dieu, ou n’autorise aucun culte public ; que nulle religion ne soit préférée à l’autre, que toutes soient considérées comme ayant les mêmes droits, sans même avoir égard au peuple, lors même que ce peuple fait profession de catholicisme. Mais pour qu’il en fût ainsi, il faudrait que vraiment la communauté civile n’eût aucun devoir envers Dieu, ou qu’en ayant, elle pût impunément s’en affranchir ; ce qui est également et manifestement faux. On ne saurait mettre en doute, en effet, que la réunion des hommes en société ne soit l’œuvre de la volonté de Dieu, et cela qu’on la considère dans ses membres, dans sa forme qui est l’autorité, dans sa cause ou dans le nombre et l’importance des avantages qu’elle procure à l’homme. C’est Dieu qui a fait l’homme pour la société et qui l’a uni à ses semblables, afin que les besoins de sa nature, auxquels ses efforts solitaires ne pourraient donner satisfaction, pussent la trouver dans l’association. C’est pourquoi la société civile, en tant que société, doit nécessairement reconnaître Dieu comme son principe et son auteur et, par conséquent, rendre à sa puissance et à son autorité l’hommage de son culte. Non, de par la justice; non, de par la raison, l’État ne peut être athée, ou, ce qui reviendrait à l’athéisme, être animé à l’égard de toutes les religions, comme on dit, des mêmes dispositions, et leur accorder indistinctement les mêmes droits. – Puisqu’il est donc nécessaire de professer une religion dans la société, il faut professer celle qui est la seule vraie et que l’on reconnaît sans peine, au moins dans les pays catholiques, aux signes de vérité dont elle porte en elle l’éclatant caractère. Cette religion, les chefs de l’État doivent donc la conserver et la protéger, s’ils veulent, comme ils en ont l’obligation, pourvoir prudemment et utilement aux intérêts de la communauté. Car la puissance publique a été établie pour l’utilité de ceux qui sont gouvernés, et quoiqu’elle n’ait pour fin prochaine que de conduire les citoyens à la prospérité de cette vie terrestre, c’est pourtant un devoir pour elle de ne point diminuer, mais d’accroître, au contraire, pour l’homme, la faculté d’atteindre à ce bien suprême et souverain dans lequel consiste l’éternelle félicité des hommes, ce qui devient impossible sans la religion. » (Encyclique Libertas Praestantissimum, 2 juin 1888 – Sur la liberté humaine)

Lettre apostolique à l’empereur du Brésil È Giunto, 19 juillet 1889 – Condamnant la possibilité d’un droit accordé par principe aux faux cultes

« La liberté de culte, considérée dans son rapport avec la société, est fondée sur ce principe que l’Etat, même dans une nation catholique, n’est tenu de professer et de favoriser aucun culte. Il doit rester indifférent au regard de tous et en tenir un compte juridiquement égal. Il n’est pas question ici de cette tolérance de fait, qui en des circonstances données peut être concédée aux cultes dissidents, mais bien de la reconnaissance accordée à ceux-ci des droits mêmes qui n’appartiennent qu’à l’unique vraie religion, que Dieu a établi dans le monde et désigné par des caractères clairs et précis pour que tous puissent la reconnaître comme telle et l’embrasser. Aussi bien une telle liberté place-t-elle sur la même ligne la vérité et l’erreur, la foi et l’hérésie, l’Eglise de Jésus-Christ et une quelconque institution humaine : elle établit une déplorable et funeste séparation entre la Société humaine et Dieu son Auteur ; elle aboutit enfin aux tristes conséquences que sont l’indifférentisme de l’Etat en matière religieuse ou, ce qui revient au même, son athéisme.

Personne, en effet, ne pourra raisonnablement nier que la communauté civile, non moins que l’homme pris individuellement, a des devoirs à l’égard de Dieu Créateur, son suprême législateur et son bienfaiteur attentif. Rompre tout lien de sujétion et de respect envers l’Etre suprême, refuser d’honorer son pouvoir et son autorité souveraine, méconnaître les bienfaits que la société en reçoit est une attitude condamnée non seulement par la foi, mais par la raison et par le sentiment commun des anciens païens eux-mêmes, qui plaçaient à la base de leur ordre public et de leurs entreprises civiles et militaires, le culte de la divinité dont ils attendaient leur prospérité et leur grandeur.

