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« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

L’Eglise catholique interdit-elle les versions de la Bible autres que la Vulgate ?

Dossier apologétique sur les dogmes de la Sainte Eglise : ici

On entend souvent que l’Église catholique interdit les versions de la Bible autres que la Vulgate. Cette affirmation s’appuie sur les décrets suivants du Concile de Trente :

« Si quelqu’un ne reçoit pas, pour sacrés et canoniques, ces livres entiers avec toutes leurs parties, tels qu’on a coutume de les lire dans l’Église catholique, et tels qu’ils sont dans l’ancienne Vulgate latine, et méprise avec connaissance et de propos délibéré les susdites traditions, qu’il soit anathème. » (IVè session : 8 avril 1546, Décret sur la réception des livres saints et des traditions, Canon final)

« Le même saint concile, considérant qu’il ne sera pas d’une médiocre utilité pour l’Église de Dieu de faire connaître quelle est, de toutes les éditions latines des livres sacrés qui se débitent aujourd’hui, celle qui doit être tenue pour authentique, statue et déclare que l’ancienne version Vulgate, approuvée dans l’Église par le long usage de tant de siècles, soit prise comme authentique dans les leçons publiques, les disputes, les prédications et les explications ; et que personne n’ait, sous aucun prétexte, la hardiesse et la témérité de la rejeter. » (IVè session : 8 avril 1546, Décret sur l’édition de la Vulgate et la manière d’interpréter la sainte Écriture Sainte)

On remarquera tout d’abord que loin d’interdire les autres versions, le Concile ne fait qu’imposer une règle générale au sujet des versions latines existantes de la Bible. Comme nous le verrons plus bas sous la plus de la Commission biblique pontificale : « En somme, le concile de Trente a déclaré la Vulgate « authentique » au sens juridique, c’est-à-dire pour tout ce qui concerne la « force probatoire en matière de foi et de moeurs », mais n’exclut pas le fait des divergences possibles d’avec le texte original et les anciennes versions » Il est interdit de rejeter en bloc l’autorité de la Vulgate, mais comme nous allons le voir immédiatement, les Papes ont enseigné qu’il était utile et souhaitables de recourir à d’autres versions pour parfaire la prédication et les explications !

Sixte V

Sixte V — Wikipédia

Dans l’édition vaticane de la Septante faite sous l’impulsion de l’autorité du Pape Sixte V (en 1586), ce dernier déclare dans le Bref introductif :

« […] afin que l’Ancien Testament selon les Septante ainsi reconnu et mis au net soit reçu et retenu par tous. »

Léon XIII

« Le professeur, fidèle aux prescriptions de ceux qui Nous ont précédé, devra faire usage de la version Vulgate.

C’est celle, en effet, que le Concile de Trente a désignée comme authentique et comme devant être employée « dans les lectures publiques, les discussions, les prédications et les explications » (Sess. IV, Decr. de edit. et usu sacr. libr. ) ; c’est celle aussi que recommande la pratique quotidienne de l’Église. Nous ne voulons pas dire cependant qu’il ne faudra pas tenir compte des autres versions que les chrétiens des premiers âges ont utilisées avec éloges, et surtout des textes primitifs.

Même si, en effet, en ce qui regarde l’essentiel, le sens hébraïque et grec est clair à partir des expressions de la Vulgate, cependant, si quelque passage ambigu ou moins clair s’y rencontre, « le recours à la langue précédente » , suivant le conseil de saint Augustin, sera très utile (De doct. chr. III, 4). » (Encyclique Providentissimus Deus, 18 novembre 1893 – Sur l’étude des textes bibliques)

