+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Canon catholique de la Bible: preuve et origine

Texte de Clotilde Hubert

Dans le petit paragraphe ci-dessous, on peut lire le «credo» des évangéliques en ce qui concerne la Bible, et auquel tout protestant adhère :

Nous nous référons en effet à l’autorité doctrinale des seuls 66 livres des Saintes Écritures reconnues par tous les chrétiens comme canoniques, à l’exclusion formelle des livres apocryphes qui ne figurent pas dans le Canon juif de l’Ancien Testament et c’est la  position constante dans toutes les Églises issues de la Réforme depuis cinq siècles

Pourquoi depuis 5 siècles ? Parce qu’au XVIème siècle, un certain Luther décida de remanier le canon de la Bible qui avait été défini par l’Église en 382 au Concile de Rome. Il retira  – sur la base de quelle autorité ? – 7 des 46 livres qui composaient l’Ancien Testament, les déclarant apocryphes.

Pour ma part, je ne me sens pas autorisée à retrancher ou ajouter quoique ce soit à la Parole de Dieu (et Dieu lui-même nous met en garde contre cela: cf Apocalypse 22:19…..), mais il semblerait que Luther, lui, en avait l’autorité et si un protestant arrive à me prouver avec la Bible qu’effectivement Luther avait non seulement l’autorité de toucher au canon biblique mais aussi de retirer des livres de la Parole de Dieu, alors je veux bien moi aussi croire et dire que ces livres sont apocryphes, mais en attendant je m’en tiens à ce que L’église – «support et colonne de la vérité » (1 Timothée3;15) – a établi sous couvert de l’Esprit Saint.

Mais examinons plus avant la base sur laquelle Luther a fait sa sélection et son remaniement des écrits canoniques.

Luther puise son autorité d’un concile qui fut tenu par les juifs à Jamnia aux environs de 90-95 après J-C. Ce concile avait pour objet de définir le canon des Écritures qui étaient utilisées non seulement par les juifs mais aussi par les premiers chrétiens. Ces Écritures, qu’ils avaient toujours considéré comme inspirées, avaient été traduites en grec afin de rejoindre les juifs hellénistes. Cette traduction fut nommée la Septante. Elle regroupait tous les livres utilisés par les juifs dont les 7 livres que Luther et tous les protestants à sa suite, considèrent comme apocryphes. Ce sont tous ces livres, que ce soient dans la version originale en hébreu ou dans la version grecque, qui étaient utilisés par les Juifs depuis plus de 2 siècles et c’est également ce même ensemble de livres qui était utilisé par les premiers chrétiens. C’était la Bible des Béréens de Actes 17; 10-15 à laquelle les protestants font si souvent référence pour témoigner de leur étude scrupuleuse de la Parole de Dieu et de leur souci de vérifier toute chose. Oui, les Béréens utilisaient ces livres que les protestants considèrent maintenant comme apocryphes suite à la décision de Luther.

Dans quel environnement socio-historique se déroula ce concile de Jamnia et quelle en était son orientation ?  S’agissait-il pour ces juifs de définir un canon qui s’appuie sur les enseignements du Christ ?

Ce concile s’est tenu plusieurs décades après le commencement du christianisme. Les juifs qui étaient opposés à la foi chrétienne et n’avaient pas reconnu Jésus comme le Messie, ces juifs étaient en pleine reconstruction du judaïsme qui avait périclité après la destruction de Jérusalem.

On peut lire sur un site de confession protestante un bref exposé qui resitue l’environnement socio-historique et religieux dans lequel ce concile prend place. Cet exposé fait partie d’un ouvrage scolaire sur les débuts du christianisme, il est lisible à cette adresse:

