+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

La vérité sur l’Eglise et l’esclavage

Toute la vérité sur les mensonges historiques contre l’Église : ici

La vérité sur la Controverse de Valladolid : ici

Textes des Papes contre l’esclavage :

Jean VIII

« Il est une chose pour laquelle nous devons paternellement vous admonester ; si vous ne la corrigez pas, vous encourrez un grand péché, et par elle ce ne sont pas les gains que vous accroîtrez, comme vous l’espérez, mais bien plutôt les dommages. Comme nous l’avons appris, à l’instigation des Grecs, beaucoup qui ont été enlevés captifs par les païens sont donc vendus dans vos régions et, après avoir été achetés par vos compatriotes, ils sont gardés sous le joug de l’esclavage ; alors qu’il est avéré qu’il est pieux et saint, comme il convient pour des chrétiens, que lorsqu’ils les ont achetés des Grecs, vos compatriotes les renvoient libres pour l’amour du Christ, et qu’ils reçoivent leur récompense non pas des hommes, mais de notre Seigneur Jésus Christ lui-même. C’est pourquoi nous vous exhortons et nous vous commandons, avec un amour paternel, si vous leur avez acheté des captifs, de les laisser aller libres pour le salut de votre âme. » (Lettre Unum est, vers septembre 873 aux princes de Sardaigne sur le devoir d’affranchir un esclave, DZ 668)

Certains affirment que cette lettre ne parle que des esclaves chrétiens, mais c’est une allégation parfaitement gratuite. Rien ne permet de l’affirmer et au contraire, le pape ne fait que parler des captifs quels qu’ils soient.

Eugène IV

Ripostant aux abus des catholiques auprès des indigènes des îles Canaries, écrivait contre l’asservissement des natifs :

« parmi lesquels il existait des baptisés ; ou d’autres à qui le baptême avait été faussement promis. »

Il condamna ceux qui les avaient privé de leurs propriétés, vendus à d’autres et commis d’autres crimes graves, ayant causé leur renoncement à la conversion. Il ajouta sous menace d’excommunication que :

« Toutes personnes de tout sexe ayant été résident des dites îles Canaries […] doivent être totalement et perpétuellement libres, et laissées aller sans exaction ou réception d’argent. » (Encyclique Sicut Dudum du 13 janvier 1435)

Une fois n’est pas coutume : certains dirent que cela ne s’appliquait qu’aux indigènes convertis, mais c’est impossible pour trois raisons qui crèvent les yeux dans le texte. Premièrement les baptisés et désireux du baptême se sont mentionnés que comme faisant partie des victimes déplorées. Deuxièmement il souligne que le sort des habitants fait qu’ils renoncent à recevoir la baptême. Troisièmement il écrit que tous les résidents, sans donner d’exception, « doivent être totalement et perpétuellement libres, et laissées aller sans exaction ou réception d’argent ».

Nicolas V

Ce pape est souvent accusé d’avoir autorisé l’esclavage des Noirs en 1455. C’est un pur mensonge comme nous le démontrons dans notre article sur le sujet : cliquez ici.

Pie II

Ce pape écrivit dans sa Lettre Rubicensem () à l’évêque de Guinée portugaise que la traite négrière était un « grand crime » (magnum scelus). Il ordonna aux évêques de frapper de peines ecclésiastiques ceux qui le pratiquaient.

De même que pour Jean VIII, certains prétendent que cela ne concernaient que les esclaves chrétiens. Mais c’est encore faux. En effet, comme nous pouvons le lire dans son autre Bulle Pastor bonus :

« A chacun des pirates et tous les autres fidèles qui ont réduit à l’esclavage, par moyen de fraudes, les indigènes de ces îles et ceux déjà convertis ; et ceux qu’ils retinrent contre leur volonté en esclavage, les vendraient à autrui, [nous exhortons], sous peine d’excommunication […] qu’ils libèrent de leur service les esclaves, et restituent leur liberté primitive. »

Il dit bien « les indigènes de ces îles et ceux déjà convertis », montrant que les convertis ne sont pas les seuls concernés. Il dit d’ailleurs plus loin :

« Nous vous accordons en outre […] avec notre consentement […] le pouvoir d’aider les indigènes habitants ces îles, même ceux qui aujourd’hui ne se sont pas converti, leur fournissant nourriture, vêtements, charrues, houes, aiguille et autres ustensiles nécessaire. »

Sixte IV

Ce pape poursuivi cette action par des Bulles additionnelles condamnant l’esclavage des insulaires dans les îles Canaries, qui, malheureusement, a quand même continué… Ce que cet épisode démontre est la fragilité de l’autorité papale de l’époque, et non pas une indifférence de l’Église au péché de l’esclavage.

Paul III

Dans le contexte de la découverte du Nouveau Monde où les Conquistadors commirent de nombreux abus :

Le 29 mai 1537, suite à la plainte des Dominicains au sujet de colons espagnols qui avaient soumis les indiens d’Amérique Centrale, le Pape Paul III adresse au cardinal Juan de Tavera, l’assez véhément Bref apostolique Pastorale Officium soutenant Charles Quint dans sa démarche d’abolition de l’esclavage des indigènes.

Le 2 juin suivant, le même Paul III ré-écrit au même cardinal, la Lettre Veritas ispa : confirme le droit humain à la liberté et la propriété. En voici un large extrait :

« La Vérité elle-même, qui ne peut ni tromper ni se tromper, a dit clairement lorsqu’elle destinait les prédicateurs de la foi au ministère de la parole : « Allez enseigner toutes les nations ». Elle a dit toutes, sans exception, puisque tous les hommes sont capables de recevoir l’enseignement de la foi. Ce que voyant, le jaloux adversaire du genre humain, toujours hostile aux œuvres humaines afin de les détruire, a découvert une nouvelle manière d’empêcher que la parole de Dieu soit annoncée, pour leur salut, aux nations. Il a poussé certains de ses suppôts, avides de satisfaire leur cupidité, à déclarer publiquement que les habitants des Indes occidentales et méridionales, et d’autres peuples encore qui sont parvenus à notre connaissance ces temps-ci, devaient être utilisés pour notre service, comme des bêtes brutes, sous prétexte qu’ils ne connaissent pas la foi catholique. Ils les réduisent en esclavage en leur imposant des corvées telles qu’ils oseraient à peine en infliger à leurs propres animaux domestiques.

Or Nous, qui, malgré notre indignité, tenons la place du Seigneur sur terre, et qui désirons, de toutes nos forces, amener à Son bercail les brebis de Son troupeau qui nous sont confiées et qui sont encore hors de Son bercail, considérant que ces Indiens, en tant que véritables êtres humains, ne sont pas seulement aptes à la foi chrétienne, mais encore, d’après ce que Nous avons appris, accourent avec hâte vers cette foi, et désirant leur apporter tous les secours nécessaires, Nous décidons et déclarons, par les présentes lettres, en vertu de Notre Autorité apostolique, que lesdits Indiens et tous les autres peuples qui parviendraient dans l’avenir à la connaissance des chrétiens, même s’ils vivent hors de la foi ou sont originaires d’autres contrées, peuvent librement et licitement user, posséder et jouir de la liberté et de la propriété de leurs biens, et ne doivent pas être réduits en esclavage. Toute mesure prise en contradiction avec ces principes est abrogée et invalidée.

De plus, Nous déclarons et décidons que les Indiens et les autres peuples qui viendraient à être découverts dans le monde doivent être invités à ladite foi du Christ par la prédication de la parole de Dieu et par l’exemple d’une vie vertueuse. Toutes choses passées ou futures contraires à ces dispositions sont à considérer comme nulles et non avenues. » (Lettre Veritas ispa, 2 juin 1537 – Condamnation et interdiction de l’esclavage des Indiens « et de tout autre peuple connu ou qui viendrait à être découvert »)

Les anticatholiques ne peuvent ici en aucun cas faire croire qu’il ne s’agirait que des indigènes convertis. Aussi ils tentent de se rattraper en disant que cela ne concernait pas les africains. Mais encore une fois c’est une erreur car le sous-titre de la lettre est :

« Condamnation et interdiction de l’esclavage des Indiens « et de tout autre peuple connu ou qui viendrait à être découvert » »

Et dans le corps de la lettre nous lisons parler des :

« habitants des Indes occidentales et méridionales, et d’autres peuples encore qui sont parvenus à notre connaissance ces temps-ci […] et tous les autres peuples qui parviendraient dans l’avenir à la connaissance des chrétiens »

Ce qui inclut bien évidemment les Noirs.

Enfin, le 9 juin de la même année, le même Pape confirme très officiellement les lettres précédentes dans la Bulle Sublimis Deus (la lire en cliquant ici).

