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« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

L’infaillibilité pontificale, pourquoi, comment?

PROXIMITE PARTICULIERE ENTRE LE CHRIST ET LES EVEQUES

C’est le Christ Lui-même qui l’affirme. Il suffit de lire l’Evangile : – « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » (Matthieu 28,19-20) – « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m’a envoyé » (Matthieu 10,40) A qui s’adressent ces affirmations ? Aux apôtres, puisque c’est à eux que le Christ s’adresse, et non à l’ensemble des disciples. Or la succession des apôtres revient aux évêques seuls. C’est donc bien que les évêques bénéficient d’une autorité particulière. Ceci pour rappeler que le Pape est aussi évêque.

PROXIMITE PARTICULIERE ENTRE L’ESPRIT-SAINT ET LES EVEQUES

C’est bien le Collège des apôtres seuls (existant dès les Actes des Apôtres) qui est concerné : « l’Esprit-Saint et nous-mêmes avons jugé bon de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations » (Actes 15,28) ; oui, les Apôtres considèrent que leurs décision sont prises en relation directe avec l’Esprit-Saint, et Actes 15,28 nous dit quasiment qu’il y a un Collège de l’Esprit-Saint et des Apôtres ! Et quel facteur humain pourrait donc vaincre ce lien ?

LES PROMESSES ET LES POUVOIRS DIVINS INTACTS FACE A L’IMPERFECTION HUMAINE

Les paroles du Christ impliquent-elles un laps de temps limité, seraient-elles faillibles… ou bien ne sont-elles pas prononcées pour l’Eternité, quoi qu’il arrive ? Si l’on suit le raisonnement de ceux qui doutent de l’infaillibilité pontificale, il faudrait donc croire que le Pape (et donc l’Eglise) est coupé du Christ lorsqu’il se trompe, et qu’en conséquence le Pape n’est plus le Vicaire du Christ et n’est plus assisté par l’Esprit-Saint (et pendant combien de temps ?… Il faudrait le dire !). Comment peut-on se tromper à ce point ? Ainsi la moindre erreur du pape créerait une séparation. Voilà bien une hérésie, puisqu’en partant de ce principe on pourrait affirmer que la puissance et la volonté du Christ et de l’Esprit-Saint se trouveraient limitées, voire stoppées, par l’erreur humaine ! Le Christ aurait-il énoncé des demi-promesses ? Des paroles en l’air ? Des propos inconséquents ? Le Christ pourrait-il changer d’avis ? Ne pas avoir qu’une seule parole ? Soyons sérieux !!!

LA PERFECTION, UNE EXIGENCE QUE LE CHRIST NE POSE A AUCUN HOMME, PAS MEME AU PAPE !

C’est une évidence. Prenons le très surprenant revirement (en apparence) du Christ à propos de Pierre. Lorsque ce dernier eut confessé sa foi, le Christ lui dit « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’Enfer ne tiendront pas contre elle » (Matthieu 16,19). Voilà qui est clair, tant sur la charge papale que sur l’impuissance des forces du Mal. On pourrait se dire que l’Eglise et le Pape sont garantis contre l’influence de Satan, et que donc l’une et l’autre ne peuvent agir que parfaitement… Mais quelques versets plus loin, le Christ évoque son sacrifice. Pierre refuse alors l’hypothèse : « Non, cela ne t’arrivera pas ! » (Matthieu 16,22b). Et la réponse du Christ est terrible « Passe derrière moi, Satan ! Tu me fais obstacle (…) » (Matthieu 16, 23a). Le Christ vient de traiter de « Satan » celui qu’il avait désigné comme la pierre de fondation de l’Eglise, qui doit vaincre l’Enfer ! Le Christ ne pouvant se contredire, il y a donc quelque chose à comprendre…

L’Eglise n’a rien à craindre de l’Enfer. Ceci ne se discute pas. Par contre, le premier pape de l’Eglise se voit assimilé au mal par le Christ. La situation est claire : le pape peut être un pêcheur… pour autant il RESTE LE PAPE ! Et le Christ connaît son imperfection humaine. Il admet d’avance que nul homme, même élu pape, ne puisse prendre de décisions parfaites. La seule chose parfaite qu’il puisse faite, c’est réaffirmer ce qui est contenu dans la Bible.