« Comme on sait, l’entreprise de reconstruction du judaïsme désormais privée de sanctuaire fut principalement conduite par un rabbin pharisien du nom de Johannan ben Zakkai, qui avait implanté son école à Jamnia, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. Grâce à ce maître vénérable, puis à ses continuateurs, les synagogues de Palestine et de la diaspora restèrent unies en se ralliant à une interprétation pharisienne de la Loi et de l’Écriture. Ce fut au prix de l’élimination des nombreuses tendances centrifuges jusqu’alors tolérées et du retour à la Bible hébraïque dont le canon fut fermé pour la première fois, ou, à défaut, à des traductions d’un littéralisme outrancier destinées à supplanter la version des Septantes, compromise par l‘usage qu’en faisaient les chrétiens. Vers 90, semble-t-il, la réforme s’était imposée à peu près partout et les dissidents, à commencer par les disciples de Jean-Baptiste et de Jésus, avaient été contraints de quitter les synagogues qui leur avaient jusqu’alors fait une place en leur sein.»  http://www.epal.fr/cate/histoireduchristianisme/debutchristianisme.htm

Plusieurs informations sont données dans ce paragraphe et nous y reviendrons tout au long de cette étude. Mais on peut déjà constater que l’environnement et l’orientation du concile n’étaient pas propice à la foi chrétienne et aux disciples de Jésus. Le but de ces juifs qui suivaient l’école de Jamnia était de remettre sur pied le judaïsme tel qu’il existait lors de la venue du Messie et non pas de s’ajuster aux enseignements laissés par le Christ. Cette divergence entre l’Église Primitive et les juifs de l’école de pensée de Jamnia est décrite dans le paragraphe suivant :

«L’Évangile selon Matthieu, qu’on peut dater de 90-95, se fait l’écho d’une situation où la rupture entre l’Église et la synagogue est plus avancée, sans être encore complète. L’effort fait par l’auteur pour présenter Jésus comme l’accomplissement des prophéties messianiques et comme l’interprète autorisé de la Loi divine, la violence des attaques lancées contre les Pharisiens et les scribes de leur obédience (chap. 23), alors que d’autres scribes sont traités avec respect (13/52), suggèrent que l’évangéliste est aux prises avec les autorités mises en place dans les synagogues par les réformateurs de Jamnia. Il a encore l’espoir de leur arracher un certain nombre de leurs fidèles et s‘applique par conséquent à démontrer que Jésus est l’héritier légitime de tout le passé d’Israël et qu’un ralliement à sa personne et à sa communauté constituerait la vraie fidélité à l’Alliance.»

Il est donc clair qu’un clivage important existait entre l’Église Primitive et les juifs non convertis, et ce clivage ne permet pas de penser que le canon qui fut constitué lors du concile de Jamnia peut servir de base scripturaire à la foi chrétienne. Bien au contraire, puisqu’il s’agissait alors de saper la propagation de cette foi en décrétant certains écrits néo-testamentaires comme non inspirés parce qu’ils étaient utilisés par les premiers chrétiens et parce qu’ils prouvaient la véracité de la venue du Messie en la personne de Jésus.

Si ces écrits n’étaient effectivement pas inspirés pourquoi les juifs les avaient-ils considérés comme tels depuis plus de 2 siècles et surtout pourquoi les avoir traduit en grec afin que les juifs hellénistes en aient également connaissance…?

On ne peut donc pas prêter d’autre intention que celle de la « malveillance » au but recherché par le concile de Jamnia dans la formation du canon juif et on ne peut pas davantage trouver quelconque « bonne » raison de se baser sur ce canon pour définir un fondement scripturaire chrétien alors qu’il est clairement anti-chrétien.

Objection !

Dans cette deuxième partie, plusieurs objections et affirmations de la part de protestants évangéliques seront exposées telles que reçues et une réponse leur sera faite en s’appuyant sur les faits historiques rappelés plus haut, ainsi que sur la Parole de Dieu.

Lorsque l’expression «livres apocryphes» est utilisée soit dans les objections soit dans les réponses, elle représente toujours les livres considérés comme tels par les protestants, c’est-à-dire:

Tobie, Judith, 1er et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique, Baruch, ainsi que des passages dans le livre d’Esther et dans le livre de Daniel.

Ce sont les livres deutérocanoniques (appellation catholique consécutive au Concile de Trente), des écrits juifs antérieurs au christianisme, auxquels les rédacteurs du Nouveau Testament se sont manifestement référés (ainsi, d’ailleurs, qu’à de nombreux autres textes comme le livre d’Hénoch qui n’ont pas été retenus par l’Église catholique) comme nous le verrons plus bas.