Urbain VIII

Comme les missionnaires Catholiques d’outre-mer avaient éveillé Rome afin qu’elle condamne l’esclavage des Indiens, des appels semblables ont été envoyés au sujet des esclaves noirs importés. Le 22 Avril 1639, le pape Urbain VIII (1623 à 1644), sur demande des Jésuites du Paraguay, publia une Bulle Commissum Nobis réaffirmant la loi de « notre prédécesseur Paul III » pour ceux qui réduisent d’autres à l’esclavage puisqu’étant ainsi sujets à l’excommunication. Il dit :

« Pour tous les Indiens vivant dans les provinces du Paraguay, du Brésil, et de la rivière de la Plata, ainsi que dans toutes les autres provinces et endroits de l’Inde occidentale et méridionales [les Amériques], et à tous les individus laïques ou clercs, de tout grade et sexe […] Interdisant strictement l’asservissement, l’achat, la vente, l’échange ou le don des Indiens, de leurs femmes, de leurs enfants, de les priver de leurs biens, de les reloger ailleurs, de les priver de leur liberté et de les garder comme esclaves. » (Bulle Commissum Nobis, 22 Avril 1639)

Par la suite, la Congrégation du Saint Office (l’Inquisition Romaine) a même abordé la question. Le 20 Mars 1686. Elle intervint sous forme de questions et réponses :

Il est demandé :

S’il est permis de capturer par la force et la duperie des noirs ou autres indigènes qui n’ont porté préjudice à personne?

Réponse : non.

S’il est autorisé d’acheter, de vendre ou de faire des contrats en tout respect des noirs ou autres indigènes qui n’ont pas porté préjudice à personne et n’ont rien fait et qui ont été faits captifs par la force de la duperie?

Réponse : non

Si les propriétaires de Noirs et autres natifs qui n’ont porté préjudice à personne et ont été capturés par la force ou la ruse, doivent les remettre en liberté ?

Réponse: Oui

Si les ravisseurs, les acheteurs et les propriétaires de Noirs ou autres indigènes qui n’ont porté préjudice à personne et qui ont été capturés par la force ou la duperie n’ont pas le droit de leur demander de payer compensation?

Réponse : Oui.

(Sainte Inquisition Romaine, réponses approuvant les propositions des missionnaires capucins, Congrégation du Saint Office, Instruction n°230 du 20 mars 1686, sous le pontificat d’Innocent XI)

Rien d’ambigu ici. Le problème ne fut pas que l’Église ne condamna pas l’esclavage ; ce fut que peu entendirent et que la plupart d’entre eux refusèrent d’écouter. À cette époque, les papes avaient peu d’influence sur les Espagnols et les Portugais puisqu’à ce moment-là, l’Espagne elle-même régnait sur la majeure partie de l’Italie. En 1527, sous la conduite de Charles V, les espagnols ont même saccagé Rome. Si le pape avait si peu d’influences en Espagne ou au Portugal, il n’en avait à peu près aucune dans le Nouveau Monde et les nouvelles colonies, excepté indirectement par le travail des ordres religieux. En fait, il était illégal même d’éditer les décrets papaux « dans les possessions coloniales espagnoles sans le consentement royal », et le roi s’arrogeait le droit de désigner également tous les évêques.

Néanmoins, la Bulle d’Urbain VIII fut lue en public par les Jésuites à Rio de Janeiro : cela eut pour résultat qu’ils furent attaqués dans leur l’université locale où un certain nombre de prêtres furent blessés. Dans Santos, une foule a piétiné un Jésuite vicaire-général lorsqu’il essaya de publier la Bulle, et les Jésuites furent expulsés de Sao Paulo lorsque la rumeur se répandit qu’ils voulaient faire connaître la Bulle contre l’esclavage. Ainsi, la connaissance des Bulles anti-esclavagistes et des décrets postérieurs de l’Inquisition contre l’esclavage ont été généralement limités au clergé, particulièrement aux ordres religieux, ce qui de ce fait a limité leur impact public.

Benoît XIV

Au sujet des amérindiens, il faut lire sa Lettre apostolique Immensa Pastorum, 20 décembre 1741 – Par laquelle il est pourvu à la liberté et à la sauvegarde des Indiens habitant les provinces du Paraguay, du Brésil et sur les rives du fleuve de la Plata.

Pie VII

Écrivant au roi de France Louis XVIII le 20 septembre 1814 :

« Pour bien se situer dans le sens des obligations morales la conscience religieuse nous y pousse ; c’est elle, en effet, qui condamne et réprouve ce commerce ignoble par lequel les Noirs, non comme des hommes mais simplement comme des choses vivantes, sont pris, achetés, vendus et pressurés jusqu’à la mort par des travaux très durs pour une vie déjà bien misérable. C’est pourquoi, parmi les biens les plus importants que la conscience religieuse la plus sacrée ait apportés sur Terre, il faut compter le bienfait de l’abrogation par tous, pour une large part, de l’esclavage ou celui de sa pratique adoucie. »

Dans cette même lettre, le pape Pie VII s’adressait aux ecclésiastiques et laïcs en ces termes :

« Et nous interdisons à tout ecclésiastique ou laïque d’oser soutenir comme permis, sous quelque prétexte que ce soit, ce commerce des Noirs, ou de prêcher ou d’enseigner en public ou en particulier, de manière ou d’autre, quelque chose de contraire à cette lettre apostolique. »

En 1823, il tient le même discours au roi Jean VI du Portugal. Il insista sur la nécessité d’abolir l’esclavage dans son empire colonial :

« Le pape regrette que ce commerce des Noirs, qu’il croyait avoir cessé, soit encore exercé dans certaines régions et de façon même plus cruelle. Il implore et supplie le roi du Portugal, […] qu’il mette en œuvre son autorité et sa sagesse pour extirper cette honte, impie et abominable. »

Grégoire XVI

Ce Pape promulgua le Constitution In Supremo Apostolatus, 3 décembre 1839 – Pour détourner du commerce des Noirs.

Pie IX

Selon les mots du béninois Alphonse QUÉNUM :

« Ce pape n’intervint pas directement dans la question de l’esclavage ; mais en béatifiant le 16 juin 1850 le jésuite catalan, Pierre Claver, admirable religieux qui avait ajouté en 1622 à ses vœux de profès celui de servir Dieu e vie durant dans la personne des esclaves, Pie IX le loua d’avoir consacré sa vie au service spirituel et temporel des nègres. Il flétrit les trafiquants « qui, dans leur suprême scélératesse, avaient pour coutume d’échanger contre de l’or la vie des hommes » » (Les Églises chrétiennes et la traite atlantique du XVè au XIXè siècle, Paris : Karthala, 1993, p. 240)

Pierre Claver s’était lui-même proclamé :

« esclave des africains pour toujours »

Certains soutiennent que Pie IX soutenait l’esclavage car il avait de bonnes relations avec des dirigeants des Etats confédérés cessessionistes du Sud des Etats-Unis. Néanmoins cela est faux. Il déclara lui-même au roi Rufus que si lui-même avait souhaité voir cesser la guerre civile américaine :

« [il ne pouvait pas] en tant que chrétien et chef de l’Eglise catholique, prêter un quelconque approbation ou support au system de l’esclavagisme africain. »  (United States Ministers to the Papals States : Instructions and Despatches, 1848-1868, ed. Leo Francis Stock (Washinton, D.C.: Catholic University Press, 1933), p. 321)

Nous pouvons d’ailleurs souligner que la Guerre de Sécession était loin d’être « une guerre pour les Noirs », comme le démontre cette vidéo. Ainsi, Pie IX pouvait avoir beaucoup d’autres motifs d’entretenir ces relations. Notons de plus que la mentalité du Sud n’était pas viscéralement esclavagiste ni même raciste, comme en atteste les mots même de leur chef militaire, le Général Robert LEE. Ces derniers auraient fini par abolir l’esclavage de toute façon, et ce ne fut en aucun cas le vrai motif de leur entrée en guerre. Les connaisseurs savent pertinemment que le premier et le principal motif de l’entrée en guerre du Nord ne fut pas l’abolition de l’esclavage, et qu’inversement le premier et le principal motif de l’entrée en guerre du Sud ne fut pas sa conservation. Rappelons enfin que la racisme légal nommé « ségrégation », qui ne fut aboli que tardivement au XXè siècle, est un héritage de l’État légal du Nord à l’époque de la guerre civile…

Léon XIII

Le Pape Léon XIII écrit deux encycliques contre l’esclavage. La première écrite pour le Brésil dit :

« Cela nous a été particulièrement agréable et consolant, surtout parce que Nous en avons reçu la confirmation de l’attente, si vivement chère, que les Brésiliens voudraient abolir désormais et extirper complètement la barbarie de l’esclavage. […]

