+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

« Marie Nouvelle Eve » chez les premiers Pères

Dossier sur la doctrine mariale : ici

Dossier sur l’Immaculée Conception : ici

Dans article précédent, nous prouvons bibliquement que Marie est la Nouvelle Eve. Elle est donc préfigurée par Eve et cela a plusieurs conséquences, dont celles de l’Immaculée Conception et de la Maternité spirituelle de tous les hommes. Voyons maintenant ce qu’en disaient les Pères de l’Eglise.

Saint Justin Martyr (vers 100-165)

« Nous savons qu’Il procédait du Père, avant toute créature, par sa force et sa volonté,… et par le moyen de la Vierge Il devint homme, de sorte que de la voie par laquelle la désobéissance venant du serpent avait son commencement, de cette même voie est venu sa fin. Car Ève, étant une vierge et sans tâche, et concevant la parole qui venait du serpent, apporta la désobéissance et la mort ; mais la Vierge Marie, remplie de foi et de joie, lorsque l’Ange lui porta la bonne nouvelle que l’Esprit du Seigneur viendrait sur elle et que la puissance du Très-Haut la couvrirait de son ombre, et que par conséquent l’être saint qui naîtrait d’elle serait appelé Fils de Dieu, répondit : “ Qu’il me soit fait selon votre Parole ” » (Dialogue avec Tryphon, 100)

Saint Irénée de Lyon (vers 125-vers 202), disciple de saint Polycarpe de Smyrne (vers 69-155), lui-même disciple de l’Apôtre Saint Jean l’Evangéliste

« De même que la désobéissance d’un seul homme, de celui qui le premier avait été créé du limon de la terre, a été cause qu’un grand nombre d’hommes ont péché et ont ainsi perdu la vie éternelle, ainsi fallait-il que la justification et le salut d’un grand nombre fût opéré par l’abaissement et la soumission d’un seul homme, de celui qui le premier est né d’une Vierge.  » (Contre les hérésies, III, 18, 7)

« Nous voyons la vierge Marie obéissante et soumise à la volonté de Dieu, et répondant à l’Ange par ces paroles : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait suivant votre parole. » Ève, au contraire, se montre désobéissante, lorsqu’elle était vierge encore, bien qu’elle fût la compagne d’Adam (La Genèse dit qu’ils étaient nus l’un et l’autre, et n’en rougissaient point, parce que, dès les premiers temps de la création, ils n’avaient pas encore l’idée de la procréation ; et il fallait que leur âge adulte s’accomplît avant qu’ils pussent multiplier) ; et cette désobéissance d’Ève la rendit elle-même, et tout le genre humain avec elle, sujette à la mort. Marie de même resta vierge quoiqu’ayant un époux, et sa soumission à la volonté de Dieu devint le salut du genre humain, comme la désobéissance d’Ève avait causé sa perte. L’Écriture nomme donc Ève l’épouse d’Adam, bien qu’elle fût vierge encore ; et il devait exister cette ressemblance entre Ève et Marie, relativement à leur état de femme vierge. Marie a dénoué les nœuds du péché noués par la faute d’Ève, et qui retenaient le genre humain captif ; mais ces nœuds ne pouvaient être dénoués que l’un après l’autre, c’est-à-dire qu’il fallait que le premier fût relâché avant de desserrer le deuxième, et ainsi de suite. C’est pour cette raison que notre Seigneur disait que les premiers seraient les derniers, et que les derniers seraient les premiers. Et le prophète a voulu exprimer la même idée, lorsqu’il a dit : « Pour vous, à la place de vos pères, il vous est né des enfants. » Le Christ, selon la parole de saint Paul, est le premier-né d’entre les morts, parce qu’il a fait participer au salut les justes de l’ancienne loi, en les régénérant dans la vie éternelle ; il est devenu ainsi le chef des vivants, comme Adam était le chef de ceux qui étaient sujets à la mort. Aussi saint Luc, en racontant la génération du Christ, et la faisant remonter jusqu’à Adam, exprime-t-il que la régénération spirituelle par l’Évangile a été faite, non par Adam, mais par Jésus-Christ. » (Contre les hérésies, III, 22, 4)

« Nous avons expliqué comment le Christ, en revêtant l’humanité, s’est abaissé jusqu’à se laisser contenir par sa propre créature qu’il contient lui-même ; comment il est venu réparer, par son obéissance sur le bois de la croix, le mal commis par la désobéissance au sujet du bois de l’arbre de la science du bien et du mal. Mais ce que nous n’avons pas encore dit, c’est qu’Ève, vierge encore et destinée à Adam, et qui se laissa séduire au mal par le serpent tentateur, a été représentée figurativement par la vierge Marie, également en puissance d’époux et à qui l’ange apporta des paroles de salut. Car, de même qu’Ève se laissa séduire par les paroles de l’ange tentateur, désobéit à Dieu et chercha à fuir sa présence, de même la vierge Marie, cédant aux paroles de l’ange Gabriel, obéissant aux ordres de Dieu, consentit à porter le Christ dans son sein ; la première, désobéissant aux ordres de Dieu, la seconde s’y soumettant ; afin que, par cette soumission, la vierge Marie devînt la patronne de la vierge Ève. Et de même que le genre humain avait perdu sa liberté par la faute d’une vierge, ainsi la recouvre-t-il par l’obéissance d’une autre vierge. On pourrait encore trouver un rapprochement entre le premier péché commis qui est effacé par le premier-né de la Vierge, entre la ruse du serpent qui est vaincue par la simplicité d’une colombe, entre la mort du péché qui nous tenait captifs et la mort du Christ qui nous a rendus libres. » (Contre les hérésies, V, 19)