  1. Les protestants se sont basés sur Romains 3:2 pour conclure que le canon chrétien de l’Ancien Testament ne pouvait être que le canon juif.          Si l’épître aux Romains date des années 50, les « juifs » dont parlait Paul comprenaient les esséniens (dont on connaît la trèsvaste «bibliothèque sacrée» de Qumrân, incluant le livre d’Hénoch, des Jubilés, etc.), les juifs hellénistes (qui pratiquaient toute la Septante), les sadducéens (qui se limitaient au contraire à la Torah), et les nazoréens (comme Jacques). On peut donc constater que chaque «parti» avait en quelque sorte son propre canon.  Mais le canon sur lequel les protestants se sont basés n’est fixé que bien après 70, par les juifs pharisaïques restés seuls en liste après la destruction de Jérusalem.
  2.  Ils ne retiennent donc pas comme Parole de Dieu les autres livres (apocryphes) se trouvant dans la Septante, même si les premières Bibles protestantes les incluaient en appendice à l’Ancien Testament.          Cette pratique a perduré jusqu’au milieu du XIXe siècle. Ce sont les Sociétés bibliques anglo-saxonnes (et notamment la British and Foreign Bible Society) qui ont fait pression (financière: pas une livre sterling pour les livres apocryphes) pour que les Sociétés bibliques francophones les éliminent.
  3.  Les livres apocryphes de l’A.T. ne sont pas reconnus dans le canon juif de la Bible, même s’ils étaient dans le texte grec de la Septante.

Cela dépend bien sûr de quelle époque et de quels juifs il est question, car les livres que les protestants considèrent comme apocryphes sur la base de la sélection lutherienne, étaient bel et bien reconnus par les juifs jusqu’au concile de Jamnia ainsi que par les juifs hellénistes, puisqu’ils avaient été traduits (avec tous les autres livres) en grec afin que ces juifs puissent aussi y avoir accès, ce qui a été finalisé en 148 avant JC, alors que le canon fut remanié lors du concile de Jamnia aux environs de 90-95 après JC . Les juifs leur ont donc reconnu une autorité spirituelle pendant plus de 2 siècles avant que d’autres juifs ne leur retirent..!

4. L’historien juif Flavius Josèphe à la fin du premier siècle ne les compte pas non plus dans les livres bibliques. 

Dans son ouvrage Contre Apion (I, 38-41), l’historien juif Flavius Josèphe, du Ier siècle après JC, fait référence à tous les livres reconnus sacrés par les Hébreux. Il écrit :

« Il n’existe pas chez nous une infinité de livres en désaccord et en contradiction, mais vingt-deux seulement qui contiennent les annales de tous les temps et obtiennent une juste créance. Ce sont d’abord les livres de Moïse, au nombre de cinq, qui comprennent les lois et la tradition depuis la création des hommes jusqu’à sa propre mort. […]Depuis Artaxerxés jusqu’à nos jours tous les événements ont été racontés, mais on n’accorde pas à ces écrits la même créance qu’aux précédents, parce que les prophètes ne se sont plus exactement succédés.»

Josèphe reconnaît ici que comme les derniers prophètes et leurs prophéties n’ont pas été «éprouvés» à son sens et à son époque, leurs écrits ont une place particulière dans le canon juif en attendant la suite. D’accord avec lui les chrétiens comprenaient naturellement que Jésus en était l’accomplissement, ce que Josèphe comme pharisien n’acceptait pas encore semble-t-il, mais quoiqu’il en soit, il ne reniait pas ces livres.