Or, au milieu de tant de misères, il faut vivement déplorer celle de l’esclavage auquel une partie considérable de la famille humaine est assujettie depuis bien des siècles, gémissant ainsi dans la douleur de l’abjection, contrairement à ce que Dieu et la nature ont d’abord établi. […]

De la contagion du premier péché ont dérivé tous les maux et notamment cette perversité monstrueuse par laquelle il y a eu des hommes qui, perdant le souvenir de l’union fraternelle d’origine, au lieu de pratiquer, sous l’impulsion de la nature, la bienveillance et la déférence mutuelles, n’ont écouté que leurs passions et ont commencé à considérer les autres hommes comme leur étant inférieurs et à les traiter, par conséquent, comme des animaux nés pour le joug. De là, et sans tenir le moindre compte ni de la communauté de nature, ni de la dignité humaine, ni de l’image divine imprimée dans l’homme, il est arrivé au moyen des querelles et des guerres qui éclatèrent ensuite, crue ceux qui se trouvaient l’emporter par la force s’assujettissaient les vaincus, et quoique de même race, se partageaient graduellement en individus de deux catégories distinctes, c’est-à-dire les esclaves vaincus assujettis aux vainqueurs leurs maîtres. […]

Pour peu que l’on compare l’une et l’autre manière d’agir, celle des païens et celle des chrétiens, envers les serviteurs, on voit aisément que l’une était cruelle et pernicieuse, l’autre pleine de douceur et d’humanité, et certes, nul n’osera frustrer l’Église du mérite qui lui revient pour s’être faite l’instrument d’une aussi grande bonté. On en sera d’autant plus convaincu si Ton considère attentivement avec quelle douceur et quelle prudence l’Église a extirpé et détruit l’abominable fléau de l’esclavage. […]

Au déclin du XVè siècle, alors que le funeste fléau de l’esclavage ayant presque cessé chez les nations chrétiennes, les Etats s’efforçaient de se consolider sur la base de la liberté évangélique et d’étendre au loin leur empire, le Siège Apostolique veilla avec le plus grand soin à empêcher que les mauvais germes ne vinssent quelque part à pousser de nouveau. Il dirigea dans ce but sa diligente prévoyance vers les régions nouvellement découvertes de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique ; le bruit avait couru, en effet, que les chefs des expéditions, quoique chrétiens, avaient fait servir peu justement leurs armes et leur talent pour établir et imposer l’esclavage parmi ces populations inoffensives. C’est que l’âpre nature du sol qu’il s’agissait de subjuguer, non moins que les richesses métalliques à exploiter et qui exigeaient des travaux considérables, induisirent à adopter des desseins tout à fait injustes et inhumains. On commença de faire dans ce but une sorte de trafic d’esclaves amenés de l’Ethiopie, ce que l’on appela ensuite la traite des noirs et qui se propagea excessivement dans ces colonies. Par un semblable excès, on en vint à pratiquer à l’égard des peuples, généralement désignés sous le noms d’Indiens, une oppression pareille à l’esclavage.

Dès qu’il connut avec certitude cet état de choses, Pie II s’adressa sans retard à l’autorité épiscopale compétente par une lettre dans laquelle il blâma et condamna une aussi grave iniquité. Peu après, Léon X mit en œuvre, autant qu’il put, ses bons offices et son autorité auprès du Portugal et de l’Espagne pour qu’ils prissent à cœur d’extirper complètement pareil excès, non moins contraire à la religion qu’à l’humanité et à la justice. Néanmoins, cette calamité je tait de profondes racines, par suite de la persistance de sa cause ignoble, qui était l’inextinguible soif du gain. Alors Paul III, préoccupé dans sa charité paternelle de la condition des esclaves indiens, en,vint à la détermination extrême de se prononcer sur cette question publiquement et pour ainsi dire à la face de toutes les nations, par un décret solennel portant que Ton devait reconnaître une triple faculté juste et propre à tous ces naturels, à savoir que chacun d’eux pouvait être maître de sa personne, qu’ils pouvaient vivre en société d’après leurs lois et qu’ils pouvaient acquérir et posséder des biens. Il le confirma plus amplement encore par des lettres au cardinal-archevêque de Tolède, en édictant que ceux qui agiraient contre ce décret seraient frappés d’interdit et que le pouvoir de les absoudre était pleinement réservé au Pontife Romain (Lettre Veritas ispa, 2 juin 1537 – Condamnation et interdiction de l’esclavage des Indiens « et de tout autre peuple connu ou qui viendrait à être découvert »).

Avec une sollicitude égale et une même constance, d’autres Pontifes, tels qu’Urbain VIII, Benoît XIV, se montrèrent successivement les vaillants défenseurs de la liberté en faveur des Indiens et des noirs et de ceux qui n’avaient pas encore reçu la foi chrétienne. Ce fut aussi Pie VII qui, à l’occasion du Congres tenu à Vienne par les princes confédérés de l’Europe, appela la commune attention, entre autres, sur cette traite des noirs dont il a été parlé, afin qu’elle fût complètement abolie, de même qu’elle était déjà tombée en désuétude dans beaucoup de pays. Grégoire XVI, également, admonesta gravement ceux qui violaient sur ce point les lois et les devoirs de l’humanité ; il renouvela à l’appui les décrets et les peines édictés par le Siège Apostolique, et il n’omit rien de ce qui pouvait amener les nations lointaines à imiter en cela la mansuétude des nations européennes pour abhorrer et éviter l’ignominie et la cruauté de l’esclavage (Constitution In Supremo Apostolatus, 3 décembre 1839 – Pour détourner du commerce des Noirs). Il Nous est arrivé très opportunément à Nous-même de recevoir les félicitations des dépositaires suprêmes du pouvoir public pour avoir obtenu, grâce à de persévérantes instances, que l’on fit droit aux réclamations prolongées et si justes de la nature et de la religion.

Un autre souci Nous reste cependant, qui Nous préoccupe vivement, au sujet d’une affaire semblable et qui réclame Notre sollicitude. C’est que si l’ignoble traite d’êtres humains a réellement cessé sur mer, elle n’est que trop largement pratiquée sur terre, et avec trop de barbarie, notamment dans certaines contrées de l’Afrique.

Du moment, en effet, qu’aux yeux des mahométans, les Ethiopiens et les habitants de nations semblables sont considérés comme étant à peine en quelque chose supérieurs aux brutes, il est aisé de concevoir en frémissant avec quelle perfidie et quelle cruauté ils les traitent. Ils font subitement irruption, à la manière et avec la violence des voleurs, dans les tribus de l’Ethiopie, qu’ils surprennent à l’improviste; ils envahissent les villes et les campagnes et les villages, dévastant et pillant toutes choses; ils emmènent comme une proie facile à prendre les hommes, les femmes et les enfants, pour les conduire de vive force aux marchés les plus infâmes.

C’est de l’Egypte, du Zanzibar et en partie aussi du Soudan, comme d’autant de stations, que partent ces abominables expéditions ; les hommes chargés de chaînes sont contraints de parcourir un long chemin, soutenus à peine par une nourriture misérable, accablés d’horribles coups; ceux qui ne peuvent l’endurer sont voués à la mort ; ceux qui survivent sont condamnés à être vendus en troupe et étalés devant les acheteurs cruels et cyniques. Chacun de ceux ainsi vendus et livrés se voit exposé à la déplorable séparation de sa femme, de ses enfants, de ses parents, et le maître au pouvoir duquel il échoit l’assujettit à un esclavage très dur et abominable, l’obligeant même à embrasser la religion de Mahomet.

Nous avons, à Notre grande douleur, entendu naguère ces choses de la bouche de quelques-uns de ceux qui avaient été témoins, les larmes aux yeux, d’une aussi infâme ignominie, et leur récit est confirmé par les récents explorateurs de l’Afrique équatoriale. II résulte même de leur témoignage que le nombre des Africains vendus chaque année de la sorte, à l’instar des troupeaux de bêtes, ne s’élève pas à moins de quatre cent mille, dont la moitié environ, après avoir été accablés de coups le long d’un âpre chemin, succombent misérablement, de telle sorte que les voyageurs, combien c’est triste à dire ! en suivent la trace, faite des restes de tant d’ossements. » (Encyclique In Plurimis, 5 mai 1888 – Aux Évêques brésiliens sur l’abolition de l’esclavage ; in : Lettres apostoliques de S.S. Léon XIII, encycliques, brefs, etc., A. Roger et F. Chernoviz, tome 2, pages 145, 147, 149, 155, 163, 165 et 167)

Pie XI fera plus tard de même :

« C’est une erreur de considérer les indigènes comme des hommes d’une race inférieure et des êtres d’un esprit borné. Une longue expérience nous enseigne, à l’opposé, que les peuples du lointain Orient ou de l’hémisphère austral ne le cèdent pas toujours aux habitants de nos pays ; qu’ils peuvent même rivaliser avec eux en fait d’acuité intellectuelle ; que, si l’on rencontre chez les hommes vivant en pleine barbarie une extrême lenteur d’intelligence, la chose est pour ainsi dire inévitable, puisqu’ils restreignent l’usage de leur intelligence aux exigences, du reste minimes, de leur vie quotidienne.