« Adam et le Christ

32. Mais d’où notre premier père tient-il son être? De la volonté et de la sagesse de Dieu et de la terre vierge. «Car Dieu, dit l’Écriture, n’avait pas fait pleuvoir avant la création de l’homme, et il n’y avait pas d’homme pour travailler la terre.» Or, Dieu prit du limon de cette terre, tandis qu’elle était encore vierge, et il en créa l’homme qui fut la souche du genre humain. Le Seigneur voulant récapituler l’homme a suivi, en s’incarnant, la même économie. Il est né d’une Vierge, par la volonté et la sagesse de Dieu, afin qu’il fût bien évident qu’il avait un corps semblable à celui d’Adam, et qu’il était devenu ce qu’avait été au commencement l’homme, fait à l’image et à la ressemblance (cf. Gn 1, 27).

Les deux Eves

33. Ce fut à cause d’une vierge désobéissante que l’homme fut frappé, et après sa chute, devint sujet à la mort. De même, c’est à cause de la Vierge docile à la parole de Dieu que l’homme a été ramené à la vie et la recouvra. Le Seigneur est venu chercher la brebis perdue, c’est-à-dire l’homme qui s’était égaré. Ce pourquoi il ne s’est fait créature que par celle-là même qui était issue de la race d’Adam, et il en a gardé toute la ressemblance. En effet, il était nécessaire qu’Adam fût récapitulé dans le Christ afin que ce qui est mortel fût englouti par l’immortalité, qu’Eve fût restaurée en Marie, afin qu’une Vierge devenant l’avocate d’une vierge, la désobéissance de l’une fût détruite par l’obéissance de l’autre. » (Démonstration de l’enseignement apostolique, 32 et 33)

Tertullien (vers 155-vers 230)

« Dieu a retrouvé son image et sa ressemblance, dont le démon s’était emparé, par une opération opposée. Car en Ève, pourtant encore vierge, se glissa la parole qui causa la mort. C’est aussi en une vierge que devait être introduit le Verbe de Dieu qui restaura la vie ; ce qui, par ce sexe avait été perdu, a été ramené au salut par ce même sexe. Ève avait cru le serpent ; Marie a cru Gabriel ; la faute que l’une avait commise en croyant, l’autre en croyant l’a effacée. » (De la chair du Christ, XVII, PL, t. II, col. 782)

Saint Irénée et Tertullien ont-ils nié l’Immaculée Conception ?

Certains disent que saint Irénée croyait que Marie n’était pas sans péché, ou du moins avec le péché originel citent cette phrase de lui; « Jésus-Christ seul a été exempt du péché, quoiqu’il ait paru avec la ressemblance du péché. » (Contre les hérésies, livre IV, chapitre 16). Ainsi que le fait que saint Irénée traite la demande que Marie adresse au Christ aux Noces de Cana d’« empressement intempestif que Jésus rejette » (Contre les hérésies, III, 7). Et au sujet de Tertullien : « Dieu seul est sans péché, et le Christ est le seul homme qui fut sans péché, parce que le Christ était Dieu. » (De l’âme, 41)

Voici quelle en est l’explication: que le Christ soit seul sans péché n’est pas incompatible avec l’Immaculée Conception de Notre-Dame. En effet :

« être sans péché, peut s’entendre ou d’une innocence de fait fondée sur la grâce ou d’une innocence de droit et de nature, c’est-à-dire d’une impeccabilité essentielle. Cette seconde sorte d’innocence convient à dieu seul et à Jésus-Christ, en tant qu’Homme-Dieu; mais l’autre sorte d’innocence reste possible s’il plaît à Dieu d’accorder ce privilège à une créature. Le fait que les textes objectés, les Pères justifient l’impeccabilité qu’ils réservent à Dieu, sur ce qu’il est Dieu, ou à Jésus-Christ, sur ce qu’Il est l’Homme-Dieu, indique suffisamment qu’ils ont en vue l’innocence de nature ou de droit; autrement, il faudrait conclure que, même parmi les saints anges, nul n’a été ni n’est sans péché, puisque l’ange n’est ni Dieu ni uni hypostatiquement à la divinité du Père » (Dictionnaire de théologie catholique, article Immaculée Conception, par le Père Martin JUGIE)

Donc si Jésus est le seul à ne pas avoir le péché originel par nature, ou par droit, il n’est pas exclu que Marie ne l’ait pas non plus mais quant à Elle par grâce.