C’est là qu’il est infaillible : lorsqu’il « définit la doctrine sur la foi ou la morale » (Concile Vatican I), il tire ses propres propos de l’Ecriture sainte.

En revanche, les actes et le mûrissement intellectuel sont sujets à des imperfections et du coup il n’y a pas infaillibilité : les erreurs peuvent survenir dans les aléas du gouvernement temporel de l’Eglise.

Mais il faut bien comprendre que dès lors que l’on réaffirme ce qui est contenu dans la Bible, il est impossible de se tromper ! Ceci est d’ailleurs valable pour tout homme ! Mais un seul a le pouvoir de le faire avec l’autorité du pasteur de tous les catholiques : le Pape. Ainsi, ayant parfaitement raison sur le contenu et la forme, il est donc infaillible ! C’est facile à comprendre.

De cela il découle qu’un catholique qui obéit au pape, même s’il doute du bien fondé de certaines de ses prescriptions, est dégagé de toute responsabilité si, en obéissant, il commet une erreur de fait. Et qu’ainsi, la responsabilité du pape est réellement immense… et que lui seul en rendra compte… et devant Dieu UNIQUEMENT !

L’INFAILLIBILITE EST AU-DESSUS DU TEMPS

L’infaillibilité ne disparaît pas avec le temps. Les propos infaillibles d’un pape le restent définitivement. Si le contraire était possible, cela voudrait dire que ces propos deviennent faux avec le temps, ce qui n’a pas de sens vu qu’ils se fondent toujours dans la Révélation. Voici tout simplement pourquoi un pape ne peut contredire un pape précédent pour ce qui touche aux à la foi et aux moeurs.

Ce qui est vrai de l’infaillibilité pontificale est vrai aussi pour l’infaillibilité du Collège des évêques. Résistante à l’usure du temps, l’infaillibilité épiscopale perdure de concile en concile, du premier au dernier. Voici également pourquoi un concile n’annule pas le précédent, contrairement à ce que dit la rumeur. Ainsi, comme le disait Pie XII, « Un concile complète l’autre ».

Retenir exclusivement le Concile de Trente, ou exclusivement le Concile du Vatican, c’est dans un cas comme dans l’autre nier l’infaillibilité en général, c’est affirmer que l’Eglise ne promeut que des valeurs volatiles et impermanentes, c’est tout simplement nier l’Eglise elle-même !

Texte repris et modifié de de Ecclesia (de l’Eglise)

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3 commentaires sur “L’infaillibilité pontificale, pourquoi, comment?

  1. Pingback: Démonstration de la primauté de Pierre et de la Papauté | +†+Yesus Kristus azu+†+

  2. Bruno
    12 mai 2020

    Après avoir parcouru votre dossier sur la papauté, comment est-ce encore possible de justifier la thèse sédévacantiste et comment expliquer ce nouveau schisme entre l’Eglise dite traditionnaliste et conciliaire ?

    • Ressources Catholiques
      12 mai 2020

      Bonjour,

      La théologie catholique avait envisagé cette hypothèse longtemps avant Vatican II. Il n’y a donc pas de « problème » dogmatique : si les plus hauts théologiens ont envisagé cela, c’est que ce n’est pas contradictoire avec le dogme.

      Tu me répondras peut-être que ces thèses sont devenues obsolètes depuis le Concile Vatican I. C’est effectivement ce que j’aurais aussi répondu d’instinct, mais force est de constater que les Pères du Concile eux-mêmes ont manifesté une intention contraire.