5. Saint Jérôme, le traducteur de la Bible en latin ne les reconnaissait pas non plus comme inspirés.   

Il est très étonnant de voir un protestant évangélique faire référence à un père de l’Église alors que la doctrine de la « sola scritura » exclut toute autre autorité en matière d’enseignement biblique..?   Quoiqu’il en soit, il ne faut pas oublier cet autre père de l’Église qui lui reconnaissait bien ces livres comme inspirés: saint Augustin.  Quand à Saint Jérôme, auteur de la Vulgate (traduction latine de la Septante), s’il n’avait pas finalement eu quelque lumière à ce sujet, il aurait eu bien de la difficulté à faire une traduction adéquate de ces livres, traduction reconnue comme fiable par les juifs eux-mêmes.

6. Ils n’étaient pas reconnus comme inspirés du temps de Jésus et aucun texte du NT, aucune parole de Jésus ou des apôtres ne s’y réfère.    

Le Nouveau Testament comporte à peu près 350 références à des versets de l’Ancien Testament. Un examen minutieux montre que 300 de ces 350 références sont issues de la Septante et le reste de l’Ancien Testament en hébreu. (Dictionnaire de la Bible, John L MCKenzie, page 787). Le Christ lui-même cite à partir de la Septante.

Voyons voir au juste à quels livres il fait référence…

Dans :

Matthieu 4:4, => Deutéronome 8:3

Matthieu  4:7, => Deutéronome  6:16

Matthieu  4:10, => Deutéronome 6:13 et 10:20

Matthieu 6:10, => 1 Maccabées 3:60

Matthieu  6:12, => Ecclésiastique  28:2

Matthieu  6:13, => Ecclésiastique 33:1

Matthieu  7:12, et Luc 6:31 =>Tobie 4:16

Matthieu 13:43, => Sagesse 3:7

Matthieu 16:18, => Sagesse 16:13

Matthieu 22:32, => Exode 3:6

Matthieu 22:37, => Deutéronome 6:5

Matthieu 22:39, => Lévitique 19:18

Matthieu 22:44, => Psaumes 110:1

Matthieu 24:16, =>1Maccabees 2:28

Marc 4:5,16-17, => Ecclésiastique 40:15

Marc 7:6-8, => Isaïe 29:13

Marc 9:47-48, => Judith 16:17

Luc 13:29, => Baruch 4:37

Luc 21:24, => Ecclésiastique 28:18

Jean 1:3, => Sagesse 9:1

Jean 3:13, =>Baruch 3:29

Jean 4:48, => Sagesse 8:8

Jean 5:18, => Sagesse 2:16

Jean 6:35-59, => Ecclésiastique 24:21

Jean 15:6, => Sagesse 4:5

Cette liste n’est pas exhaustive.

Les paroles de Jésus se réfèrent donc bien à ces livres que les protestants considèrent comme apocryphes.

La Septante, qui contient ces 7 livres, est citée par le Christ et par ses Apôtres bien plus souvent que l’Ancien Testament en hébreu.  On ne peut donc pas justifier le retrait de ces livres en prétendant qu’ils ne sont pas inspirés parce que Jésus n’y aurait pas fait référence, alors que justement certaines de ses paroles s’y réfèrent.

De plus, si effectivement on base la sélection des livres de la Bible et leur inspiration sur le fait que les paroles de Jésus s’y rapportent ou non, alors il faudrait exclure de la Bible, le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste, Juges, 1 Chroniques, Néhémie, Lamentations ou Nahum…. puisqu’aucune de ses paroles n’y font référence, ni même celles des Apôtres.

En ce qui concerne les paroles des apôtres, voici d’autres références:

Actes 10:34, Dieu ne fait pas acception des personnes =>Ecclésiastique 35:12

Actes 17:29, faux dieux comparés à de l’or et de l’argent => Sagesse 13:10

Rom 1:18-25,  connaissance de Dieu et ignorance de l’idolâtrie => Sagesse 13:1-10

Rom 4:17,  Abraham, père de nombreuses nations => Ecclésiastique 44:19 1

Cor 2:16,  qui a connu la pensée du Seigneur ? => Sagesse 9:13  1

Cor 10:1, sous la nuée et à travers la mer =>Sagesse 19:7 1

Tim 6:15, Dieu, Souverain du monde => 2 Maccabees 12:15

        De plus: toujours selon la même logique – les paroles de Jésus ou des apôtres se rapportant à des écrits anciens attestent ou non de leur inspiration –  il faudrait ajouter le livre d’Hénoch au canon de la Bible, ce que pourtant Luther ni aucun autre protestant n’a fait jusqu’à ce jour. Pourtant, dans le livre de Jude on peut lire une citation quasi textuelle d’un des versets du livre d’Hénoch :