Mais il serait superflu d’insister sur ces réflexions. A plusieurs reprises déjà, dans des documents officiels adressés au Monde Catholique, Nous avons démontré combien est erronée la doctrine de ceux, qui sous le nom séducteur de liberté du culte, proclament l’apostasie légale de la société, la détournant ainsi de son Auteur divin. » (Lettre apostolique à l’empereur du Brésil È Giunto, 19 juillet 1889 – Condamnant la possibilité d’un droit accordé par principe aux faux cultes)

Notons que ces deux derniers documents de Léon XIII sont aussi une condamnation de toute forme de laïcité. Nous développons les enseignements des Papes sur ce sujet dans notre article :

L’union de l’Eglise et de l’Etat : ce qu’enseignent les Papes

Saint Pie X

Encyclique Jucunda Sane, 12 mars 1904 – Sur la responsabilité de ceux qui gouvernent l’Église

« Notre siècle jouit de la lumière de la civilisation chrétienne à un degré tel qu’on ne saurait lui comparer l’époque de Grégoire ; il semble pourtant prendre en dégoût cette vie, où il faut puiser en grande partie, souvent même uniquement, comme à leur source, tant de biens non plus seulement passés, mais encore présents. Et non seulement il se détache du tronc ainsi qu’un rameau inutile – comme il arriva jadis quand des erreurs et des discordes se firent jour, – mais encore il s’attaque à la racine la plus profonde de l’arbre, c’est-à-dire à l’Église, et s’efforce d’en dessécher le suc vital afin que l’arbre tombe plus sûrement pour ne pousser désormais aucun germe.

Cette erreur moderne, la plus grande de toutes, et d’où découlent les autres, est cause que nous avons à déplorer la perte éternelle du salut de tant d’hommes et de si nombreux dommages apportés à la religion ; nous en connaissons même beaucoup d’autres qui sont imminents si le médecin n’y porte la main.

On nie en effet qu’il y ait rien au-dessus de la nature ; l’existence d’un Dieu créateur de tout, et dont la Providence régit l’univers ; la possibilité des miracles. Ces principes une fois supprimés, les fondements de la religion en sont forcément ébranlés. On attaque même les arguments qui démontrent l’existence de Dieu, et, avec une témérité incroyable, à l’encontre des premiers jugements de la raison, on rejette cette force invincible de raisonnement qui des effets conclut à leur cause, c’est-à-dire à Dieu et à ses attributs, que ne restreint aucune limite, car depuis la création du monde, l’intelligence contemple à travers les œuvres de Dieu ses perfections invisibles. On y voit aussi sa puissance éternelle et sa divinité[24]. De là, il s’ouvre une voie facile à d’autres erreurs monstrueuses, aussi contraires à la droite raison que pernicieuses aux bonnes mœurs.

En effet, la négation gratuite du principe surnaturel qui se pare du faux nom de science devient le postulat d’une critique également fausse [25]. Toutes les vérités qui ont quelque rapport avec l’ordre surnaturel, qu’elles le constituent ou qu’elles lui soient annexes, qu’elles le supposent ou qu’enfin elles ne puissent être expliquées en grande partie que par lui, tout cela est, rayé des pages de l’histoire, sans le moindre examen préalable. Telles sont la Divinité de Jésus-Christ, son Incarnation par l’œuvre du Saint-Esprit, sa Résurrection d’entre les morts opérée par sa propre vertu, enfin tous les autres points de notre foi. Une fois engagée dans cette fausse direction, la science critique ne se laisse plus arrêter par aucune loi ; tout ce qui ne sourit pas à ses desseins, ou qu’elle estime être contraire à ses démonstrations, tout cela est biffé des Livres Saints. L’ordre surnaturel enlevé, il est en effet nécessaire de refaire sur une base bien différente l’histoire des origines de l’Église. Dans ce but, les fauteurs de nouveautés retournent les textes anciens au gré de leur caprice, et les tiraillent, moins pour avoir le sens des auteurs que pour les ranger à leur dessein.