      En effet, figure dans les Actes du Concile la sentence suivante de saint Antonin de Florence :

      « Dans le cas où le pape deviendrait un hérétique, il se trouverait, par ce fait seul et sans aucun autre jugement, séparé de l’Église. Une tête séparée du corps ne peut, tant qu’elle reste séparée, être la tête du même corps dont elle a été coupée. Un pape qui serait séparé de l’Église par l’hérésie, par conséquent, cesserait par ce fait seul d’être la tête de l’Église. Il ne pourrait pas être un hérétique et rester pape, car, puisqu’il est en dehors de l’Église, il ne peut pas posséder les clefs de l’Église. » (Summa Theologica, cit. Actes de Vatican I, V. Frond Pub.)

      De plus, en 1903 (donc pas possible de tricher), le Père James J. McGOVERN publia une biographie de Léon XIII dans laquelle il rapporte un extrait d’une conférence donnée par son Archevêque, Mgr John Baptist PURCELL (qui n’était pas convaincu de l’opportunité du dogme, mais qui s’y rangea, ce qui fit l’objet d’un sermon resté fameux) à son retour du premier concile de Vatican :

      « La question fut soulevée par un cardinal, « que faire du pape si celui-ci devient hérétique ? » Il fut répondu qu’un tel cas de figure n’a jamais existé ; le concile des évêques peut le déposer pour hérésie, car à l’instant même où il devient un hérétique, il n’est plus ni la tête, ni même un membre de l’Eglise. L’Eglise n’aurait aucune obligation de l’écouter lorsqu’il se mettrait à enseigner une doctrine que l’Eglise sait être une fausse doctrine, et il cesserait d’être le pape, étant déposé par Dieu Lui-même. Si le pape, par exemple, affirmerait que la croyance en Dieu est fausse, vous n’auriez aucune obligation de le croire, ou bien s’il venait à nier le reste du Credo, « Je crois en Christ », etc. La simple idée [que le pape puisse être hérétique] est une supposition injurieuse, mais elle sert à vous démontrer à quel point cette question a été considérée dans toutes ses éventualités. Si le pape nie n’importe quel dogme de l’Eglise, il n’est pas plus le pape que vous et moi. Ainsi, de ce point de vue, le dogme de l’infaillibilité ne pourrait nullement être invoqué comme un argument relatif au gouvernement temporel ou comme un prétexte pour nier l’évidence de l’hérésie. » (Life and life work of Pope Leo XIII, Chicago, Allied Printing, 1903, p.241, imprimatur de l’Archevêque James QUIGLEY de Chicago : https://archive.org/details/LifeAndLifeWorkOfPopeLeoXIII/page/n287/mode/2up)

      Je produis d’autres témoignages dans la première pièces jointe. Mais je reproduis ici ceux qui me semblent les plus pertinents parce qu’ils émanent du Magistère, de docteurs de l’Eglise, ou d’auteurs de références postérieurs à Vatican I ? Je ne respecte pas l’ordre chronologique car je mets en premiers ceux que j’estime répondre la plus adéquatement à la situation actuelle. Je précise que tous ces auteurs ont connu le problème protestant, ils avaient donc pleinement conscience de la nécessité de la soumission au Pape. Saint Alphonse de Liguori que je vais citer par exemple, a écrit un livre dont le titre parle de lui-même : Le suprême pontificat considéré dans sa nécessité, son autorité et son infaillibilité.

      Le Père Charles-René BILLUART (1685-1757), O.P., qui théorisa les « titres colorés » :

      « Selon l’opinion la plus partagée par les docteurs et principaux théologiens (Suarez, Cajetan, etc.), le Christ, par une providence particulière, et pour le bien commun et la tranquillité de l’Église, continue de donner juridiction à un pontife même manifestement hérétique, jusqu’à ce qu’il soit déclaré hérétique manifeste par l’Église. » (De Fide, diss. V, a. III, § 3, obj. 2)

      Or dans la situation qui est la nôtre, à savoir le flou relatif au titulaire putatif de la fonction pontificale, il est plus sage de s’en remettre à « l’opinion la plus partagée par les docteurs et principaux théologiens ».