Jude  1:14-15 : « C’est aussi pour eux qu’a prophétisé en ces termes Hénoch, le septième patriarche depuis Adam : « Voici que vient le Seigneur avec ses saintes myriades,  afin d’exercer le jugement contre tous et de confondre tous les impies pour toutes les œuvres d’impiété qu’ils ont commises, pour toutes les paroles dures qu’ont proférées contre lui les pécheurs impies.» »

1 Hénoch 1:9 (version grecque): « Car Il (Dieu) vient avec ses saintes myriades juger l’univers, faire périr tout impie, confondre toute chair, pour tous les actes d’impiété qu’ils ont commis et pour les outrages qu’ont proférés contre Lui les pécheurs impies.»

Enfin, les lecteurs évangéliques familiers des récits de la Passion mais ignorants des «apocryphes » seront très certainement intéressés de lire les chapitres 2 du livre de la Sagesse et plus particulièrement les versets 12 et suivants, qu’ils pourront avantageusement comparer avec les versets 41 et suivants du chapitre 27 de l’évangile selon Saint Matthieu.

Il est donc clair que les 7 livres considérés comme apocryphes par Luther, sur la base du canon juif qui avait pour but d’entraver la propagation des doctrines de foi chrétienne, étaient clairement considérés comme inspirés par le Christ, par les Apôtres et par les juifs hellénistes (qui les utilisèrent pendant plus de 2 siècles jusqu’au concile de Jamnia), et par la suite également par l’Église Primitive qui existait depuis plus de 60 ans lorsque la décision du concile de Jamnia fut prise, décision qui n’a en rien influencé l’utilisation de la version complète qu’en faisaient les chrétiens fidèles, dans leur étude de la Parole de Dieu.

7. La lecture de ces livres confirme d’ailleurs que leurs auteurs eux-mêmes ne les tenaient pas pour divinement inspirés mais comme des ouvrages de littérature purement humaine, ainsi que le montre par exemple ces deux extraits du livre que cités, en début et en fin de l’ouvrage (j’ai souligné en rouge les passages significatifs de ce point de vue) :  

Ce ne sont pas les auteurs qui décident de l’inspiration ou non de leur récit, sinon que dire des autres livres où les auteurs ne se sont pas prononcés sur leurs écrits, et pourquoi ceux qui n’en sont pas les auteurs se permettent-ils alors de décréter que tel ou tel livre est inspiré ou ne l’est pas..?

«L’histoire de Judas Maccabée et de ses frères, la purification du très grand sanctuaire, la dédicace de l’autel, les guerres contre Antiochus Épiphane et son fils Eupator, et les manifestations célestes produites en faveur des braves qui luttèrent généreusement pour le Judaïsme, de telle sorte que malgré leur petit nombre ils pillèrent toute la contrée et mirent en fuite les hordes barbares, recouvrèrent le sanctuaire fameux dans tout l’univers, délivrèrent la ville, rétablirent les lois menacées d’abolition, le Seigneur leur ayant été propices avec toute sa mansuétude, Tout cela ayant été exposé en cinq livres par Jason de Cyrène, nous essaierons de le résumer en un seul ouvrage.» (2 Maccabées 2 : 19-23) 

Je ne vois pas en quoi ce passage, ni même le verset souligné, démontre que l’auteur ne donnait pas crédit à son écrit..?

