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« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

Le recensement de Quirinius

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Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie [Luc II, 1-2]

Le verset 2 de ce chapitre de St Luc donne lieu à une difficulté, sans doute l’une des plus coriaces soulevée contre les Évangiles. Il est d’un côté, incontestable que le Seigneur naquit sous le règne d’Hérode (Mt 2,1 ; Luc I, 5) qui mourut l’an 750 de Rome. D’un autre côté, Luc fait mention de Quirinius, personnage consulaire, dont parlent Tacite, Suétone…Quirinius ne prit possession du gouvernement de Syrie que vers l’an 759 de Rome. Ceci implique que Quirinius n’a put procéder au recensement dont parle Luc et pour cause, il a eu lieu vers l’an 759 c’est à dire, dix ou douze ans après la naissance de Jésus. Comment l’Évangile fait-il coïncider la naissance de Jésus avec le règne d’Hérode et avec le recensement de Quirinius ? Et surtout avec un intervalle aussi grand (?) Les incrédules disent que l’anachronisme est évident et la contradiction manifeste et par conséquent, le voyage de Bethléem est une fable : Jésus n’est pas le Christ, et toute cette histoire a été inventée dans l’unique but de l’adapter aux prophéties. Quelles solutions proposons nous ?

Avant toute chose, je vous ferai remarquer que Luc connaît parfaitement les deux faits dont il s’agit. Il sait la naissance de Jésus sous Hérode et la mentionne même au verset 5 du chapitre premier de l’Évangile qui porte son nom. Il sait les circonstances du recensement de Quirinius qui fut un événement considérable dans l’histoire juive, événement qui marque d’ailleurs leur indépendance. St Luc parle dans « les Actes des apôtres » (5,17), de la révolte de Judas le Galiléen, de sa mort et de la dispersion de ses partisans…Et comment comprendre que St Luc qui est lui-même très instruit ait pu intervertir deux faits aussi importants ? Ajoutons que pour que Jésus naquît à Bethléem, même de parents d’un autre pays, un ‘recensement imaginaire’ n’aurait pas dû faire surface ; Matthieu montre Jésus naissant dans cette ville, selon les prophéties, et ne dit rien du recensement : St Luc aurait tout simplement imiter St Matthieu : imiter son silence ! Ainsi, l’erreur paraît peu probable surtout que comme nous allons le voir, l’erreur, St Luc ne l’a pas commise.

Pour essayer de résoudre ce problème, certains chrétiens ont parfois dû biaiser, certains ont même accusé Josèphe d’avoir omis de mentionner le recensement dont parle l’évangéliste Luc. Mais cela ne nous intéresse point, il faut répondre et convaincre les incrédules de la sainteté de nos Écrits ! Depuis, deux conciliations ont été proposées…

La première prend pour point de départ la Vulgate : ‘Haec descriptio prima facta est praeside Syriae Quirino.’ D’après les partisans de cette explication, Quirinius aurait fait deux recensements : le premier – celui dont parle Luc – vers la fin du règne d’Hérode ; le second – celui dont parle Josèphe – douze ou treize ans plus tard après l’incorporation de la Judée à l’empire. Ils ignorent toutefois que, à l’époque du premier recensement, Quirinius n’était pas encore gouverneur de Syrie ; mais ils répondent que lorsque Luc rédigea son évangile, on ne le connaissait pas sous ce titre. Aucun gouverneur n’avait laissé dans le souvenir des Juifs, de plus vives impressions : c’est lui qui avait déposé leur dernier roi et réuni la Judée à la province de Syrie. Par conséquent, en parlant de lui, on ne disait jamais que Proeces Cyrinius ; Luc parle donc comme tout le monde et lui donne ce titre par anticipation. Les partisans de cette explication ajoutent que Quirinius n’était pas un homme nouveau pour l’Asie. Nous savons par Tacite (Annal. III, 48) qu’il obtint les honneurs du triomphe et ce, pour avoir conquis les forteresses des Homonadensiens, peuple de la Silicie ; et, en supputant les dates, on arrive à placer cet événement avant l’an II de l’ère vulgaire. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’Auguste lui ait confié la mission de recenser la Judée…

La deuxième conciliation s’appuie sur le texte grec : « Αὕτη ἡ ἀπογραφὴ πρώτη ἐγένετο ἡγεμονεύοντοσ τῆσ Συρίασ Κυρηνίου » traduit ainsi : Le recensement se fit avant que Quirinius fût gouverneur de Syrie. En effet, cette traduction surprend, car le texte n’ est pas rendu comme l’on voudrait l’avoir. Et pourtant, plus on examine ce passage, plus on sent qu’il faut le traduire ainsi. D’abord πρώτος s’emploie souvent dans le sens de πρότερος, prior, et non primus et puisse se traduire par avant que, c’est ce que prouve la grammaire du Nouveau Testament et des Septante (LXX), mais également des auteurs profanes. Hervart, un savant humaniste du début du XVIIè siècle cite trente et quatre usages de ce genre ; Voici quelques-uns : Jean I,15 ; Jean XV,18…Dans les Septante, voir Jérémie XXIX,2, dans Elien, enfin dans le scholiaste d’Aristophane : δήλου δε ότι πρώτος ό Μαρίκας έδιδαχθή τώυ δευτέρωυ Νεφελώυ, [= Il est clair que le Maricas (=Comédie) fut représenté avant la seconde pièce des Nuées] Il est donc absurde et insensé de dire que Luc, auteur si instruit et si précis aurait dû employer πρότερα au lieu de πρώτη, il en ressort donc que l’absence de l’article devant ce dernier mot attend un régime et doit par conséquent pris dans le sens de πρότερα. Soulignons au passage que dans le manuscrit sinaïtique découvert par Tischendorf, manuscrit selon l’auteur, le plus ancien de tous, on lit ἐγένετο πρώτη et non pas l’inverse !