Benoît XV

« Si, de l’avis de tous les critiques impartiaux, la version de la Vulgate établie par notre Docteur laisse très loin derrière elle les autres versions anciennes, parce qu’on estime qu’elle rend l’original avec plus d’exactitude et d’élégance, cela est dû à cette connaissance de la Bible alliée à un esprit très fin. Cette Vulgate, qu’une décision du Concile de Trente ordonne de tenir pour authentique et de suivre dans l’enseignement et la liturgie, comme « étant consacrée par le long usage qu’en a fait l’Eglise durant tant de siècles », Notre vif désir, si toutefois la grande bonté de Dieu nous prête vie, est de la voir corrigée et rendue à sa pureté primitive, d’après le texte authentique des manuscrits ; labeur ardu et de longue haleine, heureusement confié aux Bénédictins par Notre prédécesseur Pie X, d’heureuse mémoire, et qui fournira, Nous en sommes absolument certain, des ressources nouvelles pour l’intelligence, des Ecritures. » (Encyclique Spiritus paraclitus, 15 septembre 1920 à l’occasion du 15° centenaire de la mort de st Jérôme)

Pie XII

« 23. Aujourd’hui donc que cet art a été si parfaitement discipliné, c’est pour ceux qui étudient les questions bibliques, une tâche honorable, sinon toujours facile, de s’employer à ce que paraissent le plus tôt possible, suivant les opportunités, des éditions soit des Livres Saints eux-mêmes, soit de leurs anciennes versions, préparées par des catholiques selon cette règle qu’au respect le plus absolu pour le texte sacré se joigne l’application de toutes les lois de la critique. Que tous le comprennent bien : ce travail de longue durée n’est pas seulement nécessaire pour comprendre, comme il faut, le texte écrit sous l’inspiration divine ; il est encore vivement, requis par cette piété qui doit nous porter à être infiniment reconnaissants envers la Providence divine de ce qu’elle nous a destiné ces livres comme des lettres paternelles envoyées du siège de sa majesté à ses enfants.

24. Et que personne ne voie dans ce recours aux textes originaux, conformément à la méthode critique, une dérogation aux prescriptions si sagement formulées par le Concile de Trente au sujet de la Vulgate. (Decr. de editione et usu Sacrorum Librorum ; Conc. Trid. éd. Soc. GOERRES, t. V, p. 91 sq.) Car c’est un fait appuyé sur des documents certains que le saint Concile chargea ses présidents de prier le Souverain Pontife en son nom – et ils le firent – de faire corriger d’abord le texte latin, ensuite, autant que possible, les textes grec et hébreu (Ib., t. X, p. 471 ; cf. t. V, p. 29, 59, 65 ; t. X, p. 446 sq.), afin de les publier plus tard pour l’utilité de la sainte Eglise de Dieu. S’il ne fut pas possible de répondre alors pleinement à ce désir, à cause des difficultés du temps et d’autres obstacles, Nous avons la confiance que, maintenant, il pourra y être donné plus parfaitement et plus entièrement satisfaction grâce à la collaboration entre savants catholiques.

25. Si le Concile de Trente a voulu que la Vulgate fût la version latine « que tous doivent employer comme authentique », cela, chacun le sait, ne concerne que l’Eglise latine et son usage public de l’Ecriture, mais ne diminue en aucune façon – il n’y a pas le moindre doute à ce sujet – ni l’autorité ni la valeur des textes originaux. Au surplus, il ne s’agissait pas alors des textes originaux, mais des versions latines qui circulaient à cette époque ; versions entre lesquelles le Concile, à juste titre, déclara préférable celle qui, « par un long usage de tant de siècles, était approuvée dans l’Eglise ».