Si vous pouvez en témoigner, Vénérables Frères, Fils bien-aimés, Nous aussi pouvons l’affirmer ; car Nous avons, presque sous Nos yeux, les nombreux indigènes auxquels, dans les Collèges de la Ville Éternelle, on enseigne les sciences les plus variées ; or, non seulement ils se montrent les égaux des autres élèves par la vivacité de leur esprit et leurs succès scolaires, mais souvent ils les dépassent et l’emportent sur eux.

Pour une autre raison, vous ne devez pas tolérer que les prêtres indigènes soient maintenus dans une situation en quelque sorte subalterne et réservés aux plus humbles ministères ; ils possèdent, en effet, le même sacerdoce que vos missionnaires et participent à un apostolat absolument identique ; en pensant à eux, songez bien plutôt qu’ils doivent être un jour à la tête des Églises fondées au prix de votre sueur et de vos travaux et des communautés catholiques de l’avenir. Ainsi donc, qu’il n’y ait aucune différence entre les missionnaires européens et les missionnaires indigènes ; qu’aucune barrière ne les sépare ; mais qu’ils soient tous unis par les liens mutuels du respect et de la charité.

Comme Nous l’avons noté plus haut, il est nécessaire, pour l’établissement de l’Église au milieu de vos populations, de recourir à tous les éléments qui selon les desseins de Dieu la constituent. Par suite, vous devez compter au nombre de vos plus importants devoirs celui d’instituer des Congrégations religieuses indigènes de l’un et de l’autre sexes. Car, parmi les nouveaux disciples du Christ, il en est qu’un souffle supérieur a touchés et que Dieu pousse vers des cimes plus hautes : pourquoi ne pourraient-ils pas faire profession de pratiquer les conseils évangéliques ? » (Encyclique Rerum Ecclesiae, sur le développement des Missions, 28 mars 1926 ; in Actes de S. S. Pie XI, Tome III, Année 1925 et 1926, Bonne Presse, Paris 1932, pages 164-166)

La seconde adressée à l’Afrique :

« L’Église catholique, qui embrasse tous les hommes d’un même amour maternel, n’a rien eu, pour ainsi dire, de plus à cœur dès l’origine, comme Vous le savez, Vénérable Frère, que de voir l’esclavage, qui opprimait sous son triste joug le plus grand nombre des humains, supprimé et entièrement aboli. […]

Dans la suite des âges, le zèle de l’Église à revendiquer la liberté pour les esclaves ne s’est pas ralenti; bien plus, à mesure que sa voix était plus écoutée, elle n’en était que plus ardente à se faire entendre. Nous en avons pour témoignages irrécusables les documents de l’histoire, qui a fait un honneur particulier de leur zèle à plusieurs de Nos prédécesseurs, parmi lesquels se distinguent surtout : saint Grégoire le Grand, Adrien Ier, Alexandre III, Innocent III, Grégoire IX, Pie II, Léon X, Paul III, Urbain VIII, Benoît XIV, Pie VII, Grégoire XVI. Tous ont mis toute leur sollicitude et toute leur activité à obtenir que l’institution de l’esclavage fût supprimée là où elle existait et à empêcher que les germes n’en repoussassent après avoir été coupés.

Un si grand héritage de gloire transmis par Nos prédécesseurs ne pouvait être répudié par Nous. C’est pourquoi, Nous n’avons omis aucune occasion de réprouver publiquement et de condamner ce cruel fléau de l’esclavage, et Nous Nous sommes appliqué à traiter cette question dans la lettre que Nous avons adressée, le 3 des nones de mai de l’an 1888, aux évêques du Brésil, où Nous les avons félicités de ce qui avait été fait en ce pays par l’initiative si louable du pouvoir public et des particuliers, pour l’affranchissement des esclaves, en leur montrant combien l’esclavage répugne à la religion et à la dignité humaine.

En écrivant cette lettre, Nous étions vivement ému de la condition de ces hommes qui vivent sous la domination d’un maître ; mais Nous avons été plus douloureusement affecté encore au récit des misères qui affligent les populations entières de certaines parties de l’Afrique intérieure.

Il est douloureux et horrible de constater, comme Nous l’avons appris de rapporteurs véridiques, que quatre cent mille Africains, sans distinction d’âge ni de sexe, sont arrachés violemment chaque année de leurs villages, puis les mains enchaînées et sous les coups de fouet de leurs conducteurs, sont traînés, avec une longue route à faire, jusqu’aux marchés où ils sont exposés et vendus comme des troupeaux à l’encan.

Devant le témoignage de ceux qui avaient vu et que les récents explorateurs de l’Afrique équinoxiale ont confirmé, Nous Nous sommes senti embrasé du désir de venir en aide, autant que Nous le pourrions, à ces malheureux et d’adoucir leur misère. Dans ce but, et sans retard, Nous avons confié à Notre cher Fils le cardinal Charles-Martial Lavigerie, dont Nous connaissions l’activité et le zèle apostolique, la mission d’aller dans les principales villes d’Europe pour montrer l’ignominie de ce honteux trafic, et persuader aux princes et aux particuliers de secourir cette malheureuse race. Aussi avons-Nous de particulières actions de grâces à rendre à Notre-Seigneur Jésus-Christ, bien-aimé Rédempteur de toutes les nations, qui, dans sa bonté, n’a point permis que Nos efforts s’exerçassent en vain, mais qui a voulu, au contraire, qu’ils fussent comme une semence jetée dans un sol fécond qui promet une abondante moisson. […]

C’est en outre Notre volonté que l’argent recueilli en ce jour dans les églises et les chapelles soumises à. votre juridiction, soit envoyé à Rome, au Conseil de la Propagande. C’est à celui-ci qu’il appartiendra de partager ces offrandes entre les missions qui sont ou seront installées dans les régions de l’Afrique, spécialement pour y détruire l’esclavage ; et la règle de ce partage sera que l’argent provenant des nations qui ont des missions catholiques, ayant pour but la libération des esclaves, ainsi que Nous l’avons dit, soit appliqué à soutenir et à aider ces missions. Quant au reste des aumônes, il sera partagé avec un sage discernement entre les missions plus pauvres, par le même conseil de la Propagande, qui est au courant des besoins de ces missions. » (Lettre Catholicae Ecclesia, 20 novembre 1890 – Sur l’oeuvre antiesclavagiste du Cardinal Charles LAVIGERIE ; in Actes de S. S. Pie XI, Tome III, Année 1925 et 1926, Bonne Presse, Paris 1932, pages 299, 301 et 305)

Saint Pie X

A l’apoque de saint Pie X, la question de l’esclavage ne se posait plus, car il était déjà complètement aboli. Cependant le sort des indigènes était encore loin d’être optimal. Raison pour laquelle il promulgua l’encyclique Lacrimabili statu, 7 juin 1912 – Sur l’adoucissement de la condition déplorable des Indiens.

Pie XI

Pie XI lutta contre le racisme deux reprises. La première fois dans son document déjà cité :

« C’est une erreur de considérer les indigènes comme des hommes d’une race inférieure et des êtres d’un esprit borné. Une longue expérience nous enseigne, à l’opposé, que les peuples du lointain Orient ou de l’hémisphère austral ne le cèdent pas toujours aux habitants de nos pays ; qu’ils peuvent même rivaliser avec eux en fait d’acuité intellectuelle ; que, si l’on rencontre chez les hommes vivant en pleine barbarie une extrême lenteur d’intelligence, la chose est pour ainsi dire inévitable, puisqu’ils restreignent l’usage de leur intelligence aux exigences, du reste minimes, de leur vie quotidienne.

Si vous pouvez en témoigner, Vénérables Frères, Fils bien-aimés, Nous aussi pouvons l’affirmer ; car Nous avons, presque sous Nos yeux, les nombreux indigènes auxquels, dans les Collèges de la Ville Éternelle, on enseigne les sciences les plus variées ; or, non seulement ils se montrent les égaux des autres élèves par la vivacité de leur esprit et leurs succès scolaires, mais souvent ils les dépassent et l’emportent sur eux.