 «Ainsi se passèrent les choses concernant Nikanor, et, comme depuis ce temps-là la ville demeura en la possession des Hébreux, je finirai également mon ouvrage ici même. Si la composition en est bonne et réussie, c’est aussi ce que j’ai voulu. A-t-elle peu de valeur et ne dépasse-t-elle pas la médiocrité ?  C’est tout ce que j’ai pu faire. Comme il est nuisible de boire seulement du vin ou seulement de l’eau, tandis que le vin mêlé à l’eau est agréable et produit une délicieuse jouissance, de même c’est l’art de disposer le récit qui charme l’entendement de ceux qui lisent le livre. C’est donc ici que j’y mettrai fin. » (2 Maccabées 15 : 37-39) (traduction : Bible de Jérusalem) 

Là non plus, on ne peut pas à partir de ce verset décréter que l’auteur demande à ce que l’on considère son récit comme non-inspiré. Il dit simplement qu’il a fait de son mieux.

Ensuite, si le fait qu’il mette l’accent sur l’art de disposer le récit qui charme, montre que son texte ne peut être inspiré, alors le Cantique des Cantiques n’est pas non plus inspiré..!

8. Nous nous référons en effet à l’autorité doctrinale des seuls 66 livres des Saintes Écritures reconnues par tous les chrétiens comme canoniques, à l’exclusion formelle des livres apocryphes qui ne figurent pas dans le Canon juif de l’Ancien Testament.

L’Église Catholique reconnaît aussi l’autorité doctrinale des 66 livres des Saintes Écritures, mais elle reconnaît également l’autorité et l’inspiration de ces 7 autres livres qui étaient utilisés par tous les juifs croyants, qui ont été traduits en grec afin d’atteindre les juifs hellénistes, qui étaient présents dans la Septante (version grecque de l’Ancien Testament hébreu) et qui ont été retirés lors du concile de Jamnia en 90-95 aprés JC parce qu’ils soutenaient la foi chrétienne ce que les juifs pharisaïques de l’époque ne voulaient pas, mais ce qui n’a pas empêché les chrétiens de continuer à les utiliser comme auparavant.

Le canon juif de l’Ancien Testament, est un canon qui a été défini avec l’intention  «d’handicaper» la propagation de la foi chrétienne. En toute logique, un chrétien ne peut donc pas se contenter de ce canon qui est tronqué d’une partie de son autorité doctrinale chrétienne.

9. En aucune façon, nous ne pouvons admettre que ce fondement scripturaire puisse être contesté [par des messages contraires].  

Il est bien compréhensible que les protestants n’acceptent pas que leur fondement scripturaire soit contesté mais il se trouve qu’il se conteste lui-même, en quelque sorte, par l’histoire de sa conception. Ce fondement scripturaire repose sur la décision de Luther, elle-même appuyée sur le concile de Jamnia qui avait pour objectif d’expurger de la version grecque de l’Ancien Testament, les livres favorables à la propagation de la foi chrétienne.

Info ou Intox ?

Dans cette troisième partie, deux affirmations erronées au sujet de l’Église Catholique et d’une de ses doctrines seront exposées et clarifiées:

  1. Extrait du livre «L’Au-delà» de René Pache – Éditions Emmaüs. 

« Dans le texte sacré (La Bible), nous n’avons pas d’exemple de prière d’intercession qu’un croyant déjà au ciel offrirait à Dieu en faveur des hommes de ce monde. Lorsque les Réformateurs commencèrent à demander avec insistance où pouvait se voir dans la Bible l’intercession des saints, l’Eglise Romaine se vit singulièrement embarrassée. Au concile de Trente, en 1546, elle se vit obligée d’admettre dans le canon des Saintes Écritures les livres apocryphes de l’Ancien Testament, que jamais les Juifs ni l’Église jusque-là n’avaient tenu pour inspirés. C’est qu’elle avait cru trouver dans 2 Macchabées 15,11-16 un appui pour cette doctrine. On y voit Jérémie et le grand-prêtre Onias intercéder dans le ciel en faveur du peuple juif persécuté

C’est malheureusement inexact, car les livres considérés comme apocryphes par les protestants (sur la base de la décision de Luther et du canon juif non chrétien) faisaient déjà partie de l’Ancien Testament bien avant le concile de 1546. L’Église n’a donc pas pu les rajouter. Ces livres étaient même présents dans la Septante, la version grecque de l’Ancien Testament des juifs. Ils étaient considérés comme inspirés par ces juifs jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’ils servaient également à la propagation des doctrines de foi chrétienne. C’est alors qu’ils ont décidé de les retirer, bien qu’ils les aient auparavant considérés comme inspirés et cela depuis plus de 2 siècles. Mais ce retrait n’a en rien influencé la foi des chrétiens qui ont persévéré dans l’étude de la Parole de Dieu en son entier.