Ce grand appareil scientifique, et cette force spécieuse d’argumentation en séduit beaucoup ; si bien que la foi se perd ou s’affaiblit gravement. Il en est d’autres qui, restant fermes dans leur foi, s’emportent contre la méthode critique comme si elle devait tout ruiner : mais celle-ci, à la vérité, n’est pas elle-même en faute, et, légitimement employée, elle facilite très heureusement les recherches. Cependant, ni les uns ni les autres ne font attention à ce qu’ils présument et posent en principe, c’est-à-dire cette science faussement appelée, qui est leur point de départ, et qui les conduit nécessairement à de fausses conclusions. Il est de rigueur qu’un faux principe en philosophie corrompe tout le reste. Ces erreurs ne pourront donc jamais être suffisamment écartées si l’on ne change de tactique, c’est-à-dire si les égarés ne sortent des retranchements où ils se croient à l’abri pour revenir au champ légitime de la philosophie, dont l’abandon fut le principe de leurs erreurs.

Il Nous coûte de retourner contre ces hommes à l’esprit délié, et qui passent pour habiles, les mots de Paul reprenant ceux qui ne savent pas s’élever des choses de la terre à celles qui échappent à la portée du regard : Ils se sont évanouis dans leurs pensées ; leur cœur insensé s’est obscurci, car, en se disant sages, ils sont devenus fous [26]. Fou, en effet, doit être appelé quiconque gaspille les forces de son esprit à bâtir sur le sable. » (Encyclique Jucunda Sane, 12 mars 1904 – Sur la responsabilité de ceux qui gouvernent l’Église)

Encyclique Pascendi, 8 septembre 1907 – Sur les erreurs du modernisme

« Et pour commencer par le philosophe, les modernistes posent comme base de leur philosophie religieuse la doctrine appelée communément agnosticisme. La raison humaine, enfermée rigoureusement dans le cercle des phénomènes, c’est-à-dire des choses qui apparaissent, et telles précisément qu’elles apparaissent, n’a ni la faculté ni le droit d’en franchir les limites; elle n’est donc pas capable de s’élever jusqu’à Dieu, non pas même pour en connaître, par le moyen des créatures, l’existence: telle est cette doctrine. D’où ils infèrent deux choses: que Dieu n’est point objet direct de science; que Dieu n’est point un personnage historique.

Qu’advient-il, après cela, de la théologie naturelle, des motifs de crédibilité, de la révélation extérieure ? Il est aisé de le comprendre. Ils les suppriment purement et simplement et les renvoient à l’intellectualisme, système, disent-ils, qui fait sourire de pitié, et dès longtemps périmé. Rien ne les arrête, pas même les condamnations dont l’Eglise a frappé ces erreurs monstrueuses: car le Concile du Vatican a décrété ce qui suit : Si quelqu’un dit que la lumière naturelle de l’humaine raison est incapable de faire connaître avec certitude, par le moyen des choses créées le seul et vrai Dieu, notre Créateur et Maître, qu’il soit anathème [4]. Et encore : Si quelqu’un dit qu’il ne se peut faire, ou qu’il n’est pas expédient que l’homme soit instruit par révélation divine du culte à rendre à Dieu, qu’il soit anathème [5]. Et enfin: Si quelqu’un dit que la révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs, et que ce n’est donc que par l’expérience individuelle ou par l’inspiration privée que les hommes sont mus à la foi, qu’il soit anathème [6].

Maintenant, de l’agnosticisme, qui n’est après tout qu’ignorance, comment les modernistes passent-ils à l’athéisme scientifique et historique, dont la négation fait au contraire tout le caractère; de ce qu’ils ignorent si Dieu est intervenu dans l’histoire du genre humain, par quel artifice de raisonnement en viennent-ils à expliquer cette même histoire absolument en dehors de Dieu, qui est tenu pour n’y avoir point eu effectivement de part ? Le comprenne qui pourra. Toujours est-il qu’une chose, pour eux, parfaitement entendue et arrêtée, c’est que la science doit être athée, pareillement l’histoire; nulle place dans le champ de l’une, comme de l’autre, sinon pour les phénomènes: Dieu et le divin en sont bannis.