Pour une autre raison, vous ne devez pas tolérer que les prêtres indigènes soient maintenus dans une situation en quelque sorte subalterne et réservés aux plus humbles ministères ; ils possèdent, en effet, le même sacerdoce que vos missionnaires et participent à un apostolat absolument identique ; en pensant à eux, songez bien plutôt qu’ils doivent être un jour à la tête des Églises fondées au prix de votre sueur et de vos travaux et des communautés catholiques de l’avenir. Ainsi donc, qu’il n’y ait aucune différence entre les missionnaires européens et les missionnaires indigènes ; qu’aucune barrière ne les sépare ; mais qu’ils soient tous unis par les liens mutuels du respect et de la charité.

Comme Nous l’avons noté plus haut, il est nécessaire, pour l’établissement de l’Église au milieu de vos populations, de recourir à tous les éléments qui selon les desseins de Dieu la constituent. Par suite, vous devez compter au nombre de vos plus importants devoirs celui d’instituer des Congrégations religieuses indigènes de l’un et de l’autre sexes. Car, parmi les nouveaux disciples du Christ, il en est qu’un souffle supérieur a touchés et que Dieu pousse vers des cimes plus hautes : pourquoi ne pourraient-ils pas faire profession de pratiquer les conseils évangéliques ? » (Encyclique Rerum Ecclesiae, sur le développement des Missions, 28 mars 1926 ; in Actes de S. S. Pie XI, Tome III, Année 1925 et 1926, Bonne Presse, Paris 1932, pages 164-166)

Et une seconde fois en approuvant le 13 avril 1938 l’Instruction sur les erreurs du racisme de la Congrégation des Séminaires et Universités d’études, envoyée aux recteurs des Universités et des Séminaires catholiques. Pour la France, elle a été adressée spécialement à S. Em. le cardinal Baudrillart. recteur de l’Institut catholique de Paris. (Cf. La Croix, 11 mai 1938). Le document est à consulter en cliquant ici.

L’histoire de l’Eglise vis-à-vis de l’esclavage :

Texte de Rodney Stark


    Le problème n’était pas que le leadership fut silencieux. C’était que presque personne ne l’a écouté.

 

        Quelques auteurs catholiques prétendent que ce ne fut pas avant les années 1890 que l’Église Catholique Romaine condamna l’esclavage. Un prêtre britannique a prétendu que cela n’a pas eu lieu avant 1965. Un Non-sens!

 

        Dès le septième siècle, Sainte-Bathilde (l’épouse du Roi Clovis II) devint célèbre pour sa campagne afin de faire cesser le commerce des esclaves afin de les libérer tous; en 851 Saint-Anskar débuta ses efforts pour faire stopper le commerce d’esclaves effectué par les Vikings. Que l’Église baptisa volontairement les esclaves démontre qu’ils furent  considérés comme ayant une âme, et très tôt, Rois et Évêques, incluant William le Conquérant (1027-1087) Saint-Wulfstan (1009-1095) et Saint-Anselme (1033-1109) interdirent l’esclavage des Chrétiens.

 

        Puisqu’en faisant exception des petits hameaux, Juifs et Vikings au nord, tout le monde était au moins nominalement un Chrétien,  l’esclavage était effectivement supprimé en Europe médiévale, excepté aux frontières méridionales et orientales avec l’Islam où des deux côtés on asservissait les prisonniers de l’autre. Toutefois, même cette pratique a épisodiquement fait l’objet de condamnation: au dixième siècle, les évêques de Venise ont proclamé une expiation publique pour la participation passée dans le commerce d’esclaves des Maures et ont cherché à empêcher tout Vénitien de participer à l’esclavage. Puis, au treizième siècle, Saint-Thomas d’Aquin conclut que l’esclavage était un péché. Ainsi, une série de papes supportèrent sa position en 1435, année où culminèrent trois déclarations majeures contre l’esclavage par le Pape Paul III en 1537.

 

        Il est significatif qu’au jour d’Aquin, l’esclavage était déjà une chose du passé ou des contrées éloignées. En conséquence, il  porta peu d’attention au sujet intrinsèque, prêtant plutôt d’attention au servage, qu’il tint également pour répugnant.

 

        Cependant, dans son analyse globale de la moralité dans les rapports humains, Aquin considérait l’esclavage comme étant en opposition à la loi naturelle, concluant que toutes les «créatures raisonnables» ont un droit à la justice. Par conséquent, il ne trouva aucune base naturelle pour prétendre à esclavage de personnes plutôt que d’autres, « de ce fait enlevant toute espèce de justification possible pour l’esclavage basée sur la race ou la religion.» La raison, et non pas la coercition, est la base, morale de l’autorité, parce qu’aucun «homme n’est par sa nature assujetti  à un autre.»

 

        Sur cette question, Aquin a distingué deux formes de  «sujétion» à l’autorité, l’une juste et l’autre injuste. La première existe lorsque les dirigeants travaillent pour l’avantage et le bénéfice de leurs sujets. La forme injuste de soumission « est celle de l’esclavage, dans lequel l’autorité contrôle le sujet pour ses propres avantages.» Se fondant sur l’immense autorité donnée à Aquin par l’Église, la position officielle était donc que l’esclavage était un péché.

 

        Il est vrai que quelques papes n’ont pas observé l’obligation morale d’opposition à l’esclavage. En 1488, le pape Innocent  VIII accepta un cadeau de cent esclaves Maures fait par le Roi Ferdinand d’Aragon, donnant certains d’entre eux à ses cardinaux. Naturellement, Innocent était un cas à part puisqu’il en est venu à commettre dans sa vie des actions parfaitement immorales. Cependant, la laxité ne doit pas être confondue avec la doctrine.  Ainsi. tandis qu’Innocent engendra beaucoup d’enfants, il n’a en aucun temps changé la doctrine officielle de l’Église comme quoi le clergé devait être célibataire. De la même manière, son acceptation d’un cadeau d’esclaves ne devrait pas être confondue avec des enseignements officiels de l’Église sur l’esclavage, enseignements qui ne changèrent pas. Ceux-ci ont été énoncés fréquemment et explicitement lorsqu’il devenait pertinent de le faire.

 

        Lors des années 1430, les Espagnols colonisèrent les îles Canaries et commencèrent à asservir la population indigène. Il n’était pas question de servage mais d’un véritable esclavage de sorte que des Chrétiens et les Maures pratiquèrent longtemps  sur les captifs en Espagne. Quand la rumeur de ces actions atteignit le Pape Eugène IV (1431 à 1447), il publia une Bulles, Sicut Dudum. Le pape n’y a pas mâché ses mots. Sous la menace de l’excommunication, il donna quinze jours à partir de la réception de sa Bulle pour « restaurer à leur liberté au plus tôt toute personne de l’un ou l’autre sexe qui était par le passé, des résidants de les dites îles Canaries… Ces personnes doivent être totalement et perpétuellement libres et doivent être laissées libres sans exaction ou demande de quelques sommes d’argent que ce soit« . Le Pape Pie II (1458 à 1464) et le Pape Sixte IV (1471 à 1484) ont poursuivi cette action par des Bulles additionnelles condamnant l’esclavage des insulaires dans les îles Canaries, qui, malheureusement, a quand même continué… Ce que cet épisode démontre est la fragilité de l’autorité papale de l’époque, et non pas une indifférence de l’Église au péché de l’esclavage.

       

        Avec le succès des invasions Espagnoles et Portugaises du Nouveau Monde, l’esclavage des indigènes et l’importation des Africains s’en sont suivis, et quelques esclavagistes ont eu comme raisonnement que cela n’était pas en violation de la moralité chrétienne, prétendant que ces derniers n’étaient pas « des créatures raisonnables » ayant droit à la liberté mais étaient plutôt des espèces d’animaux, et que donc légitimement sujets à l’exploitation humaine. Ce subterfuge théologique par les esclavagistes-commerçants fut astucieusement employé par Normand F. Cantor pour accuser le Catholicisme alors qu’il dit  : « l’Église a accepté l’esclavage… au seizième siècle en Espagne, les chrétiens discouraient au sujet de savoir si les esclaves noirs avaient une âme ou étaient des créations animales du Seigneur.» Cantor ne donna aucune indication comme quoi Rome à plusieurs reprises dénonça l’esclavage dans le Nouveau Monde comme motif d’excommunication.

 

        Et pourtant  c’est précisément ce que fit le Pape Paul III (de 1534 à 1549) sur cette question. Bien que membre d’une famille ecclésiastique Romaine, et quelquefois libertin dans ses premières années (il a été fait cardinal à vingt-cinq ans mais n’a pas accepté l’ordination jusqu’à ce qu’il ait eu cinquante ans). Paul se transforma et devint un  pape efficace et pieux qui a pleinement reconnu la signification morale du Protestantisme et lança la Contre-Réforme. Sa Bulle magnifique contre l’esclavage dans le Nouveau Monde (aussi bien que les Bulles semblables par d’autres papes) furent d’une façon ou d’une autre «oubliées» des archives historiques jusque très récemment.