2. Sans les apocryphes, la doctrine du purgatoire tombe dans l’eau…

La doctrine du purgatoire repose entre autres sur les versets 44 et suivants du chapitre 12 du 2ème livre des Maccabées, livre considéré comme apocryphe.  Il est à noter cependant que ce que la Bible appelle le «baptême pour les morts» est justifié en 1 Corinthiens 15 de façon rigoureusement identique à l’argumentation en faveur du sacrifice pour les morts en 2 Maccabées 12:44 et suivants:

2 Maccabées 12:44s : « Si, en effet, il n’avait pas espéré que les soldats tombés ressusciteraient, il eût été superflu et sot de prier pour des morts; s’il envisageait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui s’endorment dans la piété, c’était là une pensée sainte et pieuse: voilà pourquoi il fît faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu’ils fussent absous de leurs péchés. » 1 Corinthiens 15:29 (TOB): « S’il en était autrement, que chercheraient ceux qui se font baptiser pour les morts ?  Si, en tout cas, les morts ne ressuscitent pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux ? »

De plus la doctrine du purgatoire repose sur d’autres versets lisibles dans le Nouveau Testament (voir ici pour plus de détails: ici)

En résumé:

Les faits historiques que j’ai exposés et sur lesquels les protestants évangéliques concernés par cet échange ne se sont pasprononcés, démontrent que ces 7 livres qu’ils considèrent comme apocryphes, constituaient dés le début le corps de l’AncienTestament en hébreu. Les juifs les tenaient pour inspirés et les utilisaient. Après la venue du Seigneur, après sa mort et sa résurrection, lorsque la foi chrétienne a commencé à se répandre, les juifs non-chrétiens ont alors décidé de mutiler une partie de ce corps en en arrachant certains livres qu’ils ont décrété comme étant non inspirés alors même  qu’ils les utilisaient et les considéraient comme inspirés auparavant et cela depuis 2 siècles. 

Il ne s’agissaient pas pour ces juifs du concile de Jamnia, d’expurger l’Ancien Testament juif – ce corps biblique – de livres non conforme à la pensée de Dieu et à la foi chrétienne, car  ces livres étaient utilisés dans le cadre de la propagation des doctrines chrétiennes donc conformes à la pensée de Dieu et au message laissé par le Christ à ses disciples. S’il s’était agit de cela, effectivement l’Église Catholique opterait aussi pour le canon juif expurgé, mais le principe de formation de ce canon n’était pas de purifier, en quelque sorte, la foi chrétienne, de purifier le corps biblique, mais de le mutiler et de saper la foi chrétienne.

Il ne s’agissait pas non plus pour ces juifs du concile de Jamnia, de retirer un corps étranger qui serait venu se greffer sur le corps biblique, puisque ces 7 livres étaient déjà présents avant la décision prise lors du concile et que ces 7 livres étaient reconnus par ces même juifs comme inspirés depuis 2 siècles, au point même où ils avaient décidé d’en faire la traduction en grec afin de rejoindre les juifs qui parlaient grec.

Donc, l’Église Catholique n’a pas eu à faire pénétrer dans le corps biblique de l’Ancien Testament quelque autre livre puisqu’ils y étaient déjà depuis le commencement. Elle ne fait que reprendre, avec confiance, ce que les juifs d’avant le concile de Jamnia, lui ont légué. Elle croit que ces juifs ont été inspirés lors de la rédaction et de la formation de cet Ancien Testament en hébreu, traduit ensuite en grec, et elle croit également que l’Esprit Saint en a protégé la transmission contre les opposants de la foi chrétienne. Par contre, elle ne croit pas que les juifs de Jamnia ont été inspirés lorsqu’ils ont arraché une partie du corps biblique de l’Ancien Testament, tout simplement parce qu’ils avaient l’intention de s’opposer par ce biais à la foi chrétienne.