Quelles conséquences découlent de cette doctrine absurde, au regard de la personne sacrée du Sauveur, des mystères de sa vie et de sa mort, de sa résurrection et de son ascension glorieuse, c’est ce que nous verrons bientôt. » (Encyclique Pascendi, 8 septembre 1907 – Sur les erreurs du modernisme, n°6)

« Serment antimoderniste » (1er septembre 1910)

Saint Pie X rendit obligatoire pour tout prêtre le Serment antimoderniste (Motu proprio Sacrorum antistitum, 1er septembre 1910), dans lequel il faisait jurer dès le commencement :

« Moi, N…, j’embrasse et reçois fermement toutes et chacune des vérités qui ont été définies, affirmées et déclarées par le magistère infaillible de l’Eglise, principalement les chapitres de doctrine qui sont directement opposés aux erreurs de ce temps. »

L’une de ces erreurs étant bien entendu l’idée selon laquelle on ne pourrait pas prouver l’existence de Dieu par la raison seule. Mais plus loin dans ce même serment, il fait explicitement et immédiatement après, jurer aux prêtres :

« Et d’abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison « par ce qui a été fait » Rm 1,20 , c’est-à-dire par les œuvres visibles de la création, comme la cause par les effets.

Deuxièmement, j’admets et je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, c’est-à-dire les faits divins, particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l’origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu’ils sont tout à fait adaptés à l’intelligence de tous les temps et de tous les hommes, même ceux d’aujourd’hui. »

De plus, saint Pie X fait finir ainsi ce serment :

« Toutes ces choses, je promets de les observer fidèlement, entièrement et sincèrement, et de les garder inviolablement, sans jamais m’en écarter ni en enseignant ni de quelque manière que ce soit dans ma parole et dans mes écrits. J’en fais le serment ; je le jure. Qu’ainsi Dieu me soit en aide et ces saints Evangiles. »

Notons que ce serment confirme, pour ceux qui en auraient douté, l’infaillibilité du Syllabus. En effet, comme nous venons de le dire, saint Pie X oblige tous les prêtres à jurer (et une telle obligation ne saurait porter sur une affirmation pouvant être fausse) de se soumettre à l’enseignement du « magistère infaillible de l’Eglise, principalement les chapitres de doctrine qui sont directement opposés aux erreurs de ce temps ». N’importe qui comprendra que cela concerne entre autres et de manière privilégiée le Syllabus. Mais cela a pour but direct de proclamer l’infaillibilité du Syllabus en particulier, puisque son titre complet est : « Recueil [Syllabus] renfermant les principales erreurs de notre temps qui sont signalées dans les allocutions consistoriales, encycliques et autres lettres apostoliques de Notre Très Saint-Père le pape Pie IX » !

Pie XII

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Encyclique Humani generis, 12 août 1950 – Sur les opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique

« On révoque en doute que la raison humaine, sans le secours de la révélation et de la grâce divine, puisse démontrer l’existence d’un Dieu personnel par des arguments tirés des choses créées ; on nie que le monde ait eu un commencement et l’on soutient que la création est nécessaire, puisqu’elle procède de la nécessaire libéralité de l’amour de Dieu ; on refuse aussi à Dieu l’éternelle et infaillible prescience des libres actions de l’homme. Or tout cela s’oppose aux déclarations du Concile du Vatican (Cfr. Conc. Vatic., Const. De Fide cath. ch. 1, De Deo rerum omnium creatore). […]

Certains estiment qu’ils ne sont pas liés par la doctrine que Nous avons exposée il y a peu d’années dans notre lettre Encyclique et qui est fondée sur les sources de la « révélation », selon laquelle le Corps Mystique et l’Eglise catholique romaine sont une seule et même chose [6]. Quelques-uns réduisent à une formule vaine la nécessité d’appartenir à la véritable Eglise pour obtenir le salut éternel. D’autres enfin attaquent injustement le caractère rationnel de la crédibilité de la foi chrétienne. […]