      Le Père Réginald GARRIGOU-LAGRANGE, proche de Pie XII et inspirateur de l’encyclique Humani generis (https://laportelatine.org/bibliotheque/encycliques/PieXII/Humani_generis.php), s’appuyant sur BILLUART, examine la question du pape hérétique dans son traité De Christo Salvatore. Après avoir expliqué que le Christ ne peut être la tête d’un hérétique formel, il conclut :

      « C’est pourquoi un baptisé hérétique formel n’est pas membre en acte de l’Église, et cependant l’Église a le droit de le punir, en tant qu’il ne tient pas ce qu’il a promis, comme un roi a le droit de punir un soldat déserteur.

      Bellarmin objecte qu’un pape tombé dans l’hérésie occulte demeure membre de l’Église en acte, puisqu’il demeure encore tête de l’Église, comme l’enseignent aussi Cajetan, Soto. Cano, Suarez et d’autres.

      Il faut répondre que ce cas est tout à fait anormal, si bien qu’il n’est pas étonnant qu’il s’en suive une conséquence anormale, à savoir qu’un pape occultement hérétique ne demeurerait pas membre de l’Église en acte (selon la doctrine que nous venons d’exposer), mais qu’il garderait la juridiction par laquelle il influe sur l’Église en la gouvernant. Ainsi il retiendrait la raison [= la nature] de tête vis-à-vis de l’Église, sur laquelle il continuerait d’influer, mais il cesserait d’être membre du Christ, parce qu’il ne recevrait plus l’influx vital de la foi du Christ tête invisible et première. Ainsi, de manière tout à fait anormale, quant à la juridiction il serait tête de l’Église, mais il n’en serait plus membre.

      Cela serait impossible s’il s’agissait d’une tête physique, mais cela n’est pas contradictoire pour une tête morale secondaire. La raison en est que, tandis qu’une tête physique ne peut exercer d’influence sur les membres sans recevoir l’influx vital de l’âme, une tête morale, comme l’est le pontife [romain), peut exercer une juridiction sur l’Église même si elle ne reçoit de l’âme de l’Église aucune influence de foi interne et de charité. » (De Christo Salvatore, Rome-Turin, Marietti, 1946, 232 : https://archive.org/stream/GarrigouLagrangeLatin/De%20Christo%20Salvatore%20-%20Garrigou-Lagrange%2C%20Reginald%2C%20O.P_#page/n119/mode/2up)

      Dom Prosper GUERANGER :

      « Jésus avait dit : “Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise” ; mais Pierre devait mourir. La promesse n’avait donc pas pour objet sa personne seulement, mais toute la suite de ses successeurs jusqu’à la fin des siècles. Quelle étonnante et énergique action du divin Esprit produit ainsi, anneau par anneau, cette dynastie de princes spirituels arrivée à son deux cent cinquantième Pontife, et devant se poursuivre jusqu’au dernier jour du monde ! Aucune violence ne sera faite à la liberté humaine ; le divin Esprit lui laissera tout tenter ; mais il faut cependant qu’il poursuive sa mission. Qu’un Décius produise par ses violences une vacance de quatre ans sur le siège de Rome, qu’il s’élève des anti-papes soutenus les uns par la faveur populaire, les autres par la politique des princes, qu’un long schisme rende douteuse la légitimité de plusieurs Pontifes, l’Esprit-Saint laissera s’écouler l’épreuve, il fortifiera, pendant qu’elle dure, la foi de ses fidèles ; enfin, au moment marqué, il produira son élu, et toute l’Eglise le recevra avec acclamation. » (Année liturgique, éd. 1867, mercredi de la Pentecôte)

      Le Chanoine Raoul NAZ, le plus grand canoniste de son temps :