 

        Je crois que ceci est redevable aux polarisations extrêmes des historiens protestants, qui ont pu également avoir été méprisants de la prédication du  pape affirmant que Satan était la cause de l’esclavage :

« [ Satan, ] l’ennemi de la race humaine, s’oppose toujours à tout homme bon de sorte que sa course puisse se terminer, il a planifié  d’une manière, inattendue bien avant maintenant, un moyen par lequel il pourrait empêcher la parole salvatrice de Dieu d’être annoncée aux nations. Il a remué le monde de ses alliés qui, désirant satisfaire leur propre avarice, osent affirmer en long et en large que les Indiens de l’Ouest et du Sud qui sont venus à notre connaissance en ces périodes puissent être réduits à notre service comme des animaux brutaux, sous le prétexte qu’ils ne connaissent pas la foi Catholique. Et ils les réduisent ainsi à l’esclavage, les traitant par des afflictions qu’ils emploieraient à peine avec les animaux»

« Par conséquent, Nous… considérant que les Indiens eux-mêmes sont en effet des hommes vrais… par notre décret Apostolique d’Autorité, décrétons et déclarons par ces lettres présentes que ces mêmes Indiens et touts autres peuples,   même s’il sont en dehors de la foi, ne doivent pas être privés de leur liberté ou de leurs autres possessions et ne sont pas à être réduits en esclavage, ou de ce qui en résulte, et quoi que ce soit qui soit fait en contradiction de ce que nous disons, est proclamé comme nul et non avenu. »

(l’italique est de moi)

 

        Dans une seconde Bulle sur l’esclavage, Paul  appliqua la sanction de l’excommunication à quiconque sans regard pour : « sa dignité,  son état, sa condition, ou sa fonction… qui de quelque façon que ce soit prétend réduire les dits Indiens à l’esclavage ou de les dépouiller de leurs biens.»  

 

        Mais rien ne s’est produit. Bientôt, en plus de l’exploitation brutale des Indiens, les bateaux esclavagistes Espagnols et Portugais ont commencé à naviguer entre l’Afrique et le Nouveau Monde. Et comme les missionnaires Catholiques d’outre-mer avaient éveillé Rome afin qu’elle condamne l’esclavage des Indiens, des appels semblables ont été envoyés au sujet des esclaves noirs importés. Le 22 Avril 1639, le pape Urbain VIII (1623 à 1644), sur demande des Jésuites du Paraguay, publia une Bulle  « Commissum Nobis»  réaffirmant la loi de «notre prédécesseur Paul III» pour ceux qui réduisent d’autres à l’esclavage puisqu’étant ainsi sujets à l’excommunication. Par la suite, la Congrégation du Saint Office (l’Inquisition Romaine) a même abordé la question. Le 20 Mars 1686. Elle intervint sous forme de questions et réponses :  

 

Il est demandé :

S’il est permis de capturer par la force et la duperie des noirs ou autres indigènes qui n’ont porté préjudice à personne?

Réponse : non.

S’il est autorisé d’acheter, de vendre ou de faire des contrats en tout respect des noirs ou autres indigènes qui n’ont pas porté préjudice à personne et n’ont rien fait et qui ont été faits captifs par la force de la duperie?

Réponse : non

Si les propriétaires de Noirs et autres natifs qui n’ont porté préjudice à personne et ont été capturés par la force ou la ruse, doivent les remettre en liberté ?

Réponse: Oui

Si les ravisseurs, les acheteurs et les propriétaires de Noirs ou autres indigènes qui n’ont porté préjudice à personne et qui ont été capturés par la force ou la duperie n’ont pas le droit de leur demander de payer compensation?

Réponse : Oui.

 

        Rien d’ambigu ici. Le problème ne fut pas que l’Église ne condamna pas l’esclavage; ce fut que peu entendirent et que la plupart d’entre eux refusèrent d’écouter. À cette époque, les papes avaient peu ou à peu près pas d’influence sur les Espagnols et les Portugais puisqu’à ce moment-là, l’Espagne même régnait sur la majeure partie de l’Italie; en 1527, sous la conduite de Charles V, les espagnols ont même saccagé Rome. Si le pape avait si peu d’influences en Espagne ou au Portugal, il en avait à peu près aucune dans le Nouveau Monde et les nouvelles colonies, excepté indirectement par le travail des ordres religieux. En fait, il était illégal même d’éditer les décrets papaux « dans les possessions coloniales espagnoles sans le consentement royal,»  et le roi s’arrogeait le droit de désigner également tous les évêques.

 

        Néanmoins, la Bulle d’Urbain VIII fut lue en public par les Jésuites à Rio de Janeiro, avec comme résultat qu’ils furent attaqués à l’université locale des Jésuites avec pour compte qu’un certain nombre de prêtres furent blessés. Dans Santos, une foule a piétiné un Jésuite vicaire-général quand il a essayé de publier la Bulle, et les Jésuites ont été expulsés de Sao Paulo lorsque la rumeur se répandit de leur action pour faire connaître la Bulle contre l’esclavage. Ainsi, la connaissance des Bulles anti-esclavagistes et des décrets postérieurs de l’Inquisition contre l’esclavage ont été généralement limités au clergé, particulièrement aux ordres religieux, ce qui de ce fait a limité leur impact public.

 

        Naturellement, les Espagnols et les Portugais n’étaient pas les seuls esclavagistes du Nouveau Monde. Et même si  les Bulles papales furent publiées partout, elles n’eurent aucune force morale chez les Anglais et les Hollandais. Ainsi, il doit être noté que l’introduction de l’esclavage au Nouveau Monde n’a fait l’objet d’aucune dénonciation de personnalités hollandaises ou Protestantes Anglaises.

 

        Cependant, bien que les Bulles papales contre l’esclavage aient été rejetées dans le Nouveau Monde, les vues anti-esclavagistes de l’Église ont eu un effet significatif de modération dans les Amériques Catholiques par les moyens du  « Code Noir » et du « Código Negro Español ». Dans les deux cas, l’Église a inspiré leur formulation et leur renforcement, démontrant de ce fait son opposition fondamentale à l’esclavage et cela en essayant d’assurer « les droits des esclaves et son bien-être matériel », et en imposant des «obligations aux propriétaires d’esclaves, limitant ainsi leur contrôle sur ces derniers.» Comme Eugene Genovese l’a mentionné : « le Catholicisme a fait une différence profonde dans les vies des esclaves. [En] donnant aux sociétés esclavagistes américaines brésiliennes et espagnoles une éthique…  celui d’une véritable législation spirituelle. »

 

        La prédominance d’anti-religieux, et particulièrement d’anti-Catholique, polarisée principalement dans la relation de l’histoire sur l’esclavage est bien démontrée par la « rubrique » sur  « Le Code Noir dans la Colombia Encyclopedia de 1975»  sous le mot Louisiane nous lisons : « [ Le code Noir adopté en 1724 pourvoit au contrôle rigide de la vie des [ esclaves ] et à la protection des blancs. Des dispositions complémentaires ont établi le Catholicisme comme religion officielle.» Et c’est fait ! Pas la plus légère reconnaissance des nombreux articles conçus pour protéger les esclaves. Il ne s’agissait pas d’une proclamation d’émancipation c’est un fait, mais le «Code des Barbades» n’en était pas un non plus.

 

        Comme exemple additionnel de la polarisation biaisée  antireligieuse chez les historiens contemporains, considérez que dans son article sur le Code Noir, Robin Blackburn a écrit « la politique officielle feinte l’encouragement des mariages d’esclaves dans les colonies françaises,» seulement à la fin de sa phrase il admet que cela avait des résultats « limités» mais  des résultats non négligeables. Il cite alors un document de la Martinique rapportant que la moitié des esclaves d’âge à se marier l’était. Puisque la distribution de l’état matrimonial des esclaves est précisée, ceci équivaut en fait au taux de mariage en France à ce moment-là, et il semblerait que selon lui, le soutien au mariage « soit feint.» 

 

        Également remarquable est le fait que tant d’historiens distingués sur l’esclavage ont à peine mentionné l’existence du Code Noir et ont ignoré le Código Negro Español  si complètement qu’il n’apparaît même pas dans les index de leurs travaux. Mais si beaucoup d’historiens n’ont prêté que peu ou pas d’attention à ces codes, l’Église inspira ces codes, non plus que pratiquement personne a même mentionné le Code des Barbades (sous aucun nom), excepté les quelques historiens se spécialisant dans des lois sur l’esclavage, et quelques auteurs qui ont écrit spécifiquement au sujet de l’histoire de l’esclavage à la Barbade, bien que le code ait été observé dans toutes les Indes Occidentales Britanniques. Je pense que le code des Barbades aurait suscité une attention considérable s’il avait été produit par des Catholiques plutôt que par des Protestants… 

 

        Mais peut-être que la plus importante omission à noter dans les écrits sur l’esclavage dans le Nouvel Monde, et particulièrement de l’esclavage et des mauvais traitements faits à des populations indigènes, concerne la République Jésuite du Paraguay. Pendant plus de 150 années (1609-1768), les Jésuites ont administré un secteur de plus de deux fois la taille de la France, localisé au sud du Brésil et à l’ouest du territoire cédé au Portugal par le Traité de Tordesillas(1494).