On sait combien l’Eglise estime la raison humaine dans le pouvoir qu’elle a de démontrer avec certitude l’existence d’un Dieu personnel, de prouver victorieusement par les signes divins les fondements de la foi chrétienne elle-même, d’exprimer exactement la loi que le Créateur a inscrite dans l’âme humaine et enfin de parvenir à une certaine intelligence des mystères, qui nous est très fructueuse (Cfr. Conc. Vat., D. B., 1796). » (Encyclique Humani generis, 12 août 1950 – Sur les opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique)

Dans la même encyclique, Pie XII, à l’instar de Léon XIII, donne également les enseignements suivants qui n’affirment pas de manière directe que la raison seule peut parvenir à la certitude de l’existence de Dieu, mais qu’il est facile de conclure que la religion catholique est l’unique vraie religion. Or si cette dernière conclusion est facile, à plus forte raison la seule existence de Dieu :

« Bien plus, l’esprit humain peut éprouver parfois des difficultés à formuler un simple jugement certain de « crédibilité » au sujet de la foi catholique, encore que Dieu ait disposé un grand nombre de signes extérieurs éclatants qui nous permettent de prouver, de façon certaine, l’origine divine de la religion chrétienne avec les seules lumières naturelles de notre raison. En effet, que le mènent les préjugés ou que l’excitent les passions et la volonté mauvaise, l’homme peut opposer un refus et résister autant à l’évidence irrécusable des signes extérieurs qu’aux célestes lumières que Dieu verse en nos âmes. » (Encyclique Humani generis, 12 août 1950 – Sur les opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique)

La valeur de cette encyclique est particulièrement importante ! En effet, son sous-titre parle de lui-même : « Sur les opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique ». Et à la fin, Pie XII conclut son encyclique en montrant qu’il entend la couvrir de l’infaillibilité :

« Aussi, après avoir mûrement pesé et considéré la chose devant Dieu, pour ne pas manquer à Notre devoir sacré, Nous enjoignons aux Evêques et aux Supérieurs de familles religieuses, leur en faisant une très grave obligation de conscience, de veiller avec le plus grand soin à ce que ces opinions ne soient pas exposées dans les écoles, dans les réunions, dans n’importe quels écrits, et qu’elles ne soient pas enseignées en quelque manière que ce soit aux clercs et aux fidèles.

Que ceux qui sont professeurs d’instituts ecclésiastiques sachent qu’ils ne peuvent exercer en toute tranquillité de conscience la charge d’enseigner qui leur est confiée, s’ils n’acceptent pas religieusement les normes doctrinales que Nous avons édictées, et s’ils ne les suivent pas exactement au cours de la formation de leurs élèves. Le respect et l’obéissance qu’ils doivent professer envers le magistère de l’Eglise dans leur travail quotidien, ils les doivent inculquer aussi au coeur et à l’esprit de leurs élèves.

Oui, qu’ils travaillent, usant de toutes leurs forces et de toute leur application, à faire avancer les disciplines qu’ils enseignent, mais qu’ils se gardent aussi d’outrepasser les limites que nous avons fixées en vue de protéger les vérités de la foi et la doctrine catholique. » (Encyclique Humani generis, 12 août 1950 – Sur les opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique)

Le Père Raimondo SPIAZZI, O.P., professeur à l’Angelicum à Rome, rapportera plusieurs années plus tard :

« Je me souviens que quelques mois après la publication d’Humani generis, j’y fis allusion lors d’une audience avec Pie XII, et je l’entendis dire : « Si l’on n’était pas intervenu, on pouvait en arriver au point ou presque plus rien ne serait resté debout« . »

Discours Un’Ora à l’académie des sciences, 22 novembre 1951 – Les preuves de l’existence de Dieu à la lumière de la science actuelle de la nature

« Introduction : Dieu et la science

C’est une heure de joie sereine dont Nous remercions le Tout-Puissant que Nous offre cette réunion de l’Académie Pontificale des Sciences, en même temps qu’elle Nous donne l’agréable occasion de Nous entretenir avec une élite d’éminents cardinaux, d’illustres diplomates, de personnalités distinguées et spécialement avec vous, académiciens pontificaux, bien dignes de la solennité de cette assemblée. Vous, en effet, qui scrutez et dévoilez les secrets de la nature et enseignez aux hommes à en utiliser les forces pour leur bien, vous publiez, en même temps, avec le langage des chiffres, des formules, des découvertes, les ineffables harmonies du Dieu d’infinie sagesse.