      « Résumons en guise de conclusion, l’explication que les meilleurs théologiens et canonistes ont donnée à cette difficulté (Bellarmin, De Romano Pontifice, l. II, c.30; Bouix, De papa, t. II, Paris, 1869, p. 653 ; Wernz-Vidal, Jus Decretalium, l. VI, Jus poenale ecclesiae catholicae, Prati, 1913, p. 129). Il ne peut être question de jugement et de déposition d’un pape dans le sens propre et strict des mots. Le vicaire de Jésus-Christ n’est soumis à aucune juridiction humaine. Son juge direct et immédiat est Dieu seul. Si donc d’anciens textes conciliaires ou doctrinaux semblent admettre que le pape puisse être déposé, ils sont sujets à distinction et rectification. Dans l’hypothèse, invraisemblable d’ailleurs, où le pape tomberait dans l’hérésie publique et formelle, il ne serait pas privé de sa charge par un jugement des hommes, mais par son propre fait, puisque l’adhésion à une hérésie l’exclurait de sein de l’Eglise. » (Dictionnaire de Droit Canonique, tome IV, colonne 1159)

      Paul IV prit ce décret qui pourrait faire figure de prophétie dans l’exposé des motifs qui le poussent à prendre une telle décision :

      « § 1. – Devant la situation actuelle si grave et si dangereuse, il ne faut pas que l’on puisse reprocher au Pontife romain de dévier de la foi. Il est sur terre le Vicaire de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; il a la plénitude de l’autorité sur les nations et les royaumes, il est le juge universel et n’a a être jugé par personne ici-bas.

      D’ailleurs, plus le danger est grand, plus la vigilance doit être entière et attentive, pour que les faux prophètes, ou même d’autres hommes, revêtus d’une juridiction séculière, ne puissent prendre lamentablement dans leurs filets les âmes simples et entraîner avec eux à la perdition et à la ruine de la damnation les peuples innombrables confiés à leur soin et à leur direction, au spirituel comme au temporel ; et aussi pour que jamais Nous ne soyons témoin dans le lieu saint de l’abomination de la désolation annoncée par le prophète Daniel, alors que Nous désirons de tout notre pouvoir avec l’aide de Dieu, selon notre charge pastorale, capturer les renards qui s’ingénient à saccager la vigne du Seigneur et écarter les loups des bergeries, afin de ne pas ressembler à des chiens muets incapables d’aboyer, ni Nous perdre avec les mauvais agriculteurs, ni être comparé à un mercenaire. […]

      § 6. – Nous ajoutons que si jamais il advient qu’un Évêque, même ayant fonction d’Archevêques, de Patriarche ou de Primat ; qu’un Cardinal de l’Eglise romaine, même Légat, qu’un Souverain Pontife même, avant leur promotion ou leur élévation au Cardinalat ou au Souverain Pontificat, ont dévié de la foi catholique ou sont tombés dans quelque hérésie, la promotion ou l’élévation – même si cette dernière a eu lieu dans l’entente et avec l’assentiment unanime de tous les Cardinaux – est nulle, non avenue, sans valeur et on ne pourra dire qu’elle est devenue valide ou qu’elle devient valide parce que l’intéressé accepte la charge, reçoit la consécration ou ensuite entre en possession ou quasi-possession du gouvernement et de l’administration, ou par l’intronisation du Pontife romain lui-même ou par l’adoration devant lui ou par la prestation d’obéissance à lui rendue par tous ou par quelque laps de temps écoulé pour ces actes : on ne pourra la tenir pour légitime en aucune de ses parties et elle ne confère ni ne peut être censée conférer quelque pouvoir d’administration au spirituel ou au temporel à de tels hommes promus Evêques, Archevêques, Patriarches ou Primats, ou élevés au Cardinalat ou au Souverain Pontificat.