 

        Là, un petit groupe de Jésuites espagnols ( probablement jamais plus considérable que deux cents) fonda, protégea, éduqua , et conseilla une civilisation remarquable d’environ une trentaine de «réductions,» ou communautés, formée exclusivement  d’Indiens Guarani. Non seulement les arts et l’industrie se sont-ils épanouis dans la république des Jésuites (villes avec des rues pavées et des bâtiments, des orchestres symphoniques impressionnants, des imprimeries), mais encore une véritable tentative fut faite d’un gouvernement représentatif. Leur but en fondant cette république, est expliqué par le Jésuite supérieur Antonio Ruiz de Montoya en 1609, il s’agissait de christianiser et «civiliser» les Indiens de sorte qu’ils puissent être des sujets libres de la couronne, égaux aux Espagnols, et d’ainsi  : « amener la paix entre les Espagnols et les Indiens, une tâche si difficile que, depuis la découverte des Indes Occidentales il y a plus de cent ans, cela n’a toujours pas été possible.»

 

        La république s’est épanouie, mais plutôt que de devenir un fondement pour l’égalité et la paix, son existence a offensé beaucoup de fonctionnaires et de planteurs coloniaux, et provoqua des tentatives d’expropriation. Néanmoins, les Jésuites sont parvenus à devancer et contrecarrer ces tentatives pendant plusieurs générations. Mais ensuite, les choses ont commencé à se dégrader. La première étape dans la chute de la république est venue en 1750 quand les Portugais et les Espagnols ont signé un nouveau traité, redivisant l’Amérique du Sud le long des frontières naturelles.

 

        Comme résultat, sept des réductions sont tombées sous la juridiction portugaise. Il leur fut ordonné de passer le pouvoir aux autorités civiles, les Jésuites résistèrent et firent appel aux Couronnes Portugaises et Espagnoles pour conserver les réductions libres. Mais leurs adversaires étaient trop forts et sans scrupule, faisant circuler des fausses rumeurs de  conspiration des Jésuites contre les deux Couronnes. Ainsi en 1754, des troupes espagnoles furent envoyées contre les sept réductions de l’Ouest, alors que les Portugais avançaient à l’Est. Les deux forces européennes ont été défaites par les Indiens, qui étaient tout à fait bien entraînées dans la tactique militaire et possédaient des mousquets et des canons.

 

        Bien que les Jésuites n’eurent aucune participation dans les batailles, ils ont été blâmés comme traîtres et comme conséquence à cette lutte contre l’esclavage, ils furent expulsés du Portugal et de tous les territoires portugais en 1758. Bientôt, des accusations supplémentaires de complots durent portés contre le Jésuites en Espagne alors que tous les membres de l’ordre furent arrêtés au début de 1667 et expulsés dans les états pontificaux. En juillet, les autorités coloniales étaient prêtes à expulser les Jésuites d’Amérique latine, et le rassemblement  de ces derniers débuta à Buenos Aires et à Cordoue. Mais ce ne fut pas avant l’année suivante que les troupes espagnoles  s’emparèrent des vingt-trois «réductions» restantes et se saisirent des Jésuites demeurant, sur quoi les pères (même très malades et vieux) ont été attachés à des mules et transportés à travers les montagnes par mauvais temps, beaucoup sont décédés. Ainsi, étaient les Jésuites expulsés de l’hémisphère occidental. Bientôt, leur république tomba en ruine et fut pillée par les autorités civiles. Découragés par les mauvais traitements et la perte des «Pères Robe Noire» (les jésuites), les survivants Guaraní s’enfuirent, la plupart dans les villes. Ainsi, périt une brillante civilisation… 

 

        Bien sûr, parmi les quelques historiens à traiter de la république des Jésuites, certains vocifèrent contre le colonialisme et le Catholicisme, condamnent les Jésuites «fanatiques» pour l’imposition de la religion et de la civilisation aux Indiens païens, et dénoncent des efforts des Jésuites pour soutenir une république comme un cruel paternalisme et une exploitation.

 

        Mais même si l’on devait accepter la version la plus extrémiste de ces assertions, on est confronté aux efforts sincères et efficaces des Jésuites pour protéger les Indiens contre les planteurs et les autorités coloniales qui ont souhaité les ramener à l’esclavage ou de les supprimer entièrement. D’avoir réussi à ériger avec les indiens, une civilisation indienne avancée dans ce contexte historique est un exploit tout à  fait extraordinaire. D’ailleurs, nos historiens parlent au moins de cet événement historique important, alors que la plupart des autres historiens l’ont tout simplement ignoré.

 

        J’ai pu trouver seulement deux livres sur le sujet en langue anglaise écrits depuis les trente dernières années, l’un d’entre eux traduit du Portugais et tous deux maintenant indisponibles. D’autant plus que j’ai pu découvrir, une seule reconnaissance du sujet dans l’encyclopédie Britannica  autre que cette simple phrase sous le mot : « Paraguay, histoire de » : « Pendant la majeure partie de l’ère coloniale, le Paraguay a été connu principalement comme une énorme mission de Jésuites de 30 reducciones.» Il n’est même pas dit ce que sont les  «reducciones». Quant aux travaux principaux sur l’esclavage dans le Nouveau Monde, qui tous ont des choses amères (et souvent anti-Catholiques) à dire au sujet de l’esclavage et de l’abus des Indiens en Amérique latine: ils conservent un silence absolu sur la république des Indiens du Paraguay .

 

        En revanche, une attention considérable a été prêtée par des historiens au fait que pas tout le clergé catholique, incluant  les Jésuites, ont accepté que l’esclavage fut un péché. En effet, parfois au milieu des sociétés esclavagistes elles-mêmes, des membres du clergé  ont eu des esclaves pendant le dix-huitième et tôt durant le dix-neuvième siècle. Les Jésuites dans le Maryland furent  propriétaires d’esclaves. Le reste du clergé était très confus au sujet de cette question. Par exemple, Dominicain Bartolome de Las Casas (1474-1566) a fait une campagne amère et tout à fait réussie contre l’esclavage des Indiens, pendant laquelle il a proposé que des esclaves soient apportés d’Afrique pour les remplacer. Plus tard, il est venu à regretter vivement cette proposition et a exprimé un doute de savoir si Dieu le pardonnerait pour ce péché terrible.

 

        Il faut également reconnaître que l’Église, habituellement, n’a pas confronté les gouvernements de front et n’a pas essayé par la  force de faire cesser l’esclavage. Reconnaissant que les papes avaient menacé d’excommunication, mais dans la pratique, l’Église a travaillé à essayer d’améliorer les conditions de vie des esclaves autant que possible. Ainsi, l’église était persistante dans son affirmation que l’esclavage était seulement un état de service, et que ceux qui furent asservis, étaient entièrement humains et pleinement égaux aux yeux de Dieu.

 

        Pendant que l’éminent  Cardinal italien Hyacinthe Gerdil (1718-1802) disait que : « l’esclavage ne peut pas être compris comme conférant à un seul homme le même pouvoir qu’un homme a sur son bétail. . . L’esclavage ne supprime pas l’égalité naturelle des hommes… [ et est ] sujet à la condition que le maître prenne le soin qui est dû à son esclave et le traite avec humanité.»

 

        Comme déjà mentionné, c’était dans cet esprit que le premier article du « Código Negro Español» exigeait de tous les maîtres d’avoir leurs esclaves baptisés et spécifiait de sérieuses sanctions  pour les maîtres qui n’ont pas permis à leurs esclaves d’assister à la messe ou de célébrer les jours de célébrations. En revanche, l’Église d’Angleterre ne reconnaissait pas les esclaves comme des « êtres humains baptisables.» Ces deux vues ont eu un effet profond, non seulement sur ceux impliqués dans l’esclavage, mais sur des attitudes envers les ex-esclaves et l’affranchissement des esclaves.

       

        Ce qui est clair est que l’affirmation commune comme quoi l’Église Catholique a généralement favorisé l’esclavage, n’est pas vraie. En effet, comme il sera vu, quand les Quakers américains initièrent le mouvement abolitionniste, ils  trouvèrent des âmes soeurs non seulement chez d’autres Protestants mais également parmi les Catholiques Romains.