La vraie science rapproche de Dieu :

La vraie science, en effet — quoi qu’on en ait inconsidérément affirmé dans le passé — plus elle progresse, et plus elle découvre Dieu, comme s’Il attendait aux aguets derrière chaque porte qu’ouvre la science. Disons plus : de cette découverte progressive de Dieu, fruit des accroissements du savoir, l’homme de science n’est pas seul à bénéficier, quand il pense en philosophe et comment pourrait-il s’en abstenir ? — mais encore tous ceux qui participent aux nouvelles trouvailles ou en font l’objet de leurs considérations, à commencer par les vrais philosophes ; car, prenant pour base de leur spéculation rationnelle les conquêtes scientifiques, ils en tirent une plus grande assurance dans leurs conclusions, de plus claires lumières pour dissiper d’éventuelles ombres, des secours plus convaincants pour donner aux difficultés et aux objections une réponse toujours plus satisfaisante.

Le Pape rappelle les « cinq voies » grâce auxquelles les philosophes scolastiques démontrent l’existence de Dieu.

Ainsi stimulé et guidé, l’intellect humain affronte la démonstration de l’existence de Dieu, cette démonstration que la sagesse chrétienne trouve dans les arguments philosophiques éprouvés au cours des siècles par des géants du savoir, et qui vous est bien connue sous la forme des « cinq voies » que le docteur angélique, saint Thomas, offre comme un rapide et sûr itinéraire de l’esprit vers Dieu [1]. Arguments philosophiques, avons-Nous dit ; mais non pour autant, à priori, comme en fait grief un positivisme étroit et inconséquent. Les arguments se fondent, en effet, sur des réalités concrètes et garanties par les sens comme par la science, même s’ils tirent leur force démonstrative de la vigueur de la raison naturelle.

De la sorte, philosophie et sciences opèrent selon des processus et des méthodes analogues et conciliables, utilisant dans des proportions diverses, éléments empiriques et éléments rationnels, et collaborant dans une harmonieuse unité à la découverte du vrai.

Les cinq voies doivent aujourd’hui être confrontées avec les données récentes des sciences :

Mais si l’expérience primitive des anciens put offrir à la raison des arguments suffisants pour la démonstration de l’existence de Dieu, aujourd’hui, l’élargissement et l’approfondissement du champ de cette même expérience font resplendir plus éclatante et plus précise, la trace de l’Éternel dans le monde visible. On pourrait donc, semble-t-il, avec profit, réexaminer sur la base de nouvelles découvertes scientifiques, les preuves classiques du Docteur angélique, spécialement celles qui sont tirées du mouvement et de l’ordre de l’univers ; autrement dit, rechercher si et dans quelle mesure la connaissance plus profonde du macrocosme et du microcosme contribue à renforcer les arguments philosophiques ; considérer ensuite si et jusqu’à quel point ils auraient été ébranlés, comme on l’entend dire parfois, du fait que la physique moderne a formulé de nouveaux principes fondamentaux, aboli ou modifié d’antiques concepts — dont le sens, dans le passé, était peut-être tenu pour stable et défini — comme par exemple ceux de temps, d’espace, de mouvement, de causalité, de substance, tous d’importance majeure pour la question qui nous occupe présentement. Ainsi, plus que d’une révision des preuves philosophiques, il s’agit ici d’un examen des bases physiques d’où ces arguments dérivent, et Nous devrons nécessairement, faute de temps, Nous limiter à quelques-unes d’entre elles. Aucune surprise n’est d’ailleurs à craindre : la science elle-même n’entend pas déborder les frontières de ce monde qui, aujourd’hui comme hier, se présente avec les « cinq modes d’être » d’où prend son essor et sa vigueur la démonstration philosophique de l’existence de Dieu.