      Tous leurs dits, faits et gestes, leur administration et tout ce qui en découle, tout est sans valeur et ne confère aucune autorité, aucun droit à personne. Ces hommes ainsi promus et élevés seront par le fait même, sans qu’il faille quelque déclaration ultérieure, privés de toute dignité, place, honneur, titre, autorité, fonction et pouvoir, même si tous et chacun de ces hommes n’a dévié de la foi, tombant dans le schisme ou l’hérésie, qu’après son élection légitime, soit en le suscitant, soit en l’embrassant. » (Bulle Cum ex apostolatus officio, 15 février 1559 : http://laportelatine.org/bibliotheque/encycliques/PaulIV/Cum_Ex_Apostolatus.php)

      Cela est stupéfiant et semble indiquer que le Magistère lui-même fait le lien entre l’arrivée éventuelle de l’abomination de la désolation dans le lieu saint (Matthieu XXIV, 15) et un futur occupant du siège de Pierre. De plus, nous savons que Paul IV prit cette décision pour éviter que ne lui succède le cardinal Giovanni Girolamo MORONE (1509-1580) qui avait failli être élu à sa place… et qui faisait de l’oeucuménisme avec les protestants ! Faut-il y voir un clin d’œil de la Providence ?

      Saint Pie V confirma avec la dernière solennité les prescriptions de cette Bulle :

      « De notre propre mouvement et de science certaine, et dans la plénitude de notre puissance apostolique […], concernant la constitution de Paul IV, […] donnée en date du 15 février 1559, nous en renouvelons la teneur présentement, et encore nous la confirmons. Et nous voulons et commandons qu’elle soit observée inviolablement et avec le plus grand soin, selon son enchaînement et sa teneur » (Motu proprio Inter multiplices curas, 21 décembre 1566, § 1)

      Les trois auteurs suivants sont des Docteurs de l’Eglise :

      Saint Robert Bellarmin :

      « Un pape qui est un hérétique manifeste cesse automatiquement (per se) d’être le pape et la tête, de la même façon qu’il cesse automatiquement d’être un chrétien et un membre de l’Église. C’est pourquoi il peut être jugé et puni par l’Église. C’est l’enseignement de tous les anciens Pères, qui enseignent que les hérétiques manifestes perdent immédiatement toute juridiction. » (De Romano Pontifice, L. II, ch. 30)

      Saint François de Sales :

      « Or, quand il [le pape] est hérétique exprès, ipso facto, il tombe de son grade hors de l’Église. » (Lettre ouverte aux protestants, Les Controverses, Partie II, chapitre VI, article XV)

      Saint Alphonse de Liguori :

      « Il est hors de doute que si un pape était hérétique déclaré, comme le serait celui qui définirait publiquement une doctrine opposée à la loi divine, il pourrait, non pas être déposé par un concile, mais être déclaré déchu du pontificat en sa qualité d’hérétique. » (Oeuvres complètes, tome IX p. 262)

      Notons que Grégoire XVI put dire de saint Alphonse :

      « Une chose bien digne de remarque, c’est que, bien que Saint Alphonse ait tant écrit, il a été reconnu, après un examen attentif, que les fidèles peuvent lire tous ses ouvrages sans le moindre danger. » (Bulle de Canonisation de saint Alphonse, 26 mai 1839)

      Catholic Encyclopedia :

      « Le pape lui-même, si notoirement coupable d’hérésie, cesserait d’être pape parce qu’il cesserait d’être un membre de l’Église. » : « The pope himself, if notoriously guilty of heresy, would cease to be pope because he would cease to be a member of the Church » (Article « Heresy », Robert Appleton Co., New York , 1914, Vol. 7, p. 261 : https://www.newadvent.org/cathen/07256b.htm#REF_VIII)

      Le Cardinal Louis BILLOT dans son Tractatus de Ecclesia Christi, passe en revue les différentes hypothèses émises au sujet de l’éventualité d’un Pape hérétique, bien qu’il conclut comme opinion, et non comme certitude, que ce n’est pas possible (Tractatus de Ecclesia Christi, question 14, thèse 29, Rome : https://archive.org/details/tractatusdeeccle01bill/page/608/mode/2up. Traduction française : L’Eglise, tome II – Sa constitution intime, Courrier de Rome, 2010, n°932 à 949, pp. 445-457 : https://www.courrierderome.org/?q=fr/bags-cases/leglise-livre-2-sa-constitution-intime)

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