Cette interprétation qui est dans tous les usages de la langue ne s’accorde pas moins parfaitement avec le contexte : elle ne fait que donner raison au verset. Luc ne veut pas seulement dire que le recensement dont il vient de parler eut lieu avant celui de Quirinius – ce serait en effet une indication très vague – mais il cite Quirinius en pensant au recensement fait par lui et dont il veut distinguer l’autre. Parler d’un recensement en Judée c’était évoquer le souvenir de ce qui avait marqué la réunion de cette province et qui avait causé et provoqué plusieurs révoltes. S’il n’était pas question de cela, quelle était donc l’utilité d’en prévenir ? Telles sont les deux solutions apportées à cette difficulté contre l’Évangile de St Luc, il est vrai que la deuxième solution est préférable du fait qu’elle est la plus simple, mais la première n’est pas à rejeter, elle est moins percutante que la deuxième du fait qu’elle est moins appuyée sur la grammaire et l’histoire.

Concernant la grammaire, l’abbé Du Clot explique : Le texte grec se prête difficilement au sens donné par la Vulgate. D’abord, haec prima descriptio supposerait l’article devant πρώτη. En quel sens d’ailleurs ce dénombrement serait-il appelé premier ? Est-ce d’une manière absolue ? Mais la nation juive avait été plus d’une fois recensée par ses rois. Es-ce par rapport au recensement opéré plus tard par Quirinius ? Mais comment St Luc, pour caractériser le recensement qui eut lieu à la naissance de Notre-Seigneur, aurait-il dit qu’il fut fait par Quirinius, gouverneur de Syrie, lorsque le second eut aussi pour auteur Quirinius, gouverneur de Syrie ? Les mots suivants offrent plus de difficultés encore. ‘Eγένετο signifie eut lieu, arriva, et non pas fut fait. La préposition a, destinée à marquer le rapport entre ἐγένετο et ἡγεμονεύοντος est tout à fait contre l’usage de la langue. Cela est si vrai que les versions Copte et Syriaque traduisent sub. Si les traducteurs latins ont mis a – ce qui est douteux, car les manuscrits, tant de St Jérôme que de l’ancienne italique, ne s’accordent pas sur ce point – c’est que le sens leur a paru être le même, et que la difficulté chronologique n’avait pas éveillé leur attention.

Pour ce qui est de l’histoire, il est très difficile de montrer dans l’histoire profane les traces d’un recensement accompli en Judée dans les dernières années du règne d’Hérode, de même qu’il est difficile de rencontrer un indice sérieux prouvant que ce recensement eut pour auteur Quirinius. Voici la double tâche qu’auront à accomplir les partisans de la première conciliation. Les défenseurs de la seconde conciliation sont encore une fois dans une position meilleure ; il leur suffit de rappeler les détails donnés par Tacite (Annal. I,11), par Suétone (Aug.101) et par Dion Cassius (LVI,33) sur le Breviarium Imperii rédigé par l’Empereur Auguste, et qui suppose un recensement général dans tout l’Empire, mais encore les textes positifs de Cassiodore (Var. III,52), et de Suidas (Voc. Άπογραφη). Tertullien renvoyant Marcion aux archives de l’empire pour lui apprendre la naissance du Christ (Census constat actos sub Augusto per Sentium Saturninum, apud quos genus Christi inquirere potuissent. [Contr. Marc. IV,19]), attribut ce recensement à Sentius Saturninus, qui fut propréteur de Syrie de l’an 744 à 148 de Rome. De fait, le silence de Josèphe sur le premier recensement ne fait pas le poids face à l’affirmation positive de Tertullien. De plus,il ne serait pas impossible que Nicolas de Damas, l’agent et l’historien d’Hérode à qui Josèphe empruntait ses principaux renseignements, n’en eût pas parlé. Josèphe, au livre XVIIè de ses Antiquités (XI,4), parle d’un serment de fidélité de toute la nation à César-Auguste – ce serment qui suppose une inscription des personnes sur des registres qui étaient publics, ne se confondrait-il pas au recensement dont parle Luc ? Une chose est sûre et certaine : d’après les supputations les plus exactes, il a dû être prêté vers l’an 747 de Rome… L’an 747 de Rome, précisément à l’époque du recensement de Luc.

Le plus important à retenir est de savoir que St Luc était un homme instruit, il avait fait des recherches, ce qui lui avait d’ailleurs permis de reconnaître Jésus comme LE Messie. Dans ces recherches, il avait sans l’ombre d’un doute, lu l’Évangile de Matthieu… Pour que Jésus naquît à Bethléem, même de parents d’un autre pays, un ‘recensement imaginaire’ n’aurait pas dû faire surface ; Matthieu montre Jésus naissant dans cette ville, selon les prophéties, et ne dit rien du recensement : St Luc aurait tout simplement imiter St Matthieu : imiter son silence ! Ainsi, l’erreur paraît peu probable, voire inconcevable, ce qui nous permet d’affirmer que, l’erreur, St Luc ne l’a pas commise. Une attaque qui, au lieu de détruire la Foi chrétienne, ne fait que la consolider…

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Un commentaire sur “Le recensement de Quirinius

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