Sous ce regard il est intéressant de savoir que les Églises Orthodoxes elle-mêmes interpellées par cette question «protestante» considèrent la traduction grecque de la Bible juive dite des «Septantes» comme le textus receptus de l’Ancien Testament depuis toujours et rejette le «canon hébraïque». Elle pense également  que les traductions en langues modernes doivent être basées sur cette version ancienne. La version connue et citée par les Apôtres (notamment saint Paul), les Évangélistes et la plupart des Pères de l’Église. Ce consensus est important puisque les orthodoxes représentent avec les catholiques, les Églises qui remontent au tout début du christianisme et par conséquent transmettent le leg apostolique reçu des Apôtres et des Saints. Voici ce que dit Mgr Kallistos Ware des deutérocanoniques dans son livre «L’Église orthodoxe» :

« Ils ont été adoptés par les conciles de Jassy (1642) et de Jérusalem (1672) comme « part authentique des Écritures»  » (p. 274).

Dieu a clairement posé les limites du territoire spirituel et biblique dans lequel Il veut nous enseigner, et Il a été capable de le faire connaître aux hommes. Alors pourquoi lors du concile de Jamnia, s’est-on permis de modifier ces limites ?  Pourquoi a-t-on douté que ce qui avait été révélé comme inspiré ne l’était plus tout d’un coup ?  Est-ce la pensée de Dieu qui change ou bien est-ce les hommes qui changent la pensée de Dieu en fonction de la leur.. ?

L’Église et tous les chrétiens catholiques ont l’assurance de ne pas aller contre la volonté de Dieu en croyant non seulement qu’Il a toujours inspiré et guidé son peuple, dès le commencement, en ce qui concerne Sa Parole, dans sa rédaction, sa formation et sa transmission, mais aussi en s’appropriant le leg biblique des juifs d’avant le concile de Jamnia, tout comme l’ont fait les premiers chrétiens, ils ont cette assurance, disais-je, par le fait que des versets entiers de cette Parole exposée dans tous les livres incluant ceux qui furent considérés comme non-inspirés par les juifs de Jamnia et comme apocryphes par Luther, se retrouvent dans la propre bouche de Jésus, le Christ, le Fils unique de Dieu, Dieu fait homme…

Ne serait-il pas temps pour les protestants de revisiter leur fondement scripturaire ?

Références pour vérification:

  • Dictionnaire encyclopédique de la Bible (DEB, Brepols), particulièrement les articles «Canon», «Esséniens», «Pharisiens», «Sadducéens», «Versions anciennes de la Bible»       (pour la Septante).
  • Supplément au Dictionnaire de la Bible de Vigouroux (SDB, Letouzey & Ané).

En anglais:

  • Anchor Bible Dictionary
  • Dictionnaire de la Bible, John L. McKenzie

Les textes anciens:

  • Écrits intertestamentaires – de la collection La Pléiade (Gallimard).
  • En ce qui concerne les livres deutérocanoniques: la TOB ou la Bible de Jérusalem.
  • La Septante est en cours de traduction et d’annotation aux éditions du Cerf (déjà de nombreux fascicules publiés), sous letitre « La Bible d’Alexandrie».
  • Un bon volume introductif est publié par le même éditeur et le CNRS: « La Bible grecque des Septantes: du judaïsme hellénistique au christianisme ancien » (Marguerite Harl, Gilles Dorival et Olivier Munnich, 1988), qui traite en détails du « canon » de la Septante et de son utilisation dans le NT.
  • Quant à l’histoire des « apocryphes » dans les Bibles protestantes, elle est moins connue, mais elle est bien exposée (et documentée d’après les archives des sociétés bibliques) dans un article de Samuel Amsler que l’on trouve dans un ouvrage collectif sur le « Canon de la Bible chrétienne » paru chez Labor & Fides.

2 commentaires sur “Canon catholique de la Bible: preuve et origine

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