Quant à l’intervention de Marie aux Noces de Cana qualifiée par saint Irénée d’empressement intempestif, elle :

« fut inspirée par un sentiment de charité compatissante. Dans la scène évangélique de la vie publique où Marie intervient, rien ne permet de conjecturer que sa démarche ait eu l’ambition pour mobile, ou qu’elle supposât un manque de foi en la mission de son Fils […] rien  ne prouve qu’il songe à une faute de la part de Marie. » (Ibidem.)

Ajoutons que le même saint Irénée écrivit :

« Les prophètes ont encore dit de lui : « Il est homme, mais qui le connaîtra ? — Et je m’approchai de la prophétesse, et elle conçut et enfanta un fils. — Et il sera appelé l’admirable, le conseiller, Dieu, le fort. »

D’autres ont particulièrement annoncé celui qui serait l’Emmanuel, qui naîtrait de la Vierge et unirait ainsi la divinité à l’humanité : « Le Verbe sera fait chair, et le fils de Dieu deviendra le fils de l’homme (car celui qui est la pureté même sortira d’un sein pur) ; » c’est ainsi que le Dieu fort, celui dont l’essence nous est impénétrable, a été fait semblable à nous. » (Contres les hérésies, IV 33, 11)

Saint Cyrille de Jérusalem (315-386)

« Car la mort était venue par Eve encore vierge, il convenait que la vie revînt par une vierge. » (Catéchèses, XII, 15, PG, t. XXXIII, col. 742)

Saint Ephrem le Syrien (306-373)

« La mort est venue par Eve, la vie par Marie. » (Hymni et sermones, t. II, col. 526)

« Ce qui a été un instrument de mort, a donc été un instrument de vie. » (De diversis, serm. III, Opera syr. lat., t. III, col. 607)

Saint Zénon de Vérone (vers 300-380)

« Tu as régénérée Eve en Marie, Tu as renouvelé Adam dans le Christ. » (Traité de la foi, de l’espérance et de la charité, II)

Saint Ambroise (vers 340-397)

« La mort par Eve, la vie par Marie. » (Lettre XXII, à Eustochium, n° 21, PL, t. XXII, col. 408)

Saint Ephrem le Syrien (306-373)

« La mort est venue par Eve, la vie par Marie. » (Hymni et sermones, t. II, col. 526)

Saint Jean Chrysostome (vers 344-407 )

« au lieu d’Eve, Marie » (Homélie sur Pâques, n°2, PG, t. LII, col. 768)

Saint Augustin (354-430)

« Mais l’Esprit-Saint n’est pas né d’une colombe, comme Jésus-Christ est né d’une femme; en voici la raison : l’Esprit-Saint n’était pas venu pour affranchir les colombes, mais pour faire connaître aux hommes l’innocence et l’amour spirituel dont la colombe est le symbole. Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui était venu pour sauver l’humanité (et le salut importe aux deux sexes), n’a pas dédaigné les hommes, puisqu’il s’est fait homme, ni les femmes, puisqu’il est né de la femme. Voyez encore cet admirable mystère la mort nous était venue par la femme, c’est par la femme que la vie devait nous être rendue, et par ces deux natures, de l’homme et de la femme, Satan a eu la douleur de se voir vaincu ; et comme il avait eu la joie de les perdre toutes les deux, le châtiment restait incomplet, si les deux natures de l’humanité ne nous sauvaient l’une et l’autre » (Du combat chrétien, XXII)

Saint Maxime de Turin (vers 398-vers 420)

Voir : Homélie XV sur la Nativité du Seigneur, X, PL, t. LVII, col. 254.

Saint Proclus de Constantinople (390-446)

« par Marie Ève est guérie » (Discours, I)

Saint Pierre Chrysologue (vers 380-450/451)

Cet Evêque de Ravenne, compare Ève qui, par son fermentum perditiæ, son « levain de perdition », pétrit un pain de gémissements et de sueurs, tandis que Marie, par son fermentum fidei, son « levain de foi », nous donne un pain de vie et de salut (cf. Sermon 99).

Venance Fortunat (530-609)

« Vous à qui l’archange Gabriel a dit aussi : Salut, établissez-nous dans la paix, et soyez notre nouvelle Ève. » (Ave maris Stella)

Saint Bernard de Clairvaux (1091-1153)

« Ô Vierge, noble rameau, Tige de Jessé, par laquelle a été guéri sur les branches ce qui avait péri par la racine. La racine de l’amertume, c’est Ève, la racine de la douceur maternelle, c’est Marie » (Tractatus ad laudem gloriosæ Virginis)

9 commentaires sur “« Marie Nouvelle Eve » chez les premiers Pères

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  8. Fournier Lucien
    16 juillet 2018

    Honnetement, c’est pas très convaincant, car quand ils disent  »par l’obéissance d’une seule elle fur cause de salut » ça veut dire par l’obéissance à l’ange gabriel ! Ça prouve pas du tout l’immaculée conception de dire que quelqu’un est obéissant..

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