En particulier, les sciences nous montrent aujourd’hui, sous une clarté nouvelle, 1° le changement et le mouvement des choses ; 2° la fin de l’univers.

De ces « modes d’être » du monde, qui nous entoure, appréhendés, avec une pénétration plus ou moins grande, mais une égale évidence, par l’esprit du philosophe et par l’intelligence commune, il en est deux que les sciences modernes ont merveilleusement sondés et vérifiés, et approfondis au-delà de toute attente : 1° la mutabilité des choses, y compris leur origine et leur fin ; 2° l’ordre de finalité qui resplendit dans toutes les parties du cosmos. La contribution apportée ainsi par les sciences aux deux démonstrations philosophiques qui s’appuient sur elles et qui constituent la première et cinquième voies, est très notable. A la première, la physique, en particulier, a apporté une mine inépuisable d’expériences, révélant le fait de la mutabilité jusque dans les profondeurs cachées de la nature où, avant notre époque, aucun esprit humain n’en pouvait même soupçonner l’existence et l’ampleur, et fournissant une multiplicité de faits empiriques qui sont d’un puissant secours pour le raisonnement philosophique. Nous disons secours : car pour ce qui est de la direction de ces transformations — attestée elle aussi par la physique moderne — elle Nous semble dépasser la valeur d’une simple confirmation et atteindre presque à la structure et au degré d’une preuve physique en grande partie nouvelle et, pour beaucoup d’esprits, plus acceptable, plus persuasive et plus satisfaisante.

Avec une telle richesse, les sciences, surtout astronomique et biologique, ont fourni ces derniers temps à l’argument de l’ordre du monde un tel ensemble de connaissances et une vision, pour ainsi dire, si enivrante de l’unité de conception qui anime le cosmos, et de la finalité qui en dirige le mouvement, que l’homme moderne goûte par avance cette joie que le poète Dante imaginait dans le ciel empyrée, lorsqu’il vit comment en Dieu « est contenu — lié par l’amour en un volume — ce qui s’effeuille par l’univers » [2].

L’homme de science peut donc lire dans la nature, la présence de Dieu :

Toutefois la Providence a voulu que la notion de Dieu, si essentielle à la vie de chaque homme, puisse se déduire facilement d’un simple regard jeté sur le monde, à tel point que n’en pas comprendre le langage est une folie [3], et que d’autre part, elle reçoive une confirmation de tout approfondissement et progrès des connaissances scientifiques.

Pie XII exprime l’intention de démontrer cette thèse :

Voulant donc donner ici une rapide esquisse du précieux service que les sciences modernes rendent à la démonstration de l’existence de Dieu, Nous Nous limiterons d’abord au fait des mutations, en en faisant surtout ressortir le caractère d’ampleur, d’étendue et, pour ainsi dire, de totalité, que la physique moderne découvre dans le cosmos inanimé. Nous Nous arrêterons ensuite sur le sens et l’orientation de ces mutations, tel qu’il est également attesté. Ce sera prêter l’oreille à quelques accords du concert de l’immense univers, assez puissants toutefois pour chanter « la gloire de Celui par qui tout l’univers se meut » [4].

[ndlr : Pie XII fait ensuite un long développement sur les différentes branches de la science moderne. Cela ne concerne pas directement notre sujet, à savoir les affirmations magistérielles de la possibilité de prouver l’existence de Dieu par la raison. Pour le lire, cliquer ici]

Le Pape conclut qu’aujourd’hui on peut donner de nouveaux arguments qui renforcent les preuves traditionnelles de l’existence de Dieu :

Quelle est donc l’importance de la science moderne vis-à-vis de la preuve de l’existence de Dieu tirée de la mutabilité du cosmos ? Grâce à des investigations précises et détaillées dans le macrocosme et le microcosme, elle a élargi et approfondi considérablement les bases d’expérience sur lesquelles se fonde l’argument et d’où l’on conclut à l’existence d’un « Ens a se », immuable par nature. En outre elle a suivi le cours et la direction des développements cosmiques, et comme elle en a entrevu le terme fatal, de même a‑t-elle indiqué que leur commencement se situe il y a quelque cinq milliards d’années : elle confirmait ainsi, avec le caractère concret propre aux preuves physiques, la contingence de l’univers et la déduction fondée que vers cette époque le cosmos est sorti des mains du Créateur.