26. Cette autorité éminente de la Vulgate ou, comme l’on dit, son authenticité, n’a donc pas été décrétée par le Concile surtout pour des raisons critiques, mais bien plutôt à cause de son usage légitime dans les Eglises prolongé au cours de tant de siècles. Cet usage, en vérité, démontre que, telle qu’elle a été et est encore comprise par l’Eglise, elle est absolument exempte de toute erreur en ce qui concerne la foi et les mœurs ; si bien que la même Eglise l’attestant et le confirmant, on peut la produire en toute sûreté et sans péril d’erreur dans les discussions, dans l’enseignement et dans la prédication. D’où une authenticité de ce genre ne doit pas être qualifiée en premier lieu de critique, mais bien plutôt de juridique. C’est pourquoi l’autorité de la Vulgate en matière de doctrine n’empêche donc nullement – aujourd’hui elle le demanderait plutôt – que cette doctrine soit encore justifiée et confirmée par les textes originaux eux-mêmes et que ces textes soient appelés couramment à l’aide pour mieux expliquer et manifester le sens exact des Saintes Lettres. Le décret du Concile de Trente n’empêche même pas que, pour l’usage et le bien des fidèles, en vue de leur faciliter l’intelligence de la parole divine, des versions en langue vulgaire soient composées précisément d’après les textes originaux, comme Nous savons que cela a déjà été fait d’une manière louable en plusieurs régions avec l’approbation ecclésiastique. » (Encyclique Divino Afflante Spiritu– Sur les études bibliques, 30 septembre 1943, n° 23 à 26)

Commission biblique pontificale

Dans la même sens la Commission biblique pontificale affirmait dans sa Lettre de la  aux évêques d’Italie du 20 août 1941 :

« Le concile de Trente a voulu, contre la confusion occasionnée par les nouvelles traductions en latin et en langues vulgaires alors propagées, sanctionner l’usage public dans l’Eglise d’Occident de la version latine commune, en la justifiant par l’usage séculaire qu’en faisait l’Eglise, mais il n’a pas entendu par là diminuer en rien l’autorité des antiques versions employées dans les Eglises orientales, en particulier celle de la Septante utilisée par les apôtres eux-mêmes, et encore moins l’autorité des textes originaux il a résisté à une partie des pères qui voulaient l’usage exclusif de la Vulgate, comme seul texte faisant autorité.

L’anonyme, au contraire, juge que, en vertu du décret du concile de Trente, on possède dans la version latine un texte déclaré supérieur à tous les autres ; il blâme les exégètes de vouloir interpréter la Vulgate à l’aide des textes originaux et des autres versions anciennes. Pour lui le décret donne « la certitude du texte sacré », de sorte que l’Eglise n’a pas besoin « de rechercher encore la lettre authentique de Dieu », et cela non seulement en matière de foi et de moeurs, mais pour toutes les questions (y compris littéraires, géographiques, chronologiques, etc.)…

Or pareille prétention n’est pas seulement contraire au sens commun, qui n’acceptera jamais qu’une version puisse être supérieure au texte original, mais contraire aussi à la pensée des pères du concile telle qu’elle apparaît dans les actes officiels. Le concile fut même convaincu de la nécessité d’une révision et d’une correction de la Vulgate elle-même, et en avait confié l’exécution aux souverains pontifes qui le firent, comme ils firent, conformément aux plus compétents collaborateurs du concile lui-même, une édition corrigée de la Septante,… et ensuite ordonnèrent celle du texte hébreu de l’Ancien Testament et du texte grec du Nouveau Testament…

Et elle contredit ouvertement le précepte de l’encyclique Providentissimus : « Nous ne voulons pas dire cependant qu’il ne faudra pas tenir compte des autres versions que les chrétiens des premiers âges ont utilisées avec éloge, et surtout des textes primitifs. »

En somme, le concile de Trente a déclaré la Vulgate « authentique » au sens juridique, c’est-à-dire pour tout ce qui concerne la « force probatoire en matière de foi et de moeurs », mais n’exclut pas le fait des divergences possibles d’avec le texte original et les anciennes versions. » (Lettre Un opuscolo anonimo denigratorio, 20 août 1941, AAS 33 (1941) 465-472 ; lire le texte en italien : ici)

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Cette entrée a été publiée le 19 février 2020 par dans Foi Catholique.