 

        Si le monothéisme possédait un potentiel certain de provoquer des doctrines anti-esclavagistes comme cela est avancé par certains, il faut également se demander pourquoi l’Islam ne s’est-il donc pas retourné contre l’esclavage ? En effet, pourquoi l’esclavage persiste-t-il dans certaines régions  islamiques, alors qu’il vient tout récemment de cesser dans d’autres nations musulmanes en réponse à une pression intense de l’ouest (chrétien)?

 

        Pour répondre à cette question, nous devons reconnaître que les théologiens travaillent dans des limites intellectuelles définies, non pas simplement en conclusion de fondements culturels particuliers. Par exemple, il serait tout à fait impossible pour les théologiens juifs, chrétiens, ou islamiques de déduire que Dieu n’a aucun intérêt dans le comportement sexuel humain. Les textes révélés ne permettront simplement pas une telle conclusion. Ni les théologiens chrétiens ne pourraient déduire que Jésus a favorisé la polygamie, du moins sans une révélation additionnelle. Le problème fondamental auquel font face les théologiens musulmans vis-à-vis de la moralité de l’esclavage est que Mahomet a acheté, vendu, capturé, et possédé des esclaves.

 

        Comme Moïse, le Prophète a conseillé que des esclaves soient bien traités : « Et que ceux qui n’ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu’à ce qu’Allah les enrichisse par Sa grâce. Ceux de vos esclaves qui cherchent un contrat d’affranchissement, concluez ce contrat avec eux si vous reconnaissez du bien en eux; et donnez-leur des biens d’Allah qu’Il vous a accordés. Et dans votre recherche des profits passagers de la vie présente, ne contraignez pas vos femmes esclaves à la prostitution, si elles veulent rester chastes. Si on les y contraint, Allah leur accorde après qu’elles aient été contraintes, Son pardon et Sa miséricorde.», également il est possible de gagner la rémission si l’on a tué un compagnon croyant par erreur en libérant un esclave : «Il n’appartient pas à un croyant de tuer un autre croyant, si ce n’est par erreur. Quiconque tue par erreur un croyant, qu’il affranchisse alors un esclave croyant et remette à sa famille le prix du sang, à moins que celle-ci n’y renonce par charité. Mais si [le tué] appartenait à un peuple ennemi à vous et qu’il soit croyant, qu’on affranchisse alors un esclave croyant. S’il appartenait à un peuple auquel vous êtes liés par un pacte, qu’on verse alors à sa famille le prix du sang et qu’on affranchisse un esclave croyant. Celui qui n’en trouve pas les moyens, qu’il jeûne deux mois d’affilée pour être pardonné par Allah. Allah est Omniscient et Sage.»(4,92).

 

        Comme ce fut le cas des règles juives au sujet de l’esclavage, les critiques de Mahomet ainsi que l’exemple ont probablement atténué bien souvent les conditions de vie des esclaves dans l’Islam contrastant avec le monde Romain ou Grec. Cependant, la moralité fondamentale sur le fondement de l’esclavage ne fut pas remise en cause. Tandis que les théologiens chrétiens furent capables de remettre en cause l’acceptation biblique de l’esclavage, ils n’auraient pas pu probablement le faire si Jésus avait possédé des esclaves. Le fait que Mahomet posséda des esclaves fait que pour les  théologiens musulmans, il est impossible en manœuvrant intellectuellement de surmonter ce problème, et cela même s’ils désiraient le faire.

10 commentaires sur “La vérité sur l’Eglise et l’esclavage

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  4. Joe-Marie
    11 mars 2016

    Salut ,, dernièrement on m’as relancé avec les Pape Nicolas V ,
    Bien entendu j’ai fait mes recherche et ça sens le mauvais tour de protestant pur et dur mais je constate que dans votre article vous ne fait pas mention de la bulle papale de 1454 « Romanus Pontifex »peut être n’aie-je pas trouvé le bonne article !
    Je suis conscient qu’au niveau traduction sa doit laisser a désirer et que c’est sortie du contexte de l’époque mais je constate qu’il y a des gens qui adhère a cela et beaucoup de haine en découle ,
    sur Google sa pustule de mensonge créer par nos ennemis ,
    Pour tout te dire sur facebook je suis tombé sur ‘les amis de Jésus`
    et beaucoup vomissent sur le catholicisme ,
    amis de Jésus qui déteste sa Mere fait le faire 😦
    Apres les Kacouiste maintenant des protestant en majeur parti provenant de l’Afrique finalement tous les mêmes !
    Depuis que j’ai rencontré cette femme Africaine le Bon Dieu me fais découvrir plein de chose au sujet de se Pays,, je suis même tombé sur ce site 😉
    Bref continuez votre excellent travail !
    Je partage votre site avec des catholiques et des écris avec les autres,
    Merci d’être et soyez bénit pour toute cette documentation !
    Il m’arrive de prier pour vous
    Car vous m’aidez a grandir dans ma foi !!
    Au plaisir

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  7. JoeMarie
    7 novembre 2017

    Salut, encore moi 🙂
    Récemment un fier musulman africain m’a relancer avec Léopold II …. Ce que jai découvert à son sujet me laisse quelque peu perplexe , je ne crois pas que vous en parlé,si oui je ne lai pas vue…Je lui ai entre balancé les encyclique de Léon Bref, je vous laisse le dernier commentaire de mon interlocuteur et le mien ….

    « Le système des trois M dont les les missionnaires catholiques était la tête n’est pas une infos sans source…on nous l’enseigne en classe de quatrième on nous apprends toute l’histoire negrieres…Nous l’avons vécu ici, nos ancêtres et aïeux l’ont vécu et l’histoire ne ment pas,,, nos livres ne mentent pas…Nos historiens savent de quoi ils parlent et c’est pas un québécois qui m’apprendra l’histoire de mon continent… Nous avons connu des prêtre négrier…nous avons des avenue qui portent encore leur noms… ne vient pas me raconter du n’importe quoi mon frère…Le christianisme à été la tête d’affiche de l’esclavage en Afrique et que Leopold ait écrit cette lettre ou pas le christianisme en ai pour grand chose dans le pillage, la pauvreté, la misère, les souffrances de l’Afrique. »

    « Cest faux Cheik… Je le sais que tu ments …ou plutot que tu abroge la verité avec le mensonge comme te lenseigne le coran … Ma femme est africaine … Tu ne me la fera pas a moi »

    Si je me réfère à vous ce que vous etes plus proche du congo que moi et que vous savez plus que la mentalité de ce genre de personnage, qui refuse les 14 siècle d’esclavage par les arobo musulman …

    Entk , ca ma fait du bien d’écrire ici,
    Merci d’être la et davoir créé ce site
    Grace a vous , je suis capable de me defendre et de rester plus ou moins calme, sans vous mes connaissance serais moin grande, moins précise ….

    Que Dieu vous benisse

    Fraternellement …

    J.R

    • Ressources Catholiques
      8 novembre 2017

      Bonjour,

      Si on a affaire à un musulman qui refuse de voire la traite arabo-musulmane, c’est vrai que c’est difficile… Cherchez sur internet des document là dessus, surtout au sujet de la castration des noirs prisonniers (ce qui faisait que la plupart des esclaves mourraient avant d’être vendus à des arabo-musulmans…)

      Léopold II n’était pas chrétien. Il n’était chrétien que de nom. Mais c’était un franc-maçon et un libéral. Il a voulu utiliser les missionnaires comme supplétifs de sa politique de mise en coupe réglée du Congo, mais les missionnaires ne sont pas responsables de cette volonté. Et ceux qui lui ont obéis se sont rendus coupables devant la doctrine catholique. De plus, même ceux qui ont « collaboré » à la politique de Léoplod II n’ont pas pu être des négriers car le commerce triangulaire était fini depuis longtemps. Montrez-lui le présent article. Et montrez-lui ces citations de papes :

      Léon XIII : « Ils n’hésitent pas non plus à affirmer que les esclaves sont inférieurs aux hommes libres aussi bien en intelligence que dans la perfection du développement corporel. […] il faut spécialement détester de telles doctrines inhumaines et viciées. » (Encyclique In Plurimis, 5 mai 1888)

      Texte complet en anglais : http://www.papalencyclicals.net/Leo13/l13abl.htm

      Fiche Wikipédia : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/In_plurimis

      Pie XI : « C’est une erreur de considérer les indigènes comme des hommes d’une race inférieure et des êtres d’un esprit borné. » (Encyclique Rerum Ecclesiae, 28 février 1926)

      Texte complet en anglais : http://www.papalencyclicals.net/Pius11/P11REREC.HTM

      Fiche Wikipédia : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Rerum_Ecclesiae

      In Christo,

      Nicolas

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Cette entrée a été publiée le 22 Mai 2014 par dans Mensonges historiques, et est taguée , .