Ainsi, création dans le temps : et pour cela un Créateur : et par conséquent Dieu ! Le voici donc – encore qu’implicite et imparfait – le mot que Nous demandions à la science et que la présente génération humaine attend d’elle. C’est le mot qui surgit de la considération mûre et sereine d’un seul aspect de l’univers, à savoir de sa mutabilité ; mais il suffit déjà pour que l’humanité entière, sommet et expression rationnelle du macrocosme et du microcosme, prenant conscience de son sublime auteur, se sente sa chose, dans l’espace et dans le temps, et tombant à genoux devant sa souveraine Majesté, commence à en invoquer le nom : « Dieu, force et soutien du monde – Toujours immuable en vous-même – Qui, par la marche du soleil — Réglez la succession des temps. » [12]

La connaissance de Dieu, unique Créateur, commune à beaucoup de savants modernes est certainement l’extrême limite à laquelle peut arriver la raison naturelle ; mais elle ne constitue pas – comme vous le savez bien – l’ultime frontière de la vérité. De ce même Créateur, que la science rencontre sur son chemin, la philosophie et plus encore la Révélation – collaborant harmonieusement parce que toutes trois instruments de vérité et rayons d’un même soleil – contemplent la substance, dévoilent les contours, décrivent les traits. Par-dessus tout, la Révélation en rend la présence comme immédiate, vivifiante, pleine d’amour : c’est celle que le simple croyant et le savant expérimentent dans l’intime de leur cœur, quand ils répètent avec assurance les concises paroles de l’antique Symbole des Apôtres : « Je crois en Dieu le Père Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre ! »

Aujourd’hui, après tant de siècles de civilisation – parce que siècles de religion – il ne s’agit plus de découvrir Dieu pour la première fois : il importe bien plutôt de Le connaître comme Père, de le révérer comme Législateur, de le craindre comme Juge ; il est urgent pour le salut des nations, qu’elles en adorent le Fils plein d’amour, Rédempteur des hommes, et qu’elles se plient aux suaves impulsions de l’Esprit, fécond Sanctificateur des âmes.

Cette persuasion, à laquelle la science fournit ses premiers éléments est couronnée par la foi : celle-ci pourra, en vérité, si elle est toujours plus enracinée dans la conscience des peuples, apporter un facteur fondamental de progrès au déroulement de la civilisation.

C’est une vision du tout – du présent comme de l’avenir, de la matière comme de l’esprit, du temps comme de l’éternité – qui, illuminant les esprits, épargnera aux hommes d’aujourd’hui une longue nuit de tempête.

Cette foi, elle Nous fait en ce moment élever vers Celui que Nous venons d’appeler Force immuable et Père, cette fervente supplication pour tous ses fils, confiés à Notre garde : « Dispensez-nous la lumière le soir, afin que notre vie ne s’éteigne jamais [13] ; lumière pour la vie du temps, lumière pour la vie éternelle. » (Discours Un’Ora à l’académie des sciences, 22 novembre 1951 – Les preuves de l’existence de Dieu à la lumière de la science actuelle de la nature)

3 commentaires sur “Est-il possible de prouver l’existence de Dieu par la raison ? La réponse de l’Ecriture Sainte et du Magistère

  1. Pingback: Réfutations des erreurs doctrinales des chrétiens anti-catholiques | +†+Yesus Kristus azu+†+

  2. valf7
    1 mars 2019

    Merci Beaucoup pour votre travail !

  3. Michel
    13 mars 2019

    Merci pour votre travail .cela permet de mieux connaître l Église et de la défendre. Merci

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Cette entrée a été publiée le 22 février 2019 par dans Foi Catholique.